Chapitre 4
Que révèlent les fossiles ?
SI DES organismes unicellulaires se sont transformés jadis en des formes supérieures de la vie animale et végétale, nous sommes en droit de nous attendre à trouver des preuves de cette évolution dans les documents paléontologiques. Les formes intermédiaires primitives auraient sûrement dû laisser soit des fossiles, soit des empreintes ou d’autres preuves dans les couches de la terre. Or, que révèlent les roches ?
Il y a plus de cent ans, Charles Darwin lui-même fut troublé par le témoignage des fossiles. Dans son livre L’origine des espèces, il écrivit :
“Il est une autre difficulté analogue, mais beaucoup plus sérieuse. Je veux parler de l’apparition soudaine d’espèces appartenant aux divisions principales du règne animal dans les roches fossilifères les plus anciennes que l’on connaisse. (...)
“Si ma théorie [celle de l’évolution] est vraie, il est certain qu’il a dû s’écouler, avant le dépôt des couches cambriennes inférieures, des périodes aussi longues, et probablement même beaucoup plus longues, que toute la durée des périodes comprises entre l’époque cambrienne et l’époque actuelle, périodes inconnues pendant lesquelles des êtres vivants ont fourmillé sur la terre. (...)
“Pourquoi ne trouvons-nous pas des dépôts riches en fossiles appartenant à ces périodes primitives antérieures à l’époque cambrienne ? C’est là une question à laquelle je ne peux faire aucune réponse satisfaisante. (...) La difficulté d’expliquer par de bonnes raisons l’absence de vastes assises de couches fossilifères au-dessous des formations du système cambrien supérieur reste toujours très grande63.”
La couche de terrain cambrien mentionnée par Darwin serait, d’après les évolutionnistes, vieille d’environ 600 000 000 d’années. À l’époque de Darwin, aucun document fossile n’avait été découvert dans les couches précambriennes. Mais que révèlent les faits de nos jours, après plus de cent ans de recherches intenses ? Dans un article en faveur de l’évolution, le New York Times du 25 octobre 1964 reconnaissait que cette période est toujours dépourvue de fossiles. Ce quotidien déclarait :
“La plus grande énigme dans l’histoire de la vie sur la terre est l’apparition soudaine, il y a quelque 600 millions d’années, de la plupart des grandes divisions des règnes végétal et animal. Il n’existe pratiquement rien qui puisse nous montrer comment ces divisions se sont formées. Ainsi, toute la première partie de l’histoire de l’évolution fait défaut64.”
Nous retrouvons le même aveu dans le livre Ce monde où nous vivons : “La première moitié [l’original, en anglais, indique “au moins les trois quarts”] du livre des âges (2 milliards de feuillets annuels de l’écorce terrestre) ne contient que des pages blanches65.”
Notez également ce que déclarait la revue Scientific American d’août 1964 :
“La brusque apparition et la composition remarquable de la vie animale caractéristique des temps cambriens sont parfois passées sous silence par les biologistes. Or, les dernières recherches paléontologiques font qu’il est difficile d’éluder le problème énigmatique posé par cette brusque prolifération d’organismes vivants. (...)
“Ces animaux n’étaient ni primitifs, ni peu spécialisés anatomiquement ; c’étaient des organismes complexes appartenant visiblement aux grandes divisions connues du monde animal, bien différenciés et classés de nos jours parmi les métazoaires. En fait, on sait maintenant qu’ils comptaient des représentants de presque toutes les grandes divisions dotées d’une structure squelettique capable de se fossiliser (...).
“Pourtant, il n’y a guère de trace de ces animaux avant le Cambrien inférieur. L’apparition de la faune du Cambrien inférieur (...) peut raisonnablement être qualifiée de ‘brusque’.
“On n’a plus le droit d’écarter cet événement en supposant que toutes les roches précambriennes ont été trop métamorphisées par le temps pour leur permettre de conserver les fossiles des ancêtres des métazoaires du Cambrien. (...) Même si tous les ancêtres précambriens des métazoaires du Cambrien étaient des organismes au corps mou, donc rarement conservés, on devrait trouver des traces bien plus abondantes de leurs activités dans les couches précambriennes. Et on ne peut pas dire que c’est faute de les avoir cherchés qu’on n’a pas trouvé des fossiles d’animaux précambriens66.”
