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République dominicaineAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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République dominicaine
EN 1492, Christophe Colomb a découvert le Nouveau Monde — des terres enchanteresses promettant richesse et aventure. Parmi elles se trouvait une île qu’il a appelée « Isla Española », ou Hispaniola. Les deux tiers de cette île forment aujourd’hui la République dominicaine. Il y a plusieurs dizaines d’années, des milliers d’habitants de République dominicaine ont fait, eux, une découverte bien différente : un « nouveau monde » qui sera dirigé par le Royaume de Dieu et où la justice régnera pour toujours (2 Pierre 3:13). Voici leur histoire...
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Données généralesAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
Données générales
Géographie La République dominicaine occupe deux tiers de l’île d’Hispaniola (l’autre tiers est occupé par Haïti). La géographie de ce pays est très diverse : elle comprend des forêts tropicales humides, des montagnes imposantes, des mangroves et des zones désertiques. Le point le plus haut est le pic Duarte, qui s’élève à 3 175 m. La côte est bordée en grande partie de magnifiques plages de sable blanc, et l’intérieur de l’île abrite des vallées fertiles, comme la vallée de Cibao.
Population La majorité des Dominicains sont métissés : ils sont à la fois d’origines européenne et africaine. Il y a plusieurs minorités ethniques ; les Haïtiens forment la plus grande.
Langue La langue officielle est l’espagnol.
Frères et sœurs passant un moment agréable ensemble.
Sources de revenus Les industries des mines, du sucre, du café et du tabac sont depuis longtemps les sources de revenus les plus importantes. Récemment, le pays a connu une croissance économique grâce au tourisme et à l’industrie manufacturière.
Climat L’île bénéficie d’un climat tropical doux. La température moyenne est de 25 °C. Les précipitations varient de plus de 2 000 mm par an dans les massifs au nord-ouest à moins de 760 mm dans les régions les plus sèches. Le pays est parfois frappé par des tempêtes tropicales ou des cyclones.
Culture Les aliments de base sont le riz, les haricots et les légumes. Le poisson, les crustacés, les fruits tropicaux, les poivrons et les bananes plantains frites sont aussi très appréciés. Certains de ces aliments composent une spécialité locale appelée La Bandera Dominicana (le drapeau dominicain). Les habitants de l’île sont passionnés de baseball, de musique et de danse, notamment le merengué. La guitare, le tambour, la flûte et le marimba sont des instruments de musique très populaires.
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L’aventure commenceAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
L’aventure commence
L’aventure commence
Nous sommes le dimanche 1er avril 1945. Lennart et Virginia Johnson, des diplômés de Guiléad, arrivent à Ciudad Trujillo (aujourd’hui Saint-Domingue), la capitale de la République dominicaine. Ce sont les premiers Témoins à entrer dans ce pays, dont l’histoire est marquée par un grand nombre de conflitsa. « C’est un vrai territoire pour pionniers, rapportait l’Annuaire 1946 (en anglais). Ces Guiléadites ont dû partir de zéro. » Mettez-vous à leur place : il n’y avait pas de filiale, pas de Salle du Royaume, pas de congrégation ; ils ne connaissaient personne, ils parlaient très peu l’espagnol ; et ils n’avaient ni logement ni meubles. Qu’allaient-ils faire ?
« Nous sommes descendus à l’hôtel Victoria, où nous avons pris une pension complète pour cinq dollars par jour, a raconté Lennart. L’après-midi même, nous commencions notre première étude biblique. Voici comment cela s’est passé : Deux femmes dominicaines avec qui nous avions étudié la Bible à Brooklyn nous avaient donné les noms de membres de leur famille et de connaissances, dont un certain docteur Green. Nous sommes allés lui rendre visite ; il était en compagnie de son voisin, Moses Rollins. Nous lui avons expliqué comment nous avions eu son nom et son adresse, après quoi les deux hommes ont écouté attentivement le message du Royaume et accepté une étude biblique. Moses n’a pas tardé à devenir le premier proclamateur local. »
Quatre autres missionnaires sont arrivés début juin 1945. Ils ont très vite distribué beaucoup de publications et commencé de nombreuses études bibliques. En octobre, il est devenu évident qu’ils avaient besoin d’un lieu de culte. Les missionnaires ont donc improvisé une Salle du Royaume en transformant le salon et la salle à manger de leur maison. Jusqu’à 40 personnes assistaient aux réunions !
Un des premiers à accepter la vérité a été Pablo Bruzaud, que tout le monde appelait Palé. Il gérait une ligne d’autocars reliant Santiago à Ciudad Trujillo ; il se rendait donc souvent dans la capitale. Un jour qu’il se trouvait à Ciudad Trujillo, Palé a discuté avec des Témoins et a accepté le livre « La vérité vous affranchira ». Il s’est mis à étudier la Bible tous les jours avec eux. Très tôt, il a accompagné les missionnaires en prédication, et il les véhiculait. Une fois, avec Lennart Johnson, ils sont partis de Ciudad Trujillo jusqu’à Santiago, puis ont franchi les montagnes pour arriver à la ville côtière de Puerto Plata. Leur but ? Rendre visite à un groupe de personnes qui avaient écrit au siège mondial, à Brooklyn, parce qu’elles voulaient en savoir plus sur la Bible.
Une visite de frères Knorr et Franz
En mars 1946, Nathan Knorr et Frederick Franz, des représentants du siège mondial, se sont rendus en République dominicaine. Leur visite était très attendue. En plus des frères locaux, 75 personnes ont écouté un discours donné par frère Knorr. Au cours de son séjour, il a pris des dispositions pour ouvrir une filiale dans le pays.
Frères Knorr et Franz devant la première Salle du Royaume du pays, à Ciudad Trujillo.
D’autres missionnaires encore sont arrivés, et à la fin de l’année de service 1946, il y avait 28 proclamateurs. Comme la prédication en était encore à ses débuts, les missionnaires ont passé de nombreuses soirées à cartographier méticuleusement le territoire afin que la prédication y soit effectuée à fond et de manière organisée.
La prédication prend de l’ampleur
En 1947, le pays comptait une soixantaine de proclamateurs. Cette même année, des missionnaires œuvrant à Cuba ont été réaffectés en République dominicaine. Parmi eux se trouvaient Roy et Juanita Brandt. Frère Brandt a été nommé serviteur de filiale et l’est resté pendant dix ans.
À la fin de l’année de service 1948, environ 110 proclamateurs se dépensaient aux côtés des courageux missionnaires. Mais ce que ces proclamateurs zélés ne savaient pas, c’est que de très grandes difficultés les attendaient...
a Des publications de la Watch Tower ont été distribuées en République dominicaine dès 1932. Mais les gens qui s’intéressaient à la bonne nouvelle n’ont pu recevoir des cours bibliques personnalisés qu’à partir de 1945, quand les Johnson sont arrivés.
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« On les trouvera »Annuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
« On les trouvera »
« Un jour, on les trouvera »
Aux environs de 1935, Pablo González, qui habitait la vallée du Cibao, s’est mis à lire la Bible. Il a fréquenté pendant un temps un groupe protestant, mais il s’en est séparé quand il a vu qu’il y avait un décalage entre la conduite de ses membres et ce qu’il avait lu dans les Écritures. Il a toutefois continué d’étudier la Parole de Dieu de son côté et a commencé à parler aux autres de ce qu’il apprenait — d’abord à sa famille et à ses voisins, puis à d’autres personnes des villages alentours. Pour financer son activité de prédication itinérante, il a vendu sa ferme et son bétail.
En 1942, alors qu’il n’avait jamais eu de contacts avec les Témoins de Jéhovah, Pablo rendait visite à au moins 200 familles et organisait régulièrement des réunions. Il encourageait les gens à étudier la Bible et à y conformer leur vie. Prenant à cœur ce qu’il disait, beaucoup ont cessé de consommer du tabac ou d’être polygames.
Celeste Rosario figurait parmi ceux qui ont écouté le message biblique que Pablo leur prêchait. « Le cousin de ma mère, Negro Jiménez, appartenait à l’un des groupes dont Pablo González s’occupait, a-t-elle expliqué. Quand j’avais 17 ans, il nous a rendu visite et nous a lu des passages de la Bible. Ça a suffi pour me décider : j’ai quitté l’Église catholique. Ce qu’on nous lisait à l’église était en latin ; on ne comprenait rien. Peu après, Pablo est venu nous voir et nous a encouragés par ces mots : “Nous n’appartenons à aucune des nombreuses religions que nous connaissons, mais nous avons des frères dans le monde entier. Nous ne savons pas encore qui ils sont ou comment on les appelle, mais un jour, on les trouvera.” »
Pablo avait formé des groupes d’étudiants de la Bible dans les villes de Los Cacaos Salcedo, Monte Adentro, Salcedo et Villa Tenares. En 1948, lors d’une correspondance à Santiago, il a changé d’autocar. Des Témoins qui prêchaient dans la rue lui ont alors donné une Tour de Garde. Au cours d’un autre voyage, une sœur lui a remis deux livres et l’a invité à la commémoration de la mort de Christ qui allait être célébrée à Santiago. Ce qu’il a entendu lors de cet évènement a fait forte impression sur lui. Il en a conclu qu’il avait enfin trouvé la vérité et que les gens autour de lui étaient ses frères, les frères que lui et ses compagnons espéraient tant trouver.
Les missionnaires ont rendu visite à ceux avec qui Pablo étudiait la Bible. À l’un des lieux de réunion qu’il avait établis, 27 adultes les attendaient avec impatience. Certains avaient marché 25 kilomètres sur un chemin difficile, et d’autres avaient parcouru 50 kilomètres à cheval ! Au lieu de réunion suivant, on comptait 78 assistants, et à un autre endroit encore, 69.
Pablo a donné aux missionnaires une liste de 150 personnes intéressées par le message biblique. Ces gens humbles aimaient les choses spirituelles ; ils étudiaient déjà la Bible et appliquaient ses principes. Mais ils avaient besoin d’être organisés et guidés. « Les missionnaires nous ont rendu visite, raconte Celeste. Une réunion a été tenue, et des dispositions ont été prises pour que certains se fassent baptiser. J’ai été la première de ma famille à franchir ce pas. Ma mère, Fidelia Jiménez, et ma sœur, Carmen, se sont fait baptiser plus tard. »
La première assemblée de circonscription en République dominicaine a eu lieu à Santiago du 23 au 25 septembre 1949. Elle a donné plus d’élan encore à l’évangélisation. Beaucoup de curieux sont venus, et le dimanche, lors du discours public, l’assistance s’est élevée à 260. Il y a eu 28 baptêmes. Grâce à cette assemblée, beaucoup de nouveaux ont été convaincus que c’était bien là l’organisation que Dieu utilisait pour accomplir sa volonté.
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Emprisonnés et interditsAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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Emprisonnés et interdits
Emprisonnés pour leur neutralité
Enrique Glass. Le cachot où il a été emprisonné deux semaines.
Le 19 juin 1949, un groupe d’exilés dominicains a débarqué sur l’île pour tenter de renverser le dictateur Rafael Trujillo. L’insurrection a vite été écrasée. Certains ont été tués et d’autres emprisonnés. Mais le gouvernement de Trujillo ne s’est pas arrêté là : il a emprisonné ceux qui refusaient de faire le service militaire, ainsi que tous ceux qu’il considérait comme des ennemis. León, Enrique et Rafael Glass ont été parmi les premiers Témoins emprisonnés parce qu’ils refusaient de faire le service militaire.
León a expliqué ce qui s’est passé pour les Témoins qui travaillaient dans la même entreprise que lui : « Nous avons été arrêtés et interrogés par les services secrets de l’armée. Après avoir été menacés, nous avons été relâchés. Mais quelques jours plus tard, sans respecter la procédure habituelle, on nous a appelés pour le service militaire. Comme nous avons refusé de le faire, nous avons été envoyés en prison. Nous y avons retrouvé quatre autres Témoins, dont mes deux frères. On nous a relâchés et, un ou deux jours après, on nous a de nouveau condamnés. Ce scénario s’est produit trois fois. En tout, nous avons passé presque sept ans en prison, notre dernière peine ayant été de cinq ans. »
« Lorsqu’on nous fouettait ou qu’on nous frappait [...], nous le supportions bien, car Jéhovah nous donnait la force d’endurer. »
La vie en prison était une mise à l’épreuve constante pour les frères. Les prisonniers et les gardiens les harcelaient jour et nuit. Le commandant du fort Ozama, où ils ont d’abord été emprisonnés, a lancé : « Eh ! les Témoins de Jéhovah, quand vous serez décidés à devenir les témoins du Diable, prévenez-moi, et je vous laisserai sortir. » Cependant, ces frères restaient fidèles à Dieu. Leurs ennemis n’arrivaient pas à briser leur intégrité. León a expliqué pourquoi : « Jéhovah nous a toujours aidés à endurer. Nous voyions qu’il nous soutenait même dans de petites choses. Et lorsqu’on nous fouettait ou qu’on nous frappait avec des bâtons et des crosses de fusils, nous le supportions bien, car Jéhovah nous donnait la force d’endurer. »
Les activités des Témoins sont interdites
Partout ailleurs dans le pays, les ennemis du vrai culte ont intensifié les persécutions. Malgré cela, en mai 1950, en plus des missionnaires, il y avait 238 proclamateurs. Parmi eux, 21 étaient pionniers permanents.
