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  • w76 1/6 p. 325-333
  • Nous pensions que le système pouvait être changé

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  • Nous pensions que le système pouvait être changé
  • La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1976
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  • UN AVENIR APPAREMMENT BRILLANT
  • FACE AUX TRISTES RÉALITÉS
  • LE PROBLÈME DE LA CONSCRIPTION
  • DES EFFORTS POUR CHANGER LE SYSTÈME
  • “LE MASSACRE DE L’AVENUE MICHIGAN”
  • POURQUOI NOUS AVONS RENONCÉ
  • EXISTE-​T-​IL UNE ESPÉRANCE ?
  • RÉEL ESPOIR D’UN CHANGEMENT HEUREUX
  • UN DIEU PERSONNEL QUI A UN DESSEIN
  • NOUS APPRENONS COMMENT LE CHANGEMENT VIENDRA
  • NOUS TROUVONS CE QUE NOUS CHERCHIONS
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La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1976
w76 1/6 p. 325-333

Nous pensions que le système pouvait être changé

Des millions de jeunes gens pensent qu’un changement est nécessaire. Partagez-​vous leur point de vue ? Pas forcément, mais vous jugerez peut-être intéressant de considérer les raisons qui font qu’ils pensent ainsi. Le récit qui suit vous montrera de quelle manière un jeune couple se proposait de changer le système et comment il a finalement découvert le seul moyen d’y parvenir.

CET après-midi-​là, un mercredi, nous étions plus de 10 000 rassemblés à Grant Park, à Chicago. Nous ne pouvions en croire nos yeux : Sur les toits des immeubles voisins des fusils étaient braqués sur nous. Des gardes nationaux, baïonnette au canon, étaient alignés sur les trottoirs et, partout, il y avait des policiers casqués. Pourquoi cela ? Que se passait-​il ?

Nous étions en août 1968. La Convention nationale des Démocrates avait lieu à quelque six kilomètres de là, dans l’Amphithéâtre. C’est ce qui nous avait attirés à Chicago. Nous espérions que notre présence massive pouvait influencer les décisions qui allaient être prises à cette convention. Nous désirions surtout qu’on mette fin à la guerre au Viêt Nam.

Mais pourquoi ces fusils, ces baïonnettes au canon et ces policiers casqués ?

Rappelez-​vous, nous étions en août 1968. La participation des Américains à la guerre du Viêt Nam ne cessait de croître, et le bombardement du Viêt Nam du Nord se poursuivait. De nombreux chefs politiques étaient favorables à une escalade dans la guerre. Ils souhaitaient une victoire militaire, et certains d’entre eux allaient même jusqu’à qualifier de traîtres ceux qui se disaient partisans de la paix.

Cependant, ce déploiement de forces nous semblait tout à fait injustifié. Nous n’avions pas d’armes, et la plupart d’entre nous pensaient seulement que les dirigeants américains étaient mal conseillés. Nous voulions organiser une manifestation pacifique en direction de l’Amphithéâtre. Mais ce qui nous est arrivé ce jour-​là, à mon amie Jeanne et à moi-​même, bouleversa notre façon de penser et influa profondément sur notre vie.

Je sais que certains diront peut-être : “Vous n’aviez rien à faire à Chicago. Vous n’avez eu que ce que vous cherchiez.”

Toutefois, à cette époque-​là, Jeanne et moi pensions que ce que nous faisions était bien. Évidemment, nous savons aujourd’hui que ce n’était pas la bonne façon de faire pour changer les choses et nous regrettons ce que nous avons fait. Mais pourquoi des milliers, en fait, des dizaines de milliers de jeunes gens réclamaient-​ils un changement avec autant de force ces années-​là ? Je crois que mon histoire vous aidera à le comprendre.

UN AVENIR APPAREMMENT BRILLANT

Je suis né en 1947, à Minneapolis, dans l’État du Minnesota. Mes parents, des Blancs, étaient des Américains moyens. En 1952, nous sommes partis à Hawaii où mon père s’est fait une bonne situation en tant qu’entrepreneur. Nous habitions une belle maison avec vue sur l’océan et nous avions tout ce que nous voulions sur le plan matériel. L’Amérique était à nos yeux le pays où tous les rêves pouvaient être réalisés, et l’avenir nous paraissait brillant.

Tout ce que je faisais me procurait du plaisir : je jouais demi dans notre équipe de football, je faisais de la course à pied et j’allais nager dans les eaux bleues du Pacifique, juste derrière la maison, tout en fréquentant l’école publique. Mais peu après j’ai voulu entrer dans une université sur le continent.

