Le millénium de l’homme sous le Royaume de Dieu : s’agit-il réellement d’un règne de mille ans ?
1. À quoi s’applique le terme “millénium” et quelle question se pose à son sujet ?
LE TERME “millénium” représente une période de mille ans. Ce substantif trisyllabe se compose des deux mots latins mille anni, lesquels apparaissent dans la version latine du dernier livre de la sainte Bible, la Révélation (20:2-7), et signifient “mille ans”. D’après ces versets bibliques, Jésus-Christ doit régir l’humanité pendant mille ans. En raison de sa ressemblance avec Adam, le premier homme qui vécut sur la terre, on appelle le Christ “le dernier Adam”. Toutefois, le “premier homme Adam” pécha contre Dieu et vécut moins de mille ans, soit 930 ans (Gen. 5:1-5 ; I Cor. 15:45-49). Puisque la Révélation est un livre prophétique, écrit en majeure partie dans un langage symbolique, on a fréquemment débattu la question de savoir s’il fallait prendre au sens littéral le règne millénaire du Christ, ou si, au contraire, ces mille ans étaient symboliques.
2. Que déclare Apocalypse 20:4-6 à propos du millénium ?
2 Pour trouver la réponse à cette question importante, nous lirons d’abord les versets prophétiques traitant du règne du Christ dans Révélation ou Apocalypse 20:4-6, selon la Bible de Crampon, édition de 1905. “Puis je vis des trônes, où s’assirent des personnes à qui le pouvoir de juger fut donné, et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et ceux qui n’avaient point adoré la bête ni son image, et qui n’avaient pas reçu sa marque sur leur front et sur leur main. Ils eurent la vie, et régnèrent avec le Christ pendant les mille ans. Mais les autres morts n’eurent point la vie, jusqu’à ce que les mille ans fussent écoulés. — C’est la première résurrection ! — Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection ! La seconde mort n’a point de pouvoir sur eux ; ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui pendant mille ans.”
3, 4. a) Pourquoi pose-t-on la question de savoir si la période de “mille ans” est symbolique ou non ? b) Combien de temps Jean pensait-il que durerait le millénium, et vers quel premier chrétien nous tournons-nous pour en avoir confirmation ?
3 Dans les versets précités, la “bête” et “son image” constituent des symboles. Les “mille ans” sont-ils aussi symboliques, représentant une période de plus de mille ans ? Voyons comment l’apôtre Jean, rédacteur chrétien de ce livre, comprenait la chose. En fait, nous ne possédons pas de commentaire émanant directement de l’apôtre, mais, au deuxième siècle, un certain Papias connaissait des compagnons de Jean. À propos de Papias, et sous le titre “Millénium”, l’Encyclopédie catholique (angl.), édition de 1911, page 308, déclare ce qui suit :
4 “Papias de Hiérapolis, disciple de saint Jean, se présentait en défenseur du millénarisme. Il soutenait avoir reçu sa doctrine des contemporains des Apôtres, et Irénée rapporte que le disciple Jean, que d’autres ‘Presbyteri’ avaient vu et entendu, leur apprit à croire au millénarisme comme faisant partie de la doctrine du Seigneur. Au dire d’Eusèbe (Historia Ecclesiastica, III, 39), Papias affirmait dans son livre que la résurrection des morts serait suivie des mille ans que durerait le royaume terrestre, visible et glorieux du Christ (...)a.”
5, 6. a) En raison de la vision de l’apôtre Jean, à quoi s’attendaient Papias et les autres aînés chrétiens ? b) Avant quel “jour” le règne millénaire du Christ ne devait-il pas commencer ?
5 L’apôtre Jean, qui reçut la vision prophétique du règne millénaire de Jésus-Christ et de sa congrégation composée des 144 000 disciples rachetés, accepta cette vision comme exposant la vérité. Jean croyait que le millénium durerait mille ans au sens propre du terme. Nous en avons pour preuve le témoignage du martyr Papias et celui des autres aînés chrétiens, ces ‘“Presbyteri” qui avaient vu et entendu le disciple Jean’. Ils s’attendaient à la résurrection des 144 000 membres de la congrégation que le Christ avait rachetés, pour qu’ils puissent vivre, régner et servir en qualité de prêtres pendant son règne de mille ans.
