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Le nom Jésus doit-il rappeler des “souvenirs amers” ?Réveillez-vous ! 1976 | 8 août
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Le nom Jésus doit-il rappeler des “souvenirs amers” ?
PRATIQUEMENT tout le monde a entendu parler de Jésus de Nazareth. Des centaines de millions de gens le considèrent comme l’homme le plus grand qui ait jamais existé, tandis que d’autres ont un point de vue bien différent qu’ils défendent vigoureusement.
Par exemple, les écrits religieux juifs, connus sous le nom de Talmud babyloniena, déclarent : “La veille de la Pâque, Yeshu [Jésus] fut pendu. Durant les quarante jours qui précédèrent son exécution, un héraut sortit et cria : ‘Il va être lapidé parce qu’il a pratiqué la sorcellerie et entraîné Israël à l’apostasie. Quiconque peut dire quelque chose en sa faveur, qu’il vienne et plaide pour lui.’ Mais comme rien n’a été dit en sa faveur, il a été pendu la veille de la Pâque.” — Sanhédrin, 43a.
Dans son livre Les Juifs et Jésus Christ (angl.), Jakób Jocz fait cette remarque : “Le nom de Jésus et le symbole de son martyre évoquent des souvenirs amers dans la pensée juive.” Cette amertume est parfois excessive. Quand on leur parle de Jésus, certains Juifs sincères déclarent : “Puissent son nom et sa mémoire être effacés !”
Ce sentiment d’amertume, même s’il n’est pas ressenti par tous les Juifs, existe au vingtième siècle. Voyons-en quelques-unes des raisons.
Les raisons de cette amertume
● Pendant des siècles, les Juifs ont été terriblement persécutés par la chrétienté. Quelques-unes des pages les plus navrantes de l’Histoire sont celles qui nous rapportent les croisades sanglantes, les tortures ordonnées par l’“Inquisition”, les humiliations publiques, les baptêmes forcés et l’extermination systématique de millions de gens dont le seul “crime” était d’être Juifs.
● Des centaines de millions de fidèles de la chrétienté adorent Jésus comme la seconde personne d’une “trinité” mystérieuse, le considérant comme l’égal du Dieu Tout-Puissant. Pourtant, les Écritures hébraïques inspirées disent : “Écoute, Israël : L’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un.” (Deut. 6:4, “Bible du Rabbinat français” [“ZK”]). Les Juifs ont jugé peu convaincants les arguments avancés par les théologiens de la chrétienté pour affirmer que Dieu est à la fois “un” et “trois”.
● De nombreuses églises de la chrétienté abritent des statues ou des images de Jésus devant lesquelles les fidèles se prosternent pour leur rendre un culte. Cela répugne à des gens qui conforment leur vie à ce que dit le deuxième des Dix Commandements, savoir : “Tu ne te feras point d’idole, ni une image quelconque de ce qui est en haut dans le ciel, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux au-dessous de la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles.” — Ex. 20:4, 5, “ZK”.
● Jésus de Nazareth a prétendu être le Messie promis depuis longtemps. Toutefois, d’après le rabbin H. G. Enelow, “ce que les Juifs attendaient du Messie n’a pas été réalisé par Jésus et ne l’a même pas été jusqu’à ce jour”.
Mais, à propos des paroles de ce rabbin, vous êtes-vous jamais demandé pourquoi, sept ans après que Jésus eut commencé son activité publique de prédication et d’enseignement, les milliers de disciples qu’il comptait alors étaient tous des Juifs ou des gens convertis au judaïsme ? Pourquoi avaient-ils écouté Jésus ?
“Aucun Juif raisonnable ne peut être indifférent”
Certains pensent que le problème de Jésus de Nazareth par rapport aux Juifs n’offre aucune solution et qu’il ne vaut pas la peine d’en discuter. Toutefois, le rabbin Enelow fait une remarque très intéressante : “Aucun Juif raisonnable ne peut être indifférent au fait qu’un Juif [il parle de Jésus] a joué un rôle aussi extraordinaire dans l’éducation et la direction religieuses de la race humaine.” Un autre Juif, E. R. Trattner, fait cette remarque dans le livre Comment un Juif considère Jésus (angl.) :
“On estime qu’on a écrit plus de soixante mille livres sur lui (Jésus). Son histoire a été racontée en huit cents langues et dialectes. Pour moi, parce que je suis Juif, c’est une chose étonnante, car rien de semblable ne s’est jamais produit sur une aussi vaste échelle dans l’histoire de l’homme.”
“Deux sujets distincts”
Il est temps maintenant de rectifier certaines idées erronées. Jakób Jocz explique : “Le Christ de l’Église (...) n’a rien de commun avec le grand Nazaréen. L’examen de la doctrine chrétienne et la discussion relative à Jésus de Nazareth sont deux sujets distincts.” Pourquoi ?
L’examen des Évangiles écrits par les Juifs Matthieu, Marc, Luc et Jean risque de vous étonner. Vous vous apercevrez, en effet, qu’à aucun moment Jésus ne demande à ses disciples de l’adorer. Bien au contraire, au lieu de prétendre être l’égal de Dieu, Jésus déclara : “Je ne fais rien de ma propre initiative ; mais, comme le Père m’a enseigné, je dis ces choses.” (Jean 8:28). Jésus dit encore : “Le Père [Dieu] est plus grand que moi.” (Jean 14:28). Durant son supplice, il pria Dieu en disant : “Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne !” — Luc 22:42.
