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  • L’amour pour la vérité

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  • L’amour pour la vérité
  • La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1962
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La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1962
w62 1/9 p. 360-366

L’amour pour la vérité

Raconté par David Wiedenman

N’EST-​IL PAS de fait que les gens qui ont un amour inné pour la vérité s’intéressent plus facilement à la vérité de la Bible ? Plus ils font d’efforts dans ce sens, plus ils développent cet amour et, un jour, avec l’aide de Jéhovah, ils s’aperçoivent que la vérité les a affranchis des liens de ce vieux monde méchant et passager (Jean 8:32). Naturellement, il leur faut veiller, livrer un dur combat pour se maintenir dans cette heureuse condition et approfondir leur appréciation de la vérité. À cette fin, il est essentiel d’entretenir cet amour pour la vérité. J’ai vécu cette expérience et, quand je me reporte aux vingt-cinq dernières années, je la vois se projeter comme un film dans mon esprit.

Non loin d’une vieille petite ville de Suisse avec son beau château et ses quatre cents habitants, mon père, alors retiré des affaires, se disposait à passer la fin de ses jours dans une agréable maison de campagne. En ma qualité de plus jeune fils, et marié depuis peu, je partageais la maison paternelle et participais aux dépenses de la famille. Notre confortable demeure était entourée de plates-bandes, d’un potager, d’une prairie plantée d’arbres fruitiers que longeait, à l’est, un petit et clair ruisseau.

LA VÉRITÉ FRAPPE À LA PORTE

Un samedi après-midi, je travaillais dans mon parterre, absorbé tout entier par mon occupation favorite. De la route un homme s’approcha de la haie de mon jardin et échangea avec moi quelques paroles amicales : “ Quel lieu agréable et paisible ”, dit-​il, “ comme ce sera magnifique quand toute la terre sera comme ce jardin et que tout le monde jouira des merveilles de la création de Jéhovah, dans la paix, l’unité et un bonheur éternel ! ” “ Votre description fantaisiste est assez agréable ”, répondis-​je, “ mais aussi charmante qu’elle paraisse, je préfère une conception réaliste et j’aime la vérité comme elle se présente à nous. ” Ce mot-clef “ vérité ” fut immédiatement repris par l’homme qui ouvrit sa serviette, sortit un livre — la Bible, oui ! — et lu le texte de Jean 17:17. Comme vous le pensez bien, j’acceptai l’explication qu’il me donna de ce verset car j’étais un protestant zélé, allant assidûment à l’église.

Au cours de la conversation il toucha un point sensible. “ Vous reconnaîtrez certainement le bien-fondé de ce que j’avance ”, dit-​il. “ Même les milieux protestants avouent que leurs membres ont cessé, presque complètement, de s’élever contre les enseignements antibibliques du catholicisme. ” Quelque peu troublé dans mes sentiments, j’essayai de défendre “ mon église ” et, involontairement, j’élevai la voix. Les voisins se mirent à la fenêtre, se parlant à voix basse. Finalement, ma femme, ouvrant la porte, nous dit : “ Entrez, je vous prie, s’il faut absolument que vous bavardiez ensemble. Il n’est pas nécessaire que tout le voisinage sache de quoi vous parlez. ”

À ma surprise, l’homme, qui se trouvait être un “ Étudiant de la Bible ” (connu aujourd’hui sous le nom de témoins de Jéhovah), entra sans se faire prier dans le salon. Il entra dans les détails, me faisant voir maints textes bibliques qu’il commentait. Je les ignorais pour la plupart et, bien qu’ils éveillassent ma curiosité, ils renforçaient plutôt ma résistance : nous autres, protestants, ne possédions-​nous pas la Bible et ne faisions-​nous pas de notre mieux pour vivre en harmonie avec elle ? Pour conclure, il me remit le périodique L’Âge d’Or, m’encouragea à le lire attentivement et à lui faire connaître mon opinion lors de sa prochaine visite. J’acceptai car, dans mon idée, j’avais décidé d’étudier à fond la question pour être à même de lui dire la vérité à ce sujet.