6 Pour voir cela, ils attendaient la venue du “dernier jour”, d’autant que l’apôtre Jean avait noté à cet effet les paroles mêmes de Jésus, disant : “À moins que vous ne mangiez la chair du Fils de l’homme et ne buviez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes. Celui qui se nourrit de ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour.” (Jean 6:53, 54). Et Marthe, sœur de Lazare, cet ami cher à Jésus, déclara à ce dernier : “Je sais qu’il se lèvera à la résurrection au dernier jour.” (Jean 11:24). Le règne millénaire du Christ ne commencerait donc pas avant ce “dernier jour”.
LE MOMENT DE RÉGNER
7. a) Comment Jésus montra-t-il qu’il voulait attendre le moment que Dieu avait arrêté pour son règne ? b) Quelle question s’éleva parmi ses disciples, et quelle fut l’attitude de Paul à cet égard ?
7 Jésus-Christ voulait attendre le moment que Dieu avait arrêté pour qu’il règne pendant mille ans. Lorsque Satan le Diable essaya de le tenter dans le désert, lui offrant tous les royaumes du monde, Jésus refusa de se prosterner devant lui en faisant un acte d’adoration pour obtenir ces royaumes terrestres (Luc 4:1-8 ; Mat. 4:8-11). Alors se posa la question suivante : Les disciples de Jésus, ceux qui suivaient ses traces, voudraient-ils attendre le temps que Dieu avait fixé pour qu’ils règnent avec son Fils Jésus-Christ, tout en supportant toutes sortes de persécutions et de souffrances ? L’apôtre Paul, alors qu’il était captif, écrivit à l’un de ses compagnons chrétiens : “Je ne cesse d’endurer toutes choses à cause des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est dans l’union avec Christ Jésus, avec la gloire éternelle. Cette parole est sûre : Assurément si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui ; si nous continuons d’endurer, nous régnerons aussi avec lui.” (II Tim. 2:10-12). Oui, Paul désirait attendre, mais il écrivit ce qui suit à certains chrétiens de Corinthe dévorés d’ambition :
8. Qu’écrivit Paul à certains chrétiens de Corinthe dévorés d’ambition ?
8 “Déjà vous êtes rassasiés, n’est-ce pas ? Déjà vous êtes riches, n’est-ce pas ? Vous avez commencé à régner sans nous, n’est-ce pas ? Et certes je désire que vous ayez commencé à régner, afin que nous aussi nous régnions avec vous. Car il me semble que Dieu nous a exhibés les derniers, nous les apôtres, comme des hommes marqués pour la mort, parce que nous sommes devenus un spectacle théâtral au monde.” — I Cor. 4:8, 9.
9. Quelles paroles de Paul démontrent s’il régnait ou non au moment de sa mort ?
9 L’apôtre Paul ne régnait pas sur la terre, mais du fond de sa prison il écrivit : “J’ai combattu l’excellent combat, j’ai fait la course jusqu’au bout, j’ai observé la foi. Désormais m’est réservée la couronne de justice, que le Seigneur, le juste juge, me donnera en récompense en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui ont aimé sa manifestation.” — II Tim. 4:7, 8.
10. a) Quelles paroles de l’apôtre Jean montrent s’il régnait ou non à sa mort ? b) Quelle question peut-on donc se poser à propos de certains chefs religieux de la chrétienté ?
10 De même, l’apôtre Jean, qui aimait aussi la manifestation future du Seigneur Jésus-Christ, ne régna pas sur la terre. Au terme de sa longue vie dans la chair, il écrivit : “N’aimez pas le monde ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui ; parce que tout ce qui est dans le monde — le désir de la chair et le désir des yeux et l’orgueilleux étalage de ses ressources — ne vient pas du Père mais vient du monde.” (I Jean 2:15-17). Comment se fait-il alors que papes, patriarches, archevêques et évêques aient régné sur la chrétienté pendant de nombreux siècles, se soient assis sur des trônes superbes et aient fait étalage de leur personne dans un faste digne des rois ? Comment cela se peut-il ?