Contrairement aux Églises de la chrétienté, ni Jésus ni aucun des rédacteurs du “Nouveau Testament” n’a encouragé l’utilisation d’images dans le culte. Au contraire, on peut lire : “Fuyez l’idolâtrie.” “Gardez-vous des idoles.” (I Cor. 10:14 ; I Jean 5:21). Loin d’encourager ses disciples à maltraiter leurs semblables, Jésus enseigna ceci dans son Sermon sur la montagne : “Continuez d’aimer vos ennemis et de prier pour ceux qui vous persécutent ; afin de vous montrer fils de votre Père qui est dans les cieux, puisqu’il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons et qu’il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.” — Mat. 5:44, 45.
Quant à l’enseignement de Jésus, l’Encyclopédie juive (angl.) fait ce commentaire : “Sous de nombreux rapports, l’attitude de Jésus était spécifiquement celle d’un Juif, même sous des aspects que l’on considère généralement comme des signes de l’étroitesse d’esprit judaïque. Jésus a prêché régulièrement à la synagogue, ce qui n’aurait pas été possible si l’on avait reconnu que ses doctrines étaient fondamentalement différentes des croyances courantes des Pharisiens.”
Ainsi, un grand nombre des obstacles qui, depuis, ont irrité les Juifs contre Jésus de Nazareth, n’existaient pas au premier siècle. En fait, à cette époque-là, des Juifs l’ont écouté avec plaisir. Pourquoi ?
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Pourquoi ont-ils écouté Jésus ?Réveillez-vous ! 1976 | 8 août
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Pourquoi ont-ils écouté Jésus ?
MALGRÉ les progrès de la science et de la technologie, les humains n’ont jamais eu autant besoin de conseils pratiques pour améliorer leurs relations. Non seulement l’humanité est divisée sur le plan racial, national et religieux, mais il n’est pas rare que certaines personnes soient rejetées par d’autres qui sont pourtant de la même race, de la même nation et de la même religion.
Cette tendance des hommes à faire des distinctions de classe est une caractéristique de leur nature imparfaite qui s’est manifestée au cours des millénaires de l’histoire humaine. Cependant, certaines choses peuvent aggraver cette tendance. N’avez-vous jamais remarqué que les hommes qui ont reçu une instruction supérieure sont souvent enclins à mépriser ceux qui ne sont pas très instruits ? C’était déjà le cas à l’époque de Jésus. Dans Le judaïsme au premier siècle de l’ère chrétienne (angl.), le professeur George Foot Moore écrit : “Les gens instruits étaient souvent imbus de leur savoir, et ils l’étaient d’autant plus qu’il s’agissait d’un savoir religieux. (...) Hillel [qui vécut au commencement de l’ère chrétienne] avait formulé cela par ces mots : ‘Aucun homme ignorant [en hébreu ʽam ha-arez, “homme de la terre”] n’est religieux.’” — Voir Jean 7:49.
Montrant jusqu’à quel point certaines personnes adoptaient pareille attitude, le Talmud a conservé jusqu’à nos jours les propos suivants de certains rabbins, qui vécurent dans les premiers siècles de notre ère :
“Nos rabbins enseignaient : Qu’un homme (...) n’épouse pas la fille d’un ʽam ha-arez parce qu’ils sont détestables, parce que leurs femmes sont de la vermine et parce qu’il est dit à propos de leurs filles [dans Deutéronome 27:21] : Maudit, qui s’accouple avec quelque animal ! (...) Rabbi Éléazar a dit : Un ʽam ha-arez, il est permis de le poignarder [même] le Jour des Propitiations qui tombe le Sabbat. (...) On ne doit pas marcher sur la route en compagnie d’un ʽam ha-arez. (...) Rabbi Samuel [fils de] Nahmani a dit au nom de rabbi Johanan : On peut déchirer un ʽam ha-arez comme un poisson ! Rabbi Samuel [fils d’] Isaac a dit : Et [cela signifie] le long du dos.” — Talmud babylonien, Pesachim (“fête de la Pâque”), 49b.
Jésus, au contraire s’est mêlé aux gens du commun peuple. Certains “scribes des Pharisiens” le critiquèrent parce qu’il mangeait avec les collecteurs d’impôts méprisés et des “pécheurs”. Jésus déclara alors : “Ce ne sont pas les gens solides qui ont besoin de médecin, mais les mal portants. Je suis venu appeler, non pas les justes, mais les pécheurs.” (Marc 2:16, 17). Commentant l’attitude de Jésus, E. R. Trattner écrit dans Comment un Juif considère Jésus (angl.).
“Avant Jésus, aucun prophète juif n’est jamais allé vers les misérables, les malades, les faibles et les opprimés pour leur témoigner de l’amour et les servir avec compassion. Il a cherché à racheter l’humble par un peu de compréhension humaine, ce qui est tout à fait exceptionnel dans l’histoire juive.”
La compassion que Jésus témoignait au commun peuple a sans aucun doute incité un grand nombre de Juifs à écouter attentivement ce qu’il avait à leur dire. Mais ce n’était pas la seule raison. En effet, l’enseignement de Jésus était, lui aussi, exceptionnel.
