Comptes rendus extraits de l’Annuaire 1958 des Témoins de Jéhovah
FRANCE
L’œuvre progresse d’une façon très satisfaisante en France de même que dans les territoires se trouvant sous la gestion de la filiale française et c’est une réelle joie. Quel moment heureux à Paris quand la décision fut prise de construire un nouveau Béthel ! Les nouveaux bureaux ainsi que l’imprimerie sont maintenant en construction. L’édification de ces nouveaux locaux est nécessaire à l’activité croissante de l’organisation des témoins de Jéhovah. L’esprit fixé avant tout sur les intérêts du Royaume, nos frères de France ont les mêmes dispositions que partout ailleurs et ils disent : “ (À cause du Christ) j’ai renoncé à toutes choses, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ. ” (Phil. 3:8). La filiale française nous rapporte quelques bonnes expériences de même qu’un commentaire sur la façon dont l’œuvre est accomplie en Algérie, au Cameroun, au Sénégal et en Tunisie.
Les expériences suivantes nous montrent la joie des frères quand ils mettent en pratique les conseils et instructions de “ l’esclave fidèle et prudent ”. D’une personne ayant résolu d’entreprendre le travail dans un territoire isolé, là où le besoin s’en faisait sentir, nous recevons le rapport suivant : “ Plusieurs semaines avant de commencer le travail dans le territoire qui nous était assigné dans le sud de la France, nous nous y rendîmes afin d’y trouver un pied-à-terre. Une sœur nous y accompagna car elle désirait se joindre à nous dans l’entreprise. Nous allâmes de maison en maison dans la ville et finalement trouvâmes quelque chose pour nous deux. Cette chambre meublée était très propre, bien centrée, mais chère, car elle nous revenait à 9 000 francs par mois. Puis, lorsque nous nous installâmes dans cette ville, il fallut, en premier lieu, trouver un travail. J’allai m’inscrire à l’Office du travail où l’on me demanda quel genre de besogne je pourrais accomplir. Je répondis “ magasinier ”. Ils me dirent qu’il leur était impossible de me trouver un tel emploi. Je leur demandai alors de m’inscrire pour n’importe quel genre de travail, maçon, charpentier, peintre ou autre. L’employé me répondit que si j’étais peintre, il pourrait me trouver quelque chose chez l’un de ses parents. Et depuis, je travaille comme peintre.
“ Nous avons quitté l’ambiance d’un grand groupe, dû effectuer un autre genre de travail, mais nous sommes vraiment très heureux d’avoir fait ce changement. Avec la possibilité d’assister à toutes les assemblées tenues au cours de l’année, nous ne nous sommes pas sentis entièrement seuls, bien qu’isolés dans un territoire vierge. Jéhovah a béni notre service, car cinq nouveaux proclamateurs participent maintenant au service et, au cours du mois d’avril, nous avions atteint une moyenne de dix-huit heures et de vingt périodiques. Ma femme et moi-même n’avions jamais pu accomplir autant dans le champ et en même temps pourvoir à notre entretien. Le climat ici est excellent et notre santé au mieux. Nous sommes maintenant déterminés à continuer cette joyeuse phase de service. ”
Lors du travail de maison en maison, une sœur pionnier rencontra une femme qui lui fit cette réplique : “ Mais voyez-vous, Mademoiselle, je suis catholique et nous venons d’avoir une semaine de prières pour l’unité de toutes les religions. ” Avec tact, la sœur lui parla pendant un certain temps et la dame se décida à prendre un livre relié, une brochure, et un périodique, tout juste afin d’en connaître un peu plus sur notre religion. Puis, après quelques visites complémentaires, une étude biblique fut entamée. Cette personne de bonne volonté pleurait chaque fois que les Écritures lui révélaient la fausseté des enseignements catholiques. De plus, elle avait une fille de vingt-deux ans cloîtrée au Carmel. Cette dame apprit donc combien une telle vie de solitude pouvait être vaine. Pendant chaque étude, elle utilisait trois versions différentes de la Bible afin de s’assurer de la véracité de ce qu’elle apprenait. Elle priait Dieu de lui accorder la connaissance de la vérité. Quelque temps après, elle quitta la religion catholique et en retira ses deux enfants qui préparaient leur première communion. À la suite de cette décision, le prêtre accourut séance tenante pour lui demander ce qui se passait. Elle lui dit alors que depuis qu’elle avait étudié la Bible avec les témoins de Jéhovah, elle avait trouvé la vérité et que les enseignements de la religion catholique n’étaient pas en harmonie avec la Bible. “ Venez ”, lui dit-il. “ Voyons ce qui n’est pas clair ”, et il alla chercher sa Bible. Mais ce fut cette personne de bonne volonté qui lui montra dans sa propre Bible que l’âme n’était pas immortelle. Il la quitta en rage, claquant la porte derrière lui. Cette dame assiste maintenant aux réunions des témoins de Jéhovah, accompagnée de ses enfants. Elle est également parvenue à faire sortir sa fille du Carmel, — ce qui n’est pas chose aisée . La mère fut baptisée au cours de l’assemblée de Paris.
