Les assemblées du “ Royaume triomphant ” de 1955
Paris, France, du 3 au 7 août 1955
Pour couronner une heureuse année de service du Royaume dans le champ du témoignage en France, les témoins de Jéhovah tinrent à Paris la seconde assemblée internationale, au cours du dernier mois de l’année de service 1955. Lors de la campagne mondiale du mois d’avril, au moment de la célébration de la mort du Christ et de la diffusion de la nouvelle brochure (Qui est “ La lumière du monde ”, la chrétienté ou le christianisme ?), les 183 groupes de témoins de Jéhovah de France atteignirent un nouveau maximum de proclamateurs du Royaume, c’est-à-dire 9 883, ce qui indique un accroissement de 23 % sur l’année de service précédente. Et, au Mémorial, bien que 225 frères seulement eussent participé au pain et au vin des emblèmes, il y avait une assistance totale de 11 894 personnes. Maintenant, toutes ces personnes devaient jouer le rôle d’hôtes à l’égard de leurs frères venus à ce rassemblement de Paris et représentant un nombre de pays plus grand que jamais auparavant. Dans cette ville et sa banlieue, il y a près de 2 500 témoins. On s’attendait à une assistance record, et l’organisation de la société du Monde Nouveau à Paris se préparait à la recevoir. Des missionnaires français, diplômés de Galaad, des pionniers français et des proclamateurs de groupe furent occupés pendant plusieurs mois à retenir des chambres dans les hôtels et les maisons privées pour satisfaire les nombreuses demandes.
Le grand cirque couvert de Paris, le Vélodrome d’Hiver ou Palais des Sports, fut loué pour l’assemblée. Il y a 4 ans, la première assemblée internationale d’après-guerre tenue par les témoins de Jéhovah en France le fut dans ce Palais des Sports, et 10 456 personnes assistèrent à la conférence publique, alors que 351 se firent baptiser. Dans l’intervalle, le périodique de l’organisation, La Tour de Garde, fut interdit en France dans toutes les langues. Cependant, le Dieu éternel, Jéhovah, qui a fait de son peuple une classe de sentinelles, continua à le nourrir spirituellement, et l’accroissement s’est produit, en maturité spirituelle et en nombre, dans cette terre du catholicisme romain et du communisme. Quinze minutes de marche seulement séparent le bureau de la filiale de Paris, situé rue de la Tour, du Palais des Sports, en traversant la Seine sur le pont de Passy. La célèbre Tour Eiffel, de 300 m de haut, se dresse à trois pâtés de maisons seulement, au nord.
Outre les milliers de délégués étrangers qui convergèrent vers la ville, un train spécial, en provenance du nord-est de la France, y amena 1 200 frères polonais. En raison des langues prédominantes parlées à cette assemblée, le programme imprimé donnait ses “ Informations pour les congressistes ” en français, en anglais et en polonais ; les pancartes de bienvenue et celles permettant de s’orienter dans le Palais des Sports étaient rédigées également dans ces trois langues. Les annonces, du haut de l’estrade, étaient faites aussi dans ces trois langues. Les publications disponibles à la librairie du congrès étaient offertes en un plus grand nombre de langues. Bien que de nombreux frères polonais comprennent maintenant le français, des réunions spéciales en polonais furent tenues le jeudi, le vendredi et le samedi, de 10 heures à midi, et l’assistance s’éleva à 577 le samedi matin.
Le comité de l’assemblée pourvut non seulement aux besoins spirituels mais à une vaste cafétéria, située derrière l’estrade ornée de fleurs, où des repas substantiels vivifièrent les assistants à intervalles réguliers ; ces repas étaient commodément servis à une série de comptoirs disposés en file. Ici aussi, comme à toutes les précédentes assemblées du “ Royaume triomphant ”, un bel et puissant orchestre dirigeait les cantiques du Royaume et incitait à chanter de tout son cœur. Bien que la majorité chantât en français, de nombreux délégués en visite chantaient en anglais.