Un journal annonçant que des frères allaient subir des peines de prison en raison de leur neutralité.
À cette époque, un agent des services secrets a écrit au Secrétaire du président : « Les membres de la secte des Témoins de Jéhovah poursuivent résolument leurs activités dans tous les quartiers de [Ciudad Trujillo]. » Puis il a ajouté : « Une fois de plus, je soutiens que les Témoins de Jéhovah doivent faire l’objet d’une attention particulière, car par leur prédication et leurs autres activités, ils égarent une partie de l’opinion publique, notamment les masses populaires. »
Le secrétaire des Affaires intérieures et de la Police, Antonio Hungría, a demandé à frère Brandt de lui soumettre une lettre exposant la position des Témoins sur le service militaire, le salut au drapeau et le paiement des impôts. Frère Brandt s’est aidé du livre « Que Dieu soit reconnu pour vrai ! » pour rédiger cette lettre. Toutefois, le 21 juin 1950, Hungría a émis un décret interdisant l’œuvre des Témoins de Jéhovah en République dominicaine. Frère Brandt a été convoqué dans son bureau pour que le décret lui soit lu personnellement. Il a demandé si les missionnaires devaient quitter le pays. Hungría lui a affirmé qu’ils pouvaient rester aussi longtemps qu’ils obéiraient à la loi et qu’ils ne parleraient pas de leur religion aux gensa.
a Dans les semaines précédant l’émission du décret, des prêtres catholiques ont écrit de longs articles de journaux où ils attaquaient les Témoins et prétendaient qu’ils avaient des liens avec le communisme.
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La prédication se poursuitAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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La prédication se poursuit
Les missionnaires œuvrent clandestinement
L’interdiction des activités des Témoins a marqué le début d’une période très difficile pour les frères. « Nos Salles du Royaume ont été fermées et notre œuvre interdite, a expliqué Alma Parson, une missionnaire. Nos chers frères ont subi bien des épreuves et des souffrances. » Beaucoup ont perdu leur emploi et ont été emprisonnés. Cependant, « il est clair que la main de Jéhovah nous a très souvent guidés et protégés », s’est-elle rappelée avec émotion. Parce qu’ils avaient confiance dans « la main de Jéhovah », les frères ont continué d’effectuer leurs activités clandestinement.
Lennart Johnson a raconté ce qui s’est passé quand les Témoins n’ont plus eu le droit de tenir de réunions : « Les frères se sont mis à se retrouver discrètement, par petits groupes, dans des foyers. On étudiait des articles de La Tour de Garde qui avaient été polycopiés. Tous les frères chérissaient grandement ces petits groupes d’étude grâce auxquels Jéhovah nous accordait de la force. »
Roy et Juanita Brandt sont restés dans leur affectation malgré l’interdiction.
Les persécutions et la surveillance exercée par le gouvernement s’intensifiaient, mais les frères et sœurs ne se sont pas laissé intimider. Le 15 septembre 1950, dans une lettre adressée au président de la République, Hungría a écrit : « M. Lee Roy Brandt et d’autres responsables du groupe des Témoins de Jéhovah ont été convoqués à plusieurs reprises dans ce bureau ; on leur a donné l’ordre de cesser toute propagande en faveur de cette société qui a été dissoute légalement dans notre République, ordre dont ils ne tiennent visiblement pas compte. Nous recevons tous les jours des rapports de différentes régions du pays indiquant qu’ils continuent secrètement à faire de la propagande, en dépit des directives du gouvernement. » Il a conclu en recommandant l’expulsion des « principaux responsables étrangers » des Témoins de Jéhovah.
Une source d’encouragement
Fin 1950, frères Knorr et Henschel se sont rendus en République dominicaine. À la suite de leur visite, des missionnaires ont été réaffectés en Argentine, au Guatemala et à Porto Rico. D’autres missionnaires ont cherché un emploi pour pouvoir rester dans le pays. Par exemple, frère Brandt a travaillé pour la compagnie nationale d’électricité et certains ont donné des cours d’anglais. Un rapport de l’Annuaire 1951 (en anglais) disait de ces missionnaires : « Leur seule présence dans le pays, le fait qu’ils n’ont pas fui, fortifie les fidèles disciples du Seigneur qui ont découvert la vérité grâce à eux. Tous sont heureux de voir qu’ils restent courageusement attachés à leur mission. »
« Leur seule présence dans le pays [...] fortifie les fidèles. »
Dorothy Lawrence était l’une des missionnaires qui enseignaient l’anglais. Elle donnait aussi des cours bibliques aux élèves qui le souhaitaient. De cette façon, elle a aidé plusieurs personnes à découvrir la vérité.
Ces fidèles adorateurs de Jéhovah ont pris d’autres mesures pour continuer à prêcher malgré la surveillance constante dont ils étaient l’objet. Pour rester discrets, ils détachaient parfois les pages d’un livre, en pliaient quelques-unes et les mettaient dans leur sac de courses ou dans la poche de leur chemise. Ils faisaient passer leurs fiches d’activité pour des listes de courses : livres, brochures, revues, nouvelles visites et heures se transformaient en papayes, haricots, œufs, choux et épinards. Et pour désigner les exemplaires polycopiés de La Tour de Garde, ils utilisaient le terme « manioc », une plante très répandue localement.
L’accroissement se poursuit
Le 16 juin 1954, Rafael Trujillo a signé avec le Vatican un concordat qui offrait des privilèges spéciaux au clergé de l’Église catholique en République dominicaine. Les activités des Témoins étaient alors interdites depuis quatre ans. Néanmoins, en 1955, il y avait 478 proclamateurs dans le pays. Comment expliquer un tel accroissement malgré les difficultés ? « Le secret de notre force, c’est l’esprit de Jéhovah, expliquait un rapport de l’Annuaire 1956. [...] Les frères sont unis et forts dans la foi. Ils vont de l’avant avec courage. »
En juillet 1955, une lettre du siège mondial, authentifiée par un notaire, a été remise à Trujillo. Elle expliquait en détail la position neutre des Témoins de Jéhovah et lui demandait de « lever l’interdiction pesant sur [eux] et sur la Watch Tower Bible and Tract Society ». Leur demande serait-elle acceptée ?
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Libres, puis de nouveau interditsAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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Libres, puis de nouveau interdits
Une liberté inespérée
Manuel Hierrezuelo a été tué lors d’un interrogatoire.
Pendant les années difficiles où les Témoins étaient interdits, Lennart et Virginia Johnson ainsi que Roy et Juanita Brandt sont restés dans leur affectation. « Roy et moi avons été convoqués pour un interrogatoire, se rappellera Lennart. Quelque temps avant, Manuel Hierrezuelo avait lui aussi été convoqué par des membres du gouvernement de Trujillo. » Mais Manuel avait été tué lors de l’interrogatoire ; il est resté fidèle à Dieu jusqu’au bout. Comment les choses allaient-elles tourner pour Lennart et Roy ? Lennart poursuivra : « À peine arrivés, nous avons été interrogés séparément, nos réponses étant semble-t-il enregistrées. Pendant les deux mois qui ont suivi, rien ne s’est passé. Puis un jour, la presse a annoncé que le gouvernement de Trujillo levait l’interdiction qui pesait sur les Témoins de Jéhovah et que nous pouvions reprendre nos activités. »
Lorsque l’œuvre a été interdite en 1950, il y avait 261 proclamateurs en République dominicaine. Quand l’interdiction a été levée en août 1956, ils étaient 522. Quelle joie pour les frères d’apprendre qu’ils allaient pouvoir prêcher en toute liberté après avoir subi pendant six ans emprisonnements, restrictions et surveillance constante !
Comment ont-ils réagi face à ce retournement de situation surprenant ? Ils se sont tout de suite mis à réorganiser l’œuvre ! Ils ont trouvé des endroits où se réunir et ont constitué de nouvelles cartes de territoire et de nouveaux dossiers pour les congrégations. Les frères étaient enchantés de pouvoir demander et recevoir des publications. Ils ont profité de leur liberté fraîchement retrouvée pour prêcher avec zèle. C’est ainsi que, trois mois plus tard, en novembre 1956, le pays comptait 612 proclamateurs !
Le clergé déverse sa haine
Note officielle de Toledano présentant le projet d’empêcher l’entrée de nos publications dans le pays.
Le clergé catholique a immédiatement manœuvré pour discréditer les Témoins. S’appuyant sur le concordat passé entre Trujillo et le Vatican, il a redoublé d’efforts pour faire disparaître les Témoins du pays. Oscar Robles Toledano, un prêtre, a envoyé une note officielle au secrétaire d’État aux affaires intérieures, Virgilio Álvarez Pina. Il demandait au gouvernement de soutenir ses efforts pour « éveiller la conscience du peuple dominicain aux dangers extrêmes posés par la secte des Témoins de Jéhovah ».
Toledano a expliqué que son but premier était de « rendre inefficace la campagne de prosélytisme des Témoins de Jéhovah ». Dans sa note, il recommandait également d’interdire l’entrée de nos publications dans le pays, « en particulier le livre “La vérité vous affranchira” et la revue La Tour de Garde ».
De nouveau interdits !
Les membres du gouvernement de Trujillo qui étaient complices des chefs religieux se sont joints au complot tramé contre les Témoins. En juin 1957, Francisco Prats-Ramírez, président du parti dominicain, a écrit à Trujillo dans une note officielle : « Je prévois une série de réunions pour combattre les tendances antipatriotiques et pernicieuses des Témoins de Jéhovah. »
Cette campagne de diffamation a eu un effet immédiat, comme l’explique le livre Trujillo : petit César des Caraïbes (angl.) : « Au cours des mois de l’été 1957, la presse dominicaine a publié une série d’accusations provenant de hauts fonctionnaires du gouvernement. Selon leurs dires, les Témoins de Jéhovah menaient des activités “séditieuses et pernicieuses”. Une réaction en chaîne a été déclenchée le jour où, sur une station de radio appartenant à Trujillo, La Voz Dominicana [La voix dominicaine], un prêtre jésuite du nom de Mariano Vásquez Sanz a accusé la secte d’être au service du communisme et a qualifié ses adhérents d’“ennemis pervers, rusés, criminels et perfides”. À la suite de cela, une lettre pastorale signée des archevêques Ricardo Pittini et Octavio Beras a invité les prêtres à protéger leurs paroissiens contre cette “terrible hérésie”. »
Les efforts conjoints de l’Église et de l’État ont atteint leur objectif. En juillet, le Congrès de la République dominicaine a fait passer une loi interdisant les Témoins de Jéhovah. Nos frères n’ont pas tardé à être battus et à subir des violences policières. En tout, quelque 150 frères ont été arrêtés.