Un pionnier spécial nous écrit ce qui suit : “ Combien sommes-nous reconnaissants au serviteur de circuit qui visita notre groupe afin de nous aider à considérer nos privilèges de service. Nous n’avons jamais regretté d’avoir quitté le gentil petit appartement que nous avions, une bonne situation, tous les frères que nous aimons beaucoup et le groupe dans lequel on se sent si bien en famille. Tout cela est bien agréable, mais il y a tellement de grandes villes en France où l’appel au secours se fait pressant. Nous nous trouvons depuis six mois dans notre territoire et nous avons déjà trois nouveaux proclamateurs qui passent dix-sept heures par mois dans le champ ; deux se sont déjà fait baptiser. Nous avons la ferme assurance que Jéhovah bénit nos efforts et que notre travail n’est pas vain.
“ Au début, j’étais effrayée de ne pouvoir atteindre la norme de 150 heures, 110 périodiques et 50 visites complémentaires, qui est celle des pionniers spéciaux. Cela me semblait une masse de travail. J’avais en outre à prendre soin de mon enfant et à veiller sur mon mari qui travaille toute la journée. Mais grâce à une organisation rationnelle, je me rendis compte dès le commencement que je parviendrais à ma norme tout en trouvant du temps comme auparavant. Je puis dire que j’accomplis mon service de pionnier spécial, et ceci sans négliger mes obligations familiales ou mon étude personnelle. ”
ALGÉRIE
En décembre 1956, le serviteur de zone visita l’Algérie et put se rendre compte des difficultés que les frères éprouvent dans l’accomplissement de leur mission de prédication de la bonne nouvelle du Royaume. Un couvre-feu fut décrété pour toute la population civile pour la nuit de son arrivée ; toutes les réunions devaient être terminées à vingt heures. Les conditions de déplacement étaient en outre très difficiles mais, en dépit de ces obstacles, qui auraient pu être considérés comme autant de raisons valables pour rester à la maison, l’assistance à ces réunions fut bonne et les frères furent réconfortés par les instructions et les encouragements du serviteur de zone. Un service d’immersion fut organisé lors de sa visite et huit frères baptisés. La population européenne réagit bien à l’égard de la vérité et l’accroissement de l’œuvre continue.
Il y a beaucoup de nouveaux proclamateurs en Algérie et le besoin de frères mûrs se fait sentir. Six pionniers spéciaux y travaillent et l’un d’eux, une sœur, nous écrit : “ Il y a quelque temps, je rencontrai une dame en allant de porte en porte. Elle me dit qu’elle connaissait bien sa Bible, car elle en avait fait son livre de chevet et elle ajouta qu’il serait certainement préférable que je me rendisse auprès d’autres personnes avec ce message. Je lui montrai alors combien ces publications lui seraient une aide précieuse pour lui apporter une compréhension encore meilleure de la Bible, ce qu’elle accepta finalement. Quand je la revisitai, elle me raconta qu’elle avait cherché la vérité un peu partout, sans la trouver bien sûr. Et, malgré cela, après avoir lu dans la Bible que le sabbat devait être observé, elle respectait cette ordonnance en demeurant seule chez elle le samedi pour y lire la Bible. Je me proposai de me joindre à elle si elle le voulait bien. Elle apprit alors immédiatement quel était le sabbat observé par les chrétiens et, aujourd’hui, elle assiste régulièrement à nos réunions. Elle a également commencé à prêcher ; elle est âgée de soixante-huit ans ! Après l’avoir recherchée pendant trente années, elle est heureuse d’avoir maintenant trouvé la vérité. ”
CAMEROUN
