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  • Rangeons-nous du côté de Jéhovah dans le grand litige

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  • Rangeons-nous du côté de Jéhovah dans le grand litige
  • La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1963
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La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1963
w63 1/9 p. 538-543

Rangeons-​nous du côté de Jéhovah dans le grand litige

Raconté par Liliane Rütimann

J’ÉTAIS une petite fille de six ans quand, par un après-midi très chaud d’août 1914, des avions ronronnèrent au-dessus de nos têtes. Dans un charmant jardin anglais, j’écoutais, appuyée sur le genou de mon père, la conversation des grandes personnes sur la guerre qui venait d’éclater.

Mon père, membre actif du parti libéral, était aussi directeur d’une succursale de la Société coopérative de notre ville de la campagne anglaise. Ma mère, institutrice, s’intéressait à tout ce qui appartenait au domaine de l’enseignement. Elle avait acheté un livre : Le divin Plan des Âges. Mes parents s’empressèrent de le lire et prirent part ensuite régulièrement à une étude de la Bible en compagnie de deux autres couples mariés. Au printemps de 1916, ils furent baptisés en symbole de la décision qu’ils avaient prise de faire la volonté de Jéhovah.

Une étude biblique à la maison fut commencée avec nous, les enfants, et quatre d’entre nous durent assister aux réunions avec les chrétiens qu’on appelle aujourd’hui témoins de Jéhovah. Nous nous joignîmes aux rares croyants, des villes voisines, qui possédaient la même foi que nous et fîmes des conférences bibliques dans les agglomérations situées le long des soixante kilomètres de rives qui mènent à l’embouchure de la Tamise. À mesure que, pleins de zèle, nous distribuions tracts et invitations, de petits groupes se développèrent et finirent par devenir des assemblées prospères du peuple de Jéhovah, à l’est de Londres et de la Tamise.

À la fin de 1916, mon père prit une ferme position de neutralité vis-à-vis de la guerre. Son attitude souleva une vive agitation dans notre petite ville où, auparavant, il avait pris une part active à la politique. Non seulement, l’affaire fut jugée devant les tribunaux et eut un grand retentissement, mais nous, les enfants, eûmes à défendre notre foi à l’école. Mon père finit par être dispensé pour raisons de santé et on lui assigna une tâche au sein du conseil chargé du service du ravitaillement.

Notre maison située à la campagne, était ouverte à nos amis de la ville, fatigués, mais je ne trouvais rien d’aussi intéressant que de visiter Londres et d’assister à une “ grande ” réunion. Là, je vis le “ Photo-Drame de la Création ” des Étudiants de la Bible, une très belle explication de la Bible au moyen de projections, de paroles enregistrées et d’une musique appropriée. Au cours d’une de ces visites à Londres, des nouvelles passionnantes nous parvinrent de l’assemblée organisée par la Watch Tower, à Cedar Point, Ohio, en 1922, assemblée considérée aujourd’hui comme un événement historique.

DÉCISION PERSONNELLE

L’œuvre de prédication se poursuivait alors sous la devise : “ Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais ! ” Mon frère aîné était parti pour l’Inde et ma sœur était baptisée. Tout cela me paraissait normal jusqu’à ce qu’un ami chrétien, mûr, me fît voir, en 1924, mes privilèges personnels. Je compris soudain qu’on ne grandit pas automatiquement dans la foi, mais qu’il faut prendre une décision personnelle. Pouvais-​je le faire ?

Depuis l’enfance, j’avais envisagé avec plaisir la perspective du millénium où le lion et l’ours se coucheront ensemble avec le bœuf et qu’un petit enfant les conduira. Bien entendu, je voulais faire la volonté de Jéhovah ; mais Sa volonté, comme nous le comprenions alors, c’était de faire sortir les derniers membres de l’épouse du Christ, destinés à la vie céleste. Cela signifiait renoncer à tous les espoirs terrestres et, finalement, mourir. Mes parents me conseillèrent de calculer la dépense avec soin. Si j’étais fidèle, je verrais Jéhovah et Jésus-Christ. Ce magnifique espoir l’emporta. Un peu avant mes dix-sept ans, je fus baptisée à Londres, en janvier 1925.

La prédication de maison en maison fut pour moi une source intarissable d’encouragements et d’enseignements. En ces jours-​là, nous venions juste d’entreprendre ce travail, mais quelques ouvriers à plein temps, venus pour nous aider dans notre territoire, me donnèrent quantité de bons conseils. J’appréciais de plus en plus la vérité.

