-
L’annonce du retour du Seigneur (1870-1914)Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 5
L’annonce du retour du Seigneur (1870-1914)
“Le récit qui suit vous est proposé non seulement parce que je me suis senti poussé à présenter un historique de la façon dont Dieu m’a guidé sur le sentier de la lumière, mais surtout parce que je crois nécessaire que la vérité soit dite modestement, que les malentendus soient dissipés, que les mensonges nuisibles soient neutralisés et que nos lecteurs voient comment jusqu’ici le Seigneur a apporté son aide et sa directiona.”
APRÈS ces paroles, Charles Russell retraçait les événements qui l’avaient amené à faire paraître L’Aurore du Millénium (série de livres appelée plus tard Études des Écritures) et Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ (aujourd’hui La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah). Cette histoire intéresse particulièrement les Témoins de Jéhovah. Pourquoi? Parce que l’on peut faire remonter leur compréhension actuelle des vérités bibliques ainsi que leurs activités aux années 1870 et à l’œuvre de Charles Russell et de ses collaborateurs, et à partir de là remonter à la Bible et au christianisme primitif.
Qui était Charles Russell? L’histoire de son œuvre démontre-t-elle que le Seigneur a apporté son aide et sa direction?
La quête de la vérité
Charles Taze Russell est né le 16 février 1852 aux États-Unis, à Allegheny (ville de Pennsylvanie qui fait aujourd’hui partie de Pittsburgh). Il était le deuxième fils de Joseph et d’Ann Eliza (née Birney) Russell, presbytériens et de souche écosso-irlandaise. Sa mère est morte quand il avait neuf ans, mais, tout jeune, Charles a été influencé par son père et sa mère, très croyants l’un et l’autre. Selon ce qu’a dit plus tard un homme devenu son collaborateur, “ils ont soigné la jeune pousse; et elle a grandi dans la direction du Seigneur”. Charles a été élevé dans la religion presbytérienne, mais par la suite il s’est joint à l’Église congrégationaliste, parce qu’il en préférait les idées.
Le jeune Charles était à l’évidence doué pour le commerce. Il avait à peine 11 ans quand il est devenu l’associé de son père qui tenait un magasin de vêtements masculins. Ayant agrandi l’affaire, il a fini par gérer lui-même plusieurs autres magasins. Si de ce côté-là tout allait bien, dans le domaine spirituel, par contre, il était très troublé. Pourquoi?
Ses parents, qui croyaient sincèrement aux credos des religions de la chrétienté, l’avaient élevé de sorte qu’il les accepte aussi. Enfant, Charles avait donc appris que Dieu est amour, mais que, par ailleurs, il avait créé les humains avec une nature immortelle et prévu un feu dans lequel il infligerait des tourments éternels à tous sauf à ceux qui avaient été prédestinés pour être sauvés. Arrivé à l’adolescence, Charles était révolté à cette idée. Il se disait: “Un Dieu qui utilise sa puissance pour créer des êtres humains en les prédestinant aux tourments éternels ne peut être ni sage, ni juste, ni plein d’amour. Ses principes sont inférieurs à ceux de bien des hommes.”
Charles Russell n’était pourtant pas du tout athée; seulement, il ne pouvait pas accepter les enseignements des Églises tels qu’ils étaient communément compris. Il a expliqué: “Peu à peu, j’ai été amené à constater que les credos, tout en contenant certains éléments de vérité, étaient dans leur ensemble trompeurs et en contradiction avec la Parole de Dieu.” En effet, dans les credos des Églises, les “éléments de vérité” étaient enfouis sous un fatras d’enseignements païens qui s’étaient infiltrés dans le christianisme souillé par des siècles d’apostasie. Se détournant des credos des Églises et se mettant en quête de la vérité, Charles Russell a étudié quelques grandes religions orientales, qui ne lui ont pas apporté satisfaction.
Sa foi est raffermie
La jeune pousse avait toutefois été élevée par des parents très pieux; elle était inclinée “dans la direction du Seigneur”. Charles cherchait toujours la vérité quand, un soir de 1869, il s’est passé quelque chose qui a raffermi sa foi chancelante. À Allegheny, alors qu’il passait dans Federal Street, près de l’établissement Russell, il a entendu un chant religieux provenant d’un sous-sol. Voici les faits tels qu’il les a racontés:
“Un soir, comme par hasard, j’entrai dans une salle poussiéreuse et mal éclairée où, m’avait-on dit, se tenaient des services religieux. C’était pour voir si la poignée de personnes qui s’y réunissaient avaient quelque chose de plus sensé à offrir que les credos des grandes religions chrétiennes. C’est là que, pour la première fois, j’ai eu connaissance de certaines des idées des adventistes [Église chrétienne de l’avènement]; le prédicateur était M. Jonas Wendell (...). J’avoue donc que je suis redevable aux adventistes ainsi qu’à d’autres groupements religieux. Bien que son exposé biblique ne fût pas tout à fait clair, (...) il n’en fallut pas plus, sous l’action de Dieu, pour raffermir ma foi chancelante dans l’inspiration divine de la Bible, et pour me montrer que les récits des apôtres et des prophètes forment un tout indissoluble. Ce que j’entendis me fit reprendre ma Bible afin de l’étudier avec plus de zèle et de soin que jamais, et je remercierai toujours le Seigneur de m’avoir guidé dans ce sens; car, bien que l’adventisme ne m’ait pas apporté une vérité en particulier, il m’a grandement aidé à désapprendre les erreurs, et de ce fait m’a préparé pour la Vérité.”
Cette rencontre a ravivé chez le jeune Charles la détermination à rechercher la vérité biblique. Elle lui a fait reprendre sa Bible et s’y replonger avec plus d’ardeur que jamais. Il en est rapidement venu à croire qu’on n’était pas loin du moment où ceux qui servaient le Seigneur arriveraient à une connaissance claire de son dessein. C’est pourquoi, en 1870, débordant d’enthousiasme, avec quelques amis de Pittsburgh et d’Allegheny, il a formé une classe d’étude biblique. D’après un homme qui devint plus tard un de ses collaborateurs, la classe se déroulait comme suit: “L’un d’eux soulevait une question. Ils en discutaient. Ils prenaient tous les versets qui se rapportaient au sujet, puis, lorsqu’ils étaient satisfaits quant à l’harmonie de ces textes, ils formulaient leur conclusion et la mettaient par écrit.” Comme frère Russell l’a reconnu plus tard, la période comprise “entre 1870 et 1875 a été un temps de croissance constante en grâce, en connaissance et en amour de Dieu et de sa Parole”.
À mesure que ces chercheurs sincères de vérité fouillaient les Écritures, beaucoup de choses s’éclairaient pour eux. Ils ont ainsi découvert les vérités relatives à la mortalité de l’âme humaine et ont découvert que l’immortalité était un don que recevraient ceux qui devenaient cohéritiers avec le Christ dans son Royaume céleste (Ézéch. 18:20; Rom. 2:6, 7). Ils ont commencé à saisir la doctrine du sacrifice rédempteur de Jésus Christ et la possibilité que cette mesure offre à l’humanité (Mat. 20:28). Ils ont compris que si Jésus est venu une première fois sur terre en tant qu’homme dans la chair, par contre, à son retour, il serait présent invisiblement en tant que personne spirituelle (Jean 14:19). Ils ont aussi appris que le but du retour de Jésus ne serait pas de détruire tout le monde, mais de bénir les familles obéissantes de la terre (Gal. 3:8). “Nous étions, a écrit Charles Russell, navrés de l’erreur des adventistes, qui attendaient le Christ dans la chair et enseignaient que le monde et ses habitants, à l’exception d’eux-mêmes, seraient consumés.”
Les vérités bibliques qui devenaient claires pour ce petit groupe d’étudiants marquaient une nette différence avec les doctrines païennes qui s’étaient infiltrées dans le christianisme pendant les siècles qu’a duré l’apostasie. Mais Charles Russell et ses compagnons sensibles aux choses spirituelles ont-ils trouvé ces vérités bibliques sans l’aide de personne?
D’autres influences
Charles Russell a parlé très franchement de l’aide que d’autres personnes lui avaient apportée dans son étude de la Bible. Non seulement il a reconnu qu’il était redevable à l’adventiste Jonas Wendell, mais il a aussi parlé avec affection de deux autres hommes qui l’avaient aidé dans l’étude de la Bible. Il a dit de ces derniers: “L’étude de la Parole de Dieu avec ces chers frères a conduit, pas à pas, à des pâturages plus verdoyants.” L’un, George Stetson, était un étudiant assidu de la Bible, pasteur de l’Église chrétienne de l’avènement d’Edinboro (Pennsylvanie).
L’autre, George Storrs, né le 13 décembre 1796, était l’éditeur de la revue Bible Examiner (Le scrutateur de la Bible), à Brooklyn, un district de New York. Il avait été poussé à approfondir ce que la Bible dit de la condition des morts en lisant un écrit publié (anonymement à l’époque) par un homme qui étudiait attentivement la Bible, à savoir Henry Grew, de Philadelphie (Pennsylvanie). George Storrs est devenu un ardent défenseur de ce qu’on a nommé l’immortalité conditionnelle: l’enseignement selon lequel l’âme est mortelle et l’immortalité un don que recevront les chrétiens fidèles. Puisque les méchants n’ont pas l’immortalité, disait-il, il n’y a pas de tourments éternels. Cet homme a beaucoup voyagé, donnant des discours dans lesquels il expliquait qu’il n’y a pas d’immortalité pour les méchants. Au nombre des œuvres qu’il a publiées figurent les Six Sermons, qui ont été diffusés à 200 000 exemplaires. Il ne fait aucun doute que les idées de George Storrs — sur la mortalité de l’âme ainsi que sur la propitiation et le rétablissement (de ce qui a été perdu à cause du péché d’Adam; Actes 3:21) —, idées solidement fondées sur la Bible, ont eu une influence considérable et décisive sur le jeune Charles Russell.
Un autre homme, cependant, a eu une profonde influence sur la vie de Charles Russell et a mis à l’épreuve son attachement fidèle à la vérité biblique.
Les prophéties chronologiques et la présence du Seigneur
Un matin de janvier 1876, Charles Russell, âgé de 23 ans, a reçu un exemplaire d’un périodique religieux intitulé Herald of the Morning (Messager du matin). C’était un écrit adventiste: il l’avait reconnu à l’illustration de la couverture. Le rédacteur en chef, Nelson Barbour, de Rochester (État de New York), croyait que le but du retour du Christ n’était pas de détruire les familles de la terre, mais de les bénir, et que sa venue ne serait pas dans la chair, mais en tant qu’esprit. Or c’était tout à fait ce que croyaient depuis quelque temps Charles Russell et ses compagnons d’Alleghenyb! Par contre, curieusement, Nelson Barbour croyait, en se fondant sur des prophéties chronologiques de la Bible, que le Christ était déjà présent (invisiblement) et qu’on était déjà au moment de la moisson, du rassemblement du “blé” (c’est-à-dire des vrais chrétiens composant la classe du Royaume). — Mat. chap. 13.
Jusque-là, Charles Russell ne s’était pas arrêté sur les prophéties chronologiques de la Bible. Mais, à présent, il se posait des questions. Voici son témoignage: “Se pouvait-il que les prophéties chronologiques, que j’avais négligées si longtemps parce que les adventistes s’en servaient à mauvais escient, aient été données pour indiquer quand le Seigneur serait invisiblement présent afin d’établir son Royaume?” Charles Russell avait une soif si insatiable de vérité biblique qu’il lui fallait en savoir plus. Il a donc obtenu un rendez-vous avec Nelson Barbour à Philadelphie. Cette rencontre a confirmé qu’ils s’accordaient sur de nombreux enseignements bibliques et leur a donné l’occasion d’échanger leurs points de vue. “À notre première rencontre, a écrit plus tard Charles Russell, je lui ai beaucoup appris sur la plénitude du rétablissement fondé sur la valeur de la rançon donnée pour tous, de même qu’il m’a beaucoup appris au sujet de la chronologie.” Nelson Barbour a réussi à convaincre Charles Russell que la présence invisible du Christ avait commencé en 1874c.
‘Décidé à lancer une campagne énergique en faveur de la Vérité’
Charles Russell était un homme que ses convictions poussaient à l’action. Convaincu que la présence invisible du Christ avait commencé, il était déterminé à l’annoncer autour de lui. Il a dit par la suite: “Savoir que nous étions déjà dans la période de la moisson m’a donné pour répandre la Vérité un élan comme jamais je n’en avais eu. J’ai donc aussitôt décidé de lancer une campagne énergique en faveur de la Vérité.” En effet, il a décidé à ce moment-là de réduire ses activités commerciales afin de se consacrer à la prédication.
Pour dissiper les idées fausses au sujet du retour du Seigneur, Charles Russell a écrit la brochure The Object and Manner of Our Lord’s Return (Le but et la manière du retour de notre Seigneur) qu’il a fait paraître en 1877. La même année, Nelson Barbour et Charles Russell faisaient paraître conjointement Three Worlds, and the Harvest of This World (Les trois mondes, et la moisson du monde d’à présent). Ce livre de 196 pages traitait du rétablissement et des prophéties chronologiques de la Bible. Bien que d’autres avant lui aient déjà traité de chacun de ces sujets, aux yeux de Charles Russell ce livre était “le premier à associer l’idée de rétablissement à celle de prophétie chronologique”. Il avançait l’hypothèse selon laquelle la présence invisible de Jésus Christ remontait à l’automne 1874.
Tout en voyageant et en prêchant, Charles Russell a acquis la conviction qu’il fallait quelque chose de plus pour garder en vie et arroser les graines de vérité qu’il semait. La solution? “Un journal mensuel”, a-t-il dit. Aussi a-t-il décidé avec Nelson Barbour de relancer la publication du Herald, qui avait été suspendue à cause de résiliations d’abonnements et faute d’argent. Charles Russell a puisé dans ses ressources personnelles pour redonner vie au journal; il en est devenu un des coéditeurs.
Tout alla bien pendant un temps, c’est-à-dire jusqu’en 1878.
