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  • Un alcoolique dans la famille — Que faire?
    Réveillez-vous ! 1983 | 8 mars
    • Un alcoolique dans la famille — Que faire?

      D’UN pas titubant, il réussit tout juste à rentrer à la maison après une nuit passée à boire et s’écroula ivre mort sur le parquet de la salle de séjour. Sa femme est peinée, bouleversée. Pourtant, elle se donne beaucoup de mal pour le relever, le nettoyer et le mettre au lit. Son mari est un alcooliquea.

      Le lendemain, il promet que cela ne se reproduira jamais plus. Parfois, il ne se souvient pas de la nuit précédente. Mais elle, elle s’en souvient. ‘Je n’ose pas lui en parler’, se dit-​elle, craignant que, si elle le faisait, il en serait tellement fâché qu’il se remettrait à boire. Comme il n’est pas en état d’aller au travail, elle téléphone à son patron et trouve un prétexte à son absence.

      Elle espère contre tout espoir qu’il boira moins. En fait, elle essaie de limiter sa consommation d’alcool en cachant les bouteilles ou en les jetant.

      Elle réduit le nombre de leurs relations par peur de la gêne que cause son habitude de boire. Elle ne fréquente plus leurs amis, même sans lui, de crainte qu’il ne se mette en colère et boive encore plus.

      Pourtant, en dépit de cela, il continue à boire. Pourquoi? Ne fait-​elle pas tout ce qu’elle peut pour l’aider? En réalité, sans le savoir, elle a rendu sa guérison plus difficile. Son mari n’est pas le seul à avoir besoin d’aide: elle aussi en a besoin.

      L’exemple ci-dessus décrit-​il une famille de votre connaissance, peut-être même la vôtre? Si tel est le cas, vous vous demandez sans doute: ‘Pourquoi dites-​vous que le conjoint qui ne boit pas a lui aussi besoin d’aide?’

      Effets de l’alcoolisme sur la famille

      L’alcoolisme a d’énormes conséquences émotionnelles sur la famille tout entière. Le conjoint, notamment, est souvent l’image invertie de l’alcoolique.

      Par exemple, le fait de nier le problème est un symptôme courant chez les alcooliques. De même, les autres membres de la famille refusent souvent de reconnaître qu’une difficulté existe, peut-être parce qu’ils ont peur d’être montrés du doigt. Si votre conjoint boit, vous apercevez-​vous que vous lui trouvez des “raisons” chaque fois qu’il s’enivre?

      Ce n’est pas tout. Comme vos efforts pour empêcher votre conjoint de boire échouent toujours, vous sentez peut-être croître en vous des sentiments de non-valeur et d’anxiété. Ou, ce qui serait encore pire, le ressentiment et l’amertume s’installent-​ils en vous? “J’ai souvent souhaité qu’il meure”, confessa une femme désespérée.

      Il n’est donc pas étonnant que vous souffriez des mêmes émotions et sentiments négatifs que l’alcoolique, c’est-à-dire l’anxiété, la peur, la colère, une impression de culpabilité, la nervosité, la frustration, la tension et l’autodénigrement. Oui, le conjoint a souvent besoin d’aide lui aussi.

      Et les enfants? Il est navrant de constater qu’ils en gardent des cicatrices durables sur le plan affectif. Voyez ce que des enfants d’alcooliques ont raconté aux éditeurs de Réveillez-vous!:

      “J’étais toujours tiraillé entre mon père et ma mère. Une fois, alors que j’avais environ neuf ans, maman avait bu, et papa et elle avaient une grande dispute. Maman allait partir. J’ai fait une crise de nerfs et je me suis accroché à sa jupe en la suppliant de ne pas s’en aller.”

      “Tout le monde le savait. Je me souviens que, lorsque j’allais à l’école, j’entendais les garçons me crier en riant: ‘Ton père est un poivrot!’”

      “J’en ai fait un complexe d’infériorité. Je m’en rendais responsable.”

      “J’éprouve toujours un profond sentiment d’insécurité; je doute de mes capacités; je me rabaisse et je me dégoûte.”

      On comprend facilement pourquoi ces enfants deviennent nerveux, repliés sur eux-​mêmes et renfermés. Souvent ils répriment et nient leur colère, leur peur, leurs sentiments de frustration et de solitude. Sinon ils en souffriraient vraiment trop. Oui, il arrive que les enfants aient également besoin d’aide.