Une semaine plus tard, on frappa à la porte et ma femme me dit : “ L’étudiant de la Bible est revenu. ” J’étais sûr de moi car, au prix de grands efforts, j’avais pu rassembler plusieurs textes de la Bible comme arguments contraires. Une certaine conviction si ce n’est un complet triomphe, vibrait dans ma voix tandis que je sortais mes preuves bibliques. L’étudiant de la Bible écouta en silence puis se mit à examiner chaque verset. Vraiment, était-​ce possible que je n’eusse pas compris certains des versets dans leur contexte ? Je commençai à me sentir mal à l’aise et j’essuyai furtivement la sueur qui perlait de mon front. Évidemment il s’aperçut de mon embarras car il orienta la conversation sur un terrain moins dangereux, me louant d’avoir pris le temps d’aller au fond des vérités bibliques et montrant combien il est précieux de les comprendre et de les défendre. Il me laissa des exemplaires de La Tour de Garde et de L’Âge d’Or.

Les visites continuèrent, moins fréquentes toutefois qu’au début car j’étais occupé par l’achat d’une nouvelle maison, d’une maison moderne et qui serait plus près de mon lieu de travail. D’autre part, j’allais plus souvent à l’église mais je n’y allais plus avec la même disposition d’esprit. J’étais prêt à examiner et à observer de plus près, et à comparer avec la Bible parce que, maintenant, je voulais savoir ce qu’est vraiment la vérité. Je me mis à noter certaines divergences. Si nous avions un “ bon ministre ”, comme j’avais été prompt à l’affirmer dans nos discussions, pourquoi ne nous donnait-​il pas une explication claire au sujet de la trinité, de l’immortalité de l’âme, de la permission par Dieu du mal, etc. (...) d’autant plus que l’étudiant de la Bible habitait la porte voisine de la sienne et avait souvent discuté ces questions avec lui ?

Bien que l’emménagement dans ma nouvelle demeure me prît beaucoup de temps, l’amour de la vérité commençait à prendre racine. L’arrivée de mes beaux-parents n’y changea rien. Je promis à mon ami, l’étudiant de la Bible, de l’accompagner à son lieu de réunion. Très modestement, il m’expliqua qu’ils n’étaient que quelques-uns à se réunir dans un agréable sous-sol de la petite ville. Nous y allâmes donc ensemble. C’était une salle aménagée d’une façon vraiment charmante. Involontairement, je songeai aux catacombes de Rome utilisées par les premiers chrétiens bien qu’il n’y eût, comme vous le pensez bien, aucune comparaison. En tout cas, j’eus l’impression d’être chez moi parmi les huit personnes rassemblées là et je sentis que l’esprit de Jéhovah était présent, sans quoi il est probable que j’eusse rebroussé chemin.

L’AMOUR POUR LA VÉRITÉ AIDE À SURMONTER LES OBSTACLES

Quelques mois plus tard, par un bel après-midi de dimanche, confortablement assis dans un fauteuil, à l’ombre d’un parasol, sur le balcon, je lisais le livre Réconciliation. “ Cela se peut-​il ? ” pensai-​je. Est-​il vrai que Dieu ait tant fait, et avec un tel désintéressement, pour les descendants, pécheurs, d’Adam, allant jusqu’à livrer à la mort, sur la terre, son Fils bien-aimé afin de frayer la voie de la réconciliation entre lui et les hommes repentants ? Ce livre explique tout cela à l’aide des Écritures et de plusieurs points de vue. Aucun doute ne subsiste. Jéhovah nous a révélé et confirmé son amour incommensurable longtemps avant que nous ayons pensé ou fait quelque chose à ce sujet. Je compris que le moment était venu pour moi de l’aimer, “ parce qu’il nous a aimés le premier ”. (I Jean 4:19.) Ou je devais me vouer sincèrement à Jéhovah ou je devais rompre complètement avec la vérité et continuer à vivre selon les voies du vieux monde.