Humilité et miséricorde
Loin d’exhorter ses auditeurs à faire des efforts pour devenir grands en étudiant ou d’une autre manière, Jésus leur dit : “Le plus grand parmi vous devra être votre ministre. Quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé.” (Mat. 23:11, 12). Claude Montefiore, savant juif qui rédigea plusieurs ouvrages sur Jésus de Nazareth, écrit dans La littérature rabbinique et l’enseignement des Évangiles (angl.) :
“La doctrine relative au service et à l’humilité de ce service était un aspect remarquable de l’enseignement de Jésus, mais aussi un aspect relativement nouveau. Il n’y a rien d’absolument semblable dans la doctrine de la littérature rabbinique, du moins à en juger par ce que je sais et par ce que j’ai pu vérifier. En effet, Jésus (...) entend plus que le simple fait de servir ou de verser du vin lors d’un festin, bien qu’une telle action ait pu être pour lui l’occasion de donner un enseignement ou une illustration de celui-ci. Pour lui, il s’agit de servir toute la vie, de servir les autres avec humilité et dévouement. Il voulait dire se dépenser pour le bien des plus humbles. (...) Une telle conception était nouvelle ; c’était un enseignement nouveau. Quant à son importance extraordinaire et à l’influence considérable qu’il a eues dans l’Histoire, il est inutile d’en parler ici.”
Comment celui qui désire servir son prochain devrait-il réagir quand il est offensé ? N’avez-vous jamais entendu quelqu’un dire : “Tout est fini entre nous. Cette fois, je ne lui pardonnerai pas.” Certes, il est populaire de prôner les vertus et la longanimité, mais beaucoup de gens ne sont disposés à passer sur des offenses ou des contrariétés qu’un nombre de fois très limité. Quand il demanda : “Seigneur, combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et devrai-je lui pardonner ? Est-ce jusqu’à sept fois ?”. Simon Pierre, disciple de Jésus, pensait peut-être que sept fois étaient trop. Pourtant, Jésus lui répondit : “Je te dis, non pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix-sept fois.” (Mat. 18:21, 22). En d’autres termes, on ne devrait pas limiter le nombre de fois où nous pardonnerons une insulte ou une injure personnelle. C’est sans doute parce que Jésus enseignait l’humilité et la longanimité que des Juifs l’ont écouté avec plaisir.
Les bonnes actions et le “salut”
Que pensez-vous des gens très pieux ? Avez-vous remarqué que certains ont tendance à accorder une valeur excessive au respect de préceptes religieux ou à l’accomplissement d’actions charitables ? Certaines personnes semblent croire que des dons charitables et d’autres actions philanthropiques ou religieuses excusent les mauvaises pensées et même une conduite impure. Sous un vernis de piété, de telles personnes peuvent être très égoïstes et rendre malheureux les autres.
Comme la plupart des humains, à l’époque de Jésus beaucoup de Juifs avaient tendance à croire qu’en observant strictement certains préceptes religieux et en faisant des œuvres charitables, ils compensaient aux yeux de Dieu leurs transgressions de sa loi. Les Pharisiens (mot qui signifie “les séparés”) encourageaient particulièrement cette attitude. Le Talmud de Jérusalem énumère “sept types de Pharisiens”, dont “celui qui compense”. Il donne cette explication : “[Il] se dit : Je vais observer une prescription religieuse, puis en transgresser une autre, et compenser l’une par l’autre.” Un autre type de Pharisien, “qui est conscient de ses devoirs, s’efforce d’effacer ses péchés par sa bonne conduite”. (Berakhoth [“bénédictions”], chap. 9.) Les paroles suivantes montrent jusqu’où certains poussaient ce système de compensation des péchés par de bonnes actions :
“Nos rabbins enseignaient ceci : Un homme devrait toujours se considérer comme à moitié coupable et à moitié méritant : s’il observe un principe, heureux est-il d’incliner pour lui le plateau du mérite ; s’il commet une transgression, malheur à lui, car il incline le plateau de la culpabilité.” — Talmud babylonien, Kiddushin (“fiançailles”), 40a, 40b.
Concernant cette attitude, Montefiore dit : “Les rabbins semblent juger beaucoup trop d’après les actes. (...) Cet excès aboutit à une forme étrange de superficialité. Si, à un moment donné, le nombre des bonnes actions d’un homme est supérieur d’une unité à celui de ses mauvaises actions, il peut être classé parmi les justes. Si le nombre de ses mauvaises actions est supérieur d’une unité à celui de ses bonnes actions, il peut être classé parmi les pécheurs. Pour connaître le ‘salut’ au moment de sa mort, il peut donc suffire que le nombre de ses bonnes actions soit supérieur d’une unité à celui de ses mauvaises actions.”
Évidemment la littérature talmudique montre à différents endroits la nécessité d’observer les préceptes religieux et de faire des actions charitables avec de bons mobiles. Par exemple, elle souligne la nécessité ‘d’obéir aux commandements pour les commandements eux-mêmes’ et non pour une récompense. Toutefois, de tels passages ne compensent pas ceux qui, très nombreux, indiquent que le sûr moyen de parvenir au “salut” consiste à accumuler les bonnes œuvres. Montefiore déclare : “On pourrait citer beaucoup de choses (courantes) sur l’autre aspect, mais la tendance était bel et bien à considérer toute la question de la vie comme les bons points d’un écolier.”
Jésus ne minimisait pas l’importance de la bonne conduite, mais il souligna que les individus pouvaient être désapprouvés par Dieu même s’ils observaient scrupuleusement les préceptes religieux et faisaient des œuvres charitables. Par exemple, les Pharisiens faisaient un vœu spécial par lequel ils s’engageaient à observer les lois de la pureté religieuse, y compris le lavement rituel des mains au moment des repas. Toutefois, quand on demanda à Jésus pourquoi ses disciples négligeaient de se laver les mains avant un repas, il répondit : “Écoutez et saisissez-en le sens : ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de sa bouche, voilà ce qui souille l’homme. (...) Ce qui sort de la bouche vient du cœur.” — Mat. 15:10, 11, 18.