La revue Natural History, d’octobre 1959, a tiré les mêmes conclusions, dans un article intitulé “Darwin et le témoignage des fossiles” :
“Dès le début du Cambrien, et au cours des autres périodes géologiques qui lui succédèrent, nous trouvons à chaque étage une abondance de vie animale ; même dans les formations du Cambrien inférieur, les invertébrés marins sont nombreux et variés. Au-dessous, on trouve d’épaisses strates sédimentaires où l’on s’attendrait normalement à trouver les ancêtres des formes cambriennes. Cependant, nous ne les y trouvons pas ; ces strates plus anciennes sont pour ainsi dire dépourvues de traces de vie, de sorte qu’on pourrait dire raisonnablement que le tableau général est conforme à la conception d’une création spéciale au début du Cambrien.
“Darwin déclara : ‘Pourquoi ne trouvons-nous pas des dépôts riches en fossiles appartenant à ces périodes primitives antérieures à l’époque cambrienne ? C’est là une question à laquelle je ne peux faire aucune réponse satisfaisante.’ Nous non plus.”
Comment explique-t-on ce fait ? Les évolutionnistes précités, qui ont admis la réalité de ce problème, ont ajouté l’étrange remarque suivante : “Cette objection est basée simplement sur des preuves négatives, et l’expérience a souvent montré que de telles preuves sont sans valeur67.” En d’autres termes, bien que ces évolutionnistes n’aient trouvé aucun fossile authentique datant de l’ère antécambrienne, la première moitié au moins du livre des âges ne contenant “que des pages blanches”, ils soutiennent que l’évolution est quand même un fait, parce que le manque total de documents fossiles constitue simplement des “preuves négatives” !
Une telle conclusion est loin d’être scientifique. La façon vraiment scientifique de chercher la vérité consiste à étayer les conclusions par des faits, et lorsque ceux-ci font défaut, à rejeter les conclusions. Mais les évolutionnistes s’obstinent à tirer des conclusions au mépris des faits. Cela ressort de ce sous-titre de l’article précité : “Au cours du siècle qui s’est écoulé depuis que Darwin a émis sa théorie controversable, les paléontologistes ont établi un fondement solide pour l’évolution68.” Pourtant, comme nous l’avons déjà vu, l’article lui-même admet que la majorité des preuves paléontologiques nécessaires pour étayer cette théorie font complètement défaut !
À moins d’être totalement crédule, peut-on accepter un tel raisonnement comme “un fondement solide” pour la théorie évolutionniste ? Que diriez-vous d’un constructeur qui vous raconterait qu’il a posé un fondement solide pour un bâtiment, si, renseignements pris, vous appreniez que sur l’emplacement prévu il n’y a rien : ni béton, ni acier, ni bois, ni aucun autre matériau ? Accepteriez-vous qu’on qualifie de “preuves négatives” vos objections affirmant que ce n’est pas ainsi qu’on pose “un fondement solide” ?
Non, nous ne pouvons éluder les faits scientifiques à ce sujet. Le témoignage des fossiles appuie la conception d’une création soudaine, et non celle d’une lente évolution à partir de formes de vie primitives.
OÙ SONT LES FORMES INTERMÉDIAIRES ?
À peu près les trois quarts de la chaîne imaginée par les évolutionnistes n’ont jamais été trouvés. Mais que révèlent les fossiles qui ont effectivement été déterrés ? Fournissent-ils les preuves de l’évolution ? Les documents fossiles renferment-ils au moins les anneaux du dernier quart de la prétendue chaîne évolutive ? Examinons les faits.
À propos des formes dites intermédiaires, Charles Darwin écrivit :
“Si les espèces dérivent d’autres espèces par des degrés insensibles, pourquoi ne rencontrons-nous pas d’innombrables formes de transition ? Pourquoi tout n’est-il pas dans la nature à l’état de confusion ? Pourquoi les espèces sont-elles si bien définies ? (...)
“Pourquoi ne trouvons-nous pas fréquemment dans la croûte terrestre les restes de ces innombrables formes de transition qui, d’après cette hypothèse [évolutionniste], ont dû exister ? (...)
“Les recherches géologiques (...) ne présentent cependant pas, entre les espèces actuelles et les espèces passées, toutes les gradations infinies et insensibles que réclame ma théorie69.”
Comment Darwin s’expliquait-il ces lacunes ? Laissons-le répondre : “Je me bornerai à dire ici que les documents fournis par la géologie sont infiniment moins complets qu’on ne le croit ordinairement70.” Ce qui ne l’empêcha pas d’ajouter plus loin : “Mais, si nous concentrons notre examen sur une formation quelconque, il devient beaucoup plus difficile de comprendre pourquoi nous n’y trouvons pas une série étroitement graduée des variétés qui ont dû relier les espèces voisines71.”