Au fond de mon cœur ma décision était prise. Les premières et angoissantes questions : Qu’adviendra-​t-​il de ma belle situation ? de ma nouvelle demeure ? de mes nombreuses relations ? de mes clubs ? avaient déjà reçu une réponse grâce à une plus grande connaissance de la Bible, connaissance qui avait développé mon amour pour la vérité. La Bible et le livre Réconciliation en mains, je me précipitai au salon, vers ma femme, et lui expliquai allègrement certains points importants, puis je conclus en disant : “ Aujourd’hui, j’envoie ma lettre de démission à l’église protestante. ” Cette soudaine décision lui porta un coup ; on le comprend facilement : jusqu’alors elle n’avait pas pris un grand intérêt aux choses de la religion, et voilà que subitement toutes les questions que je m’étais posées surgissaient dans son esprit.

Je parvins à la consoler, la persuadant que je ne cesserais d’être pour elle un bon mari, que c’était d’ailleurs mon devoir d’après la Bible. Dans les semaines suivantes, elle se mit, à ma grande joie, à me poser des questions sur la Bible ; je vis par là qu’elle avait lu les publications de la Société. Puis, un jour, elle me dit : “ Puis-​je aller avec toi à la réunion ? ” “ Rien ne pourrait me faire un plus grand plaisir ”, lui répondis-​je.

RÉACTIONS PROVOQUÉES PAR NOTRE DÉCISION

Ma rupture avec l’Église protestante fut suivie de ma démission de la Société de musique, de l’Orphéon, du club de cyclisme et de celle de ma femme du chœur féminin. L’orage éclata ! Le vice-président de l’Orphéon vint me voir. Très amicalement, toutefois avec le dessein bien arrêté de “ me ramener à la raison ”, il me fit un discours de bon camarade. Cela fut fait certainement avec la meilleure intention. Je lui rendis témoignage au sujet de la décision que j’avais prise et des raisons qui m’avaient incité à aller jusqu’au bout sans m’arrêter à mi-chemin. Il fut étonné. Il ne s’était pas attendu à une telle résolution et il essaya de sauver la situation en disant : “ Et bien ! Avec de telles idées vous auriez une influence très édifiante sur les autres membres. ” Mais comment pourrais-​je continuer à attribuer le “ salut ” à des institutions humaines comme on le faisait si souvent dans les cantiques que nous chantions ?

Ensuite mon vieux père vint me trouver ; lui-​même était un vétéran du club et de l’Orphéon ; avec lui les questions furent abordées et considérées de toutes les façons. “ Sais-​tu ce que le chef d’orchestre m’a demandé ? Depuis quand votre fils David est-​il devenu fou ? ” Je lui expliquai qu’on ne pouvait éviter pareille hostilité ni d’autres préventions de ce genre. Jésus n’a-​t-​il pas dû en supporter davantage ? Bien que mon père ne comprît pas toute la vérité, il termina en disant : “ Je suis sûr que ce que tu fais est bien. ”

TEMPÊTE AU TRAVAIL

C’était maintenant au tour de mon chef de service. Il m’appela à son bureau. Jamais je ne l’avais vu aussi bouleversé et ne lui avais parlé alors qu’il se trouvait dans un tel état d’agitation. “ Quand le directeur général saura que vous vous êtes joint aux Étudiants de la Bible, il vous mettra à la porte. ” “ C’est possible ”, lui répliquai-​je. “ J’ai envisagé cette éventualité mais je suis convaincu aussi que Jéhovah continuera de me procurer mon pain quotidien. ” “ Qui vous donne votre pain ? C’est l’entreprise dans laquelle nous travaillons qui vous donne votre salaire et votre pain ”, répondit-​il. Mais ses essais d’intimidation furent vains.

Quelques semaines plus tard, les affaires m’amenèrent en contact journalier avec le directeur général. Qu’arriva-​t-​il ? Cet homme, habitué à exprimer ses demandes avec autorité témoigna d’une bienveillance qui m’étonna. Mon chef de service me fit venir une seconde fois à son bureau et m’accueillit par ces mots : “ Le directeur général sait tout, et il respecte votre attitude. ” J’avais de bonnes raisons d’être reconnaissant.

