La santé pour tous — Un besoin fondamental
LA MÉDECINE moderne a connu des progrès notables. On a percé le mystère des épidémies passées. Des progrès spectaculaires ont abouti aux actuelles prouesses médicales.
Pourtant, les problèmes de santé persistent de façon navrante. En 1978, à l’époque où s’est tenue la Conférence internationale sur les soins de santé primaires, 80 pour cent de la population mondiale rurale et urbaine pauvre était démunie de toute assistance médicale, et 97 pour cent des enfants de moins de cinq ans qui sont morts cette année-là vivaient dans les nations pauvres. Dans les pays dits développés, la détérioration de l’environnement, la pollution et les déchets toxiques sont toujours une menace grandissante pour la vie.
Le bureau européen de l’OMS ne prévoit pas une amélioration de la santé publique, mais une détérioration possible d’ici à l’an 2000. En 1983, il a subventionné la publication du livre Health Crisis 2000, de Peter O’Neill, où il est question de “la brutale prise de conscience” face à la kyrielle de “nouveaux maux” qui se sont sournoisement abattus sur le monde civilisé. Quels sont-ils? Les cancers causés par l’environnement, les maladies cardiaques, la toxicomanie, les troubles mentaux, les maladies sexuellement transmissibles, “le besoin suicidaire des fumeurs et des buveurs” et “l’‘épidémie d’accidents de la route’ qui fauche des vies et engloutit nos ressources financières”. Ces “maux des sociétés d’abondance” gagnent les nations défavorisées.
Des fléaux modernes
Considérons certains de ces fléaux modernes:
Le CANCER constitue la deuxième cause de décès aux États-Unis et serait responsable du quart des décès enregistrés dans ce pays. Dans le monde entier, 40 millions de personnes souffriraient de cette maladie. On ne compte plus les substances cancérogènes.
La POLLUTION. Des produits dangereux et des déchets toxiques souillent l’environnement. On trouve des pesticides dans les aliments. Les fleuves et les mers sont contaminés. Dans certains endroits, même l’eau des puits est polluée.
La TOXICOMANIE ou “la lente descente aux enfers”, comme l’appelle le livre Health Crisis 2000. On lit dans cet ouvrage que le “processus de destruction de l’esprit et du corps d’un jeune (...) est si terrifiant, et le processus de rétablissement si long et éprouvant pour le patient et pour ceux qui l’aident, que ce fléau mérite une attention spéciale”.
Les MALADIES SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES. Avec l’effondrement des mœurs, les maladies vénériennes se répandent à un point tel qu’on en parle comme d’une pandémie — une épidémie universelle. Selon la revue Santé du Monde, “ces maladies se propagent tant dans la population que tout individu ayant des rapports sexuels [avec plusieurs partenaires] court le risque d’être contaminé”.
L’ALCOOLISME. Dans de nombreux endroits, des femmes, des adolescents et même de jeunes enfants grossissent les rangs des alcooliques. On dit que l’alcool a une part de responsabilité dans 40 pour cent des accidents de la circulation. Même celui qui boit un verre avec des amis risque d’endeuiller une famille en voulant prouver son habileté au volant d’une automobile.
LES VOYAGES. La commodité des moyens de transport modernes a rendu possible la propagation rapide d’épidémies à travers le monde. Des voyageurs répandent en tous lieux le SIDA et des souches de virus de la blennorragie résistant à la pénicilline. Il apparaît que “les importants brassages de populations, caractéristiques de notre XXe siècle, ont favorisé le développement de ces maladies”.
L’EXPLOSION DÉMOGRAPHIQUE et l’exode rapide des populations rurales vers des villes déjà surpeuplées compliquent davantage encore les problèmes de santé dans le monde. En 1983, 26 villes comptaient plus de cinq millions d’habitants. En l’an 2000, leur nombre pourrait passer à 60. Selon la revue Santé du Monde, il est possible qu’à cette date plus d’un milliard de personnes “vivent en région urbaine dans un dénuement extrême”. Robert McNamara, ancien président de la Banque mondiale a lancé cet avertissement: “Si les villes ne prennent pas des mesures plus constructives pour lutter contre la pauvreté, alors la pauvreté aura des conséquences plus destructrices sur les villes.”
Ainsi, malgré les efforts consentis par de nombreuses personnes courageuses et dévouées, “la santé pour tous” semble être un objectif inaccessible. En fait, ce slogan n’est pas destiné à être pris au pied de la lettre. Il ne signifie pas que tout le monde pourrait être en bonne santé, mais que chacun pourrait au moins bénéficier des soins de santé primaires. Selon une brochure éditée par l’OMS, l’objectif poursuivi est qu’à l’avenir “les ressources affectées aux services de santé soient équitablement réparties (...), que tous puissent recevoir les indispensables soins de santé primaires (...) et que l’on puisse mieux aborder les problèmes” pour prévenir et soulager les maladies et les infirmités.
[Crédit photographique, page 4]
P. Almasy/OMS