BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower
Watchtower
BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE
Français
  • BIBLE
  • PUBLICATIONS
  • RÉUNIONS
  • g89 8/8 p. 21-25
  • 15e partie: 1095-1453 — Le recours à l’épée

Aucune vidéo n'est disponible pour cette sélection.

Il y a eu un problème lors du chargement de la vidéo.

  • 15e partie: 1095-1453 — Le recours à l’épée
  • Réveillez-vous ! 1989
  • Intertitres
  • Document similaire
  • On en vient à l’épée
  • Résultats inattendus du recours à l’épée
  • Les épées de la politique et de la persécution
  • Atteints par l’épée de la désunion
  • Vivaient-​ils leur religion?
  • Les croisades : une ‘ illusion tragique ’
    Réveillez-vous ! 1997
  • L’époque des papes rivaux
    Réveillez-vous ! 1971
  • La splendeur oubliée de l’Empire byzantin
    Réveillez-vous ! 2001
  • 13e partie: à partir de 476 de n. è. — Un “saint” empire issu des ténèbres
    Réveillez-vous ! 1989
Plus…
Réveillez-vous ! 1989
g89 8/8 p. 21-25

L’avenir de la religion compte tenu de son passé

15e partie: 1095-​1453 — Le recours à l’épée

“Les hommes se querelleront pour la religion, écriront sur la religion, combattront pour la religion, mourront pour la religion; ils feront tout pour la religion, sauf vivre pour elle.” — Charles Caleb Colton, ecclésiastique anglais du XIXe siècle.

À SES débuts, le christianisme a connu l’heureuse époque où ses adeptes vivaient leur religion. Pour défendre leur foi, ils maniaient avec zèle “l’épée de l’esprit, c’est-à-dire la parole de Dieu”. (Éphésiens 6:17.) Plus tard, cependant, comme en témoignent les événements survenus de 1095 à 1453, des chrétiens de nom, qui ne vivaient pas le vrai christianisme, ont eu recours à des épées d’un autre genre.

Au VIe siècle, l’Empire romain d’Occident avait été remplacé par sa contrepartie orientale, l’Empire byzantin, dont Constantinople était la capitale. Mais leurs Églises respectives, dont les relations étaient des plus fragiles, se virent bientôt menacées par un ennemi commun qui connaissait une rapide expansion: le monde islamique.

L’Église d’Orient prit conscience de cette menace au plus tard au VIIe siècle, lorsque les musulmans s’emparèrent de l’Égypte et d’autres contrées d’Afrique du Nord appartenant à l’Empire byzantin.

Moins d’un siècle après, l’Église d’Occident s’émut de voir les musulmans traverser l’Espagne et pénétrer en France, s’arrêtant à quelques centaines de kilomètres de Paris. De nombreux catholiques espagnols se convertirent à l’islam, tandis que d’autres en adoptèrent les coutumes et la culture. “Rendue amère par ces pertes, lit-​on dans le livre L’Aube de l’islam (angl.), l’Église travailla sans relâche à attiser chez ses fils espagnols le feu de la vengeance.”

Quelques siècles plus tard, après qu’ils eurent recouvré la majorité de leur territoire, les catholiques d’Espagne “s’en prirent aux sujets musulmans du pays et les persécutèrent sans merci. Ils les obligèrent à renier leur foi, les expulsèrent d’Espagne et prirent des mesures draconiennes pour éliminer toute trace de culture hispano-musulmane”.

On en vient à l’épée

En 1095, le pape Urbain II appela les catholiques d’Europe à prendre l’épée au sens littéral. Il fallait déposséder l’islam de la Terre Sainte du Moyen-Orient, sur laquelle la chrétienté revendiquait des droits exclusifs.

L’idée d’une guerre “juste” n’était pas nouvelle. Ainsi, on avait invoqué ce concept pour combattre les musulmans en Espagne et en Sicile. De plus, selon Karlfried Froehlich, du séminaire presbytérien de théologie de Princeton, une dizaine d’années au moins avant l’appel d’Urbain, le pape Grégoire VII “avait imaginé une militia Christi contre tous les ennemis de Dieu et avait déjà songé à envoyer une armée en Orient”.

