JAH
(héb. Yâh).
Forme abrégée et poétique de Jéhovah, le nom du Dieu Très-Haut (Ex. 15:1, 2). Cette abréviation correspond à la première moitié du tétragramme hébreu יהוה (YHWH), c’est-à-dire aux lettres yôdh (י) et héʼ (ה), respectivement la dixième et la cinquième lettre de l’alphabet hébreu.
Ce terme revient cinquante fois dans les Écritures hébraïques, vingt-six fois seul et vingt-quatre fois dans l’expression “Alléluia” (héb. halelouyâh), qui signifie littéralement “louez Jah!”. Cependant, des versions répandues méconnaissent la présence du terme “Jah” dans les textes originaux. Ainsi, certaines lui substituent partout le titre “l’Éternel” (David Martin; Sg; Ostervald), d’autres le remplacent par “Seigneur”, sauf dans l’expression consacrée “Alléluia”, qu’elles se contentent de transcrire (Fillion; Glaire; Maredsous; TOB), d’autres enfin le rendent par la forme normale du nom de Dieu, soit “Jéhovah” (AC; sauf dans “Alleluia”), soit “Yahvé”. (Bible du Centenaire; toutefois, cette version signale la présence de la forme abrégée dans des notes en bas de page.) Il en est également qui ne le traitent pas uniformément, telle la Bible de Jérusalem qui emploie “Yah” en Exode 15:2, mais “Yahvé” en Psaume 68:4, ainsi que la formule “Alléluia” en divers passages. Cependant, abstraction faite de ce dernier mot, bon nombre de versions transcrivent régulièrement cette forme abrégée par Yah (Chouraqui; CT; Os; VB), Iah (Dh) ou Jah (Da). La Traduction du monde nouveau, pour sa part, la rend fidèlement par Jah dans les cinquante passages où elle apparaît.
Dans les Écritures grecques chrétiennes, on rencontre le nom “Jah” quatre fois, dans l’expression “Alléluia”. (Rév. 19:1, 3, 4, 6.) La plupart des traducteurs se sont bornés à transcrire le terme grec en français sans le traduire. Certains ont là encore remplacé cette forme du nom divin par un titre en traduisant “Louez Dieu!”. (BN; PB.) La version anglaise de G. Wade a opté pour “Louez Jéhovah”; quant à la Traduction du monde nouveau, elle a mis: “Louez Jah!”
Sur le plan chronologique, le nom “Jah” ne saurait être une forme primitive du nom divin qui aurait été utilisée avant le Tétragramme lui-même. En effet, le nom de Jéhovah revient 171 fois sous sa forme complète dans le texte hébreu primitif du livre de la Genèse, alors qu’on ne rencontre pas la forme abrégée avant le récit des événements qui suivirent l’exode (Ex. 15:2). Cette syllabe simple, Jah, est généralement liée à l’expression de sentiments très profonds dans la louange, le chant, la prière et la supplication. On la rencontre le plus souvent dans les textes qui évoquent l’allégresse ressentie à la suite d’une victoire ou d’une délivrance, ou qui célèbrent la main puissante et le pouvoir de Dieu.
La Bible foisonne d’exemples qui illustrent cet emploi spécial. Ainsi, l’injonction “Louez Jah!” (Alléluia) est une forme de doxologie, c’est-à-dire une expression destinée à donner louange et gloire à Dieu. On la trouve dans les Psaumes, en Psaume 104:35 pour la première fois. Dans certains psaumes, elle ne figure qu’au début (Ps 111; 112), rarement dans le corps du psaume (Ps 135:3), parfois à la fin seulement (Ps 104; 105; 115 à 117), mais souvent à la fois au commencement et à la fin d’un même psaume (Ps 106; 113; 135; 146 à 150). Dans le livre de la Révélation, des personnages célestes ponctuent leurs louanges à Jéhovah de cette déclaration. — Rév. 19:1-6.
Les autres passages où figure le terme “Jah” sont empreints du même sentiment d’exaltation. Citons, par exemple, le chant de délivrance entonné par Moïse (Ex. 15:2). Dans ses écrits, Ésaïe donne deux fois plus de force à ses déclarations en associant les deux noms “Jah Jéhovah”. (És. 12:2; 26:4.) Et il y a encore bien d’autres textes qui emploient la forme poétique “Jah”. (Ps. 68:4, 18; 77:11; 89:8; 122:4; 135:4; Cant. 8:6.) Dans le poème où il laisse libre cours à son exultation à la suite de la guérison miraculeuse qu’il a connue après avoir été bien près de la mort, Ézéchias exprime l’intensité de ses sentiments en répétant le mot Jah (És. 38:9, 11). Les Écritures établissent aussi un contraste entre les morts, qui ne peuvent louer Jah, et les vivants qui sont résolus à mener une vie qui constitue une louange pour lui (Ps. 115:17, 18; 118:17-19). On rencontre également cette abréviation dans d’autres psaumes qui rapportent des prières empreintes de gratitude pour une délivrance, la protection ou la correction. — Ps. 94:12; 118:5, 14.