Rupture entre Charles Russell et Nelson Barbour
Dans le numéro d’août 1878 du Herald of the Morning, Nelson Barbour avait écrit un article niant que la mort du Christ ait une quelconque valeur substitutive. Charles Russell, qui avait presque 30 ans de moins que Nelson Barbour, a compris que cela revenait en fait à renier la partie essentielle de la doctrine de la rançon. Aussitôt, dans le numéro suivant (septembre 1878), il a écrit un article intitulé “La Rédemption”, dans lequel il défendait la rançon et réfutait les affirmations de Nelson Barbour. La polémique a continué dans les pages du journal pendant les quelques mois qui ont suivi. Finalement, Charles Russell a décidé de rompre ses relations avec M. Barbour et de ne plus soutenir financièrement le Herald.
Mais il avait le sentiment qu’il n’était pas suffisant de se retirer du Herald; la doctrine de la rançon devait être défendue, et la présence du Christ proclamée. C’est pourquoi, en juillet 1879, il a lancé la publication de Zion’s Watch Tower and Herald of Christ’s Presence (Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christd), aujourd’hui La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah. Charles Russell en était le rédacteur en chef et l’éditeur, aidé au début de cinq personnes dont les noms figuraient dans la liste des rédacteurs. Le premier numéro a été tiré à 6 000 exemplaires. En 1914, le tirage atteignait presque 50 000 exemplaires par numéro.
“Ni nouvelles, ni personnelles, mais (...) celles du Seigneur”
Charles Russell utilisait La Tour de Garde et d’autres publications pour défendre les vérités bibliques et pour réfuter les enseignements religieux erronés ainsi que les philosophies humaines qui contredisaient la Bible. Il n’a toutefois pas prétendu avoir découvert des vérités nouvelles.
Depuis la fin du XVIIIe siècle, nombre de ministres religieux et de biblistes dévoilaient les faux enseignements que sont l’immortalité de l’âme et le châtiment éternel pour les méchants. Les textes dévoilant ces faux enseignements avaient été recueillis soigneusement dans le livre Bible Vs. Tradition (La Bible contre la tradition), d’Aaron Ellis, paru d’abord en Angleterre, puis publié aux États-Unis en 1853 par George Storrs. Mais personne à cette époque-là n’a fait autant que Charles Russell et ses collaborateurs pour que cette vérité soit connue.
Que dire des autres doctrines bibliques analysées dans La Tour de Garde et dans d’autres publications? Charles Russell s’est-il attribué tout le mérite d’avoir révélé ces joyaux de vérité? Il a expliqué: “Nous avons constaté que depuis des siècles divers groupes et sectes se répartissent les doctrines bibliques, en y mêlant plus ou moins de spéculation et d’erreur humaines (...). Nous avons constaté que l’importante doctrine de la justification par la foi et non par les œuvres avait été clairement énoncée par Luther, et plus récemment par de nombreux chrétiens; que la justice, la puissance et la sagesse divines ont été soigneusement gardées, quoique mal discernées, par les presbytériens; que les méthodistes appréciaient et louaient l’amour et la compassion de Dieu; que les adventistes possédaient la doctrine du retour du Seigneur; que les baptistes, entre autres choses, définissaient correctement la signification symbolique du baptême, même s’ils avaient perdu de vue le vrai baptême; que certains universalistes avaient depuis longtemps quelques vagues notions du ‘rétablissement’. Et ainsi de suite, presque tous ces groupes donnaient la preuve que leurs fondateurs avaient aspiré à la vérité: mais manifestement le grand Adversaire avait lutté contre eux et, à défaut de pouvoir la détruire complètement, avait dispensé faussement la Parole de Dieu.”
Au sujet de la chronologie qu’il présentait souvent, Charles Russell a expliqué: “Quand nous disons ‘notre’ chronologie, nous voulons dire celle dont nous nous servons — la chronologie de la Bible, laquelle appartient à tout le peuple de Dieu qui l’approuve. C’est un fait qu’elle fut pratiquement employée sous la forme où nous la présentons, longtemps avant nos jours, de même que les diverses prophéties que nous employons furent utilisées dans un but différent par les adventistes; et tout comme les doctrines que nous soutenons et qui, elles aussi, semblent si récentes, si neuves et si différentes, ont été déjà soutenues d’une certaine manière longtemps avant nous: L’élection, la grâce gratuite, le rétablissement de toutes choses, la justification, la sanctification, la glorification et la résurrection, par exemple.”
Dans ce cas, comment Charles Russell percevait-il le rôle que ses compagnons et lui avaient joué dans la diffusion de la vérité biblique? Il a expliqué: “Notre travail (...) a été de rassembler ces fragments de vérité épars depuis longtemps et de les présenter au peuple du Seigneur — en précisant que ces vérités ne sont ni nouvelles, ni personnelles, mais sont celles du Seigneur. (...) Nous n’avons pas à nous attribuer le mérite d’avoir trouvé et réordonné les joyaux de vérité.” Il a dit aussi: “L’œuvre dans laquelle il a plu au Seigneur d’employer nos humbles talents a moins été un travail de défrichement qu’un travail de rassemblement, de reconstruction, d’ajustement et de mise en harmonie.”
Ainsi, Charles Russell considérait tout ce qu’il avait fait avec une grande modestie. Néanmoins, les ‘fragments épars de vérité’ qu’il avait rassemblés et présentés au peuple du Seigneur étaient exempts de doctrines païennes déshonorantes pour Dieu, telles que la Trinité ou l’immortalité de l’âme, doctrines qui s’étaient implantées dans les religions de la chrétienté par suite de la grande apostasie. Plus qu’aucun de leurs contemporains, Charles Russell et ses compagnons ont prêché dans le monde entier la signification du retour du Seigneur ainsi que la signification du dessein divin et de ce qui s’y rattachait.
“Nous stimuler les uns les autres dans la très sainte foi”
Des gens sincères ont rapidement prêté l’oreille aux vérités libératrices que Charles Russell et ses compagnons prêchaient au moyen et de la page imprimée et de discours. Charles Russell, qui n’avait pas encore 30 ans, a vite compris que les lecteurs de La Tour de Garde avaient besoin de faire connaissance avec d’autres croyants comme eux et de s’encourager les uns les autres. Les Étudiants de la Bible de Pittsburgh le faisaient déjà en se réunissant régulièrement, mais que pouvait-on entreprendre pour aider les lecteurs de La Tour de Garde en d’autres lieux?
La réponse est venue dans les numéros de La Tour de Garde en anglais de mai et de juin 1880. Charles Russell y annonçait son projet de se rendre dans plusieurs villes de Pennsylvanie, du New Jersey, du Massachusetts et de l’État de New York. Dans quel but? “Nos lecteurs, expliquait l’annonce, sont très éparpillés: en certains endroits ils sont 2 ou 3, en d’autres jusqu’à 50. Bien souvent, ils ne se connaissent pas du tout entre eux; ils se privent donc du soutien et du réconfort qu’ils devraient recevoir, selon l’intention de notre Père, ‘en s’assemblant comme c’est la coutume de quelques-uns’. Son dessein est de nous voir ‘nous édifier mutuellement’, et nous stimuler les uns les autres dans la très sainte foi. Notre souhait en proposant ces réunions est qu’elles permettent de nous connaître les uns les autres.” — Héb. 10:24, 25.
Les ‘réunions proposées’ se sont tenues pendant le voyage de Charles Russell, et ont été une réussite; elles ont rapproché les lecteurs de La Tour de Garde. Ce voyage de Charles Russell et d’autres qu’il a faits ensuite pour rendre visite aux ‘petits groupes de gens dans l’attente’ ont rapidement conduit à la formation de plusieurs classes, ou ecclésias (plus tard appelées congrégations), situées dans les régions déjà citées, ainsi que dans l’Ohio et le Michigan. Ces classes étaient encouragées à tenir régulièrement des réunions. Mais quel genre de réunions?
La classe de Pittsburgh avait institué la coutume de se réunir au moins deux fois par semaine. L’une de ces réunions consistait souvent en un discours prononcé par un orateur capable à l’adresse de toute l’ecclésia; ce pouvait être dans une salle louée. Par contre, aux autres réunions, que l’on tenait généralement dans des foyers, les assistants étaient invités à apporter Bible, concordance, papier et crayon — et à participer.
L’ambiance chaleureuse et amicale, empreinte de spiritualité, qui régnait à ces réunions hebdomadaires offrait un changement revigorant par rapport à l’atmosphère froide et impersonnelle des offices de beaucoup de religions de la chrétienté. Pourtant, Charles Russell et ses compagnons n’étaient pas les premiers à avoir l’idée de réunions régulières. Ce sont les chrétiens du Ier siècle qui ont introduit la coutume de s’assembler, même dans des foyers. — Rom. 16:3, 5; Col. 4:15.
“Prêchez-vous?”
Charles Russell et ses compagnons étaient tout à fait convaincus qu’ils étaient en période de moisson et que les gens avaient besoin d’entendre la vérité libératrice. Mais ils étaient peu nombreux. Certes, La Tour de Garde comblait un besoin fondamental, mais ne pouvait-on pas faire plus? Charles Russell et ses collaborateurs le pensaient. En 1880, ils ont commencé à publier les Bible Students’ Tracts (Tracts des Étudiants de la Bible) (également appelés plus tard Old Theology Quarterly [Cahiers trimestriels de théologie ancienne]). Ces tracts étaient remis aux lecteurs de La Tour de Garde avec mission de les diffuser gratuitement au public.
En effet, les lecteurs de La Tour de Garde étaient encouragés à communiquer aux autres les précieuses vérités qu’ils apprenaient. “Prêchez-vous?” a été la question posée dans La Tour de Garde de juillet-août 1881 (en anglais). Était-il important qu’ils prêchent? L’article disait: “Nous croyons que nul ne fera partie du petit troupeau sans être prédicateur. (...) En effet, nous avons été appelés pour souffrir avec lui et pour proclamer cette bonne nouvelle maintenant, afin qu’en temps voulu nous soyons glorifiés et accomplissions les choses que nous prêchons maintenant. Nous n’avons pas été appelés ni oints pour recevoir des honneurs et amasser des richesses, mais pour dépenser et être dépensés, ainsi que pour prêcher la bonne nouvelle.”
Il est logique que ces premiers Étudiants de la Bible aient ressenti vivement la nécessité de prêcher la bonne nouvelle. En fait, la mission de prêcher a été confiée aux chrétiens du Ier siècle; c’est une responsabilité qui incombe à tous les chrétiens authentiques jusqu’à ce jour (Mat. 24:14; 28:19, 20; Actes 1:8). Mais quel était l’objectif de la prédication effectuée par Charles Russell et par les premiers lecteurs de La Tour de Garde? Était-il simplement de distribuer des écrits bibliques, ou encore de réveiller chez ceux qui allaient à l’Église l’intérêt pour les vérités bibliques?
“Vous devez (...) la quitter”
“Sortez d’elle, mon peuple”, a dit la Bible il y a longtemps. Sortir de quoi? De “Babylone la Grande, la mère des prostituées et des choses immondes de la terre”. (Rév. 17:5; 18:4.) Pourquoi faut-il sortir de Babylone? “Car ses péchés se sont amoncelés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de ses actes d’injustice.” (Rév. 18:5). Qui est cette prostituée mère, de laquelle on doit se séparer?
Martin Luther et d’autres réformateurs disaient que l’Église catholique et sa papauté constituaient Babylone la Grande. Alors, que penser des Églises protestantes auxquelles la Réforme avait donné naissance? À vrai dire, à part le rejet de la primauté du pape, certaines d’entre elles ne différaient pas tellement du catholicisme quant à la structure religieuse, et elles avaient conservé des doctrines non bibliques comme la Trinité, l’immortalité de l’âme et les tourments éternels. Pour cette raison, des prédicateurs pressaient les gens de se libérer non seulement de l’Église catholique, mais aussi des grandes religions protestantes.
Charles Russell et ses compagnons ont aussi compris que cette prostituée infâme n’était pas uniquement l’Église catholique. Ainsi, un article de La Tour de Garde de novembre 1879 (en anglais), tout en identifiant Babylone la Grande avec “la papauté en tant que SYSTÈME”, ajoutait néanmoins ceci: “Il nous faut aller plus loin et impliquer (non les membres individuellement, mais les systèmes religieux) d’autres Églises unies aux empires de la terre. Toute Église prétendant être une vierge chaste promise en mariage au Christ, mais en réalité unie au monde (la bête) qui la soutient, doit être, selon le langage des Écritures, condamnée comme une Église prostituée.”
Qu’étaient donc encouragés à faire les lecteurs de La Tour de Garde? Charles Russell a écrit: “Si l’Église à laquelle vous appartenez vit en union adultère avec le monde, vous devez, pour garder vos vêtements blancs, la quitter.” Charles Russell et ses compagnons ne comprenaient pas alors jusqu’où allait l’influence de Babylone la Grande. Néanmoins, les lecteurs de La Tour de Garde ont été exhortés à se séparer des systèmes religieux qui étaient corrompus et attachés au monde. — Jean 18:36.
“Sa vérité a conquis mon cœur aussitôt”
La diffusion des vérités bibliques a fait un grand pas en avant en 1886 avec la parution du premier tome de L’Aurore du Millénium, série de livres promise et écrite par Charles Russell. Le premier tome s’intitulait Le divin Plan des Âges. Il contenait l’étude de 16 sujets, sous des titres tels que “Démonstration de l’existence d’un Créateur souverainement intelligent”, “La Bible: Révélation divine vue à la lumière de la raison”, “La venue de notre Seigneur, — son but, le rétablissement de toutes choses” ou “La permission du mal et son rapport avec le plan de Dieu”. Par la suite, Charles Russell a écrit cinq autres tomes de L’Aurore du Milléniume.
Charles Russell n’a pas vécu assez longtemps pour écrire le septième tome de la série comme il en avait l’intention, mais la large diffusion des six tomes qu’il avait achevés a éveillé l’intérêt des personnes sincères. En 1889, une femme a écrit: “Votre livre L’AURORE DU MILLÉNIUM m’est parvenu en automne dernier, alors que jusque-là je ne soupçonnais même pas l’existence d’un tel ouvrage. Je l’ai reçu un samedi soir, j’ai commencé à le lire aussitôt et je ne l’ai pas lâché, sauf obligation, jusqu’à l’avoir fini. Sa vérité a conquis mon cœur aussitôt; j’ai tout de suite quitté l’Église presbytérienne où depuis si longtemps je cherchais à tâtons la vérité, sans la trouver.”