11. De toute évidence, qu’ont imaginé de tels hommes, et quelle question peut-on se poser quant au pape de Rome ?
11 Ces chefs religieux de la chrétienté ont-ils imaginé que le règne millénaire du Christ a déjà commencé et que, de ce fait, ils ont qualité pour régner avec lui sur la terre, bien que Jésus réside dans les cieux ? Et le Christ invisible règne-t-il sur la terre par l’entremise d’un représentant humain, celui dont parle l’Almanach catholique national (angl.) en ces termes : “Sa Sainteté le Pape est l’Évêque de Rome, le Vicaire de Jésus-Christ, le successeur de saint Pierre, le Prince des Apôtres, (...) l’Archevêque et le Primat de la Province romaine, le Souverain de l’État de la Cité du Vatican.”
12. Combien de temps ces dignitaires de la chrétienté ont-ils régné, et ont-ils accompli le texte de Révélation 20:4-6 ?
12 Ainsi, depuis le temps de l’empereur Constantin le Grand, ou peu après luib, ces dignitaires religieux ont régné plus de mille années proprement dites ; le pape Léon Ier (440-461) a même déclaré : “Je rétablirai de nouveau le gouvernement sur la terre, non par le retour des Césars mais par la proclamation d’une nouvelle théocratie, en m’instituant vicaire du Christ, en vertu de la promesse faite à Pierre, dont je suis le successeur (...). Ce n’est pas un diadème mais une tiare que je porterai, symbole de la souveraineté universelle, qui fera fuir la barbarie et ramènera une fois de plus le bonheurc.” Et cependant, pas un de ces présumés vicaires du Christ, archevêques ou évêques, n’a régné en personne pendant mille ans sur un trône épiscopal, aussi longtemps que Jésus-Christ devra régner lui-même. Aucun d’eux n’a donc accompli la substance de Révélation 20:4-6, quant à l’aptitude à régner avec le Christ.
L’ÉPOQUE DU MILLÉNAIRE EST ANTICIPÉE
13-15. a) Quelles questions peut-on donc se poser en ce qui concerne le changement de compréhension de Révélation 20:4-6 ? b) En quel sens les déclarations de l’Encyclopédie catholique concernant Augustin nous aident-elles à éclaircir ces questions ?
13 Mais alors, à quelle époque, dans quelles circonstances et pour quelle raison la compréhension de Révélation 20:4-6 a-t-elle changé ? Quand et pourquoi les chefs religieux ont-ils pris le millénium au sens symbolique et l’ont-ils situé avant le retour du Christ pour en faire un règne terrestre, dans la chair, sur des trônes matériels érigés par la main humaine ? L’Encyclopédie catholique (angl.) nous aide à éclaircir cette question. Sous le titre “Millénium”, l’édition de 1911, tome X, page 309, déclare ce qui suit :
14 “Finalement, saint Augustin acquit la conviction qu’il n’y aurait pas de millénium. Le combat qui oppose le Christ et ses saints d’une part, le monde méchant et Satan d’autre part, est livré dans l’Église, sur la terre ; aussi le célèbre docteur le décrit-il dans son œuvre De Civitate Dei [De la Cité de Dieu]. Dans ce même ouvrage, il nous donne une explication allégorique du chapitre 20 de l’Apocalypse Rév 20. Selon lui, la première résurrection dont traite ce chapitre s’applique à la renaissance spirituelle dans le baptême ; le sabbat de mille ans qui succède aux six mille ans d’histoire représente la vie éternelle tout entière ; en d’autres termes, le nombre “mille” est censé exprimer la perfection, et il faut comprendre que la dernière période de mille ans désigne la fin du monde. Dans tous les cas, le royaume du Christ dont parle l’Apocalypse ne peut s’appliquer qu’à l’Églised. (...)