La situation a-t-elle changé sous ce rapport depuis l’époque de Darwin ? Les types intermédiaires faisant chaîne entre les grands groupes d’organismes vivants ont-ils été trouvés parmi les fossiles ? Notez ce qu’écrit le célèbre évolutionniste George Gaylord Simpson, professeur à l’Université Harvard, dans son ouvrage Les facteurs principaux de l’évolution (angl.) :
“Il demeure vrai, comme tout paléontologiste le sait, que la plupart des espèces, des genres et des familles, et presque toutes les catégories nouvelles au-dessus du niveau de la famille, apparaissent brusquement. Nous ne trouvons aucune succession continue et progressive de formes transitionnelles72.”
Ce même fait est signalé par R. S. Romer, professeur de zoologie à l’Université Harvard. Écrivant dans le livre La génétique, la paléontologie et l’évolution (angl.), ouvrage édité par les illustres évolutionnistes Glenn L. Jepsen, Ernst Mayr et George Gaylord Simpson, Romer déclare :
“Pour ce qui est des brusques changements évolutifs dans les lignes animales, le processus a pu être typiquement néo-darwinien, soit l’accumulation de nombreuses mutations adaptatives de faible amplitude, une accumulation cependant extraordinairement rapide. Malheureusement, il existe en général peu de preuves sur ce point parmi les documents fossiles, car des formes évolutives intermédiaires représentant ce phénomène sont extrêmement rares. (...)
“Les ‘chaînons’ manquent là où nous désirons le plus ardemment les voir, et il est très probable que de nombreux ‘chaînons’ continueront de faire défaut73.”
À propos de cette question des chaînons manquants, D’Arcy Thompson a écrit dans son ouvrage Croissance et morphologie (angl.) :
“Quatre-vingts années d’étude de l’évolutionnisme darwinien ne nous ont pas appris comment les oiseaux sont descendus des reptiles, les mammifères, des premiers quadrupèdes, les quadrupèdes des poissons, ou les vertébrés des invertébrés. Nous rencontrons des difficultés analogues même chez les invertébrés (...). Le fossé entre les vertébrés et les invertébrés, les vers et les cœlentérés, les cœlentérés et les protozoaires, (...) est tellement énorme qu’il nous est impossible de voir d’un bord du gouffre à l’autre. (...)
“Nous franchissons une barrière chaque fois que nous passons d’une famille à l’autre, ou d’un groupe à un autre. (...)
“Un ‘principe de discontinuité’ est donc inhérent à toutes nos classifications, (...) et ce sera toujours en vain qu’on cherchera des passages intermédiaires pour combler les lacunes74.”
Nous nous trouvons devant les mêmes faits dans le domaine de la vie végétale. Heribert Nilsson, professeur de botanique à l’université de Lund, en Suède, écrit dans son livre La spéciation synthétique (angl.) :
“Si l’on examine les grands groupes spécifiques de la flore fossilisée, on est frappé de constater qu’à des intervalles réguliers au cours des temps géologiques, ces groupes apparaissent subitement, pleinement épanouis et bien diversifiés. Et l’on est tout aussi étonné de remarquer qu’au bout d’une période qui se mesure, non simplement par millions, mais par des dizaines de millions d’années, ces groupes disparaissent aussi brusquement qu’ils sont apparus. En outre, au terme de leur existence, ils ne se transforment pas en des formes de transition les reliant aux types principaux de la période suivante ; ces formes intermédiaires font complètement défaut75.”
Non seulement il n’existe aucune forme de transition entre les grands groupes d’animaux et de végétaux parmi les documents fossiles, mais il n’y a aucun type intermédiaire entre les grands groupes de végétaux et d’animaux actuellement vivants. Dans son livre La génétique et l’origine des espèces (angl.), le célèbre évolutionniste Dobzhansky, professeur à l’Université Columbia, déclare :
“Si nous assemblons le plus grand nombre possible d’individus vivant à une époque donnée, d’emblée nous remarquons que les variations observées ne revêtent aucune forme de distribution continue. On trouve plutôt une multitude de distributions séparées et discontinues. Le monde vivant n’est pas une série unique dans laquelle deux variations différentes sont reliées par une suite ininterrompue de formes de passage, mais plutôt une série de séries plus on moins séparées et distinctes, dont les formes intermédiaires sont absentes, ou tout au moins rares76.”