ASSEMBLÉE INTERNATIONALE EN 1936

En même temps que notre connaissance de la vérité, la joie que nous goûtions dans les réunions et le service ne cessait de croître. Les frères de la filiale de la Watch Tower Society à Berne nous visitaient périodiquement pour faire des discours ; nos joies se multipliaient alors. L’assemblée internationale de 1936, à Lucerne, approchait ; nous eûmes le privilège d’héberger des pionniers venus des pays de l’est. Un jeune couple, toujours joyeux, originaire de la Yougoslavie, frère et sœur Platajs, étaient avec nous. Les expériences réconfortantes qu’ils avaient faites dans le service du Royaume et le don sincère, désintéressé, de leur personne à Jéhovah, produisirent sur nous une vive impression (plus tard, à cause de la vérité, frère Platajs périt de mort violente sous la main des terroristes nazis). Quelques jours plus tard, nous nous rendîmes à cette assemblée mémorable où nous eûmes le privilège de symboliser publiquement, par l’immersion dans l’eau, le don de notre personne, don déjà fait dans notre cœur. Les nombreuses arrestations provoquées par l’intolérance des prêtres catholiques et les difficultés rencontrées auprès des autorités locales atteignirent leur point culminant avec l’interdiction de la conférence publique de frère Rutherford, pour laquelle nous avions fait une grande publicité. La conférence ne pouvait avoir lieu que sous la forme d’une réunion privée pour les seuls témoins de Jéhovah.

Les forces de police veillèrent avec soin à ce qu’aucune personne du public n’eût la permission d’entrer dans la salle. Le square devant le Kongresshaus était rempli d’une foule de personnes de bonne volonté. Il fut défendu d’installer aucun haut-parleur. Toutefois, la plupart des gens, que les mesures prises par la police indignaient, attendirent pendant une heure et demie, dans l’ordre et le silence, que nous sortions de la salle pour les renseigner sur les principaux points discutés dans le discours et leur remettre des publications. Tout cela n’affaiblit pas notre amour pour la vérité. Au contraire, stimulé par l’encouragement reçu à l’assemblée et de la part des pionniers, je demandai à ma femme : “ En supposant que, par la suite, nous soyons libérés de nos obligations envers nos beaux-parents, penses-​tu que nous pourrions abandonner cette situation assurée et notre maison pour nous consacrer entièrement au service ? ” “ Oui. Pourquoi pas ? ” me répondit-​elle. “ La maison et le jardin m’absorbent tant que je mettrai certainement mieux mon temps à profit dans l’œuvre de prédication. ” Savoir cela suffisait à remplir mon cœur d’une grande joie.

ENTRÉE DANS LE SERVICE DE PIONNIER

Un an et demi passèrent. Ma femme et moi étions seuls dans notre grande maison. Mon beau-père, malade depuis quelque temps, était mort, et ma belle-mère désirait vivre ses dernières années auprès de son frère, veuf. Nous n’avions pas encore d’enfants et cela nous peinait dans une certaine mesure, car nous aimons les enfants. Qu’est-​ce qui nous empêchait de mettre en pratique, avec l’aide de Jéhovah, ce qui nous semblait la chose la plus précieuse : le service de pionnier ? Immédiatement, dans la réflexion et la prière toutefois, nous pesâmes le pour et le contre de notre projet théocratique. Comment pouvait-​il en être autrement ? Notre choix était fait.

Au cours d’un voyage d’affaires, je mis mon chef de service au courant de mes projets. Il m’écouta silencieusement puis me glissa un certain nombre d’arguments qui, du point de vue humain, auraient pu changer ma décision. Mais celle-ci était fondée sur la Parole de Dieu et, avec l’aide de son esprit et grâce à notre amour pour la vérité, nous fûmes capables de tenir ferme. Je trouvai un acheteur pour ma maison, et le matin de notre départ pour Paris via Berne, l’acte en due forme était signé.

