La vraie adoration dans le Nyassaland et la Rhodésie du Sud
Suite du rapport de N. H. Knorr, président de la Watch Tower Society, sur son voyage à travers l’Afrique
APRÈS avoir quitté Johannesburg, nous nous sommes arrêtés à Blantyre, première ville commerciale du Nyassaland. Grâce à beaucoup de routes fraîchement pavées et à de nouveaux bâtiments, l’aspect général de Blantyre s’est considérablement amélioré, depuis notre dernière visite, il y a cinq ans. Cependant, pour ce qui est de faire progresser le message du Royaume, les problèmes restent les mêmes, il manque des frères européens pour aider les Africains à acquérir une connaissance plus claire des Écritures et de l’organisation de leurs activités, et c’est pourquoi la Société a cherché à envoyer plus de frères européens dans ce pays, au cours des dernières années. Quoiqu’il n’ait pas été possible de le faire jusqu’ici, l’œuvre a fait de beaux progrès, le nombre des témoins ayant bondi de 4 918 à 11 244.
Le 18 décembre, différentes assemblées ont commencé dans le Nyassaland. Frère Henschel a servi les frères réunis à Limbe, qui est aux abords de Blantyre, tandis que moi, en compagnie de frère McLuckie, serviteur de la filiale, j’ai pris l’avion pour Lilongwe où une autre assemblée se déroulait.
À Lilongwe, les frères avaient construit un toit en dos d’âne de plus de cent mètres de long et de trente mètres de large, pour se protéger du soleil et un peu de la pluie. 2 500 frères étaient présents, et ils ont passé des moments pleins de joie. Quelques-uns avaient parcouru de longues distances, et d’autres étaient même venus de la frontière de la Rhodésie du Nord. Ils étaient très disciplinés et attentifs. Les témoins de Jéhovah du Nyassaland sont paisibles et ne font pas d’émeutes. Ils ne se mêlent nullement de politique, mais mettent tout leur espoir dans le royaume de Dieu.
Pendant que je faisais deux discours devant les frères de Lilongwe, frère Henschel s’adressait à environ 4 000 auditeurs à Limbe, dans un joli bocage de manguiers. Pour cette assemblée, les frères n’avaient abrité que la tribune, qui reposait sur des poteaux de bambou à quelque deux mètres cinquante au-dessus du sol. Les témoins étaient assis sur le sol, en ovale. Il faut relever que le chant était un délice exceptionnel aux deux endroits.
Après avoir parlé à l’assemblée de Lilongwe, il me fallait retourner en hâte à la conférence publique de Limbe qui était fixée pour cinq heures. Tandis que le voyage du retour avait eu un peu de retard à cause d’un orage, le temps avait été beau toute la journée, à Limbe, et maintenant 5 000 auditeurs étaient réunis en plein air pour écouter la conférence publique. Plus tard, dans la soirée, j’ai donné la même conférence à l’hôtel de ville pour le bien des Européens, dont 35 étaient présents. Aux deux assemblées, les auditeurs ont fait preuve d’un vif intérêt pour le sujet traité, c’est-à-dire pour le fait que le peuple a grandement besoin de considérer la voie de Dieu.
Le lendemain, j’ai donné des conseils aux frères de Limbe, alors que frère Henschel a pris l’avion pour Lilongwe, afin d’y donner une conférence publique devant 3 000 auditeurs. Voilà que plus de 8 000 auditeurs avaient écouté les conférences publiques dans le Nyassaland. Pendant l’assemblée, les frères ont été encouragés à aller de l’avant dans l’œuvre et les analphabètes ont été poussés à apprendre à lire et à écrire. Quoiqu’il y ait des frères analphabètes, leur nombre est inférieur à la moyenne du pays.
Dans le Nyassaland, j’ai eu l’occasion de parler aux autorités gouvernementales, à Zomba, au sujet d’une plus grande surveillance européenne et du droit de faire entrer quelques missionnaires dans le pays. Il est difficile de dire quelle en sera l’issue ; mais, quoi que fasse le gouvernement, s’il a l’intention d’empêcher le peuple d’apprendre la vérité ou de ralentir le zèle des témoins de Jéhovah, il échouera. En cinq ans, le nombre des témoins a plus que doublé, et nous attendons un accroissement correspondant pour les prochaines cinq années.
Afin d’arriver à Blantyre, en premier lieu, il nous a fallu louer un petit avion, et nous nous sommes servis de ce même avion pour nous rendre à Salisbury, dans la Rhodésie du Sud, notre prochaine étape. Le pilote, n’ayant jamais été dans le Nyassaland auparavant, ne connaissait pas le relief du pays, et comme les nuages étaient très bas, il s’est décidé à suivre la route sinueuse. C’était comme si nous roulions en voiture, à cent soixante kilomètres à l’heure, faisant tous les lacets.
Le pays montait, mais non pas les nuages. À quelques kilomètres devant nous, nous pouvions voir que les nuages touchaient le sol. Après avoir rasé les cimes des arbres pendant un bon moment, avec les nuages qui passaient par dessus l’avion, il ne nous restait rien d’autre à faire que de retourner à l’aéroport. C’était 30 minutes de vol effréné. Vers 9 h 30, une heure plus tard, le vent et le soleil avaient fait monter les nuages. Nous sommes repartis une seconde fois en avion. En empruntant une autre route et en volant entre deux couches de nuages, il nous a été possible d’aller jusque dans la Rhodésie du Sud.
