1 CORINTHIENS
Notes d’étude sur le chapitre 11
les traditions : Le mot grec paradosis, traduit ici par « traditions », désigne quelque chose que l’on transmet à d’autres, comme des récits, des instructions ou des pratiques, dans l’objectif qu’ils en tiennent compte ou le perpétuent. Dans les Écritures grecques chrétiennes, ce mot s’applique parfois à des traditions bénéfiques, au sens où elles étaient convenables ou approuvées et constituaient à bon droit des aspects du vrai culte (2Th 2:15 ; 3:6). Par exemple, il convenait parfaitement que l’apôtre Paul transmette aux assemblées chrétiennes le récit de la célébration du Repas du Seigneur et qu’il le présente comme une tradition chrétienne approuvée (1Co 11:23). Mais le plus souvent, paradosis s’applique à des traditions fondées sur des idées erronées ou qui, en raison de la manière dont elles étaient suivies ou considérées, étaient nuisibles et condamnables (Mt 15:2, 3 ; Mc 7:3, 5, 13 ; Col 2:8).
découverte : Ou « non voilée ». Dans la société juive et dans plusieurs régions du monde gréco-romain, le fait qu’une femme se couvre les cheveux, ou porte un voile, en public était considéré par beaucoup comme un signe de modestie. D’après ce que Paul a écrit dans ce chapitre, les chrétiennes du 1er siècle avaient elles aussi l’habitude de se couvrir la tête. Par contre, il semble que certaines femmes, dont les sorcières et les prêtresses de divers mouvements religieux, enlevaient leur voile et laissaient leurs cheveux dénoués, en désordre, lorsqu’elles se disaient être sous le pouvoir de forces surnaturelles. Dans l’assemblée chrétienne, un tel comportement aurait dénoté du mépris pour le principe divin de l’autorité et de la soumission. C’est peut-être pour cela que Paul a donné aux chrétiens de Corinthe des conseils sur cette question (1Co 11:3-10 ; voir notes d’étude sur 1Co 11:10, 15).
une femme à la tête rasée : D’après ce que Paul écrit ici, il était déshonorant pour une femme d’avoir la tête rasée ou d’avoir les cheveux courts. C’était peut-être parce qu’en général seules les femmes qui étaient esclaves avaient la tête rasée et peut-être aussi celles qui étaient prises en flagrant délit d’adultère. À noter que, dans les Écritures hébraïques, il est question de femmes qui, en signe de deuil, abandonnaient leur « jolie coiffure » pour avoir une « tête chauve » (Is 3:24). On ne dispose pas de tous les détails qui ont conduit Paul à cette affirmation ; il n’empêche que l’apôtre compare la honte qu’une femme à la tête rasée ressentait à celle que devrait ressentir une chrétienne qui prierait ou prophétiserait dans l’assemblée sans avoir la tête couverte. Son déshonneur serait aussi grand que si elle avait la tête complètement rasée, et un tel comportement trahirait son mépris pour le principe divin de l’autorité (1Co 11:3-10 ; voir note d’étude sur 1Co 11:15).
un signe d’autorité : Dans ce chapitre, Paul donne des instructions relatives au respect du principe de l’autorité (1Co 11:3). Il explique qu’une chrétienne devait se couvrir la tête lorsqu’elle priait ou prophétisait dans l’assemblée. En faisant cela, elle portait un « signe d’autorité », c’est-à-dire une preuve visible, même pour les anges, qu’elle reconnaissait que Dieu avait donné à des hommes la responsabilité de diriger l’assemblée. Quand une femme se couvre la tête en certaines circonstances, elle montre qu’elle se soumet volontiers à l’« autorité » exercée dans l’assemblée (1Co 11:4-6 ; voir notes d’étude sur 1Co 11:5, 15).