15 “Cette explication de l’illustre docteur fut adoptée plus tard par les théologiens occidentaux, et le millénarisme sous son aspect initial ne trouva plus de partisans. (...) De plus, l’attitude de l’Église vis-à-vis du pouvoir temporel avait changé, du fait de son rapprochement avec l’Empire romain. Nul doute que le cours des événements n’ait fait beaucoup pour séparer les chrétiens du millénarisme d’autrefois, lequel, pendant l’épreuve, avait été l’expression de leurs espérances, à savoir que le Christ reviendrait bientôt pour abattre les ennemis de ses élus. (...) Le millénarisme n’a jamais atteint le Moyen Âge ; il était aussi bien étranger à la théologie de cette époque qu’aux idées du peuple en matière de religion. (...) Le protestantisme du XVIème siècle est à l’origine d’un renouveau dans les doctrines du millénarisme.”
16. Comment les chefs religieux en sont-ils venus à ne plus ressentir le besoin du règne millénaire du Christ, et comment se justifient-ils pour ne pas avoir suivi son exemple ?
16 Cette fois, nous y sommes ! Mais qu’arriva-t-il lorsque les chefs religieux du IVème siècle furent officiellement reconnus par l’Empire romain et qu’ils eurent accepté d’être placés à des postes leur conférant puissance et autorité, alliant ainsi leur religion à l’État politique ? Les chefs religieux ne ressentaient plus le besoin du règne futur de Jésus-Christ, d’une durée de mille ans proprement dits, avec sa congrégation glorifiée dans les cieux. Dans leurs fonctions importantes, ils régnaient déjà, avec l’appui de l’Empire romain. En outre, ces ecclésiastiques, qui ne suivaient pas l’exemple du Christ mais acceptaient de régner avant la résurrection d’entre les morts, et ce dans la chair, sur la terre, avec les hommes politiques, se justifiaient en alléguant que Révélation 20:4-6 s’accomplissait en eux. Ils persuadaient leurs ouailles d’opérer un même changement de sentiments à l’égard du règne millénaire du Christ sur l’humanité. L’Encyclopédie biblique de M’Clintock et Strong (angl.), tome VI, page 265, colonne 2, confirme ce fait en ces mots :
17. Que déclare une encyclopédie biblique pour soutenir ce qui précède ?
17 “L’on trouvera une bonne raison de ce remarquable changement de sentiment dans la modification de l’état et des perspectives de l’Église. Tout d’abord, les chrétiens attendaient avec impatience la réapparition du Seigneur. De plus, sans l’intervention personnelle et surnaturelle du Christ, il leur était impossible d’élever leur foi et leurs espoirs au point d’escompter le triomphe du pouvoir moral de la croix sur l’Empire romain. Mais à mesure que l’évangile faisait des progrès, les hommes de bien acquirent la conviction que la cause chrétienne aurait sans aucun doute la possibilité de l’emporter pacifiquement sur ses adversaires, grâce à la puissance de la vérité et de l’Esprit. L’on croit que, parmi les anciens écrivains ecclésiastiques, Origène (né en 180 et mort en 254) est le premier à avoir affirmé que pareil triomphe était possible en raison de l’efficacité propre à l’évangile.”
18, 19. a) En raison de ses relations avec l’État, où l’Église de la chrétienté prétendait-elle se trouver ? b) Quel père latin appuya une telle pensée, et comment ?
