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« Il enseignait, il prêchait la bonne nouvelle »« Viens, suis-moi »
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DEUXIÈME PARTIE
« Il enseignait, il prêchait la bonne nouvelle »
Charpentier. Faiseur de miracles. Guérisseur. Jésus était tout cela, et bien plus. Pourtant, ce ne sont pas ces mots qu’on utilisait pour parler de lui. On l’appelait « Enseignant ». Quoi de plus normal ? ‘Enseigner et prêcher la bonne nouvelle’ constituait son activité essentielle (Matthieu 4:23). Étant ses disciples, nous accomplissons cette œuvre à notre tour. Cette deuxième partie va nous permettre d’étudier l’exemple qu’il nous a laissé sous ce rapport.
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« C’est pour cela que j’ai été envoyé »« Viens, suis-moi »
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CHAPITRE HUIT
« C’est pour cela que j’ai été envoyé »
1-4. a) De quelle façon Jésus s’y est-il pris pour enseigner une Samaritaine, et qu’en est-il résulté ? b) Quelle a été la réaction des apôtres ?
VOILÀ des heures qu’ils marchent. Partis de Judée, Jésus et ses apôtres remontent vers le nord, vers la Galilée. Ils ont pris la route la plus directe (trois jours de voyage), celle qui traverse la Samarie. Alors que le soleil est presque à son zénith, ils passent à proximité d’une petite ville nommée Sychar et font une halte.
2 Pendant que les apôtres partent acheter à manger, Jésus se repose à côté d’un puits. C’est alors qu’une femme vient chercher de l’eau. Jésus pourrait ne pas lui prêter attention. Il est « épuisé du voyage » (Jean 4:6). On comprendrait qu’il ferme les yeux et fasse comme si de rien n’était. Du reste, pour les raisons que nous avons évoquées au chapitre 4, la Samaritaine n’attend sans doute que du mépris de la part d’un Juif. Pourtant Jésus lui adresse la parole.
3 C’est par une image qu’il entame la conversation, un exemple directement en rapport avec la vie quotidienne de cette femme — et même avec ce qu’elle est en train de faire. Elle est là pour puiser de l’eau ; il lui parle d’une eau vivifiante qui étanchera sa soif spirituelle. Plusieurs fois au cours de la discussion, elle aborde des questions susceptibles de déclencher une disputea. Mais Jésus a le tact de ne pas les relever ; il reste sur des sujets spirituels : le culte pur et Jéhovah Dieu. Ses propos auront une grande portée, puisque son interlocutrice ira les répéter aux hommes de la ville, qui voudront à leur tour entendre Jésus (Jean 4:3-42).
4 À leur retour, que pensent les apôtres en voyant Jésus occupé à donner ce témoignage remarquable ? Ils ne débordent guère d’enthousiasme. Pour tout dire, ils sont étonnés de voir Jésus parler à cette femme. Il semble d’ailleurs qu’ils n’adressent même pas la parole à la Samaritaine. Une fois qu’elle est partie, ils pressent Jésus de manger. Mais il leur répond : « J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas. » Prenant ces paroles au pied de la lettre, ils sont décontenancés. Alors Jésus leur explique : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et de terminer son œuvre » (Jean 4:32, 34). Il veut leur faire comprendre qu’il accorde plus d’importance à son activité principale qu’à se nourrir, et il voudrait que ce soit également leur cas. Quelle est cette œuvre ?
5. Quelle était l’activité principale de Jésus, et qu’allons-nous examiner dans ce chapitre ?
5 Jésus a dit un jour : « Je dois annoncer la bonne nouvelle du royaume de Dieu aux autres villes aussi, car c’est pour cela que j’ai été envoyé » (Luc 4:43). Oui, Jésus avait été envoyé pour prêcher et enseigner la bonne nouvelle du royaume de Dieub. Ceux qui le suivent aujourd’hui ont la même œuvre à accomplir. Il est donc indispensable que nous examinions à présent pourquoi Jésus prêchait, quel message il prêchait et avec quel état d’esprit il prêchait.
Pourquoi Jésus prêchait
6-7. Qu’est-ce que Jésus veut que qu’un « enseignant » ressente à l’idée de faire connaître la bonne nouvelle ? Expliquez par un exemple.
6 Voyons tout d’abord ce que Jésus pensait des vérités qu’il enseignait ; puis nous parlerons de la façon dont il considérait les personnes qui l’écoutaient. Pour expliquer ce qu’il ressentait à faire connaître les vérités que Jéhovah lui avait enseignées, Jésus a pris une comparaison explicite. Il a dit : « Sachez qu’après avoir reçu l’enseignement concernant le royaume des cieux, un enseignant est comme un maître de maison qui sort de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes » (Matthieu 13:52). Dans quelle intention ce maître de maison sort-il des choses de son trésor ?
7 Ce n’est pas pour faire étalage de ses biens, erreur commise autrefois par le roi Ézéchias avec des conséquences funestes (2 Rois 20:13-20). Qu’est-ce qui le motive alors ? Prenons un exemple. Imaginez que vous rendiez visite à un professeur que vous appréciez particulièrement. Il ouvre un tiroir et en sort deux lettres. Ce sont deux lettres que son père lui a écrites. L’une, jaunie par le temps, lui est parvenue alors qu’il n’était qu’un enfant ; l’autre est récente. Les yeux brillants de plaisir, il vous dit à quel point ces lettres lui sont chères — elles contiennent des conseils qui ont changé sa vie, et qui pourraient vous être utiles à vous aussi. Il est manifeste qu’il leur accorde un grand prix, qu’elles tiennent une place particulière dans son cœur (Luc 6:45). Il vous les montre non pour se vanter ou pour en tirer un profit quelconque, mais pour votre bien et pour vous convaincre de leur valeur.
8. Sommes-nous fondés à considérer comme des trésors les vérités que nous apprenons de la Parole de Dieu ?
8 C’est avec de tels mobiles que Jésus, le grand Enseignant, parlait des vérités divines. À ses yeux, elles étaient des trésors inestimables. Il les aimait et avait à cœur de les faire connaître. Il voulait que chacun de ses disciples, tout « enseignant », éprouve les mêmes sentiments. Est-ce notre cas ? Nous avons de bonnes raisons d’aimer chacune des vérités que nous apprenons de la Parole de Dieu. Qu’il s’agisse de croyances anciennes ou de compréhensions affinées récemment, nous chérissons ces joyaux de vérité. En en parlant avec enthousiasme et en ne cessant d’aimer ce que Jéhovah nous enseigne, nous communiquerons cet amour aux autres, comme Jésus.
9. a) Que ressentait Jésus envers les personnes qu’il enseignait ? b) Comment pouvons-nous imiter son attitude ?
9 Ainsi que nous le verrons plus en détail dans la troisième partie, Jésus aimait également les personnes qu’il enseignait. Une prophétie annonçait que le Messie ‘aurait pitié du petit et du pauvre’ (Psaume 72:13). Et Jésus, en effet, se souciait des gens. Il se souciait des pensées et des raisonnements qui déterminaient leurs actions ; il se souciait des fardeaux qui les accablaient et de ce qui les empêchait de saisir la vérité (Matthieu 11:28 ; 16:13 ; 23:13, 15). Rappelez-vous la Samaritaine. Le fait que Jésus se soit intéressé à elle l’a beaucoup marquée. La perspicacité dont il a fait preuve en rapport avec la situation personnelle de cette femme l’a convaincue qu’il était un prophète et l’a poussée à parler de lui à d’autres (Jean 4:16-19, 39). Bien sûr, ceux qui suivent Jésus de nos jours n’ont pas la faculté de lire dans les cœurs. Comme lui, en revanche, nous pouvons nous intéresser aux gens ; nous pouvons leur montrer que nous nous soucions d’eux ; et nous pouvons adapter nos paroles à leurs préoccupations, à leurs difficultés et à leurs besoins.
Ce que Jésus prêchait
10-11. a) Quel message Jésus prêchait-il ? b) Qu’est-ce qui a rendu nécessaire le royaume de Dieu ?
10 Quel message Jésus prêchait-il ? Si vous deviez chercher la réponse dans les enseignements des nombreuses Églises qui affirment le représenter, vous diriez peut-être qu’il proclamait une sorte d’évangile social. Ou bien qu’il prônait des réformes politiques, ou encore qu’il faisait passer le salut personnel avant tout le reste. Or, comme nous l’avons indiqué plus haut, il a fait cette déclaration sans équivoque : « Je dois annoncer la bonne nouvelle du royaume de Dieu. » Qu’est-ce que cela impliquait ?
11 Rappelez-vous que Jésus était présent au ciel quand, pour la première fois, Satan a calomnié le nom de Jéhovah et contesté sa manière de diriger les humains. Quelle peine Jésus a dû ressentir en entendant son Père, pourtant si attaché à la justice, être ainsi accusé de priver ses créatures de ce qui est bon pour elles ! Quel coup aussi quand Adam et Ève ont ajouté foi à cette calomnie et que leur rébellion a condamné leurs futurs descendants, l’ensemble de la famille humaine, au péché et à la mort ! (Romains 5:12). Mais quelle joie intense a dû l’envahir quand il a appris que son Père allait redresser la situation !
12-13. Quelles injustices le royaume de Dieu corrigera-t-il, et comment Jésus a-t-il fait du Royaume le thème de sa prédication ?
12 Qu’est-ce qui devait absolument être corrigé ? Il fallait que le saint nom de Jéhovah soit sanctifié, c’est-à-dire entièrement lavé de l’opprobre dont Satan et ses partisans l’avaient couvert. De plus, le nom de Jéhovah étant étroitement lié à sa position de Souverain, la légitimité de la souveraineté de Dieu, autrement dit sa manière de gouverner, devait être justifiée. Jésus comprenait ces questions capitales mieux que quiconque sur terre. La prière qu’il a donnée en modèle a enseigné à ses disciples à demander d’abord au Père que son nom soit sanctifié, puis que son royaume vienne, et enfin que sa volonté se fasse sur la terre (Matthieu 6:9, 10). Le royaume de Dieu, avec Christ Jésus à sa tête, débarrassera bientôt la terre du système corrompu de Satan et établira définitivement la juste domination de Jéhovah (Daniel 2:44).
13 Ce royaume était le thème de la prédication de Jésus. Tout ce que Jésus disait ou faisait donnait une idée plus précise de ce qu’est le Royaume et de son rôle dans le projet de Jéhovah. Jésus n’a permis à rien de le détourner de sa mission de prêcher la bonne nouvelle du royaume de Dieu. À l’époque déjà, les problèmes de société et les injustices criantes ne manquaient pas, mais il est resté concentré sur son message et son activité. Est-ce à dire qu’il était étroit d’esprit, et que son discours était ennuyeux et monotone ? Loin de là !
14-15. a) En quel sens y avait-il, en la personne de Jésus, « plus que Salomon » ? b) Comment pouvons-nous imiter Jésus quant au message que nous prêchons ?