lui a été donnée pour lui servir de voile : Dans les Écritures grecques chrétiennes, le mot grec traduit ici par « voile » (péribolaïon) ne figure que dans ce verset. Il désigne quelque chose qu’on enroule autour de soi, comme un foulard qui couvre la tête et les épaules. Chez les Juifs et les Grecs, la longueur des cheveux permettait facilement de faire la distinction entre un homme et une femme. Par ailleurs, les femmes qui étaient esclaves et peut-être aussi celles qui étaient prises en flagrant délit d’adultère avaient la tête rasée ou les cheveux coupés court (voir note d’étude sur 1Co 11:5). Les cheveux longs d’une femme étaient un rappel naturel de sa soumission à l’autorité (1Co 11:3). Une femme qui, d’une façon ou d’une autre, se couvrait la tête quand elle priait ou prophétisait dans l’assemblée chrétienne, portant ainsi un « signe d’autorité », montrait à tous, y compris aux anges, qu’elle acceptait le principe de l’autorité (1Co 11:3-16 ; voir note d’étude sur 1Co 11:10).
divisions : Voir note d’étude sur 1Co 1:10.
courants dissidents parmi vous : L’expression « courants dissidents » traduit ici le mot grec haïrésis. Comme Paul l’a mentionné dans le verset précédent, il avait entendu dire qu’il y avait des « divisions » dans l’assemblée de Corinthe. Il explique que l’existence même de groupes dissidents dans l’assemblée révélerait qui était réellement approuvé par Dieu. Ceux qui se tenaient à l’écart de ces groupes et qui faisaient humblement ce qu’ils pouvaient pour encourager l’amour et l’unité se distingueraient par leur fidélité ; il deviendrait alors évident qu’ils étaient des chrétiens authentiques, animés de mobiles purs. C’est en ce sens que les courants dissidents ou les divisions permettraient d’identifier ceux qui avaient l’approbation de Dieu (pour un examen détaillé du terme haïrésis, voir note d’étude sur Ac 24:5).
le Repas du Seigneur : Ou « le Souper du Seigneur », « la Cène du Seigneur ». Cette expression, qui ne figure qu’une fois dans les Écritures grecques chrétiennes, désigne la célébration que le Seigneur Jésus Christ a instituée la nuit qui a précédé sa mort, le 14 nisan 33 de n. è. Il s’agit d’un repas pendant lequel on consomme du pain sans levain (ou : pain azyme) et du vin, qui sont des symboles du corps et du sang du Christ. La première célébration de ce repas et les circonstances qui l’ont entouré sont relatées par Matthieu et Jean, qui y ont assisté et participé (Mt 26:17-30 ; Jean 13:1-38). Marc et Luc, bien que n’ayant pas été présents, ajoutent quelques précisions (Mc 14:17-26 ; Lc 22:7-39). Et Paul, tandis qu’il donne des instructions à l’assemblée de Corinthe, apporte d’autres éclairages encore sur cette célébration (1Co 10:16-22 ; 11:20-34). D’après les récits de Luc et de Paul, Jésus a dit à ses disciples : « Continuez à faire cela en souvenir de moi », ou comme le rendent d’autres traductions, « Faites ceci en mémoire de moi » (Lc 22:19 ; 1Co 11:24, 25). Des biblistes expliquent que cette formule définit le Repas du Seigneur comme le mémorial du sacrifice de Jésus. Il est donc aussi approprié d’appeler cette célébration le Mémorial. Le but du Repas du Seigneur est de commémorer la mort de Jésus, le seul évènement que les Écritures demandent aux chrétiens de célébrer.
l’un a faim, tandis que l’autre est ivre : Paul reprend les chrétiens de Corinthe parce qu’au lieu de célébrer cette cérémonie sacrée dans l’unité et la dignité, quelques-uns apportaient leur repas et mangeaient avant ou pendant la réunion. Parmi eux, certains buvaient à l’excès et finissaient ivres. D’autres, n’ayant pas de repas, avaient faim et se sentaient honteux à côté de ceux qui étaient dans l’abondance. En raison de leur somnolence ou de leurs préoccupations, ces chrétiens n’étaient pas dans de bonnes conditions pour participer au Repas du Seigneur ni en tirer profit.
j’ai reçu du Seigneur : Étant donné que Paul n’était pas avec Jésus et les 11 apôtres lors de l’institution du Repas du Seigneur le 14 nisan 33 de n. è., il est probable qu’il a « reçu du Seigneur » soit oralement soit par une révélation inspirée les informations qu’il expose dans ce passage. À noter que quelques traductions utilisent ici le nom divin, mais, dans ce contexte, le terme grec Kurios (Seigneur) désigne manifestement le Seigneur Jésus Christ.