18 Puisque l’Église de la chrétienté était protégée par le gouvernement, et en raison même de ces relations avec l’État, de son pouvoir et de son influence sur celui-ci, allant jusqu’à recourir à la force séculière pour convertir les païens à la religion de la chrétienté, on prétendit alors que l’Église se trouvait déjà dans le millénium prédit par l’apôtre Jean. La façon dont Augustin traita le sujet du millénium fit nettement orienter la pensée religieuse dans cette direction. L’encyclopédie biblique citée plus haut déclare à cet effet :
19 “Le sujet tel que le traite Augustin fait époque. Il déclare (dans son De Civitate Dei, XX, 7) avoir cru autrefois à un Sabbat de mille ans ; il ne trouve toujours rien de répréhensible dans cette doctrine, si ce n’est que les joies des justes sont décrites comme étant d’ordre spirituel. Mais en commençant la discussion de ce sujet, il soutient la thèse selon laquelle le Royaume terrestre du Christ est l’Église ; celle-ci se trouvait déjà dans l’ère du millénaire, en bonne voie pour prendre la suprématie sur tous ses ennemis. Il semblerait que cette modification dans l’interprétation de la prophétie, appuyée par l’autorité du principal Père latin [Augustin], ait donné matière aux spéculations médiévales sur ce sujet.” — Édition de 1890, tome VI, page 265.
20. a) À quelle époque crut-on qu’un millénium proprement dit s’étendait sur la papauté ? b) Comment interpréta-t-on les difficultés qui s’ensuivirent, mais pourquoi ne pouvait-il en être ainsi ?
20 Cet Aurélius Augustin, père de l’Église, qui répandit pareille interprétation de Révélation 20:4-6, vécut de 354 à 430. Conformément à ses vues, selon lesquelles le règne millénaire du Christ trouvait son accomplissement dans l’Église catholique romaine sur la terre, on crut plus tard que le règne millénaire de la papauté s’étendait, au sens littéral, de l’an 800 (année où, à Rome, le pape Léon III sacra Charlemagne qui devint roi du Saint Empire romain) à 1799, quand Pie VI, déjà déposé par Napoléon Bonaparte et tenu captif, quitta le Vatican le 20 février et fut déporté à Valence où il mourut le 29 août 1799e. D’après ce point de vue, les difficultés qui assaillirent ensuite l’Église catholique marquaient le “peu de temps” pendant lequel Satan le Diable serait relâché à la fin du millénium (Apoc. 20:1-3, 7, AC). Mais voilà que 168 ans se sont écoulés depuis 1799. Pour le Diable qui doit être délié, cette période ne constitue pas un “peu de temps” seulement ; et les malheurs qui accablent la papauté augmentent encore. Maintenant, la destruction de Babylone la Grande, dont la papauté est le membre le plus influent, menace, dans un proche avenir, cet empire religieux.
LA CROYANCE EN UN MILLÉNIUM SYMBOLIQUE EST ERRONÉE
21. Comment se rend-on compte à présent de l’erreur d’Augustin quant à la suprématie de l’Église sur tous ses ennemis ?
21 On se rend pleinement compte à présent de l’erreur commise par le “saint” catholique Augustin. L’Église de la chrétienté ne s’est jamais trouvée dans une quelconque “ère millénaire”, où elle a brisé les royaumes politiques de ses ennemis. Aujourd’hui, nul ne saurait affirmer, en reprenant les termes d’Augustin, que l’Église est “en bonne voie pour prendre la suprématie sur tous ses ennemis”. Le présent monde païen s’accroît plus rapidement que le système ecclésiastique de la chrétienté. En outre, le communisme athée s’étend même aux territoires sous tutelle catholique. Le sens figuré ou allégorique qu’Augustin a attribué à Révélation 20:4-6 en ce qui concerne le règne millénaire du Christ est totalement erroné. Sous la férule de l’Église de la chrétienté, le genre humain n’a jamais hérité des bénédictions promises du millénium.
22, 23. a) Que sont devenus les espoirs de ces chefs religieux, espoirs tendant à s’assurer la victoire pacifique des chrétiens sur leurs adversaires ? b) Quelle objection, soulevée par ces chefs religieux à propos d’un retour du Christ avant son règne de mille ans, s’avère être sans fondement ?