14 Comme nous le verrons tout au long de cette partie, Jésus veillait à ce que son enseignement soit à la fois captivant et coloré. Il parlait au cœur. Nous pourrions évoquer à ce propos le sage roi Salomon, qui avait recherché « des paroles délicieuses », « des paroles de vérité qui soient exactes », afin de coucher par écrit les pensées que Jéhovah lui inspirait (Ecclésiaste 12:10). Ayant reçu de Jéhovah « une capacité d’analyse » abondante, cet homme imparfait était capable de parler d’une multitude de choses, comme des arbres ou de toutes sortes d’animaux volants, aquatiques, terrestres… On venait de très loin pour l’écouter (1 Rois 4:29-34). Or, en la personne de Jésus, il y avait « plus que Salomon » (Matthieu 12:42). Il était infiniment plus sage, possédait une « une capacité d’analyse » autrement supérieure. Quand il enseignait, Jésus puisait dans la connaissance éminente qu’il avait de la Parole de Dieu, mais aussi du monde animal, de l’agriculture, du climat, de l’actualité, de l’Histoire et des situations sociales. Cependant, il ne faisait jamais étalage de ce savoir. Son message restait simple et clair. Comment s’étonner qu’on ait été suspendu à ses lèvres ? (Marc 12:37 ; Luc 19:48).
15 De nos jours, les chrétiens s’efforcent d’emboîter le pas à Jésus. Nous sommes loin de posséder sa sagesse prodigieuse et son savoir immense, mais nous avons tous une certaine connaissance et expérience dont nous pouvons nous servir pour communiquer à autrui les vérités de la Parole de Dieu. Certains pourront s’inspirer de leur expérience de parents pour illustrer l’amour de Jéhovah envers ses enfants. D’autres trouveront matière à exemples dans le milieu professionnel ou scolaire, ou encore dans ce qu’ils savent des gens et de l’actualité. Dans tous les cas, cependant, nous veillons à ne pas attirer l’attention sur autre chose que notre message : la bonne nouvelle du royaume de Dieu (1 Timothée 4:16).
L’attitude de Jésus envers son ministère
16-17. a) Comment Jésus considérait-il son ministère ? b) Comment savons-nous qu’il axait sa vie sur le ministère ?
16 Jésus considérait son ministère comme un trésor. Il éprouvait un grand plaisir à faire connaître son Père céleste tel qu’il est vraiment, et non défiguré par les doctrines et traditions humaines. Il aimait aider les gens à obtenir l’approbation divine et à nourrir l’espérance de la vie éternelle. Il était heureux de leur communiquer le réconfort et la joie que procure la bonne nouvelle. Comment ces sentiments se manifestaient-ils ? De trois façons au moins :
17 Premièrement, il a axé sa vie sur le ministère. Parler du Royaume était son activité principale, sa préoccupation essentielle, l’œuvre de sa vie. C’est la raison pour laquelle, comme nous l’avons relevé au chapitre 5, il menait volontairement une vie simple ; c’était la voie de la sagesse. Quand il donnait des conseils, c’était toujours le regard fixé sur ce qui comptait le plus. Il n’était pas distrait par toutes sortes de biens qu’il lui aurait fallu acheter, entretenir et réparer ou remplacer. Il vivait sobrement, afin que rien ne vienne entraver inutilement son ministère (Matthieu 6:22 ; 8:20).
18. Comment Jésus se dépensait-il dans le ministère ?
18 Deuxièmement, Jésus se dépensait sans compter dans le ministère. Il y déployait une formidable énergie, parcourant à pied des centaines de kilomètres, recherchant en Palestine tous ceux à qui il pouvait annoncer la bonne nouvelle. Il leur parlait chez eux, sur les places publiques, sur les places de marché, dans les campagnes. Il leur parlait même quand il avait besoin de se reposer, de boire, de manger ou de se détendre avec ses amis. Quelques instants avant de rendre son dernier soupir, il parlait encore de la bonne nouvelle du royaume de Dieu ! (Luc 23:39-43).
19-20. Quel exemple Jésus a-t-il pris pour illustrer l’urgence de l’œuvre de prédication ?
19 Troisièmement, Jésus accomplissait son ministère avec un sentiment d’urgence. Rappelez-vous sa conversation avec la Samaritaine au puits près de Sychar. Les apôtres ne semblaient pas avoir perçu qu’il était pressant d’annoncer la bonne nouvelle ; aussi Jésus leur a-t-il déclaré : « Vous dites qu’il y a encore quatre mois avant que vienne la moisson, n’est-ce pas ? Eh bien, je vous le dis, levez les yeux et regardez les champs : ils sont blancs pour la moisson » (Jean 4:35).
20 L’exemple était approprié. On était, semble-t-il, au mois de kislev (novembre/décembre). La moisson des orges, qui s’effectuait aux alentours de la Pâque (le 14 nisan), n’aurait pas lieu avant quatre mois. Les cultivateurs n’étaient donc pas pressés. Ils avaient du temps devant eux. Mais qu’en était-il de la moisson humaine ? Beaucoup désormais étaient prêts à entendre, à apprendre, à devenir des disciples du Christ et à nourrir ainsi la merveilleuse espérance que Jéhovah leur proposait ! C’était comme si Jésus embrassait du regard ces champs symboliques et les voyait tout blancs, leurs épis bien mûrs ondulant doucement sous la brise, comme pour signaler qu’ils attendaient d’être moissonnésc. C’était le moment de s’activer ! Voilà pourquoi, lorsque les habitants d’une certaine ville ont voulu le retenir, il leur a dit : « Je dois annoncer la bonne nouvelle du royaume de Dieu aux autres villes aussi, car c’est pour cela que j’ai été envoyé » (Luc 4:43).
21. Comment pouvons-nous imiter Jésus ?
21 Il nous est tout à fait possible d’imiter Jésus dans les trois domaines que nous venons de mentionner. Premièrement, en axant notre vie sur le ministère chrétien ; même si nous avons des obligations familiales ou profanes, nous pouvons lui donner la priorité en y participant avec le même zèle et la même régularité que Jésus (Matthieu 6:33 ; 1 Timothée 5:8). Deuxièmement, en nous dépensant sans compter dans le ministère, ce qui implique y consacrer de notre temps, de nos forces et de nos ressources (Luc 13:24). Troisièmement, en gardant présent à l’esprit le caractère urgent du ministère (2 Timothée 4:2). Saisissons donc toutes les occasions de prêcher !
22. De quoi sera-t-il question dans le chapitre suivant ?
22 Jésus a également montré qu’il était conscient de l’importance de l’œuvre de prédication et d’enseignement en faisant en sorte qu’elle se poursuive après sa mort. Il a chargé ses disciples de prendre le relais. Ce mandat fera l’objet du chapitre suivant.
a Par exemple, en demandant à Jésus pourquoi lui, un Juif, s’adresse à une Samaritaine, elle attire son attention sur la querelle séculaire qui oppose leurs peuples (Jean 4:9). Elle prétend aussi qu’elle et son peuple descendent de Jacob, ce que les Juifs de l’époque contestent avec force, appelant les Samaritains « Cuthéens », c’est-à-dire gens de Kouth, pour souligner leur ascendance étrangère (Jean 4:12).
b Prêcher, c’est annoncer, publier, un message. Enseigner a sensiblement le même sens, à cette nuance près que le message est communiqué avec plus de profondeur et de détails. Un bon enseignant cherche à toucher le cœur pour inciter à l’action.
c À propos de ce verset, un ouvrage déclare : « Arrivés à maturité, les épis passent du vert au blond, une teinte pâle qui sonne l’heure de la récolte. »
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« Allez et faites des disciples »« Viens, suis-moi »
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CHAPITRE NEUF
« Allez et faites des disciples »
Que fait un cultivateur quand la moisson est trop abondante pour qu’il puisse la rentrer seul ?
1-3. a) Que fait un cultivateur quand la récolte est trop abondante pour qu’il puisse la rentrer seul ? b) Dans quelle situation Jésus s’est-il trouvé au printemps 33, et qu’a-t-il fait pour y remédier ?
LE CULTIVATEUR est bien embarrassé. Quelques mois plus tôt, il a labouré et ensemencé ses champs, puis a surveillé attentivement l’apparition des premières pousses et s’est ensuite réjoui de voir les céréales mûrir. Quand arrive l’heure de la récolte, ses efforts sont récompensés. Seulement voilà, la moisson est si abondante qu’il n’arrivera pas à l’engranger tout seul. Comme il n’y a pas de temps à perdre pour rentrer le précieux grain, il décide d’engager des ouvriers.
2 Au printemps 33 de notre ère, Jésus ressuscité s’est trouvé dans une situation comparable. Les graines de vérité qu’il avait semées au cours de son ministère ayant levé, le moment était venu de récolter. La moisson était abondante : beaucoup qui avaient été réceptifs à son message devaient être rassemblés pour devenir ses disciples (Jean 4:35-38). Qu’a fait Jésus ? Juste avant de remonter au ciel, alors qu’il se tenait sur une montagne de Galilée, il a chargé ceux qui le suivaient de chercher d’autres ouvriers. Il a dit : « Allez donc vers les gens de toutes les nations et faites des disciples parmi eux, les baptisant […], leur enseignant à pratiquer tout ce que je vous ai commandé » (Matthieu 28:19, 20).
3 Ce mandat est au centre de ce que signifie suivre le Christ. Nous allons donc répondre à trois questions : Pourquoi Jésus a-t-il demandé plus d’ouvriers ? Comment a-t-il formé ses disciples à trouver ces ouvriers ? Et en quoi ce mandat nous concerne-t-il ?
Pourquoi fallait-il davantage d’ouvriers ?
4-5. Pourquoi Jésus n’achèverait-il pas l’œuvre qu’il avait amorcée, et qui devrait la poursuivre une fois qu’il serait retourné au ciel ?
4 Lorsque Jésus a entamé son ministère, en 29, il savait qu’il amorçait une œuvre qu’il n’achèverait pas lui-même. Compte tenu du peu de temps qui lui restait à vivre sur terre, il y avait une limite au territoire qu’il serait en mesure de couvrir et au nombre de personnes à qui il pourrait parler du Royaume. S’il est vrai qu’il n’a prêché qu’aux Juifs et aux prosélytes, ces « brebis perdues de la nation d’Israël » étaient dispersées dans tout le pays, qui s’étendait sur plusieurs milliers de kilomètres carrés (Matthieu 15:24). Par ailleurs, un jour viendrait où la bonne nouvelle serait annoncée dans le monde entier (Matthieu 13:38 ; 24:14).
5 Jésus n’a pas caché qu’il resterait beaucoup à faire après sa mort. À ses 11 apôtres fidèles il a déclaré : « Oui, je vous le dis, c’est la vérité : celui qui exerce la foi en moi fera aussi les œuvres que je fais ; et il fera des œuvres plus grandes que celles-ci, parce que je m’en vais vers le Père » (Jean 14:12). Puisqu’il retournait au ciel, il appartiendrait aux apôtres — mais aussi à tout futur disciple — de poursuivre l’œuvre de prédication et d’enseignement (Jean 17:20). Avec humilité, il a annoncé que leurs œuvres seraient « plus grandes » que les siennes. En quel sens ? Considérons trois aspects.
