Questions de lecteurs

● Étant donné ce qui est rapporté dans Matthieu 5:44, est-​ce mal de prier pour la venue d’Harmaguédon ?

Dans son Sermon sur la montagne, Jésus dit, selon Matthieu 5:44 : “Continuez d’aimer vos ennemis et de prier pour ceux qui vous persécutent.”

De ces paroles, certains ont conclu à tort qu’il est mal de se réjouir d’avance de la venue du jugement et du châtiment des ennemis de Dieu. Le fait que Jésus ait reconnu que certaines personnes étaient condamnées à la destruction éternelle dans la Géhenne, prouve qu’il ne voulait pas dire cela. Le Christ déclara à certains ennemis de son époque : “Serpents, descendance de vipères, comment pourrez-​vous fuir le jugement de la Géhenne ?” (Mat. 23:33). À quels ennemis le Christ songeait-​il donc quand il disait aux chrétiens de prier pour eux ?

Le Christ parlait de ceux qui persécutaient ses disciples par ignorance. Les chrétiens pouvaient prier pour que ces personnes aient les yeux ouverts et comprennent la vérité relative à Jéhovah et à sa promesse d’un nouvel ordre de choses. Même quand ils sont en butte à l’opposition, les chrétiens ne réagissent pas méchamment, ni par des menaces ni par la haine, mais ils continuent de manifester un amour fondé sur les principes (I Pierre 2:23). Ils savent que l’ignorance est souvent à l’origine de la persécution. L’apôtre Paul écrivit à ce propos : ‘J’ai été auparavant un blasphémateur et un persécuteur et un homme insolent. Néanmoins, miséricorde m’a été faite, parce que j’étais ignorant et agissais par manque de foi.’ — I Tim. 1:13.

Comprenant cela, les chrétiens ne cultivent pas cet esprit de vengeance, actuellement si répandu, qui veut qu’on rende le mal pour le mal. Une telle conduite n’est pas pour eux. Paul donna ce conseil : “Ne cessez de bénir ceux qui persécutent ; bénissez et ne maudissez pas. Ne rendez à personne le mal pour le mal.” (Rom. 12:14, 17). C’est la raison pour laquelle les chrétiens se gardent bien d’imiter Jacques et Jean, qui voulaient dire au feu de descendre du ciel et d’anéantir un certain village samaritain où le Maître n’avait pas été reçu. Jésus les reprit à juste titre (Luc 9:52-55). Rejetant donc toute idée de vengeance, les chrétiens ne prient pas avec le désir qu’Harmaguédon vienne vite pour anéantir un individu déterminé qui les persécute peut-être en ce moment ou qui a mal reçu la bonne nouvelle du Royaume. Jéhovah s’est montré patient jusqu’à présent, et les chrétiens doivent s’efforcer de l’imiter. Par la patience et un amour fondé sur les principes, ils ‘se montrent fils de leur Père qui est dans les cieux’. — Mat. 5:45 ; II Pierre 3:9.

Doit-​on conclure de ce qui précède, que c’est mal de prier pour la venue d’Harmaguédon ? Voyons ! Est-​ce mal de prier pour la venue du Royaume de Dieu ? Non, et Matthieu 5:44 ne contredit pas la prière que Jésus enseigna à ses disciples : “Que ton royaume vienne. Que ta volonté se fasse, comme au ciel, aussi sur la terre.” (Mat. 6:10). Qu’indique cette prière ? Que l’on prie, entre autres, pour la venue de “la guerre du grand jour de Dieu le Tout-Puissant”, qui aura pour résultat la destruction des royaumes humains, afin que la volonté de Dieu se fasse sur la terre comme au ciel. — Rév. 16:14-16 ; Dan. 2:44.

En priant de la sorte, on ne demande pas à Dieu d’intervenir rapidement pour anéantir certaines personnes qui pourraient persécuter les chrétiens, mais on demande que la fin du présent système de choses mauvais vienne au temps marqué par Dieu. Jéhovah a le pouvoir de lire dans les cœurs et de déterminer quels sont ceux qui méritent la destruction éternelle dans la Géhenne (Prov. 21:2). Quant à nous, qui n’avons pas ce pouvoir, lorsque nous laissons à Dieu le soin de juger, nous évitons le piège consistant à nous laisser dominer par l’esprit de vengeance et de méchanceté. Nous pouvons alors nous préoccuper sérieusement de faire ce qui est bien et de manifester l’amour fondé sur les principes, qui sert à identifier les vrais chrétiens. — Jean 13:34, 35.

