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  • Les prédicateurs se défendent devant les tribunaux
    Le Royaume de Dieu en action !
    • CHAPITRE 13

      Les prédicateurs se défendent devant les tribunaux

      CONTENU DU CHAPITRE

      Comme annoncé par Jésus, la loi a été utilisée pour faire obstacle à l’œuvre de prédication.

      1, 2. a) Qu’ont fait les chefs religieux peu après la Pentecôte 33, mais comment les apôtres ont-​ils réagi ? b) Pourquoi les apôtres ont-​ils enfreint l’interdiction de prêcher ?

      JÉRUSALEM, peu après la Pentecôte 33. La congrégation chrétienne n’existe que depuis quelques semaines. Pour Satan, c’est manifestement le bon moment pour agir s’il veut la détruire avant qu’elle ne soit trop solide. Il fait donc en sorte que les chefs religieux interdisent la prédication. Mais les apôtres continuent courageusement de prêcher, si bien que beaucoup d’hommes et de femmes deviennent « croyants au Seigneur » (Actes 4:18, 33 ; 5:14).

      Les apôtres se réjouissent en sortant du Sanhédrin où ils ont été flagellés

      Les apôtres se sont réjouis « parce qu’ils avaient été jugés dignes d’être déshonorés pour son nom ».

      2 Furieux, les adversaires ripostent, cette fois-​ci en emprisonnant tous les apôtres. Mais, pendant la nuit, Jéhovah envoie un ange ouvrir les portes de la prison, et à l’aube les apôtres sont de nouveau en train de prêcher. Arrêtés encore une fois, ils sont traînés devant les chefs religieux, qui les accusent d’avoir enfreint le décret d’interdiction. Ils répondent hardiment : « Nous devons obéir à Dieu, en sa qualité de chef, plutôt qu’aux hommes. » Hors d’eux-​mêmes, les chefs veulent « les supprimer ». Mais à ce moment critique, le très estimé enseignant de la Loi Gamaliel les avertit : « Faites attention [...]. Ne vous occupez pas de ces hommes, mais laissez-​les. » Contre toute attente, on écoute son conseil et on relâche les apôtres. Que font alors ceux-ci ? Nullement impressionnés, « ils continu[ent] sans arrêt à enseigner et à annoncer la bonne nouvelle concernant le Christ, Jésus » (Actes 5:17-21, 27-42 ; Prov. 21:1, 30).

      3, 4. a) Quelle méthode éprouvée Satan a-​t-​il utilisée contre le peuple de Dieu ? b) Qu’allons-​nous examiner dans ce chapitre et dans les deux suivants ?

      3 C’était la première fois que des autorités s’en prenaient à la congrégation chrétienne, mais c’était loin d’être la dernière (Actes 4:5-8 ; 16:20 ; 17:6, 7). De nos jours, Satan continue d’influencer des adversaires du vrai culte pour qu’ils incitent les autorités à entraver la prédication. Ces opposants portent contre nous toutes sortes d’accusations. Les uns disent que nous troublons l’ordre public, d’autres nous traitent de séditieux, et d’autres encore nous font passer pour des vendeurs, des colporteurs. En temps utile, nos frères ont saisi la justice pour démonter ces accusations. À quoi ces procès ont-​ils abouti ? En quoi êtes-​vous concerné par des décisions de justice rendues il y a plusieurs dizaines d’années ? Arrêtons-​nous sur quelques-unes de ces affaires et voyons comment elles ont contribué à « défendre la bonne nouvelle et [à] la faire reconnaître en justice » (Phil. 1:7).

      4 Dans ce chapitre, nous verrons ce que nous avons fait pour défendre la liberté de prêcher. Dans les deux suivants, nous examinerons quelques-uns des combats juridiques que nous avons dû mener pour rester séparés du monde et vivre en citoyens du Royaume.

      Fauteurs de troubles, ou défenseurs du Royaume de Dieu ?

      5. Pourquoi des proclamateurs ont-​ils été arrêtés à la fin des années 1930, et qu’ont alors envisagé de faire les frères à la tête de l’œuvre ?

      5 À la fin des années 1930, aux États-Unis, des villes et des États veulent obliger les Témoins de Jéhovah à demander une sorte de permis de prêcher. Mais nos frères ne demandent pas ces autorisations, car une autorisation peut être annulée et aucune autorité n’est en droit de s’opposer au commandement de Jésus de prêcher le message du Royaume (Marc 13:10). Ce refus entraîne des centaines d’arrestations. Les frères à la tête de l’œuvre envisagent alors de se défendre devant les tribunaux. Ils veulent démontrer que ces restrictions portent atteinte au droit des Témoins de pratiquer librement leur religion. Un évènement survenu en 1938 donnera lieu à un procès décisif.

      6, 7. Qu’est-​il arrivé à la famille Cantwell ?

      6 Le mardi 26 avril 1938 au matin, Newton Cantwell, 60 ans, sa femme, Esther, et leurs trois fils, Henry, Russell et Jesse — tous les cinq pionniers spéciaux — se préparent pour une journée de prédication à New Haven, ville du Connecticut. En fait, ils savent que leur absence risque de se prolonger. Pourquoi ? Ayant déjà été arrêtés plusieurs fois, ils s’attendent à ce que cela se reproduise. Mais cette perspective ne les refroidit pas. Ils arrivent à New Haven avec deux voitures. Newton conduit celle de la famille, dans laquelle se trouvent les phonographes portatifs et quantité de publications bibliques, tandis qu’Henry est au volant d’une voiture sonorisée. Quelques heures plus tard, comme prévu, la police intervient.

      7 Russell, 18 ans, est arrêté le premier, puis c’est au tour de ses parents. De loin, Jesse, 16 ans, voit la police les emmener. Comme Henry, 22 ans, prêche dans un autre endroit de la ville, le jeune Jesse se retrouve tout seul. Qu’à cela ne tienne, armé de son phonographe, il continue de prêcher. Deux catholiques acceptent d’écouter l’enregistrement d’un discours de frère Rutherford intitulé « Ennemis ». Ce qu’ils entendent met tellement ces hommes en colère qu’ils veulent frapper Jesse. Celui-ci s’éloigne calmement, mais, peu après, un policier l’interpelle. Il finit donc au poste lui aussi. Si aucune charge n’est retenue contre sœur Cantwell, frère Cantwell et ses fils sont, eux, inculpés. Ils sont néanmoins libérés sous caution le jour même.

      8. Pourquoi Jesse Cantwell a-​t-​il été déclaré coupable d’être un fauteur de troubles ?

      8 Quelques mois plus tard, en septembre 1938, la famille Cantwell comparaît devant le tribunal de première instance de New Haven. Newton, Russell et Jesse sont condamnés pour avoir sollicité des dons sans autorisation. De plus, et ce malgré un appel interjeté auprès de la Cour suprême du Connecticut, Jesse sera déclaré également coupable d’atteinte à l’ordre public, autrement dit d’être un fauteur de troubles. Pourquoi ? Parce que les deux hommes qui ont écouté l’enregistrement prétendent que celui-ci insultait leur religion et qu’ils se sont sentis provoqués. Pour tenter de faire annuler ces décisions, on introduit alors un recours auprès de la Cour suprême des États-Unis, la plus haute juridiction du pays.

      9, 10. a) Quelle décision la Cour suprême des États-Unis a-​t-​elle rendue dans l’affaire Cantwell ? b) Comment ses effets se font-​ils encore sentir ?

      9 À partir du 29 mars 1940, le juge Charles Hughes et ses huit assesseurs écoutent les arguments de frère Hayden Covington, l’avocat des Témoins de Jéhovaha. Quand le procureur du Connecticut expose les raisons qui, selon lui, font des Témoins des fauteurs de troubles, l’un des juges lui demande : « N’est-​il pas exact que le message que Christ Jésus proclamait fut impopulaire en son temps ? » « Effectivement, répond le procureur, et si je me rappelle bien ma Bible, elle parle aussi de ce qui est arrivé à Jésus pour avoir proclamé ce message. » Déclaration qui en dit long ! Involontairement, le procureur vient d’assimiler les Témoins à Jésus, et l’État à ceux qui l’ont condamné. Le 20 mai 1940, la cour rend une décision unanime en notre faveur.

      Des frères et sœurs joyeux, dont Hayden Covington et Glen How, à la sortie d’un tribunal

      Hayden Covington (devant, au milieu), Glen How (à gauche) et quelques autres à la sortie d’un tribunal après une victoire.

      10 Quel impact cette décision a-​t-​elle ? Elle élargit les garanties du libre exercice du culte en ce qu’aucune autorité — à l’échelle du pays, d’un État ou d’une ville — ne pourra plus restreindre la liberté de culte en invoquant la loi. Par ailleurs, la cour n’a constaté dans la conduite de Jesse « aucune [...] menace à la paix et à l’ordre publics ». Ce jugement établit donc clairement que les Témoins de Jéhovah ne sont pas des fauteurs de troubles. Quelle victoire ! Comment ses effets se font-​ils encore sentir de nos jours ? Un Témoin avocat répond : « Le droit d’exercer notre culte librement, sans crainte de lui voir imposer des restrictions injustes, nous permet aujourd’hui de communiquer un message d’espoir aux gens qui vivent autour de nous. »

      Séditieux, ou proclamateurs de la vérité ?

      Couverture du tract intitulé La haine ardente du Québec pour Dieu, pour Christ et pour la liberté, est un sujet de honte pour tout le Canada

      La haine ardente du Québec pour Dieu, pour Christ et pour la liberté, est un sujet de honte pour tout le Canada

      11. Quelle campagne nos frères du Canada ont-​ils organisée, et pourquoi ?

      11 Au cours des années 1940, les Témoins du Canada subissent une opposition féroce. En 1946, pour dénoncer publiquement le mépris de l’État envers la liberté de culte, nos frères organisent une campagne de 16 jours durant laquelle ils distribuent un tract intitulé La haine ardente du Québec pour Dieu, pour Christ et pour la liberté, est un sujet de honte pour tout le Canada. Ce tract de quatre pages décrit les émeutes organisées par le clergé, les brutalités policières, ainsi que les violences perpétrées par des foules à l’encontre de nos frères de la province du Québec. « Les arrestations illégales des témoins de Jéhovah se continuent », y lit-​on. « Il y a plus de 800 accusations portées contre les témoins de Jéhovah dans le Grand Montréal. »

      12. a) Comment les adversaires ont-​ils réagi à la distribution du tract ? b) De quel délit nos frères étaient-​ils inculpés ? (voir aussi la note).

