Où le monde se dirige-t-il ?
Y A-T-IL un moyen de savoir où va le monde ? Sans aucun doute. La situation dans tous les domaines de l’activité humaine nous fournit une partie de la réponse.
Mais voyons d’abord ce que prétend le monde lui-même quant à la voie qu’il a empruntée. Selon les journaux, la radio et la télévision, les dirigeants mondiaux prétendent depuis longtemps conduire les nations vers des conditions plus paisibles et plus prospères. En est-il bien ainsi ?
Supposons que vous vous trouviez dans une caravane dont les guides ont promis de vous diriger vers un beau pays fertile, au climat idéal. Ils vous disent qu’au début la route sera peut-être difficile, mais que bientôt elle s’améliorera ; elle sera d’abord accidentée, mais elle s’aplanira ; si l’approvisionnement est plutôt maigre au commencement, il ne tardera pas à devenir plus abondant. Cependant, si la route reste difficile, si les collines, au lieu de s’aplanir, deviennent des montagnes, si l’approvisionnement se fait plus rare et si, au lieu d’arriver dans une contrée plus belle, plus fertile et au climat plus doux, vous constatez que la région est de plus en plus désolée, nue et froide, vous faudra-t-il longtemps pour vous rendre compte qu’on ne vous conduit pas dans la bonne direction ?
Si d’autres dans la caravane insistent pour aller de l’avant, dénonçant toute attitude différente comme étant “pessimiste”, et réclament une foi plus grande dans les guides, vous laisserez-vous influencer ? Supposons que des pancartes signalent un grave danger, un pont effondré, un éboulement ou un affaissement de la route, allez-vous risquer votre vie et celle des vôtres parce que la majorité prétend avancer ?
Nous vivons actuellement une situation semblable. Ne vous contentez pas de regarder un seul aspect de cette situation, mais examinez l’ensemble. Quelles conclusions cet examen vous suggère-t-il quant à la direction que prend le monde ?
Que deviennent les approvisionnements en denrées alimentaires ?
Une bonne alimentation est une des conditions nécessaires au bonheur. Voilà des milliers d’années que l’humanité produit des denrées alimentaires. Depuis plusieurs dizaines d’années, les méthodes d’agriculture ont été scientifiquement étudiées et considérablement améliorées. Pourtant, en ce qui concerne l’approvisionnement du monde en produits d’alimentation, quelle est la tendance manifeste actuellement ?
Vous savez sans doute que dans certaines régions du monde les gens n’ont pas assez à manger. Ce n’est pas nouveau. Durant toute l’Histoire, divers pays ont connu ce genre de problème. Mais en notre vingtième siècle, une tendance menaçante se dessine. Pendant et après la Première Guerre mondiale, plus de gens que jamais auparavant ont été touchés par la disette. Avec la Seconde Guerre mondiale, le problème s’est encore aggravé.
Ces dernières années, la famine a frappé diverses nations, çà et là, à un moment ou à un autre. Mais maintenant, la situation est différente. Ce problème touche le monde entier.
En fait, la crise actuelle ne trouve aucun précédent dans le passé. Ce qui la rend plus significative, c’est qu’elle a pris naissance malgré tous les progrès de la technologie moderne.
Vers la fin de 1972, l’U.S.News World Report écrivit : “La production mondiale de nourriture (...) a soudain baissé, au point de provoquer pratiquement une crise universelle.” Pour la deuxième année consécutive, la production de denrées alimentaires a diminué dans les pays pauvres, ceux-là mêmes qui ont le plus besoin de nourriture. A. H. Boerma, directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, a dit :
“On peut considérer une seule mauvaise année comme exceptionnelle. Mais deux années mauvaises consécutives (...) ne peuvent être prises à la légère comme une infortune passagère.”
Au cours de l’année 1972, la production mondiale de nourriture diminua de 4 pour cent. La situation devint plus critique pendant l’hiver 1972-1973. Au printemps de 1973, on pouvait lire le titre suivant dans le périodique Progressive Farmer : “Sommes-nous en pleine crise alimentaire mondiale ?” Il répondait Oui et qualifiait la situation de très “explosive”, ajoutant :
“C’est la seule manière de qualifier la situation des céréales dans le monde et aux États-Unis (...).