SERVICE DE PIONNIER EN FRANCE

Les frères de Paris nous firent un chaleureux accueil. La filiale nous attribua le département des Hautes-Pyrénées et, quelques jours plus tard, nous quittions Paris avec frère Hausner, pionnier tchèque, qui se joignait à nous ; nous fîmes ensemble le voyage. À Tarbes, la principale ville du département, nous devions rencontrer un frère pionnier, frère Riet. À notre arrivée, nous cherchâmes et trouvâmes une petite chambre garnie. Quelle différence avec notre maison, propre et bien agencée ! Mais nous avions réfléchi à tout cela ainsi qu’au changement de nourriture. Sans autre perte de temps nous commençâmes à prêcher la bonne nouvelle, et cette prédication nous apporta des joies bien plus nombreuses que celles que nous avions goûtées auparavant dans notre service plus restreint.

“ Qu’y a-​t-​il, ma chère ? Tu remues sans arrêt ” dis-​je à ma femme avec une légère anxiété. “ Oh ! rien de spécial ; cela me démange un peu ”, répondit-​elle. J’allumai et, que vis-​je ? De petites bestioles rouges qui s’enfuyaient ; c’était la première fois que nous en voyions. Dans notre ignorance nous ne les avions pas reconnues. Nous nettoyâmes les draps et plaçâmes les quatre pieds du lit dans des récipients remplis de pétrole. À notre sens, c’était le moyen de les éloigner. Nous nous trompions ! Durant la nuit, elles grimpaient le long des murs et, probablement guidées par notre haleine chaude, elle se laissaient tomber sans danger sur le lit. Frère Riet, plus expérimenté que nous, nous donna un bon conseil pour éloigner ces petits visiteurs qui n’aiment pas la fougère arborescente qu’on place sous le matelas. Effectivement ! Bientôt ces bêtes importunes nous tournèrent le dos.

À peine en avions-​nous fini avec ce petit désagrément que je reçus une convocation pour me rendre à la préfecture. Le fonctionnaire me reçut plutôt rudement : “ N’avez-​vous pas dit que vous étiez touriste et donné comme référence le nom d’une firme de renommée mondiale ? Et voici que nous découvrons que vous cherchez à placer des livres religieux aux habitants de cette ville. ” “ Je ne fais pas ce travail dans un but commercial ”, répliquai-​je, “ mais je passe utilement mes moments de loisir à aider les personnes sincères à obtenir la connaissance des vérités réconfortantes de la Bible. ” Il me demanda de lui donner deux livres, et je fus relâché provisoirement avec l’injonction formelle de ne pas poursuivre mon œuvre. Ils me convoqueraient une seconde fois. Je ne croyais pas que cela aurait lieu, du moins si tôt. Se pouvait-​il que nous soyons obligés d’interrompre notre travail à peine commencé ? Que nous courions le risque d’être expulsés du pays ? Nous étions accablés tous les quatre d’une grande tristesse tandis que nous rédigions notre peu agréable rapport pour le bureau de Paris. Nous priions Jéhovah avec ferveur pour qu’il dirige les autorités de telle sorte qu’elles se décident en notre faveur. Rien ne se produisit. Les jours passaient. Notre tension augmentait. Enfin un policier se présenta avec une nouvelle convocation. Agité de sentiments mixtes, je me rendis à la préfecture après avoir demandé à Jéhovah de me diriger. Je fus reçu par le même fonctionnaire ; l’expression tout autre de son visage me remplit de courage. Il me rendit les deux livres : “ Vous pouvez continuer votre œuvre pendant vos moments de loisir, ” me dit-​il en souriant, “ à une condition : celle de rentrer à Tarbes chaque soir. ” C’est le cœur débordant de joie, les pieds touchant à peine le sol, que je parcourus la distance qui me séparait de la maison. Comme nous étions heureux et quelle reconnaissance nous avions pour notre Père céleste, dont la direction avait été si évidente !

Après ces événements, nous connûmes maintes joies et bénédictions tandis que nous semions la vérité et effectuions les nouvelles visites. Oui, ma compagne et moi convenions que c’était le moment le plus heureux de notre vie et ces expériences fortifièrent considérablement notre amour pour notre Père céleste et son Fils bien-aimé.

