Extrait de l’Annuaire 1950 des témoins de Jéhovah
LA GUADELOUPE
À la Guadeloupe, quelques-uns de nos frères et sœurs ont prêché de leur mieux le message du Royaume pendant de nombreuses années. Handicapés par des luttes intestines, par une compréhension défectueuse des instructions, ces frères et sœurs furent transportés de joie lorsqu’ils apprirent que deux gradués de Galaad devaient venir les aider. Après bien des difficultés ces deux frères arrivèrent à Point-à-Pitre, où habitent la plupart des frères et sœurs.
Dès que les deux missionnaires s’assimilèrent la langue française, leur présence se fit sentir et les progrès s’ensuivirent. L’activité du groupe augmenta ; les religionistes réagirent, mais pas pour prêcher l’évangile. Les missionnaires reçurent l’ordre de quitter le pays le 30 janvier, avec délai d’une semaine seulement ! À la demande des frères, le consul britannique fit une enquête, mais sans réussir à prolonger leur visa au delà du 5 mars, et cela malgré une pétition introduite par le groupe dans lequel ils servaient. Le consul, un catholique, dit : “ Cela vient sûrement de l’église catholique. ” Même la prolongation des visas fut bientôt annulée.
Lorsqu’ils partirent, l’œuvre de témoignage ne s’arrêta pas, au grand mécontentement des adversaires religieux. Un groupe religieux se servit du cinéma pour essayer de neutraliser l’effet du message du Royaume. Un peu plus tard le prêtre de Sainte-Anne passa près du local où ont lieu les études. Il s’enhardit et demanda au propriétaire pourquoi il louait sa maison aux témoins. Le propriétaire lui répondit : “ Je loue ma maison à n’importe qui, sans faire de distinction de personnes. ” Le prêtre rétorqua : “ Ne savez-vous pas qu’en agissant ainsi, vous mettez un couteau aux mains de quelqu’un qui pourrait tuer une autre personne ? ” Cette insinuation que les témoins de Jéhovah sont des meurtriers tomba dans une sourde oreille. Le brave propriétaire connaissait déjà l’épée de l’esprit que manient les témoins pour battre en brèche le refuge de mensonges de la religion et aider les gens à acquérir la vie.
Un des trois pionniers à La Guadeloupe décrit son travail à Sainte-Anne : “ Dans presque 150 maisons je reçus toujours la même réponse : ‘Le prêtre (ou le prédicateur) nous défend de lire les livres de la WATCHTOWER.’ Une femme me raconta que le prédicateur avait dit à l’église : ‘Les auteurs de ces livres sont actuellement en train de brûler dans le feu de l’enfer.’ ” Mais en dépit de tels mensonges les écrits se répandent parmi le peuple. Les visites complémentaires ont presque doublé, passant de 1 373 à 2 631. Les frères et sœurs s’efforcèrent de “ paître les brebis ” comme Jésus l’ordonna.
Il y a beaucoup d’intéressés disséminés dans les secteurs ruraux des îles. Avec l’aide de Jéhovah ces brebis seront rassemblées avant que son jour de patience soit écoulé.
AFRIQUE-ORIENTALE PORTUGAISE
L’emprisonnement des frères et sœurs qui allaient de l’avant dans la prédication de l’évangile, aidant les groupes des témoins de Jéhovah à persévérer dans la proclamation du Royaume des cieux proche, a retardé l’œuvre en Afrique Orientale portugaise. Bien que le gouvernement essaye d’arrêter cette bonne œuvre, il y a encore 318 proclamateurs qui chantent les louanges du Très-Haut. De tout cœur, nous espérons pouvoir faire comprendre au gouvernement que l’œuvre des témoins de Jéhovah n’est ni nuisible, ni politique. Mais, aussi longtemps que la puissante influence catholique dominera, nous nous attendons que les témoins de Jéhovah subissent des traitements inquisitoriaux. Le serviteur de la filiale de Nyassaland envoie un rapport de ce qui se passe en Afrique-Orientale portugaise.