Lors de l’ouverture officielle de l’assemblée, les 9 701 assistants se pressaient à l’intérieur du bâtiment, remplissant le rez-de-chaussée de l’arène, devant l’estrade, et occupant les rangées de sièges des deux côtés de la piste, certains même se trouvant à la galerie supérieure, tout en haut. Dans ce vélodrome, ce n’était pas une course de vélos qu’ils suivaient des yeux, mais les coureurs de la course dont le prix est la vie éternelle dans le monde nouveau de Jéhovah. Parmi ces coureurs, il y en avait quatorze du Portugal, pays à régime dictatorial, un grand nombre du Brésil parlant le portugais, trente-cinq environ de l’Espagne dominée par Franco. Ces frères connaissent les dictatures sous lesquelles tous les privilèges religieux sont garantis à la seule Église catholique romaine ; c’est pourquoi, à cette magnifique assemblée libre de Paris, ils étaient profondément émus. Les larmes coulaient de leurs yeux en voyant pour la première fois une si grande foule de leurs frères, des témoins de Jéhovah, des milliers et des milliers d’entre eux, en assemblée ouverte et sans devoir craindre l’intervention de la police. Mais, direz-vous, ils ne pouvaient pas comprendre la langue dans laquelle les discours étaient prononcés sur l’estrade ! Qu’importe ! Ils éprouvaient une grande joie à se trouver parmi leurs frères, au sein de la grande famille de Dieu, Jéhovah. Ils s’émerveillaient et ressentaient une vive émotion à la vue de la liberté avec laquelle leurs frères se déplaçaient dans les rues de Paris, s’identifiant ouvertement grâce à leurs insignes de témoins de Jéhovah, qui annonçaient l’assemblée et son discours public, distribuant des publications et prêchant le message de porte en porte sans être inquiétés. Ils étaient remplis d’impressions multiples et nettes dont ils feraient part à leurs frères, dès leur retour chez eux, sous la dictature !
La plupart des orateurs de l’Amérique du Nord parlaient en anglais et leurs discours étaient traduits en français par des interprètes compétents. Les orateurs français, inscrits sur le programme, présentaient leurs discours avec la même ferveur que ceux qui parlaient en anglais. Le serviteur de la filiale de France prononça le discours de bienvenue. Frère Knorr, le président, fit son discours d’ouverture, ce soir-là, sur “ Le Message triomphant du “ Royaume ”, et, pour conclure, annonça la parution en français du livre La religion a-t-elle servi l’humanité ? C’est dans l’allégresse que l’auditoire accueillit cette nouvelle.
De 13 h 20 à 20 h 50, cinq trains spéciaux conduisirent à Rome de nombreux délégués en visite, ce qui, naturellement, influa sur le nombre des assistants à Paris. Le grand mouvement en masse des délégués à travers le continent, d’assemblée en assemblée, selon les arrangements excellents et minutieux faits par les bureaux centraux de la Société à New-York, était maintenant en marche. Ce fut une invasion de guerriers théocratiques venus de l’étranger, sans précédent à aucune époque du globe. À ce sujet, l’édition européenne du 5 août, du journal des forces armées des U.S.A., The Stars and Stripes, publié à Darmstadt, Allemagne, déclarait dans sa 3e page :
“ Paris, 4 août (AP) — Hier (mercredi), plus de 4 000 Témoins de Jéhovah en sueur, de tous les États de l’Union, accoururent en foule vers un rutilant cirque des sports de Paris pour une après-midi de sermons, puis saisirent leurs bagages pour la prochaine étape de leur tour à travers l’Europe occidentale. Les membres de cette secte pacifiste, portant chacun une étiquette, rouge et blanche, proclamant la “ Conquête prochaine du monde par le Royaume de Dieu ”, forment ce qui est probablement le plus important mouvement en masse d’Américains à travers l’Europe depuis l’invasion alliée de la Deuxième Guerre mondiale. ”
De Rome, cinq trains spéciaux emmenèrent plus tard des milliers de congressistes vers les villes de Suisse. L’édition du mercredi 10 août du Quotidien de Berne (Berner Tagblatt) publia une photo de l’arrivée des délégués et intitula l’article qui l’accompagnait : “ Invasion de Berne : 2 000 témoins de Jéhovah. ” L’article poursuivait : “ Berne connut, pendant deux jours, l’invasion de plus de 2 000 témoins de Jéhovah, pour la plupart des États-Unis. Ces gens de toutes races, le petit insigne “ Témoins de Jéhovah ” épinglé à leur revers, dominaient pour un temps la scène de la rue, surtout les nombreuses dames “ de couleur ” et de tout âge attiraient vers eux des regards prolongés. Plus de 4 000 témoins, dont quelques centaines s’arrêtèrent à Zurich et à Genève, voyagèrent dans deux bateaux et 42 avions spéciaux, des États-Unis en Europe, pour se rendre d’assemblée en assemblée, en commençant par Londres et Paris ensuite. ”
Le second jour de l’assemblée de Paris, le président figurait deux fois sur le programme, et, après son discours contre le spiritisme, il surprit et réjouit son auditoire en présentant la brochure Raisons de croire en un Monde Nouveau, en français. Le lendemain matin, il devait se rendre en Italie par avion pour le jour de l’ouverture de l’assemblée internationale de trois jours organisée à Rome.