      12 Le Premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, très proche du cardinal Villeneuve, réagit au tract en déclarant une « guerre sans merci » aux Témoins. Le nombre de procédures double rapidement, passant à 1 600. « La police nous arrêtait si souvent que nous avons cessé de compter », se rappellera une pionnière. Les proclamateurs qui sont pris à distribuer le tract sont inculpés de diffusion d’écrits séditieuxb.

      13. Qui ont été les premiers à être jugés pour sédition, et quel verdict le juge a-​t-​il rendu ?

      13 En 1947, frère Aimé Boucher et ses filles, Gisèle et Lucille, âgées respectivement de 18 et 11 ans, sont les premiers à être jugés pour sédition. Ils ont effectivement distribué des tracts Haine ardente du Québec près de leur ferme, dans les collines au sud de Québec, mais il est difficile de voir en eux des fauteurs de troubles sans foi ni loi. Frère Boucher est un homme humble et doux qui s’occupe paisiblement de sa petite ferme et se rend de temps en temps en ville avec sa charrette. Sa famille a pourtant subi quelques-uns des mauvais traitements mentionnés dans le tract. Leur innocence crève les yeux, mais le juge de première instance, qui déteste les Témoins, refuse de la reconnaître. Il prend le parti de l’accusation, qui soutient que, le tract incitant à la malveillance, les Boucher sont coupables. Son point de vue se résume donc ainsi : Dire la vérité est un crime ! Aimé et Gisèle sont condamnés pour diffamation séditieuse, et la petite Lucille elle-​même a droit à deux jours de prison. Les frères font appel devant la Cour suprême du Canada, la plus haute juridiction du pays, qui accepte d’entendre l’affaire.

      14. Comment les frères du Québec ont-​ils réagi à la persécution ?

      14 Pendant ce temps, nos courageux frères et sœurs du Québec continuent de prêcher le Royaume. La fréquence et la violence des agressions ne diminuent pas, mais les résultats sont là : Au cours des quatre années qui suivent la diffusion du tract en 1946, le nombre des Témoins au Québec passe de 300 à 1 000c !

      15, 16. a) Quelle décision la Cour suprême du Canada a-​t-​elle rendue dans l’affaire Boucher ? b) Quel effet cette victoire a-​t-​elle eu sur nos frères et sur d’autres ?

      15 En juin 1950, les neuf juges de la Cour suprême du Canada en formation plénière examinent l’affaire Boucher. Six mois plus tard, le 18 décembre, ils rendent une décision en notre faveur. Frère Glen How, l’un de nos avocats, expliquera que la cour a accepté l’argument de la défense selon lequel la « sédition » sous-entend l’incitation à la violence ou à l’insurrection contre le gouvernement. Or le tract « ne contenait, observera-​t-​il, aucune incitation de ce genre et constituait, dès lors, un exercice légal de la liberté d’expression ». Et de conclure : « J’étais aux premières loges pour constater que Jéhovah nous avait accordé la victoired. »

      16 La décision de la Cour suprême constitue une victoire retentissante pour le Royaume de Dieu. Elle permet de classer 122 autres affaires dans lesquelles des Témoins du Québec sont inculpés de sédition. Elle accorde aussi aux citoyens du Canada, et du Commonwealth en général, la liberté de s’exprimer sur les méthodes de l’État. Enfin, elle stoppe net l’attaque menée par le tandem Église-État contre les libertés des Témoins de Jéhovahe.

      Colporteurs, ou messagers du Royaume de Dieu ?

      17. Comment des autorités essaient-​elles parfois de limiter notre activité de prédication ?

      17 Les chrétiens du Ier siècle n’étaient pas « des colporteurs de la parole de Dieu » ; les serviteurs de Jéhovah d’aujourd’hui non plus (lire 2 Corinthiens 2:17). Pourtant, des autorités essaient parfois de limiter nos activités en se servant de lois sur le commerce. Considérons deux affaires éloquentes sous ce rapport.

      18, 19. Comment les autorités danoises ont-​elles tenté de restreindre notre œuvre de prédication ?

      18 Danemark. Une loi interdisant la vente d’imprimés sans permis de colportage entre en vigueur le 1er octobre 1932. Nos frères ne demandent aucune autorisation. Le lendemain, cinq proclamateurs prêchent toute la journée à Roskilde, à une trentaine de kilomètres à l’ouest de la capitale, Copenhague. Le soir, l’un d’entre eux manque. August Lehmann a été arrêté pour vente sans permis.

      19 Lors de sa comparution, le 19 décembre 1932, frère Lehmann admet s’être présenté chez les gens pour leur proposer des publications bibliques, mais conteste l’accusation de colportage. Le tribunal lui donne raison, déclarant : « Le prévenu [...] est en mesure de subvenir à ses besoins, et il n’a retiré aucun avantage financier ni n’en avait l’intention. Ses activités lui ont au contraire coûté de l’argent. » Les juges estiment que l’activité de frère Lehmann ne peut être « assimilée à du commerce ». Mais les adversaires sont bien décidés à restreindre l’œuvre de prédication dans le pays (Ps. 94:20). L’accusation porte l’affaire jusque devant la Cour suprême du Danemark. Comment nos frères réagissent-​ils ?

      20. Quelle décision la Cour suprême du Danemark a-​t-​elle rendue, et comment nos frères et sœurs ont-​ils réagi ?

      20 La semaine précédant l’examen de l’affaire par la Cour suprême, les Témoins de tout le pays intensifient leur activité dans le ministère. Le mardi 3 octobre 1933, la cour fait connaître sa décision. Elle confirme le premier jugement, selon lequel frère Lehmann n’a pas enfreint la loi. Nos frères et sœurs danois peuvent donc continuer de prêcher librement. Reconnaissants à Jéhovah de leur avoir accordé cette victoire, ils redoublent d’ardeur dans l’activité. Depuis lors, la prédication s’est poursuivie sans autre ingérence de l’État.

      Des Témoins de Jéhovah défilent avec des pancartes au Danemark dans les années 1930

      De courageux Témoins danois dans les années 1930.

      21, 22. Quelle décision la Cour suprême des États-Unis a-​t-​elle rendue dans l’affaire Murdock ?

      21 États-Unis. Le dimanche 25 février 1940, huit proclamateurs, dont Robert Murdock, un pionnier, sont arrêtés alors qu’ils prêchent à Jeannette, ville voisine de Pittsburgh, en Pennsylvanie. On les accuse d’avoir proposé des écrits sans avoir au préalable acheté un permis. L’affaire est jugée par plusieurs tribunaux, et elle finit par être portée devant la Cour suprême des États-Unis, qui accepte de l’examiner.

      22 Le 3 mai 1943, la Cour suprême donne raison aux Témoins de Jéhovah. Elle s’oppose à l’obligation d’obtenir un permis, au motif que c’est exiger un impôt pour bénéficier « d’un droit garanti par la constitution fédérale ». Elle annule donc l’arrêté municipal, au motif qu’il constitue une « atteinte à la liberté de la presse et une entrave au libre exercice de la religion ». Exprimant l’opinion de la majorité de la cour à propos de l’activité des Témoins, le juge William Douglas déclare : « C’est plus que de la prédication ; c’est plus que de la distribution de publications religieuses. C’est les deux à la fois. » « Cette forme d’activité religieuse, ajoute-​t-​il, s’élève au même rang que le culte pratiqué dans les églises et que la prédication en chaire. »

      23. Quelle importance les victoires juridiques remportées en 1943 ont-​elles aujourd’hui ?

      23 Avec cet arrêt, le peuple de Dieu remporte une victoire décisive. Confirmation est apportée que nous sommes bien des ministres chrétiens, et non des représentants de commerce. En cette journée mémorable, nous gagnons (en comptant l’affaire Murdock) 12 des 13 affaires soumises à la Cour suprême. Plus récemment, ces décisions ont fait jurisprudence pour des affaires dans lesquelles nos adversaires ont de nouveau contesté notre droit de prêcher le message du Royaume en public et de maison en maison.

      « Nous devons obéir à Dieu, en sa qualité de chef, plutôt qu’aux hommes »

      24. Que faisons-​nous quand un gouvernement nous interdit de prêcher ?

      24 Nous sommes évidemment très heureux quand nous pouvons prêcher le Royaume librement. Mais quand un gouvernement interdit notre œuvre ? Comme les apôtres, « nous devons obéir à Dieu, en sa qualité de chef, plutôt qu’aux hommes » (Actes 5:29 ; Mat. 28:19, 20). Aussi, nous nous adaptons, sans pour autant arrêter de prêcher. Nous faisons également appel à la justice pour tenter de faire lever l’interdiction. Considérons deux exemples.

      25, 26. Pourquoi la Cour suprême du Nicaragua a-​t-​elle été saisie, et quelle décision a-​t-​elle rendue ?

      25 Nicaragua. Le 19 novembre 1952, à Managua, le missionnaire et serviteur de filiale Donovan Munsterman se présente devant le capitaine Arnoldo García, chef des services de l’immigration. Celui-ci l’a convoqué pour l’informer que tous les Témoins de Jéhovah du pays ont « interdiction de continuer de prêcher leurs doctrines et de développer leurs activités religieuses ». En guise d’explication, il précise que les Témoins ne sont pas autorisés par le gouvernement à évangéliser et qu’on les accuse d’être communistes. Qui les accuse ? Le clergé catholique.

      Une assemblée des Témoins de Jéhovah en plein air au Nicaragua, en 1953

      Au Nicaragua, pendant l’interdiction.

      26 Frère Munsterman en appelle immédiatement au ministère en charge des cultes, ainsi qu’au président Somoza, mais en vain. Les frères prennent donc des précautions. Ils ferment les Salles du Royaume, se réunissent par petits groupes et, tout en continuant de prêcher, suspendent le témoignage dans les rues. Parallèlement, ils déposent un référé devant la Cour suprême pour faire annuler l’interdiction. La presse commente largement l’interdiction et le contenu de la requête. Finalement, le 19 juin 1953, la Cour suprême publie sa décision. Les juges se sont prononcés unanimement en notre faveur, estimant que l’interdiction est contraire à la Constitution, qui garantit la liberté d’expression, de conscience et de manifestation de ses croyances. Ils ont également ordonné que les relations entre le gouvernement du Nicaragua et les Témoins de Jéhovah soient ramenées à leur état initial.