L’assemblée de Londres, en 1926, à Alexandra Palace, fut un événement remarquable. Je crois que je n’oublierai jamais l’émotion qui nous souleva à l’annonce de la parution du livre Deliverance (Délivrance). Le discours public, dans Royal Albert Hall : “ Les puissances mondiales chancellent. Le pourquoi, le remède ”, fut le point culminant de l’assemblée, et nous rentrâmes chez nous pour distribuer, pendant le reste de nos vacances, la brochure The Standard for the People (L’étendard pour les peuples). Je dévorais littéralement le livre Deliverance dont l’admirable thème concernait la grande question litigieuse qui oppose Jéhovah et Satan ainsi que la réhabilitation toute proche du nom de Jéhovah. La compréhension de cette question me fit l’effet d’un feu dévorant renfermé dans mes os. Dès lors, tous les samedis après-midi, quand j’étais dégagée de mes fonctions de secrétaire, je remplissais ma serviette, enfourchais ma bicyclette et prêchais dans la campagne isolée et, le dimanche matin, je me joignais à mes parents et à la petite assemblée pour le service de maison en maison.

Ma sœur entra dans l’œuvre de prédication à plein temps en février 1927 et mon frère et moi, nous demeurâmes les deux plus jeunes membres de notre petite assemblée. Le pays qui s’étend au-delà de l’estuaire de la Tamise est plutôt plat et j’aspirais parfois à voyager, à voir de beaux pays, mais, vite, j’étouffais ce désir, me disant que, puisqu’il restait si peu de temps à ce système de choses, je ferais mieux de ne pas perdre mon temps. De toute façon, du ciel, je verrais mieux toutes choses. Jéhovah prit note de mon désir et me bénit plus tard au-delà de mes rêves.

PAS DE MARIAGE MIXTE

Je devenais une femme maintenant. J’étais une jeune fille de nature impétueuse et enthousiaste, débordante de vitalité, mais j’avais franchi sans mal les différentes étapes de l’adolescence. Et voilà que je m’épris follement d’un jeune homme qui, malheureusement, n’accepta pas la foi et je compris que c’était là l’une des dépenses que j’avais à calculer. Je n’ignorais pas qu’il me serait impossible de me ranger entièrement du côté de Jéhovah dans le litige si je cultivais cet attachement et je fis à Jéhovah le vœu solennel de ne jamais me marier en dehors de la foi. Ce fut ma sauvegarde. Je m’appliquai à effacer cet amour de mon cœur. C’est une chose possible quand on met les intérêts du Royaume à la première place. Un incident qui se produisit en ce temps-​là se détache nettement dans mon esprit ; il éclaira ma vie à la façon d’un phare. L’après-midi, passée à la campagne, avait été mouvementée. Plusieurs personnes avaient été impolies avec moi et une femme, malade et alitée, m’avait demandé de prier avec elle. Je réfléchissais à la grande question soulevée par le Diable et j’avais le cœur gonflé en pensant aux effets de la rébellion de Satan. Le soleil déclinait à l’horizon, j’enfourchai ma bicyclette pour revenir à la maison. La pente, assez raide, s’étendait sur plus d’un kilomètre et demi. Je la descendis en roue libre et laissai le vent jouer dans mes cheveux et siffler à mes oreilles. Les mâchoires contractées, je me répétais : “ Je combattrai le Diable jusqu’à la mort ! ” Dans les moments critiques, ce petit incident d’un soir m’est revenu à la mémoire ; et son souvenir eut l’effet d’un stimulant dans mes veines. Ne jamais tomber ! Ne pas cesser de combattre du côté de Jéhovah dans le grand litige !

Au printemps de 1930, nous assistâmes, dans une petite plage au bord de la Tamise, non loin de chez moi, à l’une de ces petites assemblées que nous appelions, je crois, en ces jours-​là, des “ efforts de service conjugués ”. Beaucoup étaient descendus de Londres dont nous séparait une heure seulement de traversée. Pour moi, c’était un heureux événement qui me donnait l’occasion de rencontrer d’autres jeunes personnes de mon âge. Alors que nous goûtions aux plaisirs de la plage après avoir participé au ministère, je fis la connaissance d’un jeune Suisse, à l’air sérieux. Je perçus son accent étranger et lui dis que j’apprenais l’allemand. Alfred était doux, calme, tout entier à ses études mais donnait l’impression d’être seul. Au milieu de notre famille de jeunes gens, joyeux et taquins, il semblait tout dépaysé.