À Paris, le vendredi matin, dans le Palais des Sports, 774 candidats répondirent par un ferme “ Oui ! ” aux questions que leur posait l’orateur français sur le baptême. Ils furent ensuite emmenés à quinze kilomètres de là, à la ville de Châtenay-Malabry, où ils furent immergés dans la piscine municipale, piscine couverte, devant de nombreux témoins. Un garçon de huit ans et une dame de quatre-vingt-trois ans étaient du nombre des baptisés. Même une aveugle brava l’eau avec la force de Jéhovah. Deux anciens spirites furent baptisés ; cet homme et sa femme apprécièrent vivement le discours de frère Knorr, la veille au soir, contre le démonisme, autrement dit le spiritisme.
Le samedi soir, frère Knorr revint par avion de Rome à Paris pour prononcer trois discours le dimanche. Une grande foule de Parisiens vinrent entendre cette conférence publique qu’on avait annoncée largement, et l’assistance, remplissant complètement le Palais des Sports, s’éleva à 16 500 personnes. Frère Knorr fut extrêmement heureux de voir la vive sensibilité de son auditoire et il éprouva une grande joie à lui présenter la brochure Conquête prochaine du monde par le Royaume de Dieu, en français. L’assistance record avait été atteinte et les frères étrangers se réjouirent avec leurs frères français. Les ennemis étaient effrayés, et, selon son habitude après les vastes rassemblements de la société du Monde Nouveau, un journal local français, catholique romain, publia un long article contre les témoins de Jéhovah, les présentant sous un faux jour, comme prédisant la fin du monde pour le 21 août. L’une des plus grandes stations de radio de France donna une émission sur notre assemblée. Elle fixait pour nous la date de la fin du monde au 21 août 1955. De sa propre initiative, elle ajouta aussi au cours de son émission que les témoins de Jéhovah avaient déjà annoncé la fin du monde 427 fois, sans succès. C’est ainsi que cette “ date ” sensationnelle fit le tour des nombreux quotidiens d’Europe, y compris de Lisbonne, Portugal, sans oublier Lausanne, en Suisse. L’édition du 11 août de la Feuille d’Avis de Lausanne publia une longue réfutation de cette fausse déclaration.
Les témoins de Jéhovah en France revinrent de leur assemblée heureuse résolus à faire avancer l’œuvre jusqu’à ce qu’Harmaguédon éclate, à l’heure et au jour ignorés de tous les hommes mais connus de Dieu et de son Christ. À la suite de l’assemblée de Paris, le nombre des proclamateurs actifs du Royaume devrait s’élever bientôt à un nouveau maximum de plus de 10 000 pour toute la France.
ROME, ITALIE, DU 5 AU 7 AOÛT 1955
Toute l’Italie prêta attention à la première assemblée internationale des témoins de Jéhovah à Rome, du 5 au 7 août 1955. Les ennemis attaquèrent les premiers et causèrent quelques dégâts, puis, par la suite, ils essayèrent de nous ridiculiser. Une partie de la presse italienne, tout en annonçant l’assemblée gracieusement, prétendit que la date de cette dernière avait été subitement avancée eu égard à l’extrême proximité de la fin du monde. Toutefois, le seul effet de ces railleries fut de faire de la publicité pour les témoins de Jéhovah et de concentrer davantage l’attention du public sur leur assemblée de Rome.