      27. Pourquoi la décision de la Cour a-​t-​elle surpris les habitants du Nicaragua, et de quoi nos frères étaient-​ils persuadés ?

      27 Les Nicaraguayens sont très surpris de cette décision en notre faveur. L’influence du clergé est telle que, jusqu’alors, la Cour suprême a évité d’entrer en conflit avec lui. Les représentants du gouvernement sont eux aussi trop puissants pour que la cour ose généralement aller à l’encontre de leurs décisions. De leur côté, nos frères sont persuadés qu’ils doivent cette victoire à la protection de notre Roi et à leur persévérance dans la prédication (Actes 1:8).

      28, 29. Que s’est-​il passé d’inattendu au Zaïre au milieu des années 1980 ?

      28 Zaïre. Au milieu des années 1980, il y a environ 35 000 Témoins au Zaïre (aujourd’hui la République démocratique du Congo). Pour répondre au développement de l’œuvre du Royaume, de nouveaux locaux pour la filiale sont en construction. En décembre 1985, une assemblée internationale se tient dans la capitale, Kinshasa ; le stade de la ville accueille 32 000 personnes, dont des délégués du monde entier. Mais le vent va bientôt tourner.

      29 Frère Marcel Filteau, un Québecois qui a connu la persécution du gouvernement Duplessis, est alors missionnaire au Zaïre. Il racontera plus tard : « Le 12 mars 1986, on a remis aux frères responsables une lettre déclarant que l’association des Témoins de Jéhovah du Zaïre était désormais illégale. » L’interdiction est signée du président du pays, Mobutu Sese Seko.

      30. Quelle lourde décision le Comité de la filiale devait-​il prendre, et qu’a-​t-​il décidé ?

      30 Le lendemain, la radio nationale annonce : « Nous n’entendrons plus jamais parler des Témoins de Jéhovah [au Zaïre]. » Immédiatement, la persécution s’abat. Des Salles du Royaume sont détruites, nos frères dépouillés, arrêtés, emprisonnés, battus. Des enfants sont jetés en prison. Le 12 octobre 1988, le gouvernement confisque nos biens, et la garde civile s’installe dans les locaux de la filiale. Les frères sollicitent le président Mobutu, mais n’obtiennent aucune réponse. À ce stade, le Comité de la filiale doit prendre une lourde décision : Faut-​il saisir la Cour suprême ou attendre ? Le coordinateur du Comité de la filiale est alors Timothy Holmes, un missionnaire. Il se rappellera par la suite : « Nous avons demandé à Jéhovah de nous accorder sa sagesse et sa direction. » Après avoir prié et discuté, le comité estime que ce n’est pas le bon moment pour saisir la justice. On va donc d’abord s’occuper des frères et sœurs, et trouver des moyens pour que la prédication se poursuive.

      « Pendant toute la période du procès, nous avons vu comment Jéhovah peut changer les choses. »

      31, 32. Quelle décision surprenante la Cour suprême du Zaïre a-​t-​elle rendue, et quel effet a-​t-​elle eu sur nos frères ?

      31 Les années passent. La pression sur nos frères se relâche, le respect des droits de l’homme progresse dans le pays. Le Comité de la filiale se dit que le moment est venu de contester l’interdiction devant la Cour suprême. Contre toute attente, la requête est acceptée. Le 8 janvier 1993, près de sept ans après le décret présidentiel, la Cour déclare que l’action du gouvernement à l’encontre des Témoins était illégale et elle lève l’interdiction. Incroyable ! Des juges viennent d’annuler une décision du président au risque de leur vie. Témoignage de frère Holmes : « Pendant toute la période du procès, nous avons vu comment Jéhovah peut changer les choses » (Dan. 2:21). Cette victoire fortifie la foi de nos frères. Ils comprennent que le Roi Jésus a guidé ses serviteurs pour qu’ils sachent quand et comment agir.

      Deux sœurs souriantes à une assemblée des Témoins de Jéhovah en République démocratique du Congo

      Les Témoins de République démocratique du Congo sont heureux de pouvoir adorer Jéhovah librement.

      32 Une fois l’interdiction levée, la filiale a été autorisée à faire venir des missionnaires, à construire de nouvelles installations et à importer des publicationsf. Quelle joie pour les serviteurs de Dieu du monde entier d’observer comment Jéhovah veille sur la prospérité spirituelle de son peuple ! (Is. 52:10).

      « Jéhovah est mon aide »

      33. Que prouve l’issue des quelques batailles juridiques examinées dans ce chapitre ?

      33 L’issue de ces quelques batailles juridiques prouve que Jésus a tenu sa promesse : « Je vous donnerai une bouche et une sagesse, à quoi tous vos adversaires ensemble ne pourront résister ou contredire » (lire Luc 21:12-15). Il est clair que Jéhovah a parfois suscité des Gamaliel modernes pour protéger son peuple et a incité des juges et des avocats à défendre courageusement la justice. Il a ainsi neutralisé les armes de nos adversaires (lire Isaïe 54:17). Rien ne peut arrêter l’œuvre de Dieu.

      34. Qu’y a-​t-​il de si remarquable dans nos victoires juridiques, et qu’attestent-​elles ? (voir aussi l’encadré « De grandes victoires qui ont favorisé la prédication »).

      34 Qu’y a-​t-​il de si remarquable dans ces victoires ? Pensez à ceci : Les Témoins de Jéhovah ne sont ni très en vue ni influents. Nous ne participons pas aux votes politiques, ni aux campagnes électorales, ni n’essayons d’influencer les candidats. De plus, ceux d’entre nous qui comparaissent devant de hautes juridictions sont généralement perçus comme « sans instruction et [...] ordinaires » (Actes 4:13). Humainement parlant, les juges n’ont donc guère de raisons de nous venir en aide en donnant tort à nos puissants adversaires religieux et politiques. Et pourtant, combien de fois n’ont-​ils pas tranché en notre faveur ? Nos victoires juridiques attestent que nous marchons « sous le regard de Dieu, en compagnie de Christ » (2 Cor. 2:17). Aussi, comme Paul nous déclarons : « Jéhovah est mon aide ; je n’aurai pas peur » (Héb. 13:6).

      a Cantwell contre État du Connecticut a été la première des 43 affaires dans lesquelles frère Hayden Covington a assuré la défense des frères devant la Cour suprême des États-Unis. Frère Covington est mort en 1978. Sa veuve, Dorothy, a servi Dieu fidèlement jusqu’à sa mort en 2015, à l’âge de 92 ans.

      b Le chef d’accusation reposait sur une loi de 1606 qui autorisait un jury à déclarer coupable un individu dont les propos étaient perçus comme une incitation à la malveillance, et ce même si ces propos étaient vrais.

      c En 1950, il y avait 164 serviteurs à plein temps au Québec, dont 63 Guiléadites qui avaient accepté cette affectation tout en sachant que des conditions très difficiles les attendaient.

      d Frère Glen How était un avocat courageux qui, de 1943 à 2003, a défendu magistralement les Témoins de Jéhovah du Canada et d’autres pays dans des centaines d’affaires.

      e Pour en savoir plus sur l’affaire Boucher, voir l’article « La bataille n’est pas la vôtre, mais celle de Dieu », dans Réveillez-vous ! du 22 avril 2000, pages 18-24.

      f Quand la garde civile a fini par évacuer la propriété de la filiale, on avait déjà construit de nouvelles installations ailleurs.

  • Les prédicateurs se défendent devant les tribunaux
    Le Royaume de Dieu en action !
    • En Serbie, un couple prêche à une femme sur le pas de sa porte

      Stara Pazova, Serbie.

      DE GRANDES VICTOIRES QUI ONT FAVORISÉ LA PRÉDICATION

      DATE 11 novembre 1927

      PAYS Suisse

      ENJEU Liberté de croyance

      FAITS Un policier interpelle frère Adolf Huber alors qu’il prêche, l’accuse de troubler la paix religieuse et lui confisque ses tracts bibliques.

      DÉCISION Devant la Cour suprême fédérale, frère Huber met en cause l’intervention de l’agent. La cour estime que la confiscation de tracts religieux est une violation de la « liberté de croyance ».

      IMPACT La décision met un terme aux tracasseries policières dont les Étudiants de la Bible sont victimes dans leur ministère.

      DATE 9 juillet 1935

      PAYS Roumanie

      ENJEU Liberté d’expression

      FAITS Six frères sont arrêtés pour diffusion de livres menaçant « l’ordre public et la sécurité de l’État » et condamnés à 15 jours de prison.

      DÉCISION La Haute cour de cassation et de justice (Cour suprême) juge que les Témoins accomplissent leurs activités paisiblement, que leurs publications ne menacent pas l’ordre public et qu’ils ont le droit de faire connaître leur opinion.

      IMPACT Cette décision, ajoutée à d’autres rendues dans certaines des 530 affaires examinées entre 1933 et 1939, garantit les droits constitutionnels qui permettront aux frères de continuer de prêcher. Aujourd’hui, notre activité de prédication s’exerce librement.

      DATE 17 mars 1953

      PAYS Pays-Bas

      ENJEU Liberté d’expression et de la presse

      FAITS Frère Pieter Havenaar est interpellé pour non-respect d’un arrêté n’autorisant la diffusion de publications que les mardis et mercredis entre 9 et 11 heures du matin.

      DÉCISION La Cour suprême juge cette restriction excessive.

      IMPACT Cette décision invalide tout arrêté limitant le droit de diffuser des imprimés d’une manière qui rendrait dans la pratique cette activité impossible.

      DATE 6 octobre 1953

      PAYS Canada

      ENJEU Liberté de culte et d’expression

      FAITS À Québec, un arrêté municipal interdit la diffusion de publications sans autorisation de la police. Accusé de l’avoir enfreint, un surveillant itinérant, frère Laurier Saumur passe trois mois en prison.

      DÉCISION La Cour suprême juge illégal d’appliquer l’arrêté aux Témoins. Elle considère que la diffusion publique d’imprimés bibliques fait partie du culte chrétien des Témoins de Jéhovah, culte protégé de la censure par la constitution.

      IMPACT La décision invalide plus de 1 600 procédures dans la province du Québec.

      DATE 13 juillet 1983

      PAYS Serbie

      ENJEU Liberté d’expression et de la presse

      FAITS Deux sœurs sont arrêtées pour diffusion de publications bibliques. Elles sont inculpées de « troubles à l’ordre public et à la paix » et emprisonnées pendant cinq jours.