Nos antécédents étaient bien différents. Alfred avait grandi au sein d’une sympathique famille suisse et, après avoir achevé ses études et son apprentissage dans un établissement d’enseignement secondaire et une école de commerce, il avait quitté la Suisse pour la Belgique afin de concentrer son attention sur les langues et la comptabilité. Avant son départ, il avait vu le Photo-Drame de la Création et s’était procuré quelques-unes des publications de la Watch Tower Society. En Belgique, tandis qu’il prêtait son concours à l’œuvre sociale de l’Église suisse, il s’était posé des questions auxquelles son ministre avait été incapable de répondre. Il se souvint du livre The Divine Plan of the Ages et, de retour en Suisse pour les vacances, il passa une grande partie de ses loisirs à étudier cet ouvrage ainsi que d’autres publications traitant de la question. Il visita le bureau de la Société en Suisse puis retourna en Belgique et prit part, avec un frère de la Hollande, à l’œuvre de la Société dans ce pays, dans ses tout premiers débuts. Quand son patron, le célèbre financier Loewenstein, tomba de son avion au-dessus de la Manche, Alfred fut invité à aller travailler à Londres pour le compte d’un financier suisse. Et c’est ainsi que nos chemins se croisèrent.

L’année qui suivit nous vit extrêmement heureux et actifs puis, en mai 1931, nous nous mariâmes au Tabernacle de Londres et partîmes pour la Suisse. Là, je fus amenée à voir par moi-​même ce beau pays, devenu le mien. Plus tard, nous assistâmes à l’assemblée de Paris où Alfred servit d’interprète pour certains des discours. À Paris, le président de la Société, frère Rutherford, nous invita à travailler au bureau de la Société dans la capitale française. Dans cette invitation, je reconnus la volonté de Jéhovah et, quand mon mari voulut savoir ce que j’en pensais, il ne me fallut pas une seconde pour prendre une décision. Nous retournâmes donc en Angleterre pour nous débarrasser de la maison que nous venions de meubler et nous préparer à vivre ensemble une nouvelle vie.

LA VIE DANS LE BÉTHEL

Au bureau de Paris, je me trouvai en présence de deux barrières, élevées par les langues : l’allemand, à la maison ; le français, au dehors. Ce ne fut pas facile pour moi et, bien souvent, je me sentis isolée. Puis je m’aperçus que j’attendais un bébé. Alfred fut tout heureux qu’on nous permît de continuer à vivre au Béthel. Il y avait tant de travail à faire pour traduire les publications destinées au groupe de ministres anglais et suisses, pionniers enthousiastes à plein temps, qui travaillaient en France.

C’est alors qu’un coup brutal fut porté au Béthel de Paris. Notre œuvre avait dérangé l’évêque qui habitait dans le voisinage ; et il nous fut donné, à nous, les étrangers, quelques jours pour quitter le pays. Pour cinq d’entre nous qui vivaient au Béthel, et pour une douzaine d’autres qui étaient pionniers, cette action du gouvernement français impliquait la nécessité de chercher d’autres lieux où servir Jéhovah. Un matin, de très bonne heure, Alfred et moi, accompagnés d’une sœur américaine, pionnier, nous partîmes pour la Suisse.

C’est ainsi que notre petite fille naquit dix jours plus tard en Suisse. Quand elle eut quelques mois, nous allâmes habiter au Béthel de Berne et toutes nos pensées se concentrèrent sur le service de Jéhovah afin de rester de son côté dans la question litigieuse. Ne croyez surtout pas que, dès lors, la vie fut toute rose. Mon mari, entièrement absorbé par son travail, brûlait la chandelle par les deux bouts et moi, outre mes occupations au Béthel, j’avais une petite fille à élever. Je m’irritais souvent de la discipline du Béthel, de son plan de travail rigide qui contrastait avec ma jeunesse insouciante. Parfois, je me sentais frustrée, tel un oiseau en cage ; parfois, j’étais découragée, sur le point de sombrer. Alors je pensais à la grande question.

Peu à peu, je me mis à aimer les travaux du ménage : laver et repasser, cuisiner et raccommoder. En ce temps-​là, la famille du Béthel de Berne comptait une soixantaine de membres. Le brouhaha, les allées et venues coupaient la monotonie des besognes quotidiennes : piles d’assiettes et de plats à essuyer, corbeilles toujours pleines de chaussettes à raccommoder, corbeilles apparemment sans fond, comme l’abîme ! Le rythme des saisons était marqué par les nettoyages du printemps, la mise en conserves et en bouteilles des fruits et des légumes et, finalement, la mise dans la cave du dernier cageot de pommes. Oui, j’appris à reconnaître la grande valeur du privilège que j’avais de servir la famille du Béthel, ici, à soigner l’un de ses membres qui tombait malade. Et j’appris à apprécier les nobles femmes avec lesquelles je travaillais. Et c’est ainsi que les dix premières années s’écoulèrent.

