Coup d’œil sur le monde
Des ecclésiastiques peu scrupuleux
● Après deux ans de travaux, un groupement d’Églises américaines vient de publier les résultats de recherches qui révèlent, selon le Times de Seattle, “‘une conspiration du silence’ de la part des Églises en vue de dissimuler le fait que des ministres ou des conseillers religieux ont des relations sexuelles avec leurs paroissiens ou avec les personnes qui viennent les consulter”. Ce journal précise que le problème est “plus grave qu’il n’y paraît”. Bien que la majorité des ecclésiastiques ne se livre pas à de tels abus, “certains autres pensent, en toute bonne conscience, selon Mme Marie Fortune (un chercheur qui a participé à ces travaux), que ce genre de relations est le meilleur traitement qu’on puisse trouver pour les personnes qui viennent les consulter”. Le rapport dénonce aussi l’absence de critères moraux due à un manque de formation. “Dans les séminaires, poursuit Mme Fortune, on ne parle jamais de ces questions. Nous n’avons reçu aucune formation qui nous permettrait de les aborder en professionnels. On ne nous a pas appris non plus qu’il nous fallait absolument éviter d’avoir des relations sexuelles avec nos paroissiens.” Parfois ce genre d’affaire est venu au grand jour et on s’est contenté de déplacer le ministre coupable. Mme Marie Fortune ajoute: “On a étouffé l’affaire, et même les nouveaux paroissiens [de cet ecclésiastique] n’étaient au courant de rien.”
Le coût des pluies acides
● “La pierre de Portland de la cathédrale Saint-Paul [à Londres] rongée sur plusieurs centimètres, 4 000 lacs suédois morts du point de vue biologique et plus de 100 millions de livres [1,2 milliard de francs français] de dommages causés aux archives du Danemark”, tout ceci n’est, selon le quotidien anglais The Guardian, qu’un extrait de la liste des dégâts causés par les pluies acides, liste dressée par la commission à l’environnement du Parlement européen. Quelque temps auparavant, cette même commission avait évalué à une somme comprise entre 33 et 44 milliards de livres le coût des ravages causés à la communauté européenne par cette forme de pollution. Mais ce nouveau rapport affirme que cette précédente estimation “était en dessous de la réalité”, car les pluies acides “dégradent l’environnement et ont des conséquences tout aussi importantes dans le domaine socioéconomique, tout cela étant difficile à chiffrer avec précision”. Cette étude qualifie les pluies acides de “problème écologique no 1 pour notre époque”, et accuse “les centrales électriques et les véhicules automobiles d’être les principales sources de pollution”.
La crise des vocations — en France
● Bien que certains sondages estiment à 80 pour cent la proportion de la population française qui se déclare catholique, il n’y a eu, au cours de l’année 1983, que 95 ordinations de prêtres contre 285 au cours de l’année 1970. Ce chiffre est encore plus bas que le précédent minimum de 99 enregistré en 1977. Pour le chroniqueur religieux du quotidien Le Figaro, M. Jean Bourdarias, “les conséquences de cette crise n’ont pas fini de se faire sentir. On comptait en France 40 994 prêtres séculiers en 1965. Ils n’étaient plus que 36 014 en 1975 (compte tenu des décès et des ‘départs’). Ils ne seront plus que 28 114 en 1985 et 20 000 environ en 1995”.
Le divorce au Japon
● Au Japon, le nombre des mariages est tombé l’année dernière à un niveau record de 65 pour 10 000 habitants, dans le même temps, le nombre des divorces est monté à 15 pour 10 000 habitants. Ce dernier chiffre est le plus haut enregistré depuis 1889, époque où l’on avait opéré des réformes sociales, sous la dynastie des Meiji. Selon le Mainichi Daily News, le premier motif de divorce est “le manque d’atomes crochus”. Quelles autres raisons les hommes avancent-ils? “Des femmes refusent de vivre avec leurs beaux-parents, d’autres ont des aventures extra-conjugales ou entretiennent de mauvais rapports avec leur belle-famille et leurs enfants.” De leur côté, les femmes exposent les griefs suivants: “La brutalité des maris, leur infidélité et leur refus de contribuer financièrement aux dépenses courantes.” Dans ce pays, plus de la moitié des divorces s’opèrent par consentement mutuel et ne donnent pas lieu à une quelconque compensation financière.
