Un reste retourne
LE PROPHÈTE Daniel s’intéressa vivement à la prophétie de Jérémie, témoin de Jéhovah comme lui, concernant les soixante-dix ans de désolation de Jérusalem. Il attendait impatiemment la fin de ce temps d’affliction, car il savait qu’un reste du peuple de l’alliance de Jéhovah reviendrait, et que la sainte cité et son temple seraient reconstruits sur les anciens emplacements. En conséquence, il s’humilia devant Jéhovah et pria pour le retour, au temps marqué, de la faveur divine à son peuple allié. Le Seigneur, par son ange Gabriel, donna à Daniel une réponse réconfortante, et l’assura en outre que Jérusalem serait rebâtie, et qu’au temps fixé, c’est-à-dire soixante-neuf semaines d’années après que serait donné l’ordre de reconstruire les murs de Jérusalem, le Messie, le Roi, viendrait. — Dan. 9:1-27.
À Babylone, un reste de Juifs restés fidèles comme Daniel se souvint des paroles suivantes prononcées par le roi Salomon dédicaçant autrefois le temple à Jérusalem : “ S’ils rentrent en eux-mêmes dans le pays où ils seront captifs, s’ils reviennent à toi et t’adressent des supplications dans le pays de ceux qui les ont emmenés, et qu’ils disent : Nous avons péché, nous avons commis des iniquités, nous avons fait le mal ! s’ils reviennent à toi de tout leur cœur et de toute leur âme, dans le pays de leurs ennemis qui les ont emmenés captifs, s’ils t’adressent des prières, les regards tournés vers leur pays que tu as donné à leurs pères, vers la ville que tu as choisie et vers la maison que j’ai bâtie à ton nom, — exauce des cieux, du lieu de ta demeure, leurs prières et leurs supplications, et fais-leur droit ; pardonne à ton peuple ses péchés et toutes ses transgressions contre toi ; excite la compassion de ceux qui les retiennent captifs, afin qu’ils aient pitié d’eux, car ils sont ton peuple. ” — I Rois 8:46-53.
Le Dieu fidèle était disposé à exaucer la prière du reste de son peuple dévoué qui sollicitait sa délivrance, même si cela devait entraîner la chute du puissant empire chaldéen. Le Tout-Puissant agît ainsi exactement au temps fixé, bien qu’il ne s’agisse que de rendre la liberté à un petit reste fidèle. Mais il y allait de plus qu’un reste d’Israélites ou Juifs. Le point litigieux était celui de la domination universelle : qui est l’Être suprême et omnipotent ? et de qui le nom et la Parole seront-ils justifiés ? Jéhovah a inspiré son prophète pour dire : “ Le reste reviendra, le reste de Jacob, au Dieu puissant. Quant ton peuple, ô Israël, serait comme le sable de la mer, un reste seulement reviendra ; la destruction est résolue, elle fera déborder la justice. ” — És. 10:21, 22.
Ésaïe prédit le nom du conquérant de Babylone et révéla que cette conquête accomplirait le jugement de Jéhovah contre l’oppresseur : “ Ainsi parle [Jéhovah] à son oint, à Cyrus ; que j’ai pris par la main droite pour terrasser devant lui les nations, et pour délier la ceinture des rois, pour ouvrir devant lui les portes [celles de Babylone, au-dessus de l’Euphrate], afin que les entrées ne lui soient pas fermées :... C’est moi qui l’ai suscité dans ma justice, et j’aplanis toutes ses voies ; c’est lui qui rebâtira ma ville, et renverra mes captifs, sans rançon ni présents, dit [Jéhovah des armées]... Israël sera sauvé par [Jéhovah] d’un salut éternel ; vous n’aurez ni honte ni confusion dans les siècles à venir. ” — És. 45:1, 13, 17, Crampon, 1938.
