Coup d’œil sur le monde
“Chrétiens à quatre roues”
D’après un rapport publié par le New York Times, bien des prêtres français parlent de leurs paroissiens comme de “chrétiens à quatre roues”. Autrement dit, ils ne viennent à l’église que dans une voiture d’enfant (pour le baptême), la voiture de papa (pour la première communion), une voiture enrubannée (pour le mariage) et dans un corbillard (pour l’enterrement). En effet, si un Français seulement sur cinq va régulièrement à la messe, trois Français sur quatre réclament une cérémonie religieuse pour les grands événements de leur vie. Pourquoi ? Un prêtre parisien a répondu : “Le fait que les gens désirent se marier à l’église ne signifie pas qu’ils ont la foi. C’est pour eux une habitude, comme le bifteck frites.”
Banquiers angoissés
Lors de la dernière réunion annuelle de financiers représentant la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), il est apparu que les banquiers sont très angoissés par la situation du système économique mondial. M. Pierre-Paul Schweitzer, ancien directeur du FMI, a déclaré : “Nos banques sont à la limite de l’aide qu’elles peuvent apporter à l’Italie, à la France, à la Grande-Bretagne et à d’autres pays. Aller plus loin serait une imprudence.” Quant à M. Hans Apel, ministre des Finances de la République fédérale allemande, il a révélé : “Jamais, au cours des trois décades de l’existence du Fonds et de la Banque, l’inflation n’a tant menacé les systèmes économique et social du monde.”
“Mesure sanitaire la plus importante”
La revue américaine Science a écrit dernièrement : “La somme d’heures de productivité perdues, de maladies, d’infirmités et de décès directement attribuables au tabac est tellement immense que sa réduction pourrait bien s’avérer être la mesure sanitaire la plus importante qu’il soit possible de prendre dans un avenir prévisible. Aux États-Unis, le tiers des décès enregistrés chez les hommes âgés de 35 à 59 ans aurait été évité si le taux de mortalité était le même chez les fumeurs que chez les non-fumeurs.”
La vitesse tue
Il y a de plus en plus de preuves que la vitesse sur les routes est responsable de beaucoup d’accidents mortels. Par exemple, au début de 1973, il n’y avait aucune limitation de vitesse en Finlande, alors que pendant la même période en 1974, à cause de la crise du pétrole, la vitesse autorisée avait été limitée à 80 kilomètres à l’heure. Quel en a été le résultat ? Le nombre de morts à cause des accidents de la route a baissé de 44 pour cent. Des baisses ont été enregistrées également en Autriche (18 pour cent), en Allemagne fédérale (21 pour cent), en France (22 pour cent), en Belgique et aux États-Unis (23 pour cent). En Amérique, la limitation de vitesse établie sur tout le territoire (55 miles, soit 88 kilomètres à l’heure) devait être supprimée le 1er avril 1975. Mais étant donné les résultats obtenus sur le plan de la sécurité, les experts américains recommandent qu’elle soit maintenue. Quant à la Suisse, la limitation de la vitesse à 100 kilomètres à l’heure sur les routes et à 130 sur les autoroutes aura, en principe, une heureuse conséquence pour les automobilistes. En effet, en raison de la baisse du nombre des accidents, leur prime d’assurance devra diminuer en moyenne de 6,2 pour cent. Comme quoi rouler à une vitesse raisonnable a tous les avantages !
Le zoroastrisme se modernise
Les quelques dizaines de milliers de personnes qui pratiquent encore l’antique religion iranienne sont amenées à modifier leurs pratiques traditionnelles. Depuis des siècles, les adeptes de Zarathoustra livrent le corps de leurs morts aux vautours, en l’exposant sur le toit de tours funéraires. Or maintenant ils se voient obligés de plus en plus d’enterrer leurs morts. En effet, ils accusent les musulmans de “violation de sépulture”, puisque ces derniers survolent les tours funéraires en hélicoptères, pour prendre des photographies qu’ils vendent aux journalistes. D’autre part, les zoroastriens se plaignent que des étudiants en médecine volent des cadavres pour se livrer à des expériences.