6-7. a) Sous quels rapports les disciples de Jésus feraient-ils des œuvres plus grandes que les siennes ? b) Comment pouvons-nous confirmer que la confiance de Jésus en ses disciples était fondée ?
6 Premièrement, ses disciples allaient couvrir un territoire plus grand. Aujourd’hui, leur témoignage a atteint les extrémités de la terre ; leur message est proclamé largement au-delà des frontières à l’intérieur desquelles Jésus prêchait. Deuxièmement, ses disciples allaient toucher plus de personnes. D’une poignée qu’ils étaient, ils n’ont pas tardé à se compter par milliers (Actes 2:41 ; 4:4). Aujourd’hui, ils sont des millions, auxquels se joignent chaque année des dizaines et des dizaines de milliers de nouveaux baptisés. Troisièmement, ses disciples allaient prêcher sur une période plus longue — en fait jusqu’à nos jours, soit près de 2 000 ans, alors que le ministère de Jésus n’a duré que trois ans et demi.
7 En déclarant que ses disciples feraient « des œuvres plus grandes » que les siennes, Jésus leur exprimait sa confiance. Il remettait entre leurs mains une œuvre capitale à ses yeux, celle de prêcher et d’enseigner « la bonne nouvelle du royaume de Dieu » (Luc 4:43). Il ne doutait pas qu’ils l’accompliraient fidèlement. Qu’est-ce que cela signifie pour nous ? Quand nous nous dépensons avec zèle et sincérité dans le ministère, nous confirmons que la confiance de Jésus était fondée. N’est-ce pas un remarquable privilège ? (Luc 13:24).
Formés pour prêcher
L’amour nous incite à prêcher partout où l’on peut trouver des gens.
8-9. Quel exemple Jésus a-t-il laissé dans le ministère, et comment pouvons-nous calquer notre ministère sur le sien ?
8 Jésus a donné la meilleure formation qui soit à ses disciples. D’abord, il leur a laissé un exemple parfait (Luc 6:40). Dans le chapitre précédent, nous avons parlé de son état d’esprit envers le ministère. Mettez-vous un instant à la place des disciples qui l’accompagnaient dans ses campagnes de prédication. Ils l’ont vu prêcher partout où l’on pouvait trouver des gens : sur les rivages, à flanc de colline, dans les villes, sur les places de marché, dans les maisons particulières (Matthieu 5:1, 2 ; Luc 5:1-3 ; 8:1 ; 19:5, 6). Ils ont observé aussi qu’il se dépensait sans compter : levé tôt, il n’arrêtait son activité que tard le soir. De toute évidence, pour lui le ministère n’avait rien d’un passe-temps ! (Luc 21:37, 38 ; Jean 5:17). Il ne leur a pas échappé non plus que Jésus était animé d’un profond amour pour les gens. Sans doute même la compassion se lisait-elle sur son visage (Marc 6:34). À votre avis, quel effet son exemple a-t-il eu sur eux ? Quel effet aurait-il eu sur vous ?
9 Marchant sur les traces du Christ, nous calquons notre ministère sur le sien. À cet égard, nous ne ménageons pas nos efforts pour donner « un témoignage complet » (Actes 2:40). Comme lui, nous allons voir les gens chez eux (Actes 5:42). Au besoin, nous adaptons notre emploi du temps afin de frapper à leur porte à des moments où nous avons le plus de chances de les trouver. Avec discrétion nous allons également au-devant d’eux sur leur lieu de travail ou dans des endroits publics comme les rues, les parcs, les commerces. « Nous nous donnons du mal et […] nous luttons » dans le ministère, car cette œuvre nous tient à cœur (1 Timothée 4:10). Nous éprouvons pour notre prochain un amour sincère qui nous incite à chercher à tout moment et en tout lieu des occasions de prêcher (1 Thessaloniciens 2:8).
« Les 70 disciples revinrent joyeux. »
10-12. Quelles recommandations importantes Jésus a-t-il faites à ses disciples avant de les envoyer prêcher ?
10 Jésus a également formé ses disciples en leur fournissant des instructions détaillées. Avant d’envoyer prêcher ses 12 apôtres et, par la suite, les 70 disciples, il a tenu ce qu’on pourrait appeler des séances de formation (Matthieu 10:1-15 ; Luc 10:1-12). Elles ont été efficaces, puisque Luc 10:17 fait remarquer que « les 70 disciples revinrent joyeux ». Considérons deux recommandations importantes faites par Jésus en ces circonstances, recommandations à replacer dans le contexte de l’époque.
11 Les disciples devaient mettre leur confiance en Jéhovah. Jésus leur a dit en effet : « Ne vous procurez ni or, ni argent, ni cuivre, ni sac à provisions pour le voyage, ni vêtement de rechange, ni sandales, ni bâton, car l’ouvrier mérite sa nourriture » (Matthieu 10:9, 10). Les voyageurs avaient l’habitude de se munir d’une sorte de ceinture où mettre leur argent, d’un sac à provisions et d’une paire de sandales de rechange. En donnant pour instruction de ne pas s’inquiéter de ce genre de choses, Jésus disait en quelque sorte : « Faites entièrement confiance à Jéhovah ; il subviendra à vos besoins. » Jéhovah prendrait soin des prédicateurs en incitant les personnes réceptives à la bonne nouvelle à leur témoigner l’hospitalité coutumière en Israël (Luc 22:35).
12 Jésus a également exhorté ses disciples à ne pas se laisser distraire. « Ne saluez personne en chemin », leur a-t-il dit (Luc 10:4). Devaient-ils se montrer froids et distants ? Pas du tout. Mais il faut savoir qu’aux temps bibliques les salutations se limitaient rarement à un simple bonjour. Elles englobaient souvent diverses formalités et une longue conversation. Un bibliste explique : « Les salutations chez les Orientaux ne consistaient pas, comme chez nous, en une inclination de tête ou en une poignée de main ; elles s’accompagnaient de nombreuses étreintes, de révérences et même de prosternations jusqu’au sol. Tout cela exigeait beaucoup de temps. » En demandant à ses disciples de ne pas se prêter aux salutations d’usage, c’est comme si Jésus leur disait : « Utilisez votre temps au mieux, car le message que vous portez est urgenta. »
13. Comment montrer que nous prenons en considération les instructions que Jésus a données à ses disciples du 1er siècle ?
13 Nous prenons en considération les instructions que Jésus a données à ses disciples du 1er siècle. Dans notre ministère, nous mettons entièrement notre confiance en Jéhovah (Proverbes 3:5, 6). Nous savons que nous aurons toujours de quoi vivre si nous ‘continuons à chercher d’abord le Royaume’ (Matthieu 6:33). Partout dans le monde, les prédicateurs à plein temps peuvent attester que la main de Jéhovah n’est jamais courte, même dans les situations difficiles (Psaume 37:25). Nous savons également que nous ne devons pas nous laisser distraire. Le système actuel pourrait facilement détourner notre attention (Luc 21:34-36). Or ce n’est pas le moment de se laisser vivre. Notre message est urgent ; des vies sont en jeu (Romains 10:13-15). En restant bien conscients que le temps presse, nous ne permettrons pas aux sources de distraction du monde d’accaparer un temps et une énergie que nous pourrions consacrer utilement au ministère. Ne l’oubliez pas : il reste peu de temps, et la moisson est grande ! (Matthieu 9:37, 38).
Un mandat qui nous concerne
14. Qu’est-ce qui indique que le mandat consigné en Matthieu 28:18-20 concerne tous ceux qui marchent sur les traces du Christ ? (voir aussi la note).
14 En disant : « Allez […] et faites des disciples », Jésus ressuscité chargeait ceux qui le suivaient d’une lourde responsabilité. Les disciples présents sur la montagne de Galilée en cette journée de printemps n’étaient pas les seuls concernésb. L’œuvre en question devait toucher des « gens de toutes les nations » et se poursuivre « jusqu’à la période finale du monde ». Ce sont donc tous ceux qui marcheraient sur ses traces, les chrétiens de notre époque y compris, que le Christ mandatait. Analysons ses paroles, consignées en Matthieu 28:18-20.
15. Pourquoi avons-nous tout lieu d’obéir au commandement de Jésus de faire des disciples ?
15 Avant de formuler le mandat en lui-même, Jésus précise : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre » (verset 18). Détient-il vraiment un pouvoir si étendu ? Absolument. Il est l’Archange, celui qui commande des myriades et des myriades d’anges (1 Thessaloniciens 4:16 ; Révélation 12:7). En qualité de « chef de l’assemblée », il dirige ses disciples sur la terre (Éphésiens 5:23). Depuis 1914, il est Roi messianique au ciel (Révélation 11:15). Son autorité s’étend même jusque dans la Tombe, puisqu’il a le pouvoir de ressusciter les morts (Jean 5:26-28). En commençant par faire état de son immense pouvoir, Jésus indique que ce qu’il va dire ensuite n’est pas une simple suggestion, mais un commandement. Nous avons tout lieu d’obéir, car Jésus ne s’est pas arrogé ce pouvoir ; c’est Jéhovah qui le lui a conféré (1 Corinthiens 15:27).
16. En disant : « Allez », qu’est-ce que Jésus attend de nous, et comment nous acquittons-nous de cet aspect de notre mission ?
16 Jésus énonce alors le mandat, dont le premier aspect tient en un mot : « Allez » (verset 19). Il s’agit donc de prendre l’initiative de communiquer le message du Royaume. Voilà qui offre une certaine latitude quant aux méthodes. L’activité de maison en maison est très efficace pour entrer en contact avec les gens (Actes 20:20). Il y a aussi le témoignage informel : au cours de nos activités quotidiennes, nous guettons les occasions d’amener la conversation sur la bonne nouvelle. Les méthodes peuvent varier d’un endroit à l’autre en fonction des besoins et des circonstances, mais l’intention demeure : nous ‘allons’ et cherchons ceux qui sont ‘dignes de notre message’ (Matthieu 10:11).
17. Comment fait-on un disciple ?
17 Jésus précise ensuite l’objet du mandat, à savoir ‘faire des disciples parmi les gens de toutes les nations’ (verset 19). Comment fait-on un disciple ? À la base, un disciple est quelqu’un qui apprend, un enseigné. Cependant, faire des disciples ne se limite pas à transmettre un savoir. Lorsque nous étudions la Bible avec une personne, notre but est de l’aider à suivre le Christ. Chaque fois que nous le pouvons, nous attirons son attention sur l’exemple de Jésus, afin qu’elle apprenne à voir en lui son Modèle et son Enseignant, à vivre comme il a vécu, à poursuivre son œuvre (Jean 13:15).
