Les jeunes s’interrogent...
Comment vaincre cette obsession pour mon poids ?
“ Mon plus grand dilemme dans la vie, c’est de savoir si oui ou non je dois mettre de la mayonnaise dans mon sandwich. Comment voulez-vous que je me concentre sur quelque chose si je suis obsédée par la mayonnaise ? Finalement, pas de mayonnaise, parce que trop calorique. Encore une fois, l’anorexie gagne la partie. Et moi je perds. ” — Marine.
DES millions de jeunes souffrent de troubles du comportement alimentairea. Pour la plupart, elles n’avaient pas au départ l’intention de s’affamer (anorexie) ou de faire alterner gavages et purges (boulimie). Au contraire, plus d’une a commencé avec le simple objectif de perdre quelques kilos. Et puis, avant même de s’en rendre compte, elles se sont enfermées dans un étrange cycle de diète ou de gavage. “ J’ai entamé ce régime pour maîtriser mon poids, mais maintenant c’est lui qui me maîtrise ”, dit Marine.
Que faire si vous pensez être obsédée par la nourriture et son effet sur votre poids ? D’abord, dites-vous que beaucoup d’autres jeunes ont combattu leurs troubles du comportement alimentaire et l’ont emporté. Comment ?
Un coup d’œil dans la glace
Un pas important vers la victoire sur un trouble de l’alimentation consiste à vous réconcilier avec votre apparence. “ La plupart des [malades] ont une vision déformée de leur personne, lit-on dans Changements de corps, changements de vie (angl.). Elles ne perçoivent pas leur corps avec réalisme et sont très sévères avec elles-mêmes, surtout concernant leur apparence. ”
Et c’est vrai : certaines adolescentes réduisent toute l’image qu’elles ont d’elles-mêmes à leur silhouette ; le moindre défaut est ressenti comme catastrophique. “ Je suis tellement grosse que c’est insupportable, dit Sylvie, 17 ans. J’ai la taille si épaisse que je ne peux jamais rien porter rentré dans la ceinture. ” Même après avoir perdu 10 kilos, Sylvie n’était pas contente. Alors soit elle refusait de manger, soit elle dévorait pour ensuite se faire vomir.
Se soucier raisonnablement de son apparence n’est bien sûr pas un mal. À cet égard, il est intéressant de savoir que la Bible parle en termes favorables de la silhouette et de l’aspect de plusieurs hommes et femmes, dont Sara, Rachel, Joseph, David, ou Abigaïlb. La Bible précise même qu’Abishag, la garde de David, était “ extrêmement belle ”. — 1 Rois 1:4.
Définition de la vraie beauté
Cela dit, la Bible n’accorde pas une importance primordiale à l’apparence physique ou à la silhouette. Au contraire, elle fait l’éloge de “ la personne cachée du cœur ”. (1 Pierre 3:4.) C’est la personne intérieure qui rend quelqu’un soit attirant, soit détestable aux yeux de Dieu et des humains. — Proverbes 11:20, 22.
Témoin le cas d’Absalom, le fils de David, dont la Bible dit : “ Il n’y avait pas d’homme aussi beau dans tout Israël, pour être tellement loué. De la plante de son pied au sommet de sa tête il n’y avait pas de tare en lui. ” (2 Samuel 14:25). Et pourtant ce jeune homme était un traître. L’orgueil et l’ambition le poussèrent à tenter d’usurper la place du roi établi par Jéhovah. C’est pourquoi la Bible ne donne pas de lui un bien joli portrait, mais le dépeint comme un homme effrontément déloyal et animé d’une haine meurtrière.
La vraie beauté ne dépend pas de l’aspect physique. La Bible dit fort justement : “ Acquiers la sagesse ; et avec tout ce que tu acquiers, acquiers l’intelligence. Elle donnera à ta tête une guirlande de charme ; elle te fera don d’une couronne de beauté. ” — Proverbes 4:7, 9.
Cependant, il faut admettre que, souvent, les troubles du comportement alimentaire ne sont pas dus seulement à une répugnance pour son apparence. Un ouvrage dit ceci : “ Les gens qui deviennent obsédés par la nourriture et se trouvent en proie aux troubles du comportement alimentaire tels que l’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie ont souvent une piètre estime d’eux-mêmes : ils n’ont pas une haute opinion de leur valeur et pensent que les autres non plus ne leur accordent pas de valeur. ”
Un certain nombre de facteurs peuvent contribuer au sentiment de médiocrité. Ainsi, l’apparition de la puberté déclenchera peut-être en vous des incertitudes, surtout si vous vous êtes épanouie avant les filles de votre âge. D’autres jeunes grandissent dans un foyer perpétuellement instable, et peut-être même sont-elles victimes de violences corporelles ou d’abus sexuels. Quelle qu’en soit la cause, vous ne pourrez guérir que si vous identifiez tout ce qui alimente votre sentiment de médiocrité. Il faut pour cela que vous arriviez à prendre conscience de votre vraie valeur personnelle. Tout le monde a au moins quelques qualités louables (voir 1 Corinthiens 12:14-18). Évidemment, sans doute ne voyez-vous pas les vôtres, mais un(e) ami(e) mûr(e) serait en mesure de vous les faire toucher du doigt.