ANNÉES DE GUERRE

Je garde toujours le souvenir d’un fait qui survint alors. Alfred avait été envoyé en Tchécoslovaquie pour veiller aux intérêts de nos frères dans ce pays. Les Allemands étaient sur le point d’envahir la région des Sudètes. Quand leurs troupes y entrèrent, que les gens se sauvèrent, mon mari voyagea avec eux. Notre petite fille, qui n’allait pas encore à l’école, était chez ses grands-parents en Angleterre et je devais aller la chercher. La guerre était imminente et notre petite famille se trouvait dispersée dans trois pays différents. C’est alors qu’apparut Chamberlain avec son parapluie ; Hitler, apaisé pour un temps, la guerre fut évitée. De nouveau, notre famille se trouva réunie.

Mais la guerre était inévitable. J’étais à l’hôpital pour y subir une opération quand la France s’écroula devant l’Allemagne, en 1940. J’étais à peine de retour que les autorités militaires occupèrent le Béthel et firent une perquisition. Plus tard, un grand procès fut ouvert en justice contre la Société et mon mari fut condamné à trois mois de prison à cause de sa neutralité. Notre famille du Béthel était ramenée à vingt-cinq ou trente membres et je fus chargée, pendant quelque temps, de faire la cuisine. Alfred sortit de prison à temps pour assister à l’assemblée de Zurich, là où notre fille fut baptisée en symbole du don de sa personne à Dieu et de la position qu’elle avait prise du côté de Jéhovah dans le litige.

Un jour, la guerre approcha de sa fin. À mesure que les Allemands étaient refoulés, les rapports commencèrent à nous parvenir des pays placés autrefois sous la juridiction de la filiale de la Société pour l’Europe centrale ; il fallut traduire tous ces rapports. J’entrai peu à peu dans ce nouveau champ d’activité et m’y jetai avec une grande joie. La guerre prit fin, et nous entrâmes dans la phase la plus passionnante de l’activité théocratique. À peine les frontières étaient-​elles ouvertes que le nouveau président de la Société, frère Knorr, et son secrétaire, frère Henschel, arrivèrent nous apportant des rapports de première main sur tout ce qui se passait dans les autres parties du monde.

VOYAGEURS

Pour mon mari, la période la plus intéressante, la plus captivante de sa vie commença. En qualité d’interprète, il accompagna frère Knorr au cours de ses visites dans plusieurs autres pays, renouant connaissance avec des amis très chers, apprenant comment ils avaient vécu au cours des terribles années de guerre. Dans l’intervalle, notre imprimerie du Béthel, pour rattraper le retard, imprimait activement les toutes dernières publications. En 1946, les premiers de notre famille de plus en plus nombreuse du Béthel, partirent pour l’assemblée de Cleveland, Ohio, puis assistèrent à l’École biblique de Galaad. Je n’osais guère espérer y aller un jour ; aussi fus-​je transportée de joie quand frère Knorr nous invita à y assister avec notre fille. En janvier 1950, nous partîmes pour New York dans ce but et assistâmes à la quinzième classe. Ce fut une expérience merveilleuse. Nos diplômes nous furent remis, à tous trois en tant que petite famille, au Yankee Stadium à l’assemblée de New York, en 1950. Alfred et moi revînmes au Béthel de Berne pendant que notre fille était envoyée en Italie pour se joindre au petit groupe de proclamateurs du Royaume qui se trouvaient dans ce pays.

Les pays de l’Est ne jouirent pas longtemps de la liberté que la fin de l’oppression allemande leur avait apportée. Le communisme prit la succession du nazisme et bloqua notre œuvre. Les voyages de mon mari se firent moins fréquents et plus périlleux. Les dix années qui venaient de s’écouler avaient été marquées par une activité toujours plus grande au service de nos frères et l’assistance à de grandes assemblées internationales, qui, l’une après l’autre, se tinrent dans différents pays. Alfred était occupé entièrement à son travail de traduction. À la grande assemblée de New York, en 1958, il donna un rapport sur l’œuvre derrière le rideau de fer et fit passer un disque sur lequel était enregistré un cantique du Royaume chanté par les frères de cette partie du monde.