18. Pourquoi le baptême constitue-t-il l’étape majeure de la vie d’un disciple ?
18 La partie suivante du mandat est fondamentale : « les baptisant au nom du Père, du Fils et de l’esprit saint » (verset 19). Symbole de l’offrande pleine et entière de sa personne à Dieu, le baptême constitue l’étape majeure de la vie d’un disciple. Il est essentiel au salut (1 Pierre 3:21). Le disciple baptisé qui s’efforce de servir Jéhovah de son mieux avec persévérance peut envisager des bénédictions sans fin dans le monde nouveau. Avez-vous déjà aidé quelqu’un à devenir un disciple baptisé du Christ ? Il n’y a pas plus grand sujet de joie dans le ministère (3 Jean 4).
19. Qu’enseignons-nous aux nouveaux disciples, et pourquoi peut-il être nécessaire de continuer à les enseigner après leur baptême ?
19 Énonçant un autre aspect du mandat, Jésus ajoute : « leur enseignant à pratiquer tout ce que je vous ai commandé » (verset 20). Nous enseignons aux nouveaux à obéir aux commandements de Jésus, notamment ceux d’aimer Dieu, d’aimer son prochain et de faire des disciples (Matthieu 22:37-39). Nous leur enseignons progressivement comment expliquer les vérités bibliques et défendre leur foi naissante. Lorsqu’ils remplissent les conditions requises pour participer à l’activité publique de prédication, nous leur enseignons par la parole et par l’exemple comment avoir un ministère productif. L’enseignement d’un nouveau disciple ne s’arrête pas nécessairement au baptême. Un baptisé récent peut avoir besoin d’un complément d’enseignement pour surmonter les difficultés qui surviennent quand on veut suivre le Christ (Luc 9:23, 24).
« Je serai avec vous tous les jours »
20-21. a) Pourquoi n’avons-nous aucune raison d’être effrayés à cause de la mission que Jésus nous a confiée ? b) Pourquoi n’est-ce pas le moment de nous relâcher, et à quoi devrions-nous être déterminés ?
20 Jésus conclut l’énoncé du mandat par ces paroles très rassurantes : « Voyez, je serai avec vous tous les jours jusqu’à la période finale du monde » (Matthieu 28:20). Jésus est conscient qu’il a chargé ses disciples d’une lourde responsabilité. Il n’ignore pas non plus que l’œuvre de témoignage suscitera parfois des réactions hostiles (Luc 21:12). Mais nous n’avons aucune raison d’avoir peur. Notre Guide ne nous laisse pas livrés à nous-mêmes. N’est-il pas réconfortant de savoir que celui qui a « tout pouvoir […] dans le ciel et sur la terre » est à nos côtés pour nous aider à nous acquitter de ce mandat ?
21 Jésus a promis à ses disciples qu’il serait avec eux dans le ministère tout au long des siècles « jusqu’à la période finale du monde ». En attendant que la fin arrive, nous devons poursuivre l’œuvre qu’il nous a confiée. Ce n’est pas le moment de nous relâcher. Une moisson abondante est en cours ! Des milliers d’humains réceptifs sont en train d’être rassemblés. Alors, nous qui suivons le Christ, soyons déterminés à exécuter le mandat important qu’il nous a confié. Soyons résolus à donner de notre temps, de nos forces et de nos ressources pour obéir à ce commandement du Christ : « Allez […] et faites des disciples. »
a Le prophète Élisée avait donné jadis une instruction semblable à son serviteur Guéazi. Quand il l’a envoyé chez une femme dont le fils venait de mourir, il lui a précisé : « Si tu rencontres quelqu’un, ne le salue pas » (2 Rois 4:29). La mission étant pressante, il n’était pas question de perdre du temps.
b Comme la plupart des disciples se trouvaient en Galilée, il est possible qu’en la circonstance décrite en Matthieu 28:16-20 Jésus ressuscité soit apparu à « plus de 500 frères » (1 Corinthiens 15:6). Ce serait donc en la présence de centaines de personnes que Jésus aurait donné le commandement de faire des disciples.
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« Il est écrit »« Viens, suis-moi »
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CHAPITRE DIX
« Il est écrit »
« Aujourd’hui, ce passage des Écritures […] est accompli. »
1-3. Quelle vérité essentielle Jésus veut-il amener les habitants de Nazareth à reconnaître, et quelle preuve leur donne-t-il ?
QUELQUE temps après le début de son ministère, Jésus revient à Nazareth, la ville où il a grandi, avec l’intention d’amener les habitants à reconnaître une vérité essentielle : il est le Messie promis. Quelle preuve va-t-il leur donner ?
2 Beaucoup attendent un miracle, car ils ont entendu parler de ses œuvres prodigieuses. Mais de miracle, il n’y en aura pas. Comme à son habitude, Jésus se rend à la synagogue. Quand il se lève pour lire, on lui remet le rouleau d’Isaïe. C’est probablement un long manuscrit que Jésus fait défiler avec précaution en l’enroulant d’un manche sur l’autre jusqu’à ce qu’il trouve le passage recherché. Puis il lit à haute voix ce qui correspond aujourd’hui à Isaïe 61:1-3 (Luc 4:16-19).
3 L’auditoire connaît certainement ce passage. C’est une prophétie messianique. Tous les regards sont fixés sur Jésus ; le silence règne dans l’assemblée. Jésus déclare alors : « Aujourd’hui, ce passage des Écritures que vous venez d’entendre est accompli. » Sans doute ajoute-t-il quelques explications. On s’étonne de ses paroles pleines de charme, mais beaucoup, semble-t-il, veulent quand même voir un signe spectaculaire. Non seulement Jésus ne leur donne pas satisfaction, mais, avec courage, il se sert d’un exemple des Écritures pour dévoiler leur manque de foi. Il n’en faut pas plus pour que les habitants de la ville cherchent à le tuer (Luc 4:20-30).
4. Quel modèle Jésus a-t-il institué dans son ministère, et qu’allons-nous considérer dans ce chapitre ?
4 En la circonstance, Jésus a institué un modèle auquel il se tiendra tout au long de son ministère. Il s’est appuyé largement sur la Parole de Dieu. Ses miracles attestaient qu’il avait l’esprit de Dieu, mais rien n’avait plus de poids à ses yeux que les Saintes Écritures rédigées sous l’inspiration divine. Intéressons-nous à l’exemple qu’il a laissé sous ce rapport, en considérant comment il citait, défendait et expliquait la Parole de Dieu.
Il citait la Parole de Dieu
5. Qu’est-ce que Jésus tenait à ce que l’on sache, et comment s’est-il montré conséquent avec ses affirmations ?
5 Jésus tenait à ce qu’on sache d’où provenait son message. Il a dit un jour : « Ce que j’enseigne n’est pas de moi, mais de Celui qui m’a envoyé » (Jean 7:16). Une autre fois : « Je ne fais rien de ma propre initiative, mais […] comme le Père m’a enseigné, moi je dis ces choses » (Jean 8:28). Et plus tard encore : « Les choses que je vous dis ne viennent pas de moi-même ; mais le Père, qui reste en union avec moi, fait ses œuvres » (Jean 14:10). Conséquent avec ses affirmations, il citait abondamment la Parole de Dieu.
6-7. a) Dans quelle mesure Jésus a-t-il cité les Écritures hébraïques, et pourquoi est-ce impressionnant ? b) En quoi l’enseignement de Jésus se distinguait-il de celui des scribes ?
6 Un examen attentif des paroles de Jésus rapportées dans les Évangiles révèle qu’il a cité directement ou indirectement plus de la moitié des livres du canon des Écritures hébraïques. À première vue, cela n’a rien d’extraordinaire. Vous vous étonnez peut-être qu’en trois ans et demi de prédication et d’enseignement publics il n’ait pas cité la totalité des livres inspirés disponibles à l’époque. Mais il est fort possible qu’il l’ait fait. N’oublions pas qu’une petite partie seulement de ses paroles et de ses actions ont été mises par écrit (Jean 21:25). Il vous suffirait probablement de quelques heures pour lire à voix haute l’intégralité de ses paroles consignées dans les Évangiles. À présent, imaginez que vous n’ayez que ces quelques heures pour parler de Dieu et de son royaume, et que vous deviez citer plus de la moitié des livres des Écritures hébraïques. N’oublions pas non plus que, la plupart du temps, Jésus n’avait pas de rouleaux à sa disposition. Dans le Sermon sur la montagne, il a cité les Écritures hébraïques directement ou indirectement des dizaines de fois — et de mémoire !
7 Cette façon de faire témoignait de son profond respect pour la Parole de Dieu. Ses auditeurs « étaient ébahis par sa manière d’enseigner, car il enseignait en homme qui a autorité, contrairement aux scribes » (Marc 1:22). Les scribes aimaient se référer à ce qu’on appelait la loi orale et citer d’éminents rabbins du passé. Jamais Jésus ne s’est appuyé sur la loi orale ou les rabbins. Pour lui, seule la Parole de Dieu faisait autorité. Combien de fois n’a-t-il pas dit : « Il est écrit », ou utilisé une expression similaire, lorsqu’il enseignait ses disciples ou rectifiait des idées fausses !
8-9. a) Comment Jésus a-t-il fait valoir l’autorité de la Parole de Dieu lorsqu’il a purifié le Temple ? b) Pourquoi peut-on dire que les chefs religieux présents au Temple ont fait preuve d’un profond mépris envers la Parole de Dieu ?
8 Quand il a purifié le temple de Jérusalem, Jésus a prononcé ces paroles : « Il est écrit : “Ma maison sera appelée une maison de prière”, mais vous en faites une caverne de voleurs » (Matthieu 21:12, 13 ; Isaïe 56:7 ; Jérémie 7:11). La veille, il avait opéré de nombreuses guérisons. Émerveillés, de jeunes garçons avaient commencé à le louer. Les chefs religieux s’étaient indignés : Jésus entendait-il ce que ces enfants disaient ? « Oui, leur avait-il répondu. N’avez-vous jamais lu ceci : “Par la bouche des enfants et des nourrissons tu as produit des louanges” ? » (Matthieu 21:16 ; Psaume 8:2). Jésus voulait que ces hommes sachent que cette situation était conforme à la Parole de Dieu.
9 Par la suite, ces mêmes chefs religieux l’ont de nouveau interpellé. « De quel droit fais-tu ces choses ? » lui ont-ils demandé (Matthieu 21:23). Jésus avait pourtant été on ne peut plus clair quant à l’origine de son pouvoir. Il n’avait rien innové, n’avait inventé aucune doctrine. Il se contentait d’appliquer la Parole de son Père. Ces prêtres et ces scribes faisaient donc vraiment preuve d’un profond mépris envers Jéhovah et sa Parole inspirée. Ils méritaient amplement que Jésus les reprenne comme il l’a fait, en dénonçant la méchanceté de leurs mobiles (Matthieu 21:23-46).
10. Comment pouvons-nous imiter Jésus dans notre façon d’utiliser la Parole de Dieu, et de quels outils inconnus à son époque disposons-nous ?
