L’œuvre des témoins de Jéhovah
Extrait de l’Annuaire 1951 (angl.)
Haïti (Suite et fin)
Quelquefois, le serviteur de circuit, accompagné par un autre missionnaire, se met en route à bicyclette pour desservir les groupes. Dans cette contrée on y mettrait autant de temps à voyager en autocar. Ils emportent sur leurs bicyclettes environ 14 kilos de publications avec quelques autres choses indispensables et rendent témoignage pendant le voyage. Cent cinquante kilomètres ou plus sont parcourus pour atteindre le premier groupe. On prend des dispositions pour faire des visites complémentaires avec les personnes de bonne volonté lors des prochaines tournées. Ces visites sont faites deux fois par an. En même temps des discours publics sont prononcés dans de petits villages non loin des petits groupes visités. Quelques frères parcourent alors jusqu’à 35 kilomètres à pied ou à dos d’âne pour aider à annoncer la conférence. Dans l’un d’eux, un frère isolé eut 23 assistants aux études. Ils furent organisés en un groupe il y a de cela quelques mois, et maintenant, dans cette petite localité de St Louis du Sud, il y a 7 proclamateurs. Récemment, quatre d’entre eux essayèrent plusieurs fois d’atteindre une petite île de 3 000 habitants, avec un bateau à voile de leur construction, mais jusqu’alors ils ont échoué à cause des pluies incessantes. Ils sont décidés et très enthousiastes, et ils arriveront malgré tout à porter le message du Royaume dans l’Île-à-Vache à la première occasion.
Le travail qui a été effectué hors des villes l’a été pour la plus grande partie par les missionnaires de Galaad. En principe, toutes les villes côtières, de toute étendue, ont été travaillées une fois cette année. Hinche, à l’intérieur, fut parcourue et l’on y laissa beaucoup de publications.
Nous sommes très reconnaissants envers Jéhovah pour les privilèges de service de cette année qui vient de s’écouler et pour l’accroissement du nombre des proclamateurs qu’il nous a donné. Nous sommes maintenant mieux préparés, avec l’aide de plus de proclamateurs qu’auparavant, pour aller de l’avant dans le travail de la moisson que l’on voit si abondante de toutes parts.
AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE
L’année passée on vit l’œuvre du Royaume faire des progrès soutenus en Afrique-Équatoriale française. Non seulement le nombre moyen des témoins passa de 15 à 21 avec un maximum de 29 en juin, mais encore les frères et sœurs ont maintenant la brochure Conseils sur l’Organisation Théocratique en langue française, publication qui les aida grandement à bien comprendre la façon de poursuivre l’œuvre d’une manière théocratique. En outre, un représentant de la Société eut la possibilité de les visiter dans le courant de l’année pour leur donner d’autres instructions et de les assister dans le service dans le champ, dans les visites complémentaires et les études de livres.
Bien qu’il y ait beaucoup de religions en Afrique-Équatoriale française, il est évident que les gens n’en sont pas satisfaits. Voici ce que rapporte le serviteur du groupe de Dekoa : “ Dès que nous atteignons un village les gens accourent vers nous pour écouter la bonne nouvelle. Il est presque inutile d’aller de maison en maison, sauf pour voir les personnes qui ne peuvent se déplacer. ” Mais pourquoi ces gens ne préféreraient-ils pas la vérité au démonisme des hommes-panthères qui pratiquent encore leurs rites de cannibales dans la jungle environnante, et aux cosses vides que leur présentent les missionnaires protestants et catholiques ?
Les prêtres et les pasteurs sont agacés à cause de la puissance de la vérité. Par la puissance de l’esprit du Seigneur, les témoins natifs ne cessent de confondre les conducteurs religieux blancs, et il s’ensuit que l’emprise de ces derniers sur la population indigène est moins forte. Une fois, quelques témoins furent invités à dire quelques mots avant un sermon religieux. Dans une tentative pour contrecarrer le bon de leurs paroles, un des principaux pasteurs de l’Oubangui organisa une réunion ultérieure au cours de laquelle il n’épargna aucun effort pour présenter les Témoins sous un mauvais jour. On répondait chaque fois à ses questions d’après les Écritures et son embarras grandissait à chaque réplique. Pour cacher son dépit il accusa les Témoins et leurs conducteurs d’être des ignorants. Ils répondirent par les versets 27 et 28 de la première épître aux Corinthiens chapitre 1 1Co 1:27, 28. Incapable de se contenir plus longtemps, ce religioniste se précipita tête baissée sur le frère pour fermer la Bible dans laquelle il lisait, puis il demanda à grands cris aux assistants de ne pas laisser entrer les Témoins dans leurs églises. Il s’entendit encore répliquer les passages d’Actes 17:24 et de Jean 16:1-3 avant que les Témoins se vissent intimer l’ordre de sortir et avec eux ceux désireux de les suivre. Or voici que, exception faite des diacres, tous les assistants sortirent, et pendant qu’ils s’en allaient ils riaient bruyamment entre eux de leurs pasteurs qui s’étaient exposés à la honte.