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L’Église catholique et TrujilloAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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L’Église catholique et Trujillo
QUELS genres de liens Trujillo entretenait-il avec l’Église catholique ? Un analyste politique a expliqué : « En République dominicaine, durant la longue ère de Trujillo (1930–1961), l’Église et l’État marchaient la main dans la main : le dictateur favorisait l’Église, et en retour, l’Église soutenait le régime. »
En 1954, Trujillo s’est rendu à Rome et a signé un concordat avec le pape. « L’Église dominicaine est très largement pro-Trujillo, a écrit son ancien confident, Germán Ornes, et ce [concordat] assure un soutien considérable au “Chef” [Trujillo]. Les membres du clergé, qui ont à leur tête les archevêques Ricardo Pittini et Octavio Beras, sont parmi les plus grands propagandistes du régime. »
« Chaque fois que l’occasion se présente, a ajouté Ornes, le pape envoie ses salutations amicales à Trujillo. [...] En 1956, durant le Congrès de la culture catholique qui s’est tenu à Ciudad Trujillo et qui a été financé par [Trujillo], le cardinal Francis Spellman, représentant particulier du pape, était porteur d’un message chaleureux. Il a fait le voyage depuis New York et a été reçu en grande pompe par le généralissime [Trujillo] lui-même. Le lendemain, leurs embrassades faisaient la une de tous les journaux dominicains. »
En 1960, la revue Time rapportait : « Jusqu’à maintenant, Trujillo et l’Église sont en bons termes. L’archevêque Ricardo Pittini, primat des Amériques, a aujourd’hui 83 ans et est aveugle, mais il y a quatre ans, il a adressé une lettre au New York Times louant Trujillo et disant que “ce ‘dictateur’ est aimé et honoré par son peuple”. »
Toutefois, le climat politique a commencé à changer, et l’Église catholique, qui avait soutenu fidèlement la cruelle dictature de Trujillo pendant une trentaine d’années, est allée là où le vent tournait. L’analyste politique cité plus haut a fait ce commentaire : « L’opposition à la dictature s’intensifiait et certains ont tenté d’établir une démocratie dans le pays. Par conséquent, l’Église, qui entretenait depuis longtemps d’excellentes relations avec Trujillo, a été forcée de revoir sa position. »
Finalement, en 2011, l’Église s’est vue obligée de présenter ses excuses au peuple dominicain. Le journal Dominican Today rapportait cet extrait d’une lettre pastorale : « Nous reconnaissons que nous avons commis des erreurs et que nous avons parfois manqué à notre foi, à notre vocation et à nos responsabilités. C’est pourquoi nous demandons pardon et supplions tous les Dominicains de faire preuve de compréhension et d’indulgence envers nous. »
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De violentes persécutionsAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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De violentes persécutions
« Ils seront exterminés »
Borbonio Aybar a été baptisé le 19 janvier 1955, alors que l’œuvre était interdite. Après son baptême, il a enseigné la Bible à de nombreuses personnes à Monte Adentro et à Santiago. Quand l’interdiction a été levée en 1956, certains de ses étudiants, dont sa femme, se sont fait baptiser.
À la mi-juillet 1957, de hauts fonctionnaires se sont réunis à Salcedo pour conspirer contre les Témoins. Frère Aybar expliquera : « Francisco Prats-Ramírez est celui qui a mené la conversation. Il a déclaré : “Encore quelques jours et ils seront exterminés.” » Le 19 juillet 1957, la police a rassemblé tous les Témoins de Jéhovah de Blanco Arriba, d’El Jobo, de Los Cacaos Salcedo et de Monte Adentro.
« J’étais parmi ceux qui ont été arrêtés, poursuivra frère Aybar. Nous avons été emmenés au quartier général, à Salcedo. Dès que nous sommes arrivés, un colonel du nom de Saladín m’a battu. Il nous a menacés, les yeux exorbités de colère. Puis, on nous a fait mettre en ligne : les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Les gardiens se sont mis à donner des coups de pied aux hommes, à les battre et à frapper les femmes avec leurs matraques, chacun répétant sans cesse : “Je suis catholique et je tue !” »
« J’ai lu la Bible et je sais que Jéhovah est Dieu. »
Frère Aybar a été condamné à une amende et à trois mois d’emprisonnement. « Pendant que nous étions en prison, racontera-t-il, le général Santos Mélido Marte nous a rendu visite. Il nous a dit : “J’ai lu la Bible et je sais que Jéhovah est Dieu. Vous n’avez rien fait qui mérite la prison, mais je ne peux rien pour vous, car c’est à cause des évêques que vous êtes en prison. Les seuls qui peuvent écourter votre peine, c’est eux ou le jefe [« le chef », Trujillo].” »
« Alors, c’est vous le chef ? »
Parmi ceux qui ont été arrêtés, il y avait la fille et les nièces de Fidelia Jiménez. Elles avaient toutes étudié la Bible avec elle. Fidelia n’avait pas été arrêtée, mais elle s’est présentée d’elle-même aux autorités : elle voulait qu’on la mette en prison pour encourager ceux qui y étaient. Durant son emprisonnement, l’ignoble Ludovino Fernández, un commandant de haut rang réputé pour son arrogance et sa cruauté, a visité la prison. Il a ordonné qu’on lui amène Fidelia. « Alors, c’est vous le chef ? lui a-t-il demandé.
— Non, a répondu Fidelia, c’est vous les chefs.
— Mais vous êtes le pasteur.
— Non. Le pasteur, c’est Jésus.
— Est-ce que ce n’est pas à cause de vous que tous ces gens sont en prison ? C’est vous qui les avez enseignés !
— Non, si ces gens sont en prison, c’est pour leur foi en la Bible. C’est parce qu’ils appliquent ce qu’ils ont appris dans la Bible. »
Juste à ce moment-là, deux frères qui étaient emprisonnés, Pedro Germán et Negro Jiménez (le cousin de Fidelia), sont passés dans le couloir. Escortés par des gardes, ils regagnaient leur cellule après avoir été mis en isolement. La chemise de Negro était couverte de sang séché et Pedro avait un œil gravement tuméfié. En voyant ces frères qui avaient été cruellement battus, Fidelia a demandé au commandant Fernández : « C’est ainsi que vous traitez les gens honnêtes et bons, les gens qui craignent Dieu ? » Constatant qu’il ne parviendrait pas à l’intimider, Fernández a donné l’ordre qu’elle soit ramenée à sa cellule.
Il a fallu du courage aux fidèles serviteurs de Jéhovah pour faire face à une opposition aussi violente. Et on peut dire qu’ils n’en ont pas manqué ! Même de hauts fonctionnaires l’ont reconnu. Par exemple, le 31 juillet 1957, Luis Arzeno Colón, un inspecteur au service du président, a déploré dans une lettre adressée au secrétaire d’État : « Bien que la loi récemment votée par le Congrès national déclare illégales les activités de la secte connue sous le nom de “Témoins de Jéhovah”, la plupart de ses membres restent fermes et résolus. »
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Qui est à leur tête ?Annuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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Qui est à leur tête ?
« Leur organisation se retrouverait sans tête »
Le 13 juillet 1957, l’inspecteur Colón a écrit au secrétaire d’État : « Il y a un vieux dicton populaire qui dit : “Il faut frapper un serpent à la tête.” Pour éradiquer du pays la secte des Témoins de Jéhovah, il faudrait avant tout trouver un moyen de se débarrasser de leurs missionnaires. Leur organisation se retrouverait ainsi sans tête, et, sans tête, leurs idées n’auront pas de succès. »
Peu après, Arturo Espaillat, secrétaire à la Sécurité, a ordonné aux dix missionnaires qui étaient encore en République dominicaine de quitter le pays. Le 21 juillet 1957, Roy Brandt a écrit à Trujillo ; il voulait le rencontrer pour lui expliquer la situation des Témoins. La lettre disait notamment : « La campagne haineuse que certaines personnes mènent dans le pays contre le nom de Jéhovah est la même que celle que des individus mal informés ont menée contre les apôtres de Jésus. » Frère Brandt encourageait ensuite Trujillo à lire Actes chapitres 2 à 6 et expliquait : « Le conseil direct et plein de bon sens donné par le juge Gamaliel à l’époque est tout aussi valable aujourd’hui. » Il citait alors en lettres capitales Actes 5:38, 39 : « NE VOUS OCCUPEZ PAS DE CES GENS-LÀ, LAISSEZ-LES. CAR SI LEUR ŒUVRE VIENT DE DIEU, VOUS RISQUEZ DE VOUS TROUVER EN GUERRE CONTRE DIEU. » Mais sa requête n’a pas été entendue. Le 3 août 1957, les missionnaires ont été emmenés à l’aéroport pour être expulsés.
« Jésus est la tête »
À seulement 20 ans, Donald Nowills s’occupait des activités de la filiale.
Qu’arriverait-il aux frères et sœurs locaux maintenant que les missionnaires n’étaient plus là ? Se retrouveraient-ils « sans tête », comme l’inspecteur Colón l’avait prédit ? Absolument pas. Jésus « est la tête du corps, la congrégation » (Col. 1:18). Les serviteurs de Jéhovah en République dominicaine ne se sont donc pas retrouvés « sans tête ». Jéhovah et son organisation ont continué à prendre soin d’eux.
Après l’expulsion des missionnaires, Donald Nowills a été désigné pour superviser les activités de la filiale. Cette responsabilité était nouvelle pour lui : même s’il avait été surveillant itinérant pendant plusieurs mois, il avait tout juste 20 ans et n’était baptisé que depuis quatre ans. Il habitait une maison en bois, avec un toit en tôle et un plancher en terre battue, située dans un quartier très dangereux de Ciudad Trujillo. C’est là, dans un modeste bureau, que Félix Marte et lui dupliquaient La Tour de Garde pour tout le pays.
Une Tour de Garde de 1958 polycopiée.
Mary Glass, dont le mari, Enrique, était en prison, aidait frère Nowills : « Je quittais mon travail à 17 heures, et j’allais au bureau de frère Nowills pour taper le texte de La Tour de Garde. Puis, à l’aide d’un duplicateur, il en produisait plusieurs exemplaires. Une sœur de Santiago, dont le nom de code était “l’ange”, mettait les revues polycopiées au fond d’un bidon d’huile végétale de 20 litres. Elle recouvrait ensuite les publications d’un tissu et remplissait le bidon de manioc, de pommes de terre et de taros. Puis, elle recouvrait le tout d’une toile de jute. “L’ange” se rendait alors en transport public dans le nord du pays et remettait un exemplaire de La Tour de Garde à chaque congrégation. Les familles empruntaient l’exemplaire à tour de rôle pour l’étudier. »
« Nous devions être très prudents, a précisé Mary, car les rues grouillaient d’agents du gouvernement qui essayaient de découvrir où La Tour de Garde était imprimée. Mais ils n’ont jamais réussi. Jéhovah nous a toujours protégés. »
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Ils risquaient de se faire arrêterAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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Ils risquaient de se faire arrêter
« Prudents comme des serpents »
Pour les serviteurs de Jéhovah, il était vital de continuer à se nourrir spirituellement pendant cette période d’interdiction. Mais le danger les guettait constamment. Durant ces années, beaucoup de frères ont été arrêtés et condamnés à plusieurs peines d’emprisonnement.
« Lorsque j’ai découvert la vérité en 1953, a expliqué Juanita Borges, je savais très bien qu’en devenant Témoin de Jéhovah, je risquais de me faire arrêter. Et c’est exactement ce qui s’est passé. En novembre 1958, alors que je rendais visite à sœur Eneida Suárez, la police secrète est venue et nous a accusées de tenir une réunion. Nous avons été condamnées à trois mois de prison et à une amende de 100 pesos [l’équivalent de 80 euros]. »
La police secrète tenait des listes détaillées des frères et sœurs.
Le gouvernement faisait tout ce qu’il pouvait pour empêcher les Témoins de se réunir, mais ils n’ont pas renoncé. Ils devaient par contre être « prudents comme des serpents et pourtant innocents comme des colombes » (Mat. 10:16). Andrea Almánzar se rappellera : « On devait arriver aux réunions à des heures différentes. Et on partait souvent très tard le soir, parce qu’on échelonnait les départs pour éviter d’éveiller les soupçons. »
Jeremías Glass est né alors que son père, León, était en prison. Il est devenu proclamateur en 1957, à sept ans. Il se souvient bien des réunions clandestines qui se tenaient chez lui et des précautions que les frères prenaient pour ne pas être repérés : « Tous les assistants recevaient un petit carton avec un numéro écrit dessus. Ce numéro leur indiquait dans quel ordre ils devaient partir. À la fin des réunions, mon père me plaçait près de la porte pour que je vérifie les numéros écrits sur les cartons. Je devais aussi dire aux frères de sortir deux par deux, puis de prendre chacun une direction différente. »
De plus, les Témoins programmaient les réunions à des heures où ils risquaient le moins de se faire remarquer. Le baptême de Mercedes García l’illustre bien. Elle a connu la vérité quand elle était petite grâce à son oncle, Pablo González. Elle a perdu sa mère alors qu’elle n’avait que sept ans et que son père était en prison. Ses neuf frères et sœurs et elle ont donc dû se débrouiller seuls. Mercedes s’est fait baptiser à neuf ans, en 1959. Pour ne pas attirer l’attention, le discours a été prononcé chez un frère à 3 h 30 du matin. Puis Mercedes a été baptisée dans l’Ozama, fleuve qui traverse la capitale. « Nous étions sur le chemin du retour à 5 h 30, racontera-t-elle. À cette heure-là, nos voisins commençaient tout juste à se lever. »
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La persévérance récompenséeAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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La persévérance récompensée
Ils prêchent en toute discrétion
Rafael Pared, qui est aujourd’hui au Béthel avec sa femme, Francia, est devenu proclamateur en 1957, alors qu’il avait 18 ans. Il se rappelle que, parfois, des policiers en civil le suivaient lorsqu’il allait prêcher. Ils espéraient trouver une occasion d’arrêter les frères. « Nous devions nous faufiler dans les ruelles et enjamber des barrières pour ne pas nous faire attraper », raconte Rafael. Pour sa part, Andrea Almánzar explique : « Il fallait rester discret. Nous allions frapper à une porte, puis nous en sautions dix et nous frappions à la suivante. »
Un soulagement, enfin !