10 À l’imitation de Jésus, les vrais chrétiens s’appuient sur la Parole de Dieu dans leur ministère. Les Témoins de Jéhovah sont connus dans le monde entier pour leur empressement à communiquer le message de la Bible. Nos publications citent la Bible ou s’y réfèrent abondamment. Nous en faisons autant dans notre ministère en nous efforçant de mettre systématiquement l’accent sur les Écritures (2 Timothée 3:16). Quelle satisfaction quand nous pouvons lire un passage biblique à quelqu’un ou que nous pouvons parler de la valeur et de la signification de la Parole de Dieu ! Nous n’avons pas la mémoire parfaite de Jésus, mais nous disposons de nombreux outils inconnus à son époque. En plus de la Bible complète — publiée dans de plus en plus de langues —, nous possédons quantité d’auxiliaires bibliques pratiques pour retrouver les versets dont nous avons besoin. Soyons déterminés à continuer de citer la Bible et de diriger l’attention sur elle à toute occasion !
Il défendait la Parole de Dieu
11. Pourquoi Jésus a-t-il eu souvent à défendre la Parole de Dieu ?
11 Jésus a pu constater que la Parole de Dieu était souvent l’objet d’attaques, mais ce n’était pas pour le surprendre. « Ta parole est vérité », a-t-il dit un jour à son Père dans une prière (Jean 17:17). Or Satan, « le chef du monde », n’est-il pas « un menteur et le père du mensonge » ? (Jean 8:44 ; 14:30). Quand il a repoussé ses tentations, Jésus a cité les Écritures à trois reprises. Et quand son adversaire a fait mention d’un passage des Psaumes et en a volontairement tordu le sens, il l’a contré en défendant la Parole de Dieu (Matthieu 4:6, 7).
12-14. a) De quelle façon les chefs religieux manquaient-ils de respect envers la Loi mosaïque ? b) Comment Jésus a-t-il défendu la Parole de Dieu ?
12 Jésus a maintes fois défendu les Saintes Écritures contre ceux qui en faisaient un mauvais usage, qui les interprétaient de travers ou les déformaient. Les chefs religieux, par exemple, en donnaient une image incohérente. En se montrant tatillons dans l’observance d’infimes détails de la Loi mosaïque, mais négligents dans l’application de ses principes fondamentaux, ils encourageaient une forme de culte superficielle qui s’attachait davantage aux apparences qu’aux points les plus importants, comme la justice, la miséricorde et la fidélité (Matthieu 23:23). Comment Jésus, lui, a-t-il défendu la Loi de Dieu ?
13 Dans le Sermon sur la montagne, il a cité plusieurs préceptes de la Loi mosaïque. Il les introduisait chaque fois par l’expression : « Vous avez entendu qu’il a été dit », et les faisait suivre de cette autre expression : « Mais moi je vous dis ». Puis il énonçait un principe qui allait au-delà de ce que réclamait une observance superficielle de la Loi. Ce faisant, contestait-il la Loi ? Non, il la défendait. Par exemple, à propos du commandement bien connu : « Tu ne dois pas assassiner », il a précisé qu’en éprouvant de la haine pour quelqu’un on violait l’esprit de cette loi. De même, en nourrissant une passion pour une autre personne que son conjoint, on transgressait le principe sur lequel reposait la loi divine qui condamnait l’adultère (Matthieu 5:17, 18, 21, 22, 27-39).
14 Il a encore déclaré : « Vous avez entendu qu’il a été dit : “Tu dois aimer ton prochain et haïr ton ennemi.” Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent » (Matthieu 5:43, 44). Le commandement de ‘haïr son ennemi’ se trouvait-il dans la Parole de Dieu ? Non, les chefs religieux l’avaient inventé. Ils édulcoraient la Loi parfaite de Dieu en y mêlant des pensées humaines. Jésus a courageusement défendu la Parole de Dieu contre les effets nocifs des traditions humaines (Marc 7:9-13).
15. Comment Jésus a-t-il défendu la Loi de Dieu contre ceux qui la faisaient passer pour trop stricte, ou même dure ?
15 Les chefs religieux attaquaient également la Loi de Dieu en la faisant passer pour trop stricte, ou même dure. Un jour que les disciples de Jésus arrachaient quelques épis en traversant un champ, des pharisiens les ont accusés de transgresser le sabbat. Jésus a défendu la Parole de Dieu contre cette application déraisonnable en prenant un exemple tiré des Écritures elles-mêmes. Il s’est référé au seul passage où il est question d’une utilisation du pain de présentation hors du sanctuaire, l’épisode où on a donné de ce pain à David et à ses hommes qui étaient affamés. Jésus a ainsi montré aux pharisiens qu’ils n’avaient rien compris à la miséricorde et à la compassion de Jéhovah (Marc 2:23-27).
16. Comment les chefs religieux avaient-ils dénaturé le commandement de Moïse relatif au divorce, mais qu’en a dit Jésus ?
16 Pour ôter de la force à la Loi, les chefs religieux inventaient également des moyens de la contourner. Par exemple, la Loi autorisait un homme à divorcer s’il trouvait chez sa femme « quelque chose d’inconvenant », c’est-à-dire à l’évidence quelque chose d’assez grave pour attirer la honte sur la famille (Deutéronome 24:1). Or, à l’époque de Jésus, les chefs religieux se servaient de cette concession pour permettre aux hommes de divorcer pour toutes sortes de raisons — un repas brûlé, par exemplea ! Jésus leur a fait savoir qu’ils dénaturaient gravement les paroles de Dieu transmises par Moïse. Il a ensuite rétabli le modèle conjugal institué par Jéhovah à l’origine, la monogamie, en précisant qu’une conduite sexuelle immorale était le seul motif légitime de divorce (Matthieu 19:3-12).
17. Comment les chrétiens d’aujourd’hui peuvent-ils imiter Jésus dans la défense de la Parole de Dieu ?
17 La même volonté de défendre les Saintes Écritures anime ceux qui suivent le Christ de nos jours. Quand des chefs religieux laissent entendre que les principes moraux de la Parole de Dieu sont dépassés, en fait ils dénigrent la Bible. C’est également le cas des religions qui enseignent des mensonges qu’elles présentent comme des doctrines bibliques. Pour nous, c’est un honneur de défendre la vérité et la pureté de la Parole de Dieu en montrant notamment que Dieu n’est pas une trinité (Deutéronome 4:39). Néanmoins, nous présentons cette défense aimablement, avec douceur et profond respect (1 Pierre 3:15).
Il expliquait la Parole de Dieu
18-19. Quelles situations témoignent du don extraordinaire qu’avait Jésus d’expliquer la Parole de Dieu ?
18 Jésus était au ciel quand les Écritures hébraïques ont été rédigées. Quel plaisir cela a dû être pour lui lorsqu’il était sur la terre de contribuer à les faire comprendre ! Pensez, par exemple, à cette journée mémorable où, ressuscité, il a rencontré deux de ses disciples sur le chemin d’Emmaüs. Ne l’ayant pas reconnu, ils lui ont confié la tristesse et le trouble dans lesquels la mort de leur Maître bien-aimé les avait plongés. Qu’a-t-il fait alors ? « Commençant par Moïse et tous les Prophètes, il leur interpréta les choses qui le concernaient dans toutes les Écritures. » Quel effet ces explications ont-elles eu sur les deux hommes ? Un peu plus tard, ils se sont dit l’un à l’autre : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous quand il nous parlait sur la route, quand il nous expliquait clairement les Écritures ? » (Luc 24:15-32).
19 Plus tard encore, ce même jour, Jésus s’est montré aux apôtres et à d’autres disciples. Notez ce qu’il a fait pour eux : « Il les aida à comprendre pleinement le sens des Écritures » (Luc 24:45). En ce moment exaltant, sans doute se sont-ils rappelé les innombrables fois où Jésus avait fait la même chose — pour eux et pour quiconque l’écoutait. En effet, il n’était pas rare qu’à partir d’un passage bien connu des Écritures il donne une explication qui faisait jaillir dans l’esprit de ses auditeurs émerveillés une compréhension nouvelle et plus profonde de la Parole de Dieu.
20-21. Quelle explication Jésus a-t-il donnée aux paroles que Jéhovah a dites à Moïse au buisson épineux ?
20 Un jour où il discutait avec des sadducéens, une secte du judaïsme associée à la prêtrise mais qui ne croyait pas à la résurrection, Jésus a dit : « À propos de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce que Dieu a dit à votre intention : “Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob” ? Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Matthieu 22:31, 32). Voilà un passage des Écritures que les sadducéens connaissaient bien, et qui avait été écrit par un homme qu’ils admiraient, Moïse. Mais voyez-vous où réside la force de l’explication de Jésus ?
21 Moïse avait entendu Jéhovah prononcer ces paroles au buisson ardent vers 1514 avant notre ère (Exode 3:2, 6). À l’époque, Abraham était mort depuis 329 ans, Isaac depuis 224 ans et Jacob depuis 197 ans. Pourtant, Jéhovah affirmait : « Je suis » leur Dieu. Les sadducéens savaient que Jéhovah n’était pas comme ces dieux païens de la mort qui règnent sur un monde souterrain imaginaire. Non, ainsi que l’a rappelé Jésus, il est le Dieu « des vivants ». Cela ne pouvait signifier qu’une chose, et Jésus l’a exprimée avec force : « Pour lui, ils sont tous vivants » (Luc 20:38). Jéhovah garde précieusement dans sa mémoire infaillible et illimitée tous ses serviteurs bien-aimés qui se sont endormis dans la mort. Leur résurrection est tellement certaine qu’on peut les considérer comme vivants (Romains 4:16, 17). N’est-ce pas une merveilleuse explication de la Parole de Dieu ? On comprend pourquoi « la foule […] était ébahie » (Matthieu 22:33).
22-23. a) Comment pouvons-nous imiter Jésus dans sa manière d’expliquer la Parole de Dieu ? b) Qu’allons-nous considérer dans le chapitre suivant ?
22 De nos jours, les chrétiens ont la joie d’imiter Jésus dans sa manière d’expliquer la Parole de Dieu. Bien sûr, nous ne possédons pas ses facultés intellectuelles parfaites. Néanmoins, il nous arrive souvent de lire à un interlocuteur un verset qui lui est familier et de lui en expliquer des aspects qu’il n’avait encore jamais pris en considération. Par exemple, peut-être certains ont-ils répété toute leur vie : « Que ton Nom soit sanctifié » et : « Que ton Règne vienne » sans même connaître le nom de Dieu ni savoir ce qu’est le Royaume (Matthieu 6:9, 10, La Bible de Jérusalem). Quel plaisir, quand la possibilité nous en est offerte, de donner des explications simples et claires sur ces vérités bibliques !
23 Citer la Parole de Dieu, la défendre, l’expliquer : voilà autant de façons d’imiter Jésus quand nous communiquons la vérité. Considérons à présent quelques-unes des méthodes qu’employait le grand Enseignant pour faire pénétrer les vérités bibliques dans les cœurs.
a L’historien du 1er siècle Josèphe était lui-même un pharisien divorcé. Il a indiqué que le divorce était permis « pour un motif quelconque », précisant que « les hommes en ont souvent de ce genre ».