Le lieu de l’assemblée suffisait à susciter l’attention générale ; c’était le Palazzo dei Congressi dell’Esposizione Universale di Roma (Palais des Congrès de l’Exposition universelle de Rome). Les sectes protestantes italiennes furent stupéfiées en voyant ce que faisaient les témoins de Jéhovah. Elles demandèrent : “ Comment les témoins de Jéhovah ont-ils obtenu le Palazzo ? ” Cet édifice, qui appartient au gouvernement italien, est l’un des nombreux bâtiments construits par feu le duce fasciste Mussolini et qu’il destinait à la Foire mondiale de 1942. Laissé par lui inachevé, il fut finalement modernisé et terminé ; ces travaux coûtèrent deux millions de dollars. C’est un édifice magnifique, surmonté d’une sorte de dôme, avec une façade de quatorze colonnes, précédée d’un large parvis dallé incliné, avec des cannelures entre ses pierres angulaires. Le tout très impressionnant ! Il contient une grande et magnifique salle d’assemblée, avec éclairage naturel, ainsi que des salles plus petites et des chambres de conférence. Son aspect, intérieur et extérieur, est net, pimpant et propre. Construit au sommet d’une colline, on le voit du haut des autres et lointaines collines de Rome. Il est situé au sud-est de la Cité du Vatican, de l’autre côté du Tibre.
Les témoins de Jéhovah passèrent un contrat pour obtenir la jouissance exclusive du Palazzo pendant leur assemblée. Soudain, le 18 juillet, la permission d’occuper l’édifice fut annulée par le bureau du premier ministre, juste dix-huit jours avant l’ouverture prévue. Toutes les demandes sur les raisons de cette annulation restèrent sans réponse. Le directeur et ses collaborateurs convinrent qu’une seule source d’influence, très haut placée, avait exercé une pression pour faire annuler la location du Palazzo. Trois jours s’écoulèrent dans la recherche fiévreuse d’une nouvelle salle — théâtres, champs de course, stades, etc. — avec très peu de succès. Au moment où les frères étaient sur le point de perdre tout espoir, un appel téléphonique parvint à la filiale de Rome de la Watch Tower Society : “ Le Cabinet revient sur sa décision et vous laisse la disposition du bâtiment selon les premiers accords ! ”
Il est évident que d’autres influences avaient commencé à s’exercer. En vérité, la main de Jéhovah Dieu ne fut pas trop courte. Finalement, le cabinet du gouvernement italien s’était réuni, avait délibéré et décidé que les témoins de Jéhovah devaient être autorisés à utiliser le Palazzo selon l’arrangement primitif.
Ainsi, les témoins de Jéhovah eurent amplement le temps d’emménager, d’installer leurs services d’assemblée, utilisant la plupart des salles de conférence. Pour la première fois, l’électricien du Palazzo dut étendre considérablement, à nos frais, le réseau électrique du bâtiment, de façon qu’on pût retransmettre les sessions de l’assemblée aux halls, couloirs et divers autres lieux du grand édifice. On dépensa mille dollars pour la location des chaises en vue de l’assistance attendue.
Il n’est pas permis aux organisations religieuses non catholiques romaines d’organiser des manifestations publiques, d’annoncer des réunions et d’y inviter le public. C’est pourquoi 1 000 lettres d’invitation furent envoyées à des personnes que l’on savait intéressées ou sympathisantes. Il n’y avait pas de feuilles d’invitation pour la distribution gratuite, cependant, des milliers d’invitations personnelles furent transmises oralement, et les périodiques de la Société, La Tour de Garde et Réveillez-vous ! publièrent dans le monde entier et en de nombreuses langues des communications sur l’assemblée de Rome. Il ne faut pas oublier non plus la grande démonstration publique faite par les congressistes eux-mêmes qui portaient, ici, à Rome, comme dans toutes les autres villes d’assemblée, les petits insignes, au revers de leur veston ou sur le chemisier. Ces insignes, annonçant l’assemblée et sa conférence publique, provoquèrent une grande curiosité et suscitèrent des questions demandant une réponse de la part du porteur qui profitait de cette occasion pour rendre témoignage et transmettre une invitation. Cette manifestation envahit même la Cité du Vatican car les congressistes, visitant la ville de Rome et portant leurs insignes, traversèrent par centaines ses édifices, ouverts au public en général.