L’action d’Urbain était en partie une réponse à l’appel au secours lancé par l’empereur byzantin Alexis. Comme les relations semblaient s’améliorer entre les deux branches de la chrétienté, les Églises d’Orient et d’Occident, peut-être vit-​il également là l’occasion de réunifier les deux sœurs en froid. Quoi qu’il en soit, il convoqua le concile de Clermont, lequel déclara que ceux qui désiraient s’engager dans cette “sainte” entreprise se verraient accorder une indulgence plénière (la rémission de toutes les peines encourues par leurs péchés). La réaction fut plus enthousiaste que prévu. En Orient comme en Occident, “Deus volt” (Dieu le veut) devint le cri de ralliement.

Une série d’expéditions militaires débuta, qui allait se prolonger par intermittence pendant deux siècles (voir l’encadré page 24). Au départ, les musulmans pensaient que les intrus étaient Byzantins. Toutefois, après s’être rendu compte de leur origine véritable, ils les appelèrent “Francs”, peuple germanique auquel la France doit son nom. Désireux de relever le défi que leur lançaient ces “barbares” européens, les musulmans furent de plus en plus sensibles à l’idée d’un “jihad”, ou guerre sainte.

Le professeur anglais Desmond Stewart explique: “Pour chaque érudit ou marchand qui semait les graines de la civilisation islamique par le précepte et l’exemple, il y avait un soldat pour qui l’islam était un appel au combat.” Dès la seconde moitié du XIIe siècle, le chef musulman Nūr-al-Dīn avait constitué une armée efficace en unissant les musulmans du nord de la Syrie et ceux de la partie septentrionale de la Mésopotamie. Ainsi, “de même que les chrétiens du Moyen Âge prirent les armes pour promouvoir la religion du Christ, ajoute Stewart, de même les musulmans prirent les armes pour promouvoir la religion du Prophète”.

Bien entendu, la promotion de la religion n’était pas toujours l’unique mobile. Le livre La naissance de l’Europe fait observer que, pour la plupart des Européens, les croisades “offrai[en]t l’occasion de gagner de la gloire ou de s’assurer de riches butins, voire de se tailler de nouveaux états, de gouverner des contrées entières. D’autres songeaient seulement à échapper à la routine pour connaître de glorieuses aventures”. Les marchands italiens y virent également l’occasion d’établir des comptoirs dans les pays de la Méditerranée orientale. Néanmoins, quels que fussent ses mobiles, chacun semblait disposé à mourir pour sa religion — les membres de la chrétienté dans une guerre “juste”, les musulmans dans un “jihad”.

Résultats inattendus du recours à l’épée

On lit ceci dans l’Encyclopédie de la religion (angl.): “Bien que les croisades fussent destinées à combattre les musulmans en Orient, le zèle des croisés s’exerça à l’encontre des Juifs qui vivaient dans les pays où les croisés avaient été recrutés, à savoir en Europe. Venger la mort de Jésus était un prétexte couramment invoqué par les croisés, et les Juifs devinrent leurs premières victimes. En 1096, une persécution sévit contre eux à Rouen, suivie peu après de massacres à Worms, à Mayence et à Cologne.” Il ne s’agissait là que d’un présage du vent d’antisémitisme qui allait souffler sur l’Allemagne nazie aux jours de l’Holocauste.

Les croisades augmentèrent également les tensions entre l’Orient et l’Occident, lesquelles tensions n’avaient fait que croître depuis 1054 lorsque le patriarche Michel Cérulaire et le cardinal Humbert, appartenant respectivement aux Églises d’Orient et d’Occident, s’étaient mutuellement excommuniés. Quand les croisés remplacèrent dans les villes dont ils s’étaient emparés le clergé grec par des évêques latins, le schisme d’Orient en vint à toucher le peuple.

La rupture entre les deux Églises fut consommée durant la quatrième croisade lorsque, selon Herbert Waddams, ancien chanoine anglican de Cantorbéry, le pape Innocent III joua “un double jeu”: D’un côté, indigné du pillage de Constantinople (voir encadré page 24), il écrivit: “Comment peut-​on espérer le retour de l’Église grecque à la dévotion au siège apostolique alors qu’elle a vu les Latins laisser un exemple de méchanceté et accomplir l’œuvre du Diable? Si bien que, déjà maintenant, les Grecs ont à juste titre plus de haine pour les Latins que pour les chiens.” D’un autre côté, il s’empressa de tirer parti de la situation en fondant à Constantinople un Empire latin dirigé par un patriarche d’Occident.