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« Jamais un homme n’a parlé de cette façon »« Viens, suis-moi »
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CHAPITRE ONZE
« Jamais un homme n’a parlé de cette façon »
1-2. a) Pourquoi les agents chargés d’arrêter Jésus sont-ils revenus sans lui ? b) Qu’est-ce qui faisait de Jésus un enseignant hors pair ?
LES pharisiens sont furieux. Jésus enseigne dans le Temple, il parle de son Père. La foule est divisée : beaucoup ont foi en lui, d’autres voudraient son arrestation. N’y tenant plus, les chefs religieux envoient des agents se saisir de lui. Mais ces derniers reviennent bredouilles. Quand les prêtres en chef et les pharisiens leur demandent pourquoi ils ne l’ont pas amené, ils répondent : « Jamais un homme n’a parlé de cette façon. » L’enseignement de Jésus leur a fait une telle impression qu’ils n’ont pu se résoudre à l’arrêtera (Jean 7:45, 46).
2 Ces agents ne sont pas les seuls que l’enseignement de Jésus a émerveillés. Des foules entières se pressent pour l’écouter (Marc 3:7, 9 ; 4:1 ; Luc 5:1-3). Qu’est-ce qui faisait de lui un enseignant hors pair ? Comme nous l’avons vu au chapitre 8, il aimait les vérités qu’il communiquait mais aussi les personnes à qui il les communiquait. Outre cela, il maîtrisait à la perfection les méthodes d’enseignement. Arrêtons-nous sur trois d’entre elles, et voyons comment les utiliser nous-mêmes avec efficacité.
La simplicité
3-4. a) Pourquoi Jésus enseignait-il avec des mots simples ? b) En quoi le Sermon sur la montagne illustre-t-il bien la simplicité avec laquelle Jésus enseignait ?
3 Pensez au vocabulaire étendu que Jésus devait avoir. Pourtant, il se mettait toujours à la portée de son auditoire, qui était composé en grande partie de gens « sans instruction et ordinaires » (Actes 4:13). Il tenait compte de leurs limites et ne les noyait jamais sous un flot d’informations (Jean 16:12). Les mots étaient simples, mais les vérités qu’ils exprimaient d’une grande profondeur.
4 Prenons l’exemple du Sermon sur la montagne, consigné en Matthieu 5:3 – 7:27. Dans ce sermon, Jésus donne des conseils pénétrants ; il va au fond des choses. Pourtant, ni les idées ni les phrases ne sont compliquées. En fait, la plupart des mots qu’il emploie sont accessibles à un jeune enfant ! Il n’est donc pas étonnant qu’à la fin de ce sermon la foule — dans laquelle se trouvaient probablement beaucoup de paysans, de bergers et de pêcheurs — ait été « ébahie par sa manière d’enseigner » (Matthieu 7:28).
5. Citez des formules simples mais riches de sens énoncées par Jésus.
5 Dans son enseignement, Jésus s’exprimait en phrases simples, concises, et énonçait des formules riches de sens. Longtemps avant l’apparition de l’imprimerie, il inscrivait ainsi son message de façon indélébile dans l’esprit et le cœur de ses auditeurs. Voici quelques exemples : « Arrêtez de juger, et vous ne serez pas jugés. » « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin d’un médecin, mais les malades. » « L’esprit est plein de bonne volonté, mais la chair est faible. » « Rendez les choses de César à César, mais les choses de Dieu à Dieu. » « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoirb » (Matthieu 7:1 ; 9:12 ; 26:41 ; Marc 12:17 ; Actes 20:35). Près de 2 000 ans plus tard, on retient toujours aussi facilement ces paroles.
6-7. a) Pour enseigner avec simplicité, pourquoi est-il important d’utiliser un langage clair ? b) Comment pouvons-nous éviter de saturer d’informations un étudiant ?
6 Comment enseigner avec simplicité ? Il importe d’abord d’utiliser un langage clair, compréhensible par la majorité des gens. Les vérités fondamentales de la Parole de Dieu ne sont pas compliquées. Jéhovah révèle ses desseins aux humains sincères et humbles de cœur (1 Corinthiens 1:26-28). Des mots simples choisis avec soin peuvent communiquer avec force les vérités de la Parole de Dieu.
Quand vous enseignez, restez simple.
7 Pour enseigner avec simplicité, il faut également veiller à ne pas saturer notre interlocuteur d’informations. Ainsi, lors d’un cours biblique, il est inutile d’expliquer les moindres détails ou de se précipiter pour couvrir à tout prix les matières prévues. Il vaut mieux adapter le rythme de l’étude aux besoins et aux capacités de l’étudiant. Notre but est de l’aider à devenir un adorateur de Jéhovah et un disciple du Christ, ce qui suppose lui laisser suffisamment de temps pour acquérir une intelligence raisonnable de ce qu’il apprend. Alors seulement la vérité biblique touchera son cœur et l’incitera à mettre en pratique ce qu’il a appris (Romains 12:2).
Les bonnes questions
8-9. a) Pourquoi Jésus faisait-il usage de questions ? b) Comment Jésus s’est-il servi de questions pour amener Pierre à la bonne conclusion au sujet du paiement de l’impôt du Temple ?
8 Jésus usait de questions, même quand il aurait été plus rapide de dire les choses directement. Pourquoi des questions, alors ? Parfois pour dévoiler les mobiles de ses opposants et les faire taire (Matthieu 21:23-27 ; 22:41-46). Mais, le plus souvent, pour amener ses disciples à s’exprimer, ainsi que pour stimuler et former leur réflexion. Il posait des questions comme : « Qu’en pensez-vous ? » ou : « Crois-tu cela ? » (Matthieu 18:12 ; Jean 11:26). Cette méthode lui permettait de parler au cœur de ses disciples. Voyons un exemple.
9 Un jour, des collecteurs d’impôts demandent à Pierre si Jésus paie l’impôt du Templec. L’apôtre répond aussitôt par l’affirmative. Un peu plus tard, Jésus le fait raisonner : « Qu’en penses-tu, Simon ? À qui les rois de la terre font-ils payer les taxes et les impôts ? À leurs fils ou aux autres ? » Pierre répond : « Aux autres. » Jésus lui dit alors : « Donc les fils ne paient pas d’impôts » (Matthieu 17:24-27). Pierre comprend le sens de la question, car nul n’ignore que les membres de familles royales sont dispensés d’impôts. Par conséquent, étant le Fils unique du Roi céleste adoré au Temple, Jésus n’est pas tenu de payer l’impôt. Au lieu de donner directement cette explication à Pierre, remarquez que Jésus s’est servi avec tact de questions pour l’amener à la bonne conclusion et peut-être lui faire comprendre l’utilité de réfléchir davantage avant de répondre.
Adaptez vos questions à ce qui intéresse votre interlocuteur.
10. Comment utiliser judicieusement les questions quand nous prêchons de maison en maison ?
10 Comment utiliser judicieusement les questions dans notre ministère ? De maison en maison, elles peuvent nous servir à éveiller l’intérêt afin d’amener la conversation sur la bonne nouvelle. À une personne âgée, par exemple, nous pourrions demander respectueusement : « Avez-vous l’impression que le monde a beaucoup changé au cours de votre vie ? », puis, après avoir écouté sa réponse, enchaîner sur cette autre question : « Selon vous, que faudrait-il faire pour que la vie soit plus agréable ? » (Matthieu 6:9, 10). À une jeune mère de famille, nous pourrions demander : « Avez-vous déjà réfléchi à ce que sera le monde quand vos enfants seront grands ? » (Psaume 37:10, 11). L’observation des abords d’une maison nous aidera parfois à préparer une question adaptée à ce qui intéresse ses occupants.
11. Comment pouvons-nous faire un bon usage des questions dans le cadre d’un cours biblique ?
11 Comment faire un bon usage des questions dans le cadre d’un cours biblique ? Des questions mûrement réfléchies peuvent permettre de révéler ce que l’étudiant a dans le cœur (Proverbes 20:5). Supposons, par exemple, que nous examinions avec lui la leçon 43, « Les chrétiens et l’alcool », du livre Vivez pour toujours ! d. On y expose ce que Dieu pense de l’abus d’alcool. Les réponses de l’étudiant indiquent peut-être qu’il comprend ce que dit la Bible, mais l’accepte-t-il ? Nous pourrions donc lui demander : « Le point de vue de Dieu sur ce sujet vous semble-t-il raisonnable ? » Et encore : « Comment pourriez-vous appliquer ces enseignements ? » N’oublions pas cependant de faire preuve de tact et de respecter sa dignité. Bannissons les questions inutilement embarrassantes (Proverbes 12:18).
Une logique implacable
12-14. a) À quoi Jésus a-t-il utilisé son aptitude à manier le raisonnement logique ? b) De quelle logique implacable Jésus a-t-il fait preuve quand les pharisiens ont attribué son pouvoir à Satan ?
12 Doté d’un esprit parfait, Jésus excellait dans l’art de raisonner. Sa logique sans faille lui a permis plus d’une fois de réfuter les accusations mensongères de ses opposants. Bien souvent, il a aussi fait appel à des raisonnements convaincants pour inculquer à ses disciples des vérités importantes. Considérons quelques exemples.
13 Alors qu’il venait de guérir un homme aveugle et muet qui était possédé par un démon, les pharisiens ont proféré cette accusation : « Cet homme-là n’expulse les démons que par le moyen de Béelzéboub [Satan], le chef des démons. » Ne pouvant contester qu’il fallait un pouvoir suprahumain pour expulser les démons, ils attribuaient celui de Jésus à Satan. Cette accusation était à la fois fausse et illogique. Jésus l’a démontré en tenant ce raisonnement : « Un royaume divisé finit par être détruit, et une ville ou une famille divisées ne peuvent pas tenir. De même, si Satan expulse Satan, il lutte contre lui-même. Alors, comment son royaume pourra-t-il tenir ? » (Matthieu 12:22-26). En d’autres termes, Jésus expliquait que, s’il était un agent de Satan et qu’il démolissait ce que Satan avait fait, alors Satan travaillait contre ses propres intérêts et donc courait à sa perte. Comment les pharisiens auraient-ils pu s’opposer à une telle logique ?
14 Mais Jésus n’en avait pas fini avec eux. Sachant que certains de leurs disciples avaient exorcisé des démons, il a posé cette question simple mais percutante : « Si j’expulse les démons par le moyen de Béelzéboub, par le moyen de qui vos disciples le font-ils ? » (Matthieu 12:27). En d’autres termes, a objecté Jésus, si j’expulse les démons grâce au pouvoir de Satan, alors on peut en dire autant de vos disciples. Que répondre à cela ? Comment les pharisiens auraient-ils pu admettre que leurs disciples agissaient sous le pouvoir de Satan ? En poussant leur faux raisonnement jusqu’au bout, Jésus est arrivé à une conclusion bien embarrassante pour eux. Si la simple lecture de cet épisode vous remplit d’admiration, mettez-vous à la place de la foule qui a vu et entendu Jésus développer cette argumentation !
15-17. Donnez un exemple où Jésus a utilisé une expression du style « combien plus » pour enseigner des vérités réconfortantes sur son Père.
