Une protection efficace
L’ANCIENNE Égypte avait une forte armée de chars et de chevaux qui constituaient à l’époque le matériel de guerre le plus efficace. Ses exploits militaires firent d’elle la première puissance mondiale de l’Histoire et l’Égypte était si sûre de sa force qu’un arrogant pharaon osa traiter avec mépris les intérêts mêmes du Créateur et son peuple élu alors asservi à l’Égypte. Il dit en effet : “ Qui est Jéhovah pour que j’obéisse à sa voix, en laissant aller Israël ? Je ne connais pas Jéhovah, et je ne laisserai pas aller Israël. ” (Ex. 5:2, Cr 1905). Pharaon et l’Égypte tout entière apprirent qui est Jéhovah, mais au prix de l’élite de leur armée et de son chef qui périrent dans la mer Rouge. — Ex. 14.15-31.
L’Assyrie succéda à l’Égypte et fut un conquérant aussi impitoyable que sanguinaire. Elle aussi eut une puissante armée qui écrasa toute opposition, jusqu’au jour où l’un de ses chefs qui était particulièrement agressif, le roi Sanchérib, la conduisit contre le peuple de Dieu établi dans la Terre promise. C’est alors qu’en une seule nuit l’ange de Jéhovah extermina 185 000 hommes de ceux qui faisaient la gloire de l’Assyrie, forçant le reste de l’armée disloquée à fuir lamentablement. — Ésaïe, chapitres 36 et 37.
Plus tard encore, la puissante Babylone fut la première à gagner le titre de “ maîtresse des royaumes ”. Sa capitale était entourée de murailles hautes de 105 mètres et larges de 26, d’un mur intérieur et d’un fossé, et de chaque côté 25 portes de bronze gardaient ses entrées. On la disait imprenable ! Pourtant, par une nuit sombre, pendant que l’infâme Belschatsar avait l’audace impie de boire à l’honneur des dieux-démons dans les vases volés du temple où l’on adorait Jéhovah, la ville ivre fut surprise, assaillie et saccagée par les Mèdes et les Perses. — Daniel, chapitre 5.
Renforçant toujours leur autorité par une imposante armée, ces puissances et leurs vassaux détinrent tour à tour le contrôle de la vie des hommes. Le glaive leur servait de loi mais il était incapable de prévenir la guerre. Cette règle est encore vraie de nos jours. Bien que nous soyons parvenus à ce qu’on appelle “ l’âge du cerveau ”, les nations préfèrent recourir à la force pour régler leurs différends. Rien n’est changé sinon que les guerres ont pris des proportions beaucoup plus grandes.
Jésus-Christ avertit du triste sort qui attend ceux qui mettent leur confiance dans les instruments de guerre. Il savait certainement ce qui était arrivé à l’Égypte, à l’Assyrie, à Babylone et aux autres puissances du même genre. Sans doute reconnaissait-il dans Rome une nouvelle nation qui finirait de la même façon. Quoi qu’il en soit, voici ce qu’il dit un jour à un disciple trop pressé de le défendre : “ Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. ” — Mat. 26:52.
Jésus recommanda avec force à ses disciples d’instruire à l’aide de la Parole de Dieu et non de conquérir au moyen de tanks, d’armées et de canons. Ils devaient faire des disciples “ dans toutes les nations ” et non se faire eux-mêmes des juges et les instruments de la vengeance divine. Jésus, qui n’est certainement pas un pacifiste, a déjà été désigné au commandement des armées de Jéhovah qui exécuteront sa vengeance lors de la bataille d’Harmaguédon. En attendant cet événement, ses disciples participent ici-bas à une œuvre de prédication bénie en faisant connaître l’avertissement de Dieu ; il leur est parfois difficile d’avancer sur cette voie parce que des adversaires les persécutent et les haïssent sans raison. C’est pourquoi Jésus leur dit : “ Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. ” — Mat. 24:14 ; 28:19, La Bible de Jérusalem ; I Tim. 2:4 ; Mat. 5:44, 45, Sy.