FACE AUX TRISTES RÉALITÉS

En septembre 1965, je suis entré au Williams College, dans le Massachusetts. Comme je passais plus de temps à lire et à méditer, quelque chose commençait à me travailler. À Hawaii, j’avais été habitué à voir les gens traités de la même manière, quelle que soit leur race. Mais, sur le continent, les choses étaient très différentes.

En 1966, pendant les congés du printemps, j’ai pris l’avion pour aller à Chicago, afin de rendre visite à mon frère aîné, qui était un des directeurs de l’université des hôpitaux de la ville. Quand nous sommes passés en voiture dans les vieux quartiers du sud de Chicago, j’ai eu du mal à croire ce que je voyais. “Comment peut-​on vivre ainsi ?”, pensais-​je. Et pourtant, des gens, presque exclusivement des Noirs, vivaient dans ces quartiers sordides, et cela me toucha profondément.

Je désirais savoir ce que les Noirs pensaient eux-​mêmes. J’ai donc lu des livres écrits par des Noirs, dont un certain nombre d’autobiographies. J’ai souvent eu les larmes aux yeux en lisant le récit des injustices dont ils étaient victimes : l’esclavage, les traitements qu’ils subissaient comme s’ils étaient inférieurs aux Blancs, l’interdiction qui leur était faite d’utiliser les toilettes publiques et les lynchages pour des délits mineurs ou imaginaires. Cela me mettait en colère, et je commençais à me demander ce que je pouvais faire pour changer cet état de choses.

Puis je me suis mis à considérer d’autres problèmes, tels que la guerre au Viêt Nam, à travers la question raciale. En lisant les journaux, j’ai appris que les Américains qualifiaient les Vietnamiens de “gooks” [l’équivalent de “bicots”]. Je me suis demandé si les Américains auraient lâché autant de bombes sur ce pays si ses habitants avaient été des Blancs. J’ai lu également certains rapports qui dénonçaient le profit énorme que faisait le “complexe des industries militaires” en fabriquant du matériel de guerre. Est-​il possible, me demandais-​je, que des hommes cupides, prêts à sacrifier la vie de tous ces gens aux yeux bridés, soient responsables de l’extension de la guerre ? J’ai commencé à le croire quand j’ai appris que la campagne électorale de certains candidats à la présidence des États-Unis était souvent financée par ces industriels.

En 1964, au cours de sa campagne en vue des élections présidentielles, le Président Johnson promit d’établir la paix au Viêt Nam. Or, dans les mois qui suivirent, les efforts de guerre s’intensifièrent, contrairement à ce qu’il avait promis aux Américains. La presse et la radio parlaient beaucoup des efforts de l’administration américaine pour tromper le public. L’administration devenait de moins en moins crédible. Comprenez-​vous pourquoi tant de jeunes gens ne pouvaient plus accorder leur confiance à nos dirigeants ?

Dans le même temps, comme la guerre prenait de l’ampleur, on commença à appeler des étudiants sous les drapeaux. Cela allait m’obliger à prendre une décision difficile.

LE PROBLÈME DE LA CONSCRIPTION

Pendant des mois, j’ai tourné et retourné ce problème. Puis-​je soutenir l’effort de guerre ? Puis-​je prendre les armes et tuer des Vietnamiens ?

Finalement, j’en ai conclu que je ne le pouvais pas. À mes yeux, ce n’était pas juste. Je sais que certaines personnes diront peut-être : “Oui, vous vous êtes tout simplement conduit en lâche en refusant la conscription. Quand votre pays vous dit de faire quelque chose, la seule chose juste à faire, c’est d’obéir.”

À cette époque-​là, j’ai longuement réfléchi à la question. Je me suis souvenu que les chefs allemands qui ont été jugés à Nuremberg, ainsi qu’Adolf Eichmann, qui l’a été plus récemment, avaient cherché à excuser leurs crimes en disant qu’ils n’avaient fait qu’obéir aux ordres. Cependant, ils ont été jugés coupables et exécutés. Les juges les reconnurent responsables de leurs actes, bien qu’on leur ait ordonné de commettre ces actes horribles.

Dans mon raisonnement, les Américains se trouvaient dans une situation du même genre. Quand les journaux rapportaient la mort horrible d’hommes, de femmes et d’enfants brûlés par les bombes au napalm, je comparais cela aux exterminations massives dans les fours crématoires des camps allemands. Mon raisonnement fut renforcé quand Ky, le Premier ministre Vietnamien, qui ne paraissait devoir son pouvoir qu’aux armées américaines, déclara qu’à ses yeux le seul héros était Adolf Hitler.