La solitude dans les villes
● Rappelant les résultats du dernier recensement opéré en France, le magazine Le Point constate que de plus en plus de personnes vivent seules dans les grandes villes. Rien qu’à Paris, la proportion de personnes seules est passée de 32 pour cent en 1954 à 47,5 pour cent en 1982. Pour ce magazine, “vivre seul est ainsi devenu un nouvel art de vivre surtout chez les jeunes et les divorcés”. Plusieurs livres sont récemment parus sur ce phénomène, mais “le triomphe de Narcisse n’inquiète pas ces auteurs. Ils y voient la marque d’une plus grande ouverture et la fin des rigidités morales et idéologiques”. La modification des valeurs familiales est en grande partie responsable de cette évolution. Pour M. Massé, spécialiste de l’immobilier, “malgré la crise, les jeunes continuent de quitter plus tôt la cellule familiale”. L’article déclare ensuite: “Pour un nombre croissant d’entre eux [de jeunes], le goût de l’indépendance se poursuit au-delà de la trentaine, parfois après des expériences de vie commune en union libre, une formule en expansion continue depuis les années soixante-dix. L’augmentation du divorce a aussi fait baisser le taux d’occupation des logements urbains. Un mariage sur quatre conduit à un divorce, et la proportion approche les 50 % à Paris. Mieux, le nombre des divorcés non remariés a plus que doublé en vingt ans.”
Le fœtus a l’oreille musicale
● Un chercheur britannique, M. Clifford Olds, a expliqué comment, après avoir placé un casque sur le ventre d’une femme enceinte, il a pu remarquer que le fœtus réagissait instantanément au rythme de la valse entraînante qu’on lui jouait, “comme s’il avait voulu se lever et se mettre à danser”. Par contre, rien de semblable n’a pu être observé lorsque c’était la mère qui écoutait cette musique. Selon le périodique Science Digest, des recherches plus poussées ont aussi montré que “les résultats sont différents selon les musiques”. De plus, une même musique n’a pas toujours la même action sur le rythme cardiaque du fœtus. Dans certains cas, il s’accélérera, dans d’autres, il ralentira. Ainsi, dans le cas de deux jumeaux, M. Olds avait prédit que l’un serait introverti et l’autre extraverti. Il poursuit: “Deux ans plus tard, la mère des jumeaux m’a dit que j’avais raison.” La musique peut aussi régulariser le battement cardiaque, et des médecins envisagent d’avoir recours à cette méthode “pour soigner les problèmes nerveux des fœtus”.
L’industrie touristique au Népal
● L’Everest et les autres sommets de l’Himalaya ne sont pas seulement un pôle d’attraction pour les alpinistes du monde entier, mais aussi une source importante de revenus pour le Népal. Selon un porte-parole du ministère du Tourisme, les 700 alpinistes qui y sont venus en expédition l’an passé ont laissé au pays 17 millions de roupies (9 milliards de francs français). La taxe prélevée suivant la hauteur des sommets escaladés a rapporté au gouvernement un million de roupies supplémentaires. Ces expéditions font vivre 6 000 personnes et donnent aussi du travail à 700 guides. De plus, elles aident les habitants de la terre entière à situer le Népal sur une carte du monde.
Dire la vérité au malade?
● Un médecin doit-il dire à un patient qu’il souffre d’une grave maladie? Le quotidien Le Figaro publie dans ses colonnes le résultat d’un sondage organisé autour de ce thème en collaboration avec un périodique médical. Cette enquête révèle des attitudes contradictoires. “Lorsque l’on explique aux Français que le code de déontologie permet au praticien de maintenir un patient dans l’ignorance d’un diagnostic ou d’un pronostic graves, ils sont 55 % à désapprouver cette règle. Autrement dit on serait en droit d’affirmer que plus d’un Français sur deux exige de son médecin toute la vérité, rien que la vérité sur son état de santé en cas de problèmes graves. Eh bien non, pas du tout. Lorsqu’on demande si c’est au médecin de juger s’il doit dire ou non la vérité à son patient, 58 % des Français se déclarent d’accord avec cette affirmation contre 40 %.” Une majorité de personnes interrogées souhaitent aussi qu’on modifie la législation française en permettant “les expérimentations sur l’homme de traitements nouveaux. (...) Quant à participer à un essai d’un nouveau médicament, 70 % ne se déclarent pas prêts à tenter l’expérience. En revanche, et le pourcentage est significatif, 24 % seraient d’accord même s’il y avait des risques”.