Parmi les anthropoïdes vivants, censés être nos plus proches voisins zoologiques, on ne trouve aucun type intermédiaire, aucun grand singe qui se rapproche de l’homme. De même, parmi les animaux vivants, il n’y en a aucun qui représente une forme de transition montrant l’origine des anthropoïdes. On ne trouve non plus aucun des ancêtres supposés des anthropoïdes parmi les fossiles. Le livre Les Primates, publié en français en 1966, déclare à ce sujet :
“Malheureusement, nous ne disposons que de documents fossiles très incomplets sur l’origine des Anthropomorphes. Nous ne savons pas à quel moment et en quel lieu les premiers Anthropomorphes ont commencé à se différencier à partir des Singes proprement dits77.”
D’aucuns prétendront cependant que le cheval au moins fournit un exemple classique d’une évolution attestée par des formes intermédiaires fossilisées. Les défenseurs de l’évolutionnisme citent l’Éohippus, petit animal de la taille d’un renard, comme point de départ d’une série de fossiles progressivement plus grands, aboutissant au cheval moderne. En fait, les fossiles ne confirment nulle part cette classification en une série évolutive. On a trouvé dans la même couche géologique deux et parfois trois types différents de chevaux. Certains d’entre eux ont été trouvés à des endroits très éloignés les uns des autres.
À propos de l’évolution du cheval, un article publié dans Science News Letter portait ce titre : “Le petit Éohippus n’est pas l’ancêtre direct du cheval”. L’article déclarait :
“L’arbre généalogique du cheval ne correspond pas à celui qui a été construit par les hommes de science. Lors d’une réunion de l’Association britannique pour l’avancement des sciences, tenue à Édimbourg, T. S. Westoll, géologue et professeur à l’université de Durham, a affirmé que l’arbre généalogique du cheval devenue classique chez les évolutionnistes, qui commence par l’Éohippus, de la taille d’un chien, et monte en ligne directe jusqu’à l’Équinus des temps actuels, est complètement erroné78.”
Écrivant au sujet de la série de fossiles qui sont censés relier l’Éohippus au cheval moderne, l’évolutionniste Lecomte du Noüy déclara ce qui suit, dans son ouvrage L’homme et sa destinée :
“Chacun de ces intermédiaires semble avoir fait une apparition ‘soudaine’, et l’on n’a pas encore reconstitué (faute de fossiles) le passage entre ces intermédiaires. (...) Les formes connues restent séparées comme les piles d’un pont démoli. (...) La continuité que nous pressentons ne sera peut-être jamais établie sur des faits79.”
Où se trouvent donc toutes les “formes de transition” ou anneaux intermédiaires de la chaîne évolutive, soit parmi les documents fossiles, soit parmi les organismes vivants qui existent encore de nos jours ? Pourquoi rencontrons-nous toujours la même excuse, savoir que les formes de passage entre les grands groupes de végétaux et d’animaux sont introuvables ? Pourquoi les grands groupes d’organismes complexes apparaissent-ils toujours brusquement, séparés des autres groupes par des lacunes structurales ? Pourquoi les membres antérieurs et postérieurs, les yeux, les ailes, etc., sont-ils toujours découverts complètement développés ? Si la théorie de l’évolution était vraie, les différents membres et les divers organes auraient dû passer par d’innombrables stades de développement. Mais de telles formes de transition n’ont jamais été trouvées.
Ces dures vérités agacent les transformistes. Écrivant dans la revue Science à propos du livre de N. J. Berrill L’origine des vertébrés (angl.), G. G. Simpson déclare : “Berrill termine son livre par cette phrase : ‘Il se peut que les preuves ne soient jamais trouvées, et cela n’a probablement aucune importance, car nous avons affaire ici à l’univers des rêves.’” Puis Simpson ajoute : “C’est là, peut-être, le dernier mot sur les cordés en tant qu’ancêtres des vertébrés. Quant aux ancêtres des cordés, tout reste obscur, et nous n’avons même plus les rêves d’il y a 60 ans80.”
Si le transformisme était vrai, il aurait fallu des milliers, voire des millions de formes de transition, une chaîne continue dont les anneaux se succèdent sans interruption. L’absence de ces formes intermédiaires, aussi bien parmi les fossiles que parmi les organismes actuellement vivants, prouve qu’il s’agit d’une chaîne imaginaire. Loin de fournir des types intermédiaires, les documents fossiles attestent que les groupes de végétaux et d’animaux ont toujours été bien différenciés. Pourquoi le témoignage des fossiles confirme-t-il ce fait ? Pourquoi existe-t-il toujours des hiatus entre les divers groupes de plantes et d’animaux ?