      Ainsi, en tant que membre de la famille d’un alcoolique, vous avez sans doute besoin d’aide 1) pour garder la santé sur le plan affectif et 2) pour savoir quelle est la meilleure manière de se conduire avec cette personne alcoolique.

      Connaître les faits

      Commencez par vous renseigner sur l’alcoolisme. La bibliothèque municipale ou un centre d’information sur l’alcoolisme vous apprendront des faits utiles. Si vous parlez avec des gens qui ont rencontré le même problème que vous, ils vous fourniront sans doute des suggestions pratiques sur ce qu’il faut faire.

      Peut-être la question principale qui se pose à votre esprit est-​elle la suivante: ‘Que puis-​je faire pour aider mon conjoint alcoolique?’ Avant d’être capable de le secourir, vous avez besoin d’aide pour surmonter vos émotions et vos sentiments négatifs. Aussi apprenez d’abord quels ont été les effets de l’alcoolisme sur vous. Autrement, vous ne parviendrez probablement pas à gagner celui qui est alcoolique.

      Apprenez ensuite quelle est la meilleure manière de vous conduire avec une personne qui boit. Au départ, vous avez peut-être réagi comme la femme décrite au début de cet article, et pourtant de tels efforts contribuent à l’aggravation du mal plutôt qu’à sa guérison. Pourquoi? Parce que vous empêchez l’alcoolique de prendre conscience de son état. Il se dissimule derrière un grand mur de dénégations. Ainsi, lorsque vous le protégez des conséquences de l’ivresse, vous lui permettez généralement de persister à nier son problème et de continuer à boire.

      Conduire l’alcoolique à demander du secours

      Bien que vous ne puissiez forcer un alcoolique à se faire soigner, vous pouvez l’amener à vouloir demander du secours. Comment?

      Il existe deux méthodes fondamentales: 1) Lui permettre de ressentir les conséquences de son ivresse; 2) le mettre en face des faits relatifs à son mal. Même quand il est très malade, l’alcoolique est capable de supporter une part de réalité si elle lui est présentée d’une manière tolérable.

      Cependant, avant de parler de chacune de ces méthodes, un mot d’avertissement: pour intervenir de cette manière, il vous faut être informé au sujet de l’alcoolisme et avoir la force de caractère pour appliquer cette connaissance.

      Donc, que signifie permettre à l’alcoolique de ressentir les conséquences de son ivresse? Cela ne veut pas dire qu’il faut le punir, mais cela réclame de la fermeté. À titre d’exemple, nous ferons référence à la femme décrite au début de cet article. Voyez les recommandations que le docteur Winnie Sprenkle, directrice du service des conseillers d’un centre de traitement antialcoolique réputé, a faites lors d’un entretien accordé à notre journal.

      ● Qu’aurait-​elle pu faire lorsque son mari s’est écroulé ivre mort sur le plancher? “En général, il est très important que la famille ne dissimule pas le problème afin que l’alcoolique sache ce qui s’est passé. Ainsi, s’il tombe ivre mort sur le sol et s’éveille le lendemain en pyjama dans son lit, il ne saura jamais ce qui est arrivé.” Par conséquent, si les circonstances le permettent, elle pourrait le laisser passer la nuit là où il est tombé. Le lendemain, lorsqu’il se réveillera et qu’il se verra par terre, il sera confronté avec la réalité de son état.

      ● Quand il est incapable de se souvenir de sa conduite de la veille, que pourrait-​elle faire? “Être honnête avec lui, mais pas avec colère: ‘Voilà ce qui est arrivé la nuit dernière et voilà l’effet que cela m’a fait.’” Même s’il se fâche, elle l’aide ainsi à voir que l’on ne se conduit pas ainsi dans une famille normale.

      ● Doit-​elle s’isoler? “Je pense que ce qui est le plus important pour la famille, c’est tout simplement de s’efforcer de vivre le plus sainement possible. L’alcoolique prend de plus en plus conscience du contraste qu’il y a entre lui et le reste de la famille. En conséquence, il finit par dire: ‘Moi, j’ai un problème et j’ai besoin d’aide.’ ” Ainsi, si elle va chez des amis sans lui, elle pourrait lui faire savoir gentiment qu’elle voudrait qu’il puisse venir avec elle, mais que son problème d’alcoolisme l’en empêche.