Après deux siècles de combats presque incessants, l’Empire byzantin était si affaibli qu’il ne put résister aux attaques des Turcs ottomans, qui, le 29 mai 1453, s’emparèrent finalement de Constantinople. L’empire avait reçu un coup mortel, tant de l’épée des musulmans que de celle de sa sœur, l’Église de Rome. Par ailleurs, les divisions au sein de la chrétienté avaient favorisé l’expansion de l’islam en Europe.

Les épées de la politique et de la persécution

Les croisades renforcèrent la position du pape en tant que chef religieux et politique. Selon l’historien John Mundy, elles “donnèrent à la papauté la mainmise sur la diplomatie européenne”. Avant longtemps, “l’Église était le gouvernement le plus puissant d’Europe (...), [capable] d’exercer un pouvoir politique plus important que tout autre gouvernement occidental”.

Cette accession au pouvoir avait été permise par la chute de l’Empire romain d’Occident. L’Église était restée la seule force unificatrice en Occident et avait, par conséquent, commencé à jouer dans la société un rôle politique plus actif que l’Église d’Orient, qui, à cette époque-​là, était toujours sous la férule d’un puissant chef séculier, l’empereur byzantin. L’importance politique de l’Église d’Occident donna du crédit à la doctrine de la primauté du pape, doctrine que rejetait l’Église d’Orient. Tout en reconnaissant le pape comme digne d’honneur, celle-ci n’acceptait pas qu’il eût l’autorité suprême en matière de doctrine ou de juridiction.

Le pouvoir politique et les convictions religieuses erronées de l’Église catholique romaine la poussèrent à recourir à l’épée pour juguler l’opposition. Elle se mit en devoir de traquer les hérétiques. Miroslav Hroch et Anna Skýbová, professeurs d’histoire à l’Université Karls, à Prague (Tchécoslovaquie), expliquent comment opérait l’Inquisition, le tribunal spécial chargé de traiter les cas d’hérésie: “Contrairement à l’usage, le nom des délateurs (...) n’avait pas à être révélé.” En 1252, le pape Innocent IV autorisa la torture dans la bulle “Ad extirpanda”. “La mise à mort sur le bûcher fut la méthode couramment utilisée dès le XIIIe siècle pour exécuter les hérétiques. Cette méthode (...) était employée à dessein; elle suggérait qu’ainsi l’Église ne se rendait pas coupable d’effusions de sang.”

Les inquisiteurs châtièrent des dizaines de milliers de personnes. Des milliers d’autres périrent sur le bûcher, ce qui a amené l’historien Will Durant à faire ce commentaire: “Avec toute la largeur d’esprit exigée d’un historien et permise à un chrétien, nous devrons tout de même ranger l’Inquisition (...) parmi les souillures les plus noires qui aient marqué l’histoire humaine et qui révèlent une férocité inconnue à tout le reste du règne animal.”

Les événements de l’Inquisition ne sont pas sans rappeler ces mots de Blaise Pascal, philosophe et scientifique français du XVIIe siècle: “Jamais on ne fait le mal si pleinement et si gaiement que quand on le fait par conscience.” En vérité, depuis le meurtre d’Abel par Caïn, le recours à l’épée de la persécution contre des personnes de confession religieuse différente est demeuré une attitude caractéristique de la fausse religion. — Genèse 4:8.

Atteints par l’épée de la désunion

À la suite de dissensions nationalistes et de manœuvres politiques, la résidence papale fut transférée en 1309 de Rome à Avignon. Elle fut rétablie à Rome en 1377, mais le choix du nouveau pape, Urbain VI, engendra peu après d’autres luttes. Le même groupe de cardinaux qui l’avaient élu élurent également un pape rival, Clément VII, lequel s’établit à Avignon. La situation devint plus confuse encore au début du XVe siècle, où, pendant quelque temps, trois papes gouvernèrent simultanément!

Le concile de Constance mit un terme à cette crise, appelée grand schisme ou schisme d’Occident. Il invoqua la théorie conciliaire, selon laquelle l’autorité ecclésiastique suprême revient aux conciles généraux, non au pape. C’est ainsi qu’en 1417 ce même concile put élire Martin V comme pape. L’Église, à nouveau unie, n’en était pas moins gravement affaiblie. Toutefois, malgré ces blessures, la papauté refusa de reconnaître le besoin d’une quelconque réforme. Selon John Boojamra, du séminaire orthodoxe de théologie Saint-Vladimir, ce refus “allait ouvrir la voie à la Réforme du XVIe siècle”.