En 1959, Trujillo était au pouvoir depuis presque 30 ans, mais le vent commençait à tourner. Le 14 juin 1959, des exilés dominicains sont revenus dans le pays pour tenter de renverser le dictateur. Leur tentative a échoué et ils ont été soit tués, soit mis en prison. Mais les ennemis de Trujillo étaient de plus en plus nombreux à sentir que son gouvernement n’était plus si solide. Ils ont donc intensifié leur opposition.
Le 25 janvier 1960, après des années de coopération avec le gouvernement de Trujillo, la hiérarchie catholique a émis une lettre pastorale qui dénonçait la violation des droits de l’homme. Bernardo Vega, un historien dominicain, explique : « La tentative d’insurrection de juin 1959 et la répression menée contre ceux qui y ont participé, ainsi que, par la suite, contre le mouvement clandestin de résistance interne, ont contraint l’Église à adopter, pour la première fois, une position hostile à Trujillo. »
Finalement, en mai 1960, le gouvernement a levé l’interdiction pesant sur les Témoins de Jéhovah. Après des années de répression, le soulagement est venu de là où on ne l’attendait pas : de Trujillo lui-même, désormais en froid avec l’Église catholique.
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Liberté de prêcherAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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Liberté de prêcher
La fin brutale de Trujillo
À partir de 1960, la dictature de Trujillo a été l’objet de plus en plus de critiques de la part de la communauté internationale et d’une opposition interne grandissante. C’est dans ce climat politique tendu que Milton Henschel, du siège mondial, s’est rendu dans le pays à l’occasion d’une assemblée de trois jours en janvier 1961. L’assistance s’est élevée à 957 personnes lors du discours public et il y a eu 27 baptêmes. Durant sa visite, frère Henschel a aidé les frères à réorganiser l’œuvre et à découper le territoire.
Deux surveillants de circonscription, Enrique Glass et Julián López, ont été chargés de visiter les congrégations. « Ma circonscription, a expliqué Julián, était composée de deux congrégations à l’est du pays et de celles du nord. Enrique, lui, s’occupait des autres congrégations à l’est et de celles du sud. » Ces visites ont rétabli le lien entre les congrégations et l’organisation. Elles ont aussi fortifié les frères spirituellement.
Salvino et Helen Ferrari en route vers la République dominicaine (1961).
Salvino et Helen Ferrari, diplômés de la deuxième classe de Guiléad, sont arrivés en 1961. Leur expérience de missionnaires à Cuba s’est révélée très utile pour la grande moisson spirituelle qu’allait connaître la République dominicaine. Par la suite, Salvino a fait partie du Comité de la filiale jusqu’à sa mort en 1997. Helen, quant à elle, se dépense dans le service à plein temps depuis 79 ans. Elle a passé la plupart de ces années en tant que missionnaire.
Peu après l’arrivée du couple Ferrari, le règne de la terreur de Trujillo a brutalement pris fin la nuit du 30 mai 1961, quand des hommes ont criblé sa voiture de balles. Cet assassinat n’a cependant pas apporté la stabilité politique. Le pays a continué d’être secoué par des bouleversements civils et politiques pendant plusieurs années.
La prédication va de l’avant
Pendant ce temps, d’autres missionnaires sont arrivés. William Dingman, diplômé de la première classe de Guiléad, et sa femme, Estelle, ainsi que Thelma Critz et Flossie Coroneos ont quitté Porto Rico pour la République dominicaine tout juste deux jours après l’assassinat de Trujillo. « Quand nous sommes arrivés, a raconté William, le pays traversait une période de crise et connaissait une grande activité militaire. On craignait une révolution, et les soldats contrôlaient tout le monde sur la route nationale. Nous avons été arrêtés à plusieurs barrages, où nos bagages étaient fouillés systématiquement. Tout était sorti de nos valises, même les plus petites choses. » C’était un défi de prêcher dans un environnement politique aussi instable.
Thelma Critz ainsi qu’Estelle et William Dingman sont toujours dans le pays après 67 ans de service missionnaire zélé.
« Sous la dictature de Trujillo, a expliqué William, on disait que les Témoins de Jéhovah étaient des communistes, des individus de la pire espèce. [...] Toutefois, petit à petit, nous sommes parvenus à faire tomber les préjugés. » Alors que l’activité connaissait un nouvel élan, de plus en plus de personnes étaient réceptives au message du Royaume. À la fin de l’année de service 1961, il y avait 33 pionniers spéciaux dans le pays.
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Les Témoins de Jéhovah ont bien l’intention de resterAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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Les Témoins de Jéhovah ont bien l’intention de rester
Ils ont trouvé la vérité
Juana Ventura a commencé à étudier la Bible alors que la prédication était interdite. Elle s’est fait baptiser dans l’Ozama, en 1960. Un jour, un pasteur évangélique de la ville de Saint-Domingue a voulu la faire mettre en prison parce que, disait-il, elle lui « volait ses paroissiens ». Cherchant à prouver que les Témoins de Jéhovah sont des menteurs et à discréditer Juana, le pasteur l’a invitée à se présenter devant ses fidèles pour l’interroger sur ses nouvelles croyances.
« Il m’a posé trois questions, rapporte Juana : “Pourquoi vous ne votez pas ? Pourquoi vous ne faites pas la guerre ? Pourquoi vous vous appelez ‘Témoins de Jéhovah’ ?” Alors que je répondais à chacune de ses questions avec la Bible, tous les paroissiens ont suivi les versets et ont été étonnés de ce qu’ils lisaient. Beaucoup ont compris qu’ils avaient trouvé la vérité. Tout le groupe a commencé à étudier et finalement, 25 d’entre eux se sont voués à Jéhovah. » Cet épisode incroyable a donné de l’élan à la prédication à Saint-Domingue.
Les Témoins de Jéhovah ont bien l’intention de rester
L’assassinat de Trujillo a eu d’importantes retombées politiques. L’Annuaire 1963 précise : « Il y avait des soldats plein les rues et chaque jour était marqué par les grèves et la violence. » Malgré les bouleversements politiques, la prédication est allée de l’avant, si bien qu’à la fin de l’année de service 1963, un maximum de 1 155 proclamateurs a été atteint.
Quand Nathan Knorr, du siège mondial, est venu en République dominicaine en 1962, il a pris des dispositions pour acquérir un terrain. Comme l’activité de prédication était en pleine expansion, de plus grands bâtiments étaient nécessaires. Un immeuble de deux étages et une Salle du Royaume ont donc été construits. Le samedi 12 octobre 1963, Frederick Franz, lui aussi du siège mondial, a prononcé le discours d’inauguration des nouvelles installations. C’était clair : les Témoins de Jéhovah avaient bien l’intention de rester. Peu après l’inauguration, Harry et Paquita Duffield sont arrivés. C’étaient les derniers missionnaires à avoir été expulsés de Cuba.
L’accroissement se poursuit malgré la révolution
Le 24 avril 1965, le pays a été secoué par une révolution. Même si les années qui ont suivi ont été agitées, le peuple de Jéhovah a prospéré spirituellement. En 1970, il y avait 3 378 proclamateurs répartis dans 63 congrégations. Plus de la moitié d’entre eux s’étaient joints à l’organisation au cours des cinq années précédentes. L’Annuaire 1972 rapporte : « Ces frères viennent de tous les milieux sociaux : mécaniciens, fermiers, chauffeurs de bus, comptables, entrepreneurs, menuisiers, avocats, dentistes et anciens hommes politiques ; tous ont été attirés par l’amour de la vérité et l’amour pour Jéhovah. »
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On a besoin de plus de prédicateursAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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On a besoin de plus de prédicateurs
La bonne nouvelle atteint des endroits isolés
Au fil des ans, d’autres missionnaires sont arrivés, dont Pete Paschal, Amos et Barbara Parker, Richard et Belva Stoddard (de Bolivie), ainsi que Jesse et Lynn Cantwell (de Colombie). Les missionnaires ont donné encore plus d’élan à la prédication, déjà en plein essor. En 1973, la bonne nouvelle était largement prêchée dans les villes, mais elle n’avait pas encore atteint les endroits isolés. Des dispositions ont donc été prises pour annoncer la bonne nouvelle aux populations rurales. Après un appel à volontaires, 19 pionniers permanents se sont rendus disponibles pour prêcher deux mois à la campagne. De décembre 1973 à janvier 1977, des groupes de pionniers ont été envoyés dans des endroits qui n’avaient été que peu ou pas prêchés.
« Nous échangions les publications contre des œufs, des poulets et des fruits. »
Un pionnier qui a participé à cette activité spéciale a raconté : « Après avoir passé une journée à présenter le message biblique et à remettre des publications aux gens, nous passions une seconde journée à retourner voir ceux qui avaient manifesté de l’intérêt. Comme les paysans avaient peu d’argent, nous échangions les publications contre des œufs, des poulets et des fruits. Grâce à Jéhovah, nous n’avons jamais eu faim. » Pour beaucoup, c’était la première fois qu’on leur lisait la Bible. Certains chefs religieux leur avaient dit que Jéhovah était le Diable. Imaginez donc leur surprise quand ils ont lu des versets tels que Psaume 83:18 : « Toi, dont le nom est Jéhovah, tu es, toi seul, le Très-Haut sur toute la terre » ! Parfois, les habitants manifestaient tant d’intérêt que les pionniers organisaient des réunions.
Encore plus de missionnaires et un nouveau Béthel
En septembre 1979, Abigail Pérez et sa femme, Georgina, sont arrivés en tant que missionnaires. Ils ont été envoyés dans le service itinérant. En 1987, Tom et Shirley Dean, des diplômés de Guiléad, sont venus donner de l’élan à la prédication. Le territoire a également bénéficié d’un apport de serviteurs spéciaux à plein temps venus de Porto Rico. En août 1988, Reiner et Jeanne Thompson ont été envoyés en République dominicaine. C’était leur cinquième affectation missionnaire.
En 1989, il y avait en moyenne 11 081 proclamateurs. Et de belles perspectives d’accroissement étaient encore en vue, puisqu’on enregistrait 20 494 études bibliques. Un tel accroissement s’accompagnait de défis. Par exemple, le bâtiment de la filiale avait été bien utile, mais à la fin des années 1980, il n’était plus adapté. « Il était plein à craquer, se rappelle Reiner Thompson. On a donc dû trouver des logements et louer des entrepôts dans différentes parties de la ville. »
« Nous avions du mal à trouver un terrain adapté pour construire de nouvelles installations, poursuit Reiner. C’est alors qu’un homme d’affaires nous a contactés. Il avait entendu parler de notre projet. Il nous a expliqué qu’il possédait un excellent terrain, et qu’il ne le vendrait qu’aux Témoins de Jéhovah. Par le passé, cet homme avait eu un atelier de couture, et sa secrétaire et d’autres employés étaient Témoins. Pendant des années, il avait observé leur honnêteté exceptionnelle et leur conduite pleine de respect. Cela l’avait grandement impressionné. Comme il avait beaucoup d’estime pour les Témoins, il nous a proposé le terrain à un tarif très avantageux. » En décembre 1988, le terrain a été acheté et, plus tard, trois parcelles adjacentes ont été acquises. Au total, le Béthel et la Salle d’assemblées, située juste à côté, occupent une superficie de neuf hectares.
Des centaines de volontaires locaux et internationaux ont aidé à la construction de ces installations. En novembre 1996, frères Carey Barber, Theodore Jaracz et Gerrit Lösch, membres du Collège central, sont venus inaugurer les bâtiments. Le lendemain, des programmes spéciaux ont été tenus dans deux des plus grands stades du pays, et plus de 10 000 personnes ont visité les nouveaux locaux.
« Passe en Macédoine »
L’histoire du peuple de Jéhovah en République dominicaine ne serait pas complète si l’on ne parlait pas de tous les Témoins qui sont venus apporter leur soutien. Encouragés par des rapports indiquant que le territoire était productif, beaucoup se sont installés dans le pays à partir de la fin des années 1980 ; ils sont en quelque sorte « pass[és] en Macédoine » (Actes 16:9). Ces frères et sœurs volontaires ont raconté à d’autres les joies qu’ils rencontraient en prédication. Résultat : de plus en plus de proclamateurs les ont rejoints dans les années 1990.