Dans ce pays, la fin de la dernière année de service nous vit formant un groupe de proclamateurs à temps complet pour assister les centaines de proclamateurs de groupe et les personnes de bonne volonté à progresser dans la connaissance de la vérité et à combattre l’analphabétisme. Beaucoup de progrès furent enregistrés par ce petit groupe de frères fidèles, jusqu’au moment où des fonctionnaires catholiques romains emprisonnèrent tout d’abord le serviteur de circuit et ensuite deux pionniers et un des quelques serviteurs de groupes réellement capables. Cela arriva au début de novembre 1948 et au moment de la rédaction de ce rapport ces frères sont encore détenus sans qu’aucune accusation ait été déposée contre eux. Pendant leur détention ils ont été battus de “ sjamboks ” (fouets de peau de rhinocéros), injuriés, souffletés et laissés en prison sans nourriture et sans eau, tout cela dans l’espoir de les faire renoncer à leur foi en Jéhovah et en son Royaume.
Les trois travailleurs à temps complet desservaient une trentaine de groupes. L’absence de cette aide a retardé, mais non pas arrêté l’œuvre de témoignage du Royaume. Parmi les frères et sœurs qui restent, le Seigneur a ses fidèles ; ils ne craignent pas l’ennemi, même pas quand les policiers indigènes sont postés dans les villages pour empêcher les assemblées publiques. Avec le temps les possibilités de prêcher reviendront sûrement et la récompense de leur fidélité sera la part bénie de ceux qui auront persévéré pour voir l’aube de ce jour.
Dans le Mozambique l’œuvre progresse lentement mais sans cesse, et les gens de bonne volonté se réjouissent de recevoir la lumière. Quelques frères et sœurs ont quitté le territoire pour aller s’établir de l’autre côté de la frontière dans le protectorat du Nyassaland où ils ont plus d’occasions de participer à l’œuvre. En nombre croissant les gens des villages proches du Nyassaland entrent en contact avec les proclamateurs de ce pays et le nombre d’intéressés grandit. Mais la crainte de l’homme est toujours là pour les empêcher d’être des témoins de Jéhovah actifs. Cependant, à mesure que la connaissance de Jéhovah et de ses desseins augmente, la foi et l’assurance de recevoir sa protection grandissent, et les personnes de bonne volonté s’engagent dans la voie sage qui mène au Royaume éternel de justice.
TANGANYIKA
Ce vaste pays, d’une superficie de 930 000 kilomètres carrés, est sous surveillance de la filiale de la Rhodésie du Nord. La Société accorde autant d’attention que possible aux quelques frères et sœurs de ce territoire. Nous espérons qu’en 1950 les frères et sœurs seront mieux organisés et que nous pourrons leur fournir une publication dans leur langue. Le serviteur de la filiale envoie le rapport suivant.
La principale difficulté à affronter est celle du langage et des publications. Les langues de la Rhodésie du Nord, le cibemba et le cinamanga ne sont pas comprises au Tanganyika et nous n’avons pas de publications en swahili, la langue parlée dans tout le territoire. Cependant une première brochure est en préparation et il ne reste que la dernière vérification avant de l’imprimer. La moyenne mensuelle de 24,1 heures pour cette année témoigne du zèle des proclamateurs, qui sont en général très pauvres quoique propres et diligents.
Jusqu’à maintenant le gouvernement a été amical et sauf la confiscation d’un livre interdit, les fonctionnaires ont laissé les témoins libres, les encourageant à proclamer le message d’une manière juste et convenable.