DES EFFORTS POUR CHANGER LE SYSTÈME

Si j’ai décidé de refuser la conscription, ce n’est pas parce que je me “dégonflais”. Non, j’aimais beaucoup mon pays, et c’est pourquoi je commençais à me demander ce que je pouvais faire pour améliorer les choses. Je pensais qu’en devenant sociologue je pourrais aider l’Amérique à résoudre le douloureux problème racial et même les problèmes internationaux. C’est pourquoi, en 1967, je suis entré à l’université d’Hawaii, afin d’y suivre les cours nécessaires pour préparer une telle carrière.

À l’école, mon attention fut attirée par une information inscrite sur le tableau d’affichage. Elle invitait ceux qui étaient contre la guerre au Viêt Nam à assister à une réunion des Étudiants pour une société démocratique (ESD). C’est à cette époque-​là que j’ai fait la connaissance de Jeanne, étudiante comme moi, qui m’a accompagné dans mes activités contre la guerre.

Même les articles de presse courants dénonçaient les déclarations officielles trompeuses concernant la guerre. Ainsi, au début de l’année 1968, d’après un sondage d’opinion, ce n’était plus une minorité, mais la majorité des Américains qui étaient contre la guerre. Nous avons alors commencé à croire que nos efforts pour changer le système pouvaient vraiment être couronnés de succès. Cette possibilité parut se confirmer quand, le 31 mars 1968, le Président Johnson annonça qu’il ne se représenterait pas aux élections. Il semble que l’opinion publique l’ait fait renoncer à la présidence.

Quelques jours plus tard, le président des ESD prononça un discours très émouvant après quoi il brûla sa feuille d’incorporation devant les caméras de la télévision pour protester contre la guerre. Avec d’autres étudiants nous avons fait la même chose, ce que je ne ferais plus maintenant. L’incident fut rapporté le soir même dans les journaux télévisés et le lendemain dans la presse.

Au mois d’avril, les étudiants qui étaient contre la guerre occupèrent les locaux de l’Université Columbia à New York et fermèrent l’école. À l’université d’Hawaii, les étudiants organisaient presque chaque jour de grands meetings contre la guerre. Puis, en mai, quand le professeur Oliver Lee, adversaire déclaré de la guerre, fut renvoyé de l’université, des étudiants occupèrent le campus pendant plusieurs jours.

Jeanne et moi étions parmi les centaines d’étudiants qui occupèrent Bachman Hall pour réclamer la réintégration de Lee. Finalement, la police nous fit quitter les lieux devant les caméras de la télévision. Nous avons été arrêtés puis libérés sous caution le lendemain matin.

Quelques jours plus tard, c’étaient les vacances d’été, et les étudiants se dispersèrent. Que pouvions-​nous faire ? En cette période d’élections, tous les yeux de l’Amérique allaient être braqués sur la Convention des Démocrates qui avait lieu à Chicago. Peut-être pouvions-​nous apporter un changement dans un domaine important en influençant les hommes au pouvoir, afin qu’ils fassent cesser la guerre. C’est ce que nous pensions à l’époque, et nous avons décidé d’essayer.

“LE MASSACRE DE L’AVENUE MICHIGAN”

Ce qui s’est passé ce mercredi-​là, à l’occasion de la Convention des Démocrates, a été appelé depuis “le massacre de l’avenue Michigan”. Des millions de gens en ont été témoins grâce à la télévision. Une enquête fédérale a qualifié ces incidents de “débordements policiers”. Elle a fait remarquer que la police ‘s’est souvent livrée à des actes de violence sur des gens qui n’avaient transgressé aucune loi, désobéi à aucun ordre ni proféré aucune menace’. Nous pouvons témoigner qu’il en a bien été ainsi, bien que certains manifestants aient provoqué les policiers en les injuriant.

Après avoir écouté plusieurs discours à Grant Park, nous allions commencer notre marche quand la police attaqua. Des bombes lacrymogènes pleuvaient de toutes parts. Il y avait partout des soldats qui, baïonnette au canon, interdisaient l’accès aux ponts qui conduisaient au centre de la ville. Finalement, nous avons trouvé un pont qui était beaucoup moins bien gardé et nous avons réussi à le traverser.

Nous étions de plus en plus nombreux à mesure que les jeunes gens traversaient les ponts et nous rejoignaient sur l’avenue Michigan. Mais, alors qu’il semblait que notre marche allait réussir, des policiers et des soldats nous ont empêchés d’aller plus loin. Ils se sont mis à nous lancer des bombes lacrymogènes et à nous frapper à coups de matraque. Tous ceux qui se trouvaient sur leur passage furent jetés au sol et piétinés, tandis que d’autres avaient la tête en sang à cause des coups de matraque qu’ils avaient reçus. Des jeeps, dont les pare-chocs étaient surmontés de fils de fer barbelés, commencèrent à enfoncer la foule, telles des charrues, écrasant les manifestants les uns contre les autres. Empoignant Jeanne par le bras, j’ai fait des efforts désespérés pour la mettre en sûreté.