Les Pharisiens faisaient également le vœu de donner la dîme ou le dixième du produit de leur terre, des fruits de leurs arbres et de leurs troupeaux pour entretenir la prêtrise lévitique et d’autres choses nécessaires au culte de Dieu. Bien que la dîme ne fût pas en elle-même une mauvaise chose, Jésus a repris sévèrement les Pharisiens, qui s’imaginaient qu’en observant ces préceptes religieux ils étaient excusés s’ils s’abstenaient de manifester d’autres bonnes qualités. Jésus déclara :
“Malheur à vous, scribes et Pharisiens, hypocrites ! parce que vous donnez le dixième de la menthe, et de l’aneth odorant, et du cumin, mais vous avez négligé les choses plus importantes de la Loi, à savoir la justice et la miséricorde et la fidélité. Il fallait faire ces choses-ci, sans négliger les autres choses. Guides aveugles, qui arrêtez au filtre le moustique mais qui avalez le chameau !” — Mat. 23:23, 24.
Jésus souligna à maintes reprises que ce qui remplit le cœur d’un homme, c’est-à-dire ses pensées, ses sentiments, ses désirs et ses mobiles, a beaucoup plus d’importance aux yeux de Dieu que l’observance de préceptes religieux particuliers et l’accomplissement d’œuvres charitables (voir Matthieu 5:27, 28). Il ne fait aucun doute qu’un grand nombre de Juifs sincères ont écouté avec beaucoup de plaisir Jésus leur présenter hardiment ces vérités fondamentales.
La race ou des efforts sincères ?
Vous connaissez sans doute des gens qui sont particulièrement fiers d’appartenir à une famille, à une race, à une nation ou à une religion en particulier. À l’époque de Jésus, comme aujourd’hui, certains manifestaient cette tendance d’une manière vraiment excessive. Avez-vous déjà entendu parler d’un enseignement connu sous le nom de “mérite des pères” (en hébreu zekhuth abhoth) ? D’après l’Encyclopédie judaïque (angl.), “de nombreux passages de la littérature rabbinique laissent entendre que le mérite des ancêtres influe sur le bonheur de leurs descendants”.
On jugeait particulièrement avantageux d’avoir Abraham comme ancêtre. Dans Une anthologie rabbinique (angl.), une autorité en matière de judaïsme note que “le [mérite] d’Abraham est si grand qu’il peut couvrir toutes les vanités et tous les mensonges d’Israël en ce monde”. Un commentaire rabbinique sur le livre de la Genèse montre Abraham assis à la porte de la Géhenne, afin de délivrer tout Israélite qui, sans lui, risquerait de finir là. C’est pourquoi, quand il exhorta ses auditeurs, quels que soient leurs ancêtres, à se repentir et à conformer leur vie à la loi de Dieu, Jean le Baptiste, précurseur de Jésus, jugea nécessaire de leur dire : “Produisez donc des fruits qui conviennent à la repentance. Et ne commencez pas à dire en vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour père.”’ (Luc 3:8). Jésus, lui aussi, montra aux Juifs qu’ils ne devaient pas s’imaginer avoir du mérite aux yeux de Dieu pour la seule raison qu’ils descendaient d’Abraham. Il leur dit :
“Luttez avec énergie pour entrer par la porte étroite, car beaucoup, je vous le dis, chercheront à entrer et ne le pourront pas (...). C’est là que seront vos pleurs et vos grincements de dents, quand vous verrez Abraham et Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, mais vous, jetés dehors. D’autre part, des gens viendront des régions de l’orient et des régions de l’occident, et du nord et du sud, et ils s’étendront à table dans le royaume de Dieu. Et voici qu’il y a des derniers qui seront premiers, et il y a des premiers qui seront derniers.” — Luc 13:24-30.
Les Juifs de cette époque-là se représentaient les bénédictions du “monde à venir” sous la forme d’un festin en compagnie des patriarches et des prophètes. Cependant, les Juifs qui étaient les “premiers” à se voir offrir la possibilité de recevoir ces bénédictions ne les hériteraient pas pour la simple raison qu’ils descendaient d’Abraham. S’ils refusaient individuellement de faire de grands efforts pour satisfaire aux exigences de Dieu, leurs places seraient prises par ceux qui seraient disposés à ‘lutter avec énergie’, même si ceux-ci venaient d’entre les nations, s’ils étaient, en quelque sorte, les “derniers” à pouvoir prétendre recevoir ces bénédictions.
Les hommes droits, qui ne pouvaient croire en toute bonne conscience que Dieu fermait les yeux sur les mauvaises actions d’une personne uniquement à cause de ses ancêtres, ont dû écouter avec beaucoup de plaisir l’enseignement de Jésus sur cette question.
Le témoignage des œuvres puissantes
Si beaucoup de gens ont écouté Jésus, c’est, entre autres raisons importantes, parce qu’il faisait des œuvres miraculeuses. Parfois, il faisait preuve d’une connaissance suprahumaine des gens et des événements (Jean 1:47-49 ; 4:16-19). Lors d’un festin de mariage, il changea de l’eau en vin et, en d’autres circonstances, il multiplia miraculeusement de la nourriture, afin de nourrir de grandes foules (Jean 2:1-11 ; Marc 6:32-44 ; 8:1-9). De plus, Jésus ‘guérissait toute sorte de maladies et toute sorte d’infirmités parmi le peuple’. (Mat. 4:23 ; 9:35 ; 10:1.) Il a même ressuscité plusieurs personnes. — Marc 5:35, 38-42 ; Luc 7:11-17 ; Jean 11:1-44.
