Trajectoires incompatibles
Les 266 passagers du vol de la Conair retournaient au Danemark après avoir passé leurs vacances sur l’île espagnole d’Ibiza. Leur Airbus biréacteur venait à peine de quitter la piste lorsqu’une explosion s’est produite dans le réacteur gauche. L’avion a tenté, à l’aide d’un seul moteur, de prendre de l’altitude. Grâce à l’habileté du pilote, après un vol angoissant de 24 minutes, l’avion a effectué avec succès un atterrissage forcé.
On venait d’échapper à une tragédie. Les responsables de la sécurité aérienne étaient pourtant impatients de savoir ce qui avait fait exploser le moteur à un moment si critique du décollage. La cause probable de l’explosion? Un goéland.
Autrefois, le ciel appartenait aux oiseaux. Cependant, depuis quelque 50 ans, du fait de l’augmentation du trafic aérien, leur espace est de plus en plus encombré; d’où un accroissement sensible du nombre de collisions entre oiseaux et avions. Les passagers sont en grand danger quand des oiseaux sont aspirés par un réacteur, ce qui s’est apparemment produit à Ibiza.
Comme la plupart des collisions ont lieu près des aéroports, les autorités ont fait d’importantes dépenses afin de tenter, par divers moyens, de tenir les oiseaux à distance. À l’aéroport de Vigo (sur la côte nord-ouest de l’Espagne), on a expérimenté une parade originale: l’utilisation d’oiseaux de proie, principalement d’autours, qui patrouillent le long des pistes. Afin d’augmenter l’efficacité de la méthode, des enregistrements de cris d’alarme de goélands sont diffusés pendant le vol des autours. L’apparition menaçante du faucon dans le ciel et les cris d’alarme perçants persuadent les goélands de chercher davantage de quiétude sous d’autres cieux.
Jusqu’à présent, les autours ont réussi de façon notable à éloigner les goélands. Il reste à espérer que, grâce à cette innovation, les avions et les oiseaux pourront cohabiter pacifiquement, car, après tout, les oiseaux ont été les premiers à décoller.