“Pour la première fois depuis des années, on lit et on entend prononcer les mots de ‘privation’ et de ‘famine générale’. (...)
“Jamais ces dernières années on n’avait vu tant de forces soudain réunies. Il en résulta presque la panique.”
Ce qui se produit actuellement à l’échelle mondiale a été prédit il y a quelques années. Par exemple, dans leur livre Famine 1975, William et Paul Paddock avaient attiré l’attention sur le fait que la population du monde augmentait plus rapidement que la production de nourriture et qu’il fallait s’attendre à une crise dans le milieu des années 70. En mai 1973, un éditorial du New York Times faisait ce commentaire : “Il semble que la prophétie des frères Paddock concernant 1975 pourrait devenir une réalité dès 1974.” Mais les symptômes sont apparus avant même 1974.
Les causes
Quelles sont les causes de la pénurie de denrées alimentaires ? Il y a quelques années à peine, on fondait de grands espoirs sur le riz et le blé ‘miracle’. Il est vrai que dans le même temps l’“explosion” démographique ne cessait pas, surtout dans les pays où la nourriture manquait déjà. Aussi “miraculeux” que puissent être certains grains, un hectare ensemencé avec ces grains ne peut nourrir qu’un nombre limité de gens. Or, si leur nombre se multiplie plus vite que les denrées alimentaires, la famine est inévitable.
De plus, pendant les deux dernières années, de graves sécheresses, des inondations, une température hivernale défavorable et une mauvaise gestion ont diminué la production. L’Union soviétique notamment fut durement frappée. Selon une personnalité officielle, la récolte de 1972 a été “la plus mauvaise depuis 100 ans”. Ce pays a donc dû acheter vingt-huit millions de tonnes de céréales, principalement aux États-Unis.
D’autres pays encore achetèrent aux États-Unis ; en outre, ceux-ci ont dû faire face, à l’intérieur, à une demande croissante et au mauvais temps, si bien que leurs réserves de grains sont épuisées. Voilà pourquoi les conditions actuelles sont différentes de celles qu’on a connues ces dernières années. Comme la revue Newsweek le fait remarquer, “cette dernière crise de l’alimentation surgit à un moment où les excédents agricoles autrefois importants ailleurs dans le monde, et notamment aux États-Unis, commencent à s’amenuiser”. Un expert de Chicago a dit : “Nous n’avons plus de grains à distribuer.”
Régions sinistrées
L’Afrique a connu une situation critique. Une immense contrée s’étendant sur plus de 3 000 kilomètres a souffert d’une grave famine en 1973 :
“Plus de six millions de gens risquent de mourir de faim au sud et à l’ouest du Sahara où sévit la sécheresse.” — New York “Post”.
“Près de 40 pour cent du bétail a péri au Niger, au Mali, au Tchad, en Haute-Volta et au Sénégal, et 80 pour cent en Mauritanie. ‘Dans certains endroits, dit un diplomate, tous les 200 mètres, on voyait des cadavres d’animaux sur le bord de la route.” — “Newsweek”.
Selon un expert du Marché commun européen, toute cette région de l’Afrique a connu “un désastre d’une ampleur telle qu’il n’est pas encore possible de la mesurer”. À un moment donné, la famine était si grave qu’un fonctionnaire des Nations unies a dit : “Si le problème n’est pas résolu d’ici deux mois, près de six millions de personnes risquent de mourir.”
La sécheresse est certes un facteur important, mais la mauvaise gestion en est un autre. On a accru le cheptel trop rapidement ; aussi, dépouillée de son herbe, la terre est devenue désertique.
En Inde également, la production de nourriture a baissé au cours des deux dernières années, à cause de la sécheresse et d’autres facteurs. Néanmoins, pendant la même période, la population a augmenté de vingt-cinq millions de personnes ! La revue Newsweek rapporta que dans les régions touchées “quelque 200 millions d’Indiens sont menacés d’une famine désastreuse”.
De nombreux autres pays connaissent une explosion démographique plus rapide que la production de nourriture. À cause de cette crise mondiale, le New York Times a écrit :
“Selon les experts des Nations unies et d’ailleurs, deux tiers des 800 millions d’enfants des trois continents [Afrique, Asie et Amérique latine] souffrent de sous-alimentation. Il y a six ans, les Nations unies avaient prévu une ‘pénurie imminente de protéines’. Aujourd’hui, disent les experts, la crise est là.”