      Que dire de la seconde méthode: Mettre l’alcoolique en face de la réalité? Dans son livre Je cesserai de boire demain (angl.), Vernon Johnson fait les recommandations suivantes:

      Ceux qui doivent mettre l’alcoolique en face de la réalité devraient être les personnes qui comptent le plus dans sa vie. Avec l’aide d’un conseiller qualifié, chacun prépare une liste décrivant en détail, impitoyablement, la conduite de l’alcoolique. On prend rendez-vous pour le moment où il y aura le plus de chances qu’il soit sobre. Puis chacun lit à haute voix sa liste de manière à faire sentir que l’on en est profondément affecté. Bien que l’alcoolique puisse être sur la défensive au début, on poursuit la lecture avec fermeté. L’objectif recherché est de permettre à l’alcoolique de prendre suffisamment conscience de la réalité pour se rendre compte qu’il a besoin d’aide.

      Où trouver de l’aide?

      Certains membres de la famille s’adressent, en compagnie de l’alcoolique, à un centre de traitement de l’alcoolisme pour trouver du secours. Dans ces centres, la famille peut être enrôlée dans un programme thérapeutique. De quelle aide cela peut-​il être? Jusqu’à maintenant, les membres de la famille ont réprimé leurs souvenirs et leurs sentiments douloureux. Comme ils refusaient d’accepter leurs propres sentiments, il leur était difficile de comprendre ceux de la personne alcoolique. Aussi les objectifs fondamentaux de la thérapie sont-​ils: analyser et accepter vos propres sentiments (pour surmonter des sentiments négatifs, il faut d’abord les voir en face); comprendre les sentiments de l’autre et savoir de quelle manière vos actions le touchent sur le plan affectif, mettre en pratique ce savoir et apprendre ainsi quelle est la meilleure façon d’agir.

      Mais que faire si l’alcoolique refuse de demander du secours? Quelle que soit l’attitude de la personne qui boit, vous, vous avez sans doute besoin d’aide pour affronter et surmonter vos propres sentiments négatifs. Pour l’obtenir, certaines familles s’adressent à des organismes locaux constitués des membres de familles d’alcooliques qui font preuve de compréhension et de discernement face aux problèmes rencontrés lorsque l’on vit avec un alcoolique. Naturellement, ces groupes n’existent pas partoutb. Aussi d’autres personnes, se rendant compte de leur besoin d’aide affective, se tournent-​elles ailleurs.

      “C’est le fait de connaître la vérité de la Bible qui m’aide à affronter la situation”, déclara Anne qui vit avec un mari alcoolique et non croyant depuis trente ans. En tant que Témoin de Jéhovah, elle étudie régulièrement la Bible et s’efforce d’en appliquer les conseils à sa propre situation. Bien que cela ne fasse pas disparaître ses problèmes, cela l’aide à être heureuse malgré tout. D’ailleurs, la Bible peut vous aider vous aussi. Comment?

      Eh bien, si vous mettez en pratique les principes bibliques, ils vous aideront à surmonter les émotions et les sentiments négatifs et vous rendront ainsi plus heureux en dépit de votre situation. Cependant, il vous faut avoir une foi solide de croire que Dieu fera ce qu’il a promis (Hébreux 11:1, 6). Examinons quelques exemples:

      L’inquiétude: Rencontrez-​vous des problèmes financiers du fait que la personne que vous aimez boit, et êtes-​vous dans une grande inquiétude, vous demandant comment vous allez pouvoir joindre les deux bouts? “Cessez de vous inquiéterc”, conseilla Jésus en parlant des nécessités de la vie. “Votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses”; il peut les fournir, et il les fournira, à ceux qui mettent son culte à la première place de leurs préoccupations (Matthieu 6:25-34). Jésus fit ensuite une suggestion d’ordre pratique pour chasser l’inquiétude: vivre au jour le jour. Pourquoi ajouter les soucis du lendemain à ceux d’aujourd’hui? D’ailleurs, ainsi que l’exprima un étudiant de la Bible, “l’avenir est en réalité rarement aussi terrifiant qu’on ne le craint”.

      Cependant, le simple fait de connaître les paroles de Jésus ne fait pas disparaître l’inquiétude. Il vous faut les mettre en pratique, et c’est là que la foi véritable intervient. Il est certain que Dieu est capable de fournir à ses serviteurs ce dont ils ont besoin, comme il l’a promis. Le tout est de savoir si vous êtes absolument convaincu qu’aussi longtemps que vous ferez assidûment votre part du travail, Dieu fera la sienne.