L’incapacité à prévoir l’avenir
Commentant le dernier budget du nouveau gouvernement britannique de M. Wilson, le quotidien français Le Monde a écrit : “Il contient plusieurs indications qui méritent, semble-t-il, de retenir l’attention non seulement des Britanniques mais de l’ensemble des citoyens vivant dans les pays industrialisés. Dans son discours de présentation devant les Communes, M. Healey a clairement dit à ses concitoyens que la plupart d’entre eux ne devraient s’attendre à aucune amélioration de leur niveau de vie, non seulement au cours de l’année prochaine mais au cours des années suivantes. (...) Le gouvernement travailliste est le seul à ce jour, dans le monde occidental, à tirer courageusement les premières conclusions de la crise qui se propage à travers les nations capitalistes. Aux États-Unis, la Maison Blanche reconnaît enfin que les États-Unis sont entrés en récession, mais c’est pour ajouter que l’activité devrait repartir dès le printemps 1975. (...) En France, on continue à laisser croire que l’‘expansion’ pourra se poursuivre à un rythme à peine plus modéré. (...) Il est encore frappant que le chancelier de l’Échiquier [ministre britannique des Finances] ait tiré des conclusions de l’incapacité manifestée par les experts officiels à prévoir l’avenir, fût-il à court terme. Les prévisions, a-t-il dit, sont tirées ‘de l’extrapolation à partir d’un passé partiellement connu, à travers un présent inconnu, vers un futur inconnaissable, de théories portant sur les relations de certaines variables économiques, qui sont elles-mêmes très discutées par les économistes, et qui peuvent très bien, en réalité, changer d’un pays à l’autre ou d’une décennie à l’autre.’”
“Plus jamais la faim !”
C’est le slogan que Paul VI a lancé devant les représentants de la Conférence mondiale de l’alimentation, qui s’est tenue dernièrement à Rome. Critiquant ceux qui rejettent les causes des famines qui sévissent actuellement sur la croissance démographique, le pape a déclaré : “Il est inadmissible que ceux qui ont le contrôle des biens et des ressources de l’humanité cherchent à résoudre le problème de la faim en interdisant aux pauvres de naître, ou en laissant mourir de faim les enfants dont les parents n’entrent pas dans le cadre de plans théoriques fondés sur de pures hypothèses concernant l’avenir de l’humanité. Autrefois, dans un passé que nous espérons révolu, des nations ont fait la guerre pour s’emparer des richesses de leurs voisins. Mais n’est-ce pas une nouvelle forme de guerre que d’imposer une politique démographique limitative à des nations, afin qu’elles ne réclament pas leur juste part des biens de la Terre ? La menace de la faim et le poids de la malnutrition ne sont pas une fatalité inéluctable. La nature n’est pas, en cette crise, infidèle à l’homme ; son potentiel de production sur la terre et dans les mers reste immense et est encore largement inexploité. Tandis que, selon l’opinion généralement acceptée, 50 pour cent des terres cultivables ne sont pas encore mises en valeur, le fait s’impose du scandale d’énormes excédents alimentaires que certains pays détruisent périodiquement, faute d’une sage économie qui en aurait assuré une consommation utile.” Certains commentateurs, rappelant qu’en 1965 Paul VI avait déclaré à la tribune de l’ONU : “Plus jamais la guerre !”, se sont demandé si ce nouveau discours du pape n’est pas simplement un “vœu pieux”, aussi stérile que le premier. D’autant que l’Église ne montre pas le bon exemple aux chefs politiques, en se séparant de ses immenses richesses en faveur des déshérités de la terre.
Le plus grand télescope du monde
L’Union soviétique vient de mettre en service le plus grand télescope du monde. Jusque-là, le titre était détenu par les Américains, avec un télescope de cinq mètres de diamètre, construit en 1948 au mont Palomar, en Californie. Le nouvel instrument a été installé dans le Caucase, à 2 070 mètres d’altitude, dans une région où les nuits sont exceptionnellement claires. Ce nouvel appareil soviétique a un miroir principal de six mètres de diamètre et pesant quarante-deux tonnes. L’installation pèse en tout quelque 850 tonnes et comporte 25 000 pièces. Le tube du télescope mesure vingt-trois mètres, et l’ensemble est abrité sous une coupole de quarante-deux mètres de haut. Les Soviétiques pourront ainsi observer les étoiles et autres objets célestes très éloignés de la Terre. Ils espèrent voir des corps célestes situés à “dix milliards d’années-lumière” de notre planète. Évidemment, cela suppose que la lumière provenant de ces objets a mis dix milliards d’années pour parvenir jusqu’à nous et que la naissance de l’univers remonte à cette époque lointaine, ce qui reste à démontrer.