Le serviteur de circuit partage son temps entre ce territoire et la Rhodésie du Nord, et il nous raconte comment un dimanche matin, lorsqu’il sortit dans le champ, il vit beaucoup de gens se rendant au culte. On avait battu le premier tambour mais non le second. Ce dernier indique que le culte commence. Le serviteur demanda au possesseur de la maison où il devait conduire une étude de lui accorder le temps de diriger l’étude avant le commencement du culte, mais l’homme refusa parce que l’ancien était présent. Mais l’ancien dit : “ Que cet homme fasse ce qu’il est venu faire ”, et il appela tous les membres de son église pour assister à l’étude biblique basée sur le livre Enfants. Après l’étude, l’ancien remercia le serviteur pour le bon message qu’il avait entendu et cria à toute sa communauté qu’il n’y aurait pas de second tambour pour le culte, parce qu’il n’avait rien à ajouter à ce qu’il avait entendu ce matin-là ! “ Rangez le tambour ” dit-il “ et que chacun retourne chez soi. ”
NYASSALAND
L’œuvre progresse vraiment bien au Nyassaland, pays situé au cœur de l’Afrique. Deux gradués de Galaad y arrivèrent cette année pour travailler au bureau, servir la population européenne et aider l’organisation de l’œuvre parmi les frères et sœurs indigènes. En passant en revue ce qui a été accompli au cours de l’année, on peut dire avec raison que les témoins de Jéhovah au Nyassaland ont mis en pratique l’exhortation du texte annuel : “ Je te louerai de plus en plus. ” Une augmentation de 39 pour cent porta le nombre moyen des proclamateurs à 6 833 avec un maxima de 7 744. Les frères et sœurs ont fait des expériences merveilleuses et ont aussi eu des difficultés, mais Jéhovah a tout dirigé pour glorifier son nom. Le serviteur de la filiale nous transmet un intéressant résumé de ce qui se passa dans ce pays au cours de l’année.
Un pionnier nous raconte comment certaines personnes s’efforcèrent de l’empêcher d’entrer avec d’autres proclamateurs dans le village de Cidothe : “ Nous faisons savoir aux hommes de votre Société que nous ne désirons pas vous voir proclamer dans le village de Cidothe. Si vous persistez vous serez sévèrement battus. ” Le pionnier montra l’avis au chef du village, mais il avait manifestement peur de tirer l’affaire au clair. Alors les frères se rendirent chez le grand chef qui rassembla les habitants et le chef du village de Cidothe dans sa cour. Les témoins de Jéhovah furent invités à faire une déclaration et ils accédèrent à cette demande au grand intérêt des centaines de personnes rassemblées. Lorsque le chef du village eut l’occasion de s’exprimer il commença par nier avoir vu l’avis, mais déclara ensuite qu’il ne désirait pas les témoins de Jéhovah dans son village puisqu’il y avait “ une autre école ”. Sur quoi un prêtre africain se leva vociférant que “ ces hommes sont très mauvais ” parce que chaque fois qu’ils entrent dans le village ils racontent aux gens que “ mon église est une épicerie ” ! (Rires parmi l’assistance) Les frères et sœurs prouvèrent qu’ils ne connaissaient même pas ce prêtre et que ce qu’il disait était loin d’être la vérité. Le grand chef s’adressa alors au chef du village et au peuple, leur expliquant comment les témoins accomplissent leur œuvre et déclara qu’il avait l’intention de leur assurer la liberté qu’ils méritent pour poursuivre leur travail. Il termina en disant qu’il allait conserver l’avis et que si un des témoins de Jéhovah était battu il arrêterait le chef du village ! Ce fut une grande déception pour eux, parce qu’ils étaient convaincus que le chef se mettrait de leur côté contre les témoins de Jéhovah.
Les assemblées de district desservies par le serviteur de la filiale commencèrent la dernière semaine de mai dans la province septentrionale. Elles eurent une bonne assistance et s’avérèrent très profitables. Ce fut pour les frères et sœurs des provinces septentrionales et centrales la première visite d’un frère européen depuis 1941. Loin au nord, bien que lentement, l’œuvre progresse. On est en train de poser un bon fondement et si les frères et sœurs continuent avec patience, s’appliquent à leur travail, ils verront certainement avec le temps un bon accroissement.