En ce temps-là, il fallait bien du courage pour quitter son Église. Témoin le cas de cette femme qui vivait au Canada, dans le Manitoba. Elle a fait l’acquisition de L’Aurore du Millénium en 1897. Au début, elle a essayé de rester fidèle à son Église et de continuer d’enseigner à l’École du dimanche. Puis vint le jour, en 1903, où elle a décidé de quitter l’Église. Elle s’est levée et a dit à tous ceux qui étaient présents pourquoi elle devait, à son avis, se séparer de l’Église. Son plus proche voisin (or un voisin était très précieux à cette époque-là dans les petites bourgades) a essayé de la persuader de revenir à sa religion. Mais elle a tenu bon, alors qu’il n’y avait aucune congrégation d’Étudiants de la Bible à proximité. Son fils, plus tard, a décrit en ces termes ce qu’elle a vécu: “Pas de serviteur d’étude [ancien] sur lequel compter. Pas de réunions. Un cœur contrit. Une Bible tout usée. De longues heures de prières.”
Qu’y avait-il dans L’Aurore du Millénium, dans La Tour de Garde, et dans d’autres publications de la Société, qui a conquis le cœur des gens et les a poussés à l’action? Charles Russell avait une façon d’expliquer les enseignements bibliques différente de beaucoup de rédacteurs de son temps. Il avait la conviction que la Bible était la Parole infaillible de Dieu et que ses enseignements étaient forcément harmonieux. Par conséquent, se disait-il, si une quelconque partie de la Bible est difficile à comprendre, elle devrait être éclairée et interprétée par une autre partie de la Parole inspirée. Quand il présentait des explications, il n’essayait pas de les étayer avec le témoignage de théologiens contemporains ou avec les idées des prétendus pères de l’Église primitive. Ainsi, il a écrit dans le premier tome de L’Aurore du Millénium: “Nous croyons que c’est un défaut commun à notre temps et aux âges précédents d’admettre certaines doctrines pour la simple raison que d’autres, en lesquels on avait confiance, le firent. (...) Les chercheurs de vérité devraient vider leurs vases des eaux bourbeuses de la tradition, [et] les remplir à la source de la vérité — la Parole de Dieu.”
Comme de plus en plus de ces chercheurs de vérité étaient touchés par ce qu’ils lisaient dans les publications de la Société Watch Tower, des changements inattendus sont devenus nécessaires à Allegheny.
Le siège à la Maison de la Bible
Les Étudiants de la Bible d’Allegheny, qui collaboraient à la publication de La Tour de Garde, étaient considérés comme ceux qui avaient le plus d’expérience dans l’œuvre du Seigneur, et toutes les ecclésias, ou congrégations, les regardaient comme étant à la tête. Au début, ils ont eu leur siège à Pittsburgh, 101 Cinquième Avenue, et plus tard à Allegheny, 44 Federal Street. Mais à la fin des années 1880, ils avaient besoin de plus de place. Charles Russell a donc pris des dispositions pour acheter des locaux plus grands. En 1889 a été achevé un bâtiment en briques à quatre niveaux à Allegheny, 56-60 Arch Street. Évalué à 34 000 dollars à l’époque, il a été appelé la Maison de la Bible. Il est resté le siège de la Société pendant 19 ans.
Jusqu’en 1890, la petite famille de la Maison de la Bible a pourvu aux besoins de quelques centaines de compagnons actifs de la Société Watch Tower. Mais durant les années 1890, de plus en plus de personnes se sont intéressées à leur activité. D’ailleurs, le 26 mars 1899, le Mémorial de la mort du Christ a été célébré, selon un rapport incomplet publié dans La Tour de Garde, par 2 501 participants en 339 réunions différentes. Mais voilà, comment allait-on maintenir unis ces Étudiants de la Bible de plus en plus nombreux?
L’unification du troupeau en pleine croissance
Charles Russell encourageait tous les lecteurs de La Tour de Garde à se rassembler là où ils le pouvaient pour former des groupes, petits ou grands, afin de s’édifier spirituellement. Des conseils bibliques étaient donnés dans les pages de La Tour de Garde. En outre, la Société Watch Tower leur envoyait des représentants itinérants pour garder le contact avec les divers groupes et les édifier spirituellement.
De temps en temps, il y avait aussi des assemblées spéciales qui réunissaient des Étudiants de la Bible venus de divers endroits. “Ceci est une INVITATION SPÉCIALE à tout lecteur en mesure de venir”, pouvait-on lire dans La Tour de Garde de mars 1886 (en anglais). Invitation à quoi? À la commémoration annuelle du Repas du Seigneur, qui aurait lieu le dimanche 18 avril 1886 à Allegheny. Mais on avait prévu quelque chose en plus: des réunions spéciales auraient lieu tous les soirs de la semaine qui suivrait l’événement. Les Étudiants de la Bible d’Allegheny ont ouvert leurs maisons — et leurs cœurs — gratuitement aux assistants venus d’ailleurs. Pendant les années qui ont suivi, il s’est tenu des assemblées semblables à Allegheny à l’époque du Mémorial de la mort du Seigneur.
À la fin des années 1890, on a commencé à organiser de grandes assemblées en divers endroits. Souvent, Charles Russell y donnait des discours. Quelle impression laissait-il à ses auditeurs?
Voici le témoignage de Ralph Leffler, qui a eu l’occasion de l’entendre: “Sur l’estrade, pour se présenter devant l’assistance, il portait toujours une redingote noire et une cravate blanche. Il n’avait pas une voix puissante, et il n’utilisait jamais de microphone ou de porte-voix puisque cela n’existait pas encore; pourtant, d’une façon ou d’une autre, sa voix portait toujours jusqu’à la partie la plus éloignée de la salle. Il pouvait retenir l’attention d’une grande assistance pas seulement une petite heure, mais parfois deux ou trois heures. Avant de faire son discours, il commençait toujours par s’incliner légèrement devant l’assistance. En parlant, il ne restait pas immobile comme une statue, mais il était toujours en mouvement, faisant de grands gestes avec les bras et marchant d’un côté à l’autre ou d’avant en arrière. Pas une fois je ne l’ai vu tenir des notes ou un manuscrit — rien que la Bible, qu’il utilisait très souvent. Il parlait avec son cœur et d’une manière très convaincante. En général, à cette époque, les seuls objets que l’on voyait sur l’estrade étaient une petite table sur laquelle étaient posés une Bible, un pichet d’eau et un verre auquel l’orateur buvait une gorgée de temps à autre.”
Ces grandes assemblées des débuts étaient des moments d’agréable compagnie qui redonnaient des forces spirituelles. Elles ont servi à renforcer l’unité de tous les Étudiants de la Bible et à faire connaître les vérités bibliques. Parallèlement, alors que s’achevaient les années 1890, il devenait clair pour les Étudiants de la Bible qu’il y avait davantage à faire pour répandre la vérité biblique. Mais ils étaient encore relativement peu nombreux. N’existait-il pas un moyen différent des méthodes alors utilisées pour atteindre des millions d’autres personnes? Oui, bien évidemment!
L’“évangélisation par la presse”
À la fin du XIXe siècle, le télégraphe avait un grand succès. La communication télégraphique était rapide et peu coûteuse; elle révolutionnait la presse. On pouvait transmettre les nouvelles en un instant sur de longues distances pour les faire imprimer dans les journaux. À l’aube du XXe siècle, Charles Russell et ses compagnons ont discerné que la presse était un moyen efficace d’atteindre un vaste public. Par la suite, Charles Russell a dit: “Les journaux sont devenus l’élément essentiel dans la vie quotidienne du monde civilisé.”
La Tour de Garde du 1er décembre 1904 (en anglais) annonçait que les sermons de Charles Russell paraissaient dans trois journaux. Dans le numéro suivant, un article intitulé “L’évangélisation par la presse” disait: “Des millions de sermons ont ainsi été répandus de tous côtés; et au moins quelques-uns ont été bénéfiques. Si le Seigneur le veut, nous serons heureux de voir cette ‘porte’ rester ouverte, ou même s’ouvrir encore plus grand.” Et cette ‘porte’ qu’était “l’évangélisation par la presse” s’est en effet ouverte encore plus grand. Pour preuve, en 1913 on a calculé que par l’intermédiaire de 2 000 journaux les sermons de Charles Russell avaient atteint 15 millions de lecteurs!
Mais comment Charles Russell faisait-il pour qu’un sermon soit imprimé toutes les semaines, même lorsqu’il était en voyage? Chaque semaine, il télégraphiait un sermon (de la longueur de deux colonnes de journal) à un service de presse qui le retélégraphiait à des journaux des États-Unis, du Canada et d’Europe.
Charles Russell était convaincu que le Seigneur avait ouvert en grand la porte de la prédication par la presse. Grâce à ces sermons qui paraissaient dans les journaux, pendant les dix premières années du XXe siècle, beaucoup de gens ont entendu le message biblique que Charles Russell et ses compagnons ont prêché. Une publication ayant pour titre The Continent a expliqué un jour à propos de Charles Russell: “On dit que ses écrits circulent chaque semaine par la presse plus que ceux de tout autre rédacteur vivant; plus, sans doute, que l’ensemble des écrits de tous les prêtres et prédicateurs de l’Amérique du Nord.”
Transfert à Brooklyn
Tandis que la prédication par la presse prenait son essor, les Étudiants de la Bible cherchaient un autre lieu d’où émettre les sermons. En effet, la Maison de la Bible à Allegheny était devenue trop petite. Ils pensaient également que si les sermons de Charles Russell émanaient d’une ville plus grande et mieux connue, ils arriveraient à les faire publier dans un plus grand nombre de journaux. Mais à partir de quelle ville? La Tour de Garde du 15 décembre 1908 (en anglais) a expliqué ceci: “Nous avons finalement conclu, après avoir recherché la direction divine, que Brooklyn (New York), qui comprend une importante population appartenant à la classe moyenne et qu’on appelle la ‘Ville aux églises’, sera, pour ces raisons, notre point central le plus pratique pour la moisson durant les quelques années qui restent.”
C’est ainsi qu’en 1908 plusieurs représentants de la Société Watch Tower, dont son conseiller juridique, Joseph Rutherford, ont été envoyés à New York dans le but de faire l’acquisition de bâtiments que Charles Russell avait remarqués lors d’un précédent voyage. Ils ont acheté le vieux “Béthel de Plymouth” à Brooklyn, 13-17 Hicks Street. Ce bâtiment avait été une mission de l’Église congrégationaliste du quartier, où Henry Beecher avait été pasteur. Les représentants de la Société ont aussi acheté l’ancienne demeure de Henry Beecher, maison de quatre niveaux en grès au 124 Columbia Heights, quelques rues plus loin.
Le bâtiment de Hicks Street a été réaménagé et appelé le “Tabernacle de Brooklyn”. On y a installé les bureaux de la Société et une salle de réunion. Quant à l’ancienne habitation de Henry Beecher au 124 Columbia Heights, après d’importantes réparations, elle est devenue la nouvelle demeure des volontaires travaillant au siège de la Société. Quel nom allait-on lui donner? Voici l’explication de La Tour de Garde du 1er mars 1909 (en anglais): “Cette nouvelle demeure, nous l’appellerons ‘Béthel’ [mot qui signifie “Maison de Dieu”]f.”
“L’évangélisation par la presse”, comme on l’appelait, a pris un nouvel élan après ce transfert à Brooklyn. Mais ce n’était pas là l’unique façon d’atteindre un très grand nombre de gens.
La prédication de la bonne nouvelle prend de l’ampleur
En 1912, Charles Russell et ses compagnons se sont lancés courageusement dans une entreprise qui était bien en avance sur son temps. L’objectif était d’enseigner des millions de personnes dans le monde entier. Il s’agissait du “Photo-Drame de la Création” — projection combinée d’un film et de vues fixes, synchronisée avec des enregistrements musicaux et des discours phonographiques. Cette projection, divisée en quatre parties, durait huit heures. Outre le Photo-Drame normal, ils ont aussi mis au point l’“Eurêka-Drame”, qui comprenait soit les disques (discours et musique), soit les disques et les vues fixes. Bien qu’il lui manquât les films, l’“Eurêka-Drame” a eu du succès là où il a été présenté, dans des régions moins peuplées.
Imaginons la scène, un moment historique: New York, janvier 1914, à l’ère du cinéma muetg, 5 000 personnes se rassemblent au Temple, édifice situé dans la 63e rue Ouest. Beaucoup d’autres s’entendent dire qu’il n’y a plus de place. Que se passe-t-il? C’est la première à New York du “Photo-Drame de la Création”! Devant les spectateurs, tout yeux et tout oreilles, s’étale un grand écran de cinéma sur lequel, soudain, apparaît Charles Russell dans sa soixantième année. Et, ô surprise, alors que ses lèvres commencent à bouger, sa voix se fait entendre! Les spectateurs sont alors emportés, au moyen de la parole, des images en couleurs et de la musique, dans un voyage à travers le temps, depuis la création de la terre jusqu’à la fin du Règne millénaire du Christ. On voit aussi d’autres choses extraordinaires telles que l’épanouissement d’une fleur et l’éclosion d’un poussin avec des images en accéléré. Le public est subjugué!
À la fin de 1914, des millions de personnes avaient vu le “Photo-Drame” en Amérique du Nord, en Europe, en Nouvelle-Zélande et en Australie. Le “Photo-Drame” a été un moyen efficace d’atteindre un très grand nombre de personnes en un temps relativement court.
Et octobre 1914, dans tout cela? Depuis des dizaines d’années, Charles Russell et ses compagnons proclamaient que les temps des Gentils s’achèveraient en 1914. Tous étaient dans l’attente. Charles Russell avait critiqué ceux qui avaient fixé diverses dates pour le retour du Seigneur, tels William Miller et certains groupes adventistes. Toutefois, depuis l’époque de sa collaboration avec Nelson Barbour, il était convaincu qu’il existait une chronologie exacte, fondée sur la Bible, et qu’elle indiquait 1914 comme date de la fin des temps des Gentils.
À l’approche de cette année importante, l’attente était grande chez les Étudiants de la Bible, mais tout ce qu’ils attendaient n’avait pas été directement énoncé dans les Écritures. Qu’adviendrait-il?