NOUS SURMONTONS DE PLUS GRANDES DIFFICULTÉS

Un jour, après avoir travaillé dans un village voisin, nous nous rejoignîmes en pleine prairie afin de prendre ensemble notre repas de midi. C’était l’automne, il faisait doux. Ici et là, nous voyions à travers les champs des fermiers conduisant leurs chariots tirés par des chevaux. La plupart d’entre eux portaient un fusil pour tirer sur des canards sauvages et d’autres animaux quand l’occasion se présenterait. L’un de ces jeunes fermiers se dirigeait vers nous. Nous le vîmes tirer sur les rênes ; le chariot s’arrêta. L’homme retira son fusil de l’épaule et sauta du char. Un coup de feu ! Et l’homme s’écroula sur le sol. En proie à une crise de nerfs, une femme se mit à pousser des cris affreux ; effrayés, nous rejoignîmes les autres fermiers qui s’étaient précipités sur le lieu de l’accident.

“ Puis-​je vous être utile ? ” demandai-​je. “ Oh oui ! Vous avez une voiture. Voici l’adresse du médecin de la ville voisine ; je vous en prie, allez le chercher le plus vite possible. ” Laissant derrière moi mes trois compagnons, je roulai à toute vitesse vers la ville. Le docteur saisit vivement sa trousse et me suivit dans sa voiture. Malheureusement il était trop tard.

Deux jours plus tard, à cinq heures du matin, on frappa violemment à la porte. “ Ouvrez, c’est la police ! Il faut que vous veniez tout de suite. ” Je bondis sur mes vêtements, ouvris la porte : deux policiers m’attendaient pour me conduire à la Gendarmerie nationale. Là, après une demi-heure d’attente, on m’introduisit auprès de l’officier de police. “ Où étiez-​vous avant-hier à telle et telle heure ? ” me dit-​il d’abord. “ Que faisiez-​vous à cette heure-​là ? ” Il me fallut répondre à toute une série de questions ; plus l’interview se prolongeait, plus l’officier devenait aimable. Au bout de vingt minutes, on m’emmena dans une autre salle où, à ma vive surprise, j’aperçus frère Riet. Cinq minutes s’étaient à peine écoulées que frère Hausner apparut après un bref interrogatoire. On nous congédia sans la moindre explication, sans nous dire si cet interrogatoire avait un rapport quelconque avec la mort malheureuse du fermier. Il est probable qu’on nous avait dénoncés, mais nos déclarations conformes avaient déjoué la conspiration. Nous ne pouvions prévoir les avantages que nous retirerions de ce contact plus étroit avec la police.

À partir de ce moment-​là, nous nous rendions, en premier lieu, au bureau de police quand nous travaillions un coin de notre vaste territoire ; nous offrions des publications bibliques aux agents de police. Nous voulions dire par là : “ Vous savez maintenant que nous sommes ici. ” Ils en vinrent à nous connaître et c’est ainsi qu’ils ne tinrent plus compte des désirs des catholiques fanatiques et de leurs prêtres, qui se plaignaient de notre activité.

Une exception vaut la peine d’être relatée : Un policier, obéissant aux ordres d’un brigadier, visita minutieusement ma voiture et découvrit une petite caisse et une lourde mallette. “ Ouvrez cette caisse ! ” m’ordonna le brigadier. “ C’est un phonographe ! ” À mon grand plaisir je dus leur faire entendre quelques disques. Je rendis ainsi un bon témoignage et l’affaire fut réglée sur-le-champ.

Les frères Riet et Hausner nous quittèrent pour se rendre en Algérie, leur nouveau territoire. Après leur départ, nous partîmes à Toulouse où nous étions seuls pour travailler. Notre joie dans l’œuvre de Jéhovah ne s’affaiblit pas mais elle augmenta à mesure que nous trouvions de nombreuses personnes de bonne volonté et étudiions La Tour de Garde avec certaines d’entre elles. Un vieux couple rendait témoignage parmi ses amis et deux jeunes personnes nous accompagnaient dans le service. Il y avait là de bonnes perspectives pour la formation d’une assemblée.