      DÉCISION La Cour suprême juge que les sœurs n’ont ni enfreint la loi ni troublé la paix.

      IMPACT Après cette victoire, le nombre d’arrestations et de confiscations de publications diminue.

      DATE 26 mai 1986

      PAYS Turquie

      ENJEU Liberté de croyance

      FAITS Après que trois familles ont demandé à être enregistrées comme Témoins de Jéhovah, 23 frères et sœurs sont mis en prison sous l’accusation d’avoir porté atteinte à l’ordre social et politique.

      DÉCISION La Cour suprême annule les condamnations, disculpe les Témoins et affirme le droit à la liberté de croyance des Témoins de Jéhovah.

      IMPACT La décision met fin aux arrestations pour activité chrétienne et élargit la liberté religieuse de tous les citoyens turcs.

      DATE 25 mai 1993

      PAYS Grèce

      ENJEU Liberté de manifester sa religion

      FAITS En 1986, frère Minos Kokkinakis est, pour la 18e fois, inculpé de prosélytisme. De 1938 à 1992, la loi interdisant le prosélytisme a entraîné plus de 19 000 arrestations de Témoins de Jéhovah.

      DÉCISION La Cour européenne des droits de l’homme juge qu’il y a eu violation de la liberté de pensée, de conscience et de religion ; elle constate une ingérence injustifiée dans le droit de manifester sa religion et relève que les Témoins de Jéhovah sont une « religion connue ».

      IMPACT Le gouvernement grec donne à toutes les autorités judiciaires l’instruction de ne pas violer l’arrêt Kokkinakis ; il n’y aura plus de condamnations pour prosélytisme.

      DATE 17 juin 2002

      PAYS États-Unis

      ENJEU Liberté d’expression

      FAITS Un arrêté de la commune de Stratton (Ohio) impose d’obtenir une autorisation pour faire du porte à porte. Le tribunal de première instance et les cours d’appel le jugent conforme à la constitution.

      DÉCISION La Cour suprême des États-Unis juge l’arrêté inconstitutionnel. Elle l’annule et réaffirme le droit au libre exercice de la religion et à la liberté d’expression. Elle précise que, selon les Témoins eux-​mêmes, « l’autorisation de prêcher leur est conférée par l’Écriture ».

      IMPACT Des centaines de municipalités renoncent à appliquer ce genre d’arrêtés au ministère des Témoins de Jéhovah.

  • Fidèles au gouvernement divin et à lui seul
    Le Royaume de Dieu en action !
    • CHAPITRE 14

      Fidèles au gouvernement divin et à lui seul

      CONTENU DU CHAPITRE

      Par fidélité au Royaume, les serviteurs de Dieu restent à l’écart du monde.

      1, 2. a) Quel principe a guidé les disciples de Jésus jusqu’à notre époque ? b) Qu’ont essayé de faire nos ennemis, et avec quel résultat ?

      DEVANT Pilate, le plus haut juge séculier de la nation juive, Jésus a énoncé un principe qui a guidé ses vrais disciples jusqu’à notre époque. Il a dit : « Mon royaume ne fait pas partie de ce monde. Si mon royaume faisait partie de ce monde, mes serviteurs auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais voilà, mon royaume n’est pas d’ici » (Jean 18:36). Pilate a fait exécuter Jésus, mais sa victoire a été de courte durée, puisque Jésus a été ressuscité. Les dirigeants du puissant Empire romain ont essayé de faire disparaître les chrétiens, mais sans succès. Ceux-ci ont répandu le message du Royaume dans tout le monde d’alors (Col. 1:23).

      2 Après que le Royaume a été établi en 1914, certaines des plus redoutables puissances militaires de l’Histoire ont tenté d’anéantir le peuple de Dieu. Aucune n’y est parvenue. Bien des gouvernements et des groupes politiques ont voulu nous obliger à prendre parti dans leurs conflits. Ils n’ont pas réussi à nous diviser. Nous avons beau appartenir à presque toutes les nations de la terre, nous formons une communauté mondiale unie qui reste strictement neutre par rapport aux questions politiques. Cette unité est une preuve évidente que le Royaume de Dieu est en action et que le Roi Jésus Christ continue de diriger, d’affiner et de protéger ses sujets. Nous allons voir comment à travers quelques-unes des victoires juridiques qu’il nous a accordées, à nous qui ne faisons « pas partie du monde » (Jean 17:14). Cet examen renforcera notre foi.

      Une question incontournable

      3, 4. a) Quels évènements se sont produits à l’époque de la naissance du Royaume ? b) Les serviteurs de Dieu ont-​ils toujours bien compris la question de la neutralité ? Expliquez.

      3 Après l’établissement du Royaume, une guerre a éclaté au ciel, et Satan a été jeté sur terre (lire Révélation 12:7-10, 12). Sur terre précisément, une autre guerre faisait rage et celle-ci allait mettre à l’épreuve la détermination des serviteurs de Dieu. Bien que résolus à imiter Jésus en ne faisant pas partie du monde, au début ces chrétiens ne comprenaient pas totalement ce qu’impliquait se tenir à l’écart des questions politiques.

      4 Par exemple, le tome VI de L’Aurore du Milléniuma, publié en 1904 (1916 en fr.), encourageait les chrétiens à ne pas prendre part aux guerres. Cependant, il disait aussi qu’en cas de mobilisation il fallait essayer d’être affecté dans une unité non-combattante. Si on n’y arrivait pas et si on était envoyé au combat, on devait veiller à ne surtout pas tuer. Commentaire de Herbert Senior, un frère britannique baptisé en 1905 : « Les frères étaient dans la confusion. Faute d’instructions claires, ils ne savaient pas s’il fallait ou non accepter de rejoindre l’armée, même si c’était comme non-combattant. »

      5. Comment La Tour de Garde de novembre 1915 a-​t-​elle commencé à affiner notre compréhension ?

      5 Le numéro de novembre 1915 de La Tour de Garde a commencé à affiner notre compréhension de cette question. À propos des recommandations faites dans Les Études des Écritures, on y lisait : « Nous nous demandons s’il n’y a pas là [une compromission] avec la conscience. » Mais si un chrétien risquait d’être fusillé pour son refus de porter l’uniforme et de servir dans l’armée ? L’article tenait ce raisonnement : « Y a-​t-​il plus de déshonneur à être fusillé en voulant rester fidèle au Prince de la paix et en refusant de lui désobéir qu’à être tué sous la bannière des rois ou gouvernements terrestres, en ayant l’air de soutenir leur cause et en se livrant à des compromissions à l’égard des enseignements de notre Roi céleste, en apparence tout au moins ? En ce qui nous concerne, nous préférons le premier genre de mort au second, car nous aimons mieux mourir pour rester fidèles à notre Roi céleste. » Affirmation forte, mais qui n’empêchait pas cette conclusion : « Nous n’imposons pas cette ligne de conduite, nous nous bornons à la présenter, à l’envisager. »

      6. Que retirez-​vous de l’exemple de frère Senior ?

      6 Des frères ont tout de suite compris et ont agi en conséquence. Frère Senior était l’un d’eux : « Pour moi, dans le principe, il n’y avait aucune différence entre décharger des munitions d’un navire [service non-combattant] et les charger dans un canon pour les tirer » (Luc 16:10). Sa position l’a conduit en prison. Avec quatre autres frères et des hommes qui, pour certains, agissaient aussi par conviction religieuse, il a été enfermé à la prison de Richmond, en Grande-Bretagne. Ce groupe d’objecteurs de conscience a par la suite été appelé les seize de Richmond. À un moment donné, lui et quelques autres ont été transférés secrètement en France, sur le front. Là, on les a condamnés à mort, alignés devant un peloton d’exécution... mais pas exécutés. Leur peine a finalement été commuée en dix ans de prison.

      Simon Kraker

      « J’ai compris que les serviteurs de Dieu devaient être en paix avec tous, même si la guerre menaçait » Simon Kraker (voir paragraphe 7).

      7. Qu’est-​ce que le peuple de Jéhovah comprenait mieux au début de la Seconde Guerre mondiale ?

      7 Au début de la Seconde Guerre mondiale, le peuple de Jéhovah comprenait mieux ce qu’implique la neutralité et ce qu’il faut faire pour imiter Jésus (Mat. 26:51-53 ; Jean 17:14-16 ; 1 Pierre 2:21). Voici par exemple ce qu’on pouvait lire dans un article marquant intitulé « Neutralité », paru dans La Tour de Garde de janvier 1940 : « Le principe qui doit guider le peuple de l’alliance est celui d’une stricte neutralité. » Frère Simon Kraker, qui deviendra membre du siège mondial (Brooklyn), a dit que, grâce à cet article, il avait « compris que les serviteurs de Dieu devaient être en paix avec tous, même si la guerre menaçait ». Cette nourriture spirituelle tombait à point nommé pour préparer nos frères à une attaque sans précédent menée contre leur fidélité au Royaume.

      Un « fleuve » d’opposition

      8, 9. Comment la prophétie de l’apôtre Jean s’est-​elle réalisée ?

      8 L’apôtre Jean a prophétisé qu’après la naissance du Royaume en 1914, le dragon, Satan le Diable, tenterait d’en anéantir les sujets en vomissant de sa gueule un fleuve symboliqueb (lire Révélation 12:9, 15). Comment cette prophétie s’est-​elle réalisée ? À partir des années 1920, l’opposition a déferlé sur le peuple de Dieu. Comme beaucoup d’autres frères qui vivaient en Amérique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale, frère Kraker a été mis en prison en raison de sa fidélité au Royaume. En fait, pendant cette période, plus des deux tiers des personnes détenues dans les prisons fédérales des États-Unis pour objection de conscience de nature religieuse étaient des Témoins de Jéhovah.

      9 L’objectif du Diable et de ses agents était de briser l’intégrité des sujets du Royaume, où qu’ils vivent. Afrique, États-Unis, Europe : partout, les Témoins ont été traînés devant tribunaux et commissions. Déterminés à rester neutres, ils ont été emprisonnés, battus, estropiés. En Allemagne, ils ont payé au prix fort leur refus de faire le salut hitlérien et de participer à l’effort de guerre. On estime que 6 000 Témoins sont passés par les camps nazis ; sur ce nombre, plus de 1 600 — allemands et autres — ont péri aux mains de leurs bourreaux. Malgré tout, le Diable a été incapable de causer un tort irréparable au peuple de Dieu (Marc 8:34, 35).

