BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower
Watchtower
BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE
Français
  • BIBLE
  • PUBLICATIONS
  • RÉUNIONS
  • jp chap. 3 p. 16-22
  • Charles Taze Russell prend une décision d’une grande portée

Aucune vidéo n'est disponible pour cette sélection.

Il y a eu un problème lors du chargement de la vidéo.

  • Charles Taze Russell prend une décision d’une grande portée
  • Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins
  • Intertitres
  • LA JEUNESSE DE C. T. RUSSELL
  • LES SIGNES DES TEMPS PRENNENT DE L’IMPORTANCE
  • UN PROBLÈME ÉPINEUX TROUVE SA SOLUTION
  • L’INTÉGRITÉ ENVERS LES PRINCIPES EST MISE À L’ÉPREUVE
  • L’ACTION POSITIVE FAIT ÉCHOUER LE COMPROMIS
  • LA FIDÉLITÉ APPORTE DES BÉNÉDICTIONS ACCRUES
  • SIGNES PERMETTANT D’IDENTIFIER LE CANAL CHOISI PAR DIEU
Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins
jp chap. 3 p. 16-22

Chapitre 3

Charles Taze Russell prend une décision d’une grande portée

THOMAS: Jean, une pensée ne m’a pas quitté depuis votre dernière visite. Comment se fait-​il que, lorsqu’on lit quelque chose dans la Bible au sujet de Paul ou d’autres personnages bibliques, on n’éprouve aucune difficulté à accepter leur rôle et leur autorité, tandis que, de nos jours, on a tant de mal à croire qu’un homme ou une organisation quelconque puisse être employé par Dieu?

JEAN: Il ne devrait pourtant y avoir aucune difficulté à cela, quand on se rend compte que les personnes, dont Dieu se sert comme témoins à un moment donné, ressemblent toujours à celles dont il s’est servi au cours des temps. Pensiez-​vous à quelque chose de précis, Thomas?

THOMAS: Oui, bien sûr. La semaine dernière, vous nous avez montré que le besoin d’un monde libre s’était accru depuis les jours des apôtres. Cela n’a pas été difficile à comprendre. Mais qu’en est-​il de toutes les voix qui se sont mises à annoncer: ‘Tel est le chemin à suivre.’ Si Dieu envisageait vraiment de se servir de l’une de ces voix comme témoin, comment pourrions-​nous le savoir? Vous avez souligné de quelle manière C. T. Russell a joint sa voix à ceux qui annonçaient le retour du Seigneur, mais quelles raisons avons-​nous de nous arrêter à lui plutôt qu’aux autres hommes?

JEAN: En voyant de nos jours à quel point cette œuvre a été bénie, nous pouvons dire qu’il y a bien plus de raisons que je ne pourrais vous en fournir en une soirée. Je suis sûr que vous en conviendrez au fur et à mesure que nous avancerons dans notre discussion. Et même en envisageant la chose à la manière des contemporains de Russell, nous pouvons dire qu’il y avait suffisamment de preuves pour ceux qui en demandaient. Au fait, nous abordons là le sujet dont nous voulions discuter ce soir.

LOÏS: Vous pensez à la décision importante que Monsieur Russell a dû prendre à propos de la voie qu’il croyait devoir suivre?

JEAN: C’est exact. Vous vous rappelez que la plupart de ces premiers groupements d’observateurs portaient un intérêt particulier aux calculs chronologiques. Quant à Russell, il envisageait la chose autrement. Il est vrai que, malgré son jeune âge, il abordait n’importe quel sujet avec le même esprit analytique exceptionnel. Il avait acquis la conviction que le but du retour du Christ était plus important que n’importe quelle date à fixer.

LOÏS: À propos, Jean, à quel âge Monsieur Russell s’est-​il mis à étudier?

THOMAS [Il l’interrompt]: C’est justement ce que je voulais vous demander. Ne pourrions-​nous pas interrompre un instant le récit des événements historiques, pour apprendre quelques détails essentiels sur Russell? Il me semble que cela nous permettrait de mieux connaître sa personne.

LA JEUNESSE DE C. T. RUSSELL

JEAN: Je veux bien. Disons tout de suite qu’il n’avait pas encore vingt ans quand il s’est mis à réfléchir sérieusement sur son éducation religieuse et à s’interroger sur les fondements de sa religion. Le mieux, c’est que je vous lise un extrait des premiers paragraphes de sa biographie, publiée dans la Préface de l’édition anglaise de son livre le plus répandu: Le divin Plan des Âges.

