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  • Je suis aveugle, mais ma vie est utile et bien remplie
  • Réveillez-vous ! 1972
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Réveillez-vous ! 1972
g72 22/8 p. 17-20

Je suis aveugle, mais ma vie est utile et bien remplie

Récit recueilli par notre correspondant à Porto Rico

BEAUCOUP de personnes considèrent malheureusement les aveugles comme irrémédiablement handicapés. Saviez-​vous cependant qu’il existe des avocats, des juges, des médecins et des enseignants aveugles ? La cécité est certes un handicap, mais elle n’empêche pas nécessairement de mener une vie utile et bien remplie.

Je suis complètement aveugle. Pourtant je tiens mon ménage, je m’occupe de mon mari et j’ai élevé deux enfants.

Je ne suis pas aveugle de naissance, mais j’avais dans la rétine un pigment qui s’est étendu progressivement et m’a finalement fait perdre complètement la vue. Comme je ne voyais pas suffisamment pour faire mon travail scolaire, les institutrices crurent d’abord que j’étais arriérée. On finit par reconnaître mes difficultés et on me fit entrer dans une école spéciale. Nous habitions alors Brooklyn, à New York, mais nous étions originaires de Porto Rico.

Je fis mes études secondaires à l’institut pour aveugles de New York. Je pouvais encore reconnaître les formes et les silhouettes, et j’avais une bonne perception de la lumière. Je participais à de nombreuses activités scolaires et lisais pendant de longues heures en braille. Ce furent des années heureuses. Je ne considérais pas ma mauvaise vue comme un handicap, mais plutôt comme une de ces difficultés inhérentes à la vie.

L’éducation de mes enfants

À l’âge de vingt ans j’épousai un officier du service des transmissions. Je l’avais connu à Porto Rico quand j’étudiais pour devenir standardiste. Quand mes deux enfants étaient tout petits, j’avais encore une certaine perception des formes et de la lumière. Et, comme mon sens du toucher était particulièrement développé, je pouvais m’occuper d’eux sans difficulté. Je pouvais facilement les baigner et les habiller, et je leur préparais de bons repas. Cependant, comme beaucoup d’enfants, ils n’aimaient pas tout ce que je faisais. Quand mon mari rentrait le soir, il lui arrivait de trouver des aliments qu’ils avaient jetés par la fenêtre, sans que je le sache.

Cependant, je pense que ma cécité, au lieu d’être une entrave pour mes enfants, leur a plutôt été utile. Cela les incitait à me témoigner plus d’amour et de considération, et aux autres personnes également. Leurs facultés d’observation s’aiguisèrent du fait qu’ils me servaient d’yeux, en quelque sorte. Ils me disaient quelle était la couleur exacte de chaque partie du ciel, m’expliquaient en détail comment les autres personnes étaient habillées et encore quantité de choses qui échappent à la plupart des gens.

Mes enfants étaient encore très jeunes quand je commençai à leur apprendre de bonnes habitudes et à bien s’organiser. Je m’y employai très sérieusement, car leur coopération était absolument nécessaire si je voulais que la maison soit bien tenue. Par exemple, quand ils se déshabillaient, ils devaient toujours déposer leurs vêtements au même endroit pour que je puisse les trouver le jour de la lessive. Après le repas, ils laissaient leurs couverts sur la table dans une certaine position, afin que je puisse les prendre facilement pour les emporter à la cuisine.

Apprendre à ma fille à cuisiner fut une véritable gageure. C’était parfois très pénible parce qu’elle ne mettait pas toujours les objets à la même place. Mais avec le temps et de la patience, elle arriva finalement à faire les choses comme une aveugle le désire. Aussi n’apprit-​elle pas seulement à cuisiner, mais aussi à bien s’organiser.

Je m’efforçai d’élever mes enfants de façon qu’ils ne fussent pas gênés par ma cécité et je ne pense pas qu’ils l’aient jamais été. Parfois mon petit Tommy s’amusait à me faire des farces. Quand il avait sept ou huit ans, il imitait très bien les voix. Il s’en allait sonner à la porte d’entrée et imitait alors la voix d’une personne plus âgée. Une fois, j’ai même changé de robe, j’ai mis un peu de fard et je me suis brossé les cheveux, prête à recevoir les hôtes supposés. Un autre jour, quand un jeune homme vint réellement apporter une commission, je crus qu’il s’agissait de ce fripon de Tommy. Il m’a fallu parler un moment avec le visiteur avant d’être convaincue que ce n’était pas mon fils.

Les courses

Les gens me demandent souvent comment je peux me déplacer hors de chez moi pour m’acquitter de mes diverses obligations. Pour faire mes courses, j’ai d’abord eu besoin d’aide pour connaître le chemin jusqu’aux magasins. Mais une fois que mon chien a été habitué à l’endroit, je n’ai plus eu de problème. En entrant dans un magasin ou en passant devant, je sais généralement ce qui s’y vend à cause de l’odeur et de l’ambiance. Chaque magasin a ses odeurs et ses bruits particuliers. Je n’ai donc aucune difficulté à identifier une droguerie, un grand magasin, etc.