Quand, au début d’août 1939, nous revînmes en Suisse pour assister à l’assemblée de Zurich, nous laissâmes la plupart de nos effets personnels chez nos amis de Toulouse. En leur faisant nos adieux, c’est un heureux “ au revoir ” que nous avons prononcé. Mais, jusqu’à ce jour, nous ne les avons pas encore revus. À peine avions-​nous franchi la frontière qu’elle était barricadée de fils de fer barbelés, et ce fut le début de la Seconde Guerre mondiale et de ses terribles conséquences. Nous avons appris depuis que de fortes assemblées ont été établies à Tarbes et surtout à Toulouse.

DE PLUS GRANDS PRIVILÈGES DE SERVICE EN SUISSE

En dépit de tout, nous poursuivîmes notre œuvre missionnaire dans notre propre pays, et, un an plus tard, nous étions appelés à servir au Béthel de Berne. Ce fut un grand privilège et, pendant les vingt et une années passées ici, au Béthel, nous avons manifesté et fortifié notre amour pour la vérité divine en toute saison, favorable ou non.

Cela se révéla utile pour moi à une assemblée, plus grande, qui se tint dans le hall même où frère Rutherford avait parlé car, en plus de mon travail au Béthel, j’avais l’occasion de servir en qualité de serviteur de district. Mon discours fut l’objet d’une grande publicité, mais l’Action catholique ne resta pas inactive. La salle était remplie jusqu’au dernier siège. Rien ne se produisit pendant les quinze premières minutes. Puis, tandis qu’avec la Bible je prouvais que les systèmes religieux de la chrétienté n’avaient pas pris position contre les deux guerres mondiales ni ne s’y étaient fortement opposés, une voix dans les dernières rangées du balcon s’écria : “ Ce n’est pas vrai ! ” Immédiatement, plusieurs jeunes gens, au milieu et sur les côtés de la salle, réagirent et se mirent à siffler. Jéhovah me donna la force de réprimander calmement les perturbateurs et de les exhorter à rester tranquilles. Et ils écoutèrent, à l’exception de deux ou trois personnes qui s’en allèrent. Mais, au bout de vingt minutes, les choses se gâtèrent, un “ concert de sifflements ” s’éleva et quelques jeunes gens se levèrent. Les ouvreurs les tinrent en respect pendant un moment ; j’interrompis mon discours et m’adressant à l’auditoire, je dis : “ Approuvez-​vous la conduite de ces hommes ? ” Un “ non ” retentissant fut la réponse. “ Je propose donc aux personnes qui ne sont pas d’accord avec ce que je dis d’écouter mon discours jusqu’à la fin, de prendre des notes puis de faire connaître publiquement leurs objections et leurs questions. ” Ma remarque produisit l’effet désiré et je pus développer mon discours jusqu’au bout. Après la conférence, il était encourageant de voir de petits groupes de jeunes gens se former autour des frères mûrs qui parlaient de la vérité avec eux et de les voir accepter des publications bibliques puis quitter la salle en silence, l’air un peu honteux même.

Le Béthel continue de nous procurer une vie pleine de variété, de nombreux privilèges de service, des joies inexprimables, mais aussi des épreuves sous divers rapports. À maintes reprises, j’ai reçu des offres d’emploi alléchantes de la part de mes anciens patrons et amis. Nous nous sommes interrogés : “ Ne serait-​il pas déraisonnable et très peu sage de quitter la voie de la vérité et, avec elle, le chemin de la vie, pour des satisfactions éphémères ? ” Chaque fois, nous avons repoussé catégoriquement ces offres séduisantes. Qui nous donne la force de le faire ? Jéhovah, notre bon Père céleste, qui nous a guidés dans son amour. Nous aimons sa vérité, et nous désirons de tout notre cœur ne jamais nous en dessaisir, grâce à l’aide qu’il nous apportera.

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