représente : Voir note d’étude sur Mt 26:26.
chaque fois que : Tant au verset 25 que dans le présent verset, Paul a utilisé le mot grec hosakis, qui peut se traduire par « aussi souvent que » ou « toutes les fois que », mais aussi par « chaque fois que ». Dans le contexte de ce verset, Paul n’était pas en train de dire qu’il fallait célébrer le Mémorial souvent, mais il expliquait comment le faire. Et ici, il indique aux chrétiens oints que chaque fois qu’ils célèbrent le Mémorial, ils continuent à proclamer la mort du Seigneur, et ce, jusqu’à ce qu’il vienne, c’est-à-dire jusqu’à ce que Jésus les reçoive au ciel et exécute son jugement contre les nations. À partir de ce moment-là, le Repas du Seigneur ne sera plus célébré (voir note d’étude sur Mt 24:30).
mange et boit sa propre condamnation : Le Repas du Seigneur est similaire sous certains aspects à ce qui se passait quand un sacrifice de paix (ou : sacrifice partagé) était offert dans l’Israël antique. En effet, une fois le sacrifice offert, le fidèle en mangeait une partie avec d’autres convives (voir lexique à « sacrifice de paix »). Cependant, la Loi de Moïse interdisait au fidèle d’avoir part à ce repas sacré s’il était dans un état d’impureté. Toute personne qui désobéissait à cette loi devait être « retranchée de son peuple » (Lv 7:20, 21). Pour ce qui est du Repas du Seigneur, lorsque les chrétiens oints de l’esprit consomment le pain et le vin (symboles du corps et du sang de Jésus), ils partagent ce repas tous ensemble figurément parlant, étant unis dans la même foi. Ils partagent aussi ce repas avec Jéhovah, l’Auteur de cette disposition. Étant donné que le Repas du Seigneur est sacré, Paul exhorte chaque chrétien à s’examiner avant d’y participer (1Co 11:27-29). Si quelqu’un y participait alors qu’il se livre encore à des pratiques impures ou contraires aux Écritures, ou qu’il se conduit de manière hypocrite, il trahirait son mépris pour la rançon, mangeant et buvant ainsi « sa propre condamnation » (cf. Hé 10:28-31).
dorment dans la mort : Litt. « dorment ». Dans le contexte de ce verset, il est de toute évidence question de la mort spirituelle.
nous sommes corrigés par Jéhovah : Paul invite ici les chrétiens de Corinthe à accepter la correction, ou discipline, qu’ils ont reçue à cause de leur conduite irrespectueuse lors du Repas du Seigneur (1Co 11:27, 29). En tenant compte de cette discipline, ils éviteraient d’être condamnés avec le monde, c’est-à-dire la société humaine injuste, éloignée de Dieu. Les Écritures présentent Jéhovah comme une personne qui exprime son amour en corrigeant son peuple lorsque c’est nécessaire (Dt 11:2 ; Pr 3:11, 12 ; Jr 7:28 ; Hé 12:5, 6).
corrigés par Jéhovah : Paul utilise ici une expression qui est peut-être une allusion à Pr 3:11, 12, où on lit : « Mon fils, ne rejette pas la correction de Jéhovah, […] car Jéhovah réprimande ceux qu’il aime. » Dans le texte hébreu original de Pr 3:11, le nom divin, représenté par quatre consonnes hébraïques (translittérées par YHWH), est associé au nom traduit par « correction ». À noter qu’en Hé 12:5, 6, Paul cite directement Pr 3:11, 12, ce qui explique pourquoi dans la Traduction du monde nouveau, le nom Jéhovah est utilisé dans le corps du texte de ces versets (voir app. C1). Que dire de l’utilisation du nom divin dans le corps du texte de 1Co 11:32 ? Elle se justifie par la similitude qui existe entre la tournure employée dans ce verset et celle employée en Hé 12:5, 6, et par le fait que les termes grecs utilisés pour « correction » et « corriger » dans ces deux passages sont les mêmes que ceux qui figurent en Pr 3:11, 12 dans la version des Septante (voir app. C3, introduction ; 1Co 11:32).