Les grandes puissances se surveillent
● Au cours des années passées, les deux superpuissances, les États-Unis et l’URSS, ont signé différents accords limitant la production des armes, notamment nucléaires. Grâce aux progrès de la technologie, ces deux pays ont les moyens de vérifier que l’autre respecte bien ses engagements. Le périodique canadien L’Actualité donne les précisions suivantes: “Des sismographes de très haute précision, des radars spéciaux et, surtout, les satellites ‘espions’ sont les seuls moyens de savoir si une grande puissance respecte les ententes limitant le développement, les tests et la production d’armes nouvelles.” Pour M. Robert Buchhein, spécialiste américain de l’armement, “sans cette quincaillerie sophistiquée, il serait absolument impossible de savoir ce que les Russes font vraiment chez eux.
Parmi ces satellites, “l’un d’eux [américain] (...) peut même lire la plaque d’immatriculation d’une voiture”. Un nouveau modèle, prévu pour 1986, “pourra faire le tour de la Terre de 12 à 16 fois par jour. Des tuyères orientables et des réserves de carburant lui permettront de passer d’une orbite à l’autre, à des altitudes variant de 50 à 800 km. Cela signifie que les opérateurs à terre pourront rapprocher le satellite d’un site plus intéressant ou même lui faire fuir les satellites tueurs soviétiques”.
Sauvez les insectes!
● D’après ce que rapporte le Wall Street Journal, une association internationale pour la protection de la nature a dénombré 247 espèces différentes d’insectes, de cafards, d’araignées, de vers et autres, qui sont menacées et qui méritent qu’on s’intéresse à leur survie. La plupart des gens ne voient en ces insectes que des bestioles nuisibles. Mais “on ignore souvent tout le bien qu’ils peuvent faire”. Par exemple, ils assurent la pollinisation des végétaux, renouvellent la fertilité des sols, purifient l’eau, recyclent les éléments nutritifs et constituent un maillon important de la chaîne alimentaire. Pour les savants de cet organisme, “la diversité génétique” des millions d’espèces d’invertébrés est un domaine que l’on n’a pas encore commencé à explorer. Ils posent la question suivante: “Combien de remèdes contre le cancer et contre d’autres maladies seront perdus avant même qu’on les ait découverts?” L’élimination des espèces (un million d’entre elles risquent de disparaître d’ici la fin du siècle) “est en passe de menacer l’équilibre de la nature, équilibre dont dépend finalement la survie de l’homme”.
Le cycle du suicide
● La “déprime” du lundi semble correspondre plus à une réalité qu’à une simple expression traduisant le manque d’enthousiasme des travailleurs pour la semaine d’activité qui s’annonce. Une étude d’une école de Harvard (États-Unis) vient en effet de montrer que le lundi est le jour de la semaine et mai le mois de l’année où il y a le plus de suicides. Le jour où il y en a le moins est le samedi, et décembre est le mois le plus calme de ce côté. Cette étude a porté sur 185 887 suicides. Les chercheurs ont constaté que le taux de suicide est le plus élevé vers le 5 de chaque mois, sauf au mois d’avril où le maximum est atteint la semaine précédant le 15, date limite de paiement des impôts sur le revenu aux États-Unis. Ces chiffres montrent “une périodicité dans les suicides que les études précédentes n’ont pas découverte”.
Regard sur l’espace
● Le plus grand télescope d’Europe vient d’être installé aux îles Canaries. Le périodique Science et Vie rappelle quelques problèmes qui s’étaient posés lorsqu’on avait voulu l’implanter en Grande-Bretagne. “Il apparut bien vite que le climat du Sussex ne permettait pas d’utiliser à plein les possibilités d’un miroir de 244 cm de diamètre. Le faible nombre de nuits utilisables, le ciel toujours légèrement brumeux et la diffusion lumineuse provoquée par l’éclairage public des villes voisines, obligèrent à envisager un autre site pour cet instrument.” On l’a donc réinstallé en partie au sommet d’un volcan éteint, à 2 400 mètres d’altitude. Il est muni “d’un miroir de 254 cm de diamètre, légèrement plus grand que le précédent; mais surtout de meilleure qualité, le pyrex ayant été remplacé par le ‘zérodur’, un verre spécial à coefficient de dilatation quasiment nul”. L’éloignement de l’observatoire n’est plus guère un inconvénient à notre époque; les données recueillies sont transmises par voies hertziennes au laboratoire de Greenwich chargé de les exploiter.