-
-
Un temps d’épreuve (1914-1918)Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 6
Un temps d’épreuve (1914-1918)
“Souvenons-nous que l’époque actuelle est un temps de mise à l’épreuve. (...) Existe-t-il des motifs susceptibles de nous éloigner du Seigneur et de sa vérité, susceptibles de nous induire à renoncer à notre sacrifice au Seigneur et à sa cause, alors ce n’est pas vraiment l’amour de Dieu dans nos cœurs qui a éveillé en eux un certain intérêt pour le Seigneur, mais c’est un autre motif, probablement l’espérance que la durée du sacrifice serait courte, que notre consécration ne serait nécessaire que pendant un certain temps. S’il en est vraiment ainsi, c’est maintenant le bon moment de tout lâcher.”
CES paroles, imprimées dans La Tour de Garde de février 1915 (1er novembre 1914 en anglais), ne pouvaient être plus appropriées. Les années 1914 à 1918 ont bel et bien été “un temps de mise à l’épreuve” pour les Étudiants de la Bible. Certaines des épreuves sont venues du milieu d’eux; d’autres, de l’extérieur. Toutes, cependant, ont éprouvé les Étudiants de la Bible de façons qui ont révélé s’ils avaient vraiment ‘l’amour de Dieu dans leur cœur’. Allaient-ils tenir ferme le ‘Seigneur et sa vérité’ ou allaient-ils tout lâcher?
De grandes espérances
Le 28 juin 1914, l’archiduc d’Autriche-Hongrie, François-Ferdinand, était assassiné par balle. Cet assassinat a déclenché la Grande Guerre, comme on a appelé au début la Première Guerre mondiale. Les combats ont commencé en août 1914 quand l’Allemagne a envahi la Belgique et la France. À l’automne de cette année-là, le carnage était déjà avancé.
“Les temps des Gentils ont pris fin; leurs rois ont eu leur jour!” s’est exclamé frère Russell en entrant dans la salle à manger. Cela se passait le vendredi 2 octobre 1914 à Brooklyn, au siège mondial de la Société Watch Tower. L’émotion était grande. La plupart de ceux qui étaient là attendaient 1914 depuis des années. Mais qu’allait amener la fin des temps des Gentils?
La Première Guerre mondiale faisait rage, et à cette époque les Étudiants de la Bible pensaient que la guerre déboucherait sur une période d’anarchie mondiale qui aboutirait à la fin du système de choses. L’année 1914 suscitait d’autres espérances encore. Alexander Macmillan, qui avait été baptisé en septembre 1900, a dit par la suite: “Quelques-uns d’entre nous pensaient sérieusement que nous irions au ciel au cours de la première semaine d’octobre de cette année-làa.” Et, racontant le matin où Charles Russell a annoncé la fin des temps des Gentils, il précise: “Nous étions fort bouleversés et je n’aurais pas été surpris si à ce moment même nous avions commencé à monter, comme s’il nous avait donné le signal de notre ascension au ciel — mais, bien sûr, il n’y eut rien de pareil.”
Au XIXe siècle, les attentes déçues concernant le retour du Seigneur Jésus avaient fait perdre la foi à beaucoup de disciples de William Miller et à plusieurs groupes adventistes. Et les Étudiants de la Bible, les compagnons de Charles Russell? Certains parmi eux avaient-ils été davantage attirés par la pensée de leur salut imminent que par l’amour pour Dieu et l’ardent désir de faire sa volonté?
‘Frère Russell, n’as-tu pas été déçu?’
Frère Russell avait toujours encouragé les Étudiants de la Bible à rester aux aguets et à persévérer avec détermination dans l’œuvre du Seigneur même si les choses ne se terminaient pas aussi tôt qu’ils l’avaient peut-être espéré.
Octobre 1914 a passé, et Charles Russell et ses compagnons étaient toujours sur terre. Puis octobre 1915 a passé aussi. Charles Russell a-t-il été déçu? Dans La Tour de Garde du 1er février 1916 (en anglais), il a écrit: “‘Mais, frère Russell, me demanderez-vous, quelle idée te fais-tu du temps de notre changement? N’as-tu pas été déçu qu’il ne soit pas arrivé quand nous l’espérions?’ Non, répondons-nous, nous n’avons pas été déçus. (...) Frères, ceux d’entre nous qui ont le bon point de vue vis-à-vis de Dieu ne sont déçus par aucune des dispositions qu’il prend. Ce n’est pas notre volonté que nous souhaitions voir s’accomplir; aussi, quand nous avons constaté que nous n’attendions pas ce qu’il fallait en octobre 1914, nous avons été contents que le Seigneur ne modifie pas son Plan pour nous faire plaisir. Nous ne souhaitions pas cela de sa part. Nous souhaitons uniquement comprendre ses plans et ses desseins.”
Non, les Étudiants de la Bible n’ont pas été ‘emportés dans leur demeure’ au ciel en octobre 1914. N’empêche que les temps des Gentils ont pris fin cette année-là. Il était clair que les Étudiants de la Bible en avaient encore à apprendre sur l’importance de 1914. Pendant ce temps, que leur fallait-il faire? Se mettre à l’œuvre! C’est ce qu’a indiqué La Tour de Garde du 1er septembre 1916 (en anglais) en ces termes: “Nous nous sommes imaginé que la Moisson, l’œuvre consistant à rassembler l’Église [des oints], serait accomplie avant la fin des temps des Gentils; mais rien dans la Bible ne le disait. (...) Regrettons-nous que la Moisson continue? Non, pour sûr (...). Notre état d’esprit maintenant, chers frères, devrait être celui-ci: une profonde gratitude envers Dieu, un attachement toujours plus grand à la belle Vérité qu’il nous a donné le privilège de discerner et de représenter, ainsi qu’un zèle croissant à communiquer à d’autres cette Vérité.”
Restait-il donc davantage à faire dans la moisson? Manifestement, c’est ce que frère Russell pensait. Témoin une conversation qu’il a eue avec frère Macmillan en automne 1916. Faisant venir Alexander Macmillan dans son cabinet de travail, au Béthel de Brooklyn, il lui a dit: “Le travail augmente rapidement, et il va continuer à augmenter, car il reste à effectuer une œuvre mondiale de prédication de l’‘évangile du royaume’.” Pendant trois heures et demie, il a expliqué à frère Macmillan comment, d’après la Bible, il entrevoyait la grande œuvre qui les attendait.
Les Étudiants de la Bible avaient traversé une épreuve difficile. Mais avec l’aide de La Tour de Garde, ils ont été fortifiés pour triompher de la déception. Pourtant, le temps de mise à l’épreuve était loin d’être terminé.
“Que va-t-il se passer maintenant?”
Le 16 octobre 1916, frère Russell et son secrétaire Menta Sturgeon partaient pour une tournée de discours dans l’ouest et le sud-ouest des États-Unis. Mais, à ce moment-là, Charles Russell était gravement malade. La tournée a commencé par Detroit (Michigan), via le Canada. Ensuite, après des haltes dans l’Illinois, le Kansas et le Texas, les deux hommes sont arrivés en Californie, où, le dimanche 29 octobre, à Los Angeles, Charles Russell a donné son dernier discours. Deux jours plus tard, le mardi après-midi 31 octobre, Charles Russell s’éteignait dans le train à Pampa (Texas). Il avait 64 ans. L’avis de décès a été inséré dans La Tour de Garde du 15 novembre 1916 (en anglais).
Quelle a été la réaction de la famille du Béthel à la nouvelle de la mort de frère Russell? Alexander Macmillan, qui était son suppléant au bureau en son absence, a raconté par la suite comment s’est passé le matin où il a lu le télégramme à la famille du Béthel: “Il s’est élevé un gémissement dans toute la salle à manger. Certains pleuraient tout haut. Personne n’a déjeuné ce matin-là. C’était la consternation générale. Quand le temps du repas a été écoulé, de petits groupes se sont formés; on parlait et on chuchotait: ‘Que va-t-il se passer maintenant?’ On a peu travaillé ce jour-là. Nous ne savions pas quoi faire. C’était si inattendu, et pourtant frère Russell avait essayé de nous y préparer. Qu’allions-nous faire? Le premier choc de la perte de Charles Russell a été le pire. Pendant les quelques jours qui ont suivi, nous sommes restés perplexes quant à l’avenir. Toute sa vie, Charles Russell avait été ‘la Société’. L’œuvre avait gravité autour de son énergique détermination à voir se faire la volonté de Dieu.”
Après la cérémonie funèbre au Temple à New York et au Carnegie Hall à Pittsburgh, frère Russell a été inhumé, conformément à sa volonté, à Allegheny, dans la concession de la famille du Béthel. Une courte biographie de Charles Russell, ses dernières volontés et son testament ont été publiés dans l’édition anglaise de La Tour de Garde du 1er décembre 1916 (voir édition française de mai 1917), ainsi que dans les éditions postérieures du premier tome des Études des Écritures.
Qu’allait-il se passer maintenant? Il était difficile pour les Étudiants de la Bible d’imaginer quelqu’un d’autre à la place de frère Russell. Leur compréhension des Écritures allait-elle continuer à grandir, ou bien allait-elle piétiner? Allaient-ils devenir une secte gravitant autour de cette personnalité? Charles Russell lui-même avait dit très clairement qu’il voulait que l’œuvre continue. C’est pourquoi, après sa mort, des questions évidentes n’ont pas tardé à se poser: Qui allait décider du contenu de La Tour de Garde et d’autres publications? Qui devrait succéder au président Russell?
Changement d’administration
Dans son testament, frère Russell avait jeté les bases de la formation d’un comité de cinq membres, appelé Comité de rédaction, dont le rôle serait de décider du contenu de La Tour de Gardeb. En outre, le conseil d’administration de la Watch Tower Bible and Tract Society a désigné un Comité directeur composé de trois membres, à savoir A. Ritchie, William Van Amburgh et Joseph Rutherford. Ce comité, subordonné au conseil d’administration, était chargé de diriger toute l’activité de la Sociétéc. Mais qui deviendrait le nouveau président? Cette décision serait prise à l’assemblée générale annuelle de la Société qui devait se tenir deux mois plus tard, le 6 janvier 1917.
Au début, le Comité directeur a fait de son mieux pour stabiliser la situation, encourageant les Étudiants de la Bible à rester actifs et à ne pas perdre courage. La Tour de Garde a continué de paraître, contenant des articles que Charles Russell avait écrits avant sa mort. Mais à mesure qu’approchait l’assemblée générale annuelle, la tension montait. Certains individus menaient même leur petite campagne électorale afin que l’homme de leur choix soit élu président. D’autres, du fait de leur profond respect pour frère Russell, semblaient davantage soucieux d’essayer de copier ses qualités et de créer une sorte de culte dont il était le centre. Néanmoins, la plupart des Étudiants de la Bible se préoccupaient avant tout de poursuivre l’œuvre dans laquelle Charles Russell s’était investi.
Alors que l’élection approchait, la question demeurait: Qui allait succéder au président Russell? La Tour de Garde du 15 janvier 1917 (en anglais) a raconté l’issue de l’assemblée générale annuelle en ces termes: “Frère Pierson, faisant des remarques très pertinentes et exprimant son estime et son affection pour frère Russell, a déclaré qu’il avait reçu de la part de frères de tout le pays procuration afin de voter pour désigner frère Joseph Rutherford à la présidence, et il a ajouté qu’il approuvait totalement ce choix.” Une fois proposée la candidature de Joseph Rutherford et cette proposition appuyée, il n’y a pas eu d’autre proposition de candidat, par conséquent “le secrétaire a voté comme indiqué, et frère Rutherford a été déclaré, par choix unanime de toute l’assemblée, président”.
Après l’élection, comment le nouveau président a-t-il été accueilli? La Tour de Garde précitée rapporte: “Partout les frères et sœurs avaient prié ardemment pour que le Seigneur les guide et les dirige dans la question de l’élection; et lorsque celle-ci a été terminée, tous étaient contents et heureux, convaincus que le Seigneur avait dirigé leurs délibérations et avait répondu à leurs prières. Il régnait une parfaite harmonie entre tous ceux qui étaient présents.”
Cependant, cette “parfaite harmonie” n’a pas duré très longtemps. Le nouveau président a été accueilli chaleureusement par beaucoup, mais pas par tous.
Le nouveau président va de l’avant
Frère Rutherford souhaitait, non changer la direction de l’organisation, mais continuer d’aller de l’avant selon le modèle laissé par frère Russell. Le nombre des représentants itinérants de la Société (appelés pèlerins) est passé de 69 à 93. La diffusion des tracts gratuits de la Société a été intensifiée certains dimanches devant les églises et régulièrement dans le ministère de maison en maison.
L’“œuvre pastorale”, commencée avant la mort de Charles Russell, a été intensifiée. C’était un travail de suivi, équivalant à l’activité des nouvelles visites qu’accomplissent aujourd’hui les Témoins de Jéhovah. Également, pour redonner encore plus de vitalité à la prédication, le nouveau président de la Société a augmenté le nombre des colporteurs. De 372 qu’ils étaient, ces colporteurs (on les appellerait aujourd’hui des pionniers) sont passés à 461.
“L’année 1917 s’annonçait plutôt mal”, lisait-on dans La Tour de Garde du 15 décembre 1917 (en anglais). En effet, la mort de Charles Russell avait suscité bien des inquiétudes, des doutes et des craintes. Pourtant, le rapport de fin d’année était encourageant; l’activité de prédication avait augmenté. Il était clair que l’œuvre allait de l’avant. Les Étudiants de la Bible avaient-ils bien surmonté cette autre épreuve, celle de la mort de Charles Russell?
Tentative de mainmise
Le nouveau président n’avait pas l’appui de tous. Charles Russell et Joseph Rutherford étaient deux hommes très différents, tant par leurs personnalités que par leurs origines. Certains avaient du mal à accepter ces différences. Dans leur esprit, frère Russell était irremplaçable.
Quelques-uns, notamment au siège de la Société, étaient vraiment hostiles à frère Rutherford. Ils voyaient pourtant que l’œuvre allait de l’avant et que lui-même faisait tous ses efforts pour se conformer aux dispositions prises par Charles Russell, mais cela ne semblait pas les toucher. L’opposition n’a pas tardé à se manifester. Quatre membres du conseil d’administration de la Société sont allés jusqu’à tenter de ravir à Joseph Rutherford le pouvoir administratif. La situation est devenue critique en été 1917 avec la parution du Mystère accompli, septième tome des Études des Écritures.