Finalement, Jeanne, sa sœur et moi avons réussi à passer à travers le barrage de police et nous nous sommes éloignés en courant de la zone dangereuse. Il était environ vingt et une heures, et nous avions faim. Nous avons donc pris un repas dans un restaurant. À notre connaissance, le seul moyen de retourner à l’endroit où nous logions était de prendre un train près de l’avenue Michigan.

POURQUOI NOUS AVONS RENONCÉ

Nous approchions de la gare quand un groupe de policiers est arrivé sur nous en courant. Je leur ai dit que nous voulions prendre le train. Mais, alors que nous ne les avions pas provoqués, ils nous ont injuriés et nous ont empoignés. Ils ont même commencé à frapper la sœur de Jeanne qui ne se laissait pas faire. Ensuite, on nous jeta dans un fourgon cellulaire. Au poste de police, une centaine d’entre nous ont passé la nuit dans une pièce qu’on appelait “le tank”.

Le lendemain matin, j’ai comparu devant le juge. Je n’ai même pas eu la possibilité de prononcer une parole pour m’expliquer. Il n’a même pas levé les yeux sur moi. En toute bonne conscience, je ne pouvais plaider coupable. J’ai donc décidé de faire la preuve de mon innocence.

Jeanne a repris ses cours à Hawaii, et moi je suis retourné dans le Massachusetts pour achever mes études. Dans les mois qui suivirent, j’ai fait plusieurs fois le voyage de Chicago en avion pour me présenter au tribunal. Mais chaque fois, l’agent de police qui devait confirmer les accusations portées contre moi ne se présentait pas. Le juge renvoyait donc le jugement au mois suivant. Après que j’eus dépensé plusieurs centaines de dollars, mon avocat m’a dit que tout cela était inutile. Le tribunal allait faire traîner l’affaire indéfiniment et attendre que je m’abstienne de me présenter pour pouvoir me déclarer coupable.

Tout cela m’a fait comprendre que le système ne pouvait être réformé. J’ai donc renoncé à essayer de le changer. Ma philosophie est devenue celle-ci : “Mangeons, buvons et réjouissons-​nous.” J’ai fréquenté l’école juste assez pour décrocher mon diplôme. Jeanne a quitté Hawaii pour me rejoindre. Nous nous sommes mis en ménage et nous avons commencé à faire usage de la drogue. Toutefois, cette vie uniquement axée sur la recherche du plaisir ne nous procurait aucune satisfaction.

EXISTE-​T-​IL UNE ESPÉRANCE ?

Nous pensions que par notre façon de nous habiller, par notre apparence et par notre conduite nous manifestions notre rébellion contre l’hypocrisie et l’injustice de ce qu’on appelle le “système”. Mais l’usage de la drogue, nos mœurs sexuelles et les autres aspects de notre mode de vie étaient-​ils bons ? Je commençais à en douter. Beaucoup de jeunes gens considéraient le mariage comme une institution dépassée. Pourtant, je me rendais compte que ceux qui changeaient constamment de partenaire ne trouvaient pas le véritable bonheur. Je ne voulais pas de cela pour Jeanne et pour moi. Nous nous sommes donc mariés en été 1969.

Bien que conscient que tout effort en vue de changer ce système était vain, je voulais néanmoins aider les hommes. J’ai donc décidé de devenir instituteur. Comme j’avais demandé que l’on me confie un poste là où les enfants avaient particulièrement besoin d’aide, j’ai commencé à enseigner une classe de troisième dans un quartier noir de Philadelphie.

Ayant consulté les fiches médicales des élèves, je me suis aperçu que la plupart d’entre eux étaient sous-alimentés et débiles. Beaucoup habitaient des taudis insalubres et surpeuplés et connaissaient une misère incroyable. Par la suite, je me suis aperçu que certains de ces gosses avaient déjà eu des relations sexuelles et que quelques-uns étaient les pourvoyeurs de drogue de leurs parents. La majorité d’entre eux étaient incapables d’additionner 2 + 3 ou de réciter l’alphabet. Je n’aurais jamais cru qu’une telle misère puisse exister. C’était désespérant. Il était décourageant de constater que malgré tous ses efforts on ne pouvait faire que très peu de bien autour de soi. Mais où pouvions-​nous trouver une occupation qui soit enrichissante et qui procure le contentement ?