Les ministres du Monde Nouveau du Cameroun ont été richement bénis au cours de l’année de service écoulée et, en dépit des difficultés, les frères ont marché de l’avant. L’œuvre n’est pas reconnue au Cameroun, mais ils ont cependant des groupes, s’assemblent, et des visites sont faites chez les particuliers. Des pionniers spéciaux se chargent de certains secteurs isolés. Ils sont actuellement une vingtaine pour tout le Cameroun et l’un de ces frères nous rapporte qu’il voit les fruits de son travail après deux années d’efforts. Il a reçu la visite du serviteur de circuit et il apprécie beaucoup l’avancement de l’œuvre ; il voit comment elle pénètre dans son territoire. Soixante-cinq personnes de bonne volonté du secteur assigné à ce pionnier spécial prêchent maintenant la bonne nouvelle, et, parmi elles, un homme éminent d’une organisation protestante qui a guidé plusieurs personnes de son troupeau vers la vérité. L’organisation n’est pas reconnue par le gouvernement mais, à cause de l’excellente conduite des frères et de leur comportement, il leur est permis d’organiser des discours publics dont les résultats sont bons. Une conférence publique du serviteur de circuit attira un auditoire de plus de 2 000 personnes, et cela sans une feuille d’invitation ou affiche pour l’annoncer. La raison de ce succès réside dans le zèle et l’enthousiasme des frères. Voici comment ils s’y prennent : une heure avant le début du discours, ils forment un chœur et, joyeusement, chantent des cantiques du Royaume. Cette façon de faire éveille l’intérêt de beaucoup de personnes et, au moment où le discours public débute, une grande foule a été rassemblée ; elle reste et écoute l’exposé de la vérité. Ainsi, à la joie des témoins du Cameroun, il a été enregistré un accroissement de 29 pour cent et ils sont maintenant 3 067 à prêcher la bonne nouvelle.
SÉNÉGAL
C’est pendant le travail de maison en maison que ma femme rencontra une indigène qui lui dit : “ Je suis catholique et ce que vous me dites m’intéresse parce que j’ai lu la Bible pendant deux ans, mais sans la comprendre, et, d’autre part, le prêtre ne pouvait répondre à mes questions. Une longue conversation s’ensuivit. Ma femme lui prêta un livre et une visite complémentaire suivit. Deux semaines après, elle assistait aux réunions avec son mari et ses deux enfants. Une étude biblique fut commencée à son domicile et cinq mois plus tard elle se faisait immerger. Elle est maintenant très zélée dans le service du Royaume et rapporte environ vingt heures d’activité par mois.
“ À Toulon, en France, un homme faisait ses emplettes et un de ses achats se trouvait enveloppé dans la première page d’un numéro de Réveillez-vous ! Cette seule page suffit pour le faire écrire à Paris en demandant qu’on veuille bien le faire visiter à Dakar. L’adresse fut envoyée là-bas et un pionnier spécial de l’endroit se mit en relation avec lui. Il avait été catholique dévot, mais il avait vu beaucoup d’événements qui lui avaient déplu dans l’Église catholique romaine et, au cours de ses voyages, il avait commencé à examiner des sectes. Après quelques visites, son intérêt pour la vérité était évident. Puis sa femme et ses quatre enfants qui vivaient en France vinrent le rejoindre. Sa femme ne manifesta aucune surprise en voyant son intérêt pour la vérité car elle l’avait déjà vu s’enthousiasmer pour d’autres religions et elle pensait que tout cela disparaîtrait comme le reste. Cependant, petit à petit, elle commença elle-même à y prendre intérêt et une étude biblique fut ouverte pour toute la famille. Un peu plus tard, c’est encore toute la famille qui vint assister aux réunions et, récemment, le père vient de se faire baptiser. Il espère ardemment que sa femme et ses quatre enfants le suivront.
TUNISIE
Un bon nombre de Juifs ont déjà accepté la vérité en Tunisie et cette prise de position suscite, chez le clergé juif, une véritable rage à l’égard des témoins de Jéhovah. Dernièrement, neuf ont accepté la vérité et ont été immergés, et ceci pour un groupe d’une vingtaine de proclamateurs !