Jérusalem, la ville captive, serait donc rebâtie, et des messagers, sur les hauteurs, devaient annoncer joyeusement sa prochaine restauration qui prouverait que Jéhovah règne comme Théocrate. Deux cents ans auparavant, Ésaïe avait annoncé : “ Réveille-toi ! réveille-toi ! revêts ta parure, Sion ! Revêts tes habits de fête, Jérusalem, ville sainte !... Secoue ta poussière, lève-toi, mets-toi sur ton séant, Jérusalem ! Détache les liens de ton cou, captive, fille de Sion ! Qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie la paix ! De celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui publie le salut ! De celui qui dit à Sion : TON DIEU RÈGNE ! La voix de tes sentinelles retentit ; elles élèvent la voix, elles poussent ensemble des cris d’allégresse ; car de leurs propres yeux elles voient que [Jéhovah] ramène Sion. ” (És. 52:1, 2, 7, 8) L’accomplissement de cette prophétie en faveur de la Jérusalem typique est une garantie de sa réalisation totale et plus grandiose en faveur du fidèle reste actuellement sur la terre, réalisation qui prouvera que Jéhovah règne.
Quel était le but principal que Dieu se proposait en libérant les Juifs et en leur permettant de rentrer au pays parmi les ruines de Jérusalem (ou Sion), la cité captive ? Était-ce pour leur rendre ce qu’on appelle l’“ indépendance politique ” ? Non ! mais pour rétablir la libre adoration du vrai Dieu vivant, en accord avec sa loi théocratique. Le décret publié pendant la première année du règne de Cyrus était ainsi conçu : “ Ainsi dit Cyrus, roi de Perse : [Jéhovah], le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre, et il m’a dit de lui bâtir une maison à Jérusalem, qui est en Juda. Qui d’entre vous est de son peuple ? Que son Dieu soit avec lui, et qu’il monte à Jérusalem, qui est en Juda et bâtisse la maison de [Jéhovah], Dieu d’Israël ! C’est le Dieu qui est à Jérusalem. ” — Esdras 1:1-3, Crampon, 1938 ; II Chron. 36:22, 23.
Une caravane de 42 360 Israélites accompagnés de 7 337 serviteurs et servantes, et de 200 chanteurs et chanteuses : au total 49 897 personnes dévouées entreprirent le dangereux voyage de retour au pays dévasté. Grâce à la protection du Dieu tout-puissant, le pays demeura inhabité pendant les soixante-dix ans de “ sabbat ”. Un descendant direct du roi David, Zorobabel, fils de Schealthiel, de la tribu de Juda, fut établi gouverneur du reste juif pour surveiller et diriger la reconstruction du temple. Zorobabel apparaît dans les deux généalogies de Jésus ; c’est en Zorobabel que les deux descendances collatérales du roi David, l’une venant par Salomon, l’autre par Nathan, frère de Salomon, se rejoignent. Suivant I Chroniques 3:17-19, Zorobabel était évidemment le petit-fils de Schealthiel et le fils de Pedaja. Quoi qu’il en soit, Zorobabel fut un descendant de Jojakin, l’avant-dernier roi de Jérusalem.
En qualité de conducteurs des travaux de reconstruction du temple de Jéhovah, le souverain sacrificateur Josué et Zorobabel, prince de Juda, préfiguraient Christ Jésus, le constructeur du vrai temple. Zacharie, s’adressant à ces deux hommes comme symbolisant Christ, le Souverain Sacrificateur et la Pierre de faîte de la maison de Dieu, écrivit : “ Écoute donc, Josué, souverain sacrificateur, toi et tes compagnons qui sont assis devant toi ! — car ce sont des hommes qui serviront de signes. — Voici, je ferai venir mon serviteur, le GERME. Car voici, pour ce qui est de la pierre que j’ai placée devant Josué, il y a sept yeux sur cette seule pierre ; voici, je graverai moi-même ce qui doit y être gravé, dit [Jéhovah] des armées.... ”
Les nations païennes de la Palestine s’opposèrent à la réédification du temple, persécutèrent les reconstructeurs, essayèrent d’arrêter les travaux pendant toute la vie de Cyrus. Accusant les reconstructeurs du temple d’être des séditieux constituant une menace contre l’État, elles écrivirent à Artaxerxès, le successeur de Cyrus. Le roi crut les calomniateurs et, contrairement à la loi des Mèdes et des Perses, révoqua l’édit de Cyrus. Le travail du temple cessa, “ il fut interrompu jusqu’à la seconde année du règne de Darius, roi de Perse ”. Mais le dessein de Dieu ne peut être mis en échec. Ses prophéties doivent s’accomplir pour l’honneur de son nom, et, en l’occurrence, pour servir de prototypes. Environ seize ans après l’interruption des travaux, Jéhovah suscita les prophètes Zacharie et Aggée et leur suggéra de décider Zorobabel et le souverain sacrificateur Josué à reprendre les travaux de reconstruction, en dépit de l’édit de l’État. Le travail reprit donc.