On ne fut pas surpris d’apprendre que, le 24 juillet 1950, le Journal Officiel de l’Afrique-Équatoriale française publia un décret du haut commissaire interdisant l’introduction, la circulation, la distribution et la vente de toutes les publications de la Watchtower Society. Quels succès espèrent-ils obtenir par de telles mesures ? “ Ils te feront la guerre, mais ils ne te vaincront pas, car je suis avec toi pour te délivrer, dit [Jéhovah]. ” — Jér. 1:19.
SUISSE
La manière dont le Seigneur bénit son peuple inspire à ses serviteurs de la gratitude envers lui. La bonté de Jéhovah augmente leur dévouement. Ils voient en leur Dieu un Ami et un Bienfaiteur. En Suisse, les frères et sœurs ont été richement bénis cette année et ont livré un excellent combat pour le service. À la fin de l’année ils enregistrèrent une augmentation de 16 pour cent, avec un nouveau maximum de 2 394 personnes servant les intérêts du Royaume. La Société possède une imprimerie à Berne. Beaucoup de publications y furent imprimées cette année, non seulement pour les témoins de Jéhovah de Suisse, mais encore pour ceux des pays voisins. Les assemblées de circuit et de district furent couronnées de succès. Le rapport du serviteur de la filiale montre qu’ils ont mené à bien le combat, et en voici quelques extraits :
Cette année, des pionniers s’établirent dans des zones de grande influence catholique. Les résultats furent encourageants. Les actions du clergé entraînèrent des actions en justice : des sœurs pionniers se virent expulsées par la police ; du haut des chaires, le clergé dans ses “ avertissements ” et les journaux cléricaux traitèrent de “ communistes ” les personnes de bonne volonté, et s’efforcèrent de les intimider en disant que les hommes perdraient leur emploi si les témoins continuaient à visiter leurs foyers.
Dans un autre territoire, la police et le clergé s’unirent pour effrayer d’autres sœurs pionniers. La police les interrogea inlassablement. Le clergé s’emporta violemment contre l’œuvre. Voici ce que nous écrivent ces sœurs : “ Toute cette activité unie à notre persistance dans l’œuvre de proclamation piqua la curiosité des gens au sujet du message. Au lieu de nous parler au seuil des portes, où d’autres pouvaient les voir, ils nous demandaient d’entrer chez eux et, à l’intérieur, écoutaient le message ! Dimanche dernier une famille offrit son foyer pour y prononcer une causerie ; dix personnes étaient présentes et l’on prit des dispositions pour conduire des études chez elles toutes. ”
Au cours de l’année, de nombreux groupes commencèrent pour la première fois à présenter les périodiques dans les rues, souvent après avoir surmonté beaucoup d’opposition de la part des autorités. Que la persistance est récompensée, le rapport suivant le montre : “ Me trouvant dans la rue, j’offris un “ Réveillez-vous ! ” (en allemand) à un passant. Il le prit et me dit qu’il désirait me poser quelques questions. “ Quel est le plus grand commandement ? ” Je citai le passage de l’Évangile de Matthieu 22:37-40. Il fut satisfait. “ Quel est le message le plus important ? ” “ Le message du Royaume ”, lui répondis-je. Il me dit alors : “ Et si toute l’humanité observait ces deux commandements, qu’adviendrait-il ? ” “ Eh bien, dis-je, les conditions seraient meilleures, mais nous ne pourrions pas introduire nous-mêmes les conditions qui prévaudront sous le Royaume, car seul Jésus-Christ peut accomplir une telle chose. ” Il fut frappé d’étonnement, se présenta comme pasteur et me remit son adresse. À présent, c’est un abonné et il étudie son second livre lors d’une étude biblique ! ” Ainsi, même les conducteurs religieux orthodoxes peuvent marcher sur le chemin de la vie. Vraiment, “ la sagesse crie dans les rues ”.