Nous avions étudié sérieusement l’astrologie, l’occultisme et diverses religions orientales. Mais tout cela n’avait rien de satisfaisant. Puis, j’ai lu le livre (The population Bomb) de Paul Ehrlich, professeur à l’Université Stanford. Quand Ehrlich est venu à Philadelphie, nous avons également assisté à sa conférence. D’après lui, il était déjà trop tard. L’humanité allait au-devant de catastrophes ultimes et sans précédent parce qu’elle avait saccagé son environnement et mal géré les affaires de la terre. Mais je pensais qu’on pouvait peut-être mettre son espérance dans le mouvement grandissant en faveur de l’écologie.

N’ayant pas oublié les déceptions que nous avait values notre participation au mouvement contre la guerre, ce n’est pas sans une certaine hésitation que nous avons accepté une invitation à une réunion en faveur de l’écologie à l’Université Temple. Nous étions venus pour assister à une conférence sur la pollution de l’air. Mais quand nous sommes entrés dans une salle tout embrumée par la fumée de cigarettes, nous avons tout de suite compris que ce mouvement n’aboutirait à rien. Toutefois, je me suis lancé dans la lecture de livres d’écologie et je me suis inscrit à un cours sur l’environnement afin d’obtenir une licence. J’étais convaincu que la société industrielle ne tarderait pas à disparaître et je commençais à me préparer en vue du genre de vie qui suivrait sa disparition.

Mon père possédait quarante hectares de forêt à Hawaii. Nous avons donc projeté d’y fonder une communauté autarcique qui respecterait l’équilibre de la nature. Nous recherchions sérieusement un nouveau mode de vie qui puisse remplacer le mode de vie actuel, car nous étions convaincus que le présent système était condamné. Mais la solution que nous recherchions allait nous être proposée d’une manière tout à fait inattendue.

RÉEL ESPOIR D’UN CHANGEMENT HEUREUX

C’étaient les vacances d’été. David, mon frère cadet, est venu d’Hawaii et tous trois nous avons fait un peu de camping. David, qui voulait devenir pasteur, avait apporté une Bible. Chaque soir, alors que nous étions assis autour d’un feu de camp, il nous lisait quelques chapitres de la Bible qu’il avait sélectionnés. En écoutant les récits concernant Joseph et ses frères ainsi que David et Goliath, nous avons été surpris de constater que la Bible pouvait être très intéressante. Quand nous avons lu le livre de l’Ecclésiaste, ses conclusions sur la vanité de la vie dans le présent système de choses nous ont paru tout à fait d’actualité.

Cet été-​là, Jeanne et moi disposions de beaucoup de temps. Nous n’avions d’autre occupation que celle de cultiver le plus de légumes possible dans notre petit jardin de quatre mètres sur quatre, afin d’en tirer notre nourriture. Nous nous sommes donc procuré une Bible, la Version autorisée en anglais, et nous nous sommes mis à la lire à haute voix chacun notre tour. Nous avons commencé par les Évangiles et les Actes des apôtres. En lisant les condamnations virulentes que Jésus avait prononcées contre les chefs religieux de son temps (Matthieu, chapitre 23), nous ne pouvions nous empêcher de penser au clergé actuel. Son hypocrisie nous avait repoussés. Ainsi, tant que l’opinion publique fut favorable à la guerre au Viêt Nam, le clergé l’avait soutenue activement, puis, après que l’opinion publique eut changé et qu’elle se fut prononcée contre la guerre, le clergé a commencé, lui aussi, à protester contre la guerre.

Nous avons lu aussi les prophéties d’Ésaïe, qui nous ont particulièrement impressionnés. Après la lecture de ces paroles : “Ils devront forger leurs épées en socs de charrue et leurs lances en cisailles à émonder. Une nation ne lèvera pas l’épée contre une nation, et ils n’apprendront plus la guerre”, j’ai fait cette remarque à Jeanne : “Tiens, ce prophète Ésaïe était, lui aussi, contre la guerre. Il s’intéressait même à l’écologie puisqu’il voulait utiliser pour l’agriculture les fonds réservés à la guerre.” — És. 2:4.

Puis, ayant remarqué cette phrase juste avant ce passage : “Il adviendra sans faute, dans la période finale des jours”, nous nous sommes demandé si ces paroles ne concernaient pas notre époque. En poursuivant notre lecture, nous avons vu qu’Ésaïe parlait de Juda et de Jérusalem dans les temps anciens. Mais nous ne pouvions nous empêcher de penser à la similitude remarquable entre les paroles d’Ésaïe et la situation au vingtième siècle. Plus nous avancions dans notre lecture, plus nous étions convaincus que ces prophéties devaient s’appliquer d’une manière ou d’une autre à l’actuel système mondial.