Bien qu’il l’eût souhaité, frère Russell n’avait pas pu faire paraître ce tome de son vivant. Après sa mort, le Comité directeur de la Société a demandé à deux collaborateurs, Clayton Woodworth et George Fisher, de préparer cet ouvrage qui était un commentaire de la Révélation, du Cantique des cantiques et d’Ézéchiel. Ils ont compilé ce que Charles Russell avait écrit sur ces livres de la Bible, et y ont ajouté des commentaires et des explications. L’autorisation d’imprimer le manuscrit achevé a été donnée par des membres du bureau exécutif et sa parution a été annoncée à la famille du Béthel au moment du repas le mardi 17 juillet 1917. En même temps a été faite une communication stupéfiante: les quatre administrateurs hostiles avaient été démis de leurs fonctions, et frère Rutherford avait nommé à leur place quatre autres frères. Quelle a été la réaction?
Ce fut comme si une bombe avait explosé! Les quatre administrateurs destitués ont saisi l’occasion pour soulever une polémique qui a duré cinq heures devant la famille du Béthel, au sujet de l’administration des affaires de la Société. Un certain nombre des membres de la famille du Béthel ont pris parti pour les adversaires. L’opposition a duré ainsi plusieurs semaines, les perturbateurs menaçant de “renverser la tyrannie en place”. Mais l’action de frère Rutherford avait un fondement solide. Lequel?
Les quatre administrateurs avaient bien été nommés par frère Russell, mais leur nomination n’avait jamais été ratifiée par le vote des membres de l’association lors de l’assemblée générale annuelle de la Société. De ce fait, aux yeux de la loi, aucun des quatre n’était membre du conseil d’administration! Joseph Rutherford le savait, mais au début il n’en avait pas parlé. Pourquoi? Il avait voulu éviter de donner l’impression qu’il allait à l’encontre des vœux de frère Russell. Toutefois, quand il est devenu évident que ces hommes n’allaient pas cesser leur opposition, Joseph Rutherford a exercé son autorité et assumé sa responsabilité de président: il les a remplacés par quatre autres hommes, dont la nomination devait être ratifiée lors de l’assemblée générale annuelle suivante, en janvier 1918.
Le 8 août, les ex-administrateurs mécontents et leurs partisans quittaient la famille du Béthel; on leur avait demandé de partir à cause des troubles qu’ils créaient. Ils n’ont pas tardé à faire connaître leur opposition par une vaste campagne de discours et de lettres qu’ils ont menée dans tous les États-Unis, au Canada et en Europe. En conséquence, après l’été 1917 un certain nombre de congrégations d’Étudiants de la Bible se sont divisées en deux groupes opposant, d’un côté, ceux qui étaient fidèles à la Société, et de l’autre, ceux qui étaient devenus la proie facile du verbiage doucereux des adversaires.
Mais, dans leur tentative de mainmise sur l’organisation, les administrateurs destitués n’allaient-ils pas essayer d’influencer ceux qui assisteraient à l’assemblée générale annuelle? Prévoyant cette réaction, Joseph Rutherford a jugé sage de procéder à un référendum dans toutes les congrégations. Quel en a été le résultat? Selon le compte rendu publié dans La Tour de Garde du 15 décembre 1917 (en anglais), ceux qui ont voté ont exprimé leur soutien massif à Joseph Rutherford et aux administrateurs qui coopéraient avec lui! Cela a été confirmé à l’assemblée générale annuelled. La tentative de mainmise avait avorté!
Qu’est-il advenu des adversaires et de leurs partisans? Après l’assemblée générale annuelle de janvier 1918, ils se sont séparés des Étudiants de la Bible et ont même préféré, le 26 mars 1918, célébrer le Mémorial de leur côté. Quelque unité qu’ils aient eue, elle a été de courte durée, et avant longtemps ils se sont divisés en plusieurs sectes dont, pour la plupart d’entre elles, les effectifs ont peu à peu diminué et dont l’activité a ralenti ou cessé complètement.
Ainsi, après la mort de frère Russell, la fidélité des Étudiants de la Bible a été éprouvée. Voici le témoignage de Tarissa Gott, qui a été baptisée en 1915: “Nombre de ceux qui jusqu’alors avaient paru si forts, si dévoués au Seigneur, commençaient à s’en détourner. (...) Voilà qui ne nous disait rien qui vaille; pourtant il fallait se rendre à l’évidence, qui était préoccupante. Mais je raisonnais ainsi: ‘Cette organisation n’est-elle pas celle que Jéhovah a utilisée pour nous affranchir des liens de la fausse religion? N’avons-nous pas goûté sa bonté? Si nous partions maintenant, où irions-nous? Ne finirions-nous pas par suivre un homme?’ Nous n’avions aucune raison de suivre les apostats, aussi sommes-nous restés.” — Jean 6:66-69; Héb. 6:4-6.
Certains de ceux qui ont quitté l’organisation se sont par la suite repentis et se sont de nouveau joints aux Étudiants de la Bible dans le culte divin. La grande majorité, comme sœur Gott, ont continué à coopérer avec la Société Watch Tower et frère Rutherford. À se côtoyer depuis des années aux réunions et aux assemblées, ils avaient consolidé leur amour et leur unité. Ils ne laisseraient rien briser ce lien d’union. — Col. 3:14.
En 1918, les Étudiants de la Bible avaient survécu à l’épreuve venant du milieu d’eux. Mais si l’opposition venait de ceux de l’extérieur, qu’allaient-ils devenir?
Pris pour cible
Pendant les derniers mois de 1917 et jusqu’en 1918, les Étudiants de la Bible ont diffusé énergiquement le nouveau livre Le mystère accompli. À la fin de 1917, les imprimeurs tiraient le 850e mille. La Tour de Garde du 15 décembre 1917 (en anglais) a dit: “Dans le même espace de temps, aucun autre livre connu, à l’exception de la Bible, n’a eu une aussi grande diffusion que le septième tome.”
Mais le succès du Mystère accompli n’enchantait pas tout le monde. Ce livre renfermait des déclarations très incisives au sujet du clergé de la chrétienté. Le clergé en a été si contrarié qu’il a pressé le gouvernement d’interdire les publications des Étudiants de la Bible. Par suite de cette opposition fomentée par le clergé, au début de 1918 Le mystère accompli a été interdit au Canada. Aux États-Unis, l’opposition contre les Étudiants de la Bible n’a pas tardé à se manifester.
Pour dénoncer les pressions du clergé, la Société Watch Tower a fait paraître, le 15 mars 1918, le tract Nouvelles du Royaume no 1. Quel message contenait-il? En manchette, sur une largeur de six colonnes, il disait: “L’intolérance religieuse — Les disciples du pasteur Russell persécutés parce qu’ils annoncent la vérité aux gens.” Sous le titre “La manière dont les Étudiants de la Bible sont traités rappelle l’‘âge des ténèbres’” étaient exposés les faits concernant la persécution et l’interdiction qui avaient commencé au Canada. Qui en étaient les instigateurs? Le tract désignait sans ménagement le clergé, qu’il décrivait comme “un groupe d’hommes sectaires qui ont systématiquement cherché à empêcher les gens de comprendre la Bible et à étouffer tout enseignement biblique qui ne vienne pas d’euxe”. Message percutant, en effet!
Comment le clergé a-t-il réagi à ces révélations? Auparavant, il avait déjà provoqué de l’agitation contre la Société Watch Tower. Mais là, il est devenu enragé! Au printemps 1918, une vague de persécutions violentes a déferlé sur les Étudiants de la Bible en Amérique du Nord et en Europe. Cette opposition fomentée par le clergé a atteint son comble le 7 mai 1918, lorsque le gouvernement fédéral des États-Unis a émis des mandats d’arrêt contre Joseph Rutherford et plusieurs de ses proches collaborateurs. Vers le milieu de 1918, Joseph Rutherford et sept de ses collaborateurs se sont retrouvés à la prison fédérale d’Atlanta (Géorgie).
Le juge Rutherford et ses collaborateurs en prison, qu’est-il advenu du fonctionnement du siège de la Société?
On continue à ‘faire marcher la maison’
À Brooklyn a été nommé un Comité directeur pour continuer d’assurer la bonne marche de l’œuvre. Le principal souci des membres de ce comité était de ne pas interrompre la parution de La Tour de Garde. Où qu’ils soient, les Étudiants de la Bible avaient assurément besoin de tout l’encouragement spirituel possible. De fait, pendant tout ce “temps de mise à l’épreuve”, pas un seul numéro de La Tour de Garde n’a manqué d’être impriméf!
Quelle était l’ambiance au siège de la Société? Thomas (Bud) Sullivan, qui, plus tard, est devenu membre du Collège central, a raconté: “J’ai eu la joie de visiter le Béthel de Brooklyn à la fin de l’été 1918, alors que les frères étaient emprisonnés. Les frères chargés de l’œuvre au Béthel n’étaient absolument pas affolés ni abattus. C’était même plutôt l’inverse. Ils étaient optimistes et confiants que Jéhovah accorderait finalement la victoire à son peuple. J’ai aussi eu le privilège d’être au petit déjeuner le lundi matin, lorsque les frères revenus au Béthel après avoir effectué un certain service durant le week-end ont présenté leurs comptes rendus. L’aperçu de la situation était très enthousiasmant. Dans tous les cas, les frères étaient confiants et s’en remettaient à Jéhovah pour diriger leurs activités ultérieures.”
Ils rencontraient pourtant beaucoup de difficultés. La Première Guerre mondiale faisait toujours rage. Le papier et le charbon manquaient; or c’étaient des matériaux absolument nécessaires pour le travail effectué au siège. Dans un contexte de patriotisme exacerbé, la Société était l’objet d’une animosité considérable; les Étudiants de la Bible passaient pour des traîtres. Dans ces circonstances difficiles, il est apparu impossible de poursuivre les activités à Brooklyn. C’est pourquoi le Comité directeur, après consultation des autres frères, a vendu le Tabernacle de Brooklyn et a fermé le Béthel. Le 26 août 1918, le siège de la Société était retransféré à Pittsburgh dans un bâtiment de bureaux situé sur deux rues, Federal Street et Reliance Street.
Néanmoins, il régnait un bon état d’esprit. Martha Meredith a raconté: “Pour notre part, à Pittsburgh, nous nous sommes réunis et avons décidé de continuer à ‘faire marcher la maison’ jusqu’à ce que les frères sortent de prison. À ce moment-là, le bureau de Brooklyn a été transféré à Pittsburgh: les frères se sont donc mis à écrire et à faire imprimer des articles pour La Tour de Garde. Quant à nous, les sœurs, notre tâche était d’envelopper et d’expédier les numéros de La Tour de Garde dès qu’ils étaient prêts.”
Les Étudiants de la Bible rencontraient de dures épreuves depuis que les temps des Gentils avaient pris fin en automne 1914. Pourraient-ils tenir bon encore longtemps? Avaient-ils vraiment ‘l’amour de Dieu dans leur cœur’? Allaient-ils tenir ferme le ‘Seigneur et sa vérité’, comme Charles Russell l’avait préconisé, ou allaient-ils tout abandonner?
[Notes]
a Dans ce chapitre, les citations d’Alexander Macmillan proviennent de son livre Faith on the March (La foi en marche), éditions Prentice-Hall, Inc., 1957.
b Les cinq membres du Comité de rédaction nommés dans le testament de Charles Russell étaient les suivants: William Page, William Van Amburgh, Henry Rockwell, Edward Brenneisen et Frederick Robison. En outre, pour combler toute éventuelle vacance, d’autres noms étaient donnés: A. Burgess, Robert Hirsh, Isaac Hoskins, George Fisher, Joseph Rutherford et John Edgar. Mais William Page et Edward Brenneisen ont vite démissionné, frère Page parce qu’il ne pouvait habiter à Brooklyn et frère Brenneisen (dont le nom s’est plus tard orthographié Brenisen) parce qu’il devait exercer un emploi pour subvenir aux besoins de sa famille. Joseph Rutherford et Robert Hirsh, dont les noms figuraient dans la liste de La Tour de Garde du 1er décembre 1916 (angl.), les ont remplacés comme membres du Comité de rédaction.
c Selon les statuts de la Société Watch Tower, le conseil d’administration devait se composer de sept membres. Les statuts prévoyaient que les membres survivants du conseil d’administration se chargent de combler tout poste vacant. Aussi, deux jours après la mort de Charles Russell, le conseil d’administration s’est réuni et a élu comme septième membre A. Pierson. Les sept membres du conseil à ce moment-là étaient donc A. Ritchie, W. Van Amburgh, H. Rockwell, J. Wright, I. Hoskins, A. Pierson et J. Rutherford. Ensuite, le conseil de sept membres a élu les trois membres du Comité directeur.
d À l’assemblée générale annuelle tenue le 5 janvier 1918, les sept personnes qui ont reçu le plus grand nombre de voix ont été les suivantes: J. Rutherford, Ch. Anderson, W. Van Amburgh, A. Macmillan, W. Spill, J. Bohnet et G. Fisher. Parmi ces sept membres du conseil d’administration ont été choisis les trois membres du bureau exécutif: J. Rutherford, président; Ch. Anderson, vice-président et W. Van Amburgh, secrétaire-trésorier.
e Deux autres tracts percutants ont suivi. Le tract Nouvelles du Royaume no 2, daté du 15 avril 1918, contenait un message encore plus fort sous le titre “‘Le mystère accompli’ et la raison de sa suppression”. Puis le tract Nouvelles du Royaume no 3, de mai 1918, portait ce titre évocateur: “Deux grandes batailles font rage — La chute de l’autocratie est certaine.”
f Il était déjà arrivé, dans le passé, de fondre en un seul plusieurs numéros de La Tour de Garde, mais cela n’a pas été le cas entre 1914 et 1918.
[Entrefilet, page 68]
Joseph Rutherford a demandé aux opposants de quitter le Béthel.
[Encadré, page 62]
‘Certains d’entre nous étaient allés un peu vite en besogne’
À mesure qu’approchait octobre 1914, certains Étudiants de la Bible s’attendaient, puisqu’ils étaient des chrétiens oints, à recevoir leur récompense céleste à la fin des temps des Gentils. Témoin cette anecdote, qui a eu lieu lors d’une assemblée des Étudiants de la Bible tenue à Saratoga Springs (État de New York) du 27 au 30 septembre 1914. Alexander Macmillan, qui était baptisé depuis 14 ans, prononçait un discours le mercredi 30 septembre. Or il a fait cette déclaration: “Ce discours public est probablement le dernier que je donnerai jamais puisque bientôt nous rejoindrons notre demeure [au ciel].”