Charles Taze Russell, connu dans le monde entier sous le nom de pasteur Russell, auteur, conférencier et ministre de l’Évangile, naquit à Pittsburgh, Pennsylvanie, le 16 février 1852; il mourut le 31 octobre 1916. Il était le fils de Joseph L. et Eliza Birney Russella, tous deux de souche écosso-irlandaise. Il fut instruit dans les écoles publiques et par des précepteursb.

THOMAS: Ce devait être un jeune extrêmement réfléchi.

JEAN: Oui, tout à fait. À la mort de sa mère, il avait neuf ans. Il passait donc beaucoup de temps auprès de son père, en dehors des heures de classe. Un jour, alors qu’il n’avait que douze ans, son père l’a trouvé dans le magasin, à deux heures du matin, absorbé dans l’étude d’une concordance, inconscient du temps écouléc. À l’âge de quinze ans, Russell est devenu l’associé de son père qu’il assistait dans son magasin de confection pour hommes. À vingt et quelques années, il avait aidé son père à étendre leur commerce à plusieurs magasins, et ils étaient en voie de créer une chaîne nationale de succursales, quand Russell a décidé de renoncer complètement aux affaires pour consacrer tout son temps au ministère. La vente de ses titres lui a rapporté plus de 250 000 dollarsd.

THOMAS: Il devait pouvoir compter sur de grandes ressources personnelles et savoir ce qu’il voulait.

JEAN: Il l’a prouvé sous de nombreux rapports. Alors qu’il était encore jeune homme, et avant de connaître la vérité sur les desseins divins, il sortait de nuit pour tracer à la craie des textes bibliques à des endroits bien en vue, de sorte que les ouvriers qui passaient par là soient avertis et sauvés des “tourments de l’enfer”. C’est avec autant de zèle qu’il a enseigné l’amour de Dieu, après avoir compris l’erreur de cette doctrine blasphématoire qu’est l’enfer de feu. Cela explique pourquoi il a placé dans l’œuvre de sa vie tout ce qu’il possédait. L’un de ses proches rapporte l’avoir entendu déclarer avec véhémence:

Si la Bible enseignait que les peines éternelles sont le sort de tous, les saints exceptés, il faudrait les prêcher, oui, les crier sur les toits, chaque semaine, chaque jour, chaque heure; mais si elle ne les enseigne pas, il faut faire connaître ce fait pour effacer la tache odieuse qui déshonore le saint nom de Dieue.

Dans les notes biographiques que je viens de vous lire, il y a encore d’autres pensées que j’aimerais mentionner.

En 1879, le pasteur Russell épousa Maria Frances Ackley. Ils ne connurent pas le bonheur d’avoir des enfants. Dix-sept ans plus tard, les conjoints n’étaient plus d’accord sur la gestion de son journal, ce qui entraîna leur séparation. (...)

Il ne fut pas le fondateur d’une nouvelle religion, et il n’éleva jamais une telle prétention. Il ranima les grandes vérités enseignées par Jésus et les apôtres, et il dirigea la lumière du vingtième siècle sur ces enseignements. Il ne prétendit nullement avoir reçu une révélation particulière de Dieu, mais il estimait que le temps marqué par Dieu pour la compréhension de la Bible était venu, et que, étant entièrement consacré au Seigneur et à son service, il lui était permis de la comprendre. Parce qu’il se consacrait au développement des fruits et des grâces du saint esprit, la promesse du Seigneur s’accomplissait en lui: “Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ.” — II Pierre 1:5-8, Sgf.

LOÏS: Mais qu’en est-​il de la décision que le pasteur Russell a été obligé de prendre, Jean? Vous avez dit qu’elle aurait pu complètement ruiner son œuvre.

JEAN: C’est justement à cela que je pensais quand Thomas m’a demandé des preuves pour montrer que Dieu approuvait l’œuvre du pasteur Russell. À vrai dire, il s’agissait de plusieurs décisions qui se rapportaient toutes, en quelque sorte, à la chronologie. La voie empruntée par Russell allait prendre une signification particulière parce qu’elle le conduisait dans sa première grande épreuve, et que les résultats produits allaient avoir une grande portée.

