Ne saurions-​nous plus apprendre?

Savez-​vous lire, écrire et compter? Si oui, vous savez faire ce qu’une personne sur cinq est dans l’INCAPACITÉ de faire.

DANS le monde, un adulte sur trois est incapable de lire les simples mots imprimés sur cette page, quelle que soit la langue dans laquelle ils sont écrits. Cependant, ce n’est peut-être pas le plus grave. Dans de nombreux pays, les jeunes constituent un pourcentage de plus en plus grand du nombre des illettrés. En 1977, Joe Fobes, directeur adjoint de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a estimé que, si la tendance actuelle se maintenait, en 1985, le nombre des enfants de six à douze ans qui ne vont pas à l’école s’élèverait à 134 millions dans les pays du tiers monde.

Même dans les pays où davantage de jeunes sont scolarisés, ceux-ci semblent en apprendre de moins en moins. Aux États-Unis, on connaît des parents qui ont engagé des poursuites contre le système scolaire pour avoir accordé des diplômes à des étudiants qui ne savaient ni lire ni remplir un simple formulaire de demande d’emploi.

Que se passe-​t-​il dans l’enseignement?

Pour essayer de rendre compte de ce qui se produit dans l’enseignement et dans les études, une revue américaine, U.S.News & World Report, passa en revue vingt ans d’expérience durant lesquels des milliards de dollars furent dépensés pour améliorer l’un des plus vastes systèmes scolaires du monde, celui des États-Unis. Estimant que les méthodes d’enseignement de la lecture, de l’écriture et de l’arithmétique étaient démodées, on les avait abandonnées dans une large mesure au profit de la “méthode globale”. Quant aux tables de multiplication, elles avaient été remplacées par les “mathématiques modernes”.

Dans certaines classes de Westport, dans l’État du Connecticut, les élèves lisaient Mad Magazine, écoutaient des disques des Beatles et regardaient la télévision. Ils préparaient leurs propres cours dont voici quelques exemples: “Vampire et compagnie”, une étude sur des histoires épouvantables destinées à terroriser les gens, “Comment maigrir pour pouvoir entrer dans son bikini”, un cours sur les régimes, et une quantité de sujets extravagants dont seuls des adolescents livrés à eux-​mêmes peuvent rêver.

Quel fut le résultat de cette instruction “poussée”? De nombreux adultes appartenant à la génération des 26-35 ans sont incapables de comparer les prix dans une épicerie, de déchiffrer une recette dans un livre de cuisine ou de pointer leur compte en banque.

Atteints par les critiques, des écoles et des lycées ont commencé à rejeter les innovations et sont revenus à des méthodes et des objectifs traditionnels. Aussi les enseignants sont-​ils pris dans le “tourbillon confus des pressions et des tendances” qui règnent sur “le champ de bataille où des armées de théoriciens s’affrontent”.

Mais une partie de la moisson d’illettrés qu’on a produits est entrée à son tour dans l’enseignement. On a calculé qu’un enseignant sur cinq ne maîtrisait pas suffisamment bien les données fondamentales de la lecture, de l’écriture et de l’arithmétique pour pouvoir les apprendre aux enfants. D’après une revue (Reader’s Digest), un enseignant noté entre quinze et vingt à l’université d’État de Portland dans l’Oregon était trop illettré pour enseigner à la maternelle.

Lorsqu’on a quarante-deux millions de jeunes inscrits dans les écoles publiques, qu’un enseignant sur vingt est attaqué par ses élèves, tout cela dans un climat de haine raciale et d’indifférence de la part des parents, comment s’étonner si autant d’enfants se tournent vers l’alcoolisme, la drogue, la violence et le crime?

Si vous êtes élève, peut-être vous demandez-​vous si tout espoir de recevoir une instruction est perdu? Pas obligatoirement. Posez-​vous les questions suivantes: Considérez-​vous l’école comme un lieu où l’on travaille, et non comme un endroit où l’on s’amuse? Êtes-​vous conscient du fait que si on veut vous donner un enseignement de qualité à l’école, cela ne sera pas toujours forcément très drôle? Lorsque vous quitterez l’école, posséderez-​vous au moins une matière qui vous aidera dans votre vie professionnelle? Avez-​vous bien compris que ce qui est essentiel dans une éducation, c’est la lecture, le calcul (pour ne pas dépendre en permanence d’une calculatrice électronique), l’histoire, la géographie, l’orthographe, une bonne écriture, l’art de rédiger, l’instruction civique, la politesse, les bonnes manières et aussi un caractère bien forgé? Vous rendez-​vous compte que ces connaissances que vous avez commencé à acquérir en classe, vous devrez en poursuivre l’apprentissage tout au long de votre vie?

Dans la mesure où vous répondez par l’affirmative à ce genre de questions, et à cette seule condition, l’espoir d’accéder à un niveau d’instruction valable n’est pas tout à fait perdu pour vous. Ce qui compte le plus, c’est votre attitude personnelle, votre détermination et les objectifs que vous vous êtes fixés.