Les croyances païennes jointes aux mixtures désagréables de la chrétienté, les habitudes paresseuses des hommes qui laissent tout le dur travail aux femmes, semblent être la cause de l’attitude apathique et indifférente qui exige tant de patience de la part des frères et sœurs. La chaleur intense des rives du lac Nyassa où parfois les récoltes brûlent, les pluies torrentielles qui tombent à verse inondant les champs ensemencés et démolissant l’unique bonne route, rendent les conditions encore plus difficiles pour les habitants.
Des pionniers travaillent maintenant pour la première fois dans les villages septentrionaux, et leur activité porte déjà de bons fruits. Nous espérons en voir d’autres entrer bientôt dans ce territoire. Ils aident à combler les vides laissés dans les groupes par le départ de frères et sœurs qui quittent le pays pour chercher un emploi en dehors du protectorat. Dans bon nombre de groupes il n’y a que deux ou trois frères capables, les autres proclamateurs sont des sœurs, en majorité analphabètes. Cependant on combat l’analphabétisme et les proclamateurs s’équipent toujours mieux pour venir à bout de leur travail. En traversant les provinces du nord nous dûmes poursuivre quelques léopards et mettre en fuite le menu fretin qui s’engage sur les routes. Lorsque nous roulions un soir en pleine forêt, une lionne surgit tout à coup. Elle sortit de la brousse à une trentaine de mètres devant la voiture, traversa la route, regarda vers nous et s’approcha de son pas félin sans manifester ni crainte ni hésitation. Drame au cœur de la jungle africaine ! Les trente mètres se raccourcissent à trois, deux, et alors, sortant du faisceau des phares, le fauve obliqua vers la voiture, s’en rapprocha jusqu’à une soixantaine de centimètres, leva la patte, mais, nous fuyâmes à toute vitesse. Nous ne nous sommes pas arrêtés pour prendre son adresse ! Sur la même route, l’année dernière environ 25 indigènes ont été tués par des lions qui rôdent dans la brousse par troupes composées parfois de quinze bêtes.
Dans les provinces centrales et méridionales le message du Royaume est mieux répandu et l’œuvre avance constamment. Le plus grand accroissement s’est produit cette année dans ces deux provinces où le message est porté rapidement de plus en plus loin, dans des villages où l’œuvre de témoignage est à peine connue. Une fois, un chef de village et ses gens furent si contents du message ayant trait au Monde Nouveau qu’ils donnèrent un petit chevreau aux proclamateurs, les priant de revenir pour leur reparler encore du Monde Nouveau de Jéhovah.
Nous sommes un peu à l’étroit dans la filiale et nous déménagerons aussitôt que possible dans un bâtiment plus grand, afin de faire face à l’expansion croissante de l’œuvre dans ce pays. Nous sommes joyeux et contents de pouvoir servir Jéhovah dans cette partie de sa vigne, travaillant côte à côte et espérant l’apogée d’Armaguédon.
RHODÉSIE DU NORD
Avec la ferme décision de chacun, nos frères et sœurs en Rhodésie du Nord s’exhortent en disant : “ Ne néglige pas le don qui est en toi... afin que tes progrès soient évidents pour tous. ” Ceux qui connaissent la vérité sont désireux de la prêcher, et beaucoup doivent être freinés dans leurs efforts à cause de leur manque de connaissance. La campagne d’instruction commencée il n’y a pas longtemps fait de bons progrès. Il y a 1 497 frères et sœurs instructeurs, et, selon les rapports, plus de 1 500 ont appris à lire au cours de l’année. Dans ce domaine les progrès sont donc sensibles. Cependant le gouvernement n’a pas encore jugé bon de lever l’interdit sur certaines publications de la Société en vue de les distribuer. Le livre “ Que Dieu soit reconnu pour vrai ! ” fut interdit ; nous espérions que l’interdiction serait levée. Toutefois un décret nous informa que l’interdiction sur ce livre et sur “ La vérité vous affranchira ” ne serait pas levée. Il est difficile d’en comprendre la raison. La commission gouvernementale a cependant levé l’interdiction sur le périodique La Tour de Garde, interdiction en vigueur depuis 14 ans. En dépit des entraves, d’excellents progrès ont été réalisés parmi ce peuple africain et le serviteur de la filiale en Rhodésie du Nord nous envoie un rapport très intéressant.