Cependant, deux jours plus tard (le vendredi 2 octobre), de retour à Brooklyn où ceux qui avaient assisté à l’assemblée devaient se réunir encore une fois, frère Macmillan s’est fait gentiment taquiner. Depuis sa place en bout de table, Charles Russell a annoncé: “Nous allons apporter quelques changements au programme de dimanche [4 octobre]. Dimanche matin, à 10 h 30, frère Macmillan nous présentera un discours.” Quelle a été la réaction? Frère Macmillan a écrit plus tard: “Tout le monde a ri de bon cœur, en se rappelant que j’avais parlé, le mercredi à Saratoga Springs, de mon ‘dernier discours public’!”
“Eh bien! il me fallait sans perdre un instant trouver quelque chose à dire. J’ai trouvé Psaume 74:9, où on lit: ‘Nous ne voyons plus nos signes; il n’y a plus de prophète, et personne parmi nous qui sache jusques à quand.’ Maintenant c’était différent. Dans ce discours, j’ai essayé de montrer aux frères et sœurs que certains d’entre nous étaient peut-être allés un peu vite en besogne en pensant que nous irions au ciel tout de suite; ce qu’il nous fallait faire était donc de rester occupés dans le service du Seigneur jusqu’à ce qu’il décide du moment où l’un de ses serviteurs approuvés devait être emporté dans sa demeure, au ciel.”
[Encadré, page 67]
Qui était Joseph Rutherford?
Joseph Franklin Rutherford est né de parents baptistes le 8 novembre 1869, dans une ferme de Morgan County (Missouri, États-Unis). À l’âge de 16 ans, il a obtenu de son père l’autorisation de suivre des études supérieures, à condition qu’il les paie lui-même et qu’il paie aussi un ouvrier à gages pour le remplacer à la ferme. Jeune homme décidé, Joseph a fait un emprunt à un ami et a réussi à entrer à l’université, tout en étudiant aussi le droit.
Après avoir achevé ses études, Joseph Rutherford a reçu pendant deux ans une formation auprès du juge E. Edwards. À l’âge de 20 ans, il est devenu greffier des tribunaux de la quatorzième circonscription judiciaire du Missouri. Le 5 mai 1892, il a reçu la licence lui permettant d’exercer le droit dans le Missouri. Par la suite, il a été pendant quatre ans procureur de Boonville, toujours dans le Missouri. Encore plus tard, il a été de temps à autre juge d’exception près le tribunal de la huitième circonscription judiciaire du Missouri. C’est pour cela qu’on en est venu à l’appeler “juge” Rutherford.
Il se trouve que, pour payer ses études, Joseph Rutherford a vendu des encyclopédies de maison en maison. Le métier n’était pas facile: on était souvent mal reçu. Un jour, il a failli se tuer en tombant dans un torrent gelé alors qu’il allait de ferme en ferme. Il s’est promis que, lorsqu’il serait juriste, si quelqu’un venait à son étude pour vendre des livres, il les achèterait. Fidèle à sa parole, au début de 1894, il a pris trois tomes de “L’Aurore du Millénium” à deux colporteurs qui se sont présentés à son étude. Plusieurs semaines après, il a lu ces livres et s’est empressé d’écrire à la Société Watch Tower une lettre dans laquelle il disait: “Ma chère femme et moi-même avons lu ces livres avec le plus vif intérêt, et nous regardons comme venant de Dieu et comme une grande bénédiction l’occasion que nous avons eue de les connaître.” Joseph Rutherford a été baptisé en 1906, et un an plus tard il devenait le conseiller juridique de la Société Watch Tower.
[Encadré/Illustration, page 69]
‘Aucun homme au monde n’est plus grandement favorisé’
Le 21 juin 1918, Joseph Rutherford et plusieurs de ses proches collaborateurs, faussement convaincus de conspiration, ont été condamnés à 20 ans d’emprisonnement. Qu’en ont-ils pensé? Depuis sa prison située Raymond Street à Brooklyn, frère Rutherford a écrit, dans un billet daté des 22 et 23 juin (voir ci-dessous): “Sans doute aucun homme au monde aujourd’hui n’est plus grandement favorisé ni n’est plus heureux que les sept frères qui sont en ce moment en prison. Ils ont conscience d’être totalement innocents des méfaits intentionnels dont on les accuse, et ils se réjouissent de souffrir avec le Christ pour le servir fidèlement.”
[Encadré, page 70]
Des victimes de la persécution fomentée par le clergé
Vers le milieu de 1918, Joseph Rutherford et sept de ses collaborateurs étaient en prison, victimes de l’opposition fomentée par le clergé. Mais les huit hommes n’ont pas été les seules cibles de cette haine. Des années auparavant, Charles Russell avait été le premier à faire l’objet des attaques du clergé et de la presse. C’était maintenant au tour des Étudiants de la Bible d’en être les victimes. “L’Âge d’Or” (aujourd’hui “Réveillez-vous!”) du 29 septembre 1920 (en anglais) a publié un compte rendu long et détaillé de la persécution violente qu’ils ont subie aux États-Unis. À le lire, on se croirait retombé à l’époque de l’Inquisitiong. En voici quelques extraits:
“Le 22 avril 1918, à Wynnewood (Oklahoma), Claud Watson a été emprisonné, puis relaxé à dessein entre les mains d’agitateurs — des prédicateurs, des commerçants et quelques autres — qui l’ont battu, fait fouetter par un Noir et, lorsqu’il a eu en partie recouvré ses esprits, fait fouetter de nouveau. Ensuite, ils lui ont versé sur tout le corps du goudron et des plumes, en frottant le goudron sur toute la tête et le cuir chevelu.”
“Le 29 avril 1918, à Walnut Ridge (Arkansas), W. Duncan, âgé de 61 ans, Edward French, Charles Franke, un certain Monsieur Griffin et Madame D. Van Hoesen ont été emprisonnés. La foule a fait irruption dans la prison et, utilisant le langage le plus vil et le plus obscène qui soit, elle les a fouettés, enduits de goudron et de plumes et chassés de la ville. Ces gens ont obligé frère Duncan à parcourir à pied les quarante-deux kilomètres qui le séparaient de son domicile, et il a failli en mourir. Monsieur Griffin a été rendu presque aveugle et, quelques mois plus tard, il devait mourir des suites de ces sévices.”
“Le 30 avril 1918, (...) à Minerva (Ohio), S. Griffin a été emprisonné, puis relaxé entre les mains d’agitateurs, après quoi le ministre l’a sermonné pendant un quart d’heure, puis on l’a battu à plusieurs reprises, abreuvé d’injures, on lui a donné des coups de pied, on l’a piétiné, on l’a menacé de pendaison et de noyade, on l’a chassé de la ville, on lui a fait plus d’un croche-pied, on l’a piqué à coups de parapluie, on l’a obligé à aller à pied, suivi sur six ou sept kilomètres jusqu’à Malvern (Ohio), on l’a arrêté encore une fois, on l’a enfermé par mesure de sécurité à Carrollton, et finalement il a été emmené chez lui par des fonctionnaires courageux et fidèles qui, après avoir examiné ses publications, ont dit en quelque sorte: ‘Nous ne trouvons en cet homme aucun délit.’”
[Note de l’encadré]
g Pp. 712-717.
[Illustrations, page 64]
Le 31 octobre 1916, Charles Russell s’éteignait dans le train à Pampa (Texas). Il avait 64 ans. De nombreux journaux ont relaté ses obsèques.
[Illustration, page 66]
Joseph Rutherford avait une stature imposante: il mesurait 1,88 mètre et pesait environ 100 kilos.
[Illustration, page 69]
La prison, située Raymond Street à Brooklyn (New York), où frère Rutherford et plusieurs de ses proches collaborateurs ont été détenus pendant sept jours aussitôt après leur jugement.
[Illustration, page 71]
Thomas (Bud) Sullivan a visité le siège en 1918; plus tard, il est devenu membre du Collège central des Témoins de Jéhovah.
-
-
Proclamez le Roi et son Royaume! (1919-1941)Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 7
Proclamez le Roi et son Royaume! (1919-1941)
“Croyez-vous que le Roi de gloire a commencé son règne? S’il en est ainsi, retournez au champ, ô vous, fils du Dieu très-haut! Revêtez votre armure! Soyez [sérieux], vigilants, actifs, vaillants! Soyez de fidèles et véritables témoins du Seigneur. Marchez de l’avant dans le combat jusqu’à ce que chaque lieu de Babylone soit devenu désert. Répandez le message en tous lieux. Le monde doit connaître que Jéhovah est Dieu et que Jésus-Christ est le Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Ceci est le jour de tous les jours. Voici, le Roi règne! Vous êtes ses hérauts. C’est pourquoi: Proclamez, proclamez, proclamez le Roi et son Royaume!”
CE VIBRANT appel à l’action, lancé par Joseph Rutherford en 1922 à l’assemblée internationale de Cedar Point (Ohio), a exercé une profonde influence sur ses auditeurs. En repartant de cette assemblée, les Étudiants de la Bible avaient l’ardent désir de proclamer le Royaume. Et pourtant, à peine quelques années auparavant, leurs perspectives d’être des hérauts pour le Royaume semblaient bien sombres. Joseph Rutherford et sept de ses collaborateurs étaient en prison, et leur rôle dans l’organisation semblait compromis. Comment ces difficultés ont-elles été surmontées?
“Il y a quelque chose que je sais quant à la loi des fidèles”
Du 2 au 5 janvier 1919, pendant que frère Rutherford et ses collaborateurs étaient en prison, une assemblée devait se tenir à Pittsburgh (Pennsylvanie). Mais ce n’était pas une assemblée ordinaire: elle était cumulée avec l’assemblée générale annuelle de la Société Watch Tower qui tombait le samedi 4 janvier 1919. Frère Rutherford savait très bien à quel point cette assemblée était importante. L’après-midi du samedi en question, après avoir cherché partout frère Macmillan, il a fini par le trouver sur le court de tennis de la prison. Voici les faits tels que les a racontés frère Macmillan:
“Rutherford m’a dit: ‘Mac, j’aimerais te parler.
— À quel sujet?
— Je voudrais t’entretenir de ce qui se passe à Pittsburgh.
— Laisse-moi d’abord terminer la partie.
— Alors ça ne t’intéresse pas, tout ce qui se passe? Ne sais-tu pas qu’aujourd’hui on va élire les membres du bureau exécutif? Il se peut que tu sois écarté, et que nous restions ici indéfiniment.
— Frère Rutherford, ai-je rétorqué, laisse-moi te dire une chose à laquelle tu n’as peut-être pas pensé. C’est la première fois, depuis que la Société a été constituée, qu’il est possible de voir nettement qui Jéhovah Dieu souhaite comme président.
— Que veux-tu dire?
— Je veux dire que frère Russell disposait de la majorité des votes et qu’il nommait les membres du bureau exécutif. Maintenant, la situation est différente puisque nous, apparemment, nous ne sommes pas en fonction. Par contre, si nous sortions d’ici à temps pour nous rendre à cette assemblée générale et participer à ce vote, à notre arrivée on nous accepterait à la place de frère Russell avec les mêmes honneurs que ceux qu’il a reçus. Cela aurait l’air d’être l’œuvre de l’homme et non de Dieu.’
“Rutherford s’en est retourné tout songeur.”
Dans le même temps, à Pittsburgh, l’assemblée générale se déroulait dans une atmosphère tendue. Sara Kaelin, qui a grandi dans la région de Pittsburgh, a raconté ensuite: “La confusion, la discorde et les désaccords ont régné un moment. Certains voulaient repousser de six mois l’assemblée générale; d’autres doutaient qu’il soit légal d’élire des membres du bureau exécutif alors qu’ils se trouvaient en prison; d’autres encore proposaient de renouveler l’ensemble du bureau.”
Après un très long débat, William Hudgings, administrateur de l’Association de la Tribune du peuplea, a lu à l’assistance une lettre de frère Rutherford qui envoyait à tous l’expression de son amour et ses salutations, puis ajoutait: “Les principales armes de Satan sont l’ORGUEIL, l’AMBITION et la CRAINTE.” Manifestant son désir de se soumettre à la volonté de Jéhovah, il proposait même humblement des hommes aptes à la fonction de membres du bureau exécutif pour le cas où les membres de l’association décideraient d’en élire de nouveaux.
Le débat a duré un moment encore, puis E. Sexton, qui avait été nommé président d’un comité chargé de proposer des candidats, a pris la parole:
“Je viens juste d’arriver. Mon train a eu quarante-huit heures de retard, à cause de la neige. J’ai quelque chose à dire et mieux vaut que je le dise maintenant, cela me soulagera. Mes chers frères, je suis venu ici, tout comme vous, avec certaines idées en tête — pour et contre. (...) Il n’y a pas sur notre voie d’obstacle juridique. Si nous désirons réélire nos frères qui sont retenus dans le sud à une fonction qu’ils peuvent occuper, je ne vois pas, ni ne déduis d’aucun des conseils [juridiques] que j’ai reçus, en quoi cela pourrait d’une façon ou d’une autre modifier la tournure de leur procès devant le tribunal fédéral ou devant le public.
“Je crois que le plus bel hommage que nous puissions rendre à notre cher frère Rutherford serait de le réélire président de la W[atch] T[ower] B[ible] & T[ract] Society. Je ne pense pas que notre position vis-à-vis de cette proposition fasse le moindre doute dans l’esprit du public. Si nos frères ont d’une façon ou d’une autre violé dans son aspect technique une loi qu’ils n’ont pas comprise, nous savons que leurs mobiles sont bons. Et devant le [Dieu] Tout-Puissant, ils n’ont violé ni une loi divine ni une loi humaine. Ce serait témoigner de la plus grande confiance que de réélire frère Rutherford président de l’Association.
“Je ne suis pas juriste, mais en ce qui concerne la légalité de la situation, il y a quelque chose que je sais quant à la loi des fidèles. La fidélité est ce que Dieu exige. Je ne peux imaginer plus grande preuve de confiance de notre part que celle de procéder à un vote ET DE RÉÉLIRE FRÈRE RUTHERFORD PRÉSIDENT.”
Frère Sexton avait vraisemblablement exprimé là les sentiments de la plupart des personnes présentes. Les candidatures ont été proposées, le vote effectué: Joseph Rutherford a été élu président, Charles Wise vice-président et William Van Amburgh secrétaire-trésorier.