Par exemple, Stevan et Miriam Norager, originaires du Danemark, se dépensent en République dominicaine depuis 2001. Avant cela, Miriam avait prêché dans le pays pendant un an et demi avec sa sœur. Qu’est-ce qui a incité Stevan et Miriam à se déplacer loin de chez eux, dans un endroit où la culture et la langue sont différentes ? « Tous les deux, nous venons de familles spirituellement fortes, explique Miriam. Quand ils étaient jeunes, nos parents étaient pionniers spéciaux et après avoir eu des enfants, ils ont été pionniers permanents. Ils nous ont toujours encouragés à nous donner à fond pour Jéhovah dans le service à plein temps. »
Pionniers spéciaux depuis 2006, Stevan et Miriam ont aidé de nombreuses personnes à connaître la vérité. « Les bénédictions sont innombrables, affirme Stevan. Nos difficultés ou nos problèmes de santé ne sont rien en comparaison des moments extraordinaires que nous vivons et de la joie que nous éprouvons à aider des personnes sincères à connaître et à aimer Jéhovah. Nous nous sommes également fait beaucoup d’amis. Servir Jéhovah ici nous a appris l’humilité et la patience, et mener une vie simple a vraiment renforcé notre confiance en lui. »
Jennifer Joy prêche dans ce pays depuis plus de 20 ans, notamment aux sourds.
Jennifer Joy est l’une des nombreuses sœurs célibataires qui se sont installées en République dominicaine pour y prêcher. En 1992, elle est venue rendre visite à sa tante, Edith White, missionnaire de longue date. Jennifer a obtenu de bons résultats dans la prédication. Elle a aussi rencontré des sœurs de différentes nationalités qui s’étaient rendues disponibles pour venir prêcher dans le pays. « J’étais timide et je n’avais pas vraiment confiance en moi, se rappelle-t-elle. Mais je me suis dit : “Si elles y arrivent, pourquoi pas moi ?” »
Au début, Jennifer avait prévu de ne rester qu’un an. Mais d’année en année, elle a prolongé son séjour et cela fait maintenant plus de 20 ans qu’elle vit en République dominicaine. Beaucoup de ceux qui ont étudié la Bible avec elle sont devenus des serviteurs de Jéhovah. De plus, elle a eu la joie de contribuer au développement de la prédication aux sourds et de participer à la préparation du programme des cours de langue des signes.
« Jéhovah a pris soin de moi jusque-là, alors pourquoi m’inquiéter pour l’année prochaine ? »
Comment Jennifer subvient-elle à ses besoins ? « Je retourne au Canada quelques mois par an pour travailler, explique-t-elle. Au fil des années, j’ai occupé différents emplois. J’ai fait de la photographie, et du développement et du tirage photo. J’ai peint des maisons, nettoyé des bureaux, fabriqué des phares de voiture et de la moquette. J’ai aussi été guide touristique, agent de voyage, professeur d’anglais et interprète. » Jennifer compare sa situation à celle des Israélites dans le désert : « Ils vivaient de toute déclaration qui sortait de la bouche de Jéhovah. Il avait dit qu’il prendrait soin d’eux, et c’est exactement ce qu’il a fait. Ils avaient de quoi manger tous les jours, et leurs vêtements et leurs sandales ne s’usaient pas (Deut. 8:3, 4). Jéhovah promet qu’il prendra soin de nous également (Mat. 6:33). Il a pris soin de moi jusque-là, alors pourquoi m’inquiéter pour l’année prochaine ? »
En tout, un millier de proclamateurs de 30 nationalités différentes ont fait preuve d’un bel esprit de sacrifice en se déplaçant en République dominicaine. Ils sont venus d’un peu partout : d’Australie, d’Espagne, des États-Unis, du Japon, de Pologne, de Porto Rico, de Russie, de Suisse, de Taïwan, etc. Ils font aujourd’hui partie de congrégations qui tiennent leurs réunions en anglais, en chinois, en créole d’Haïti, en espagnol, en italien, en langue des signes américaine et en russe. Comme l’apôtre Pierre, ils peuvent dire : « Vois ! Nous avons tout quitté et nous t’avons suivi » (Marc 10:28).
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Ils aiment leurs frèresAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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Ils aiment leurs frères
Une nouvelle école
Jéhovah a béni le dur travail de ses serviteurs en République dominicaine. En 1994, il y avait en moyenne 16 354 proclamateurs répartis dans 259 congrégations. Compte tenu de cet accroissement fulgurant, les congrégations avaient besoin de plus en plus d’anciens et d’assistants ministériels. La même année, le Collège central a donné son accord pour que l’École de formation ministérielle (aujourd’hui remplacée par l’École pour évangélisateurs du Royaume) soit organisée dans le pays.
En octobre 2011, 25 classes s’étaient tenues. Elles avaient permis à 600 élèves d’être formés. Aujourd’hui, plus de la moitié de ces diplômés sont dans le service à plein temps. Soixante et onze ont été nommés pionniers spéciaux et cinq, surveillants de circonscription. Les dix premières classes se sont tenues au Béthel, mais depuis la onzième, l’école a lieu dans des locaux à Villa González.
« Les Témoins de Jéhovah prennent soin de leurs frères »
Le 22 septembre 1998, l’ouragan Georges a dévasté la République dominicaine. Les vents qui ont atteint 190 kilomètres par heure ont causé des dommages considérables. Des milliers de gens se sont retrouvés sans abri, et plus de 300 personnes ont perdu la vie. Un comité de secours a été formé. Avec l’aide d’un comité de construction régional, il a mis en place un centre de secours sur le terrain d’une Salle du Royaume à La Romana. Trois cents volontaires ont participé aux opérations de secours. Parmi eux, on comptait des frères et sœurs venus de 16 pays.
Au total, 23 Salles du Royaume et plus de 800 habitations de Témoins ont été réparées ou reconstruites. Prenons le cas de Carmen, une pionnière permanente âgée. L’ouragan a détruit la maison dans laquelle elle vivait depuis 38 ans. Carmen était complètement anéantie. Mais quand une équipe de 15 frères est arrivée pour couler les fondations de sa nouvelle maison, elle n’a pu contenir sa joie. « Jéhovah ne nous oublie jamais, dit Carmen, et il prend soin de nous. Regardez cette belle maison que les frères construisent pour moi. Mes voisins ont reconnu : “Les Témoins de Jéhovah prennent soin de leurs frères ; ils s’aiment vraiment les uns les autres.” » C’est le genre de témoignages qu’on a pu entendre dans tout le pays alors que les équipes de secours apportaient leur aide à leurs compagnons traumatisés.
L’ouragan Georges a eu de terribles conséquences. Mais les serviteurs de Jéhovah, par leurs efforts pleins d’amour, ont apporté un réconfort physique et spirituel à leurs frères victimes de cette tempête. Plus important, l’esprit de sacrifice manifesté par les volontaires a permis de louer Jéhovah, la source du véritable réconfort.
La construction de Salles du Royaume s’accélère
En raison de l’augmentation rapide du nombre de proclamateurs, le besoin en Salles du Royaume est devenu de plus en plus important. Depuis novembre 2000, les frères bénéficient du programme pour les pays aux ressources limitées pour construire des Salles du Royaume. Ainsi, en huit semaines environ, une congrégation peut disposer d’un lieu de culte digne et confortable. En septembre 2011, deux groupes de construction avaient bâti ou rénové pas moins de 145 Salles du Royaume.
Ces bâtiments et les volontaires qui les ont construits ont donné un puissant témoignage. Par exemple, dans une petite ville au nord-ouest du pays, les frères avaient trouvé un endroit qui pouvait convenir à la construction d’une Salle du Royaume. Un pionnier spécial a contacté le propriétaire pour acheter le terrain. « Ne perdez pas votre temps, a répondu celui-ci. Je ne veux pas vous le vendre, surtout si c’est pour y construire une église. »
Peu après cette discussion, le propriétaire du terrain est allé à Puerto Plata pour rendre visite à son frère plus âgé, qui est Témoin de Jéhovah. Une fois sur place, il a constaté qu’une famille de Témoins hébergeait son frère souffrant et prenait soin de lui. Cette famille l’avait emmené chez le médecin, aux réunions et en prédication. L’homme a demandé à son frère combien cela lui coûtait. Ce dernier l’a rassuré : « Rien, ce sont mes frères. »
« Ce sont les personnes les plus unies et les plus gentilles que j’aie jamais vues. »
Le propriétaire a tellement été touché par la bonté hors du commun des Témoins qu’il a appelé le pionnier spécial qui l’avait contacté : il avait changé d’avis et il était prêt à vendre son terrain. Les frères l’ont donc acheté, et les travaux de construction ont commencé. Auparavant, la femme du propriétaire avait une très mauvaise opinion des Témoins de Jéhovah. Mais quand elle a vu la façon dont les frères collaboraient sur le chantier, elle a reconnu : « Ce sont les personnes les plus unies et les plus gentilles que j’aie jamais vues. »
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Répondre à l’accroissement
« Toutes sortes d’hommes doivent être sauvés »
Jéhovah veut que « toutes sortes d’hommes soient sauvés et parviennent à une connaissance exacte de la vérité » (1 Tim. 2:4). Conformément à la volonté divine, les Témoins de Jéhovah du pays ont fourni de gros efforts pour contacter les personnes aux quatre coins de leur territoire, même celles qui sont en prison.
En 1997, lors de leur visite hebdomadaire dans la prison Najayo à San Cristóbal, un couple de pionniers spéciaux a rencontré Gloria. Cette Colombienne de 23 ans, incarcérée pour trafic de drogue, avait des conversations avec une sœur injustement emprisonnée. Pour aider Gloria à répondre à ses questions bibliques, le couple lui a apporté le livre Comment raisonner à partir des Écritures et d’autres publications. Son enthousiasme pour l’étude a déteint sur d’autres, si bien que le nombre de prisonniers visités chaque semaine n’a cessé d’augmenter.
Grâce à la vérité, Gloria s’est transformée. En 1999, elle est devenue proclamatrice. Chaque mois, elle passait plus de 70 heures à prêcher dans la prison, son territoire. Elle a enseigné la Bible à six autres prisonnières qui ont fait de bons progrès. En 2000, Gloria a demandé la grâce présidentielle, qu’elle a obtenue en raison de sa bonne conduite. Elle a donc été libérée puis renvoyée en Colombie. En 2001, peu après son retour chez elle, elle s’est fait baptiser malgré l’opposition virulente de sa famille.
Gloria Cardona a découvert la vérité en prison. Aujourd’hui, elle est pionnière avec son mari.
Après son baptême, Gloria s’est lancée dans le service de pionnier. Elle s’est ensuite mariée avec un ancien et tous deux sont pionniers permanents. Actuellement, ils prêchent en Colombie, dans une région où il y a besoin de renfort. Gloria a aidé plusieurs personnes à se vouer à Dieu et à se faire baptiser. Elle dit qu’elle se sent redevable à Jéhovah et que le meilleur moyen de le remercier, c’est de faire pour les autres ce qu’on a fait pour elle : les aider à connaître la vérité.
L’exemple de Gloria le prouve : même des personnes qui se trouvent derrière les barreaux peuvent découvrir la vérité. Des représentants de la filiale ont d’ailleurs rencontré des responsables du Bureau général des prisons. Leur objectif était que des frères soient autorisés à entrer dans davantage de prisons pour y conduire des études bibliques. Résultat : 43 frères et 6 sœurs ont obtenu la permission de participer à l’œuvre d’enseignement biblique dans 13 prisons.
« Allonge tes cordes »
En 1999, on enregistrait 21 684 proclamateurs répartis dans 342 congrégations et 34 380 études bibliques. L’assistance au Mémorial s’est élevée à 72 679 personnes. En raison de l’accroissement, le peuple de Jéhovah a appliqué sans tarder ces paroles d’Isaïe : « Élargis l’emplacement de ta tente. Et que l’on tende les toiles de ton tabernacle grandiose. Ne te retiens pas. Allonge tes cordes » (Is. 54:2).
Les frères avaient notamment besoin d’une Salle d’assemblées capable d’accueillir des proclamateurs toujours plus nombreux. En 1996, la Salle d’assemblées de Saint-Domingue, située à côté du Béthel, avait été achevée. Elle répondait parfaitement aux besoins des proclamateurs de la capitale et des environs. Par contre, la Salle d’assemblées de Villa González, utilisée par les proclamateurs du reste du pays, devait être rénovée en profondeur ou alors remplacée.