ASSEMBLÉES DANS LA RHODÉSIE DU SUD
Quand nous sommes arrivés à Salisbury, l’assemblée avait déjà commencé. Notre joie a été très grande en voyant 163 auditeurs, tous Européens. Lors de notre réunion à Salisbury, il y a cinq ans, seulement huit Européens avaient été présents. Récemment encore, il avait été bien difficile d’intéresser les Européens à l’œuvre des témoins de Jéhovah. Cependant, même le beau pays qu’est la Rhodésie du Sud connaît des inquiétudes qui ébranlent ceux qui ont le cœur sincère, et ils se mettent à rechercher une espérance. La population se compose de 120 000 Européens et de 2 000 000 d’Africains.
À peine étais-je arrivé à cette assemblée qu’il était l’heure de me rendre à la réunion des Africains où je devais prendre la parole. Il nous a fallu faire environ huit kilomètres pour arriver à Harari, ville des indigènes. Les frères étaient assis sur un grand terrain, en plein air, et écoutaient trois orateurs. Le premier parlait le cinyanja, le deuxième le chishona et le troisième le zoulou ; chacun donnait les mêmes explications, à son tour. Quoique je n’aie pas compris ce qu’ils disaient, j’ai pu sentir que l’esprit de Jéhovah était parmi eux.
Lorsque j’ai pris la parole, à mon tour, j’ai vu que l’ancienne coutume — qui veut que les sœurs soient assises à la gauche de l’orateur et les frères au milieu et à droite — était peu à peu abandonnée par les témoins de Jéhovah et que les femmes s’asseyent près de leurs maris. Quel beau coup d’œil que ces 7 300 frères africains qui étaient venus de tous les coins de la Rhodésie du Sud et qui jouissaient pleinement de leur assemblée. Nous avons eu le beau temps au cours de toute l’assemblée.
Dimanche, 280 frères africains ont été immergés dans une rivière et 17 frères européens dans une piscine, à Salisbury. Tandis que frère Henschel parlait à un auditoire de frères européens, dans la matinée, j’ai donné la conférence publique devant 11 000 Africains. Plus tard dans la journée, lorsque frère Henschel et moi avons parlé aux Africains, au moins 15 000 auditeurs s’étaient réunis.
Dimanche après-midi, la conférence publique a été donnée pour les Européens ; et 250 assistaient à cette conférence, ce qui était magnifique. Chacun était enchanté des résultats obtenus, car presque la moitié des auditeurs africains et environ 100 Européens étaient venus à la conférence publique, parce que les conférences avaient été annoncées avec grand soin.
Le fait de voir des Africains de différentes tribus venus de tous les coins du pays, là, réunis sur le même terrain, sans se quereller, ni se combattre, ni verser du sang, a laissé une profonde impression chez les Africains, la police et les Européens qui ont regardé l’assemblée africaine des témoins de Jéhovah. Trop d’entre eux, qui n’étaient pas témoins de Jéhovah, croyaient que c’était chose incroyable.
Dans la Rhodésie du Sud, beaucoup d’Européens se rendent compte qu’il est une bonne chose que d’embaucher des témoins de Jéhovah africains. Par exemple, le contremaître d’un frère africain, qui est ingénieur des chemins de fer, cherchait à se débarrasser du frère, et l’affaire a été portée à l’attention du chef de gare. La seule raison pour laquelle l’ingénieur voulait le renvoyer était que le frère était témoin de Jéhovah. Le chef de gare a soumis le cas au commissaire des chemins de fer et lui a demandé ce qu’il devait faire. Le commissaire a répondu : “ Nous avons des centaines de témoins de Jéhovah qui travaillent chez nous à Bulawayo. Ce sont nos meilleurs ouvriers. Ne renvoyez pas cet ouvrier. ” C’est ainsi que le frère a pu rester, et il a été placé sous les ordres d’un autre contremaître.
À Shabani, les frères donnent un magnifique témoignage de la vérité. Le directeur en chef d’un compound a dit : “ Il y a un an, je n’aurais pas permis aux représentants de la Watch Tower d’entrer dans les compounds, mais maintenant, je me rends compte que les vôtres sont nos meilleurs ouvriers. Peu à peu, nous leur confions les postes de grande responsabilité. ” Le directeur d’une mine a récemment adressé un communiqué à tous les employés européens, disant que tous les témoins de Jéhovah africains, qui travaillent sous leurs ordres, doivent avoir du temps libre pour aller à leurs réunions et même s’ils travaillent en équipe. Il suffit de comparer les 10 315 témoins qui vivent aujourd’hui dans la Rhodésie du Sud aux 3 044 en 1947 pour se rendre compte du grand accroissement opéré dans ce pays.
L’œuvre avance si rapidement dans ce pays qu’il nous a semblé opportun d’acheter une maison dans un beau quartier de Salisbury qu’on pourrait appeler la ville-reine de l’Afrique centrale, pour loger les missionnaires et la filiale. Nous avons pris des dispositions pour permettre aux frères européens d’accorder une plus large surveillance personnelle aux groupes africains, ainsi qu’une instruction plus approfondie aux représentants itinérants africains de la Société, connus sous le nom de serviteurs de circuit. Tandis qu’une paix remarquable et l’unité règnent parmi les témoins de Jéhovah, nos frères africains sont très soucieux de faire des progrès. Les perspectives de l’extension théocratique sont pleines de promesses dans la Rhodésie du Sud.