      Le sentiment de culpabilité: Comme vous avez des attitudes et des sentiments négatifs, vous vous sentez coupable, n’est-​ce pas? Il est vrai que vous êtes imparfait et que Dieu ne ferme pas les yeux sur une mauvaise attitude. Cependant, la Bible nous donne cette assurance: “Si nous confessons nos péchés [à Dieu], il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés.” (I Jean 1:9; Proverbes 28:13). Existe-​t-​il vraiment une raison de croire que Dieu n’agira pas ainsi à votre égard si vous faites votre part? Dieu fera comme il l’a promis. Mais vous ne vous sentirez pas mieux à moins que vous ne le croyiez fermement.

      L’étude de la Parole de Dieu peut également vous permettre de recevoir l’aide de l’esprit saint de Dieu. Et cet esprit peut vous parer de qualités telles que ‘l’amour, la joie, la paix, la bienveillance, la douceur et la maîtrise de soi’. (Galates 5:22, 23.) Quelle aide puissante pour surmonter les sentiments négatifs! Cependant, vous devez ‘continuer à demander’ à Dieu son esprit (Luc 11:5-13). Et, une fois encore, cela requiert une foi solide. Jésus a fait à ce sujet la déclaration suivante: “Tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez pour ainsi dire reçu, et vous l’aurez.” — Marc 11:24.

      Aimeriez-​vous apprendre comment acquérir ce genre de foi? Les Témoins de Jéhovah seront heureux de vous y aider. Il se peut même que vous trouviez parmi eux des personnes qui ont supporté les mêmes problèmes que vous et qui pourront donc vous fournir une aide fondée sur les Écritures, pleine de compréhension. Gardez présent à l’esprit le fait que lorsque l’on parle de ses problèmes, cela a tendance à faire reculer les sentiments négatifs. Ainsi, discuter ouvertement de vos sentiments avec quelqu’un qui comprend votre situation peut vous être d’un grand secours.

      Si vous fréquentez les Témoins de Jéhovah et que vous ayez besoin d’aide pour fortifier votre foi, pourquoi ne pas demander à un surveillant chrétien de vous secourir? Ces hommes dévoués aident leurs frères chrétiens “de bon gré”, “avec empressement”, de toutes les manières qui sont en leur pouvoir. — I Pierre 5:1-3.

  • Vivre avec un alcoolique
    Réveillez-vous ! 1983 | 8 mars
    • Vivre avec un alcoolique

      DEPUIS des semaines, mon mari ne faisait que boire, le jour comme la nuit. Il tombait ivre mort, se réveillait et se remettait à boire. Il avait été mis à la porte de son travail et notre situation financière empirait jour après jour. Sa santé s’était détériorée et je n’étais pas sûre qu’il vivrait encore longtemps. ‘Comment tout cela finira-​t-​il?’, me demandais-​je.

      Avant de vous raconter le dénouement de mon histoire, laissez-​moi vous expliquer comment nous avions atteint ce point critique dans notre vie.

      J’ai rencontré mon mari dans un bal en 1947. Il avait déjà bu quand il est arrivé. La soirée n’était pas terminée qu’il dansait sur la table. Plus tard, la même semaine, il vint me rendre visite. Cette fois-​ci, il était à jeun et j’ai beaucoup apprécié sa compagnie. Nous avions bien des choses en commun, aussi nous sommes-​nous fréquentés.

      La nuit où il m’a proposé le mariage, il avait une bouteille d’alcool sur lui, mais il n’était pas ivre. Nous avons longuement parlé du caractère sérieux du mariage et de la responsabilité que représente l’éducation des enfants. Je lui dis que je n’avais pas l’intention d’épouser un alcoolique. À ces mots, il a jeté la bouteille et m’a promis qu’il avait bu son dernier verre. Comme j’étais heureuse!

      Mais peu après notre mariage, il s’est remis à boire. Au cours des années qui ont suivi, il m’a fait de plus en plus peur. Il était imprévisible. C’était un volcan prêt à faire éruption.

      Non seulement il continua à boire, mais il commença à jouer sur son lieu de travail, ce qui amena de graves problèmes financiers. Chaque jour de paye, nous nous disputions. Il voulait me donner de moins en moins d’argent afin de pouvoir boire de plus en plus. Les fournisseurs venaient souvent réclamer le paiement de leurs factures.