22 Mais que dire de ces chefs religieux qui ont rejeté la nécessité du Royaume céleste du Christ qui doit régner pendant mille ans pris au sens littéral ? Leurs espoirs “de l’emporter pacifiquement sur [leurs] adversaires, grâce à la puissance de la vérité et de l’Esprit” ont été réduits à néant. Ils avaient dans l’idée que les missionnaires de la chrétienté pourraient convertir le monde pacifiquement, et que l’intervention armée de Jésus-Christ glorifié, pour instaurer le millénium à partir des cieux, ne serait nullement nécessaire. Il s’est avéré que c’était là une fausse interprétation de la sainte Bible, et l’objection que ces chefs religieux avaient soulevée à propos de la nécessité du retour du Christ, dans la puissance du Royaume, avant son règne de mille ans, ne repose sur aucun fondement. Voici ce que l’Encyclopédie biblique de M’Clintock et Strong (angl.), tome VI, page 266, déclare à ce sujet :
23 “La théorie du millénium, laquelle a tendance à tempérer les espoirs, et ainsi à restreindre l’activité missionnaire des chrétiens en montrant que le monde est en cours de destruction et en proclamant stériles les efforts que font les chrétiens pour convertir l’humanité jusqu’à la venue du Christ, constitue l’une des objections les plus sérieuses que l’on puisse soulever contre ces opinions.” — Édition de 1890.
24. a) Devant les événements survenus depuis 1914, quelles questions peut-on se poser eu égard à cette objection ? b) Comment l’histoire de la Société Watch Tower montre-t-elle qu’il ne s’est produit ni un ralentissement dans l’effort, ni une déception dans l’espérance ?
24 Cette dernière déclaration a été publiée en 1890, soit il y a soixante-dix-sept ans ; mais qu’est devenu le monde depuis 1914 ? Est-il “en cours de destruction” ? Les efforts déployés par la chrétienté se sont-ils avérés stériles et vains ? Les conditions qui règnent actuellement dans le monde nous font dire que oui ! Mais la prédication et l’activité missionnaire des chrétiens qui attendent un règne de mille ans que le Christ accordera à l’humanité se sont-elles ralenties, et leur espérance a-t-elle été déçue ? L’histoire des quatre-vingt-huit années écoulées proclame que non ! Le périodique La Tour de Garde de Sion (angl.) vit le jour en 1879, et en 1884 la Watch Tower Bible & Tract Society publia les six volumes composant la série d’ouvrages connue sous le nom d’Études des Écritures, série d’abord appelée Aurore du Millénium. Aujourd’hui, et en dépit des persécutions qui se sont déchaînées au cours des deux guerres mondiales, la Watch Tower Bible & Tract Society de Pennsylvanie est représentée par quatre-vingt-quinze filiales dans le monde entier. Cette Société proclame en 164 langues la bonne nouvelle de la venue du règne millénaire du Christ. Ses missionnaires et proclamateurs prêchent dans 199 pays, et le nombre des prédicateurs du Royaume augmente chaque année.
25. a) En quels termes Augustin a-t-il fait allusion au millénium ? b) Qu’indiquent les chronologies modernes quant à l’existence de l’homme sur la terre !
25 Il y a 1 500 ans, le “saint” catholique Augustin parlait des six mille ans de l’histoire et considérait le millénium comme un “Sabbat”, période de repos du septième jour ; mais il abandonna cette idée. Pendant des siècles, catholiques et protestants ont respecté la chronologie biblique élaborée par l’archevêque James Ussher. Ce calcul chronologique établit que le premier homme Adam fut créé en l’an 4004 avant Christ et, de ce fait, les six mille ans d’existence de l’homme sur la terre devraient expirer avant la fin de notre vingtième siècle, soit en 1996. D’après un procédé de calcul plus récent, les six mille ans de l’existence humaine arriveraient à leur terme dans la seconde partie de 1975, donc bien avant le terme de notre siècle. Selon le calcul des temps et les événements de l’histoire du monde, le millénium dont parle la Bible se rapproche de nous. Il n’est pas en voie d’achèvement, comme voudraient le faire croire les commentaires catholiques de la Bible. Dans la Bible de Douay (angl., édition de Murphy), le passage d’Apocalypse 20:1, 2 est ainsi rendu :
26, 27. a) Selon les notes figurant au bas des pages de la Bible de Douay, à quel moment Satan a-t-il été lié ? b) À quand est fixé le millénium, et que font les saints martyrs pendant cette période ?