Un rapport sur la Suisse ne serait pas complet sans son rapport légal car, depuis des années, le colportage et d’autres questions semblables sont combattus. Mais c’est un plaisir d’inclure ce rapport de l’année, car elle fut une année de victoires pour lesquelles nous remercions Jéhovah. Au cours de l’année, on nota vingt-neuf actions policières et des autorités. Quatre d’entre elles se poursuivirent en justice ; trois furent en notre faveur, et la quatrième, relative au colportage, vient d’être déférée devant la Cour Suprême de Suisse. Toutes les autres furent successivement annulées. Le colportage est l’accusation la plus fréquente, mais plusieurs difficultés occasionnées par le témoignage dans les rues se présentèrent également.
En septembre dernier, Zurich, la plus grande ville de Suisse, accusa les proclamateurs de faire des “ quêtes ” pendant leur travail dans les rues. La cour accepta la défense de l’avocat, disant que l’œuvre était purement évangélique. Une accusation de colportage et de quête semblable fut combattue à Winterthur, ville industrielle, où, une fois de plus, les puissants arguments de la brochure Liberté d’Adoration et notre position de ministres de l’évangile décidèrent la cour à nous donner la victoire.
Zurich fut également le théâtre d’une lutte après l’assemblée. En juin 1949, vingt-quatre heures avant l’assemblée, la police nous refusa l’emploi des pancartes. Croyant être dans nos droits, nous les utilisâmes au grand étonnement de la police et de la population. Plus tard, la police nous frappa d’une amende, mais, après avoir combattu l’affaire, l’amende fut levée ainsi qu’une autre affaire en cours impliquant des proclamateurs locaux à propos de la distribution de feuilles d’invitation. Les rues de Zurich étaient ouvertes à la proclamation !
L’activité accrue des pionniers dans le canton catholique de Schwyz provoqua une “ affaire de l’année ”. Deux pionniers furent accusés de “ délit contre l’ordre public ”, et de “ colportage ”. Pourquoi ? Parce que le clergé avait dit aux gens que ces frères étaient communistes, contre l’“ église ”, et leur recommandèrent de les dénoncer à la police. Toute l’affaire revêtait le caractère d’un complot. On n’oubliera pas qu’il y a quelques années, ce canton avait essayé d’interdire l’œuvre. Le 9 juin, une cour 100 pour cent catholique, composée de sept juges, tint ses assises. Les sœurs se virent condamnées à une amende de 170 francs. Que pouvait-on attendre d’elle cette fois ? À vrai dire, pas grand-chose, puisque cette cour a toujours prononcé des jugements défavorables. Elle déclara ouvertement qu’elle ne désirait pas les témoins de Jéhovah. Mais, là n’était pas la question, notre avocat insista : “ La question n’est pas de savoir si le canton de Schwyz désire ces deux chrétiennes, mais si, d’après la loi, leur œuvre évangélique est un commerce ou non. ” “ Il n’existe pas de liberté pour ces chrétiens en Russie — maintenant, que fera le canton de Schwyz ? ” Après une délibération de deux heures, on prononça le verdict : Non coupable !
Au moment où nous achevons ce compte rendu, la nouvelle nous parvient que des cas combattus dans la catholique Lucerne, au sujet du travail dans les rues, ont été aussi prononcés en notre faveur.
Les cent frères de notre petit pays qui eurent le privilège d’assister à l’incomparable assemblée du peuple de Dieu à New-York communiqueront sans aucun doute aux groupes l’enthousiasme qu’ils rapportèrent de là-bas, et il se manifestera spécialement à l’occasion de l’assemblée de district de Bâle très proche. Celui-ci sera générateur de nouvelles forces qui pousseront les frères à une action unifiée, car, comme cela a été puissamment accentué lors de l’assemblée de New-York, parce que “ des chefs se sont mis à la tête du peuple en Israël, et le peuple s’est montré prêt à combattre : Bénissez-en Jéhovah ! ” — Juges 5:2.