      ‘Comment peut-​il me traiter ainsi et me dire ensuite qu’il m’aime?’, me demandais-​je. Comme je travaillais à mi-temps, je réussissais à trouver de l’argent pour aider à payer les factures.

      Parfois, je ne pouvais plus me retenir et je le suppliais: “Ne te rends-​tu pas compte de ce que tu fais? Ta fille et moi sommes à bout de nerfs.”

      “Tu exagères!, me rétorquait-​il. Je ne bois qu’un verre de temps en temps. Je ne bois même pas une bouteille d’alcool par semaine.” En fait, il buvait une bouteille par jour.

      Ma vie n’était qu’incohérences. À l’occasion, il m’offrait des fleurs et des sucreries. ‘Il m’aime vraiment, après tout’, me disais-​je. Alors je me sentais coupable à cause des choses horribles que j’avais pensées de lui. Il était tellement gentil que ce devait être ma faute s’il buvait. Si seulement je pouvais changer, peut-être cesserait-​il de boire autant!

      Il promettait de réduire sa consommation d’alcool et, au bout de quelques jours, j’étais persuadée qu’avec mon aide il réussirait à ne plus boire. Mais, à la fin de la semaine, il rattrapait le temps perdu en buvant plus que jamais. Le désespoir m’envahissait alors.

      Il est allé plusieurs fois chez les Alcooliques anonymes. Ils lui ont parlé de l’alcoolisme, mais il pensait qu’il n’avait pas besoin de se renseigner là-dessus. Il estimait que c’était son foyer qui lui créait des problèmes. Une fois de plus, mes espoirs étaient brisés. Je me sentais courroucée et prise au piège.

      Mes émotions tournaient dans un cercle vicieux. Je passais de la joie à un sentiment de culpabilité; j’éprouvais de la haine pour moi-​même, puis du ressentiment, de l’amertume, et lui, je le haïssais; je souhaitais qu’il s’en aille, mais j’avais peur qu’il parte. Cela semblait sans espoir.

      Après avoir essayé d’affronter cette situation pendant des années, j’ai fini par perdre tout contrôle de moi-​même. Un jour où je me sentais désespérée, je suis montée dans ma voiture et je suis partie sans savoir où. Je suis arrivée au bord d’une rivière. Tout était si calme, si paisible. Assise sur la berge, je pensais à mon désespoir. La tranquillité de l’eau m’attirait comme un aimant. Si seulement je pouvais glisser dedans...

      Soudain, j’entendis une voix qui m’appelait. C’était une femme qui vivait à cet endroit. Elle m’avait vue arriver et elle était venue pour savoir si j’allais bien. Alors, je suis remontée dans ma voiture et je suis rentrée à la maison.

      Peu après, la situation a empiré. Mon mari a commencé à parler de se suicider. Il m’a même décrit la façon dont il s’y prendrait. “Tu seras plus heureuse sans moi”, me dit-​il. Dans un sens, j’étais contente de l’entendre dire ça, mais, en même temps, j’étais folle d’inquiétude.

      Le lendemain matin, je savais qu’il fallait que je fasse quelque chose. J’entrai en contact avec les Alcooliques anonymes qui m’envoyèrent chez une femme de mon quartier qui avait affronté une situation semblable. Elle me conseilla de rencontrer un groupe local composé de membres de familles d’alcooliques. J’ai donc assisté à plusieurs réunions.

      Ils m’ont aidée à comprendre que je ne pouvais vraiment pas me rendre responsable de la conduite de mon mari. Il avait commencé à boire avant même de me connaître. Les personnes présentes semblaient posséder la maîtrise d’elles-​mêmes. Elles étaient gaies et discutaient ouvertement de leurs sentiments. Elles vivaient au jour le jour. Voilà ce qu’il me fallait faire! Et même si mes problèmes persistaient, il me fallait prendre conscience que les soucis d’aujourd’hui, c’était tout ce que j’étais capable de supporter. Je me suis alors souvenue des paroles de Jésus contenues en Matthieu 6:34: “Ne vous inquiétez jamais du lendemain, car le lendemain aura ses inquiétudes à lui.”