Un des pionniers spéciaux nous écrit : “ Durant la campagne d’abonnements à Réveillez-vous ! j’obtins un abonnement de la part d’un jeune homme qui montrait un réel intérêt. Je lui fis plusieurs visites complémentaires et l’intérêt s’accrut. Plus tard, je lui laissai un livre “ Que Dieu soit reconnu pour vrai ”, dans l’espoir de pouvoir commencer une étude biblique avec lui. Mais il me fit part qu’il ne pouvait entreprendre une telle étude car il devait quitter la région pour question d’affaires. Je lui demandai alors s’il me permettrait que nous demeurassions en relation par correspondance. Il accepta. Nous nous écrivîmes à plusieurs reprises, ceci pendant deux ans au bout desquels il revint. Je lui rendis visite mais m’aperçus que son intérêt avait baissé considérablement. Je m’arrangeai cependant pour le retrouver et nous entretenir de la question une bonne fois. Il était absent au rendez-vous mais je le rencontrai un peu plus tard et il s’excusa de ne pas s’être trouvé là comme convenu. Je pris un nouveau rendez-vous. Encore absent. Afin de savoir à quoi m’en tenir, je lui écrivis pour lui demander quelles étaient ses intentions et lui proposai une troisième entrevue. Je reçus une réponse quelques jours après, par laquelle il m’expliquait qu’il avait connu des difficultés d’affaires, qu’un certain temps lui était nécessaire pour les mettre en ordre. Il accepta ma visite. Je la lui fis et, cette fois, il était là pour me recevoir. C’est en avril 1956 que nous commençâmes une étude à l’aide du livre “ Que Dieu soit reconnu pour vrai ”. En septembre, il commença à prêcher la bonne nouvelle et en décembre il se fit baptiser. Il est en train de prendre des dispositions qui lui permettront de s’engager dans le service de pionnier. Je pus à nouveau apprécier la Parole de Jéhovah en Ecclésiaste 11:1 : “ Jette ton pain sur la face des eaux, car avec le temps tu le retrouveras. ”
AFRIQUE ÉQUATORIALE FRANÇAISE
Dans ce vaste territoire, la propagation des vérités du Royaume a réalisé d’excellents progrès au cours de cette année. Par leur étude des Écritures, nos frères de ce pays deviennent riches en foi et en bonnes œuvres et ils ont à l’esprit Proverbes 10:2 : “ C’est la bénédiction de l’Éternel qui enrichit et il ne la fait suivre d’aucun chagrin. ” Il est toujours agréable et réjouissant de prêcher la bonne nouvelle. Pendant notre service, nous rencontrons beaucoup de braves gens qui deviennent de joyeux et loyaux compagnons, et ce fait est vraiment une grande richesse. Mais au-dessus de tout, Jéhovah constitue la plus grande richesse. Ainsi le travail poursuit son chemin et la filiale nouvellement installée nous envoie un rapport.
La bénédiction de Jéhovah s’est manifestée sur l’activité de prédication du Royaume dans ce pays au cours de cette année. Au mois de septembre, il y eut une citation en justice, car quelques-uns de nos frères avaient été accusés de détenir des publications tombant sous le coup d’une interdiction décrétée par le gouvernement plusieurs années auparavant. Les frères furent acquittés. Depuis, les autorités ont permis la circulation de quelques écrits imprimés en France, aide appréciable aux serviteurs dans leur travail pour aider les autres frères à acquérir la maturité de compréhension.
Dès le début de l’année, des dispositions furent prises pour aider les frères qui assumaient la charge de serviteur de circuit. Un des frères français travailla dans le champ avec les proclamateurs afin de leur donner une aide pratique pour la fonction qu’ils remplissaient. Il nous rapporte : “ Je voyageai 800 kilomètres et visitai un certain nombre de petits groupes, prononçant onze discours publics que le serviteur de circuit traduisait en sango. 2 077 personnes assistèrent à ces discours publics. À Dekoa, où nous avons un groupe de soixante proclamateurs, nous pouvions dénombrer 1 025 auditeurs. J’eus l’occasion de parler aux chefs de district, de même qu’aux chefs de village et de leur expliquer ainsi le but de notre œuvre. Pour la première fois, je me trouvais au contact d’une autre civilisation, dormant dans les huttes des frères. Je passai des heures à parler aux frères des groupes pour répondre à leurs nombreuses questions et les aider à atteindre la maturité ; c’est ce dont les frères et sœurs ont besoin en Afrique. Je fus toujours reçu avec beaucoup de joie, et tous les groupes me prièrent de communiquer leurs salutations. Beaucoup étaient étonnés de rencontrer un Européen témoin de Jéhovah, et quelques chefs de village m’assurèrent que, bien qu’on leur ait parlé de l’œuvre d’une façon malveillante et mensongère, les témoins auraient la liberté de prêcher dans leur village. ”
En janvier 1957, une nouvelle filiale dont le but était de prendre la direction de l’œuvre en Afrique Équatoriale Française fut établie à Brazzaville. De bons résultats sont maintenant enregistrés, car le travail est mieux organisé, avec quelques nouveaux circuits et deux districts pour couvrir cet immense territoire. 1 292 proclamateurs participèrent au service durant le mois d’avril et vingt-et-un groupes furent fondés. 4 382 personnes assistèrent au Mémorial, ce qui reflète d’excellentes perspectives pour une plus grande expansion au cours des mois à venir.