LES SIGNES DES TEMPS PRENNENT DE L’IMPORTANCE

Vous vous souvenez que le groupe d’étude de Russell en était arrivé à comprendre que le Christ ne reviendrait pas dans la chair, tandis que la plupart des adventistes croyaient et enseignaient le contraire. Le pasteur Russell avait compris que Jésus, à son retour, serait aussi invisible que si un ange était venu.

Puis, en 1876, alors qu’il se trouvait en voyage d’affaires à Philadelphie, le pasteur Russell est entré fortuitement en possession d’un exemplaire du périodique “Le messager du matin” (The Herald of the Morning). C’était N. H. Barbour, de Rochester, dans l’État de New York, qui publiait ce périodique, vous vous en souvenez. Russell était surpris et enchanté de constater qu’il y avait là un autre groupement qui attendait le retour invisible du Christ. Comme leurs points de vue se rapprochaient, il a poursuivi la lecture de cette publication, tout en se rendant compte qu’elle émanait des adventistes. Pourtant, jusque-​là il n’avait guère apprécié leurs doctrines. En fait, quelle que soit l’origine de ces connaissances, Russell cherchait à approfondir davantage l’enseignement de Dieu. Intéressé par la chronologie exposée dans ce périodique, il a immédiatement pris contact avec Barbour pour discuter de la chose en détail. Russell se déclarait prêt à prendre à sa charge les frais qu’entraînerait une telle entrevue avec lui.

Il semble qu’un membre du groupement de Barbour soit entré en possession de la Diaglott de Benjamin Wilson, une traduction du “Nouveau Testament”. Dans Matthieu 24:27, 37, 39, cet homme avait remarqué que le mot coming (venue ou avènement) employé dans la version du roi Jacques était traduit par présence dans la Diaglott. Cette découverte ainsi que les calculs chronologiques avaient amené le groupement de Barbour à soutenir l’idée d’une présence invisible du Christ. Quant à Russell, il s’était d’abord intéressé au but du retour du Christ. Après avoir compris que ce retour devait être invisible, il a été amené à considérer sérieusement les signes des temps. Il était satisfait des preuves fournies par Barbour.

Le pasteur Russell était un homme aux convictions positives, entièrement voué au Seigneur. Voici ce qu’il a écrit plus tard:

Je compris aussitôt que les temps particuliers que nous vivions avaient une grande portée pour notre tâche et notre œuvre de disciples du Christ; de plus, puisque nous vivions au temps de la Moisson, le travail de la Moisson devait être fait, la Vérité présente étant la faucille avec laquelle le Seigneur voulait nous voir accomplir une œuvre de moisson partout parmi ses enfantsg.

Telle est la conviction que Russell a partagée pendant toute sa vie de ministre chrétien.

La rencontre entre Russell et Barbour a eu l’effet suivant: Le groupe d’étude de Pittsburgh s’est affilié à celui de Rochester. Pour permettre à Barbour d’imprimer de nouveau le message dans le périodique Le messager du matin, Russell prélevait sur ses fonds personnels. Ainsi, ils ont décidé que Barbour, imprimeur de son état, se chargerait de l’impression du périodique, tandis que Russell deviendrait co-rédacteur du Messager du matin et qu’il apporterait son aide financière à cette entreprise.

Russell était alors enthousiasmé par l’idée d’un service accompli en harmonie avec ses connaissances de la volonté divine. Mais il n’était pas poussé par l’ambition personnelle. L’une des premières démarches qu’il a faites avec son important message le montre bien, tout en révélant l’une de ses premières déceptions. Permettez-​moi de vous lire ce commentaire:

En 1877, Russell convoqua une assemblée générale de tous les pasteurs d’Allegheny et de Pittsburgh; il leur montra que, selon les Écritures, notre Seigneur était présent et il les adjura d’approfondir ce message puis de le proclamer. Tous les pasteurs de ces deux villes étaient présents et tous refusèrent de croire à ce message. Au cours de la même année, Russell se décida à abandonner son commerce et à consacrer tout son temps et toute sa fortune à l’œuvre que les Écritures indiquaient (...). Pour déterminer si sa ligne de conduite était en harmonie avec les Écritures, et aussi pour démontrer sa propre sincérité, Russell décida de mettre à l’épreuve l’approbation du Seigneur. Pour ce faire, il procéda comme suit: 1) il consacra sa vie à cette cause; 2) il engagea toute sa fortune pour faire progresser cette œuvre; 3) il refusa d’instituer des collectes dans les assemblées et lors des conférences; 4) il fit dépendre l’œuvre de contributions [entièrement] volontaires, non sollicitées, pour assurer la continuation du travail après l’épuisement de sa fortuneh.