J’aime être bien habillée, aussi je choisis mes vêtements avec beaucoup d’attention. Arrivée au rayon de confection, j’explique à la vendeuse quels sont la taille, la couleur et le modèle qui m’intéressent. Je “vois” en esprit exactement ce que je veux et je m’efforce d’en donner une bonne description. Ensuite j’essaie le vêtement et je demande l’avis des gens autour de moi. Évidemment, je peux sentir si un vêtement me va bien et finalement je fais mon choix.

Il m’est plus difficile d’aller acheter de la nourriture du fait que je ne peux lire les étiquettes. Quand je vais dans un supermarché, je demande aux employés de m’aider. Je sais exactement ce que je veux, car ils ne peuvent passer leur temps à courir dans tout le magasin pour moi. Généralement, je me fais accompagner lorsque je vais acheter des produits alimentaires.

Quand je retourne à la maison avec mes achats, je range chaque chose à une place bien définie. C’est indispensable si plus tard je veux mettre la main dessus facilement. Vous comprenez pourquoi je préfère tout ranger moi-​même. J’ai appris à identifier chaque article d’après sa forme ; je marque aussi les boîtes de conserve. Ainsi, quand je cherche quelque chose, je sais immédiatement où le trouver ou comment le reconnaître.

La cuisine et le ménage

J’aime cuisiner et je prépare volontiers des petits plats variés. Ce n’est pas difficile. Je reconnais les divers ingrédients d’après l’étagère où ils se trouvent et aussi d’après la forme et la grandeur des boîtes qui les contiennent. De plus, grâce aux sens du toucher, du goût et de l’odorat, j’évite toute confusion. En réalité, j’aime mieux faire la cuisine moi-​même. Si d’autres m’aident, je ne sais pas où ils déposent les choses et, plus tard, j’ai des difficultés à les retrouver.

Ce qui m’aide beaucoup dans ma cuisine, c’est l’équipement spécialement conçu pour les aveugles. Il y a des marques en relief sur le thermostat de ma rôtissoire et également en braille sur la minuterie. Je peux donc régler l’un et l’autre au toucher. Je possède aussi un rouleau à pâtisserie en plastique qu’on peut manier d’une seule main, l’autre restant libre pour tâter la pâte. Et je me sers d’un livre de cuisine en braille, Cuisiner sans voir.

J’ai toujours eu le sentiment que l’effort spécial nécessaire pour garder mon foyer bien en ordre en valait la peine. Parfois mes voisins viennent chez moi avec des visiteurs pour leur montrer un exemple de maison bien entretenue. Au toucher, je peux dire si le sol ou les meubles ont besoin d’être nettoyés. J’ai eu pendant peu de temps une bonne qui croyait pouvoir me tromper ; elle repoussait la saleté sous les lits. Peu après, j’ai été vérifier avec mes pieds nus, et elle fut gênée de voir que mes pieds étaient si sales que je dus les laver.

Il est vraiment indispensable que ma maison soit bien rangée, chaque chose ayant une place bien définie. De cette façon, j’ai une image mentale de chaque pièce et je peux circuler dans toute la maison sans me cogner contre quoi que ce soit.

Des sens exercés

Certaines personnes pensent que les autres sens d’un aveugle sont naturellement plus aiguisés. Des études ont montré cependant qu’il n’en est rien. L’aveugle ne naît pas avec l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût particulièrement développés ; ils le deviennent par l’exercice. Prenons un exemple.

Asseyez-​vous et écoutez de la musique, puis fermez les yeux afin de mieux apprécier les sons. Vous faites abstraction de certaines choses qui pourraient vous distraire, et par une plus grande concentration vous exercez votre faculté d’entendre. Il en va de même pour les aveugles. Nous ne sommes pas distraits par quantité de choses, comme les voyants ; nous pouvons donc mieux développer nos autres sens, comme l’ouïe par exemple.

Vous seriez étonné de la somme d’informations que l’on peut recueillir par les sens autres que la vue. J’utilise tous mes sens — odorat, ouïe, toucher et goût —, de sorte que je “vois” où je suis et ce que je fais. Je me compose de cette façon une image complète de l’endroit où je me trouve et je sais ce qui se passe autour de moi.

Le sens de l’ouïe est particulièrement important. Il y a naturellement les sons émis par des objets — une voiture qui klaxonne, un ventilateur qui tourne — ou par une personne qui parle. L’aveugle devient expert dans l’analyse de ces sons. Je peux dire par exemple, d’après la direction d’où vient la voix, si la personne qui me parle est grande ou petite, et si je dois lever la tête ou la baisser pour lui répondre.