26 “Et je vis un ange descendre du ciel, ayant la clé du puits sans fond, et une grande chaîne dans la main. Et il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et le lia pour mille ans.”
27 La note en bas de page se rapportant à l’expression “le lia, etc.” déclare : “Le pouvoir de Satan a été grandement limité par la passion du Christ.” Puis, sous l’expression “pour mille ans”, la note dit ceci : “C’est-à-dire pour toute la durée du Nouveau Testament : mais surtout depuis la destruction de Babylone, la Rome païenne, jusqu’aux nouveaux efforts tentés contre l’Église par Gog et Magog, vers la fin du monde. Pendant cette période, les âmes des martyrs et des saints vivent et règnent avec le Christ dans le ciel, dans la première résurrection, qui est la résurrection de l’âme à la vie de gloire ; la deuxième résurrection sera celle du corps, au jour du Jugement dernier.” — Édition de Baltimore.
28. Combien de temps s’est écoulé depuis la disparition de la “Rome païenne”, et les faits de l’histoire démontrent-ils que Satan se trouve dans le puits sans fond ?
28 Il y a cependant plus de mille ans que la “Rome païenne” a été remplacée par la Rome papale, au cinquième siècle. Les faits de l’histoire actuelle démentent que Satan le Diable a déjà été lié et jeté dans l’abîme, comme cela fut prédit dans Apocalypse (Révélation) 20:3 (AC) en ces termes : “Et il [l’ange du ciel] le jeta dans l’abîme [le puits sans fond, Bible de Douay], qu’il ferma à clef et scella sur lui, afin qu’il ne séduisît plus les nations, jusqu’à ce que les mille ans fussent écoulés. Après cela, il doit être délié pour un peu de temps.”
29. Où la Révélation situe-t-elle la bataille d’Harmaguédon et, sous ce rapport, qu’est-ce qui prouve que le Dragon, Satan le Diable, n’est pas encore lié dans le puits sans fond ?
29 Sans risque d’erreur possible, le livre de l’Apocalypse, ou Révélation, situe la bataille d’Harmaguédon avant que Satan ne soit jeté dans le puits sans fond ou abîme. Le récit biblique révèle que Satan le Diable en personne prend part au rassemblement des nations pour ce combat. Dans le texte inspiré, nous lisons qu’un esprit impur sort de la bouche du Dragon, Satan le Diable, pour s’unir aux esprits impurs provenant de la bouche de la bête et de la bouche du faux prophète. Ces “esprits” vont vers les rois de la terre entière afin de les rassembler pour le combat du grand jour de Dieu le Tout-Puissant, combat qui doit se livrer à Harmaguédon. C’est maintenant que ces esprits de démons, au nombre de trois, et issus de ces trois sources, vont vers les dirigeants de la terre. C’est maintenant que ces “rois” et leurs armées s’acheminent vers Harmaguédon ; des hommes bien en vue nous ont prodigué de fréquents avertissements en ce sens. Donc, en toute logique, le Dragon, Satan le Diable, ne saurait être lié et se trouver dans un puits sans fond, incapable de séduire les nations, puisque l’esprit impur qui sort de sa bouche rassemble les rois de la terre et leurs armées à Harmaguédon. — Apoc. 16:13-16, AC.
30. a) Quels instruments politiques employés par Satan sur la terre constituent la preuve que celui-ci n’est pas encore scellé dans l’abîme ? b) Qu’adviendra-t-il de ces instruments politiques à Harmaguédon, et quand Satan les rejoindra-t-il ?