Et si c’était vrai, cela signifierait donc que le présent système de choses corrompu devait être détruit, comme l’annonçait cette autre prophétie : “Et le pays a été contaminé sous ses habitants, car ils ont contourné les lois, changé la prescription, rompu l’alliance d’une durée indéfinie. C’est pourquoi l’imprécation a dévoré le pays, et ceux qui l’habitent sont tenus pour coupables. C’est pourquoi les habitants du pays ont décru en nombre, et il n’est resté que très peu d’hommes mortels.” — És. 24:5, 6.

Ces prophéties étaient-​elles dignes de foi ? Nous croyions en un Dieu Tout-Puissant. Nous étions émerveillés par sa création vivante et par les cycles naturels de la terre. Nous étions stupéfaits de voir comment de minuscules graines que nous semions dans la terre produisaient peu après une nourriture si variée. Le Créateur qui est l’auteur de tous ces miracles était-​il le Dieu qui avait donné à Ésaïe ce message qui paraissait si approprié à notre époque ?

Nous commencions à le croire. Mais si, comme la Bible l’indiquait, le présent système devait être détruit, allait-​il être remplacé par quelque chose de mieux ? Nous désirions le savoir. Pour nous aider dans nos recherches, nous nous sommes procuré une traduction moderne de la Bible, la Bible de Jérusalem [en anglais]. Parfois, nous passions toute une journée à lire la Bible ensemble.

UN DIEU PERSONNEL QUI A UN DESSEIN

Dans la Bible de Jérusalem, le nom “Yahvé” apparaissait page après page à la place des titres “Seigneur” et “Dieu”. Je me suis rappelé qu’un cours de religion à l’université nous avait appris que Yahvé (ou la forme plus courante Jéhovah) était l’équivalent du nom de Dieu, tel qu’il apparaît dans les manuscrits de la Bible en langue originale. La répétition fréquente du nom de Dieu nous a influencés. Nous avons commencé à considérer Dieu comme une personne réelle avec qui nous pouvions communiquer et qui avait un dessein. Mais quel genre de personne est Yahvé ? Voilà ce que nous nous demandions.

Notre amour pour Yahvé grandissait au fur et à mesure que notre lecture nous révélait ses desseins. Nous avons particulièrement recherché les textes de la Bible qui annoncent la destruction du présent système corrompu, car cela venait confirmer ce que nous croyions. Mais nous nous sommes mis aussi à prendre note de tous ceux qui parlaient d’un nouveau système. La lecture de prophéties comme celle que l’on trouve à la fin du chapitre 65 du livre d’Ésaïe És 65, nous amena à penser qu’on pouvait peut-être espérer en un avenir meilleur. Cette prophétie déclare :

“Je vais créer des cieux nouveaux et une terre nouvelle (...). Ils bâtiront des maisons qu’ils habiteront, ils planteront des vignes dont ils mangeront les fruits. (...) Ils ne peineront plus en vain, ils n’auront plus d’enfants destinés à leur perte, car ils seront une race bénie de Yahvé, ainsi que leur descendance. Avant même qu’ils appellent je leur répondais ; ils parleront encore qu’ils seront déjà exaucés. Le loup et l’agnelet paîtront ensemble, le lion mangera de la paille comme le bœuf (...). On ne fera plus de mal ni de ravages sur toute ma sainte montagne, dit Yahvé.” — És. 65:17-25, Jérusalem.

Ce Dieu Yahvé allait-​il vraiment créer un nouveau système de choses dans lequel la vie serait aussi belle ? Si Yahvé est le Dieu qui a créé l’univers merveilleux, alors, pensions-​nous, peut-être réalisera-​t-​il ces promesses. Toutefois, nous nous posions ces questions : Yahvé va-​t-​il protéger des hommes lors de la destruction prochaine du monde pour les faire entrer dans un nouveau système ? Si oui, qui sont ces hommes ?

Aucune des Églises que nous connaissions ne paraissait remplir les conditions. Pour autant que nous avions pu le constater, la plupart des hommes corrompus du monde de la politique ou des affaires étaient des membres respectés de ces Églises. C’étaient aussi des membres de ces Églises qui participaient à la guerre en Asie du sud-est. Plus nous lisions la Bible, plus les Églises paraissaient être condamnées par le livre même dont elles se réclamaient.