15 Jésus s’est également servi de la logique et du raisonnement pour mettre en évidence des aspects touchants de la personnalité de son Père. Il l’a souvent fait en employant la locution « combien plus », afin de convaincre ses auditeurs d’une vérité profonde à partir d’une autre, plus simple, qu’ils acceptaient déjàe. Ce type de raisonnement fondé sur le contraste marque l’esprit. Considérons deux exemples parmi d’autres.
16 Un jour que ses disciples lui demandaient de leur apprendre à prier, Jésus leur a rappelé que des humains imparfaits veulent « donner de bonnes choses à leurs enfants ». Puis il a ajouté : « Si donc vous qui êtes méchants, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père au ciel donnera-t-il de l’esprit saint à ceux qui le lui demandent ! » (Luc 11:1-13). C’est le contraste qui donnait toute sa force à l’argument de Jésus. Si des parents humains, pécheurs et imparfaits, répondent aux besoins de leurs enfants, combien plus notre Père céleste, qui est parfait et juste dans toutes ses voies, accordera-t-il de l’esprit saint à ses adorateurs fidèles qui le prient avec humilité !
17 Jésus a utilisé le même procédé pour encourager ses disciples à ne pas s’inquiéter. Il a dit : « Regardez les corbeaux : ils ne sèment pas, ne moissonnent pas et n’ont ni grange ni grenier, mais Dieu les nourrit. N’avez-vous pas beaucoup plus de valeur que les oiseaux ? Regardez comment poussent les lis : ils ne font pas d’efforts et ne tissent pas de vêtements […]. Si Dieu habille ainsi la végétation des champs, qui est là aujourd’hui, mais qui sera jetée au feu demain, il vous habillera à plus forte raison, gens de peu de foi ! » (Luc 12:24, 27, 28). Si Jéhovah prend soin des oiseaux et des fleurs, combien plus prendra-t-il soin des humains qui l’aiment et lui rendent un culte ! Par de tels raisonnements, Jésus ne pouvait que toucher le cœur de ses auditeurs.
18-19. Quel raisonnement pourrions-nous tenir à quelqu’un qui nie l’existence d’un Dieu qu’il ne voit pas ?
18 Dans notre ministère, nous voudrons, nous aussi, faire appel à la logique pour réfuter des croyances fausses, et user de persuasion pour enseigner des vérités stimulantes sur Jéhovah (Actes 19:8 ; 28:23, 24). Faut-il pour cela apprendre à manier une logique compliquée ? Absolument pas. Comme le prouve l’exemple de Jésus, rien n’est plus efficace que des arguments logiques présentés avec simplicité.
19 Ainsi, que pourrions-nous répondre à quelqu’un qui nie l’existence d’un Dieu qu’il ne voit pas ? Nous pourrions invoquer la loi naturelle de la relation de cause à effet, en disant, par exemple : « Imaginez que vous visitiez une région désertique et que vous découvriez soudain une belle maison au garde-manger bien rempli (l’effet). Ne vous diriez-vous pas que toutes ces choses ont forcément un auteur (une cause) ? Pareillement, quand on observe l’intelligence manifeste dans la nature, ainsi que l’abondance de nourriture stockée dans les “garde-manger” de la terre (l’effet), n’est-il pas logique de conclure qu’il y a un Auteur (une Cause) à tout cela ? C’est le raisonnement que tient la Bible : “Toute maison est construite par quelqu’un, et celui qui a construit toutes choses, c’est Dieu” » (Hébreux 3:4). Bien sûr, si solide que soit ce raisonnement, tous ne se laisseront pas convaincre (2 Thessaloniciens 3:2).
Utilisez des raisonnements qui touchent le cœur.
20-21. a) Comment utiliser l’expression « combien plus » pour mettre en valeur des qualités et des manières d’agir de Jéhovah ? b) Que considérerons-nous dans le chapitre suivant ?
20 Dans le ministère ou au sein de l’assemblée, nous pouvons nous aussi utiliser l’expression « combien plus » pour mettre en valeur des qualités et des manières d’agir de Jéhovah. Par exemple, pour expliquer que la doctrine des tourments éternels dans un enfer de feu déshonore Jéhovah, nous pourrions dire : « Quel père punirait son enfant qu’il aime en lui mettant la main dans le feu ? À combien plus forte raison la seule idée d’un enfer de feu doit-elle faire horreur à notre Père céleste plein d’amour ! » (Jérémie 7:31). À un compagnon déprimé qui doute que Jéhovah l’aime, nous pourrions dire : « Si Jéhovah accorde de la valeur à un simple moineau, combien plus doit-il en accorder à chacun de ses adorateurs sur la terre, à toi y compris ! » (Matthieu 10:29-31). De tels raisonnements peuvent nous aider à toucher les cœurs.
21 Nous n’avons examiné que trois des méthodes d’enseignement employées par Jésus, mais c’est assez pour nous convaincre que les agents qui se sont refusés à l’arrêter n’exagéraient pas quand ils ont dit : « Jamais un homme n’a parlé de cette façon. » Dans le chapitre suivant, nous considérerons la méthode d’enseignement pour laquelle Jésus est peut-être le plus connu : l’utilisation d’exemples.
a Ces agents étaient probablement des auxiliaires du Sanhédrin aux ordres des prêtres en chef.
b Cette dernière expression se trouve en Actes 20:35. L’apôtre Paul est le seul à la mentionner. Peut-être lui a-t-elle été communiquée par quelqu’un l’ayant entendue de la bouche de Jésus, par Jésus ressuscité lui-même ou par une révélation divine.
c Les Juifs devaient acquitter un impôt annuel de deux drachmes pour le Temple, l’équivalent d’environ deux journées de salaire. Un ouvrage précise : « Cet impôt servait principalement à couvrir les dépenses liées à l’holocauste quotidien et à l’ensemble des sacrifices offerts au nom du peuple. »
d Publié par les Témoins de Jéhovah.
e Ce type de raisonnement est aussi appelé « raisonnement a fortiori », d’après une expression latine qui signifie « par une raison plus forte ».
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« Il utilisait toujours des exemples »« Viens, suis-moi »
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CHAPITRE DOUZE
« Il utilisait toujours des exemples »
1-3. a) Quel privilège rare les disciples qui accompagnaient Jésus avaient-ils, et comment Jésus les aidait-il à retenir ses enseignements ? b) Pourquoi se rappelle-t-on sans peine un exemple bien choisi ?
LES disciples qui accompagnaient Jésus dans ses déplacements avaient un privilège rare. Ils apprenaient de la bouche du grand Enseignant. Ils l’entendaient de leurs propres oreilles leur expliquer la Parole de Dieu, les instruire de vérités passionnantes. Ces paroles, il leur fallait les garder précieusement en mémoire et dans leur cœur, car le moment n’était pas venu de les mettre par écrita. Mais Jésus leur facilitait la tâche. Comment ? Par sa manière d’enseigner, et en particulier son utilisation magistrale des exemples.
2 Des exemples bien choisis se gravent dans l’esprit. Un auteur a dit qu’ils « transforment l’oreille en œil » et « suscitent des images mentales ». Comme nous pensons souvent mieux en images, les exemples peuvent même faciliter la compréhension d’idées abstraites. En donnant de la vie aux mots, ils fixent les enseignements dans notre mémoire.
3 Aucun enseignant humain n’a jamais su manier l’exemple aussi habilement que Jésus. Aujourd’hui encore, ses exemples se retiennent sans peine. Pourquoi recourait-il si souvent à cette méthode d’enseignement ? Qu’est-ce qui faisait l’efficacité de ses exemples ? Comment pouvons-nous l’imiter ?
Pourquoi Jésus enseignait à l’aide d’exemples
4-5. Pourquoi Jésus se servait-il d’exemples ?
4 La Bible mentionne deux grandes raisons pour lesquelles Jésus se servait d’exemples. En premier lieu, il accomplissait ainsi une prophétie. Voici en effet ce qu’on lit en Matthieu 13:34, 35 : « Jésus se servit d’exemples pour dire toutes ces choses à la foule. En effet, quand il leur parlait, il utilisait toujours des exemples. C’était pour que s’accomplisse ce que le prophète avait prédit : “Je veux ouvrir ma bouche pour parler à l’aide d’exemples.” » Le prophète en question était le rédacteur de Psaume 78:2. Le fait que ce passage ait été composé sous l’inspiration divine des siècles avant la naissance de Jésus indique que Jéhovah avait décidé très longtemps à l’avance que le Messie enseignerait à l’aide d’exemples. C’est dire la valeur qu’il accorde à cette méthode d’enseignement.
5 En second lieu, Jésus a expliqué qu’il utilisait des exemples pour écarter les individus dont le cœur était « devenu insensible » (Matthieu 13:10-15 ; Isaïe 6:9, 10). Comment ses exemples dévoilaient-ils les mobiles de ses auditeurs ? Dans certains cas, Jésus souhaitait qu’on lui demande des explications sur le sens de ses paroles. Les humbles n’hésitaient pas à le faire, les orgueilleux ou les indifférents s’en abstenaient (Matthieu 13:36 ; Marc 4:34). Ainsi, ses exemples révélaient la vérité à ceux qui la cherchaient vraiment, tout en la cachant à ceux qui étaient foncièrement orgueilleux.
6. Citez d’autres mérites des exemples de Jésus.
6 Les exemples de Jésus avaient bien d’autres mérites. Ils éveillaient l’intérêt, créaient des images mentales faciles à comprendre et, comme nous l’avons dit, favorisaient la mémorisation. Le Sermon sur la montagne donne un aperçu impressionnant de la fréquence à laquelle il recourait au langage figuré ; on y a relevé plus de 50 images ! (Matthieu 5:3 – 7:27). Rendez-vous compte : ce discours se lisant à voix haute en une vingtaine de minutes, cela fait en moyenne une expression imagée toutes les 20 secondes ! De toute évidence, Jésus connaissait la valeur du langage figuré.
7. Pourquoi imiter Jésus dans sa façon d’utiliser des exemples ?
7 En disciples du Christ, nous désirons imiter sa manière d’enseigner, notamment sa façon d’utiliser des exemples. Tout comme l’assaisonnement relève la saveur d’un plat, de bons exemples rendront notre enseignement plus attrayant. Des illustrations bien pensées peuvent également faciliter la compréhension de vérités importantes. Voyons à présent de plus près quelques caractéristiques des exemples de Jésus qui faisaient leur efficacité, puis comment nous pouvons nous en inspirer.
Des comparaisons simples
Comment Jésus s’est-il servi des oiseaux et des fleurs pour enseigner que Dieu prend soin de nous ?
8-9. Quel genre de comparaisons Jésus employait-il, et qu’est-ce qui faisait leur force ?