Le point saillant de cette année fut le succès des assemblées de district : “ C’est là que montent les tribus... pour y célébrer le nom du Seigneur. ” Assister à une de ces assemblées est un événement inoubliable, surtout lorsqu’elle a lieu dans la “ brousse ”. La plupart s’éveillent déjà avant l’aube ; les voix harmonieuses des hommes et des femmes riant et chantant accompagnent leur adaptation au logement et à l’installation de cuisines improvisées. Ils partent ensuite pour rendre témoignage dans les villages avoisinants et le soir les discours se font devant un immense feu qu’on charge de plus en plus jusqu’à ce que sa lumière rende inutile tout autre éclairage. Plus tard, à la fraîcheur de la nuit, on entend le cri des oiseaux et, de temps à autre, le hurlement d’une bête sauvage, puis finalement le silence descend sur le camp ; les braises réchauffent les corps à peine couverts de ceux qui, pour la plupart, ont voyagé bien des kilomètres, les femmes portant les paquets.
L’assemblée de district eut lieu à Nkana, la plus grande ville du territoire et presque 5000 personnes y assistèrent. La conférence publique eut une assistance d’environ 7 500. Son succès ne fut pas enrayé par l’attraction organisée par le préfet apostolique qui traversa la ville sous son baldaquin portant soigneusement “ l’hostie ”, la musique de la mine devant, la police catholique, quelques Européens et environ 1 500 Africains derrière ! Quelques personnes près du lieu de l’assemblée dirent : “ Depuis longtemps nous nous moquons de ces gens, mais ils continuent à augmenter. Quelle réunion ils ont eue cet après-midi, et regardez les bicyclettes qu’ils possèdent ! ” Oui, les témoins de Jéhovah ont besoin de leurs bicyclettes parce que les distances entre les villages sont longues et bien qu’il faille parfois économiser strictement pendant un an pour s’acheter la machine, elle est très utile dans l’œuvre du ministère.
Le surintendant de l’église méthodiste et un pasteur anglican attaquèrent la Société en rédigeant un pamphlet mordant destiné aux Africains “ Jean Chrétien considère la Watchtower ”. Ce pamphlet relate que les témoins de Jéhovah ne laissent pas aux femmes l’espoir d’aller au ciel ; que la Société ne promet la vie éternelle à personne ; que c’est une “ religion de haine ”, et que “ pas beaucoup de personnes intelligentes, blanches ou noires, suivent la Watchtower ”. Lorsqu’on visita le surintendant et lui montra qu’il n’y a “ pas beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles ” qui sont appelés, il ne répondit pas grand’chose. Son ignorance de nos enseignements est bien connue, mais son intention en écrivant est claire. Il dit : “ Il faut que nous (le clergé) fassions quelque chose pour nous défendre. ” Oui, mais ce genre de défense cause leur propre perte. Lorsqu’on lui demanda pourquoi tant de personnes quittaient son église pour se joindre aux témoins de Jéhovah, si nous ne leur offrions pas la vie éternelle, il ne sut que répondre. Le “ Jean Chrétien ” du pamphlet est l’homme qu’ils espèrent tromper ; mais les faits prouvent qu’il est vite détrompé.
Depuis des années le catholicisme a prédominé dans la région du nord-est, mais maintenant à quelques kilomètres du siège de l’évêque prospère un groupe actif de quelques centaines de témoins, composé en grande partie d’ex-catholiques. Ce groupe, conduit par un policier de la localité, est soutenu par des employés du gouvernement. Les pères Blancs ont maintenant décidé de s’établir près du groupe pour “ lutter ” (c’est leur propre terme) contre les témoins de Jéhovah. Cette lutte continuera, et nous pouvons être certains que toutes les armes de l’arsenal ignoble de la Hiérarchie seront employées pour mettre obstacle à la propagation du message du Royaume, jusqu’à ce que le litige final soit tranché par Dieu lui-même.