Le lendemain, frère Rutherford a cogné au mur de la cellule de frère Macmillan et lui a dit: “Passe ta main dehors.” Il lui a alors remis un télégramme qui annonçait sa réélection comme président. “Il était très heureux, a raconté plus tard Alexander Macmillan, de voir cette preuve claire et nette que Jéhovah dirigeait la Société.”
L’élection était terminée, mais frère Rutherford et ses sept compagnons étaient toujours en prison.
“Effervescence nationale” en faveur des prisonniers
“Durant ces dernières semaines, il y a une effervescence nationale en faveur de ces frères”, disait La Tour de Garde du 1er avril 1919 (en anglais). Certains journaux demandaient la libération de Joseph Rutherford et de ses compagnons. Les Étudiants de la Bible dans tous les États-Unis ont exprimé leur soutien en écrivant aux directeurs de journaux, aux membres du Congrès américain, aux sénateurs et aux gouverneurs, les pressant d’intervenir en faveur des huit prisonniers. Il était clair que les Étudiants de la Bible n’auraient de cesse que leurs huit frères ne soient libres.
En mars 1919, les Étudiants de la Bible des États-Unis ont fait circuler une pétition dans laquelle ils demandaient au président Woodrow Wilson d’user de son influence pour réaliser en faveur des frères incarcérés un des objectifs suivants:
“PREMIÈREMENT: Une amnistie, si cela est possible, OU
“DEUXIÈMEMENT: Que vous ordonniez au ministère de la Justice d’interrompre les poursuites engagées contre eux et qu’ils soient totalement libérés, OU
“TROISIÈMEMENT: Qu’on leur accorde immédiatement la liberté sous caution en attendant l’arrêt final rendu par les juridictions supérieures.”
En deux semaines, les Étudiants de la Bible ont obtenu 700 000 signatures. Mais la pétition n’a jamais été présentée au président ni au gouvernement. En effet, dans l’intervalle les huit prisonniers ont été libérés sous caution. À quoi cette collecte de signatures avait-elle servi? La Tour de Garde du 1er juillet 1919 (en anglais) a dit ceci: “Nous avons la preuve indéniable que le Seigneur désirait que cette collecte [de signatures] se fasse, non pas tant pour faire sortir les frères de prison que pour rendre un témoignage à la vérité.”
“Bienvenue chez vous, frères”
Le mardi 25 mars, les huit frères quittaient Atlanta pour Brooklyn. La nouvelle de leur libération s’est répandue comme une traînée de poudre. Qu’il était émouvant de voir les Étudiants de la Bible se masser dans les gares où allait passer le train qui emportait les frères, dans l’espoir d’apercevoir ceux-ci et de leur dire leur joie de les savoir libres! D’autres se sont rendus en hâte à Brooklyn, au Béthel qui avait été fermé, pour leur préparer une fête de bienvenue. Arrivés à Brooklyn, le 26 mars, les frères ont été libérés contre une caution de 10 000 dollars chacun.
La Tour de Garde du 15 avril 1919 (en anglais) raconte: “Immédiatement, ils ont été escortés par de nombreux frères jusqu’au Béthel, où cinq à six cents frères et sœurs s’étaient rassemblés pour les accueillir.” Dans la salle à manger était déployée une grande bannière portant ces mots: “Bienvenue chez vous, frères.” Presque 50 ans plus tard, Mabel Haslett, qui était présente à cette fête, racontait: “Je me rappelle avoir confectionné une centaine de beignets que les frères ont paru beaucoup apprécier après avoir été pendant neuf mois soumis au régime de la prison. Je vois encore frère Rutherford avançant la main pour en saisir quelques-uns. Le moment que nous avons passé à écouter le récit que ses compagnons et lui nous ont fait de leurs épreuves est inoubliable. Je revois aussi frère DeCecca, de petite stature, debout sur une chaise afin d’être vu et entendu de tous.”
Le mardi 1er avril au matin, frère Rutherford est arrivé à Pittsburgh, où se trouvaient alors les bureaux du siège social. Là aussi, ayant appris son arrivée, les frères avaient préparé une fête qui a eu lieu le soir même à l’hôtel Chatham. Toutefois, les conditions carcérales avaient été néfastes pour frère Rutherford. Ses poumons étant atteints, après sa libération il a contracté une grave pneumonie. C’est pourquoi, peu après, son état de santé l’a obligé à partir en Californie, où il avait de la famille.
Le test de Los Angeles
Maintenant que frère Rutherford et les autres étaient libres, une question se posait: Qu’adviendrait-il de l’œuvre de proclamation du Royaume de Dieu? Pendant tout le temps où ces frères avaient été en prison, l’activité de témoignage n’avait plus, en grande partie, été dirigée ni organisée. Le Tabernacle de Brooklyn avait été vendu et le Béthel fermé. Les bureaux de Pittsburgh étaient exigus, les fonds disponibles, limités. D’autre part, combien s’intéressaient vraiment au message du Royaume? Depuis la Californie, frère Rutherford a décidé de faire un test.
Il a organisé une réunion dans la salle Clune de Los Angeles le dimanche 4 mai 1919. Le public était invité à un discours intitulé “Un espoir pour l’humanité affligée”. Seulement voilà, ce discours serait donné par Joseph Rutherford, un homme qui sortait de prison. Faisant une large publicité dans la presse, Joseph Rutherford a promis de présenter franchement les faits et d’expliquer pourquoi on avait illégalement condamné les dirigeants de la Société. Les gens seraient-ils suffisamment intéressés pour venir?
La réaction a été extrêmement favorable. En effet, 3 500 personnes sont venues écouter le discours, et environ 600 autres n’ont pu pénétrer dans la salle. Frère Rutherford était très ému. Pour tous ceux qui n’avaient pu entrer, il a accepté de redonner le discours le lendemain soir, mais ce sont 1 500 personnes qui sont venues. Cependant, il était si malade qu’il a été incapable d’achever son exposé. Au bout d’une heure, il s’est fait remplacer par un collaborateur. Néanmoins, ce test de Los Angeles a été probant. Il a convaincu frère Rutherford que le message du Royaume intéressait beaucoup de monde et qu’il fallait absolument le proclamer.
Au travail!
En juillet 1919, frère Rutherford avait repris son activité au siège de la Société, à Pittsburgh. Puis, durant les quelques mois qui ont suivi, les choses sont allées vite. Une grande assemblée des Étudiants de la Bible a été organisée à Cedar Point (Ohio). La date retenue était du 1er au 8 septembre 1919. Les bureaux de la Société ont été transférés de nouveau à Brooklyn, et dès le 1er octobre ils fonctionnaient.
Que devaient faire les frères maintenant? À l’assemblée de Cedar Point, leur mission a été clairement définie. Le mardi 2 septembre, frère Rutherford a expliqué: “La mission du chrétien sur la terre (...) est de proclamer le message du royaume du Seigneur, un royaume de justice qui apportera des bénédictions à toute la création gémissante.” Trois jours plus tard, le vendredi 5 septembre, appelé le “jour des collaborateurs”, frère Rutherford a dit encore: “Dans les moments graves, le chrétien se demande tout naturellement: Pourquoi suis-je sur la terre? Et la réponse doit inévitablement être: Le Seigneur a eu la bonté de faire de moi son ambassadeur pour porter le divin message de réconciliation au monde; j’ai donc le privilège et le devoir d’annoncer ce message.”
En effet, c’était le moment de se mettre au travail, de proclamer le Royaume de Dieu! Pour s’acquitter de cette mission, les frères allaient recevoir de l’aide, une aide que frère Rutherford a annoncée en ces termes: “Par la providence du Seigneur, nous avons pris des dispositions afin de publier un nouveau périodique ayant pour nom et titre L’ÂGE D’OR.” Ses auditeurs ne se doutaient pas alors combien ce périodique, L’Âge d’Or, serait courageux.
Herman Philbrick, qui était venu de Boston (Massachusetts) à l’assemblée, a raconté: “Cette première assemblée d’après-guerre nous a énormément remonté le moral à tous.” En effet, l’assemblée de Cedar Point a poussé à l’action les Étudiants de la Bible. Ils étaient prêts à se mettre au travail, à proclamer la bonne nouvelle. C’était comme s’ils étaient revenus à la vie après avoir connu la mort. — Voir Ézéchiel 37:1-14; Révélation 11:11, 12.
Pendant ce temps, des événements importants se jouaient sur la scène du monde. Le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, est entré en vigueur le 10 janvier 1920. Il mettait fin officiellement aux actions militaires contre l’Allemagne et à la Première Guerre mondiale, mais il prévoyait aussi la formation de la Société des Nations, association internationale créée pour le maintien de la paix dans le monde.
“Proclamez le Roi et son Royaume!”
En 1922, du 5 au 13 septembre, soit pendant 9 jours, les Étudiants de la Bible se sont de nouveau assemblés à Cedar Point. L’enthousiasme grandissait à mesure que les assistants arrivaient à cette assemblée internationale. Le point culminant a été, le vendredi 8 septembre, le discours “Le Royaume”, prononcé par frère Rutherford.
Thomas J. Sullivan a raconté par la suite: “Ceux qui ont eu le bonheur d’assister à cette assemblée revoient encore frère Rutherford prier instamment quelques personnes que la grosse chaleur empêchait de rester à leurs places de bien vouloir ‘S’ASSEOIR’ et ‘ÉCOUTER’ à tout prix le discours.” Celles qui ont obéi n’ont pas été déçues, car ce fut le discours mémorable dans lequel frère Rutherford a encouragé ses auditeurs à ‘proclamer le Roi et son Royaume’.
L’auditoire a réagi avec un grand enthousiasme. La Tour de Garde a rapporté ultérieurement: “Tous les assistants furent pénétrés de l’obligation qui incombe à tous les consacrés d’agir dorénavant comme des agents de publicité du Roi et de son Royaume.” Les Étudiants de la Bible sont repartis de cette assemblée animés d’un zèle ardent pour la prédication. Sœur Ethel Bennecoff, qui à l’époque était colporteur et avait presque 30 ans, a raconté: “Nous nous sentions incités à ‘proclamer, proclamer, proclamer le Roi et son Royaume’. C’est cela: avec dans notre cœur plus de zèle et plus d’amour que jamais.”
À mesure que la lumière ou intelligence spirituelle s’intensifiait, les Étudiants de la Bible percevaient des vérités bibliques passionnantes (Prov. 4:18). La compréhension de ces vérités précieuses a donné un puissant élan à leur activité de proclamation du Royaume de Dieu. En même temps, il leur a fallu réviser leur point de vue dans certains domaines, ce qui pour quelques-uns a été une véritable épreuve.
‘À d’autres époques certains espoirs ne se sont pas concrétisés’
En 1920, la brochure Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais disait: “Nous pouvons nous attendre avec confiance à ce que 1925 marque le retour [d’entre les morts] à la condition de perfection humaine d’Abraham, d’Isaac, de Jacob et des fidèles anciens prophètes.” Non seulement on espérait pour 1925 la résurrection des hommes fidèles du passé, mais certains espéraient aussi que les chrétiens oints recevraient leur espérance céleste cette même annéeb.
L’année 1925 est arrivée et a passé. Certains ont cessé d’espérer. Mais la grande majorité des Étudiants de la Bible sont restés fidèles. Herald Toutjian, dont les grands-parents étaient devenus Étudiants de la Bible au début du siècle, a expliqué: “Notre famille comprenait (...) qu’à d’autres époques certains espoirs ne s’étaient pas concrétisés. Les apôtres eux-mêmes avaient parfois nourri des espérances dénuées de fondement. (...) Jéhovah méritera toujours notre attachement exclusif et nos louanges, que nous soyons ou non en possession de la récompense finale.” — Voir Actes 1:6, 7.
Quelle organisation: celle de Jéhovah ou celle de Satan?
“La naissance de la nation”: tel était le titre d’un article marquant qui est paru dans La Tour de Garde de juin 1925 (1er mars 1925 en anglais). Cet article présentait une explication claire de Révélation (Apocalypse) Ré chapitre 12, que certains ont eu du mal à accepter.
Les personnages symboliques figurant dans ce chapitre de la Révélation ont été identifiés comme suit: la “femme” qui enfante (Ré 12 vv. 1, 2), à “l’organisation divine” céleste; le “dragon” (Ré 12 v. 3), à “l’organisation du diable”; et l’“enfant mâle” (Ré 12 v. 5, Lausanne), au “nouveau royaume, le nouveau gouvernement”. Sur cette base, pour la première fois une explication claire était donnée: Il existe deux organisations distinctes et adverses, celle de Jéhovah et celle de Satan. Et, après la “guerre dans le ciel” (Ré 12 v. 7, Lausanne), Satan et ses suppôts, les démons, ont été chassés du ciel et précipités sur la terre.
À propos de cet article, Earl Newell, devenu par la suite représentant itinérant de la Société Watch Tower, a écrit: “Nous l’avons étudié toute la nuit jusqu’à ce que je le comprenne parfaitement. (...) Nous nous sommes rendus à une assemblée à Portland (Oregon), où nous avons trouvé les frères tout bouleversés; certains d’entre eux étaient prêts à mettre La Tour de Garde au rebut à cause de cet article.” Pourquoi certains ont-ils eu tant de mal à accepter cette explication de Révélation chapitre 12?
Déjà, elle était nettement différente de celle publiée dans Le mystère accompli, ouvrage qui était en grande partie une compilation posthume des écrits de frère Russellc. Walter Thorn, qui était alors pèlerin itinérant, a expliqué: “L’article ‘La naissance de la nation’ (...) était difficile à accepter parce que la précédente interprétation qu’en avait faite notre cher frère Russell était, pensions-nous, le dernier mot sur la Révélation.” Il n’est donc guère étonnant que cette explication en ait fait trébucher quelques-uns. J. Bohnet, pèlerin lui aussi, a fait remarquer: “Indiscutablement, cette explication va s’avérer un moyen de criblage (...), mais ceux qui sont vraiment entiers et sincères dans la foi tiendront ferme et se réjouiront.”
Et en effet, ceux qui étaient vraiment entiers et sincères se sont réjouis de cette explication nouvelle. Les choses étaient à présent rendues plus claires: tout individu appartient soit à l’organisation de Jéhovah, soit à celle de Satan. “Souvenons-nous, disait l’article ‘La naissance de la nation’, que ce sera [notre] privilège (...) de combattre vaillamment pour la cause de notre Roi en annonçant le message qu’il nous a donné à proclamer.”