LOÏS: Jamais auparavant je n’ai entendu parler d’une chose semblable. Voulez-​vous dire que le pasteur Russell n’a jamais fait faire de collecte, et qu’il n’a jamais sollicité d’argent pendant toute sa vie? Il devait vraiment être un homme courageux et convaincu.

JEAN: C’était un homme de foi, conscient du grand privilège qu’il avait de comprendre la volonté divine. Songez qu’il n’avait que vingt-cinq ans en 1877. Néanmoins, Russell n’a pas hésité, même lorsque tous les conducteurs religieux d’Allegheny et de Pittsburgh ont refusé de saisir la magnifique occasion qui leur était offerte de prendre part à l’œuvre de la moisson, laquelle, croyait-​il, venait de commencer. Sa foi a été largement récompensée.

La même année, en 1877, avec la collaboration de Barbour, Russell a rédigé un livre intitulé “Les trois mondes ou le plan de la rédemption”. Rien de pareil n’avait jamais été publié avant cela. Pour la première fois, les explications sur les prophéties chronologiques étaient rattachées à l’œuvre de Rétablissementi. Déjà à ce moment-​là, on a reconnu que la période de la domination ininterrompue exercée par Satan sur la terre — appelée les “temps des Gentils” — toucherait à sa fin en 1914. Presque aussitôt, Russell s’est vu dans l’obligation de prendre une autre décision importante.

UN PROBLÈME ÉPINEUX TROUVE SA SOLUTION

LOÏS: La décision que le pasteur Russell était forcé de prendre concernait-​elle 1914?

JEAN: Pas particulièrement. Elle concernait son association avec Barbour et son attachement à la vérité, telle qu’elle avait été révélée jusque-​là. À propos de cette épreuve, il est bon de se rappeler les paroles de Russell parues dans La Tour de Garde, sous l’en-tête de Luc 22:31 (Sg): “Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment.” Voici ce que dit Russell:

Jusqu’alors tout s’était déroulé sans heurt. Nous avions été abondamment bénis dans la Vérité; quant à notre amour et notre fidélité, nous n’avions cependant pas subi d’épreuve particulière. Mais l’été de 1878, temps qui correspond à celui qui s’est écoulé entre la crucifixion de notre Seigneur et le moment où il a prononcé les paroles citées plus haut, marqua le début du criblage qui s’est poursuivi depuis et qui doit tôt ou tard éprouver quiconque accepte la lumière de la Vérité présente.

“Ne soyez point surpris de l’incendie qui s’est allumé au milieu de vous pour vous éprouver, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire”, car “le feu même éprouvera ce qu’est l’ouvrage de chacun (...)”. [I Pierre 4:12; I Cor. 3:13, AC.]

Le but de cette épreuve et de ce criblage est évidemment de faire un tri parmi tous ceux dont les désirs du cœur sont dénués de tout égoïsme et qui se sont entièrement consacrés au Seigneur, sans réserve; étant tellement désireux de voir s’accomplir la volonté du Seigneur et étant animés d’une si grande confiance en sa sagesse, en ses voies et en sa Parole, ils ne permettent pas que les sophismes d’autres hommes ou leurs propres plans ou pensées les éloignent de la Parole du Seigneur. Même lorsque, en ce temps de criblage, leur foi est mise à l’épreuve par les milliers qui tombent dans l’erreur à leur côté, ils seront fortifiés et ils augmenteront leur joie dans le Seigneur ainsi que leurs connaissances de ses plans. — Ps. 91:7j.

Puis, le pasteur Russell expose un point de vue erroné que tous avaient partagé jusqu’à ce moment-​là. Sur la base de la déclaration que Paul a formulée dans I Corinthiens 15:51, 52, on s’attendait à voir “les saints en vie être enlevés subitement et miraculeusement avec leur corps, pour être désormais auprès du Seigneur pour toujours”. Comme on croyait que cela aurait lieu en 1878, certains ont été déçus parce que rien de visible ne s’est produit. Cependant, le pasteur Russell a été amené à réexaminer le passage biblique. Il a alors compris que leur “faute reposait sur le fait que l’on s’attendait à voir tous les saints en vie être changés en un instant et sans mourir, point de vue erroné que partageaient toutes les grandes Églises. Or, cette erreur, nous ne l’avions ni relevée ni écartée”. En soumettant ce texte à un nouvel examen, Russell a compris que la vraie signification des paroles de l’apôtre était que ceux qui allaient faire partie du corps du Christ et qui seraient encore en vie lors de la présence ou après le retour du Christ ne resteraient pas inconscients dans la tombe comme ceux qui avaient vécu avant le retour du Christ. Au contraire, à leur mort ils allaient être changés instantanément pour être présents auprès de lui. À vrai dire, le passage biblique lui avait livré une révélation importante que beaucoup de fondamentalistes n’ont pas encore comprise. Et Russell de conclure: “Ainsi, ce nouvel examen jeta une lumière accrue sur notre sentier et nous servit grandement d’encouragement, fournissant la preuve de ce que le Seigneur continuait lui-​même à conduire l’œuvre.”

