Coup d’œil sur le monde
PLAGES OUVERTES À TOUS
Le 16 novembre 1989, le président sud-africain Frederik De Klerk a déclaré que les plages du pays seraient désormais ouvertes à toutes les races. Selon le New York Times, il a également promis l’abrogation prochaine de la loi de 1953 relative à la séparation des services et des lieux publics selon les races, loi qui réserve aux seuls Blancs l’accès à certains parcs, piscines, bibliothèques et moyens de transport. Opposé à l’abolition de cette loi, le Parti conservateur a accusé le président De Klerk de placer l’Afrique du Sud sur la voie d’une “fusion totale des races”. Certains des lieux publics en question, y compris de nombreuses plages, avaient pourtant déjà été ouverts à tous avant l’allocution présidentielle, sans que cela ait fait de remous. L’abolition ne concernerait pas les hôpitaux, les écoles et les zones d’habitations pour lesquels la ségrégation est appliquée.
LE SIDA DANS LES ANNÉES 90
Lors d’une conférence tenue en France, à Marseille, le docteur Jonathan Mann, responsable du programme mondial de lutte contre le SIDA à l’Organisation mondiale de la santé, a prédit une formidable propagation du SIDA dans le monde pour les années 90. Il se peut que quelque 10 millions de personnes réparties dans 152 pays soient actuellement porteuses du virus. D’ici l’an 2000, le SIDA pourrait avoir fait six millions de victimes. Dans son compte rendu de la conférence, le Times de Londres évoque la situation particulièrement dramatique de l’Afrique. À Dar-es-Salam, en Tanzanie, 42 % des femmes travaillant dans les bars et les restaurants seraient séropositives. En Côte d’Ivoire, 30 % des adultes seraient contaminés. Pour ce qui est des États-Unis, l’Institut Hudson parle d’“une catastrophe [qui] balaie l’Amérique”, annonçant que 14,5 millions d’Américains environ seront contaminés d’ici 2002 et que le virus tuera plus d’Américains dans les dix ans à venir que toutes les guerres de l’histoire des États-Unis.
“FILTRES BIOLOGIQUES”
Pour assainir les quelque 1 225 hectares du lac de Zoommeer, aux Pays-Bas, les autorités néerlandaises ont décidé d’innover, projetant d’utiliser des moules comme agents dépolluants. D’après le quotidien parisien International Herald Tribune, les moules sont de véritables “filtres biologiques”. Des expériences ont montré qu’elles consomment et éliminent certains métaux et produits chimiques toxiques. Leurs déjections contaminées se déposent sur le fond, où elles peuvent être récupérées par dragage. Les spécialistes affirment que ces mollusques peuvent ainsi réduire respectivement de plus de 50 % et d’au moins 30 % les taux de PCB (polychlorobiphényles) et de cadmium de l’eau.
DATATIONS DOUTEUSES
Au terme d’une étude commandée par le Conseil britannique de recherche scientifique et d’ingénierie, il apparaît que nombre de laboratoires spécialisés dans la datation au radiocarbone d’objets de fabrication humaine sont bien loin de fournir des résultats aussi exacts qu’ils le prétendent. Des objets d’âge connu ont été envoyés à 38 laboratoires du monde entier pour être datés. Seulement sept de ces organismes ont fourni des chiffres jugés “satisfaisants”. “La marge d’erreur (...) est parfois deux ou trois fois supérieure à celle avancée par les techniciens qui ont procédé aux mesures”, écrit la revue britannique New Scientist. De tels écarts autorisent à mettre un bémol au ton souvent péremptoire avec lequel est énoncé l’âge d’objets anciens, notamment lorsque ces assertions contredisent la chronologie biblique.
BRACONNAGE ET MÉDECINE ORIENTALE
Depuis quelque temps, les gardes forestiers des contrées sauvages canadiennes découvrent de plus en plus de cadavres d’ours amputés des pattes et de la vésicule biliaire. La revue canadienne Maclean’s explique qu’à elles seules les pattes et la vésicule d’un ours peuvent rapporter au braconnier jusqu’à 5 000 dollars; la médecine asiatique traditionnelle leur attribue en effet des vertus analgésiques, anti-inflammatoires ou aphrodisiaques. Ce trafic s’inscrit dans un commerce beaucoup plus vaste et en plein essor d’organes et de membres d’animaux sauvages. Ces tractations ne sont cependant pas toutes illégales. Au nombre des produits les plus recherchés figurent le velours qui recouvre les bois des cerfs et des élans, les organes génitaux de phoques et de tigres, les hippocampes séchés et même les fœtus de cerfs.