Encore quelques jours, et j’allais reprendre mon activité d’enseignant et suivre des cours à l’université. À la suite de notre lecture de la Bible, nous étions découragés, car de nombreuses questions étaient restées sans réponse. Dans un moment de désespoir nous avons fait quelque chose que nous n’avions jamais fait auparavant. Jeanne et moi avons incliné la tête et j’ai prié Yahvé à haute voix, lui demandant de nous guider pour que nous sachions où nous tourner et quoi faire.

NOUS APPRENONS COMMENT LE CHANGEMENT VIENDRA

Après avoir prié, nous avons allumé une cigarette de marijuana. Mais presque immédiatement après on sonna à notre porte. Était-​ce la police ? Tandis que Jeanne courait comme une folle dans toute la maison pour cacher la drogue et répandre du désodorisant, je suis sorti sur le palier en prenant soin de refermer la porte derrière moi.

C’était une jeune femme noire qui s’est présentée en tant que Témoin de Jéhovah. Elle m’a justement parlé des choses pour lesquelles nous venions de prier. Elle m’a proposé le livre La vérité qui conduit à la vie éternelle, que j’ai accepté. Je lui ai également posé cette question : “Puis-​je me rendre compte par moi-​même quel genre de personnes sont les Témoins de Jéhovah ?” Elle m’a alors invité à assister à leur réunion à la Salle du Royaume et m’a offert deux périodiques : La Tour de Garde et Réveillez-vous !

C’était un samedi midi. Jeanne s’est assise dans une pièce pour lire La Tour de Garde et Réveillez-vous !, et j’ai commencé à lire le livre dans une autre pièce. Mais nous n’avons pas tardé à nous appeler d’une pièce à l’autre en disant : “Écoute donc ceci !” ou : “C’est formidable !” Ce soir-​là, j’avais achevé la lecture du livre. Au cours des deux mois précédents, j’avais lu la Bible entièrement. Maintenant je commençais à comprendre ce que signifiaient ses différentes parties.

Depuis mon enfance, je priais comme Jésus l’avait appris à ses disciples, savoir : “Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié ! Que ton royaume vienne ! Que ta volonté se fasse, comme dans le ciel, aussi sur la terre !” (Mat. 6:9, 10). Je pensais que le Royaume de Dieu correspondait à un état d’esprit ou de cœur paisible. Mais ce n’était pas cela, bien sûr ! Maintenant je comprenais que le Royaume de Dieu est un véritable gouvernement. C’est l’instrument par lequel Dieu balaiera le présent système corrompu.

J’ai très bien compris cela quand j’ai relu le texte de Daniel 2:44, qui dit : “Dans les jours de ces rois-​là, le Dieu du ciel établira un royaume qui ne sera jamais supprimé. (...) Il écrasera et mettra fin à tous ces royaumes, et lui-​même subsistera jusqu’à des temps indéfinis.” Je comprenais également que tous les efforts que j’avais faits dans les années passées, par exemple ma participation à des manifestations, dans le but de changer le présent système, n’étaient pas seulement vains, mais contraires à ce que la Bible déclare dans Romains 13:1-7. Je me rendais compte, en effet, que les vrais chrétiens doivent rester neutres dans les affaires politiques et attendre que Dieu lui-​même change le système en le faisant disparaître.

Je commençais aussi à comprendre qu’après que son Gouvernement aura détruit le présent système mondial, Dieu veillera à ce que se réalise son dessein originel qui est de faire de la terre un paradis, ce qu’indiquent précisément les prophéties que nous avions lues. J’ai également appris quelque chose de merveilleux que je n’avais pas remarqué : Dieu accordera à ses serviteurs la vie éternelle dans ce paradis terrestre. J’ai été vivement impressionné par plusieurs textes bibliques, dont celui-ci : “Les justes posséderont la terre, et sur elle ils résideront pour toujours.” — Ps. 37:29.

Je me rendais compte que la clé de tout cela est le ROYAUME DE DIEU. Oui, Dieu n’est pas indifférent. Il dispose d’un véritable gouvernement au moyen duquel il réalisera ses desseins. Le chapitre “Pourquoi Dieu a-​t-​il permis le mal jusqu’à nos jours ?”, dans le livre Vérité, m’a aidé à comprendre la lenteur apparente avec laquelle Dieu agit. Il m’a montré que des questions capitales, qui concernent même le domaine spirituel, devaient être tranchées avant la destruction du présent système corrompu.

Mais tout cela n’était-​il que de la théorie ? Y avait-​il des preuves tangibles que le Gouvernement de Dieu existe réellement ? C’est ce que je voulais savoir.