Si maintenant vous avez vraiment besoin de perdre du poids pour des raisons de santé valables, la Bible vous fait cette recommandation : ‘ Soyez modérée dans vos habitudes. ’ (1 Timothée 3:11). Le mieux est d’éviter les extrêmes dans les régimes ainsi que le piège des promesses d’amaigrissement rapide. Sans doute la meilleure façon de se débarrasser de kilos superflus est-elle de manger sainement et de faire un peu d’exercice. La revue FDA Consumer dit ceci : “ Comme pour tout ou presque, il y a deux façons de perdre du poids, une bonne et une mauvaise. La mauvaise est de sauter des repas, de se mettre au pain et à l’eau, de prendre des cachets pour maigrir ou de se faire vomir. ”
Confiez-vous à quelqu’un
Nancy Kolodny, travailleuse sociale, compare les troubles de l’alimentation au fait d’“ entrer seule dans un labyrinthe, sans carte ni boussole, sans connaître l’emplacement des sorties et sans savoir ni quand ni si vous trouverez votre chemin. [...] Plus longtemps vous y restez, plus vos efforts pour en sortir vous plongent dans l’incertitude et la déception ”. Par conséquent, si vous présentez des symptômes d’anorexie ou de boulimie, demandez absolument de l’aide. Vous ne sortirez pas seule du “ labyrinthe ”. Confiez-vous à votre père ou à votre mère, ou à un autre adulte en qui vous avez confiance. Un proverbe biblique dit : “ Un véritable compagnon aime tout le temps et c’est un frère qui est né pour les jours de détresse. ” — Proverbes 17:17.
Bien des Témoins de Jéhovah ont trouvé de tels compagnons fiables parmi les anciens dans la congrégation chrétienne. Évidemment, ces hommes ne sont pas médecins, et leur soutien n’éliminera pas la nécessité d’une aide médicale. Toutefois, les surveillants chrétiens ne fermeront pas l’oreille “ au cri de plainte du petit ” ; par ailleurs, leurs conseils et leurs prières peuvent contribuer à ‘ rétablir celui qui est souffrant ’ spirituellement. — Proverbes 21:13 ; Jacques 5:13-15.
Si vous n’osez pas vous confier à quelqu’un face à face, mettez ce que vous pensez par écrit dans une lettre et demandez une réponse. L’important est que votre problème ne reste pas votre secret. Nancy Kolodny ajoute : “ En reconnaissant que vous ne pouvez plus en venir à bout toute seule, vous vous engagez à laisser désormais quelqu’un vous prêter main-forte. ” Et encore : “ Sans doute ces étapes sont-elles difficiles à envisager et à franchir, mais elles sont bénéfiques, elles sont de celles qui vous mettent dans la bonne direction pour sortir du labyrinthe. ”
Les jeunes chrétiens ont une autre ressource puissante : la prière. La prière à Dieu n’est pas une béquille psychologique. C’est une communication réelle et indispensable avec le Créateur, qui vous comprend mieux que vous ne vous comprenez vous-même (1 Jean 3:19, 20) ! Par conséquent, même si le moment prévu par Jéhovah pour éliminer toutes les maladies n’est pas encore venu, le Dieu d’amour peut guider vos pas afin que vous ne chanceliez pas (Psaume 55:22). Le psalmiste David a écrit par expérience : “ J’ai interrogé Jéhovah et il m’a répondu, et de toutes mes frayeurs il m’a délivré. Cet affligé a appelé, et Jéhovah lui-même a entendu. Et de toutes ses détresses Il l’a sauvé. ” — Psaume 34:4, 6.
Par conséquent, il vous faut à tout prix exprimer vos sentiments les plus profonds à Jéhovah Dieu. “ Rejetez sur lui toute votre inquiétude, parce qu’il se soucie de vous. ” (1 Pierre 5:7). Pour vous persuader de la bonté de cœur de Jéhovah, que diriez-vous de lire attentivement les Psaumes 34, 77, 86, 103 et 139 ? La méditation sur ces psaumes renforcera votre certitude que Jéhovah est fidèle et qu’il veut que vous réussissiez. En lisant sa Parole, vous en viendrez à ressentir la même chose que David, qui a écrit : “ Quand j’avais le cœur surchargé de soucis, tu m’as consolé, tu m’as rendu la joie. ” — Psaume 94:19, Bible en français courant.
Patience : la guérison est progressive
La plupart de celles qui se font aider pour soigner un trouble du comportement alimentaire ne se remettent pas du jour au lendemain. Prenons le cas de Marine, citée dans l’introduction. Même après avoir obtenu de l’aide, elle a eu du mal à absorber ne serait-ce qu’un bol de céréales. “ Il faut que je me répète constamment que c’est bon pour moi, et que j’ai besoin de nourriture pour vivre, dit-elle. Chaque cuillerée que j’avale me semble peser une tonne. ”
Marine a frôlé la mort, mais elle a résolu de vaincre cette obsession vis-à-vis de la nourriture. “ Je ne veux pas mourir, dit-elle. Je vais me battre et gagner. Je surmonterai l’anorexie. Ce sera dur, mais j’y arriverai. ” Vous le pouvez vous aussi !
[Notes]
a Voir notre numéro du 22 avril 1999, pages 13 à 15. Comme dans le précédent article, nous parlerons des malades au féminin.
[Illustration, page 19]
Un régime équilibré et de l’exercice dans des proportions raisonnables sont de bons moyens pour maîtriser votre poids.