SURPRISES-PARTIES SOUS SURVEILLANCE
À Bracebridge, dans la province canadienne de l’Ontario, une surprise-partie débridée a débouché sur la mise en place de nouvelles mesures policières dans la région. Un garçon de 15 ans, à qui ses parents avaient confié la garde de la maison et de son petit frère de 10 ans, avait organisé une surprise-partie à laquelle il avait invité une centaine de jeunes. La réunion n’a pas tardé à dégénérer. Les voisins ont appelé la police, mais l’adolescent a refusé de laisser entrer les agents. Un peu plus tard, son petit frère a, à son tour, appelé la police. Les grands l’avaient forcé à boire de la bière jusqu’à l’enivrer, puis ils avaient fait frire son poisson exotique avant de le manger sous ses yeux. Quand les policiers sont finalement revenus munis d’un mandat de perquisition, les jeunes avaient causé pour 13 000 dollars de dégâts dans la maison. Depuis lors, les parents de la région qui laissent leurs adolescents seuls à la maison ont la possibilité d’en avertir la police et d’autoriser celle-ci à y pénétrer sur simple présomption d’infraction du droit pénal, notamment de la législation sur les stupéfiants ou la consommation d’alcool.
AUTO-AVORTEMENTS
Aux États-Unis, depuis que des lois récentes ont donné aux États des pouvoirs accrus pour limiter les avortements, des dizaines de mouvements féministes d’entraide remettent au goût du jour des méthodes auto-abortives. Le New York Times signale que durant les derniers mois des centaines de femmes se sont aidées mutuellement à avorter, ajoutant que les articles de presse, les livres et les vidéocassettes décrivant ces techniques font l’objet d’une large diffusion. Une féministe a déclaré au journal que ces possibilités confèrent aux femmes un plus grand pouvoir. Cependant, certains groupes qui défendent pourtant l’avortement s’opposent à ces méthodes, dénonçant leur caractère dangereux.
OFFICES SANS PRÊTRE
Aux États-Unis, la pénurie de prêtres catholiques a pris de telles proportions que, lors d’un récent rassemblement, les évêques du pays ont accepté le principe d’un office paroissial dominical célébré sans la présence d’un prêtre. Désormais, un diacre ou un laïc, homme ou femme, pourra présider ce nouvel office. Il dirigera les chants et les psaumes, lira les Écritures, fera réciter le Notre Père et donnera la communion, dans la mesure où le pain aura été consacré auparavant par un prêtre ou proviendra d’une messe célébrée par un prêtre. Les évêques ont bien souligné que cet office n’est pas une messe. Toutefois, comme de plus en plus de paroisses sont obligées de se passer de prêtres, cette nouvelle disposition pourrait se généraliser.
POUR TROMPER LES TIGRES
Le New York Times relate qu’en Inde les quelque 500 tigres du Bengale de la réserve de tigres des Sundarbans tuaient naguère une soixantaine de personnes par an. Afin de limiter le nombre des victimes, le Service indien des Eaux et Forêts a tiré parti du constat selon lequel les tigres attaquent toujours par derrière et a fait fabriquer des masques à visage humain que les forestiers doivent porter sur la nuque. En trois ans, aucune personne portant un tel masque n’a été tuée. Par contre, sur les 29 autres qui ont péri sous les griffes des tigres au cours des 18 derniers mois de cette période, aucune n’en portait. Un bûcheron a été attaqué par derrière alors qu’il s’était assis pour déjeuner et avait retiré son masque. Certains habitants de la région affirment toutefois qu’“on ne peut pas tromper longtemps ces tigres intelligents”.
HUMOUR DÉPLACÉ
Un film récent qui, en deux mois seulement, a rapporté 125 millions de dollars à ses producteurs américains, présente des scènes de sadisme et de violence extrême sous un jour humoristique. À propos de l’une d’elles — la décapitation d’un conducteur par une planche de surf —, voici le commentaire qu’a fait un critique dans la revue brésilienne Veja: “De la façon dont la décapitation est montrée, la scène porte plus à rire qu’à s’épouvanter. Il en résulte que les innombrables scènes d’exécutions, de meurtres et de massacres, toutes baignant dans le sang, (...) suscitent le rire au lieu de la répugnance. Le spectateur finit par s’amuser de la violence. (...) La violence, l’horrible lacération des corps, les souffrances indescriptibles, deviennent autant d’occasions de s’esclaffer.”
DETTES EMBARRASSANTES
En Europe, ceux qui négligent de régler leurs factures pourraient bien trouver d’ici peu à leur porte ou sur leur lieu de travail un individu déguisé de manière voyante — en panthère rose, par exemple — chargé de les rappeler à l’ordre. L’International Herald Tribune explique que cette mise en scène fait partie d’une nouvelle stratégie inaugurée il y a un an par les agents de recouvrement espagnols pour inciter les débiteurs à acquitter leur dû. L’objectif est que les encaisseurs attirent tellement l’attention par leur accoutrement que le débiteur se sente gêné et honore ses dettes. Le directeur d’une agence affirme que la méthode réussit “presque à chaque fois”.