Ces œuvres puissantes ont incité beaucoup de gens à prendre Jésus au sérieux. Des foules de témoins stupéfaits s’exclamèrent : “Un grand prophète a été suscité parmi nous.” “Celui-ci est vraiment le prophète qui devait venir dans le monde.” — Luc 7:16 ; Jean 6:14 ; voir Deutéronome 18:15-19.
Les textes rabbiniques considèrent le christianisme comme une apostasie, mais ils ne nient pas que Jésus et ses disciples ont accompli des miracles. Dans son livre Jésus de Nazareth (angl.), traduit de l’hébreu en anglais par Herbert Danby, Joseph Klausner, savant juif, note :
“Les Évangiles disent que [Jésus] a accompli des signes et des miracles grâce à l’esprit saint et à la puissance de Dieu ; les récits du Talmud reconnaissent qu’il a effectivement accompli des signes et des miracles, mais par le moyen de la magie. (...) Il s’ensuit donc que les récits consignés dans les trois premiers Évangiles ont bien été écrits très tôt et qu’il est déraisonnable de mettre en doute l’existence de Jésus (...) ou sa personnalité, telle qu’elle est décrite dans ces Évangiles.”
L’enseignement incomparable de Jésus et son attitude empreinte d’amour envers toutes sortes de personnes ont incité les Juifs sincères à l’écouter et à prendre à cœur ses paroles. À cause de ses miracles sans précédent, beaucoup s’exclamèrent : “Quand le Christ viendra, est-ce qu’il opérera plus de signes que n’en a opéré cet homme ?” (Jean 7:31). En fait, vers la fin du premier siècle, des milliers de Juifs étaient fermement convaincus que Jésus de Nazareth était bien le Messie promis.
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Le Messie — que devait-il accomplir et quand ?Réveillez-vous ! 1976 | 8 août
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Le Messie — que devait-il accomplir et quand ?
QU’ÉVOQUE pour vous le mot “Messie” ? Vous fait-il penser à un personnage politique qui devait vaincre les ennemis d’Israël, faire revenir les Juifs dans la Terre promise et reconstruire le temple de Jérusalem pour qu’on y adore Dieu ?
Aucun Messie de ce genre n’a jamais paru. Dans certaines parties du monde, les Juifs sont toujours opprimés. Pourtant, les Écritures hébraïques parlent de façon très précise d’une “postérité” par laquelle tous les humains devraient être bénis un jour. Cette postérité ou Messie (qui signifie “l’Oint”) devait être un descendant des patriarches Abraham, Isaac et Jacob, par la tribu de Juda et la famille du roi David. — Gen. 3:15 ; 12:1-3 ; 22:18 ; 26:3, 4 ; 28:13, 14 ; 49:10 ; II Sam. 7:12-16.
Toutefois, pour beaucoup de gens, la question du Messie est très confuse. Ainsi, un Dictionnaire du judaïsme (angl.) déclare : “Il y avait des idées très différentes sur le Messie (...). Cependant, il n’y en a aucune qui fasse autorité, et le judaïsme n’a rien de défini à dire à ce sujet.” Mais que disent les Écritures hébraïques ? Avez-vous examiné personnellement ce qu’elles disent sur le Messie promis ? Que devait-il accomplir et quand ?
Un accomplissement préliminaire
Le mot hébreu Mashiahh, Messie, n’apparaît qu’une fois dans les Écritures sans être associé à d’autres mots qui le qualifient (tel que dans les expressions ‘l’Oint de Dieu’, “mon Oint”). Il s’agit du texte de Daniel 9:24-27, qui annonce une action extraordinaire du Messie, action qu’il devait accomplir longtemps avant que les bénédictions de son règne ne soient étendues au monde entier. Nous lisons :
“Soixante-dix semaines ont été déterminées sur ton peuple et sur ta ville sainte, pour mettre un terme à la transgression, et pour supprimer le péché, et pour faire propitiation pour la faute, et pour introduire la justice pour des temps indéfinis, et pour mettre le sceau à vision et prophète, et pour oindre le Saint des Saints. Et tu dois savoir et discerner que depuis la sortie de la parole de rétablir et de rebâtir Jérusalem, jusqu’à Messie le Conducteur, il y aura sept semaines, également soixante-deux semaines. Elle reviendra et sera effectivement rebâtie, avec place publique et fossé, mais dans la détresse des temps.
“Et après les soixante-deux semaines, Messie sera retranché, avec rien pour lui-même.
“Et le peuple d’un conducteur qui vient ravagera la ville et le lieu saint. Et la fin de cela sera par le flot. Et jusqu’à la fin il y aura la guerre ; ce qui est décidé, ce sont des désolations.
“Et il devra maintenir l’alliance en vigueur pour la multitude pendant une semaine ; et à la moitié de la semaine, il fera cesser le sacrifice et l’offrande.”
Avez-vous noté que la venue de “Messie le Conducteur” (Mashiahh Nagid en hébreu) est liée à la suppression du péché ? Quel est le rôle du Messie en cette affaire ? Considérons certains aspects d’une prophétie consignée dans Ésaïe 52:13 à 53:12 que l’ancienne paraphrase juive en araméen, le Targum, applique à “mon serviteur, l’Oint [ou le Messie]”.
“C’est pour nos péchés qu’il a été meurtri, par nos iniquités qu’il a été écrasé ; le châtiment, gage de notre salut, pesait sur lui, et c’est sa blessure qui nous a valu la guérison.
“Mais Dieu a résolu de le briser, de l’accabler de maladies, voulant que, s’il s’offrait lui-même comme sacrifice propitiatoire, il vît une postérité destinée à vivre de longs jours, et que l’œuvre de l’Éternel prospérât dans sa main.