Le serviteur de district écrit : À l’assemblée de district de Kawambwa, où l’assistance à la conférence fut de 2 581 personnes, un certain nombre de diacres, anciens, ministres et instituteurs de la mission locale assistaient à la réunion et demandèrent à l’orateur de se rendre chez un diacre pour répéter sa conférence, afin que d’autres puissent l’écouter et pour répondre à des questions. L’invitation fut acceptée et 43 personnes intéressées, membres de l’église, assistèrent et reçurent des publications gratuites. On répondit d’une manière satisfaisante aux questions et ces gens demandèrent qu’on dirigeât chaque semaine une étude.
L’œuvre parmi les Européens fait des progrès constants bien que lents ; les frères de Galaad ont travaillé diligemment. La difficulté d’obtenir des salles pour les conférences les a obligés de se servir exclusivement des maisons des intéressés, mais le Seigneur a béni cette phase du travail et un frère écrit : “ Après les deux premières conférences, auxquelles assistèrent une dizaine de personnes, les intéressés se mirent à parler à leurs amis. D’autres personnes assistant aux études bibliques, entendant dire combien les autres avaient apprécié les conférences, se décidèrent à venir et à la dernière conférence de la série actuelle, 35 auditeurs étaient présents. Après une de ces conférences, un jeune couple qui jusqu’alors n’avait assisté qu’à trois études bibliques à domicile, fut convaincu que cela était la vérité. Immédiatement il commença à rendre témoignage à ses amis, avouant sans honte que tous deux sont maintenant des témoins de Jéhovah.
LA CÔTE DE L’OR
Les habitants de la Côte de l’Or viennent de vivre une année des plus importantes des 105 années de la domination britannique. D’un bout à l’autre du pays on entend parler d’autonomie actuelle. D’autre part, les témoins de Jéhovah s’efforcent de diriger les gens vers le Royaume, seule espérance du monde, seul gouvernement de paix et de prospérité. En ces temps troublés beaucoup de personnes écoutent le message de la Parole de Dieu, et nous enregistrons une augmentation de 92 pour cent du nombre de proclamateurs à la Côte de l’Or cette année écoulée. Le maximum des proclamateurs fut de 2 053. Il y a encore beaucoup de travail à faire et les extraits suivants du rapport du serviteur de la filiale donnent une idée de ce qui se passe là-bas.
Les témoins de Jéhovah dans ce pays ont vu juste en cultivant leurs dons pour le ministère. Leurs œuvres traduisent leur désir de vivre dans le Monde Nouveau de Dieu. Pendant les douze derniers mois les frères et sœurs se sont mieux rendus compte de l’importance des réunions, des bienfaits et des bénédictions dispensés aux assistants lors des assemblées de circuit et de district. Deux assemblées de district ont eu lieu, une à Kumasi, l’autre à Accra, avec une assistance totale de 2 719 étrangers à la conférence publique “ Il est plus tard que vous ne pensez ! ” Ce fut encourageant de constater que 404 proclamateurs du Royaume symbolisèrent leur consécration lors de ces deux assemblées.
Dans la plupart des pays il y a de jeunes proclamateurs du Royaume. La Côte de l’Or ne fait pas exception, car beaucoup commencent dès 6 ans. Ils assistent aux assemblées de circuit et de district avec leurs parents et manifestent le désir d’être immergés. Comprennent-ils ce qu’ils font ? Les questions et réponses suivantes montrent l’état d’esprit de ces jeunes proclamateurs. 1) Q. “ Pourquoi désires-tu être immergé ? ” R. “ Je désire vivre dans le Monde Nouveau de Dieu et je dois d’abord être immergé comme le fut Jésus. ” Un autre répondit : “ Je désire être sauvé lors de la bataille d’Armaguédon et vivre dans le Monde Nouveau. ” 2) Q. “ Que dis-tu lorsque tu vas de porte en porte ? ” Le jeune proclamateur répond qu’il parle de l’œuvre de prédication, qui sépare les hommes, d’Armaguédon et du Monde Nouveau. 3) Q. “ Que feras-tu après avoir été immergé ? ” R. “ Je continuerai à rendre témoignage aux gens selon les paroles de Christ Jésus. N’avez-vous jamais lu ces paroles : Tu [Jéhovah] as tiré des louanges de la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle ? ” L’éducation qu’ils ont reçue, la couleur ou la nationalité n’a aucune importance. — Mat. 21:16.