Un grand changement survint dans ma vie en 1956 : le service de traduction en allemand fut transféré à Wiesbaden pour rationaliser la production. Du jour au lendemain, mes collègues et mon précieux travail avaient disparu. Mais, au Béthel, les mains sont toujours occupées. En un temps très court, on m’initia au fonctionnement du service des périodiques ; cette besogne m’apporta la grande joie de servir mes frères dans le champ et de suivre le rythme de la progression de l’œuvre de prédication dans le monde entier, ce qui était pour moi une source continuelle d’émerveillement et d’enthousiasme.

GRAND CHAGRIN

La résistance d’Alfred semblait se briser sous l’incessante fatigue, tant physique que nerveuse, causée par son travail. Pour aggraver son état, il fut atteint de la grippe juste avant de faire un important voyage, au printemps de 1959, et il ne se rétablit pas aussi bien qu’il aurait pu le faire. Il revint, l’air las, très calme mais satisfait. À la fin d’avril, nous fûmes heureux d’assister ensemble à une assemblée de circonscription. Il n’était pas tard quand nous revînmes à la maison et nous eûmes le rare plaisir de passer ensemble une heure dans le calme de “ notre château ” comme Alfred aimait appeler notre petit intérieur.

Tandis que nous savourions le petit souper que j’avais préparé, Alfred sortit son carnet et se mit à noter les divers événements prévus, entre autres la visite attendue de frère Knorr. Nous étions heureux d’avance. Jetant un coup d’œil sur les dates, je m’écriai : “ Quoi qu’il advienne dans l’avenir, Alfred, nous avons passé ensemble de bonnes et riches années de service, n’est-​ce pas, mon chéri ? ” Ce n’est pas sans une profonde reconnaissance que je berce le souvenir de ce dernier calme instant de réflexion car, la nuit suivante, Alfred tomba malade et mourut quelques heures plus tard d’une défaillance cardiaque. Il était mort dans le service, complètement épuisé par un travail loyal. Assommée par le choc et la douleur, je tombai à genoux à son chevet et exprimai mon intime conviction : “ Mon chéri ! je sais que tu ressusciteras bientôt. ” Ma mère mourut quelques mois plus tard. J’appris par l’expérience quel grand ennemi est la mort.

Au cours des semaines et des mois qui suivirent, absorbée par mes nombreuses besognes, je travaillais comme une automate, étrangement détachée et solitaire, comptant sur Jéhovah pour me soutenir. Je vivais au milieu d’une famille bien-aimée qui me témoignait sa bonté et sa considération. Le meilleur remède pour guérir, c’est de servir les autres. Un peu à la fois, ma douleur se cicatrisa et fut ramenée à de plus justes proportions. Le vide reste, mais j’apprends à m’y résigner. “ Chanter et pousser des cris de joie ” devant Jéhovah, voilà ce qui assure notre protection quand, à de tels moments, le chagrin menace de nous écraser.

ENCORE DU CÔTÉ DE JÉHOVAH

Aujourd’hui, je suis une grand-mère et mes cheveux blanchissent. Quand je vois mon petit-fils, comme il est réconfortant de l’entendre dire quand il m’appelle : “ Grand-maman, viens me raconter une histoire de la Bible ! ”

Depuis trente ans que je fais partie du Béthel de Berne, beaucoup y sont passés ; je les ai tous aimés. Dans cette ruche de travailleurs actifs où la vie est réglée par le son d’une cloche, on apprend à respecter les traits de caractère de chacun, à être l’ami de tous sans être l’ami trop intime d’aucun, à être impartial, à s’accommoder de tout, à respecter la petite intimité dont chacun aime jouir. Oui, la vie au Béthel est une belle vie, une vie riche.

Au moment même où j’achève mon histoire, une lettre est arrivée, m’invitant à accompagner une amie très chère de Californie dans le voyage autour du monde organisé à l’occasion des assemblées internationales, à ce merveilleux voyage qui va bientôt commencer. Je baisse humblement la tête, remplie de gratitude devant cette bonté imméritée de la part de Jéhovah qui nous bénit “ infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons ”. L’espérance vivante qui emporta ma décision, il y a de nombreuses années, rayonne toujours dans mon cœur : voir Jéhovah et Jésus-Christ et participer à la réhabilitation du nom de Jéhovah. Avec reconnaissance, je joins ma voix à celle de la multitude de chanteurs de louanges, assurée du règlement triomphant du grand litige.

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