L’INTÉGRITÉ ENVERS LES PRINCIPES EST MISE À L’ÉPREUVE

Mais pendant qu’il me fut donné d’avoir des vues plus claires et des espoirs plus vifs et que je m’efforçais assidûment d’aider autrui, le printemps de 1878 se révéla être tout, sauf une bénédiction pour M. Barbour et pour bien des personnes soumises à son influence. Ayant rejeté la solution claire et simple exposée plus haut, M. Barbour semblait nourrir le sentiment qu’il devait nécessairement élaborer quelque chose de nouveau pour détourner l’attention de la déception provoquée au sujet des saints en vie qui ne seraient pas enlevés. Mais hélas! qu’il est dangereux pour tout homme d’avoir un sentiment exagéré de ses responsabilités et de tenter de hâter la nouvelle lumière! À notre douloureuse surprise, M. Barbour écrivit peu après un article pour Le messager du matin, article dans lequel il rejetait la doctrine de la rédemption, reniant que la mort du Christ fût le prix de rachat payé pour Adam et sa descendance. Il affirmait que la mort de notre Seigneur ne pouvait pas plus servir de paiement pour le châtiment des péchés du genre humain que des parents terrestres ne considéreraient comme un règlement approprié pour un écart de conduite de leur enfant le fait de percer le corps d’une mouche avec une épingle pour la faire souffrir et mourir. J’étais étonné, car j’avais supposé que M. Barbour avait une compréhension claire de l’œuvre du Christ en tant que sacrifice propitiatoire pour nous (...). Ou j’avais attribué à M. Barbour des connaissances plus claires qu’il n’en avait jamais possédé, ou alors il enlevait délibérément sa robe de noce, la justice du Christ, pour la rejeter. Il ne restait qu’à tirer cette dernière conclusion, car M. Barbour déclara par la suite qu’il avait naguère reconnu la mort du Christ comme prix de rachat pour le genre humaink.

THOMAS: Que voulait-​il dire par l’expression “robe de noce”?

JEAN: Russell faisait allusion à la comparaison donnée par Jésus dans Matthieu 22:11-14. Cette parabole décrit un roi qui invite des convives au mariage de son fils. Les premiers invités ayant refusé de venir, le roi envoie ses esclaves dans les rues et les sentiers pour en rassembler d’autres. Mais au festin de mariage, il aperçoit un homme qui n’a pas revêtu le vêtement de circonstance, ce qui prouve un manque de reconnaissance. Le roi ordonne qu’il soit jeté dehors. Par cette parabole, Jésus montre que seules auront le droit de rester au sein de l’assemblée de ses élus les personnes qui se seront convenablement identifiées comme étant en complète union avec lui. En appliquant ainsi cette comparaison, Russell indiquait que Barbour, en rejetant les mérites du sacrifice rédempteur de Jésus, avait délibérément répudié son identité chrétienne. Pierre nous a mis en garde contre cette manière d’agir, en déclarant: “Il y eut aussi de faux prophètes parmi le peuple, comme il y aura de faux enseignants, parmi vous. Ceux-ci introduiront silencieusement des sectes destructrices et renieront même le propriétaire qui les a achetés, attirant sur eux-​mêmes une prompte destructionl.”

MARIE: Le pasteur Russell n’avait alors que vingt-six ans, tandis que M. Barbour était beaucoup plus âgé. D’ailleurs, Le messager du matin était le périodique de M. Barbour en ce sens que c’était lui qui avait commencé à l’éditer. Mais c’est le pasteur Russell qui le finançait au moment où la division s’est produite. Il aurait donc facilement pu être influencé par la position de M. Barbour. Le pasteur Russell aurait pu hésiter à s’opposer à lui par crainte de perdre le terrain qu’ils avaient gagné ensemble.