“C’est pourquoi je lui donnerai son lot parmi les grands ; avec les puissants il partagera le butin, parce qu’il s’est livré lui-même à la mort et s’est laissé confondre avec les malfaiteurs, lui, qui n’a fait que porter le péché d’un grand nombre et qui a intercédé en faveur des coupables.” — Is. 53:5, 10, 12, Bible du Rabbinat français.
‘L’intercession en faveur des coupables’ ou des pécheurs était une action préliminaire qui devait permettre aux hommes de recevoir plus tard les bénédictions messianiques. Comment cela ? Eh bien, quelqu’un pourrait-il vraiment profiter des bienfaits de la domination du Messie s’il devait encore supporter les conséquences de la vieillesse et de la mort ? Or, quelle est la cause du vieillissement qui conduit à la mort ?
Les Écritures mentionnent la mort pour la première fois dans Genèse 2:16, 17, qui rapporte ces paroles que Dieu adressa au premier homme, Adam : “De tout arbre du jardin tu pourras manger à satiété. Mais pour ce qui est de l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais, tu ne devras pas en manger, car le jour où tu en mangeras, tu mourras à coup sûr.” La transgression de ce commandement allait provoquer aussitôt le processus du vieillissement chez Adam, processus qui aboutirait finalement à sa mort.
Les Écritures rapportent qu’effectivement Adam et Ève, sa femme, ont transgressé le commandement de Dieu (Gen. 3:6). Leur acte a eu des conséquences néfastes non seulement sur eux, mais aussi sur tous leurs descendants, y compris nous-mêmes. Le patriarche Job s’exclama : “Qui peut faire sortir quelqu’un de pur de quelqu’un d’impur ? Il n’y en a pas un.” (Job 14:4). Le psalmiste David écrivit : “Voici, avec douleur j’ai été enfanté dans la faute, et dans le péché ma mère m’a conçu.” (Ps. 51:5). D’après la Bible, l’homme hérite dès sa conception le péché et la mort, qui en est la conséquence finale.
Il est vrai que certains contredisent cet enseignement selon lequel l’homme hérite le péché. Certes, disent-ils, tous les humains ont un “penchant” au mal, mais ils sont parfaitement capables de le vaincre. Par exemple, certains écrits rabbiniques parlent d’individus “parfaitement justes”. Mais avez-vous déjà rencontré une telle personne ? Les efforts conjugués des hommes les plus dévoués et les plus instruits ont-ils jamais réussi à contenir la marée montante de haine, de crimes, de violence et d’impureté sexuelle, sans parler de tous les autres maux qui affligent l’humanité ? De toute évidence, l’homme a besoin de l’aide de Dieu s’il veut faire disparaître les tendances pécheresses.
À quel “prix” ?
Mais pourquoi les sacrifices d’animaux et autres offrandes prévues par la Loi de Moïse, y compris les sacrifices offerts le Jour des Propitiations, ne couvraient-ils pas le péché ? Les Écritures indiquent que la propitiation pour le péché héréditaire exigeait quelque chose de beaucoup plus précieux que des victimes animales. Nous lisons au Psaume 49:6-9 :
“Ceux qui mettent leur confiance dans leurs moyens de subsistance, et qui se glorifient sans cesse de l’abondance de leurs richesses, aucun d’eux ne peut en aucune façon racheter un frère, ni donner à Dieu une rançon pour lui ; (Et le prix de rachat de leur âme est si précieux qu’il a cessé jusqu’à des temps indéfinis) pour qu’il vive encore, à jamais, et ne voie pas la fosse.”
Quel “prix” fallait-il payer pour racheter l’humanité du péché et de la mort ? La justice parfaite de Dieu exigeait “âme pour âme”. (Deut. 19:21.) Puisque à l’origine Adam était parfait et sans péché, seul un autre humain parfait pouvait racheter, pour les descendants d’Adam, ce que celui-ci avait perdu à cause du péché. Le livre biblique de Daniel, cité plus haut, révèle que ce rôle fut confié à “Messie le Conducteur”.
Quand les hommes allaient-ils commencer à voir s’accomplir cette activité préliminaire du Messie ? Comment ce “Oint” allait-il pouvoir être sans péché, alors que ses ancêtres étaient tous pécheurs ?
Comment compter les “semaines” qui précèdent le Messie ?
La prophétie des “soixante-dix semaines” précise que “Messie le Conducteur” devait paraître 69 semaines (7 + 62) “depuis la sortie de la parole de rétablir et de rebâtir Jérusalem”. (Dan. 9:25.) Quand cette “parole” est-elle sortie ?
Dans Néhémie 2:1-6, les Écritures hébraïques nous rapportent qu’Artaxerxès Longuemain, roi de Perse, promulgua cette “parole” ou décret, qui permettait la restauration et la reconstruction de Jérusalem, dans la vingtième année de son règne, c’est-à-dire en 455 avant notre ère. Beaucoup de biblistes juifs et non juifs sont d’avis que les “semaines” dont il est question ici sont des “semaines d’années”, chaque semaine comptant sept années. Si l’on compte 69 semaines d’années ou 483 ans à partir de 455 av. n. è., nous arrivons à l’an 29 de n. è. Un homme affirmant être le Messie a-t-il paru cette année-làa?