Le programme de l’assemblée donnait les “ Informations aux congressistes ” en italien et en anglais, indiquant aussi les discours qui seraient prononcés en anglais et traduits en italien.
Le vendredi matin, 5 août, l’assemblée, dans le somptueux Palazzo dei Congressi, fut officiellement ouverte par un discours de bienvenue du président de l’assemblée, représentant de la Watch Tower Society ; et, à la grande joie des Italiens présents, il présenta pour la première fois le périodique Réveillez-vous ! dans leur langue, les informant qu’il paraîtrait dès lors deux fois par mois. Ce jour d’ouverture fut couronné par le discours final du soir, fait par le président de la Société qui était arrivé ce jour-là par avion, de l’assemblée de Paris. Pour les frères italiens, ce fut un moment très réjouissant lorsque, par l’intermédiaire d’un interprète, frère Knorr acheva son exposé sur “ le message triomphant du “ Royaume ” et annonça, en le tenant bien haut, le nouveau livre en italien “ Les nouveaux cieux et la nouvelle terre ”. La foule rassemblée là étonna les journalistes. Les 4 200 assistants remplissaient la magnifique salle principale et ses balcons. C’était la première fois que cela se produisait dans le Palazzo. Des assemblées de cette importance sont rares en Italie. Des publications en italien furent présentées l’une après l’autre. À la fin de son discours du samedi matin sur le sujet : “ Jéhovah est dans son saint temple ”, le président présenta une nouvelle publication en italien, la brochure de trente-deux pages intitulée “ Cette bonne nouvelle du Royaume ”. Peu de temps après, il quitta Rome par avion pour retourner à Paris, tandis que le vice-président de la Société arrivait de Paris par avion pour le remplacer. Ce soir-là, après le discours final prononcé devant 2 859 assistants, il présenta la nouvelle brochure de soixante-quatre pages, en italien, intitulée Raisons de croire en un Monde Nouveau.
Un autre fait remarquable : 378 candidats se présentèrent cet après-midi, au moment du discours sur le baptême, et furent ensuite discrètement baptisés pour ne pas attirer l’attention du public. Neuf autobus furent utilisés pour les transporter sur les lieux éloignés du baptême.
Un certain nombre de prêtres et de nonnes catholiques romains, en costumes religieux, essayèrent d’“ enfoncer les portes ”, mais les portiers les informèrent que c’était une réunion privée, pour les invités seulement. Les invités étaient, en vérité, un rassemblement international de vingt-huit pays et îles, y compris les Philippines, l’île de Chypre, la Grande-Bretagne, etc. Près de 150 venaient de Sicile, et la délégation des Italiens du pays comprenait non seulement des hommes, mais aussi des femmes. Beaucoup de frères italiens sont très pauvres. Ils n’avaient pas les moyens d’amener leurs enfants avec eux à l’assemblée, ceux-ci durent donc rester à la maison et un membre de la famille fut envoyé comme représentant. Certains, semblait-il, ne se nourrissaient que de pain, leur nourriture solide. Quelques-uns avaient rempli leurs valises, non de vêtements mais de pain, de fromage et d’olives tombées, pour se nourrir pendant les trois jours de l’assemblée. Durant ces trois jours, 3 882 repas furent servis aux frères, à la cafétéria, dont 818 repas gratuits aux pionniers. On avait du plaisir à voir de nombreux frères prendre leurs repas sur le pouce, assis sous les arbres des jardins. Certains, qui n’avaient pas de chambre, dormirent sur les bancs du parc, mais non sur les terrains de l’Exposition universelle, car, pour y dormir, il fallait payer. Un bon nombre de frères de langue allemande s’installèrent sur le terrain de camping de l’Exposition. Il y eut 3 741 demandes de chambres pour les délégués étrangers, 2 750 pour les frères italiens. Soixante-dix frères dormirent à la belle étoile.