La tendance est manifeste
Manifestement, la production mondiale de nourriture n’augmente pas au même rythme que la population. Cette tendance connaîtra peut-être des revirements temporaires. Les nations sembleront peut-être maîtriser la situation pendant un temps.
Cependant, il n’en demeure pas moins vrai que depuis la Première Guerre mondiale le monde est de moins en moins capable de pourvoir à sa subsistance. Par conséquent, dans le présent système de choses, on peut être sûr qu’une amélioration sera suivie d’une autre crise d’une ampleur plus grande.
Mais pourquoi, direz-vous, ne met-on pas plus de terres en culture ? Pourquoi, aussi, ne mange-t-on pas plus de poisson ? The Wall Street Journal répond :
“La superficie des terres qui peuvent encore être aisément mises en culture diminue tandis que la demande de nourriture augmente tous les ans. Pour aggraver le problème, de plus en plus de terres sont abandonnées chaque année, parfois à cause de l’érosion, mais aussi à cause de la construction de routes, d’usines et de maisons d’habitation (...).
“La pêche est de moins en moins fructueuse, du fait qu’on a pêché à l’excès. De nombreux spécialistes en biologie marine estiment que la pêche mondiale doit être très proche des limites maximum.”
Donc, malgré toutes ses techniques perfectionnées, l’homme ne trouve pas de solution au problème de l’alimentation mondiale. Celui-ci se complique au moment même où la population augmente au rythme le plus rapide de son histoire. Chaque année voit un accroissement net d’environ soixante-quinze millions de personnes sur la terre.
Peut-être vivez-vous dans un pays où, actuellement, les denrées alimentaires ne manquent pas. Cependant, elles sont vraisemblablement de plus en plus chères à cause de la demande croissante dans le monde entier.
Qu’est-ce que tout cela signifie pour vous ? Puisque le système actuel est incapable de résoudre le problème humain le plus fondamental : l’approvisionnement en produits d’alimentation, cela ne montre-t-il pas qu’un grand changement est nécessaire sur la terre ?
Pourtant, ce qui précède n’est qu’un des nombreux “poteaux indicateurs” montrant où va le monde.
Où en est l’économie mondiale ?
Un vieux dicton prétend que ‘l’argent fait tourner le monde’. Le système actuel est en effet fondé sur ce principe ; mais quel en est le résultat pour nous aujourd’hui ?
Les diverses économies nationales sont tellement interdépendantes que l’effondrement soudain de la monnaie d’une seule nation puissante peut paralyser virtuellement le commerce mondial. Une dévaluation ou une inflation rapide peut réduire bien des gens à la pauvreté. Dans son livre L’Argent et l’activité économique (angl.), Houghton Mifflin dit : “En Allemagne, à la fin de 1923, il fallait 1 200 400 000 000 de marks papier pour acheter ce qui valait seulement 35 marks deux ans plus tôt.” Trois années (1946-1948) de guerre civile en Chine dévalorisèrent tellement la monnaie de ce pays que les travailleurs emmenaient leur salaire chez eux dans un énorme baluchon. Souvent même les gens allumaient leur feu avec de petites coupures.
Est-il moins dangereux aujourd’hui de mettre notre confiance dans l’argent ?
Que pourrez-vous acheter avec votre argent ?
Que devient la valeur de votre argent ? Les prix de l’alimentation continuent à augmenter ; mais qu’en est-il de celui des vêtements, des logements, du combustible, de l’électricité, des transports, et des divertissements ?
Bien sûr, vous connaissez la réponse. Où que vous habitiez, le coût de la vie suit la même courbe ascendante. Voit-on une fin à cette montée des prix ?
Au Canada, le prix des denrées alimentaires est monté de 11 pour cent en un an. L’Allemagne et la Suisse, considérées comme des îlots de stabilité économique, ont connu toutes deux une inflation de 8 pour cent. Dans beaucoup d’autres pays, la situation est plus grave encore.
La chute du pouvoir d’achat aux États-Unis, la nation la plus riche du monde, est surprenante. Il faut à présent 5 dollars pour ce qui coûtait 1 dollar en 1900.