      « MORT POUR L’HONNEUR DE DIEU »

      Gerhard Steinacher

      À L’ÉPOQUE de la Seconde Guerre mondiale, il y avait relativement peu de Témoins de Jéhovah dans l’Allemagne nazie. L’historien Detlef Garbe signale que, pourtant, « la plupart des objecteurs de conscience condamnés par les tribunaux militaires [...] du Troisième Reich étaient Témoins de Jéhovah ». Gerhard Steinacher était l’un d’eux. Ce jeune Autrichien de 19 ans est arrêté par les nazis quelques jours seulement après le début de la guerre pour avoir refusé de rejoindre l’armée allemande.

      Il est condamné à mort en novembre 1939. Du fond de sa prison, il écrit : « Je ne veux rien d’autre qu’honorer Dieu, garder ses commandements et lui demander de nous recevoir dans son Royaume, où nous aurons la vie éternelle et la paix. »

      Le 29 mars 1940, veille de son exécution, il écrit à ses parents : « Je suis encore un enfant. Je ne peux tenir que si le Seigneur m’en donne la force, et c’est ce que je lui demande. » Gerhard est exécuté le lendemain matin vers six heures, probablement guillotiné. Sur sa tombe, on lit ces mots : « Mort pour l’honneur de Dieu. »

      La « terre » avale le « fleuve »

      10. Que symbolise la « terre », et comment est-​elle intervenue en faveur du peuple de Dieu ?

      10 La prophétie transmise par l’apôtre Jean révélait que la « terre », c’est-à-dire les éléments plutôt modérés de ce système, viendrait en aide au peuple de Dieu en avalant le « fleuve » de persécution. Comment cela s’est-​il réalisé ? Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la « terre » est souvent intervenue en faveur des sujets du Royaume messianique (lire Révélation 12:16). C’est ainsi que de hautes juridictions ont, par leurs décisions, protégé les droits des Témoins de Jéhovah à refuser de servir dans l’armée ou de participer à des cérémonies patriotiques. Considérons tout d’abord quelques-unes des grandes victoires que Jéhovah nous a accordées à propos du service militaire (Ps. 68:20).

      11, 12. Quelles difficultés frère Sicurella et frère Thlimmenos ont-​ils rencontrées, et quelle a été l’issue de ces deux affaires ?

      11 États-Unis. Anthony Sicurella est élevé par des parents Témoins de Jéhovah. Il est baptisé à l’âge de 15 ans et, à 21 ans, il se fait enregistrer auprès du bureau de recensement comme ministre religieux. Deux ans plus tard, en 1950, il demande à figurer plutôt comme objecteur de conscience. Malgré l’avis favorable du Bureau fédéral d’enquêtes (FBI), le ministère de la Justice rejette sa requête. Après une succession de jugements, l’affaire est portée devant la Cour suprême des États-Unis, qui infirme la décision de la juridiction inférieure et donne raison à frère Sicurella. Cet arrêt fera jurisprudence pour d’autres citoyens américains objecteurs de conscience.

      12 Grèce. En 1983, Iakovos Thlimmenos est condamné pour insubordination parce qu’il a refusé l’habit militaire. À sa sortie de prison, il postule à une place d’expert-comptable ; sa candidature est rejetée à cause de son casier judiciaire. Il saisit la justice, mais perd systématiquement devant les juridictions grecques. Il en appelle alors à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). En 2000, la Grande Chambre de la CEDH, constituée de 17 juges, rend une décision en sa faveur et établit par là-​même un précédent concernant la discrimination. Avant cela, plus de 3 500 frères grecs ayant été emprisonnés en raison de leur neutralité avaient un casier judiciaire. À la suite de cette décision, la Grèce adopte une loi qui supprime le casier de ces frères. Par ailleurs, une loi adoptée quelques années plus tôt qui autorisait tous les citoyens grecs à effectuer un service civil de remplacement est réaffirmée lors de la révision de la constitution.

      Ivailo Stefanov

      « Avant d’entrer dans la salle d’audience, j’ai prié Jéhovah très fort, et j’ai senti alors qu’il me donnait le calme » Ivailo Stefanov (voir paragraphe 13).

      13, 14. Quelles leçons tirez-​vous des affaires ayant concerné Ivailo Stefanov et Vahan Bayatyan ?

      13 Bulgarie. En 1994, Ivailo Stefanov, 19 ans, est appelé sous les drapeaux. Il refuse d’être incorporé ou d’effectuer un service non-combattant sous administration militaire. Condamné à 18 mois de prison, il fait appel, faisant valoir son droit à l’objection de conscience. Son cas est finalement porté devant la CEDH. En 2001, avant l’examen de l’affaire, une solution à l’amiable est trouvée. Le gouvernement bulgare accorde l’amnistie non seulement à frère Stefanov, mais aussi à tous les citoyens bulgares disposés à accomplir un service civil de remplacementc.

      14 Arménie. En 2001, Vahan Bayatyan a l’âge d’être incorporé pour le service militaired. Il explique que sa conscience ne lui permet pas de servir dans l’armée, mais aucune juridiction du pays n’accepte sa position. En septembre 2002, il commence à purger une peine de deux ans et demi de prison ; il est libéré au bout de dix mois et demi. Entre temps, il a introduit un recours auprès de la CEDH, qui veut bien examiner l’affaire. La décision, rendue le 27 octobre 2009, est malheureusement négative. Tout espoir semble perdu pour les frères arméniens qui sont confrontés à la question du service militaire. Cependant, la Grande Chambre de la CEDH réexamine l’affaire et, le 7 juillet 2011, elle rend un jugement favorable à Vahan Bayatyan. C’est la première fois que la CEDH reconnaît que l’objection de conscience pour motif religieux relève du droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Cette décision protégera désormais les droits tant des Témoins de Jéhovah que de centaines de millions de citoyens des pays membres du Conseil de l’Europee.

      Les frères d’Arménie libérés de prison

      Les frères d’Arménie libérés de prison après la décision favorable de la CEDH.

      Les cérémonies patriotiques

      15. Pourquoi les serviteurs de Jéhovah s’abstiennent-​ils de participer à des cérémonies patriotiques ?

      15 Les serviteurs de Jéhovah restent fidèles au Royaume messianique en refusant le service militaire, mais aussi en s’abstenant respectueusement de participer à des cérémonies patriotiques. Depuis la Seconde Guerre mondiale en particulier, une vague de ferveur nationaliste balaie la planète. De nombreux pays exigent de leurs citoyens qu’ils prouvent leur attachement à la patrie en récitant un serment d’allégeance, en chantant l’hymne national ou en saluant le drapeau. Pour notre part, c’est à Jéhovah que nous vouons un attachement exclusif (Ex. 20:4, 5). Cela nous a valu un flot de persécutions. Mais Jéhovah s’est de nouveau servi de la « terre », qui a avalé une partie de cette opposition. Voyons quelques victoires remarquables qu’il nous a accordées dans ce domaine par l’intermédiaire de Christ (Ps. 3:8).

      16, 17. Qu’est-​il arrivé à Lillian et William Gobitas, et quelle leçon en tirez-​vous ?

      16 États-Unis. En 1940, dans l’affaire Secteur scolaire de Minersville contre Gobitis, la Cour suprême des États-Unis donne tort aux Témoins de Jéhovah à 8 voix contre 1. Par fidélité à Jéhovah, Lillian Gobitasf, 12 ans, et son frère William, 10 ans, ont refusé de saluer le drapeau et de réciter le serment d’allégeance, ce qui leur a valu d’être renvoyés de l’école. La Cour suprême estime que l’école a agi dans l’intérêt de l’« unité nationale » et que la sanction infligée est donc conforme à la constitution. Ce jugement met le feu aux poudres. D’autres enfants de Témoins sont renvoyés de leur école, des adultes perdent leur travail et des proclamateurs sont violemment pris à partie par des foules. Selon le livre L’éclat de notre pays (angl.), la « persécution des Témoins entre 1941 et 1943 constitue la plus forte flambée d’intolérance religieuse qu’a connue l’Amérique du XXe siècle ».

      17 La victoire des ennemis de Dieu est éphémère. En 1943, la Cour suprême se penche sur un cas similaire, l’affaire Académie de Virginie occidentale contre Barnette. Cette fois-​ci, elle nous donne raison. C’est la première fois dans l’histoire des États-Unis que la Cour suprême fait volte-face si rapidement. À la suite de cette décision, la persécution ouverte dont sont victimes nos frères et sœurs diminue notablement. Cette victoire a pour avantage supplémentaire de consolider les droits de tous les citoyens des États-Unis.

      18, 19. Qu’est-​ce qui, selon lui, a aidé Pablo Barros à rester fort, et comment d’autres serviteurs de Jéhovah peuvent-​ils imiter son exemple ?

      18 Argentine. En 1976, Pablo et Hugo Barros, âgés respectivement de huit et sept ans, sont renvoyés de leur école pour ne pas avoir participé à une cérémonie de salut au drapeau. Auparavant, la directrice a déjà bousculé Pablo et l’a frappé à la tête. Elle a également gardé les deux garçons une heure après la classe pour tenter de les forcer à prendre part aux cérémonies. Se rappelant cette épreuve, Pablo dira par la suite : « Sans l’aide de Jéhovah, je n’aurais jamais pu résister à toute cette pression et rester intègre. »

      19 La justice ayant été saisie, le juge donne raison à l’école. Mais, en 1979, la Cour suprême d’Argentine casse la décision de la juridiction inférieure. « Ladite punition [le renvoi], explique-​t-​elle, est contraire au droit constitutionnel d’apprendre (article 14) et au devoir de l’État d’assurer une instruction primaire (article 5). » Cette victoire profite à un millier d’enfants de Témoins. Elle évite à certains d’être renvoyés et permet à d’autres, comme Pablo et Hugo, de retourner à l’école publique.

      Un jeune frère reste neutre à l’école

      De nombreux jeunes Témoins sont restés fidèles dans les épreuves.

      20, 21. Qu’est-​ce qui, dans l’affaire concernant Roel et Emily Embralinag, renforce votre foi ?

      20 Philippines. En 1990, Roel Embralinagg, neuf ans, et sa sœur Emily, dix ans, ainsi que plus de 65 autres élèves Témoins de Jéhovah, sont renvoyés de leurs écoles pour ne pas avoir salué le drapeau. Le papa des deux enfants, Leonardo, intervient auprès des autorités scolaires, mais sans succès. De fil en aiguille, il finit par introduire un recours devant la Cour suprême. Il n’a ni argent ni avocat. La famille prie intensément Jéhovah de lui accorder sa direction. Pendant ce temps, les enfants sont la cible de moqueries et d’insultes. N’ayant aucune formation juridique, Leonardo pense qu’il n’a aucune chance de gagner le procès.