30 Non, Satan le Diable n’a pas encore été lié et scellé pour mille ans dans le puits sans fond. La “bête” symbolique et le “faux prophète” se trouvent encore sur la terre. De même, Satan le Diable se trouve toujours au voisinage de la terre. Il se sert de la “bête” et du “faux prophète” comme d’instruments à l’aide desquels il rassemble les rois de la terre et leurs armées pour la destruction qui les attend lors de la guerre du grand jour de Dieu le Tout-Puissant. Le chapitre dix-neuf de l’Apocalypse ou Révélation Rév 19 décrit la bataille d’Harmaguédon, au grand jour de Dieu, et ce même chapitre la fait se produire avant que Satan ne soit lié puis jeté dans le puits sans fond ou abîme. Dans ce combat à venir, la “bête” et le “faux prophète” seront lancés, pour être détruits, dans l’étang symbolique de feu et de soufre. Satan le Diable les y rejoindra après le règne millénaire du Christ sur l’humanité. — Apoc. 19:11 à 20:3, 7-10, AC.
31. Pourquoi donc le règne millénaire du Christ est-il encore à venir, et quand doit-il se produire ?
31 Ainsi donc, étant donné que la bataille d’Harmaguédon est encore à venir, Satan ne sera lié et jeté dans le puits sans fond que par la suite, puisque cette sentence doit être postérieure à la bataille d’Harmaguédon. De même, le règne millénaire du Christ est encore dans le futur, car il ne commencera que lorsque Satan aura été lancé dans le puits sans fond. Ce règne se poursuivra pendant les mille ans que durera l’emprisonnement de Satan dans le puits sans fond ou abîme. Par conséquent, les doctrines d’Augustin et des autres chefs religieux de la chrétienté, lesquelles sont opposées au millénaire, s’avèrent être erronées une fois de plus. Le règne millénaire du Christ nous attend. À notre grand soulagement, il est maintenant très proche.
[Notes]
a L’Encyclopédie américaine (édition de 1929), tome XXI, page 268, vient confirmer ce qui précède en ces termes : “PAPIAS, écrivain chrétien, évêque de Hiérapolis. Irénée et des écrivains postérieurs le représentent comme ‘auditeur de Jean et compagnon de Polycarpe’. Il souffrit le martyre à Pergame en 163 apr. J.-C. Il fut l’un des premiers à croire au millénium, c’est-à-dire au règne personnel du Christ sur la terre, pendant mille ans, après la résurrection des morts ; il fut aussi l’auteur de cinq volumes de commentaires sur les déclarations du Seigneur (Logon Kuriakon Exegesis), dont quelques fragments subsistent encore. De ces ouvrages nous vient la croyance traditionnelle selon laquelle l’Évangile selon saint Matthieu aurait été rédigé en hébreu, et l’évangéliste Marc aurait été l’interprète ou secrétaire de Pierre dans sa rédaction du troisième Évangile.”
b L’Encyclopédie biblique de M’Clintock et Strong (angl.), tome VIII, page 396, dit ceci : “Avant Constantin, on ne reconnaissait au clergé aucune position particulière dans l’État ; mais lorsque le christianisme fut adopté comme religion de l’État romain, on considéra ses ministres comme occupant la place de ces prêtres païens qui avaient vu leur réputation ruinée par leurs superstitions.”
c Voir Beacon Lights of History par John Lord, docteur en droit, édition de New York (1884), tome III, chapitre 30, pages 244, 245, sous le titre : “Martin Luther : La Réforme protestante.”
d Voir le De Civitate Dei d’Augustin, XX, 5-7 ; édition de Jacques Paul Migne, “Patrologiae cursus completus”, XLI, pages 607 et suivantes en latin.
En ce qui concerne la controverse religieuse sur le millénium au cours du siècle précédent, soit le troisième siècle, voir dans l’ouvrage Institutes of Ecclesiastical History de Mosheim, le chapitre III intitulé “Histoire de la théologie”, section 12, ainsi que la note en bas de page de James Seaton Reid, docteur en théologie, figurant dans l’édition de Londres (1848).
e Voir Le Temps est proche (tome II des Études des Écritures), pages 382, 383, ainsi que La Tour de Garde de Sion (angl.), de décembre 1881, pages 6, 7, de mai 1882, page 8, et d’août 1889, pages 3, 4.