Questions de lecteurs
● Que veut dire la Bible quand, à propos des chrétiens, elle dit qu’ils se ‘saluent l’un l’autre par un saint baiser’ ?
Dans la conclusion de quatre de ses épîtres, l’apôtre Paul encourageait les chrétiens du premier siècle à se ‘saluer l’un l’autre par un saint baiser’. (Rom. 16:16 ; I Cor. 16:20 ; II Cor. 13:12 ; I Thess. 5:26.) De son côté, l’apôtre Pierre les exhorta dans le même esprit en disant : “Saluez-vous les uns les autres par un baiser d’amour.” (I Pierre 5:14). Bien que la Bible ne fasse pas connaître les détails relatifs à cette coutume en vigueur chez les chrétiens du premier siècle, un examen rapide de cette habitude d’embrasser courante chez les Hébreux éclairera un peu la question.
Dans les temps bibliques, le baiser sur la joue, le front, les lèvres ou la main était souvent une marque d’affection, de respect ou de relations paisibles. Il n’entrait dans ce geste aucune pensée romantique ou érotique. La Bible nous présente des cas où des hommes, voire des hommes et des femmes, appartenant à la même famille, se donnent un baiser (Gen. 29:11, 13 ; Ex. 18:7). En outre, le baiser était un signe d’affection chez des hommes liés par une amitié profonde (II Sam. 19:39 ; Actes 20:37). Ces marques d’amitié et d’affection pourraient sembler étranges à des personnes qui ont appris à se montrer plus réservées dans l’expression de leurs sentiments. Mais pour les gens de ce temps-là, le baiser n’était pas plus extraordinaire que ne l’est aujourd’hui une cordiale poignée de main échangée entre bons amis.
Ainsi donc, Paul et Pierre n’introduisaient pas une nouvelle coutume chrétienne ou un rite religieux solennel. Ils observaient plutôt une coutume déjà établie à leur époque. Chez les chrétiens, il ne s’agissait pas d’une simple formalité, mais le baiser était le reflet des relations fraternelles et de l’unité spirituelle qui régnaient parmi ceux que le vrai culte avait réunis. Quand des frères chrétiens se saluaient “l’un l’autre par un saint baiser”, ce baiser ne présentait aucune familiarité indécente ni aucun caractère scandaleux. C’était une marque d’affection pieuse et chaste. Les vrais chrétiens de notre époque cultivent aussi cette affection et cette fraternité étroites, chaudes et chastes, même si la coutume locale en matière de salutations n’est pas la même. — Jean 13:34, 35.
● L’apôtre Paul a-t-il jamais été marié ?
La Bible ne répond pas directement à cette question ; toutefois, il ressort des écrits de Paul qu’il pouvait être veuf lorsqu’il était chrétien.
L’une des raisons nous permettant de tirer cette conclusion est la manière dont l’apôtre s’exprime quand il défend son apostolat dans ses épîtres aux Corinthiens. Il fait remarquer qu’il possède certains droits dont il n’use pas. Premièrement, il n’accepte aucune assistance matérielle des Corinthiens, bien qu’il ait le droit de manger à leurs frais (I Cor. 9:4, 11-15). De plus, il écrit : “Nous avons le droit de mener avec nous une sœur comme femme, ainsi que font les autres apôtres.” (I Cor. 9:5). Cette manière de s’exprimer quand il décrit les choses qu’il a le droit de faire mais qu’en réalité il ne fait pas indique évidemment qu’il n’avait pas de femme à ce moment-là.
À propos de sa condition possible de veuf, il convient de noter sa manière de s’exprimer dans I Corinthiens 7:8, où nous lisons : “Je dis aux non mariés et aux veuves qu’il leur est bon de demeurer comme moi.” Il venait de donner des conseils aux personnes mariées. Puis, avant de passer à d’autres questions concernant les chrétiens mariés, il fait quelques remarques à l’intention des ‘non mariés et des veuves’. Le mot grec traduit ici par “non mariés” s’applique à toutes les personnes dans cet état, tant aux célibataires qu’aux gens ayant été mariés, mais dont le conjoint n’est plus en vie. Le mot grec traduit par “veuves” désigne plus précisément les personnes ayant déjà été mariées. Si Paul conseillait à ces chrétiens de faire comme lui, il est donc fort possible que lui-même était veuf.
D’autres arguments ont été présentés pour soutenir le point de vue selon lequel l’apôtre Paul aurait été marié. Ainsi, certains ont dit que la perspicacité avec laquelle il traite des questions maritales permet de supposer que lui-même avait été marié. C’est chose possible, mais ce n’est pas une preuve concluante puisque l’apôtre était inspiré quand il rédigea ses épîtres. — II Pierre 3:15, 16.
D’autres ont dit que Paul faisait jadis partie du Sanhédrin. Or, s’il fallait être marié pour appartenir à cette haute cour des Juifs, la preuve serait faite qu’il avait été marié. Ceux qui soutiennent ce raisonnement s’appuient sur Actes 26:10 pour établir que Paul était membre du Sanhédrin. Ce passage déclare : “Quand ils [certains chrétiens] devaient être exécutés, je donnais mon vote, contre eux.” Mais nous ne savons pas avec certitude s’il donnait sa voix en qualité de membre du Sanhédrin ou s’il se bornait à approuver publiquement ces meurtres. Même en admettant qu’il ait été membre de cette cour suprême, il semble que les conditions requises des candidats n’aient pas toujours été les mêmes. À un moment donné, il fallait être marié et père de famille ; or, rien ne permet d’établir que Paul ait eu des enfants. Ainsi donc, le manque total de renseignements sur les conditions requises pour faire partie du Sanhédrin affaiblit les arguments de ceux qui se basent sur l’appartenance éventuelle de Paul à cette cour pour affirmer qu’il était marié.
Par conséquent, si nous nous en tenons à ce que les Écritures nous apprennent, tout ce que nous pouvons dire, c’est que Paul a pu être marié, mais qu’il ne l’était pas au temps de ses voyages missionnaires.