      21 En définitive, la famille est représentée par Felino Ganal, un avocat ayant travaillé dans l’un des plus prestigieux cabinets juridiques du pays. Au moment du procès, il a quitté ce cabinet et est devenu Témoin de Jéhovah. À l’unanimité, les juges de la Cour suprême se prononcent en notre faveur et annulent les avis d’exclusion. Pour ceux qui ont voulu briser l’intégrité des serviteurs de Dieu, c’est un nouvel échec.

      La neutralité mène à l’unité

      22, 23. a) Comment se fait-​il que nous ayons remporté tant de victoires juridiques marquantes ? b) Que prouve l’existence de notre paisible communauté mondiale ?

      22 Comment se fait-​il que le peuple de Jéhovah ait remporté tant de victoires juridiques marquantes ? Nous n’avons aucun poids politique. Pourtant, dans un pays après l’autre, d’un tribunal à l’autre, des juges équitables nous ont protégés des assauts acharnés de nos adversaires et ont, du même coup, établi des précédents en matière de droit constitutionnel. Comment douter que nous n’avons gagné ces batailles que grâce au soutien de Christ ? (lire Révélation 6:2). Cela dit, pourquoi livrons-​nous ces combats ? Ce n’est pas pour réformer le système juridique, mais simplement pour pouvoir servir notre Roi sans entraves (Actes 4:29).

      23 Au milieu d’un monde divisé par les luttes politiques et empoisonné par la haine, Jésus Christ a béni nos efforts pour rester neutres. Satan, lui, a échoué dans ses tentatives pour nous vaincre en suscitant la division parmi nous. Le Royaume a aujourd’hui des millions de sujets qui « n’appren[nent] plus la guerre ». L’existence même de notre paisible communauté mondiale est un miracle, une preuve de plus que le Royaume de Dieu est en action ! (Is. 2:4).

      a Ce tome est également connu sous le titre La Nouvelle Création. La série L’Aurore du Millénium a été appelée par la suite Études des Écritures.

      b Pour plus de détails sur cette prophétie, voir La Révélation. Le grand dénouement est proche !, chapitre 27, pages 184-186.

      c L’accord prévoit également que le gouvernement bulgare propose à tous les objecteurs de conscience un service civil de remplacement sous administration civile.

      d Pour un récit complet de cette affaire, voir l’article « La Cour européenne garantit le droit à l’objection de conscience » dans le numéro du 1er novembre 2012 de La Tour de Garde.

      e En 20 ans, le gouvernement arménien a emprisonné plus de 450 jeunes Témoins. Les derniers d’entre eux ont été libérés en novembre 2013.

      f Le nom de famille a été mal orthographié dans le compte rendu du jugement.

      g Le nom de famille a été incorrectement orthographié Ebralinag dans le compte rendu du jugement.

  • Combats pour la liberté de culte
    Le Royaume de Dieu en action !
    • CHAPITRE 15

      Combats pour la liberté de culte

      CONTENU DU CHAPITRE

      Comment Christ a aidé ses disciples à lutter pour avoir une existence légale et pour leur droit d’obéir aux lois divines.

      1, 2. a) Qu’est-​ce qui prouve que vous êtes citoyen du Royaume de Dieu ? b) Pourquoi les Témoins de Jéhovah doivent-​ils parfois lutter pour la liberté religieuse ?

      ÊTES-​VOUS citoyen du Royaume de Dieu ? Bien sûr puisque vous êtes Témoin de Jéhovah ! Mais qu’est-​ce qui prouve votre citoyenneté ? Ni un passeport ni quelque autre document officiel. Non, la preuve de votre citoyenneté réside dans votre façon d’adorer Jéhovah Dieu. Le vrai culte ne se limite pas à des croyances. Il implique aussi des actions, autrement dit l’obéissance aux lois du Royaume. Ce culte englobe tous les aspects de notre vie, y compris l’éducation de nos enfants et la manière dont nous abordons certaines questions médicales.

      2 Malheureusement, le monde dans lequel nous vivons ne respecte pas toujours cette citoyenneté qui nous tient tant à cœur ni ce qu’elle exige de nous. Des gouvernements ont essayé d’imposer des restrictions à notre culte, voire de l’éliminer purement et simplement. Les sujets de Christ doivent donc parfois défendre leur liberté d’obéir aux lois de leur Roi. Faut-​il s’en étonner ? Non. Aux temps bibliques, il est souvent arrivé au peuple de Jéhovah de devoir se battre pour la liberté de culte.

      3. Pour quoi le peuple de Dieu a-​t-​il dû lutter aux jours de la reine Esther ?

      3 Aux jours de la reine Esther, c’est tout bonnement pour sa survie que le peuple de Dieu a dû lutter. L’infâme premier ministre Hamân avait recommandé au roi perse Assuérus que tous les Juifs du royaume soient tués parce que « leurs lois [étaient] différentes de celles de tout autre peuple » (Est. 3:8, 9, 13). Jéhovah a-​t-​il abandonné ses serviteurs ? Au contraire. Il a béni l’intervention d’Esther et de Mordekaï auprès du roi afin que les Juifs soient protégés (Est. 9:20-22).

      4. Qu’examinerons-​nous dans ce chapitre ?

      4 Et à notre époque ? Comme nous l’avons rappelé au chapitre précédent, des gouvernements s’en sont régulièrement pris à nous. Dans ce chapitre, nous verrons comment certains ont essayé d’entraver notre culte dans trois domaines en particulier : 1) notre droit d’exister en tant qu’organisation et d’adorer Jéhovah à notre façon ; 2) la liberté de choisir un traitement médical conforme aux principes bibliques ; et 3) le droit pour des parents d’élever leurs enfants selon les normes de Jéhovah. Dans chacun de ces domaines, nous découvrirons comment de fidèles citoyens du Royaume messianique ont lutté courageusement pour préserver leur précieuse citoyenneté et comment leurs efforts ont été bénis.

      Existence légale et libertés fondamentales

      5. Quels avantages une existence légale offre-​t-​elle aux vrais chrétiens ?

      5 Avons-​nous besoin d’être reconnus par des gouvernements humains pour adorer Jéhovah ? Absolument pas, mais une existence légale facilite l’exercice de notre culte en nous permettant, par exemple, de nous réunir librement dans des Salles du Royaume et des Salles d’assemblées, d’imprimer ou d’importer des publications bibliques, et de prêcher la bonne nouvelle sans entrave. De nombreux pays reconnaissent officiellement notre existence et nous accordent la même liberté de culte qu’aux membres d’autres religions reconnues. Mais que se passe-​t-​il lorsque des gouvernements nous refusent ce statut ou cherchent à réduire nos libertés fondamentales ?

      6. Quelles difficultés les Témoins de Jéhovah d’Australie ont-​ils connues au début des années 1940 ?

      6 Australie. Au début des années 1940, le gouverneur général décrète nos croyances « préjudiciables » à l’effort de guerre. L’interdiction tombe : les Témoins ne peuvent plus se réunir ni prêcher ouvertement, le Béthel est fermé et les Salles du Royaume saisies. La simple possession de publications bibliques est interdite. Après plusieurs années d’activité clandestine, le soulagement arrive enfin : le 14 juin 1943, la Haute Cour du pays annule l’interdiction.

      7, 8. Quel combat pour la liberté de culte nos frères et sœurs de Russie ont-​ils mené pendant des années ?

      7 Russie. En 1991, après des dizaines d’années d’interdiction, les Témoins de Jéhovah sont enregistrés par le régime communiste. En 1992, l’Union soviétique ayant disparu, c’est la Fédération de Russie qui nous accorde une existence légale. Mais notre accroissement rapide ne tarde pas à agacer, particulièrement dans le camp de l’Église orthodoxe russe. Entre 1995 et 1998, on porte plainte contre nous à cinq reprises. Chaque fois, le procureur ne relève aucune preuve de culpabilité. Déterminés, nos adversaires intentent une action civile en 1998. Nous gagnons en première instance, mais perdons en appel en mai 2001. L’affaire est rejugée en octobre de la même année, et la décision tombe en 2004 : l’entité juridique que nous utilisons à Moscou est dissoute et ses activités interdites.

      8 Une vague de persécution s’abat (lire 2 Timothée 3:12). Nos frères et sœurs sont victimes de harcèlement et d’agressions. Des publications bibliques sont confisquées, la location ou la construction de lieux de culte considérablement entravées. Pensez à ce que nos compagnons doivent ressentir ! En 2001, nous avons introduit un recours auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et en 2004 nous lui communiquons un complément d’information. La décision est rendue en 2010. Percevant clairement l’intolérance religieuse qui a motivé l’interdiction, la cour donne tort aux juridictions inférieures puisqu’aucune preuve de notre culpabilité n’a été apportée. Elle note également que l’interdiction avait pour objectif de priver les Témoins de leurs droits. Sa décision confirme donc notre droit à la liberté de religion. Même si plusieurs autorités russes ne se sont pas conformées à l’arrêt de la CEDH, cette victoire a beaucoup encouragé nos compagnons dans le pays.

      Titos Manoussakis

      Titos Manoussakis (voir paragraphe 9).

      9-11. En Grèce, comment nos frères ont-​ils défendu leur droit de s’assembler pour adorer Jéhovah, et avec quel résultat ?

      9 Grèce. En 1983, à Héraklion (Crète), Titos Manoussakis loue une salle devant servir de lieu de culte à un petit groupe de Témoins de Jéhovah (Héb. 10:24, 25). Très vite, cependant, un prêtre orthodoxe proteste auprès de la police contre l’usage religieux qui est fait de cette salle. Quel est le problème ? Simplement que nos croyances diffèrent de celles de l’Église orthodoxe. Les autorités engagent des poursuites contre Titos Manoussakis et trois autres frères, qui sont, au bout du compte, condamnés à une amende et à deux mois d’emprisonnement. En fidèles citoyens du Royaume, les Témoins considèrent ce jugement comme une violation de leur liberté de culte, aussi poursuivent-​ils le combat jusqu’à, finalement, demander l’arbitrage de la CEDH.