Un banquier de Zurich déclara : “La psychose de l’inflation est à présent générale et fermement enracinée en Europe. Le contrôle de l’inflation exige une action énergique, même si nous devons risquer une récession et un chômage plus élevé.”
Alors qu’on assistait à ce que certains appellent un “boom” ou une “prospérité” générale, ce banquier suisse disait : “C’est un boom peu rassurant.” Et l’U.S.News & World Report observa : “On est rongé par la crainte que le boom ne soit suivi d’une explosion dans un avenir assez rapproché.”
Pourquoi une pareille inflation ?
Quelle est la cause de cette inflation persistante ? La raison principale, c’est que les gens comme les nations ne vivent pas selon leurs revenus. Actuellement, ils ont un désir frénétique de ‘posséder tout de suite et de payer plus tard’. Il en est résulté une vague d’emprunts sans égale dans l’Histoire.
Dans une grande mesure, la “prospérité” actuelle est donc factice puisqu’elle est fondée sur des emprunts. Cela fait penser à une personne qui, gagnant 400 francs français par semaine, en emprunterait 400 autres chaque semaine également. Elle vivra mieux pendant un temps ; mais quand viendra le règlement des comptes, il faudra alors vivre selon ses moyens et payer ses dettes, sans quoi ce sera la faillite.
Mais de nos jours, la plupart des gouvernements n’envisagent guère de vivre selon leurs revenus. Les chefs politiques veulent rester populaires. C’est pourquoi ils ne prennent généralement pas les mesures nécessaires pour enrayer l’inflation. Ils jugent préférable, politiquement parlant, de continuer à emprunter et à dépenser pour soutenir la “prospérité”, laissant, semble-t-il, à leurs successeurs le soin de faire quelque chose.
Néanmoins, il en va des gouvernements comme des individus. S’ils ne peuvent payer leurs dettes, c’est la faillite. L’Economic Education Bulletin, publié aux États-Unis, donne l’avertissement suivant :
“Une prospérité entretenue artificiellement par l’inflation n’est pas saine. Au cours de son histoire, la nation a connu plusieurs périodes de prospérité pareille et toutes ont été suivies d’une dépression grave. Ceux qui ont forgé de toute pièce une ‘monnaie non remboursable’ [papier-monnaie sans couverture or] n’ont jamais pu créer une prospérité saine et durable.”
Faillite
La situation financière des États-Unis, qui sont le fondement du système économique du monde occidental, rend le problème plus ardu encore. Pendant de nombreuses années, ce pays a dépensé à l’extérieur beaucoup plus d’argent qu’il n’en faisait rentrer. L’Economic Education Bulletin en donne les raisons :
“Tout d’abord, pendant de nombreuses années, le gouvernement des États-Unis a accordé à l’étranger argent et crédits, plus qu’il n’en a reçu lui-même. À cause de son vaste et trop généreux programme d’aide à l’étranger et de ses importantes dépenses militaires dans d’autres pays, les gouvernements étrangers, les banques centrales et des particuliers sont devenus ses créanciers (...).
“Ensuite, les États-Unis se sont engagés dans une inflation marquée et prolongée (...) pendant plus de trente ans (...). Il en a également résulté une telle augmentation des prix [des produits américains] que de nombreux industriels américains ne peuvent plus soutenir la concurrence sur le marché mondial.”
Après la Seconde Guerre mondiale, les nations occidentales s’étaient mises d’accord pour que les dettes internationales soient payées en or. Mais en 1971, à cause des dépenses des États-Unis outre-mer, les pays étrangers détenaient six fois plus de dollars que les États-Unis ne possédaient d’or pour les rembourser. Ils se trouvaient dans la même situation qu’une personne qui doit 6 000 francs, mais qui n’en possède que 1 000, et dont la dette grossit constamment.
Puis vint le mois d’août 1971. À cette époque, les États-Unis fermèrent brusquement leur marché de l’or. Ils refusèrent d’honorer leur promesse de rembourser en or les dollars détenus par les pays étrangers. Que signifie refuser de payer ses dettes ? La publication précitée répond :
“La fermeture du marché de l’or est une façon de reconnaître que le gouvernement des États-Unis (...) est en faillite.”
Jamais dans l’histoire du monde, on n’avait vu pareille faillite. Et depuis 1971, la situation s’est aggravée. Au moment de la rédaction de cet article, la dette des États-Unis s’élevait à huit ou neuf fois la valeur de l’or qu’ils possédaient.