NOUS TROUVONS CE QUE NOUS CHERCHIONS

Le lendemain, le 6 septembre 1970, Jeanne et moi sommes allés à la Salle du Royaume. Quand nous sommes arrivés, la réunion avait déjà commencé. Nous avons remarqué que tous les assistants étaient très propres et paraissaient très heureux. Même les petits enfants participaient à la réunion en lisant avec facilité des textes de la Bible. Connaissant la situation dans les écoles, j’en ai conclu que leurs parents devaient s’intéresser sincèrement à eux. J’étais également très impressionné par la connaissance biblique des assistants. Mais c’est ce qui s’est passé après la réunion qui m’a impressionné le plus.

Plus d’une centaine de personnes, depuis le petit enfant jusqu’au vieillard, nous ont salués amicalement comme nous ne l’avions jamais été auparavant. Nous étions d’autant plus surpris que j’avais les cheveux longs et une barbe et que Jeanne était habillée à la manière des hippies. De plus, presque tous les assistants étaient des Noirs, car nous étions dans un quartier noir. À l’école où j’enseignais, il avait fallu un certain temps avant que les Noirs m’acceptent. Ils semblaient se méfier des Blancs, mais ce n’était pas le cas dans cette Salle du Royaume.

Nous avons été invités à revenir le mardi pour assister à l’École théocratique. Quand nous sommes arrivés, tout le monde nous a traités comme de vieux amis. Ce qui nous a beaucoup frappés, c’est que manifestement ces réunions avaient pour but de donner une meilleure intelligence de la Bible. Nous pouvions également constater que ce que ces gens apprenaient influençait leur vie. Nous avons été invités à prendre un repas dans une famille, et le mari nous a proposé d’étudier gratuitement la Bible chaque semaine, offre que nous avons acceptée.

Au bout de quelques semaines, Jeanne et moi étions convaincus d’avoir trouvé ce que nous cherchions : des gens qui s’aiment vraiment les uns les autres et qui se préparent avec confiance à vivre dans un nouveau système. Toute leur vie est régie par les lois divines contenues dans la Bible. Ils sont réellement devenus des sujets du Gouvernement de Dieu. Au fur et à mesure que nous progressions dans l’étude de la Bible, nous acquerrions la certitude que ses prophéties se réalisent et que nous vivons les dernières années de la génération qui verra la destruction de tout le présent système de choses sous les coups du Gouvernement de Dieu. — Mat. 24:3-14.

Nous avons tout de suite compris qu’il est urgent que tous les hommes apprennent ces renseignements vitaux concernant le Royaume de Dieu. Nous avons donc demandé à participer avec les Témoins à la prédication. Nous avons renoncé à la drogue et apporté les changements nécessaires dans notre façon de nous coiffer et de nous vêtir. En janvier 1971, nous avons été baptisés par les Témoins de Jéhovah, afin de symboliser l’offrande de notre personne à Jéhovah Dieu pour le servir. J’ai changé d’emploi et Jeanne et moi avons entrepris l’œuvre de prédication à plein temps. Cette activité nous a procuré de très nombreuses joies.

Ayant reçu une formation de missionnaires à Galaad, l’École biblique de la Watchtower à New York, nous partons pour l’Afrique, afin d’y prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Quel bonheur de pouvoir montrer aux Africains que d’après la Bible, la Parole de Dieu, la misère, la guerre, les préjugés et les injustices qui caractérisent le présent système vont bientôt disparaître, pour être remplacés par des conditions de justice sous la domination du Royaume de Dieu ! — II Pierre 3:13.

— D’un de nos lecteurs.

[Entrefilet, page 326]

“J’ai souvent eu les larmes aux yeux en lisant le récit des injustices.”

[Entrefilet, page 327]

“Même les articles de presse courants dénonçaient les déclarations officielles trompeuses concernant la guerre.”

[Entrefilet, page 328]

“Des policiers et des soldats nous ont empêchés d’aller plus loin. Ils se sont mis à nous lancer des bombes lacrymogènes et à nous frapper.”

[Entrefilet, page 329]

“Beaucoup de jeunes gens considéraient le mariage comme une institution dépassée.”

[Entrefilet, page 330]

‘Le clergé ne protestait contre la guerre qu’après que l’opinion publique se soit prononcée contre la guerre.’

[Entrefilet, page 331]

“Plus nous lisions la Bible, plus les Églises paraissaient être condamnées par le livre même dont elles se réclamaient.”

[Entrefilet, page 333]

“Des gens qui s’aiment vraiment les uns les autres.”

[Illustration, page 332]

Jeanne et moi trouvions enfin les réponses que nous cherchions.

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