Jésus de Nazareth
Vous pensez sans doute à Jésus de Nazareth qui vécut à cette époque-là. Mais Jésus a-t-il fourni les preuves qu’il était bien le Messie promis ? L’Évangile de Luc, dont l’exactitude historique a été reconnue, dit que Jean le Baptiste, précurseur de Jésus, a commencé sa prédication au printemps de “la quinzième année du règne de Tibère César”, année de règne qui s’est prolongée jusqu’en l’an 29 (Luc 3:1, 2). Jésus fut baptisé et commença son activité publique de prédication et d’enseignement en tant que “Oint” de Dieu environ six mois plus tard, soit en automne de l’an 29. — Luc 3:21-23 ; 4:16-21.
Comme l’a indiqué l’article précédent, la méthode d’enseignement de Jésus, son enseignement proprement dit ainsi que ses miracles étonnants incitèrent beaucoup de Juifs à conclure qu’il était bien le Messie promis. Même les circonstances de la naissance et de la mort de Jésus correspondaient à ce que les Écritures hébraïques avaient annoncé concernant le Messie promis. Comment cela ?
Tout d’abord, Jésus est né à Bethléhem. Or nous lisons dans Michée 5:2: “Et toi, ô Bethléhem Éphrathah, celle qui est trop petite pour se trouver parmi les milliers de Juda, de toi sortira vers moi celui qui doit devenir chef en Israël, dont l’origine est depuis les premiers temps, depuis les jours des temps indéfinis.” La paraphrase juive de ce verset en araméen, ou Targum, dit : “De toi le Messie viendra devant moi.” — Voir Matthieu 2:1.
La manière dont Jésus est né mérite, elle aussi, notre attention. L’Évangile rapporte :
“L’ange Gabriel fut envoyé d’auprès de Dieu dans une ville de Galilée appelée Nazareth, vers une vierge promise en mariage à un homme appelé Joseph, de la maison de David ; (...) l’ange lui dit : ‘(...) Voici que tu concevras dans ta matrice et enfanteras un fils, et tu devras l’appeler du nom de Jésus. Celui-ci sera grand, et on l’appellera Fils du Très-Haut (...).’ Mais Marie dit à l’ange : ‘Comment cela se fera-t-il, puisque je n’ai pas de relations avec un homme ?’ En réponse, l’ange lui dit : ‘De l’esprit saint viendra sur toi, et de la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi aussi ce qui naîtra sera appelé saint, Fils de Dieu.’” — Luc 1:26, 27, 30-32, 34, 35.
Jésus ayant été conçu miraculeusement et s’étant développé dans la matrice de Marie ‘couvert de l’ombre’ de Dieu, il n’allait pas hériter le péché adamique, mais allait être un humain parfait. Le Messie serait ainsi en mesure de payer le prix de rachat très élevé qui permettrait de racheter l’humanité du péché et de la mort. — Ps. 49:7 ; Mat. 20:28.
D’après Daniel 9:25-27, “Messie le Conducteur” allait être “retranché” “à la moitié de la [soixante-dixième] semaine”. Tout comme le prévoyait la prophétie, Jésus mourut le jour de la Pâque, au printemps de l’an 33, exactement une ‘demi-semaine’ d’années, ou trois ans et demi, après son baptême. — Mat. 26:2 ; Jean 13:1, 2.
Jésus était-il le Messie promis ? Les faits indiqués ci-dessus le prouvent clairement. Cependant, des preuves de ce genre peuvent être insuffisantes pour convaincre certaines personnes. Il leur faut d’autres preuves. Mais elles existent. Quelles sont-elles ?
Un ‘esprit de génie’
Il est important de ne pas oublier que la vie de Jésus a été beaucoup plus qu’une vie conforme aux dates et aux lieux prévus par la Bible. L’enseignement et les activités de Jésus ne sont pas seulement des mots jetés sur du papier. Jésus a bel et bien existé. Pour savoir s’il était ou non le Messie, il faut examiner l’“esprit” ou l’inclination dominante de son cœur qui a fait de Jésus ce qu’il était et qui l’a incité à parler ou à agir comme il l’a fait. Dans Les Évangiles synoptiques (angl.), Claude Montefiore dit à ce sujet :
“L’enseignement de Jésus est caractérisé par un certain esprit et une certaine chaleur qu’on aime ou qu’on n’aime pas. (...) L’enseignement de Jésus, qui a eu une influence aussi extraordinaire sur le monde, n’est pas une simple énumération incohérente de commandements. Il n’est pas seulement la compilation de ses différentes parties, mais un tout, un esprit. Il est magnifique, encourageant, héroïque (...).
“Même si l’on trouvait des citations analogues à 970 des, disons, 1 000 versets de l’Évangile qui rapportent les paroles mêmes de Jésus et qu’on les réunisse pour en faire un beau petit livre, on ne pourrait produire une imitation d’égale valeur religieuse. L’unité, le parfum, l’esprit, le génie, tout cela aurait disparu. Ou plutôt, on serait incapable de les introduire dans cette excellente collection de fragments et de morceaux choisis.”
Avez-vous personnellement fait un effort pour saisir l’“esprit” de l’enseignement de Jésus en étudiant soigneusement les quatre Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean à la lumière des Écritures hébraïques ? Ce faisant, vous pourriez comprendre l’action préliminaire accomplie par le Messie et pourquoi Jésus de Nazareth n’a pas réalisé à son époque un grand nombre des choses que les Juifs attendaient généralement de l’“Oint” de Dieu. Toutefois, ce que Jésus a accompli a établi le fondement qui permettra dans un avenir proche à toute l’humanité de recevoir de merveilleuses bénédictions. Quelles seront ces bénédictions ? Vivrez-vous assez longtemps pour les voir ?