      10 En 1996, la CEDH porte un coup terrible aux adversaires du culte pur. Elle relève que « la confession des Témoins de Jéhovah remplit, dans l’ordre juridique grec, les conditions d’une “religion connue” » et que la décision des instances inférieures « affecte [...] directement la liberté religieuse des requérants ». Elle constate par ailleurs que l’État n’a pas à se prononcer sur « la légitimité des croyances religieuses ou sur les modalités d’expression de celles-ci ». En conséquence, les condamnations infligées aux Témoins sont annulées et leur liberté de culte affirmée.

      11 Cette victoire a-​t-​elle clos le débat en Grèce ? Malheureusement non. En 2012, à Kassandreia, une affaire similaire déclenchée par un évêque orthodoxe a connu son épilogue après 12 longues années de combat juridique. Le Conseil d’État, la plus haute instance administrative du pays, a tranché en notre faveur. Dans son arrêt, il a fait référence à la liberté de religion garantie par la constitution grecque et a réfuté en ces termes l’éternelle accusation selon laquelle nous ne sommes pas une religion connue : « Les doctrines des “Témoins de Jéhovah” ne sont pas cachées ; ils pratiquent donc une religion connue. » Les membres de la petite congrégation de Kassandreia sont heureux de pouvoir enfin tenir des réunions dans leur Salle du Royaume.

      12, 13. En France, comment des adversaires ont-​ils « façonn[é] le malheur par décret », et comment les choses ont-​elles tourné ?

      12 France. Des adversaires du peuple de Dieu n’ont pas hésité à « façonne[r] le malheur par décret » (lire Psaume 94:20). Au milieu des années 1990, l’administration française procède à un contrôle fiscal de l’Association Les Témoins de Jéhovah (ATJ), l’un de nos instruments juridiques. Le ministre du Budget révélera par la suite le véritable objectif de cette opération : « Le contrôle peut déboucher sur des procédures de règlement judiciaire ou sur des actions pénales [...] de nature à déstabiliser le fonctionnement de l’association, voire à la mettre dans l’obligation de cesser ses activités sur notre territoire. » Bien qu’aucune irrégularité ne soit constatée, les services fiscaux imposent à l’ATJ une taxation prohibitive. Si elle réussissait, la tactique ne laisserait à nos frères d’autre choix que de fermer la filiale et de vendre les bâtiments pour acquitter les sommes considérables réclamées. Le coup est rude, mais nous ne baissons pas les bras. Les frères dénoncent vigoureusement ce traitement injuste et, en 2005, introduisent un recours devant la CEDH.

      13 La cour rend son jugement le 30 juin 2011. Elle rappelle que, sauf cas très exceptionnels, le droit à la liberté de religion interdit à l’État d’émettre un jugement sur la légitimité des croyances religieuses ou sur la façon dont celles-ci sont exprimées. Elle déclare également : « La taxation a [...] eu pour effet de couper les ressources vitales de l’association, laquelle n’était plus en mesure d’assurer concrètement à ses fidèles le libre exercice de leur culte. » La cour rend donc une décision unanime en notre faveur. À la grande joie des serviteurs de Jéhovah, le gouvernement français restitue, avec les intérêts, les sommes saisies à l’ATJ, et en exécution de l’arrêt de la cour, lève l’hypothèque placée sur les biens immobiliers de la filiale.

      Priez régulièrement pour vos frères et sœurs qui, victimes de lois injustes, passent par des moments difficiles.

      14. Comment pouvez-​vous participer à la lutte pour notre liberté de culte ?

      14 Comme Esther et Mordekaï à leur époque, les citoyens du Royaume luttent pour être libres d’adorer Jéhovah de la manière dont il le demande (Est. 4:13-16). Pouvez-​vous participer à cet effort ? Oui, en priant régulièrement pour vos frères et sœurs qui, victimes de lois injustes, passent par des moments difficiles, voire sont persécutés. Vos prières leur sont d’une grande aide (lire Jacques 5:16). Ont-​elles une influence sur l’action de Jéhovah ? Nos victoires devant les tribunaux en témoignent largement ! (Héb. 13:18, 19).

      Liberté de choisir un traitement médical conforme à nos croyances

      15. Qu’est-​ce qui guide les serviteurs de Dieu en ce qui concerne l’usage du sang ?

      15 Comme nous l’avons vu au chapitre 11, les citoyens du Royaume ont reçu des conseils bibliques précis pour ne pas faire un mauvais usage du sang (Gen. 9:5, 6 ; Lév. 17:11 ; lire Actes 15:28, 29). Tout en refusant les transfusions sanguines, si courantes aujourd’hui, nous souhaitons bénéficier des meilleurs soins médicaux possibles pour nous et pour ceux que nous aimons, tant que ces soins n’enfreignent pas les lois divines. Les plus hautes juridictions de nombreux pays reconnaissent à leurs citoyens le droit de choisir ou de refuser un traitement médical en suivant leur conscience ou leurs convictions religieuses. Dans certains endroits, cependant, les serviteurs de Dieu rencontrent d’énormes difficultés sous ce rapport. Voici quelques exemples.

      16, 17. Quel traitement médical a choqué une sœur japonaise, et comment ses prières ont-​elles été exaucées ?

      16 Japon. Misae Takeda, 63 ans, doit subir une lourde intervention chirurgicale. En fidèle citoyenne du Royaume, elle explique clairement à son médecin qu’elle ne veut pas recevoir de sang. Or, plusieurs mois après, elle est choquée d’apprendre qu’on lui a administré une transfusion pendant l’opération. Ayant le sentiment d’avoir été violentée et trompée, elle porte plainte contre les médecins et l’hôpital en juin 1993. Bien que de nature effacée, cette ménagère à la voix douce possède une foi exceptionnelle. Lors du procès, dans une salle de tribunal bondée, elle donne un témoignage puissant, restant plus d’une heure à la barre malgré sa mauvaise santé. Un mois avant sa mort, elle comparaît une dernière fois. Son courage et sa foi ne forcent-​ils pas notre admiration ? Sœur Takeda disait qu’elle demandait constamment à Jéhovah de bénir son combat. Elle était convaincue qu’il exaucerait ses prières. L’a-​t-​il fait ?

      17 Trois ans après le décès de sœur Takeda, la Cour suprême du Japon lui donne raison, confirmant qu’on n’aurait pas dû lui transfuser du sang contre sa volonté clairement exprimée. Daté du 29 février 2000, l’arrêt précise que « le droit de décider » en pareille circonstance fait partie des « droits individuels qui doivent être respectés ». Grâce à la détermination avec laquelle sœur Takeda a défendu sa liberté de choisir un traitement médical compatible avec sa conscience éduquée par la Bible, nos frères japonais peuvent désormais se faire soigner sans redouter d’être transfusés contre leur gré.

      Pablo Albarracini

      Pablo Albarracini (voir paragraphes 18 à 20).

      18-20. a) Comment une cour d’appel d’Argentine a-​t-​elle confirmé le droit d’un individu à exprimer par des instructions médicales anticipées son refus de recevoir une transfusion sanguine ? b) Comment montrer que nous sommes soumis à Christ en rapport avec l’usage du sang ?

      18 Argentine. Il peut arriver qu’une décision médicale doive être prise alors que la personne concernée est inconsciente. Comment les citoyens du Royaume se préparent-​ils à cette éventualité ? En ayant toujours sur eux un document juridique qui parlera à leur place. C’est ce qu’a fait Pablo Albarracini. En mai 2012, présent sur les lieux d’une tentative de vol, il est blessé de plusieurs balles. Il arrive à l’hôpital inconscient et donc incapable d’expliquer sa position sur la transfusion sanguine. Toutefois, il porte sur lui un document d’instructions médicales qu’il a établi et signé quatre ans auparavant. Bien que son état soit grave et que des médecins estiment une transfusion indispensable pour le sauver, l’équipe médicale est prête à respecter sa volonté. C’est alors que son père, qui n’est pas Témoin de Jéhovah, obtient d’un tribunal la décision de passer outre à ses instructions.

      19 L’avocat de la femme de Pablo fait immédiatement appel. Quelques heures plus tard, l’injonction est annulée, et la cour ordonne que la volonté du patient, telle qu’exposée dans son document médical, soit respectée. Le père de Pablo se tourne alors vers la Cour suprême. Celle-ci ne trouve « aucune raison de douter que [les instructions médicales par lesquelles Pablo a exprimé son refus de transfusion sanguine] aient été formulées librement, intentionnellement et avec discernement ». Elle précise : « Tout adulte capable est habilité à fournir des instructions anticipées concernant sa santé, et peut accepter ou rejeter certains traitements médicaux [...]. Le médecin qui prend en charge le patient se doit de respecter ces instructions. »

      Un frère fait des recherches dans les publications des Témoins de Jéhovah

      Avez-​vous rempli votre document d’instructions médicales ?

      20 Depuis, frère Albarracini s’est complètement remis. Lui et sa femme sont heureux qu’il ait établi à l’avance ce document médical. En prenant cette mesure simple, mais importante, il a montré sa soumission à Christ, le Chef du Royaume de Dieu. Et vous et votre famille ? Avez-​vous fait de même ?

      April Cadoreth

      April Cadoreth (voir paragraphes 21 à 24).

      21-24. a) Qu’est-​ce qui a conduit la Cour suprême du Canada à rendre une décision importante à propos de l’usage du sang en ce qui concerne les mineurs ? b) Pourquoi ce cas est-​il encourageant pour les jeunes serviteurs de Jéhovah ?

      21 Canada. En général, les tribunaux reconnaissent que les parents ont le droit de décider quels sont les meilleurs soins médicaux pour leurs enfants. Certains ont même jugé qu’en matière de soins il fallait respecter la volonté d’un mineur en capacité de discernement. Témoin le cas d’April Cadoreth. À 14 ans, cette jeune fille est hospitalisée pour une grave hémorragie interne. Quelques mois plus tôt, elle a rempli un document Instructions médicales anticipées pour interdire qu’on lui administre une transfusion sanguine, même en cas d’urgence. Le médecin qui la prend en charge décide de passer outre à sa volonté clairement exprimée et obtient une décision du tribunal l’autorisant à la transfuser. On administre de force à April trois unités de sang. La jeune fille comparera ce qu’elle a subi à un viol.