L’ACTION POSITIVE FAIT ÉCHOUER LE COMPROMIS

JEAN: Mais malgré son jeune âge, il savait par l’étude de la Bible que le compromis est le commencement de l’apostasie, et qu’il serait fatal d’abandonner les principes et les vérités de Dieu pour des raisons d’opportunisme. Cette fois, l’intégrité de Russell envers la vérité allait subir sa première vraie épreuve. La voie qu’il choisit allait produire des effets immédiats et décisifs. Il rédigea aussitôt un article pour Le messager du matin, afin de dénoncer l’erreur. Pendant plusieurs mois, il fit paraître des articles analogues; il déclara alors:

Il devint maintenant clair pour moi que le Seigneur ne me demanderait plus désormais de donner mon appui financier à une chose qui exercerait une influence contraire au principe fondamental de notre sainte religion, ni de m’associer à une telle cause. C’est pourquoi, après un effort prudent mais infructueux en vue de ramener l’égaré, je me retirai entièrement du Messager du matin et de toute association future avec M. Barbour. Mais il ne me semblait pas suffisant de m’être retiré pour démontrer ma loyauté ininterrompue envers notre Seigneur et Rédempteur (...). Je compris donc que selon la volonté du Seigneur il m’incombait de lancer un nouveau périodique dans lequel la bannière de la Croix serait tenue bien haut, la doctrine de la Rançon défendue et la bonne nouvelle de grandes joies proclamée aussi largement que possible.

Agissant ainsi sous la conduite du Seigneur, je cessai de voyager, et en juillet 1879 sortit de presse le premier numéro de “La Tour de Garde et Messager de la présence de Christ” (THE WATCH TOWER AND HERALD OF CHRIST’S PRESENCE). Dès le début, ce périodique s’est fait le défenseur particulier de la Rançon; et, par la grâce de Dieu, nous espérons qu’il le sera jusqu’à la fina.

On ne pouvait pas prévoir, à cette époque-​là, les lointains effets que produirait cette audacieuse prise de position pour la pure doctrine. Cependant, il est maintenant évident que si Russell avait accepté des compromis sur cette question vitale, son service pour Jéhovah n’aurait pas eu plus de valeur que les sacrifices d’animaux tarés offerts par les conducteurs de la chrétienté apostate. C’était là un temps de grandes décisions. Le temps était venu où le Christ Jésus, en qualité de représentant de Jéhovah, devait choisir le canal qui servirait à rassembler sa classe du “blé”.

Ces vérités de la Parole de Dieu, Russell et ses proches ne les avaient apprises qu’à force d’études soigneuses et assidues. Ils les ont acceptées parce qu’ils étaient animés de l’honnête conviction que le temps était maintenant venu pour Jéhovah d’appeler “des ténèbres à son admirable lumière” tous les hommes qui désiraient sincèrement connaître et faire la volonté divine. La situation de Russell nous fait songer au passage biblique de Galates 2:4, 5. Loïs, voudriez-​vous nous le lire?

LOÏS [Elle lit]: “Et cela, à cause des faux frères qui s’étaient furtivement introduits et glissés parmi nous, pour épier la liberté que nous avons en Jésus-Christ, avec l’intention de nous asservir. Nous ne leur cédâmes pas un instant et nous résistâmes à leurs exigences, afin que la vérité de l’Évangile fût maintenue parmi vous.” Ces paroles sont de Paul, n’est-​ce pas?

JEAN: C’est juste. Lui aussi se trouvait en présence de nombreux problèmes analogues dans la congrégation primitive. Il ne s’est pas contenté de rester fermement attaché à la vérité de la Parole de Dieu, mais il a encore écrit de nombreux conseils encourageants pour nous qui vivons aujourd’hui. Aussi, tout comme Paul, Russell et ceux qui se sont joints à lui dès le début ont été grandement bénis pour leur fidélité.