      Il me sembla que certaines des femmes qui se trouvaient là étaient plutôt amères et éprouvaient du ressentiment à l’égard de leurs maris. Elles se plaignaient d’eux et décrivaient leurs fautes. Au lieu de les imiter, j’ai préféré me taire.

      Cependant, en les écoutant parler de la manière de vivre avec un alcoolique, j’ai découvert quantité de choses utiles. Ce que j’ai appris de plus important, c’est ceci: Je ne devais pas protéger mon mari contre les conséquences de son ivresse comme je l’avais fait jusqu’à maintenant. Au contraire, il fallait que je l’aide à prendre conscience des problèmes que créait son habitude de boire. Cela demandait beaucoup de courage pour triompher de tant d’années de pensées négatives, mais j’y étais déterminée. J’ai donc commencé à appliquer ces suggestions.

      J’en ai eu l’occasion peu de temps après. Nous devions garder notre petit-fils parce qu’il était malade et faisait de la fièvre. Comme je devais sortir un moment, j’ai demandé à mon mari de surveiller l’enfant. Je lui ai téléphoné depuis mon travail pour le mettre en garde contre l’alcool. Il m’assura qu’il prendrait bien soin du petit garçon.

      Peu après, ma fille téléphona pour avoir des nouvelles de l’enfant. À sa surprise, c’est son fils qui lui répondit. “Grand-père dort”, expliqua-​t-​il. Ma fille était terrifiée. “Secoue-​le bien fort et essaie de le réveiller!”, lui dit-​elle. Mais mon petit-fils ne réussit pas à réveiller son grand-père, car il était ivre mort. Alors ma fille raccrocha le téléphone et accourut à la maison.

      Environ une heure plus tard, j’étais déjà rentrée quand mon mari revint à lui. Il nous demanda pourquoi nous ne l’avions pas réveillé. Comme il était encore ivre, nous n’avons pas dit grand-chose. Auparavant, je n’en aurais plus reparlé. J’aurais eu trop peur de dire quoi que ce soit. Mais maintenant je savais que je ne devais pas le protéger contre les conséquences de son ivresse. Il fallait qu’il sache ce qui s’était passé. Aussi, le lendemain matin, je l’ai mis face à la réalité en lui décrivant en détail les événements. “Te rends-​tu compte de ce qui aurait pu arriver à notre petit-fils?”, lui ai-​je demandé. Cela le toucha profondément. “J’aurais pu le tuer”, confessa-​t-​il.

      Pourtant, quelques mois plus tard, il a bu toute la nuit; mais quand il est revenu à lui le lendemain, il m’a demandé de l’emmener à l’hôpital. Il n’en pouvait plus. Je l’ai laissé téléphoner au médecin et prendre toutes les dispositions. Quand nous sommes arrivés à l’hôpital, il a rempli lui-​même les formalités d’admission et il y est resté en traitement pendant deux mois.

      Plusieurs années ont passé depuis cette époque et notre vie commune s’améliore de jour en jour. Cela n’a été facile ni pour l’un ni pour l’autre. Nous devons constamment surveiller nos pensées et nos mobiles.

      Autre chose m’a été d’une grande aide: mes relations avec Jéhovah. Elles m’ont aidée à surmonter l’amertume et le ressentiment que j’éprouvais, car je savais que Jéhovah n’aime pas ce genre de sentiments, quoi que mon mari ait fait (Colossiens 3:13, 14). Comme c’était rassurant de connaître Jéhovah, Père aimant et miséricordieux qui n’épie pas nos fautes! Cela atténua beaucoup mon sentiment de culpabilité. — Psaumes 103:9-12; 130:3, 4.

      Comme je le priais nuit et jour, il me donnait son esprit et sa force. En partageant régulièrement mes croyances chrétiennes avec les autres, je réussissais à garder mon espoir vivant. Je suis aussi profondément reconnaissante pour les réunions chrétiennes auxquelles j’assiste et pour la compagnie aimante des frères et sœurs dans la foi. Sans eux, je ne pense pas que j’aurais réussi à supporter cette situation.

      Naturellement, je suis contente d’avoir appris comment vivre avec un alcoolique. Vivre au jour le jour m’a beaucoup aidée à maîtriser mon inquiétude. Une chose a été particulièrement efficace dans mon cas: j’ai appris à ne pas protéger mon mari contre les conséquences de son ivresse. Si je n’avais pas compris cela, je ne sais pas ce qui aurait pu arriver. — D’une de nos lectrices.

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