Le problème se complique
Peut-on espérer un retournement de situation ? Voici ce que déclara l’éditorialiste Joseph Alsop :
“Ce qui nous menace, et qui, en fait, a déjà commencé, c’est une crise monétaire permanente. Et cela signifie également une inflation permanente.
La plupart des observateurs sont du même avis. Mais pourquoi sont-ils aussi sûrs ? C’est à cause de la ‘crise de l’énergie’, qui sévit dans une grande partie du monde et particulièrement aux États-Unis. Ceux-ci consomment plus de pétrole qu’ils ne peuvent en trouver et en produire. Et la demande grandit, tandis que les réserves diminuent. La nation doit donc importer de plus en plus de pétrole de l’étranger, donc dépenser plus de dollars dans d’autres pays.
Alsop a qualifié d’“effrayantes” les perspectives économiques de l’avenir immédiat. En examinant quelques chiffres, on comprend pourquoi. En 1970, les États-Unis ont importé du pétrole pour une valeur de 2 milliards de dollars. En 1973, ils en ont importé pour 7 milliards de dollars. On estime que les importations atteindront 15 milliards de dollars en 1975, 30 milliards de dollars en 1980 et davantage encore après cette date. Alsop ajouta :
“Les chiffres indiquent aussi une crise de l’énergie, évidemment (...). Cependant, les inconvénients pour beaucoup et les lourdes pertes pour quelques-uns ne sont que bagatelles en comparaison de la tragédie nationale du dollar.”
Devant ces faits, que pensez-vous ? Le système économique du monde semble-t-il près de résoudre ses problèmes ? Serait-il raisonnable de s’y attendre et de fonder sur lui ses espoirs ?
Toute personne raisonnable admettra que le système économique a de graves défauts et qu’il est en train de s’effondrer. En vérité, il court à sa perte. Quoiqu’il puisse y avoir des améliorations temporaires, il est évident qu’on doit s’attendre pour bientôt à de grands bouleversements.
En réalité, le système économique mondial est édifié sur un fondement factice. La gestion des nations repose sur d’énormes dettes et sur le crédit. Les citoyens agissent de même, achetant de plus en plus à crédit. Cet édifice bâti sur un crédit sans cesse croissant fait penser à un château de cartes. Il n’a aucune solidité réelle et risque de s’écrouler à la moindre pression supplémentaire.
Votre sécurité personnelle
Chacun désire se sentir en sécurité. Personne n’aime être attaqué ou cambriolé. Les femmes ne veulent pas être violées. Partout, on voudrait avoir des voisins honnêtes et convenables. Tout le monde voudrait aussi que la qualité de la vie s’améliore.
Mais les villes et les campagnes deviennent-elles plus sûres ? La qualité de la vie s’améliore-t-elle ?
Rappelez-vous quelles étaient les conditions d’existence il y a dix ans, vingt ans ou plus. Pensez-vous que la vie et la propriété soient plus en sécurité à l’heure actuelle ? Avez-vous une plus grande confiance dans vos semblables ? Quand on frappe à votre porte la nuit, vous sentez-vous plus en sûreté qu’alors ?
L’immense majorité des gens répondront par la négative. Aussi loin qu’ils puissent se souvenir, leur vie n’a jamais été aussi menacée qu’à l’heure actuelle.
Une époque plus dangereuse
Les témoignages des fonctionnaires chargés d’appliquer la loi sont unanimes. Ces dernières années, dans presque tous les pays, le crime et la violence ont connu un terrible accroissement. Le mépris de la loi a pris une telle ampleur qu’il est devenu l’un des plus graves problèmes de notre temps.
D’après le West Australien, Arnold Toynbee, historien britannique respecté, a reconnu qu’il y a “un déclin manifeste dans l’honnêteté publique et aucun objectif commun”. Ce journal déclare encore : “Il pense que l’essor ou la décadence d’une nation dépend de l’unité morale de la famille et de la volonté morale de l’État. Il constate qu’en Occident l’une et l’autre sont sur le déclin.”