Les sons réfléchis sont aussi d’une aide énorme. Le milieu ambiant émet toutes sortes de sons : les pas dans l’allée, les voix des gens, le bruit de la circulation, etc. Ils sont constamment réfléchis par les murs, les meubles, le sol et d’autres choses encore. Les aveugles apprennent à reconnaître tous ces sons réfléchis qui souvent les renseignent utilement. Par exemple, si je circule dans la rue ou dans un immeuble, je sais d’après la réflexion des sons si je suis près d’un mur, près d’une porte ou d’un autre objet.

Le sens du toucher est également très utile. J’acquiers des informations, non seulement par ce que je tâte avec mes mains, mais aussi par ce qui me touche. La moindre petite brise me signale qu’une porte ou une fenêtre est ouverte ou, si je suis dans la rue, qu’il y a un espace entre deux immeubles. La perception du chaud et du froid est importante, notamment quand je me déplace dans la cuisine et que le poêle est allumé. Je peux également dire si un véhicule est parqué depuis longtemps ou non d’après la chaleur qu’il émet. En général, les gens sont stupéfaits devant les précisions que mes autres sens me donnent concernant l’endroit où je me trouve.

Votre attitude envers les aveugles

Le mieux que vous puissiez faire, c’est de traiter un aveugle exactement comme quelqu’un qui voit. Je vous en prie, ne vous approchez pas de nous en disant : “Devinez qui je suis ?” C’est mettre l’accent sur notre cécité. Quand vous présentez quelqu’un à un aveugle, ne vous contentez pas de dire : “Je vous présente Monsieur Untel” ; dites plutôt : “À votre droite se trouve Monsieur Untel, que j’aimerais vous présenter.”

Ce n’est pas non plus très aimable de dire : “Voilà cette pauvre aveugle.” Je ne me sens pas “pauvre”. Ce n’est pas parce que nous sommes handicapés que notre vie n’est pas utile et bien remplie. Nous aimons qu’on nous parle comme à n’importe quelle autre personne. Nous avons alors le sentiment de faire partie du groupe et non pas d’être un spécimen rare.

Une vie utile et bien remplie

En réalité, je peux faire la plupart des choses que font les voyants. Non seulement je peux lire, mais je peux écrire en braille ; j’emploie un poinçon et une feuille de métal percée de trous. Comme ces instruments sont petits, je peux les emporter avec moi et prendre des notes quand c’est nécessaire. Quand j’ai un devoir à l’École du ministère théocratique, dans la congrégation des témoins de Jéhovah dont je fais partie, je sens mes notes, ce qui me permet de ne jamais détourner mon visage de mon auditoire. Pas besoin de regarder l’heure non plus, il me suffit de tâter ma montre.

Cependant, si ma vie est bien remplie et intéressante, c’est surtout parce que je connais Jéhovah Dieu, notre Créateur, et que je le sers. Je suis un prédicateur à plein temps, passant au moins cent heures par mois à aider d’autres personnes à connaître les desseins de Dieu. Je visite les gens de maison en maison, accompagnée de mon chien. Quand je rencontre une personne qui désire être revisitée, je prends note de son nom et de son adresse. Je fais très attention afin de me rappeler l’endroit et aussi de savoir comment retrouver la rue ; alors, avec l’aide de mon chien, je retourne la voir. À présent, je conduis chaque semaine près de dix études bibliques au domicile des personnes qui s’intéressent aux Écritures.

J’ai inculqué à mes enfants le désir de participer à cette œuvre divine. En mars 1970, ma fille Marlène a été diplômée de Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower à New York. En septembre 1971, ce fut le tour de mon fils Tommy. Celui-ci est maintenant missionnaire en Espagne.

Marlène a servi pendant six mois comme missionnaire en Équateur, puis elle est tombée gravement malade et a dû revenir à Porto Rico. Je suis restée près d’elle à l’hôpital jour et nuit. Couchée dans son lit, elle étudiait la Bible avec une infirmière, quoiqu’après chaque étude elle perdît connaissance. L’infirmière est maintenant prête à symboliser par le baptême dans l’eau l’offrande de sa personne à Jéhovah Dieu. Marlène a vécu vingt-cinq années fécondes, puis elle a été emportée par la maladie. Plus de mille personnes ont assisté à ses funérailles.

Maintenant, quand je parle aux gens des desseins de Dieu, ceux-ci ont encore plus de signification pour moi. Je suis tellement reconnaissante envers Jéhovah Dieu pour sa promesse de la résurrection !. Je suis heureuse de savoir qu’un jour viendra où je pourrai de nouveau toucher ma fille, l’entendre et même, mais oui, la voir, quand elle vivra à nouveau sur cette terre. Ma vie est vraiment utile et bien remplie, puisque je partage avec le plus grand nombre de gens possible l’espérance magnifique que dans son grand amour le Créateur offre à l’humanité.

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