En 2001, le Collège central a approuvé la construction d’une Salle d’assemblées de 2 500 places sur le terrain de Villa González. Les frères ont été ravis d’apprendre qu’un bâtiment serait également construit pour accueillir l’École de formation ministérielle (aujourd’hui remplacée par l’École pour évangélisateurs du Royaume). Ce bâtiment, situé à côté de la Salle d’assemblées, abriterait des chambres, une salle de classe, une bibliothèque, une cuisine et une salle à manger. En 2004, c’est Theodore Jaracz, membre du Collège central, qui a prononcé le discours d’inauguration des nouvelles installations. Depuis lors, des élèves de 15 classes ont été diplômés.
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La prédication en créole d’HaïtiAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
La prédication en créole d’Haïti
La prédication en créole d’Haïti commence
La prédication dans la langue officielle du pays, l’espagnol, a produit d’excellents résultats. Mais avec le temps, des personnes qui parlent d’autres langues sont arrivées et ont également été sensibles à notre message d’espoir. Dans le pays voisin, Haïti, c’est le créole d’Haïti qui est la langue officielle. Même si les relations entre les deux pays ont parfois été tendues, les Haïtiens, présents par milliers, constituent une grosse partie de la main d’œuvre en République dominicaine et leur nombre a récemment augmenté de façon spectaculaire.
Depuis des années, les personnes parlant le créole d’Haïti qui s’intéressaient à la vérité s’associaient à des congrégations d’expression espagnole. Mais en 1993, dans le but de mieux répondre aux besoins spirituels de ces personnes, le Collège central a demandé à la filiale de Guadeloupe d’inviter des pionniers spéciaux à s’installer en République dominicaine pour y prêcher en créole d’Haïti. Barnabé et Germaine Biabiany étaient l’un des trois couples qui se sont portés volontaires. « Au début, nous n’avions que deux brochures en créole d’Haïti, dit Barnabé. Puisque les autres publications étaient en français, nous devions tout traduire. »
En janvier 1996, neuf proclamateurs à Higüey étaient prêts à soutenir un groupe d’expression créole haïtien, et dix à Saint-Domingue. Un groupe a donc été formé dans ces deux villes, et avec le temps, les deux sont devenus congrégations. Ces congrégations ont cependant été dissoutes. Pourquoi ? Il semble que beaucoup d’Haïtiens désiraient apprendre l’espagnol et qu’ils préféraient donc assister aux réunions dans des congrégations d’expression espagnole. « Nous avons rencontré les frères du département pour le service, explique Barnabé, et il a paru préférable d’arrêter de prêcher en créole d’Haïti pendant un temps. »
De nouvelles tentatives aboutissent
En 2003, le Collège central a envoyé Dong et Gladys Bark, un couple de missionnaires, en République dominicaine pour qu’ils prêchent en créole d’Haïti. Pendant deux ans, ils se sont dépensés dans le territoire d’Higüey et ont obtenu de bons résultats. Le 1er juin 2005, une congrégation d’expression créole a été formée. Sans jamais se lasser, Dong Bark, Barnabé Biabiany et Steven Rogers, un autre missionnaire, ont étendu la prédication en créole d’Haïti à tout le pays.
Ces efforts ont porté du fruit, et davantage de congrégations ont été formées. Le 1er septembre 2006, la première circonscription en créole d’Haïti a vu le jour. Barnabé Biabiany était le surveillant de cette circonscription, qui comptait sept congrégations et deux groupes.
Dans les années qui ont suivi, d’autres missionnaires sont arrivés pour prêcher en créole d’Haïti. Mais ce n’est pas tout. Beaucoup de volontaires originaires notamment du Canada, d’Europe et des États-Unis ont apporté leur aide. Une équipe de frères capables a été mise en place pour préparer un cours de créole d’Haïti et l’enseigner à ces proclamateurs venus de l’étranger, mais aussi à ceux du pays.
Si quelqu’un qui n’est pas haïtien parle le créole d’Haïti, c’est qu’il est Témoin de Jéhovah.
Les frères et sœurs dominicains sont très nombreux à faire l’effort d’apprendre cette langue, et cela a d’heureux effets sur la population haïtienne. Aujourd’hui, quand un proclamateur dominicain explique les vérités bibliques en créole, toute tension se dissipe et un climat propice s’installe pour parler du message du Royaume. Il y a tant de frères et sœurs qui ont appris le créole d’Haïti que beaucoup en arrivent à cette conclusion : si quelqu’un qui n’est pas haïtien parle cette langue, c’est qu’il est Témoin de Jéhovah.
Ce qu’a vécu une pionnière qui a suivi un cours de créole d’Haïti montre que s’intéresser à des personnes d’une autre culture peut profondément les toucher. En prédication, cette sœur a rencontré un couple d’Haïtiens qui a manifesté de l’intérêt. Elle est revenue les voir pour commencer une étude biblique. Elle raconte : « Quand je suis arrivée, j’ai salué la femme en lui faisant la bise, comme c’est la coutume entre Dominicaines. Elle s’est mise à pleurer. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m’a répondu : “Je vis ici depuis très longtemps, mais c’est la première fois qu’on me dit bonjour de cette façon.” »
Jéhovah a béni le dur travail accompli pour prêcher en créole d’Haïti, ce qui a entraîné un accroissement remarquable. Le 1er septembre 2009, on comptait 23 congrégations et 20 groupes dans cette langue ; une deuxième circonscription a donc été formée. En 2011, l’assistance au Mémorial laissait encore entrevoir de belles perspectives d’accroissement. Par exemple, les 11 proclamateurs de la petite ville de Río Limpio ont eu la joie d’accueillir 594 personnes. À Las Yayas de Viajama, une ville où il n’y avait aucun proclamateur, des dispositions ont été prises pour que cet évènement ait lieu, et 170 personnes y ont assisté. En septembre 2011, il y avait 33 congrégations et 21 groupes d’expression créole haïtien. Par conséquent, une nouvelle circonscription a vu le jour en 2012.
Les filiales de la République dominicaine et d’Haïti collaborent pour former des frères de ces deux pays. Cinq classes de l’École biblique pour frères célibataires et quatre classes de l’École biblique pour couples chrétiens ont été organisées en créole d’Haïti.
Cours de créole d’Haïti.
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Tremblement de terre à HaïtiAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
Tremblement de terre à Haïti
Prédication en chinois
En 2005, Tin Wa Ng, un Béthélite parlant le chinois, a été nommé pionnier spécial pour prêcher aux nombreux Chinois qui vivent dans le pays. Ses parents avaient émigré de Chine pour s’installer dans la ville de Saint-Domingue. Ce frère est né et a grandi en République dominicaine.
Le 1er janvier 2008, une congrégation d’expression chinoise (mandarin) a été créée à Saint-Domingue, et en 2011, un groupe a été formé à Santiago. Les 70 proclamateurs, dont 36 pionniers permanents et plusieurs pionniers auxiliaires, enseignent la Bible à 76 personnes en moyenne chaque mois.
On recherche les anglophones
En 2007, on comptait 27 466 proclamateurs répartis dans 376 congrégations, et 49 795 études bibliques ont été rapportées. Cependant, il n’y avait pas de congrégation pour s’occuper de la population anglophone, pourtant considérable. En avril 2008, la filiale a donc envoyé des missionnaires, Donald et Jayne Elwell, à Saint-Domingue pour qu’ils mettent en place un groupe d’expression anglaise. Un petit groupe enthousiaste de proclamateurs a commencé par recenser les anglophones, puis a organisé le territoire pour qu’il soit prêché à fond.
Grâce à ces efforts, le groupe a continué de se développer et une congrégation de 39 proclamateurs a été formée en juillet 2009. Des dispositions similaires ont été prises dans d’autres endroits du pays. En novembre 2011, il y avait sept congrégations et un groupe d’expression anglaise.
Sourde et aveugle, elle prend position pour Jéhovah
Une pionnière spéciale communique avec Lorys grâce à la langue des signes tactiles.
Lorys est orpheline et elle est atteinte du syndrome de Usher. Sourde de naissance, elle a commencé à perdre la vue à 16 ans. Elle peut voir jusqu’à un certain point en journée, mais elle est complètement aveugle la nuit. Le seul moyen qu’elle a alors de communiquer, c’est la langue des signes tactiles.
Elle avait 23 ans quand un couple de pionniers spéciaux l’a rencontrée. Lorys vivait alors avec un sourd et leur fille entendante âgée d’un an. Elle a accepté d’assister à une réunion de la congrégation et a été très touchée par ce qu’elle a appris.
Lorys a rapidement fait des changements dans sa vie. Par exemple, lorsqu’elle a découvert qu’il était mal de vivre avec quelqu’un sans être marié, elle a discuté avec son compagnon de l’importance de légaliser leur union. Elle lui a expliqué qu’elle ne transigerait pas avec les principes moraux de la Bible. Impressionné par sa détermination, il a accepté de se marier.
Après son mariage, Lorys est devenue proclamatrice, et très rapidement elle s’est fait baptiser. Dans l’intervalle, grâce à son étude avec les Témoins, elle a appris la langue des signes américaine (ASL). Depuis, elle aide sa fille à apprendre l’ASL et lui enseigne la vérité.
Un tremblement de terre dévastateur frappe Haïti
Le mardi 12 janvier 2010 restera longtemps gravé dans la mémoire des habitants de République dominicaine et d’Haïti. Ce jour-là, un tremblement de terre dévastateur a frappé Haïti. Le Collège central a immédiatement autorisé la filiale de République dominicaine à envoyer de l’argent à celle d’Haïti pour qu’elle puisse organiser des secours. La somme à remettre étant considérable, c’est le médecin du Béthel, Evan Batista (1,90 m pour 127 kg) qui a été chargé de la transporter.
C’était une très bonne décision d’envoyer frère Batista : quand il est arrivé à la frontière, on lui a appris qu’il y avait un grand besoin de personnel médical qualifié. Beaucoup de victimes gravement blessées étaient transportées à la Salle d’assemblées située à côté du Béthel d’Haïti pour y être soignées. Lorsque les frères se sont rendu compte que le messager était médecin, ils ont appelé la filiale de République dominicaine pour demander s’il pouvait rester. Évidemment, cela a été accepté. C’est ainsi qu’a commencé une vaste opération de secours, seulement quelques heures après le tremblement de terre.
Les frères se mobilisent à la suite du tremblement de terre de 2010 à Haïti.
Le service des achats de la filiale de République dominicaine a immédiatement pris contact avec ses fournisseurs de nourriture. Plus de 6,8 tonnes de riz, de haricots et d’autres aliments de base ont été rassemblées et envoyées à Haïti le jeudi 14 janvier, à 2 h 30 du matin. Il semble que ce soit la première cargaison de secours qui ait passé la frontière. Un peu plus tard dans la journée, trois autres médecins sont venus de République dominicaine ; ils ont fait un trajet long de sept heures pour se rendre au Béthel d’Haïti. Ils sont arrivés tard dans la soirée, mais au lieu de se rendre dans leurs chambres, ils ont tout de suite été voir les blessés et ont travaillé dur jusqu’à minuit. Le lendemain, quatre autres médecins et quatre infirmières sont venus de République dominicaine pour leur prêter main-forte. Les interventions chirurgicales se sont faites dans des conditions très difficiles, à l’intérieur d’un bloc opératoire de fortune. Au cours de la semaine qui a suivi, ces 12 frères et sœurs ont soigné plus de 300 blessés.
Chaque jour, les cas les plus graves étaient évacués en République dominicaine. Par moments, des véhicules apportaient des équipements de secours à Haïti, puis repartaient avec des blessés qu’il fallait amener d’urgence dans différents centres hospitaliers de République dominicaine. La filiale a mis en place des groupes de visite aux malades pour encourager les blessés et leur apporter les médicaments et les fournitures nécessaires. Les congrégations locales ont offert de la nourriture et des logements pour les familles des blessés.
Les Témoins de Jéhovah ont distribué plus de 450 tonnes de dons, dont 400 000 repas.
Les efforts inlassables et désintéressés du peuple de Jéhovah illustrent parfaitement les paroles rassurantes de Proverbes 17:17 : « Un véritable compagnon aime tout le temps et c’est un frère qui est né pour les jours de détresse. » De nombreux faits ont montré que Jéhovah, par le moyen de son esprit et des frères, prenait soin de ses fidèles même face à la mort. Les équipes de secours n’ont pas relâché leurs efforts pendant des mois. Les Témoins de Jéhovah ont distribué plus de 450 tonnes de dons, dont 400 000 repas. En tout, 78 frères et sœurs travaillant dans le domaine médical sont venus de différents pays pour apporter leur aide. Ils ont offert de leur temps et de leurs compétences aux côtés de très nombreux autres volontairesa.
a Pour un rapport plus détaillé, voir Réveillez-vous ! de décembre 2010, pages 14-19.