LA FIDÉLITÉ APPORTE DES BÉNÉDICTIONS ACCRUES

Ces convictions, auxquelles s’est ajoutée l’expérience concluante faite avec Barbour et Le messager du matin, ont amené Russell à comprendre que si ce petit noyau de vrais chrétiens voulait maintenir son intégrité envers la volonté divine, il lui faudrait surveiller de près la publication de ces vérités, assurer la parution de son propre périodique ainsi que d’autres écrits, en restant séparé de tout autre groupement. En vérité, ces vrais chrétiens ont connu un début modeste. Mais cela nous rappelle le texte de Zacharie 4:10 (CT): “Car qui mépriserait le temps des petites choses?” Ces jours-​là, commençant en 1879, moment où le petit groupement de Pittsburgh s’est retrouvé seul pour travailler, étaient bel et bien des jours de “petites choses”.

Le premier numéro du “Phare de la Tour de Sion, Messager de la présence de Christ” (Zion’s Watch Tower and Herald of Christ’s Presence), du 1er juillet 1879, se limitait à 6 000 exemplairesb. C. T. Russell en était le rédacteur, tandis que cinq autres étudiants de la Bible, ayant atteint la maturité, allaient régulièrement fournir des articles. Les premières paroles de ce nouveau périodique sont intéressantes à lire:

Voici le premier numéro de la première année de “ZION’S WATCH TOWER”. Il ne sera pas inutile de faire connaître le but de sa parution. Que nous vivions “dans les derniers jours”, “le jour du Seigneur”, à “la fin” de l’âge de l’Évangile, et, par conséquent, à l’aurore du “nouvel” âge, ce sont là des faits que l’étudiant assidu de la Parole peut discerner, s’il est conduit par l’esprit; mais les signes extérieurs que le monde peut reconnaître rendent, eux aussi, le même témoignage, et nous désirons que la “famille de la foi” soit pleinement consciente de ce faitc.

Dès le commencement, le périodique a rendu témoignage au nom de Jéhovah, car il est dédié à Jéhovah et aux intérêts de son Royaume. Dans son deuxième numéro, le périodique disait ce qui suit sous le titre “Désirez-​vous lire ‘La Tour de Garde de Sion’?”:

“La Tour de Garde de Sion” a, nous le croyons, JÉHOVAH comme soutien, et tant qu’il en sera ainsi, elle ne demandera ni ne sollicitera jamais l’appui des hommes. Quand Celui qui dit: “Tout l’or et tout l’argent des montagnes sont à moi” ne daignera plus pourvoir aux fonds nécessaires, nous comprendrons que le moment est venu d’en suspendre la parutiond.

Deux ans plus tard, le nom et l’identité de Jéhovah ont été traités. Dans le numéro de juillet 1882 a été publié un article de sept pages, intitulé “Écoute, Israël: Jéhovah, notre Dieu, est seul Jéhovah”. Cet article réfutait la doctrine de la “trinité”, soit l’enseignement d’“un seul Dieu en trois personnes”. En août 1882 a été posée la question de savoir s’il convenait d’appliquer le nom de “Jéhovah” au Père ou au Christ. Voici la réponse:

C’est avec confiance que nous affirmons que dans les Écritures le nom de Jéhovah n’est jamais appliqué à nul autre qu’au Père. Que ceux qui prétendent le contraire produisent un texte et qu’ils démontrent que celui-ci s’applique à Jésus ou à quelqu’un d’autre que le Père. Voici comment on peut prouver la chose d’une manière concluante: Les écrivains du Nouveau Testament citent souvent l’Ancien Testament; citent-​ils une seule fois un passage où figure le mot Jéhovah pour l’appliquer à Jésus? Nous prétendons qu’ils ne le font pas. Au contraire, nous allons emprunter une citation parmi tant d’autres analogues où le mot est clairement appliqué, non à Jésus, mais au Père. Le Psaume 110:1 (Da) déclare: “L’Éternel (Jéhovah) a dit à mon Seigneur (adon — maître): Assieds-​toi”, etc. Lisez attentivement comment ce passage est appliqué par Jésus (Luc 20:41-44) et par Pierre (Actes 2:34-36, 33). À lui seul, ce texte suffit, tant que l’on ne nous aura pas répondu. Si quelqu’un arrive à le déformer, nous en aurons d’autres à sa dispositione.

Ainsi, le pasteur Russell agissait et servait en qualité de témoin de Jéhovahf.