Zorobabel et Josué achevèrent de reconstruire le temple avec l’approbation de l’État. Leurs ennemis furent très irrités, et le roi mit le comble à leur dépit en leur ordonnant d’aider les reconstructeurs du temple. Dans le mois d’Adar, qui est le douzième, la sixième année du règne de Darius, la maison de Dieu étant achevée fut dédicacée dans l’allégresse par le reste du peuple : le nom et la parole de Jéhovah étaient justifiés. — Esdras, chapitres 4 à 6.
Plus tard, dans la septième année du règne d’Artaxerxès III, Esdras, un Lévite-scribe, “ versé dans la loi de Moïse ”, vint de Babylone à Jérusalem, accompagné d’un autre groupe de Juifs rapatriés et porteur d’une lettre du roi qui traitait de l’entretien du temple et de ses services et dispensait de toute charge fiscale ceux qui exerçaient un ministère dans le temple. — Esdras, chapitre 7.
Les adversaires démoniaques essayèrent encore une fois de paralyser l’œuvre du reste. Les chefs ennemis, Sanballat le Moabite, Tobija l’Ammonite et Guéschem l’Arabe conspirèrent pour faire cesser les travaux de réparation des murailles. Mais ils ne rencontrèrent pas en Néhémie un pacifiste à tout prix : celui-ci se dressa pour défendre les intérêts de l’œuvre de Jéhovah contre les assauts injustifiés et illégaux des adversaires. Il arma les bâtisseurs de la muraille, établit une garde pour les défendre jour et nuit, et leur dit : “ Ne les craignez pas ! Souvenez-vous du Seigneur [Jéhovah], grand et redoutable, et COMBATTEZ POUR VOS FRÈRES, pour vos fils et vos filles, pour vos femmes et pour vos maisons ! ” (Néhémie, chapitre 4) Ayant échoué, les ennemis voulurent attirer Néhémie dans un guet-apens afin de le tuer, mais il refusa d’abandonner son travail pour discuter avec des ennemis.
Lorsque le septième mois arriva, tout le reste d’Israël était logé convenablement et se sentait en sécurité dans ses villes. Alors le scribe Esdras et le gouverneur Néhémie enseignèrent au peuple que ce mois était celui de la célébration de la fête des tabernacles, conformément aux clauses de leur alliance avec Dieu, et l’invitèrent à cesser de s’affliger à cause de leurs péchés mais, au contraire, à se réjouir en Dieu : “ La joie de [Jéhovah] sera votre force. ” Le reste célébra alors joyeusement la fête aux jours prescrits. — Néhémie, chapitre 8.
Les “ temps des Gentils ” devaient encore durer plus de deux mille ans. Lorsque Néhémie pria devant le peuple, dans l’enceinte des murs relevés de Jérusalem, il dit : “ Et aujourd’hui, nous voici esclaves ! Nous voici esclaves sur la terre que tu as donnée à nos pères, pour qu’ils jouissent de ses fruits et de ses biens ! Elle multiplie ses produits pour les rois auxquels tu nous as assujettis, à cause de nos péchés ; ils dominent à leur gré sur nos corps et sur notre bétail, et nous sommes dans une grande angoisse ! Pour tout cela, nous contractâmes une alliance, que nous mîmes par écrit ; et nos chefs, nos Lévites et nos sacrificateurs y apposèrent leur sceau. ” (Néhémie 9:33-38 ; Esdras 9:7, 8) Un prophète avait dit autrefois : “ ... les enfants d’Israël resteront longtemps sans roi, sans chef, sans sacrifice,... Après cela, les enfants d’Israël reviendront, ils chercheront [Jéhovah], leur Dieu, et David, leur roi ; et ils tressailliront à la vue de l’Éternel et de sa bonté, dans la suite des temps (à la fin des jours, Crampon). ” — Osée 3:4, 5.
La domination qui pesait sur le reste restauré passa ensuite des Médo-Perses aux Grecs, puis, plus tard, en 63 av. J.-C., les Juifs subirent le joug de la Rome impériale. ki F.