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Perspectives exaltantesAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
Perspectives exaltantes
Une belle réputation
Cela fait maintenant 70 ans que les Témoins de Jéhovah sont présents en République dominicaine. Avec les années, ils se sont fait une belle réputation. Dans le territoire, des gens abordent souvent des proclamateurs pour leur demander des publications. Et il n’est pas rare d’entendre des commentaires de ce genre : « j’aime cette religion » ou « vous appliquez vraiment ce que la Bible dit ».
Par exemple, en une certaine occasion, les frères avaient prévu de construire une Salle du Royaume sur une parcelle offerte par un de leurs compagnons. Lorsque ce dernier a voulu enregistrer le terrain, il s’est rendu compte que quelqu’un l’avait déjà enregistré frauduleusement. Cet individu l’a alors accusé de vouloir lui voler le terrain. L’affaire a donc été portée en justice. C’était un dossier complexe : le fraudeur possédait des documents qui certifiaient que le terrain était à lui.
Au cours du procès, le juge a demandé à l’avocat du frère de lui donner plus de détails sur son client. Quand celui-ci a expliqué qu’il représentait les intérêts d’une association utilisée par les Témoins de Jéhovah, le juge a déclaré : « Dans ce cas, il n’y a aucune raison de douter de la véracité de leurs dires. Je connais les Témoins de Jéhovah, et je sais très bien qu’ils sont honnêtes. Ils n’essaieraient jamais d’escroquer quelqu’un et de prendre ce qui ne leur appartient pas. »
Lorsque la cour a examiné les preuves, il est devenu évident que l’accusé avait utilisé des documents falsifiés. Le juge a donc statué en faveur des Témoins. Plus tard, l’avocat a fait ce commentaire : « Ce n’est pas un cas isolé. À chaque fois qu’on mentionne les Témoins de Jéhovah dans les tribunaux du pays, les réactions sont pleines de respect. »
Des perspectives d’avenir réjouissantes
L’avenir dira combien d’autres personnes qui aiment la justice vont apprendre les vérités bibliques et se vouer à Dieu. En attendant, les frères font tout leur possible pour toucher de telles personnes. Par exemple, en 2013, ils ont passé plus de 11 millions d’heures à prêcher, et ils ont conduit 71 922 études de la Bible. Il a aussi été très encourageant de voir que 9 776 proclamateurs ont été pionniers. En août de la même année, 35 331 proclamateurs ont été actifs dans le ministère. Et 127 716 personnes ont assisté au Mémorial, ce qui laisse entrevoir un bel accroissement.
L’œuvre de prédication et d’enseignement en République dominicaine a fait du chemin depuis ce dimanche d’avril 1945, quand Lennart et Virginia Johnson sont arrivés et se sont mis à prêcher la bonne nouvelle. Les Témoins de Jéhovah de ce pays accordent beaucoup de prix à leur bel héritage spirituel. Ils sont reconnaissants des sacrifices courageux consentis par les Témoins des générations précédentes. Et, par-dessus tout, ils chérissent l’honneur de rendre « pleinement témoignage au sujet du royaume de Dieu » (Actes 28:23). Ils attendent avec impatience le jour où tous les habitants de l’île s’uniront à leurs compagnons du monde entier pour chanter : « Jéhovah lui-même est devenu roi ! Que la terre soit en joie. Que les îles nombreuses se réjouissent » (Ps. 97:1).
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« Vingt-deux personnes ont quitté l’Église »Annuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
« Vingt-deux personnes ont quitté l’Église »
GERMAN GOMERA était l’avant-dernier d’une famille de 11 enfants. Après la mort de son père et de deux de ses sœurs, sa mère, Luisa, a emmené sa famille vivre en ville. Là, ils sont devenus membres de l’Église mennonite, à laquelle appartenaient déjà les frères de Luisa et leurs familles.
« En 1962, un couple de pionniers spéciaux est arrivé en ville, se rappelle German. On racontait qu’ils bouleversaient les gens avec des “enseignements diaboliques”. Mais quand ce couple s’est présenté à la porte de la famille Piña, une famille nombreuse, il a été bien reçu. Ils ont été tellement impressionnés par l’attitude amicale des pionniers qu’ils ont écouté attentivement leur présentation. Suite à cela, la famille Piña et trois de mes grandes sœurs se sont mises à étudier. »
German poursuit : « Un jour que les pionniers rendaient visite à la famille Piña, maman a été invitée à se joindre à la discussion. Ils ont lu des versets de la Bible qui mettent l’accent sur l’espérance de la vie éternelle sur la terre. Maman leur a demandé : “Mais alors, pourquoi dans mon église on dit que nous allons au ciel ?” Le frère lui a répondu à l’aide de la Bible et lui a expliqué ce que les Écritures disent à propos de la résurrection terrestre. Maman a été convaincue et elle a commencé à parler aux autres de ce qu’elle avait appris.
« Quand les pasteurs mennonites ont découvert que leurs paroissiens étudiaient avec les Témoins de Jéhovah, ils ont essayé de les convaincre d’arrêter. Mais ils s’y sont pris d’une manière si agressive et si menaçante que Maximina, la mère de la famille Piña, leur a dit : “Écoutez ! Je suis adulte, je fais ce que je veux.”
« Finalement, 22 personnes ont quitté l’Église mennonite et ont commencé à assister aux réunions. Maman s’est fait baptiser en 1965 et moi quatre ans plus tard, à l’âge de 13 ans. »
German avec ses sœurs. Tous servent Jéhovah fidèlement.
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« Je me suis battu comme un lion »Annuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
« Je me suis battu comme un lion »
Luis Eduardo Montás
NAISSANCE 1906
BAPTÊME 1947
EN BREF Ancien fonctionnaire au sein du parti politique de Rafael Trujillo. Il a découvert les vérités bibliques et a servi fidèlement Jéhovah jusqu’à sa mort, en 2000.
LUIS, membre de la famille de Trujillo, était trésorier du Partido Dominicano, le parti politique au pouvoir. Cependant, la machine politique mise en place par Trujillo lui déplaisait à tel point qu’il a souvent essayé de démissionner. Mais le dictateur refusait de le laisser partir.
Après que Trujillo a fait tuer deux des frères de Luis, ce dernier a tenté de l’assassiner deux fois. Mais il n’a jamais été suspecté. Luis a même consulté des médiums pour qu’ils l’aident à tuer cet homme dont il dira plus tard : « Il se comportait comme une bête et se considérait au-dessus de tout le monde. » Sur la table d’un des médiums, il a vu le livre « La vérité vous affranchira » et a commencé à le lire. Ce livre l’a tellement intéressé qu’il l’a emporté chez lui. Par la suite, il est arrivé à la conclusion que c’était la vérité religieuse qu’il cherchait.
Un jour que Luis était à Ciudad Trujillo, il a assisté à une réunion des Témoins de Jéhovah et s’est procuré plusieurs livres et revues. Il a passé la nuit à lire ces publications. Plus tard, il a demandé une étude de la Bible. Luis a fait des progrès et a décidé de se retirer du gouvernement de Trujillo. Quand le dictateur l’a su, il lui a proposé le poste prestigieux de consul à Porto Rico. Mais Luis a refusé, même s’il savait que sa décision allait probablement lui valoir des persécutions.
« J’ai subi toutes sortes de mauvais traitements, se rappellera Luis, et le gouvernement a placé devant moi tous les pièges possibles et imaginables. Mais j’étais résolu à renoncer aux plaisirs de ce monde. » Luis est devenu un proclamateur hardi. Il avait un tel franc-parler que les prêtres catholiques l’ont surnommé « le prédicateur ». Le 5 octobre 1947, soit six mois après avoir assisté à sa première réunion, Luis s’est fait baptiser.
Après son baptême, Luis a été pourchassé, emprisonné et mis en isolement. On a tenté de le tuer à plusieurs reprises. À chaque fois qu’il était arrêté et jugé, il en profitait pour donner le témoignage. « Je me suis battu comme un lion pour défendre ma foi, dira-t-il, et ce souvenir me remplit de joie. »
Luis a été un serviteur de Dieu fidèle et cela n’est pas passé inaperçu auprès de la population. En 1994, le journal dominicain El Siglo a parlé de lui en ces termes : « À San Cristóbal, M. Luis Eduardo Montás a la réputation d’être un homme réfléchi. C’est une bénédiction, quelqu’un de compatissant et de doux. Cette figure de l’histoire de San Cristóbal est connue pour être un chrétien dévoué. »
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« L’espérance du Royaume n’est pas un rêve »Annuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
« L’espérance du Royaume n’est pas un rêve »
Efraín De La Cruz
NAISSANCE 1918
BAPTÊME 1949
EN BREF Bien qu’il ait été emprisonné et cruellement battu dans sept prisons différentes, sa détermination à prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu n’a jamais faibli.
EN 1948, avec ma femme, Paula, et ma fille, nous avons commencé à assister aux réunions des Témoins de Jéhovah à Blanco Arriba. Nous devions marcher 40 kilomètres aller et retour, mais nous n’avons jamais manqué une réunion. Le 3 janvier 1949, Paula et moi nous sommes fait baptiser.
Six mois plus tard, nous avons été plusieurs dans notre congrégation à être arrêtés et condamnés à trois mois de prison. Nous dormions par terre et n’avions qu’un repas par jour : des bananes vertes et du thé. Lors de notre libération, des fonctionnaires nous ont menacés et ils se sont dit que nous allions arrêter de prêcher. Mais de retour chez nous, nous avons recommencé à assister aux réunions et à prêcher. Comme des agents du gouvernement nous surveillaient constamment, nous nous réunissions dans des maisons, des champs de café ou des fermes. Au lieu de nous retrouver toujours au même endroit, nous annoncions à la fin de chaque réunion où se tiendrait la prochaine. Nous prêchions seuls, en tenue de travail, sans publication ni bible. Malgré ces précautions, entre 1949 et 1959, j’ai fait des séjours dans sept prisons différentes, pour des peines de trois à six mois.
Je devais être très prudent parce que, parmi ceux qui me persécutaient, il y avait des membres de ma famille. Même si je dormais dans les montagnes ou dans une ferme pour ne pas me faire repérer, j’ai été arrêté plusieurs fois. Après l’une de mes arrestations, j’ai été envoyé à la prison La Victoria, à Ciudad Trujillo, où il y avait 50 à 60 prisonniers par cellule. Là-bas, on nous apportait deux repas par jour : une galette de maïs le matin et un peu de riz avec des haricots le midi. Évidemment, tous les Témoins prêchaient à leurs codétenus et nous tenions régulièrement nos réunions. Elles consistaient à réciter des versets par cœur et à nous raconter des anecdotes de prédication.
Lors de mon dernier séjour en prison, un soldat m’a frappé la tête et les côtes avec la crosse d’un fusil. Je souffre toujours des séquelles de ces coups et d’autres mauvais traitements. Mais ces épreuves ont renforcé ma foi, mon endurance et ma détermination à servir Jéhovah.
J’ai maintenant 96 ans et je suis assistant ministériel. Je ne peux plus marcher sur de longues distances, mais je m’assois devant ma maison pour prêcher à tous les passants. L’espérance du Royaume n’est pas un rêve pour moi. C’est une réalité, et cela fait plus de 60 ans que je la prêche. Le monde nouveau est aussi réel pour moi aujourd’hui que le premier jour où j’ai entendu parler du Royaumea.
a Efraín De La Cruz est décédé alors que ce récit était en préparation.
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« Je continuerai d’être Témoin de Jéhovah »Annuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
« Je continuerai d’être Témoin de Jéhovah »
Ana María (Mary) Glass
NAISSANCE 1935
BAPTÊME 1956
EN BREF Jeune catholique fervente qui a découvert les vérités bibliques et a courageusement enduré l’opposition de sa famille, de l’Église et du gouvernement.
J’ÉTAIS très croyante et je m’impliquais beaucoup au sein de l’Église catholique. Je chantais dans la chorale et j’accompagnais les prêtres dans leurs lieux de retraite spirituelle, où ils célébraient la messe. Puis, en 1955, ma sœur m’a parlé du Paradis à venir. Elle m’a donné une bible, la brochure « Cette bonne nouvelle du royaume » et le livre « Que Dieu soit reconnu pour vrai ». J’étais émerveillée. J’ai donc demandé au prêtre si je pouvais lire la Bible. Il m’a répondu que j’allais « devenir folle », mais j’ai quand même décidé de la lire.