Bien que nous assistions aujourd’hui à la plus grande course aux armements de tous les temps, il est des hommes qui pensent, des hommes à l’intelligence supérieure qui occupent des positions en vue, et qui n’ont pas hésité à dire ouvertement le peu de crédit qu’ils accordaient aux armes comme moyen efficace pour défendre la paix. En 1949, John Foster Dulles qualifia de “ dangereuse ” une telle ligne de conduite ; et si la puissance économique et militaire “ peut être développée par le moyen de lois et d’annexions ” a-t-il ajouté, “ la puissance morale ne saurait être assurée par un décret du Congrès. Elle dépend des relations existant entre la nation et son Dieu ”.
Dans un éditorial paru le 26 mai 1950 dans le U.S. News World & Report, David Lawrence, éditeur de ce journal, déplorait l’attitude défaitiste de ceux qui veulent qu’il n’y ait “ pas d’autre solution que de menacer quand on nous menace — et que l’on peut seulement éviter la guerre en faisant craindre aux Russes la perspective d’être vaincus ”. Puis il demanda ouvertement : “ Pourquoi devrions-nous exclure de la politique internationale la philosophie enseignée par Jésus en disant qu’elle est impraticable et idéaliste ? Est-ce que le christianisme est simplement une chose que nous honorons des lèvres dans nos églises mais que nous refusons d’accepter comme règle de conduite lorsqu’il s’agit de traiter avec un ennemi présumé ? Ne faisons-nous aucun cas de cette occasion qui nous est offerte de toucher tout un peuple en faisant preuve d’humilité et d’indulgence chrétiennes ? Oserions-nous essayer d’entrer en contact avec les Russes d’une façon purement chrétienne ? Et si nous l’essayions, sommes-nous à même de faire le sacrifice nécessaire pour arriver au véritable résultat que nous désirons ? ”
Jésus travailla dans l’intérêt de la paix durable dans un monde à venir, qui doit subsister à jamais et dans lequel “ la justice habitera ”. (II Pi. 3:13.) Il serait donc peu sage de mettre sa confiance dans des chars, dans une cavalerie, dans une armée ou dans de grandes murailles — choses susceptibles de donner une heure de gloire militaire mais conduisant à la honte éternelle dans le néant. Comment la société du monde nouveau pourrait-elle penser assurer la paix dans une ambiance de haine et de rivalité ? Non vraiment, les voies de ce vieux monde sont maintenant sans issue. Voici ce que Jésus enseigna concernant le nouveau système de choses : “ Tu aimeras le Seigneur (Jéhovah), ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes. ” — Mat. 22:37-40.
Mais alors, devrions-nous attendre le monde nouveau pour mettre ces principes en pratique et, en attendant, rendre la pareille pour la haine et la violence qui se déchaînent aujourd’hui contre les chrétiens ? Devrions-nous rendre coup pour coup et vanter les bienfaits du christianisme en employant la manière forte et en accumulant des masses d’armes atomiques ? Est-ce ainsi que nous serons les fils de notre Père qui est dans les cieux ? Si vous hésitez encore devant les résultats de telles méthodes, jetez un coup d’œil sur ce monde affligé et plongé dans la crainte, sur ce monde moderne et “ pratique ” qui les a essayées. Les chrétiens connaissent quelque chose de meilleur. Ils savent que pour annoncer la bonne nouvelle à ce monde, dans le dessein de venir en aide aux personnes de bonne volonté qui s’y trouvent, ils n’ont pas besoin de recourir à ses mauvais principes ni de se façonner à sa misérable image. Ils s’efforcent au contraire d’exercer les qualités qui survivront à Harmaguédon et qui caractérisent la société du monde nouveau. Ces qualités sont “ l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur (et) la tempérance ”, et elles constituent une partie de la protection efficace. — Gal. 5:22, 23.