● Puisque Joseph n’était pas encore marié avec Marie quand il apprit qu’elle était enceinte, pourquoi se proposait-​il de divorcer d’avec elle ?

Voici ce que nous lisons à ce propos dans Matthieu 1:18, 19 : “À l’époque où (...) Marie était promise en mariage à Joseph, elle se trouva enceinte par l’esprit saint avant qu’ils fussent unis. Cependant, Joseph, son mari, qui était juste et ne voulait pas la donner publiquement en spectacle, se proposait de divorcer d’avec elle en secret.”

Sous la Loi mosaïque, une jeune fille fiancée était considérée comme légalement unie à l’homme qu’elle allait épouser, aussi la traitait-​on comme la femme de cet homme. C’est ce qui était démontré par le fait que si un homme séduisait une jeune fille non fiancée, il devait la prendre pour femme, à condition que le père de la jeune fille y consente. Par contre, si un homme séduisait une jeune fille fiancée, tous les deux étaient lapidés (Deut. 22:23-29 ; Ex. 22:16, 17). De même, en Israël, la femme mariée qui était reconnue coupable d’adultère était lapidée en même temps que l’homme qui l’avait souillée (Deut. 22:22 ; Ézéch. 16:38, 40). Cependant, dans les cas entraînant la mort par lapidation, la culpabilité devait être établie par deux témoins. — Deut. 17:6, 7.

Dans le cas de Marie, Joseph n’avait évidemment pas les deux témoins en mesure d’affirmer que Marie s’était mal conduite. Il ne jugeait pas non plus approprié de rendre la chose publique en cherchant deux témoins pouvant déposer contre elle. Il préférait rompre leurs fiançailles. Mais comment ? Voici à ce propos le commentaire du Dr Alfred Edersheim : “Dès qu’elle était fiancée, une femme était considérée comme réellement mariée. L’union ne pouvait être dissoute que par un divorce régulier.” — Sketches of Jewish Social Life in the Days of Christ, p. 148.

C’est pourquoi, quoique seulement fiancé, Joseph pouvait donner à Marie une lettre de divorce. La Loi autorisait un homme à renvoyer sa femme s’il découvrait en elle quelque chose de honteux (Deut. 24:1, 2). Les causes de divorce étaient déjà nombreuses au temps de Jésus. Il apparaît même que le cas d’adultère établi pouvait se terminer par un divorce (Mat. 5:32 ; 19:9). Quelle que soit la raison que Joseph allait invoquer, il était évident qu’il ne rendrait pas la chose publique. Il “se proposait [plutôt] de divorcer d’avec elle en secret”, peut-être en lui remettant le certificat de divorce en présence de deux témoins seulement, afin que l’affaire fût réglée légalement, mais sans attirer sur Marie une honte injustifiée.

Nous ne devons pas oublier que Joseph était dans une situation embarrassante. Cet homme “était juste” et savait que Marie était une jeune fille vertueuse. On ne pouvait nier qu’elle était enceinte. Si Joseph fut informé de la grossesse de Marie après que celle-ci eut rendu visite à Élisabeth, il est possible qu’il ait entendu parler de l’apparition de l’ange à Zacharie, de la conception de Jean par Élisabeth, qui était stérile, et du fait que le petit enfant s’était mis à tressaillir dans le sein de sa mère lorsque Marie s’était approchée d’elle (Luc 1:5-25, 39-45). Mais la Bible ne le dit pas. L’apparition de l’ange à Joseph n’avait pas pour but de confirmer ce que ce dernier savait déjà par ouï-dire sur la grossesse de Marie. Comme, avant la visite de l’ange, il n’avait aucun témoin susceptible de déposer contre Marie, son intention était en accord avec ce que la Bible dit de lui, savoir qu’il “était juste et ne voulait pas la donner publiquement en spectacle”. — Mat. 1:19.