De bons progrès sont enregistrés dans l’œuvre des pionniers, bien que la quote-part de 100 pionniers pour août n’ait pas été atteinte. En août, 64 pionniers remirent un rapport, le double du maximum de l’année dernière. Beaucoup de proclamateurs de groupe, surtout des frères, ont fait un budget comme le Seigneur le conseille en Luc 14:28. Ils ont organisé leurs affaires et sont devenus pionniers. Quelques-uns sont devenus leur propre maître en apprenant des métiers tels que cordonnier, menuisier, barbier ou sont devenus des petits commerçants, surtout d’articles de médecine. D’autres encore ont commencé l’élevage de porcs. Grâce à cela ils devinrent indépendants et purent répartir leur temps pour le service dans le champ. Si davantage de proclamateurs de groupe étendent leurs privilèges de service et entrent dans les rangs des pionniers, nous atteindrons bientôt le nombre 100.
Les proclamateurs apprécient beaucoup l’aide des gradués de Galaad envoyés ici. Depuis septembre sept frères gradués de Galaad arrivèrent, dont trois il y a quelques jours. Ces trois frères, impatients de commencer à prêcher, allèrent visiter les gens du secteur qui leur fut assigné dès le matin de leur quatrième jour à Accra. Ayant 7 mois d’expérience sous les tropiques, deux des autres missionnaires ont fait du bon travail en visitant les groupes les plus faibles à travers le pays.
Auparavant, le travail d’études bibliques était la branche la plus faible du service dans le champ. Mais maintenant qu’une étude peut être comptée même si elle est conduite uniquement à l’aide de la Bible en twi, ga, fanti, ewe ou anglais, de bons progrès ont été enregistrés depuis quatre mois consécutifs. Un total de 1 000 études fut atteint en août. Ce travail exige de la détermination de la part du proclamateur car l’indigène promet et accorde vite des rendez-vous, mais il les oublie aussi vite.
Néanmoins pionniers et proclamateurs de groupe vont de l’avant ayant comme objectif l’extension des louanges, et, indiscutablement Dieu a béni leurs efforts.
AFRIQUE-ÉQUATORIALE FRANÇAISE
La vérité ne connaît pas de frontières et ne fait point acception de personnes. Séparés par de vastes étendues de jungle, méprisés par les missionnaires blancs qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour entraver l’œuvre, handicapés par les mouvements constants de la population, tous, sauf ceux qui sont inspirés par le zèle pour Jéhovah, seraient découragés. Parmi eux se trouvent ces Africains d’expression française qui ont fait des progrès remarquables au cours de l’année de service écoulée.
Il y a maintenant sept groupes organisés remettant un rapport de service dans le champ, et la moyenne est de 15 proclamateurs. Ils ont atteint en moyenne 10,2 visites complémentaires et 2,6 études bibliques pour l’année, résultat louable pour de nouveaux travailleurs. Afin de combattre l’analphabétisme parmi les intéressés, un frère a été désigné pour leur apprendre à lire afin qu’ils avancent plus rapidement.