À Rome, il est préférable de tenir la réunion principale le matin. C’est pourquoi le discours du dimanche sur le sujet : “ Conquête prochaine du monde par le Royaume de Dieu ” figurait sur le programme à 10 h 30. Le jour était ensoleillé. Le hall principal du Palazzo et ses deux balcons étaient remplis par 2 700 personnes, des centaines d’autres se trouvant dans la salle adjacente, tandis que d’autres encore étaient assises sur des chaises et des bancs dans les couloirs et l’élégant vestibule, écoutant grâce aux hauts-parleurs. L’assistance totale s’éleva à 4 351 personnes, des Italiens pour la plupart. Pendant toute la durée du discours du vice-président (traduit par un interprète), cet auditoire impatient de la capitale religieuse de la chrétienté manifesta son émotion, étant quelque peu galvanisé par la situation et les circonstances exceptionnelles, et c’est avec une joie bruyante qu’il reçut la nouvelle brochure en italien contenant le texte entier, non épuré, de ce discours public provocateur, sous l’imprimatur de Jéhovah et avec le nihil obstat de Jésus-Christ.
Le programme reprit l’après-midi, et beaucoup restèrent jusqu’aux remarques finales et remplirent une fois de plus le grand auditorium. À maintes reprises, ils donnèrent libre cours à leur joie, quand ils entendirent le rapport sur la série des assemblées internationales tenues jusque-là et le compte rendu des opérations d’expansion et des activités de l’organisation visible de Jéhovah. À la fin de l’assemblée, on en vit un certain nombre pleurer d’émotion. Un congressiste de Suisse s’exclama : “ Mon cœur me fait mal de bonheur ! ”
Onze journaux stupéfaits publièrent dans dix-sept éditions des rapports sur l’assemblée. Jusqu’au dimanche matin, il y avait eu sept mètres d’informations dans les colonnes de nouvelles. Le peuple italien était ému par cette assemblée internationale, et il apprécia surtout la présence de nombreux frères étrangers. De multiples adresses pour visites complémentaires furent remises aux proclamateurs pionniers à temps complet. L’assemblée les stimula pour tout le mois. Les mois d’été sont généralement maigres en ce qui concerne l’activité dans le champ, et le mois d’août a toujours enregistré les rapports les moins satisfaisants des proclamateurs. Pendant la campagne d’avril avec la brochure Qui est “ La lumière du monde ”, la chrétienté ou le christianisme ? il y eut un nouveau maximum de proclamateurs, 3 238 rendirent un rapport, soit un accroissement de 37 pour cent. Mais, en juillet, avant l’assemblée internationale, il y en eut 2 848, c’est-à-dire un accroissement de 25 pour cent. Pendant le mois d’août, mois de l’assemblée, 3 044 participèrent au service, l’accroissement étant ainsi de 29 pour cent. La baisse avait été enrayée. Pour la première fois le rapport du mois d’août était florissant pour clore la fin de l’année de service 1955. On s’attend à des progrès pour l’année de service 1956 et on espère atteindre bientôt la cote de 4 000 proclamateurs pour toute l’Italie.
Après l’assemblée, les frères commencèrent à envoyer des exemplaires spéciaux de la brochure Qui est “ La lumière du monde ”, la chrétienté ou le christianisme ? au clergé de toutes les dénominations et aux éditeurs religieux pour leur information et leurs commentaires. Un assez grand nombre de lettres furent reçues du clergé ; la plupart d’entre elles contenaient des insultes ; on en trouva deux favorables. L’une d’elles était écrite de la main du cardinal Giacomo Lercaro, archevêque de Bologne, âgé de soixante-quatre ans, éminent travailleur social, considéré comme l’un des cardinaux ayant le plus de chances de devenir pape. Son accusé de réception n’était pas injurieux mais prenait note des témoins de Jéhovah. C’est aux témoins en Italie de donner l’exemple du véritable christianisme pour la gloire de Jéhovah et le rassemblement, sous un seul Berger, Jésus-Christ, de toutes ses autres brebis qui se trouvent dans ce pays.