MAROC
La bonne nouvelle du Royaume progresse bien au Maroc. L’année dernière, après la visite du président de la Société à Tanger, il fut décidé qu’une filiale serait ouverte afin de pourvoir à l’organisation de l’œuvre dans cette partie du monde. Cette décision causa une grande joie aux frères et, sous cette nouvelle disposition, ils se sont montrés très enthousiastes dans leur participation au rassemblement des autres brebis. Il y a là maintenant beaucoup de personnes qui disent : “ Montons à la montagne de Jéhovah, à la maison du Dieu de Jacob ; (...) et nous marcherons dans ses sentiers. ” (Michée 3:2, AC). Avec cette nouvelle organisation, le progrès enregistré au cours de cette année de service a été grand. En 1956, il n’y avait que quinze proclamateurs et ils sont maintenant quarante-six. Nous constatons donc que, dans ce pays, beaucoup accourent vers le lieu de l’adoration. Voici une très intéressante expérience parmi celles qui nous ont été communiquées.
Nous étions quatre ou cinq autour d’un frère qui venait juste de sortir de l’eau dans laquelle il avait symbolisé son vœu et nous écoutions la poignante, parfois dramatique, histoire de sa vie. Il nous fit remonter au jour du fascisme en Italie ; il était alors dirigeant dans ce mouvement et il assumait le commandement de plusieurs milliers d’hommes. “ Je voyais dans ce mouvement fasciste ”, nous dit-il, “ le système idéal d’un monde nouveau. À son origine, c’était vraiment un programme d’éducation. Congrès, assemblées, discours, tout était organisé en vue de donner une meilleure éducation au peuple, en vue de lui permettre d’avoir plus conscience de ses responsabilités envers la société. Mais quelle désillusion le jour où cela prit la forme de l’édification d’un système militaire ! La guerre d’Éthiopie et d’autres projets de conquêtes désagrégèrent ma foi dans le fascisme. Immédiatement après, avec d’autres compagnons, nous donnâmes notre démission au parti. J’eus alors vent de l’intention de mes supérieurs de nous liquider, mes compagnons et moi-même, et je tentai de m’enfuir. Après avoir connu quelques moments difficiles, je parvins finalement à gagner Tanger. ” En une autre circonstance, il nous dit encore : “ Je n’avais jamais abandonné la recherche de la vérité. Aussi, je commençai à lire beaucoup et, comme de bien entendu, aucune de ces lectures ne me donna satisfaction. Un jour, je fus visité à mon magasin. Mon interlocuteur m’offrit un abonnement à La Tour de Garde et à Réveillez-vous ! Étant naturellement très amateur de lectures, je n’hésitai pas et souscrivis aux deux. ” Cependant, pour une raison mal définie, cet homme se refroidit apparemment quelque peu. Mais les frères continuèrent à lui rendre une visite amicale de temps à autre. Ces visites complémentaires se révélèrent profitables. Une étude recommença et l’intérêt augmenta rapidement. Il commença à assister à nos réunions, et, naturellement, il se rendit compte de l’importance de la prédication de la bonne nouvelle. Il l’entreprit. Puis, finalement, il prit la décision la plus importante, celle de symboliser le don de sa personne à Jéhovah, ce qui eut lieu dans les eaux du Détroit de Gibraltar. Aujourd’hui, c’est un homme heureux qui a trouvé la vérité et il s’est porté volontaire pour prendre part à notre combat spirituel. Nous le voyons maintenant venir aux assemblées, amenant avec lui ses deux enfants et les personnes à qui il prêche. Récemment, il nous confiait encore : “ J’espère parvenir à convaincre ma femme. Quelle joie sera alors la mienne de voir toute ma famille dans la société du monde nouveau ! ”