C’est dans les pays considérés comme les plus “avancés” que la sécurité disparaît le plus vite. Un officier de police canadien impute la vague de crimes dans ce pays à ‘l’effondrement moral de la société’, et il parle du Canada comme d’une “société malade”. À Toronto, deux fois plus de personnes sont prises en train de voler à l’étalage qu’il y a quelques années à peine. Cependant, le Star de Toronto dit : “On pense que cela ne représente qu’une partie des acheteurs et des vendeurs qui volent.” Un responsable de la sécurité de quarante magasins de cette ville fit la remarque suivante : “On a pris des gens de toutes sortes : un médecin, un avocat et la femme d’un juge.”
En Grande-Bretagne, l’accroissement du nombre des agressions stupéfie la police. Au dire d’un détective de Scotland Yard, les crimes violents sont de plus en plus nombreux, et les criminels “sont maintenant tout à fait endurcis et ne manifestent aucun remords”. À Londres, d’après le Daily Mail, les vols à main armée ont augmenté de 129 pour cent en quatre ans ! Quant au Daily Telegraph, il déclare :
“Lord Hailsham, ministre de la Justice, (...) affirme, et peu de gens contesteront ses dires, que si la criminalité continue à augmenter dans les proportions actuelles, le système judiciaire s’effondrera (...).
“De nombreux penseurs progressistes avaient coutume de croire que la pauvreté était la cause de la criminalité. S’il en était ainsi, celle-ci connaîtrait-elle un accroissement alors que nous sommes plus prospères ?”
Aux États-Unis, la vague de criminalité a pris des proportions incroyables au cours des dix dernières années. Dans la plupart des régions, le nombre des délits graves a augmenté de dix à quinze fois plus rapidement que la population. À Albuquerque, au Nouveau-Mexique, un habitant, qui a eu sa maison cambriolée quatre fois en cinq ans, a déclaré : “Je suis dans ma maison comme dans un fort que j’ai peur de quitter parce que (...) un malfaiteur pourrait s’y introduire.”
Dans une autre région des États-Unis, le propriétaire d’un appartement de “grande sécurité” a dit : “Nous devons même enfermer les meubles et les tableaux”, car on en a volé un grand nombre. Des voleurs ont même dérobé du matériel coûteux dans le camion d’un fournisseur de systèmes automatiques de prévention contre les cambriolages !
Le Times de Los Angeles disait que les statistiques en matière criminelle “font penser à la relation d’une bataille, mais cette bataille fait rage dans toutes les villes d’Amérique, et il n’y a pas d’espoir d’un cessez-le-feu”. Ce sont surtout les délits graves qui ont nettement augmenté : les meurtres, les agressions et les viols.
Même les localités plus petites deviennent de moins en moins sûres. Dans une petite ville, le gérant d’un magasin déclara : “Nous remarquons que les délits augmentent dans les petites villes. Nous n’avions jamais eu de vol qualifié jusqu’à ces dernières années. Maintenant, c’est très fréquent.”
Les statistiques officielles sur la criminalité sont déjà effrayantes. Cependant, le New York Times révèle : “Dans certaines catégories, le nombre réel des délits est peut-être cinq fois plus élevé que le nombre officiel établi d’après les rapports des victimes.”
L’effondrement des institutions
Parallèlement à l’énorme accroissement de la criminalité, on observe un effondrement des institutions dont on devrait normalement attendre de l’aide. Ni le gouvernement, ni la religion, ni la science n’ont pu arrêter ce raz-de-marée. Rien ne paraît stable et digne de confiance. Même la cellule familiale, si vitale, se désagrège rapidement.
Par exemple, l’année dernière, les États-Unis ont enregistré un record dans le nombre des divorces : 839 000 ! Ce nombre augmente deux fois plus vite que celui des mariages. Maintenant, environ un mariage sur trois se termine par un divorce. Il en va de même dans les autres pays. Le périodique Sputnik, en Union soviétique, écrivit en effet :
“Les divorces augmentent en Union soviétique. Le taux des naissances s’en ressent, de même que la vie sociale et économique (...).
“En 1950, il y avait trois divorces pour cent mariages ; en 1960, la proportion était de 10 pour cent, et en 1967, elle avait atteint 30 pour cent (...).
“Même les couples qui ne songent pas au divorce ont conscience de l’instabilité de la cellule familiale.”