Puis, je suis allée vivre chez mes grands-parents, à Boca Chica. Là, un prêtre m’a demandé pourquoi je n’allais pas à l’église. Je lui ai expliqué que j’avais découvert que beaucoup de doctrines de l’Église n’étaient pas fondées sur la Bible. Le prêtre était furieux. Il s’est écrié : « Écoute-moi jeune fille, tu es une brebis qui s’est écartée de mon troupeau. »
« Non, ai-je répondu, c’est vous qui vous êtes écarté du troupeau de Jéhovah. Les brebis n’appartiennent pas à un homme, mais à Jéhovah. »
Je ne suis jamais retournée à l’église. J’ai emménagé avec ma sœur, et seulement six mois après avoir entendu parler de la vérité, je me suis fait baptiser. J’ai tout de suite entrepris le service de pionnier permanent. Un an plus tard, je me suis mariée avec Enrique Glass, un surveillant de circonscription. Un jour que nous prêchions dans un parc à La Romana, des policiers ont arrêté Enrique. Alors qu’ils l’emmenaient, je les ai poursuivis en disant : « Moi aussi, je suis Témoin de Jéhovah et j’étais aussi en train de prêcher. Pourquoi vous ne m’arrêtez pas ? » Mais ils n’ont pas voulu m’emmener.
Enrique avait déjà purgé plusieurs peines de prison, sept ans et demi en tout. Cette fois-ci, il a été condamné à 20 mois. Tous les dimanches, j’allais lui rendre visite. Lors d’une de ces visites, un capitaine pénitentiaire m’a demandé : « Pourquoi êtes-vous là ?
— Mon mari est en prison parce qu’il est Témoin de Jéhovah.
— Vous êtes jeune et vous avez un bel avenir devant vous. Pourquoi perdre votre temps avec les Témoins de Jéhovah ?
— Moi aussi, je suis Témoin de Jéhovah. Même si vous me tuez sept fois et que vous me ramenez à la vie les sept fois, je continuerai d’être Témoin de Jéhovah. » Il en avait assez entendu : il m’a ordonné de partir.
Après la levée de l’interdiction, avec Enrique, nous avons été dans le service de la circonscription et du district pendant de nombreuses années. Le 8 mars 2008, Enrique s’est endormi dans la mort. Je suis toujours pionnière permanente.
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« Jéhovah a ouvert tant de cœurs »Annuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
« Jéhovah a ouvert tant de cœurs »
Leonardo Amor
NAISSANCE 1943
BAPTÊME 1961
EN BREF Il a découvert la vérité quand il était adolescent et il sert Jéhovah à plein temps depuis plus de 50 ans.
JE ME suis fait baptiser en 1961, environ un mois après l’assassinat de Trujillo. J’étudiais alors le droit à l’université. Mon père voulait que je fasse une carrière juridique, mais j’étais conscient de la supériorité de l’enseignement divin. C’est pourquoi, malgré les pressions de mon père, j’ai quitté l’université. Peu après, j’ai été nommé pionnier spécial.
J’ai entre autres été affecté à La Vega, une ville très catholique. Durant le temps où je suis resté là-bas, personne n’est venu à la vérité. Quand je prononçais des discours publics, il n’y avait que mon compagnon de service dans l’assistance. Pourtant, j’ai ressenti l’aide de Jéhovah grâce à mon étude de la Bible, à l’assistance aux assemblées et à des prières ferventes. Je demandais souvent à Jéhovah s’il y aurait un jour une congrégation à La Vega. Je suis heureux de vous dire qu’aujourd’hui, cette ville compte 6 Salles du Royaume, 14 congrégations et plus de 800 proclamateurs !
En 1965, je me suis marié avec Ángela, et en 1981 nous avons été invités au Béthel. Quand je me suis fait baptiser, il y avait seulement 681 proclamateurs dans le pays. Aujourd’hui, il y en a plus de 36 000 et des milliers d’autres personnes se joignent à eux lors des assemblées. Avec le recul, je suis impressionné de voir comment Jéhovah a ouvert tant de cœurs aux vérités bibliques.
Comité de la filiale, de gauche à droite : Reiner Thompson, Juan Crispín, Thomas Dean, Leonel Peguero, Leonardo Amor et Richard Stoddard.
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Un homme athée et activiste politique devient serviteur de DieuAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
Un homme athée et activiste politique devient serviteur de Dieu
Juan Crispín
NAISSANCE 1944
BAPTÊME 1964
EN BREF Ancien athée qui a servi Jéhovah fidèlement pendant les 50 dernières années.
DANS ma jeunesse, j’ai été déçu de voir toute la haine qui avait marqué l’histoire des religions. Je ne comprenais pas non plus pourquoi Dieu n’avait pas mis fin à la pauvreté et aux injustices, et pourquoi tant de croyants ne pratiquaient pas ce que dit la Bible. Pour toutes ces raisons, je suis devenu athée, convaincu que seule une révolution pourrait changer le monde.
En 1962, j’ai commencé à lire Réveillez-vous ! et en 1963, j’ai accepté d’étudier la Bible avec les Témoins de Jéhovah. Ce que j’ai appris a eu une profonde influence sur moi. J’ai compris que Dieu n’est pas responsable des atrocités commises par de nombreux groupes religieux et qu’il a un projet plein d’amour pour l’humanité. Deux mois après ma première étude, je me suis mis à expliquer aux autres que le Royaume de Dieu allait remplacer ce système de choses corrompu. J’ai été baptisé en 1964 et nommé pionnier spécial en 1966. Je suis convaincu que la vérité m’a sauvé la vie. En effet, beaucoup de jeunes activistes que je côtoyais ont dû fuir le pays, ont été emprisonnés ou sont morts. Je remercie Jéhovah d’avoir transformé l’athée sans espérance que j’étais en un de ses serviteurs à qui il promet un monde nouveau juste.
Frère Crispín dirigeant le culte matinal au Béthel.
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Le premier sourd à accepter la véritéAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
Le premier sourd à accepter la vérité
José Pérez
NAISSANCE 1960
BAPTÊME 1982
EN BREF Enfant, José a été attiré à la vérité grâce à l’amour des frères, même si personne dans la congrégation ne connaissait la langue des signes.
QUAND j’étais enfant, j’ai perdu l’ouïe et j’ai appris la langue des signes dans une école pour les sourds. J’ai eu mon premier contact avec la vérité à 11 ans : une famille de Témoins de mon voisinage m’a invité à une réunion. Même si je n’ai pas compris ce qui était dit, j’ai été tellement bien accueilli que j’ai décidé de continuer à assister aux réunions. Beaucoup dans la congrégation m’invitaient pour prendre un repas ou pour d’autres activités.
Je suis devenu proclamateur en 1982, et un peu plus tard la même année, je me suis fait baptiser. En 1984, je me suis marié avec Eva, elle aussi sourde. Nous n’avions pas une compréhension profonde des vérités bibliques, mais nous avions reconnu l’organisation de Jéhovah à sa marque distinctive : l’amour. Et nous étions heureux de faire partie de la congrégation (Jean 13:35).
En 1992, des dispositions ont été prises pour enseigner la langue des signes américaine (ASL) à des frères et sœurs. Ces proclamateurs ont rapidement commencé à rechercher des sourds et à leur parler de la bonne nouvelle. Puis, en 1994, la prédication en langue des signes s’est accélérée quand la filiale a invité un couple de Porto Rico à venir enseigner cette langue à 25 frères et sœurs.
Plus tard dans l’année, Eva et moi avons commencé à assister aux réunions du groupe ASL récemment formé. C’est seulement là que nous avons compris plus pleinement des enseignements bibliques comme la légitimité de la souveraineté universelle de Jéhovah et le rôle du Royaume messianique dans le dessein de Dieu.
Le 1er décembre 1995, les premières congrégations ASL ont été formées à Saint-Domingue et à Santiago. En août 2014, il y avait 26 congrégations et 18 groupes.
Nous avons enseigné la langue des signes à nos trois enfants. C’est même leur langue maternelle. Éber, notre fils aîné, participe à la traduction en ASL au Béthel des États-Unis. Je suis assistant ministériel et Eva est pionnière permanente.
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Il trouve un but dans la vieAnnuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
Il trouve un but dans la vie
José Estévez
NAISSANCE 1968
BAPTÊME 1989
EN BREF Jeune garçon, José est allé vivre en ville ; il était en quête d’une vie meilleure. C’est là qu’il a découvert la vérité. Depuis, il met les intérêts du Royaume à la première place.
À 11 ANS, José est allé vivre à Saint-Domingue. Pour gagner sa vie, il cirait des chaussures et vendait des oranges et de la glace pilée. Il s’est fait la réputation d’être travailleur. Quelques années plus tard, son frère, Témoin de Jéhovah, lui a demandé de s’occuper de sa maison. Sur la table de la salle à manger, José a vu le livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis. Il est resté éveillé toute la nuit pour le lire. Il a compris qu’il avait trouvé un but dans la vie.
Le week-end suivant, José est allé à la Salle du Royaume la plus proche et s’est présenté comme Témoin de Jéhovah. Il a dit aux frères qu’il avait compris qu’il devait assister aux réunions et prêcher. Il leur a aussi dit qu’en lisant le livre Vivre éternellement, il avait appris ce que les chrétiens ne doivent pas pratiquer. Il leur a assuré qu’il ne faisait pas ces choses. Quinze jours plus tard, José était proclamateur. Il s’est fait baptiser six mois après, à 21 ans.
Puisque son travail n’était pas compatible avec les horaires des réunions, il a démissionné et en a trouvé un autre. Il gagnait quatre fois moins, mais ce travail lui permettait d’assister aux réunions et d’être pionnier permanent. Plus tard, il s’est marié et a eu deux garçons ; il a alors dû arrêter le service de pionnier.
José était déterminé à enseigner la vérité à ses fils dès leur plus tendre enfance. C’est pourquoi, quand Josefina, sa femme, a été enceinte de trois mois de leur premier enfant, Noé, il s’est mis à lire au bébé le Recueil d’histoires bibliques à voix haute. Quand Noé est né, José lui avait lu le livre en entier. Il a fait de même avec Neftalí, leur deuxième fils.
Avec les années, José est devenu directeur général d’une entreprise. Il gagnait alors dix fois plus qu’avec son travail précédent. Mais en 2008, quand ses fils ont eu 10 et 13 ans, il a quitté ce poste pour redevenir pionnier permanent. Et cette fois-ci, avec sa femme et ses enfants. Puisque ses revenus avaient considérablement diminué, toute la famille a dû coopérer pour dépenser moins. À eux quatre, ils conduisent chaque mois une trentaine d’études bibliques. Jésus nous assure que si nous mettons le Royaume à la première place, Jéhovah nous bénira (Mat. 6:33). José et sa famille ont eu foi en cette promesse et ils ont pu constater personnellement que Jéhovah tient parole.
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« J’ai voulu arrêter de servir Dieu »Annuaire 2015 des Témoins de Jéhovah
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RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
« J’ai voulu arrêter de servir Dieu »
Martín Paredes
NAISSANCE 1976
BAPTÊME 1991
EN BREF Martín était séminariste quand il a découvert la vérité. Il a aidé beaucoup de personnes à pratiquer la vraie religion.
J’AI grandi dans une famille très catholique qui voulait que je devienne prêtre. Quand j’ai eu 12 ans, j’ai donc suivi trois programmes d’enseignement avec différents prêtres. Puis, à 14 ans, j’ai été invité dans l’un des meilleurs séminaires du pays.
J’ai vite progressé et on m’a dit que si je continuais ainsi, je deviendrais évêque. Mais j’ai été déçu par la religion. Au lieu d’étudier la Bible, nous étudiions des philosophies humaines. Et les prêtres menaient une vie très immorale. Je suis même devenu la cible de leur harcèlement sexuel et j’ai alors voulu arrêter de servir Dieu.
À cette époque, un couple de missionnaires a rendu visite au comptable du séminaire et lui a donné le livre Les jeunes s’interrogent. Réponses pratiques. Je l’ai emprunté et je l’ai lu d’un bout à l’autre. Je me suis dit : « C’est ça que je cherche ! » J’ai quitté le séminaire, et je me suis mis à étudier la Bible avec les Témoins et à assister aux réunions. Huit mois plus tard, en juillet 1991, je me suis fait baptiser. Je suis devenu pionnier permanent et par la suite, je me suis marié avec une pionnière, María. Depuis 2006, nous sommes pionniers spéciaux. J’ai bien fait de ne pas arrêter de servir Dieu : j’ai la joie d’aider ceux qui sont affamés de vérité à devenir ses serviteurs.
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