Bien que ces indigènes soient méprisés des Européens et surtout des ministres religieux, la façon habile dont ils se servent des Écritures dépasse le clergé. De temps à autre un des membres du clergé s’efforce de discréditer la vérité ; ce fut le cas d’un prêtre qui interrompit une des réunions où on lisait à haute voix le livre Création. Il exigea qu’on lui montre le livre et le condamna sur-le-champ. Lorsqu’on lui demanda s’il avait un meilleur livre à offrir, il proposa des livres de philosophie et de théologie, qu’on rejeta promptement car ils prônent la sagesse humaine. Le prêtre changea de tactique, vanta l’église catholique, la seule vraie église ; mais, des versets bibliques démolirent son argument et lorsque la discussion se termina “ il avait perdu contenance et transpirait tellement qu’il était trempé jusqu’aux os ”.
Les protestants aussi sont prompts à condamner les témoins, ils déposent plainte aux autorités municipales et mettent en garde leur troupeau contre le message. S’ils attrapent un des leurs en train de nous écouter, cette personne est immédiatement exclue de la congrégation, et sa carte de baptême, considérée comme passeport pour le ciel, lui est retirée. Mais de telles barrières dressées par les hommes sont tout à fait inefficaces. Lorsqu’on attire leur attention sur les faits, les gens, remarquablement honnêtes et sincères, reconnaissent sans difficulté l’échec de la religion organisée.
Nous recevons constamment des lettres de différentes personnes qui désirent des écrits ou de plus amples renseignements au sujet de la vérité. Une de ces lettres dit : “ Nous, Africains de l’équateur, sommes pauvres en esprit et ne comprenons pas toujours ce que nous lisons. Cela dépasse notre compréhension. Frères, venez à notre secours et enseignez-nous... La seule lumière que nous pouvons obtenir sera par votre instruction et par vos livres. ”
CAMEROUN
Le bureau à Lagos continue à prendre soin du travail au Cameroun jusqu’à ce que des frères de Galaad puissent s’y rendre et se charger de l’œuvre là-bas. Il y a 114 proclamateurs réguliers dans ce pays et un maxima de 210 fut atteint cette année. La moyenne dépasse de 54 pour cent celle de l’année dernière. Quelques points intéressants signalés par le serviteur de la filiale de la Nigeria montrent les problèmes de nos frères et sœurs.
L’œuvre au Cameroun est maintenant bien organisée. Treize groupes comptent au moins deux à trois cents frères et sœurs. Il y a beaucoup de gens manifestant de l’intérêt dans ce pays, et comme ailleurs, les personnes de bonne volonté sont fatiguées de la vile nourriture que le clergé leur donne.
Au début de l’année de service des frères de la filiale de la Nigeria visitèrent Douala pour y organiser une assemblée de circuit et s’entretenir avec les autorités dans le dessein d’établir l’œuvre sur une base légale avec l’autorisation du gouvernement. L’entrevue qui eut lieu avec le directeur de la sûreté montra que le gouvernement n’avait pas d’objections sérieuses, mais l’affaire fut soumise à l’approbation du haut commissaire à Yaoundé.
L’assemblée de circuit à Douala fut un grand succès. Elle fortifia et encouragea les frères et sœurs. Des réunions publiques ne peuvent être tenues tant que l’autorisation n’est pas en notre possession, mais les autres séances eurent lieu, car elles furent considérées comme étant privées. Une conférence fut également faite et bien qu’elle ne pût être annoncée comme conférence publique, des invitations particulières furent lancées aux personnes de bonne volonté. À peu près 200 frères et sœurs furent présents à cette assemblée.
Les frères et sœurs n’ont aucune difficulté à conduire leurs études auxquelles on ne semble faire aucune entrave. À Douala ils ont leur propre salle du Royaume et se réunissent régulièrement pour étudier La Tour de Garde. Ils reçoivent l’aide nécessaire pour leurs études et leur service.
En février, deux gradués de Galaad, en route pour Douala où ils sont rattachés, arrivèrent à Lagos. Leur entrée au Cameroun dépend de la décision du haut commissaire et jusqu’à la fin des négociations ils doivent rester en Nigeria. Les frères et sœurs du Cameroun attendent leur arrivée avec impatience, car leur présence stimulera l’œuvre.