8 Les comparaisons de Jésus étaient simples et faisaient appel à peu de mots. Mais ces quelques mots faisaient surgir dans l’esprit de ses auditeurs des images expressives et enseignaient clairement des vérités spirituelles importantes. Par exemple, pour convaincre ses disciples de ne pas s’inquiéter à propos de leurs besoins quotidiens, il a attiré leur attention sur les « oiseaux » et les « lis des champs ». Les oiseaux ne sèment ni ne moissonnent, les lis ne filent ni ne tissent. Pourtant, Dieu prend soin d’eux. La leçon est facile à comprendre : si Dieu prend soin des oiseaux et des fleurs, il veillera d’autant plus sur les humains qui ‘continuent à chercher d’abord le Royaume’ (Matthieu 6:26, 28-33).
9 Jésus recourait beaucoup à la métaphore. La métaphore a plus de force que la simple comparaison, car elle désigne une chose comme si elle en était véritablement une autre. Là encore, Jésus restait simple. « Vous êtes la lumière du monde », a-t-il dit un jour à ses disciples. Ils ont aussitôt compris que par leurs paroles et leurs actions ils pouvaient faire briller la lumière de la vérité spirituelle pour aider autrui à rendre gloire à Dieu (Matthieu 5:14-16). Voici d’autres métaphores de Jésus : « Vous êtes le sel de la terre. » « Je suis la vigne, vous êtes les sarments » (Matthieu 5:13 ; Jean 15:5). La force de ces figures de style réside dans leur simplicité.
10. De quel genre de comparaisons pourriez-vous agrémenter votre enseignement ?
10 Comment pouvez-vous enseigner à l’aide de comparaisons ? Inutile d’imaginer des histoires longues et compliquées. Contentez-vous de comparaisons simples. Supposons que vous vouliez illustrer l’idée qu’il n’est pas difficile à Jéhovah de ramener les morts à la vie. Quelle comparaison vous vient à l’esprit ? La Bible assimile la mort au sommeil. Vous pourriez donc dire : « Dieu peut ressusciter les morts aussi facilement qu’on réveille quelqu’un qui dort » (Jean 11:11-14). Comment illustrer le fait que les enfants ont besoin d’amour et d’affection pour s’épanouir ? On lit dans la Bible que les enfants sont « comme des plants d’olivier » (Psaume 128:3). Vous pourriez donc dire : « L’amour et l’affection sont à l’enfant ce que le soleil et l’eau sont à l’arbre. » Plus la comparaison sera simple, mieux vous serez compris.
Des exemples tirés de la vie courante
11. Citez des scènes dont Jésus s’est inspiré dans ses exemples pour les avoir observées en Galilée dans sa jeunesse.
11 Jésus était expert à trouver des exemples en rapport avec le quotidien des gens. Bon nombre de ces exemples s’inspiraient de scènes de la vie courante qu’il avait probablement observées en Galilée dans sa jeunesse. Combien de fois avait-il vu sa mère moudre le grain, ajouter du levain à la pâte, allumer une lampe, balayer la maison ? (Matthieu 13:33 ; 24:41 ; Luc 15:8). Combien de fois avait-il regardé les pêcheurs lancer leurs filets dans la mer de Galilée ? (Matthieu 13:47). Combien de fois avait-il observé des enfants en train de jouer sur la place du marché ? (Matthieu 11:16). Des semailles, des festins de mariage, des champs de céréales mûrissant au soleil… voilà le genre de situations ou de scènes ordinaires dont il a été témoin et qui ont nourri ses exemples (Matthieu 13:3-8 ; 25:1-12 ; Marc 4:26-29).
12-13. Dans la parabole du bon Samaritain, pourquoi le choix de la route qui allait « de Jérusalem à Jéricho » était-il judicieux ?
12 Jésus émaillait ses exemples de détails familiers. Voyez le début de la parabole du bon Samaritain : « Alors qu’un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, il a été attaqué par des voleurs. Ils lui ont pris jusqu’à ses vêtements, l’ont battu et sont partis en le laissant à moitié mort » (Luc 10:30). Jésus n’a pas choisi par hasard la route qui allait « de Jérusalem à Jéricho ». Il a raconté cette parabole en Judée, pas très loin de Jérusalem. Ses auditeurs connaissaient donc cette route. Ils la savaient dangereuse, en particulier pour un voyageur solitaire, car, serpentant à travers une zone déserte, elle était propice aux embuscades.
13 Jésus a mentionné d’autres détails connus à propos de cette route. Il y a fait passer un prêtre, puis un Lévite — qui, ni l’un ni l’autre, n’ont porté secours à la victime (Luc 10:31, 32). Les prêtres servaient au temple de Jérusalem, assistés par les Lévites. Quand ils n’étaient pas de service, bon nombre de prêtres et de Lévites résidaient à Jéricho, qui n’était distante que de 23 kilomètres. Il n’était donc pas inhabituel d’en rencontrer sur cette route. Remarquez aussi que le voyageur « descendait » de Jérusalem. Pour les auditeurs de Jésus, cette précision était évocatrice : Jérusalem étant située plus en hauteur que Jéricho, il était normal d’en ‘descendreb’. On le voit, Jésus tenait compte de ceux qu’il enseignait.
14. Comment tenir compte de nos auditeurs lorsque nous choisissons des exemples ?
14 Quand nous prenons un exemple, efforçons-nous pareillement de tenir compte de nos auditeurs. Qu’est-ce qui pourrait guider notre choix ? Peut-être des facteurs comme l’âge, le contexte culturel ou familial, ou encore l’emploi. Un exemple relatif aux travaux de la ferme sera sûrement mieux compris à la campagne qu’à la ville. Ce qui touche au quotidien de nos interlocuteurs — maison, enfants, passe-temps, nourriture — peut également donner matière à des exemples adaptés.
Des exemples empruntés à la nature
15. Pourquoi n’était-il pas étonnant que Jésus ait une parfaite connaissance de la nature ?
15 Nombre de ses exemples révèlent que Jésus connaissait bien la nature — en particulier les animaux, les plantes et les phénomènes atmosphériques (Matthieu 16:2, 3 ; Luc 12:24, 27). Où avait-il acquis ce savoir ? Pendant sa jeunesse en Galilée, sans doute avait-il beaucoup observé. Mais surtout, il était « le premier-né de toute création » et l’« habile ouvrier » que Jéhovah avait utilisé pour faire venir toutes choses à l’existence (Colossiens 1:15, 16 ; Proverbes 8:30, 31). Sa parfaite connaissance de la nature n’avait donc rien d’étonnant. Voyons comment il l’a mise à profit.
16-17. a) Qu’est-ce qui indique que Jésus connaissait très bien les caractéristiques de la brebis ? b) Citez un témoignage confirmant que les brebis écoutent la voix de leur berger.
16 On se souvient que Jésus s’est présenté comme « l’excellent berger », comparant ses disciples à des « brebis ». L’image témoigne d’une remarquable connaissance des caractéristiques de ces animaux. À l’évidence, Jésus savait qu’une relation très particulière unit le berger à ses brebis. Il avait constaté que ces bêtes confiantes étaient dociles et suivaient fidèlement leur berger. Pourquoi le suivent-elles ? « Parce qu’elles connaissent sa voix », dit Jésus (Jean 10:2-4, 11). Les brebis connaissent-elles effectivement la voix de leur berger ?
17 Voici le témoignage qu’apporte le bibliste George Smith : « Parfois, nous faisions notre sieste près d’un de ces puits de Judée où trois ou quatre bergers descendent avec leurs troupeaux. Les troupeaux se mélangeaient, et nous nous demandions comment chaque berger retrouverait ses bêtes. Mais après que les animaux avaient bu et joué, les bergers partaient chacun de leur côté de la vallée en lançant leur appel particulier ; et les moutons rejoignaient chacun d’eux, puis les troupeaux repartaient avec autant d’ordre qu’ils étaient venus » (The Historical Geography of the Holy Land). Jésus n’aurait pu trouver d’exemple mieux adapté pour illustrer qu’en acceptant ses enseignements, en y obéissant et en nous laissant guider par lui, l’« excellent berger », nous nous plaçons sous sa protection.
18. Où trouver des renseignements sur la nature ?
18 Comment apprendre à utiliser des exemples empruntés à la nature ? Certaines particularités du monde animal peuvent donner matière à des comparaisons simples mais puissantes. Où trouver ce genre de renseignements ? La Bible parle de toutes sortes d’animaux, se servant parfois de leurs caractéristiques de façon imagée. Elle associe notamment la rapidité à la gazelle ou au léopard, la prudence au serpent, l’innocence à la colombec (1 Chroniques 12:8 ; Habacuc 1:8 ; Matthieu 10:16). Pensez aussi à La Tour de Garde et à Réveillez-vous !, ainsi qu’aux articles et aux vidéos de la série « Évolution ou conception ? », publiés sur jw.org. Notez la manière dont ces sources utilisent des comparaisons simples inspirées des merveilles de la création infiniment variée de Jéhovah.
Des exemples tirés de faits réels
19-20. a) De quel fait d’actualité Jésus s’est-il servi pour réfuter une croyance erronée ? b) Dans notre enseignement, comment pouvons-nous utiliser des faits d’actualité ou des situations vécues ?
19 On peut également trouver de bons exemples dans la réalité. Un jour, Jésus s’est servi d’un fait récent pour réfuter la croyance selon laquelle le malheur frappe ceux qui le méritent. Il a dit : « Ces 18 personnes sur qui la tour de Siloé est tombée et qu’elle a tuées, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? » (Luc 13:4). De fait, ces 18 personnes n’avaient pas péri pour avoir commis un péché ayant attiré sur elles la colère divine. Leur mort tragique était seulement due à un ‘évènement imprévu’ (Ecclésiaste 9:11). Jésus a cité cet accident encore frais dans les mémoires pour contrer un faux enseignement.
20 Comment, dans notre enseignement, pouvons-nous utiliser des faits d’actualité ou des situations vécues ? Supposons que vous parliez de l’accomplissement de la prophétie de Jésus sur le signe de sa présence (Matthieu 24:3-14). Pour indiquer que des aspects précis du signe se réalisent actuellement, vous pourriez mentionner des évènements récents concernant des guerres, des famines ou des tremblements de terre dont la presse s’est fait l’écho. Souhaitez-vous citer un fait pour illustrer les changements qui s’opèrent quand on revêt la personnalité nouvelle ? (Éphésiens 4:20-24). Où le trouver ? Peut-être dans le riche réservoir que constitue le vécu de chrétiens de votre connaissance, ou bien parmi les témoignages rapportés sur jw.org, notamment dans la série « La Bible transforme des vies ».
21. Quelles récompenses se procure un bon enseignant de la Parole de Dieu ?
21 Jésus était vraiment l’Enseignant par excellence ! Comme nous l’avons vu dans cette deuxième partie, ‘enseigner et prêcher la bonne nouvelle’ était son activité essentielle (Matthieu 4:23). C’est aussi la nôtre. Un bon enseignant se procure de belles récompenses. L’enseignement est une forme de don ; or donner rend heureux (Actes 20:35). Heureux, en l’occurrence, de communiquer quelque chose dont la valeur ne se dépréciera jamais : la vérité sur Jéhovah. À ce bonheur s’ajoute la satisfaction de savoir que nous suivons l’exemple de Jésus, le plus grand Enseignant de tous les temps.
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