Peut-on espérer que les dirigeants politiques arrêteront l’effondrement général de la société ? Le fait même que le problème s’aggrave avec les années démontre qu’ils en sont incapables. En outre, les gens doutent de plus en plus de l’honnêteté de leurs dirigeants politiques.
Dans une récente interview, George Bush, président du Comité national républicain aux États-Unis, a reconnu que “dans le pays, le sentiment général est que les hommes politiques sont corrompus, quel que soit leur parti”. Ce même sentiment existe dans le monde entier. Le manque de respect envers les autorités gouvernementales ne peut que hâter l’extension du mépris de la loi et du désordre parmi le peuple.
Les sommités de la science et de l’industrie ont-elles vraiment apporté des bienfaits à l’humanité ? Les impressionnantes réalisations techniques que nous connaissons ont-elles amélioré la qualité de la vie ? La technologie moderne est responsable de la pollution, des routes encombrées et dangereuses, du travail à la chaîne si monotone et des horribles armes de destruction massive qui, chaque année, coûtent une fortune. Il n’est pas étonnant qu’à la question : “La Science peut-elle nous sauver ?”, un professeur de physique de l’université du Texas ait carrément répondu : “Non.”
On s’est même aperçu que les réalisations spectaculaires dans le domaine de l’espace n’avaient qu’un effet superficiel. De plus en plus de gens se rendent compte que ces entreprises n’ont aucun rapport avec les problèmes de la Terre. Ils estiment que tout l’argent qu’elles coûtent est, en grande partie, du gaspillage. Ils partagent le point de vue de ce lecteur qui écrivit ce qui suit au New York Times, en réponse à l’affirmation selon laquelle ces exploits allaient apporter de grands bienfaits :
“On nous a dit que les investissements du pays dans la recherche spatiale ‘soutiennent l’économie, améliorent la qualité de la vie de notre peuple, accroissent notre prestige national et contribuent à notre sécurité nationale’.
“Je voudrais qu’on nous dise de quelle façon. L’économie est dans un état désespéré, notre prestige est une imposture, la qualité de notre vie se détériore et notre sécurité nationale est déjà bien malade. Nous, ‘peuple de la terre’, nous ne pouvons que pleurer.”
‘Retour à la barbarie’
Si vous regardez la réalité en face, vous devez reconnaître que malgré toutes les tentatives des dirigeants du monde, la sécurité et la qualité de la vie continuent à se détériorer. C’est pourquoi l’historien Toynbee a pu dire que ‘la civilisation d’aujourd’hui est manifestement en train de retourner’ à la barbarie.
La citation suivante de la revue Time reflète bien cette insécurité. Nous lisons : “Une commission d’experts (...) a appelé dépression ‘la forme la plus courante de troubles mentaux’. Chaque année, les médecins traitent de 4 000 000 à 8 000 000 d’Américains pour ce genre de troubles.” Une autre preuve de l’insécurité est l’extension tragique des maladies de cœur. D’après l’Organisation mondiale de la santé, ces maladies se multiplient de façon effrayante à travers le monde.
Il est évident qu’avant peu quelque chose va “craquer” dans la société. Le monde ne peut pas continuer dans cette voie sans qu’un bouleversement ne survienne. Mais y a-t-il une solution à ces gigantesques problèmes ? Les peuples seront-ils capables de renverser la vapeur ? Ou bien, le seul moyen d’éviter le désastre est-il un ordre entièrement nouveau où l’on repartirait de zéro ?
[Graphique, page 5]
(Voir la publication)
ACCROISSEMENT DE LA POPULATION MONDIALE
PRODUCTION MONDIALE DE GRAIN
+ 2%
0
− 4%
1971
1972
Résultat : une baisse mondiale de 6 pour cent de la production moyenne de grain par personne.
[Illustration, page 4]
Combien faut-il de preuves pour savoir qu’on se trouve dans une mauvaise direction ?
[Illustration, page 6]
LE POUVOIR D’ACHAT DE 1,19 DOLLAR...
EN 1964
pain et beurre 7 cents 3/4
coupe de fruits 7 cents
salade 16 cents 1/4
boisson 5 cents 1/4
petits pois 5 cents 3/4
viande 58 cents 3/4
pomme de terre 2 cents 3/4
dessert 15 cents 1/2
EN 1973
viande 1,02 dollars
dessert 17 cents