Les réalisations finales commencent à notre époque
Les Écritures hébraïques renferment aussi des prophéties qui présentent le “fils de l’homme” ou Messie comme un roi céleste glorieux qui doit recevoir de Dieu “la domination, et la dignité, et un royaume, pour que tous les peuples, groupements nationaux et langues le servent”. (Dan. 7:13, 14.) Sous la domination de ce Royaume céleste, les humains jouiront d’une santé parfaite et vivront éternellement dans le paradis restauré sur toute la terre (Ps. 133:3 ; voir Ésaïe 33:24 ; 35:5, 6). Même les morts reviendront à la vie grâce à la résurrection (Job 14:13-15 ; Dan. 12:13 ; Jean 5:28, 29). C’est en sacrifiant volontairement sa vie humaine parfaite que le Messie a rendu tout cela possible. Mais quand l’humanité recevra-t-elle ces bénédictions ?
Contrairement à ce qu’espéraient généralement les Juifs de son époque, Jésus expliqua : “Le royaume de Dieu ne vient pas de manière à s’imposer à l’observation.” (Luc 17:20). Mais alors, comment peut-on savoir que le Royaume s’est approché ?
Comme “signe (...) de la conclusion du système de choses”, Jésus a annoncé, entre autres choses, des guerres internationales, des pénuries alimentaires très importantes, des tremblements de terre, l’accroissement du mépris de la loi et d’autres “affres de l’angoisse”. (Mat. 24:3, 6-8, 12 ; voir Révélation 6:1-8.) De tels fléaux n’accablent-ils pas l’humanité à une échelle sans précédent depuis 1914, année qui fait époque ? D’après la prophétie de Jésus, la génération qui allait être témoin de ces choses verrait également le commencement de la domination du Messie et les bénédictions qui en découleront sur toute la terre (Mat. 24:34 ; Zach. 9:10). N’est-ce pas là la nouvelle la plus excellente pour les humains de notre époque ?
Les Écritures hébraïques ont annoncé que “Messie le Conducteur” accomplirait une action préliminaire : la propitiation pour les péchés des hommes, et elles indiquaient qu’il paraîtrait en l’an 29 de n. è. (Dan. 9:25). Sa mort sacrificielle devait avoir lieu au milieu d’une “semaine” d’années, soit trois ans et demi après (Dan. 9:26, 27 ; És. 52:13 à 53:12). Jésus de Nazareth a accompli exactement ces prophéties et toutes les autres qui concernaient les activités préliminaires du Messie. Par conséquent, les Évangiles ne méritent-ils pas une étude sérieuse et attentive ? Êtes-vous disposé à les étudier ? Il le faut absolument si vous désirez vraiment recevoir les bénédictions que la domination du Messie rendra possibles sur toute la terre.
[Note]
a Certains affirment que cette prophétie concerne deux ‘oints’, l’un devant apparaître après 7 semaines (49 années), et l’autre après 62 autres semaines (434 années). Mais ce n’est ni ce que dit le texte ni ce que croyaient les Juifs du premier siècle. Par exemple, la version grecque des Septante réunit les deux périodes mentionnées dans le texte hébreu, c’est-à-dire “sept” et soixante-deux” ‘semaines d’années’. Considérant ainsi le texte hébreu, il ne devait donc y avoir qu’un seul Messie après 69 semaines (483 ans).
À propos de la façon dont les Juifs du début de notre ère considéraient cette prophétie, Menasseh ben Israël, rabbin du dix-septième siècle, écrivit dans son ouvrage De Termino Vitae [“De la fin de la vie”] : “Pour certains, ces 70 semaines signifiaient qu’au terme de cette période le Messie paraîtrait et ferait d’eux les chefs du monde entier. Tous ceux qui prirent les armes contre les Romains à cette époque-là partageaient cette opinion.”
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“Ce temps est déjà passé”Réveillez-vous ! 1976 | 8 août
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“Ce temps est déjà passé”
EN 1649, à Venise, eut lieu un débat entre deux Juifs à propos de la signification des “soixante-dix semaines”. (Dan. 9:24-27.) Les deux adversaires, dont un avait accepté le christianisme, choisirent comme arbitre Simone ben Isaac Simhah Luzzatto, grand rabbin de la communauté juive. Assistaient également à ce débat Samuel ben David Nahmias, disciple de Luzzatto, et son frère Joseph. Nahmias rapporte ainsi l’événement :
“Les deux adversaires ont débattu courageusement la chose, d’abord entre eux seuls. Mais, quand il devint évident que la victoire allait revenir incontestablement au chrétien, Luzzatto, qui était assis à la place la plus en vue en tant que juge du débat, frappa la table de ses deux mains et déclara :
“‘Comme vous le savez, le texte en question a plongé les meilleurs rabbins dans une telle perplexité et les a tellement désorientés qu’ils ne savent plus où ils en sont.’ Puis, après avoir encore prononcé quelques paroles du même genre, il appuya son doigt sur ses lèvres et ajouta : ‘Je vous en prie, ne parlons plus et fermons les livres, car si nous discutons plus longtemps sur cette prophétie de Daniel, nous deviendrons forcément tous chrétiens. Incontestablement, ce texte montre clairement que le Messie est venu, que ce temps est déjà passé. Quant à savoir si le Messie est Jésus de Nazareth, je ne souhaite pas exprimer mon opinion hâtivement.’
“C’est ainsi que se termina cette réunion et que mon frère et moi rompîmes nos liens avec la secte juive, car nous décidâmes tous les deux d’embrasser la religion chrétienne.” — “Via Della Fede” [La voie de la foi] de Giulio Morosini (nom qu’adopta Nahmias après avoir accepté Jésus comme le Messie). Imprimé à Rome en 1683.
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