Vivaient-​ils leur religion?

Le Fondateur du christianisme a ordonné à ses disciples de faire des disciples, mais il ne leur a pas prescrit d’employer la force pour cela. En fait, il lança cet avertissement non équivoque: “Tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée.” Il ne leur a pas davantage ordonné d’infliger des sévices physiques à quiconque n’aurait pas le cœur bien disposé. Ils devaient plutôt observer ce principe chrétien: “Un esclave du Seigneur ne doit pas entrer en lutte, mais il doit être doux envers tous, capable d’enseigner, se dominant sous le mal, instruisant avec douceur ceux qui ne sont pas animés de bonnes dispositions.” — Matthieu 26:52; 2 Timothée 2:24, 25.

En recourant tant à l’épée proprement dite qu’à celle, symbolique, de la politique et de la persécution, la chrétienté montrait clairement qu’elle ne se soumettait pas à la direction de celui qu’elle professait comme son Fondateur. Minée par la désunion, elle menaçait de s’effondrer complètement. Le catholicisme romain était “une religion en mal de réforme”. Mais la réforme viendrait-​elle? Si oui, comment, et de qui? Vous en saurez davantage en lisant le numéro du 22 août.

[Encadré/Illustration, page 24]

La belle guerre du chrétien?

Les croisades constituaient-​elles la belle guerre que les chrétiens ont reçu l’ordre de mener? — 2 Corinthiens 10:3, 4; 1 Timothée 1:18.

La première croisade (1096-​1099) aboutit à la reconquête de Jérusalem et à l’établissement de quatre États latins en Orient: le royaume latin de Jérusalem, la principauté d’Antioche, le comté d’Édesse et celui de Tripoli. Citant une autorité en la matière, l’historien H. G. Wells dit à propos de la prise de Jérusalem: “Le carnage fut terrible; le sang des vaincus coulait en ruisseaux dans les rues, jusqu’à ce que les soldats en fussent tout éclaboussés. À la nuit tombante, les Croisés, ‘que l’excès de joie faisait sangloter’, fatigués de ce rôle de pressoir, se présentèrent devant le Saint Sépulcre, et joignirent dans une prière leurs mains dégouttantes de sang.”

La deuxième croisade (1147-​1149) fut provoquée par la prise du comté d’Édesse par les musulmans syriens en 1144; elle prit fin lorsque les musulmans repoussèrent les “infidèles” de la chrétienté.

La troisième croisade (1189-​1192) fut entreprise après la reconquête de Jérusalem par les musulmans. Le roi d’Angleterre Richard Ier “Cœur de Lion” en fut l’un des chefs. Selon l’Encyclopédie de la religion (angl.), cette croisade “tourna [rapidement] court à cause de l’usure des troupes, des dissensions et du manque de coopération”.

La quatrième croisade (1202-​1204) dévia de son but, le manque de fonds ayant amené les croisés à se détourner de l’Égypte vers Constantinople. Une assistance matérielle leur fut promise s’ils aidaient dans sa conquête du pouvoir Alexis, Byzantin en exil qui prétendait au trône. “L’Orient orthodoxe n’a jamais oublié ni pardonné le pillage de Constantinople par les croisés” qui en est résulté, explique l’Encyclopédie de la religion. Et d’ajouter: “S’il fallait retenir une seule date à laquelle le schisme a été consommé, la plus appropriée — du moins sur le plan psychologique — serait 1204.”

La croisade des enfants (1212) entraîna la mort de milliers d’enfants allemands et français. Ils périrent avant même d’être arrivés à destination.

La cinquième croisade (1217-​1221), la dernière entreprise sous l’égide de la papauté, échoua en raison d’une mauvaise organisation et de l’ingérence du clergé.

La sixième croisade (1228-​1229) fut menée par l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, précédemment excommunié par le pape Grégoire IX.

Les septième et huitième croisades (1248-​1254; 1270-​1272) furent dirigées par Louis IX [Saint Louis], roi de France, mais elles tournèrent court après sa mort en Afrique du Nord.

[Illustration, page 23]

Un souvenir de la première croisade: le cimetière juif de Worms (RFA).

    Publications françaises (1950-2025)
    Se déconnecter
    Se connecter
    • Français
    • Partager
    • Préférences
    • Copyright © 2025 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
    • Conditions d’utilisation
    • Règles de confidentialité
    • Paramètres de confidentialité
    • JW.ORG
    • Se connecter
    Partager