SIGNES PERMETTANT D’IDENTIFIER LE CANAL CHOISI PAR DIEU

Vous voyez donc, Thomas, que sous de nombreux rapports les preuves commençaient à s’accumuler. Elles montraient que de toutes les voix primitives qui s’étaient fait entendre, Jéhovah avait choisi la publication que nous appelons à présent La Tour de Garde, pour s’en servir comme canal par lequel il apporterait au monde une révélation de sa volonté. Et par les paroles révélées dans les colonnes de cette publication, Dieu commencerait à diviser la population de ce monde en deux classes: celle qui ferait la volonté divine et celle qui ne la ferait pas. Pour cette raison, 1879 a été un tournant dans l’œuvre. Ce petit groupement, dirigé par C. T. Russell, venait d’être éprouvé et reconnu apte à entreprendre la grande campagne préliminaire qui devait conduire au point culminant attendu pour 1914. Mais quelle œuvre cette petite troupe pouvait-​elle s’attendre à accomplir dans le monde entier, en moins de quarante ans? Même dans des conditions favorables, cette tâche devait paraître gigantesque. Néanmoins, ces hardis prédicateurs itinérants se sont mis en route, littéralement à pied, pour accomplir cette tâche, tout en sachant qu’ils auraient à faire face à l’opposition la plus acharnée. Quant au monceau de louanges qu’ils ont édifié au nom de Jéhovah en une quarantaine d’années, il ne pouvait être réalisé que de la façon annoncée dans Zacharie 4:6 (AC): “Ni par une armée, ni par la force, mais par mon Esprit, dit Jéhovah des armées.” Jéhovah seul pouvait ainsi nourrir et diriger son peuple.

[Notes]

a a J. L. Russell mourut en 1897, à l’âge de 84 ans, après avoir été un fidèle associé de son fils dans les activités de la Société (w 1er janv. 1898, p. 4).

b b Études des Écritures (1886), tome I, Préface “Biographie”, p. 1 (éd. angl. 1926). Voir aussi w 1916, p. 356.

c c Études des Écritures (1917), tome VII, p. 63 (2e éd.).

d d A Great Battle in the Ecclesiastical Heavens (1915), par J. F. Rutherford, p. 16.

e e Études des Écritures (1886), tome I, Préface “Biographie”, p. 18 (éd. angl. 1926).

f f Ibid., pp. 1, 2.

g g w 1916, p. 171.

h h Études des Écritures (1917), tome VII, pp. 65, 66 (2e éd.).

i i w 1916, p. 171.

j j Ibid., p. 172.

k k w 1916, p. 172.

l l II Pierre 2:1.

a m w 1916, pp. 172, 173. Le 1er janvier 1909, ce nom fut changé en “La Tour de Garde et Messager de la présence de Christ” (The Watch Tower and Herald of Christ’s Presence) [changement opéré en français en avril 1909]. (Voir explication dans wF août 1909, p. 16.) Puis, le 15 octobre 1931, il fut changé en The Watchtower and Herald of Christ’s Presence [en français, dès décembre 1931, seul le cliché change]; le 1er janvier 1939, le nom fut changé en The Watchtower and Herald of Christ’s Kingdom [en français, dès le 15 janvier 1939: La Tour de Garde et Messager du Royaume de Christ]; le 1er mars 1939, en The Watchtower Announcing Jehovah’s Kingdom [en français, dès le 15 mai 1939: La Tour de Garde, Annonciatrice du Royaume de Jéhovah; le 15 avril 1952, le périodique reçut en français son titre actuel: La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah]. À partir de son premier numéro jusqu’en décembre 1891, il paraissait une fois par mois; à partir du 1er janvier 1892, deux fois par mois (voir w 1891, p. 173) [En français, le premier numéro mensuel parut en octobre 1903, et le premier numéro bimensuel le 1er octobre 1933]. La périodicité des éditions en d’autres langues est variable.

b n w août 1879, p. 2.

c o w juillet 1879, p. 3.

d p w août 1879, p. 2.

e q w août 1882, pp. 2, 3.

f r À la page 20 de l’ouvrage “Les trois mondes” (The Three Worlds, 1877), on rencontre le nom de Jéhovah au lieu de l’expression “le Seigneur” quand Sophonie 3:9 (American Standard Version) est cité: “Car alors je tournerai le peuple vers une langue pure, afin qu’ils puissent tous invoquer le nom de Jéhovah, pour le servir d’un commun accord.” Russell connaissait donc de bonne heure le nom divin.

    Publications françaises (1950-2025)
    Se déconnecter
    Se connecter
    • Français
    • Partager
    • Préférences
    • Copyright © 2025 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
    • Conditions d’utilisation
    • Règles de confidentialité
    • Paramètres de confidentialité
    • JW.ORG
    • Se connecter
    Partager