      22 April et ses parents saisissent la justice, contestant le caractère constitutionnel de la loi qui a été appliquée. Deux ans plus tard, l’affaire arrive devant la Cour suprême du Canada, qui rend sa décision en 2009. D’un point de vue technique, April perd, car la cour confirme la constitutionnalité de la loi ; par contre, elle indemnise la jeune fille de ses frais de justice et lui donne raison, à elle et aux autres mineurs mûrs qui demandent à exercer leur droit de choisir par eux-​mêmes leur traitement médical. L’arrêt déclare : « En matière de traitement médical, les moins de 16 ans devraient avoir le droit de tenter de démontrer que leur opinion sur une décision touchant un traitement médical particulier révèle une indépendance d’esprit et une maturité suffisantes. »

      23 Ce cas a ceci d’important que la Cour suprême s’est prononcée sur les droits constitutionnels des mineurs en capacité de discernement. Avant cet arrêt, pour les moins de 16 ans, un tribunal pouvait ordonner un traitement qu’il jugeait être dans l’intérêt de l’enfant. Désormais, un tribunal ne peut pas ordonner un traitement contre la volonté d’un adolescent de moins de 16 ans sans lui avoir d’abord donné la possibilité de démontrer qu’il est suffisamment mûr pour prendre des décisions médicales.

      « Je suis vraiment très heureuse d’avoir essayé à mon petit niveau de glorifier le nom de Dieu et de prouver que Satan est un menteur. »

      24 Cette bataille de trois ans en valait-​elle la peine ? April n’en doute pas. Aujourd’hui pionnière permanente et en bonne santé, elle dit : « Je suis vraiment très heureuse d’avoir essayé à mon petit niveau de glorifier le nom de Dieu et de prouver que Satan est un menteur. » L’exemple d’April montre que de jeunes chrétiens peuvent prendre des décisions courageuses et se révéler ainsi d’authentiques citoyens du Royaume de Dieu (Mat. 21:16).

      Liberté d’élever ses enfants selon les normes de Jéhovah

      25, 26. Quelle situation survient parfois en cas de divorce ?

      25 Jéhovah a confié aux parents la responsabilité d’élever leurs enfants selon ses normes (Deut. 6:6-8 ; Éph. 6:4). Cette mission délicate le devient encore plus en cas de divorce, car les points de vue sur l’éducation peuvent s’opposer. Par exemple, un père ou une mère non Témoin peut ne pas être d’accord avec la ferme intention de son ex-conjoint d’élever leur enfant dans les principes chrétiens. Le parent Témoin doit évidemment reconnaître que, tout en mettant fin aux relations conjugales, le divorce ne change rien aux relations parent-enfant.

      26 Il arrive que des parents non Témoins réclament la garde des enfants, afin d’empêcher qu’ils soient élevés en Témoins de Jéhovah. Certains prétendent qu’une telle éducation ferait du tort aux enfants, parce qu’elle les priverait de toutes sortes de fêtes, telles que les anniversaires de naissance, et de la possibilité de recevoir une transfusion sanguine « vitale » en cas d’urgence. Heureusement, dans la plupart des cas, les tribunaux cherchent à déterminer ce que sera l’intérêt de l’enfant plutôt qu’à juger du caractère dangereux d’une religion. Considérons quelques exemples.

      27, 28. Comment la Cour suprême de l’Ohio a-​t-​elle répondu à l’accusation selon laquelle il est préjudiciable à un enfant de recevoir une éducation de Témoin de Jéhovah ?

      27 États-Unis. En 1992, la Cour suprême de l’Ohio est appelée à se prononcer sur une affaire où un père affirme qu’il serait préjudiciable à son petit garçon, Bobby, de recevoir une éducation de Témoin de Jéhovah. La juridiction inférieure lui a donné raison et lui a confié la garde de l’enfant. Elle a accordé un droit de visite à la mère, Jennifer Pater, tout en lui interdisant d’« enseigner à l’enfant les croyances des Témoins de Jéhovah et même de le mettre en contact avec celles-ci de quelque manière que ce soit ». La formulation de cette décision peut laisser entendre que sœur Pater n’est même pas autorisée à parler de la Bible et de ses principes moraux à son fils. Imaginez son désarroi ! Mais, comme elle l’expliquera par la suite, elle apprend à compter patiemment sur l’action de Jéhovah. « Jéhovah était toujours près de moi », dira-​t-​elle. Avec l’assistance de la filiale, son avocate a donc introduit un appel devant la Cour suprême de l’Ohio.

      28 La cour conteste la décision de la juridiction inférieure, relevant que « les parents ont le droit fondamental d’éduquer leurs enfants, ce qui inclut le droit de leur communiquer leurs valeurs morales et religieuses ». Elle déclare que, faute d’avoir démontré que les valeurs religieuses des Témoins de Jéhovah représentent un danger pour la santé et l’équilibre mental de l’enfant, la cour ne pouvait pas limiter le droit de garde de l’un des parents à cause de sa religion. Pour sa part, la Cour suprême ne trouve dans les croyances des Témoins rien qui puisse nuire à la santé mentale ou physique de l’enfant.

      Une sœur instruit son enfant

      De nombreux tribunaux ont jugé qu’un parent chrétien pouvait avoir la garde de son enfant.

      29-31. Pourquoi une sœur danoise a-​t-​elle perdu la garde de sa fille, mais qu’a finalement décidé la Cour suprême ?

      29 Danemark. Anita Hansen s’est trouvée dans une situation similaire quand son ex-mari a réclamé la garde d’Amanda, sept ans. En 2000, un premier tribunal accorde la garde à sœur Hansen. Mais le père introduit l’affaire devant la cour d’appel, qui infirme la décision de première instance et lui confie l’enfant. L’argument est celui-ci : les parents ont des points de vue conflictuels sur la vie en raison de leurs convictions religieuses, et le père est le mieux placé pour gérer ces conflits. En clair, sœur Hansen perd la garde d’Amanda parce qu’elle est Témoin de Jéhovah.

      30 Pendant cette épreuve, sœur Hansen est parfois si désespérée qu’elle ne sait plus quoi demander dans ses prières. « Mais, dira-​t-​elle plus tard, les pensées de Romains 8:26 et 27 me rassuraient beaucoup. J’avais toujours le sentiment que Jéhovah comprenait ce que j’aurais voulu lui dire. Il avait l’œil sur moi ; il était toujours avec moi » (lire Psaume 32:8 ; Isaïe 41:10).

      31 Sœur Hansen saisit la Cour suprême du Danemark. Dans son arrêt, celle-ci déclare : « La garde doit être attribuée sur la base d’une évaluation précise de l’intérêt supérieur de l’enfant. » Elle ajoute que cette décision devrait dépendre de la façon dont chaque parent gère les conflits, et non des « doctrines et opinions » des Témoins de Jéhovah. Au grand soulagement de sœur Hansen, la cour reconnaît son aptitude à assumer son rôle et lui rend la garde d’Amanda.

      32. Comment la Cour européenne des droits de l’homme a-​t-​elle protégé des parents Témoins de la discrimination ?

      32 Divers pays d’Europe. Les affaires de garde d’enfants ne s’arrêtent pas toujours aux juridictions nationales. Il arrive que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) soit amenée à se prononcer. Dans deux cas, la CEDH a jugé que les tribunaux des pays concernés avaient opéré entre les parents une différence de traitement reposant sur la religion. Qualifiant ce traitement de discriminatoire, elle a estimé qu’« on ne saurait tolérer une distinction dictée pour l’essentiel par des considérations de religion ». Une maman Témoin de Jéhovah soulagée que la CEDH lui ait donné raison a dit : « Ça m’a fait tellement mal qu’on m’accuse de causer du tort à mes enfants, alors que tout ce que j’essayais de faire, c’était de leur donner ce que je pensais être le mieux : une éducation chrétienne. »

      33. Comment des parents Témoins peuvent-​ils appliquer le principe contenu en Philippiens 4:5 ?

      33 Il va de soi que les parents à qui l’on conteste le droit d’inculquer les principes de la Bible à leurs enfants s’efforcent d’être raisonnables (lire Philippiens 4:5). S’ils apprécient de pouvoir éduquer leurs enfants dans les voies divines, ils reconnaissent que leur ex-conjoint a, lui aussi, le droit d’exercer l’autorité parentale. Cela étant, quelle importance un Témoin de Jéhovah accorde-​t-​il à son devoir d’éduquer ses enfants ?

      34. Comment les parents chrétiens peuvent-​ils s’inspirer de l’exemple des Juifs de l’époque de Nehémia ?

      34 Voyez la leçon qui se dégage d’un épisode biblique. À l’époque de Nehémia, les Juifs ont travaillé d’arrache-pied pour réparer et rebâtir les murailles de Jérusalem. Ils savaient qu’ils se protégeraient ainsi, eux et leurs familles, des nations ennemies. Nehémia leur a adressé cette exhortation : « Combattez pour vos frères, vos fils et vos filles, vos femmes et vos foyers » (Neh. 4:14). Ce combat en valait la peine. Pareillement, les Témoins de Jéhovah ne ménagent pas leurs efforts pour élever leurs enfants dans la vérité. Ils savent que ceux-ci sont exposés en permanence à des influences malsaines à l’école et dans le voisinage. Ces influences peuvent même s’infiltrer dans le foyer par les médias. Parents, n’oubliez jamais qu’il vaut vraiment la peine que vous vous battiez pour procurer à vos fils et à vos filles un environnement sûr où ils pourront s’épanouir spirituellement.

      Soyez sûr que Jéhovah soutient le vrai culte

      35, 36. Qu’avons-​nous gagné à lutter pour la reconnaissance de nos droits, et à quoi êtes-​vous déterminé ?

      35 Il est incontestable que Jéhovah bénit les combats que nous menons pour la liberté de culte. Ces batailles nous offrent souvent l’occasion de donner un puissant témoignage tant devant les tribunaux qu’auprès du grand public (Rom. 1:8). Il n’est pas rare que nos victoires aient aussi pour effet de renforcer les droits civils de nombreux non-Témoins. Ceci dit, les serviteurs de Dieu ne cherchent pas à réformer la société ni à avoir gain de cause uniquement par intérêt personnel. S’ils vont en justice pour faire reconnaître leurs droits, c’est avant tout pour établir le culte pur et en favoriser le développement (lire Philippiens 1:7).

      36 Ceux qui luttent pour la liberté d’adorer Jéhovah nous donnent une belle leçon de foi. Accordons du prix à leur exemple ! Imitons leur foi, convaincus que Jéhovah soutient notre œuvre et nous accorde constamment la force de faire sa volonté (Is. 54:17).

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