Questions des lecteurs
■ Pourquoi la Traduction du monde nouveau rend-elle Proverbes 11:16 différemment de certaines autres traductions? Comment faut-il comprendre ce verset?
Dans la Traduction du monde nouveau, Proverbes 11:16 se lit comme suit: “Une femme de charme, c’est celle qui saisit la gloire; mais les tyrans, eux, saisissent la richesse.”
Cette traduction prudente du verset, tel qu’il nous est parvenu dans le texte hébreu massorétique, se retrouve dans beaucoup d’autres versions modernes. — Bible de Jérusalem, Bible du Rabbinat français, version Segond révisée (1978).
D’autres traducteurs, trouvant ce verset difficile à comprendre, ont essayé de le rendre plus clair et se sont reportés pour cela à la version des Septante, une très ancienne traduction grecque du texte hébreu. Dans la citation ci-dessous, nous avons mis en italique les membres de phrases qui n’apparaissent pas dans le texte hébreu. Voici comment la Septante rend Proverbes 11:16:
“La femme qui a de la grâce attire de la gloire à son mari, mais la femme qui hait la justice est un trône de déshonneur. Les hommes mous viennent à perdre leurs richesses, mais les hommes énergiques acquièrent la richesse.” — Bible de Crampon, note en bas de page.
Certaines versions modernes étoffent le verset à la façon du texte grec. C’est le cas d’une Bible allemande (Göttinger Bibelwerk); mais le commentaire dit ceci: “La traduction grecque que nous avons suivie ajoute deux lignes et fait donc apparaître deux proverbes distincts énonçant chacun une idée précise; quant à savoir s’ils sont conformes au texte original, la chose est discutable.” — Vol. 16, page 51.
Pourtant, il n’est pas nécessaire d’adopter une leçon “discutable”. Il est possible de comprendre le sens de ce verset tel qu’il apparaît dans le texte hébreu, par exemple dans la Biblia Hebraica de Rudolf Kittel, qui a servi de base à la Traduction du monde nouveau. Ce verset établit un contraste entre la gloire durable que se procure une femme pieuse et les richesses éphémères que s’amasse un tyran.
La Bible montre que la sagesse pratique, la capacité de réflexion et un bon usage de la langue donnent à une personne du charme et de la valeur (Proverbes 3:21, 22; 4:7-9; 22:11; Psaume 45:1, 2). Ceci peut être vrai d’une femme, témoin le cas d’Abigaïl, qui était mariée à Nabal, un homme insensé. Bien qu’elle fût “bonne quant à la prudence et belle de forme”, David la loua particulièrement pour son “bon sens”. — I Samuel 25:3, 33.
N’importe quelle femme pieuse qui, par sa sagesse, son bon sens et le bon usage de sa langue, acquiert le véritable charme, connaîtra la “gloire”. Si elle est mariée, elle se couvrira de “gloire” aux yeux de son mari, et l’on parlera d’elle en bien, ce qui ne manquera pas de rejaillir favorablement sur la “gloire” de toute la famille. Sa gloire n’aura pas un caractère passager. En effet, nous lisons en Proverbes 22:1: “Un nom est préférable à d’abondantes richesses; la faveur vaut mieux que l’argent et l’or.” Le beau nom d’un véritable adorateur garde toujours la même valeur aux yeux de notre Dieu et Dispensateur de la vie. — Voir Actes 9:36-39.
Maintenant, mettons cette gloire en opposition avec celle d’un tyran, comme fait le proverbe. L’Écriture range les tyrans avec les ‘hommes méchants’ et les ‘adversaires’ des adorateurs de Jéhovah Dieu (Job 6:23; 27:13). Les tyrans “n’ont pas mis Dieu devant eux”. (Psaume 54:3.) Peut-être qu’en supprimant l’innocent ou en le dépouillant, ces hommes pourront ‘amasser de l’argent comme de la poussière’. Cependant, ils risquent à chaque instant de devoir se coucher sans pouvoir se relever. Chaque journée qu’ils commencent en ouvrant les yeux est susceptible d’être la dernière. Alors, tout ce qu’ils ont fait et toutes les richesses qu’ils ont amassées ne servent plus à rien. — Job 27:16, 19; voir aussi Luc 12:16-21.
Bien qu’un tyran puisse posséder de nombreuses richesses et avoir confiance en elles, sa confiance est mal placée. Un peu plus loin dans le même chapitre des Proverbes nous lisons: “Celui qui se confie dans sa richesse — lui, il tombera.” — Proverbes 11:28.
Il y a donc une leçon importante à tirer de Proverbes 11:16. Même si elles sont un critère de succès dans le présent monde, les richesses du tyran n’ont aucune valeur durable aux yeux de Dieu. Néanmoins, il est possible d’obtenir l’approbation divine. La “gloire” que se procurent ceux qui craignent Dieu — et dont la femme chrétienne est un excellent exemple — ouvre la porte à des bienfaits éternels. — I Pierre 3:1-6.