Au fil des années 20, puis des années 30, la lumière sur des questions bibliques a fusé, tels des éclairs. Les Étudiants de la Bible ont cessé de célébrer les fêtes du monde, religieuses ou autres, Noël par exemple. Ils ont également abandonné d’autres pratiques et croyances dès qu’ils ont compris qu’à l’origine elles déshonoraient Dieud. Toutefois, ils ont fait plus qu’abandonner les pratiques et croyances mauvaises: ils ont continué à compter sur Jéhovah pour leur révéler progressivement la vérité.
‘Vous êtes mes témoins’
“‘Vous êtes (...) mes témoins’, telle est la déclaration de Jéhovah, ‘et je suis Dieu.’” (És. 43:12). À mesure que les années 20 s’écoulaient, les Étudiants de la Bible prenaient peu à peu conscience que ces paroles du prophète Ésaïe avaient une signification profonde. Dans les pages de La Tour de Garde, ils ont maintes et maintes fois attiré l’attention sur leur responsabilité de rendre témoignage au nom de Jéhovah et à son Royaume. Mais un grand événement a eu lieu en 1931 lors d’une assemblée qui s’est tenue à Columbus (Ohio).
Le dimanche 26 juillet, à midi, frère Rutherford a donné le discours public intitulé “Le Royaume, l’Espérance du Monde”, qui était retransmis par un vaste réseau radiophonique, et qui plus tard a été diffusé en différé par 300 autres stations. À la fin du discours, il a lancé un avertissement à la chrétienté en lisant une résolution cinglante intitulée “Avertissement de Jéhovah” et adressée “aux gouvernants et aux peuples”. Invités à prendre eux aussi cette résolution, tous les assistants se sont levés et ont crié “Oui!” Des télégrammes reçus plus tard ont indiqué que nombre des Étudiants de la Bible qui avaient écouté le discours à la radio avaient de la même façon approuvé à voix haute cette résolution.
Entre 13 heures et 16 heures, soit entre le moment où frère Rutherford a achevé le discours public et celui où il est revenu dans la salle, l’atmosphère était survoltée. Frère Rutherford avait demandé expressément que quiconque était réellement intéressé par l’avertissement lancé à midi à la chrétienté soit à sa place à 16 heures.
Dès l’heure dite, il a pris la parole, disant que ce qu’il s’apprêtait à déclarer était, à son avis, d’une importance capitale pour tous ceux qui l’entendaient. Ses auditeurs étaient très attentifs. Durant le discours, il a proposé une autre résolution, celle-là intitulée “Un nouveau nom”, et dont le point culminant a été cette déclaration: “Nous adoptons (...) le nom (...) par lequel nous désirons être connus et appelés, c’est-à-dire le nom de: Témoins de Jéhovah.” Les assistants émus se sont de nouveau levés comme un seul homme en lançant un vibrant “Oui!” Dorénavant, ils s’appelleraient Témoins de Jéhovah!
“L’esprit de Jéhovah nous ôtait toute crainte”
Au cours de l’année 1927, les serviteurs de Jéhovah ont été encouragés à accorder, chaque semaine, une partie du dimanche au témoignage en groupe. Aussitôt ils se sont heurtés à l’opposition de la loi. En quelques années, les arrestations se sont multipliées aux États-Unis: 268 en 1933, 340 en 1934, 478 en 1935 et 1 149 en 1936. Pour quel motif? En fait, plusieurs chefs d’accusation ont été invoqués, par exemple colportage sans autorisation, trouble de l’ordre public et violation des lois sur le sabbat dominical. Localement, les groupes de Témoins ne savaient pas comment s’y prendre avec les fonctionnaires de police et les tribunaux. Soit il coûtait trop cher d’obtenir une aide juridique sur place, soit c’était impossible à cause des préjugés. Aussi la Société Watch Tower a-t-elle eu la sagesse d’ouvrir à Brooklyn un service juridique chargé de donner des conseils.
Mais il n’était pas suffisant d’avoir une solide défense juridique. Ces Témoins de Jéhovah sincères étaient déterminés à vivre en accord avec le nom qu’ils avaient adopté. C’est pourquoi, dès le début des années 30, ils ont riposté en passant à l’offensive. Comment? Au moyen de ce qu’ils appelaient les campagnes divisionnaires, autrement dit des missions spéciales de prédication. Dans tous les États-Unis, des milliers de volontaires ont été organisés en divisions. Quand, dans une ville, des Témoins étaient arrêtés parce qu’ils prêchaient de maison en maison, une division de volontaires des régions environnantes arrivait et “assiégeait” la ville, donnant un témoignage complete.
Ces campagnes divisionnaires ont énormément affermi les Témoins isolés. Chaque division comptait des frères capables qui avaient reçu une formation pour traiter avec les autorités. Pour les frères qui vivaient dans une région troublée, peut-être dans un village, il était très encourageant de savoir qu’ils n’étaient pas seuls à prêcher le Royaume de Dieu.
Il fallait beaucoup de courage pour participer aux campagnes divisionnaires dans les années 30. En pleine crise économique, les emplois étaient rares. Alors qu’il était surveillant itinérant depuis une quarantaine d’années, Nicholas Kovalak fils a raconté: “Quand il recevait un appel pour aller dans une commune agitée, le ‘directeur du service’ demandait des volontaires. Ne devaient pas se porter volontaires ceux qui avaient peur de perdre leur emploi. (...) Mais nous avions toujours la joie de recevoir 100 % de réponses affirmatives!” John Dulchinos, surveillant à Springfield (Massachusetts), a fait cette observation: “Ce furent vraiment des années extraordinaires dont le souvenir nous est cher. L’esprit de Jéhovah nous ôtait toute crainte.”
Pendant ce temps s’apprêtait à jaillir un éclair qui donnerait une meilleure compréhension de la Bible, et qui allait avoir une portée considérable sur l’œuvre.
Et les Jonadabs?
En 1932, on a expliqué que Jonadab, compagnon du roi Jéhu, préfigurait une classe de personnes qui auraient la vie éternelle sur la terref (2 Rois 10:15-28). Pour les Jonadabs, puisqu’on a fini par les appeler ainsi, c’était un privilège que d’être les compagnons des serviteurs oints de Jéhovah et de les aider dans une certaine mesure à proclamer le Royaume. Mais, à l’époque, on ne se souciait pas particulièrement de rassembler et d’organiser ces personnes dont l’espérance était terrestre.
C’est toutefois La Tour de Garde du 15 novembre 1934 (15 août 1934 en anglais) qui a apporté un réel encouragement aux Jonadabs. L’article intitulé “Sa bonté” déclarait: “Un Jonadab devrait-il se consacrer à Jéhovah et se faire baptiser? Réponse: Il est certainement juste qu’un Jonadab se consacre à l’accomplissement de la volonté de Dieu. Nul ne recevra jamais la vie s’il n’agit ainsi. Le baptême ou l’immersion dans l’eau est uniquement un symbole qui montre qu’un homme s’est consacré [nous dirions aujourd’hui ‘voué’] à l’accomplissement de la volonté de Dieu; c’est pourquoi un baptême n’est pas contre-indiqué.” Quelle joie pour les Jonadabs!
Cependant, une joie plus grande encore les attendait. Au printemps suivant, plusieurs numéros de La Tour de Garde (en anglais), à commencer par celui du 1er avril 1935, ont fait cette annonce: “De nouveau La Tour de Garde rappelle à ses lecteurs qu’une assemblée des témoins de Jéhovah et des Jonadabsg se tiendra à Washington du 30 mai au 3 juin 1935.” Les Jonadabs attendaient cette assemblée avec impatience.
La “grande multitude” annoncée en Révélation 7:9-17 (Sy) a fait l’objet d’un discours que frère Rutherford a prononcé le deuxième après-midi de l’assemblée. Dans ce discours, il a expliqué que la grande multitude se composait des Jonadabs modernes et que ces Jonadabs devaient se montrer aussi fidèles à Jéhovah que les oints. Quel émoi dans l’assistance! À la demande de l’orateur, les Jonadabs se sont levés. Voici le témoignage de Mildred Cobb, baptisée depuis l’été 1908: “Tout d’abord il y eut un grand silence, puis des cris de joie retentirent et tout le monde se mit à applaudir à n’en plus finir.”
Cet éclair de compréhension a eu un profond effet sur l’activité des Témoins de Jéhovah. Sadie Carpenter, prédicatrice à plein temps pendant plus de 60 ans, a raconté: “Débordants d’enthousiasme (...), nous sommes retournés dans nos territoires pour nous mettre à la recherche de ces ‘brebis’ qu’il restait à rassembler.” Plus tard, l’Annuaire des Témoins de Jéhovah pour 1936 (en anglais) a rapporté: “Cette révélation a stimulé les frères et leur a donné de l’élan pour un regain d’activité; de tous les coins du globe, les frères nous font savoir leur joie de ce que le reste ait maintenant le privilège de porter le message à la grande multitude, et qu’ensemble ils s’emploient à honorer le nom du Seigneur.” Pour les aider dans cette tâche, le livre Richesses, publié en 1936, contenait un long exposé des perspectives offertes dans la Bible à la grande multitude.
Les membres voués et baptisés de la grande multitude trouvaient enfin la place qui leur revenait aux côtés des oints dans la proclamation du Royaume de Dieu!
“Nous tannerons le cuir de la vieille dame”
Dans les années 30, le message que ces Témoins zélés proclamaient consistait à dévoiler avec force la fausse religion. Un instrument approprié est paru à l’assemblée des Témoins de Jéhovah qui s’est tenue du 15 au 20 septembre 1937 à Columbus (Ohio).
Le samedi matin 18 septembre, à la suite de son discours, frère Rutherford a annoncé la parution du livre Ennemis, livre de couleur ocre. Cet ouvrage accusait la fausse religion d’être une “ennemie insidieuse et redoutable [qui] de tous temps (...) a nui (...) aux hommes”. Il traitait les partisans de la fausse religion d’“instruments du Diable, qu’ils en soient conscients ou non”. En présentant le livre à l’assistance, frère Rutherford a dit: “Vous remarquerez la couleur de ce livre: tannée; eh bien, avec lui, nous tannerons le cuir de la vieille dameh.” Sur quoi, la foule enthousiaste a poussé une clameur d’approbation.
Pendant quelques années, le phonographe a joué son rôle pour ce qui est de ‘tanner la vieille dame’. Mais en ce qui concerne l’activité avec le phonographe, l’assemblée de 1937 réservait une surprise. Elwood Lunstrum, qui à l’époque venait d’avoir 12 ans, raconte: “C’est à cette assemblée qu’on inaugura l’activité à l’aide du phonographe portatif sur le pas des portes. Auparavant, nous emportions le phonographe en prédication, mais nous ne le faisions fonctionner que si on nous invitait à entrer. (...) Le service de ‘pionnier spécial’ a été créé à l’assemblée de Columbus. Ces pionniers donneraient l’exemple dans la prédication avec le phonographe, dans le suivi des éventuelles personnes bien disposées (en effectuant ce qu’on appelait alors des ‘visites complémentaires’) et dans la façon de diriger des études bibliques selon la méthode appelée ‘étude-modèle’.”
En s’en retournant chez eux après l’assemblée, les serviteurs de Jéhovah étaient bien équipés pour l’œuvre de proclamation du Royaume de Dieu. Ils avaient assurément besoin de tous les encouragements possibles. En effet, la montée du nationalisme au cours des années 30 a déclenché contre eux de l’opposition, parfois même des émeutes, de la part d’individus déterminés à empêcher les Témoins de Jéhovah de se réunir et de prêcher.
“Une bande d’aigrefins”
Certains groupes de l’Action catholique étaient parmi les adversaires les plus acharnés. Le 2 octobre 1938, frère Rutherford a été très direct lorsqu’il a prononcé le discours “Fascisme ou Liberté”, qui est paru plus tard sous forme de brochure et a été diffusé par millions. Dans ce discours, il a relaté un certain nombre d’incidents en rapport avec des menées illégales, pour établir la collusion entre certains fonctionnaires publics et des représentants de l’Église catholique.
Après avoir exposé les faits, Joseph Rutherford a dit: “Quand on dénonce au peuple ces individus qui, sous le couvert de la religion, lui extorquent ses droits, la prélature grince des dents. Elle crie: ‘Mensonges! Bâillonnez ces gens-là!’” Après quoi, il a posé cette question: “Est-ce mal agir que de dénoncer au peuple une bande d’aigrefins qui le vole? Non! (...) Les consciences droites seront-elles bâillonnées pendant que les escrocs de haut vol grignoteront les libertés humaines fondamentales? Et, avant tout, retirera-t-on aux masses ce privilège accordé par Dieu à ses créatures de se réunir et de l’adorer, lui, le Tout-Puissant? Supprimera-t-on la liberté de parler de son Royaume et de répondre à ses détracteurs?”
Après ce blâme cinglant, les groupes de l’Action catholique aux États-Unis n’ont pas décoléré. Les Témoins de Jéhovah ont engagé des batailles juridiques pour la liberté de culte et pour leur droit de prêcher le Royaume de Dieu. Mais la situation n’a fait qu’empirer quand le monde est entré en guerre. Les restrictions juridiques et les incarcérations se sont mises à pleuvoir sur les Témoins de Jéhovah également dans de nombreux pays d’Europe, d’Afrique et d’Asie.
“Tout le monde voulait aller à Saint Louis”
Norman Larson, qui, à l’époque, était depuis peu ministre à plein temps, nous livre ses souvenirs: “En 1941, nous avions le sentiment que des jours difficiles se préparaient, maintenant que la guerre faisait rage en Europe. De ce fait, tout le monde voulait aller à Saint Louis.” Pourquoi? Mais pour l’‘Assemblée théocratique des Témoins de Jéhovah’ de Saint Louis (Missouri), qui allait se tenir du 6 au 10 août 1941! Et “tout le monde” est venu. Les installations de l’assemblée étaient pleines à craquer. Un rapport de police a fait état d’un maximum de 115 000 assistants.
Dès le premier jour, le programme de l’assemblée a apporté des encouragements bienvenus. “Intégrité”, le discours d’ouverture de frère Rutherford, a donné le ton de l’assemblée. Témoin les impressions de Hazel Burford, une chrétienne qui a été missionnaire durant presque 40 ans jusqu’à sa mort en 1983: “Nous comprenions mieux que jamais pourquoi Jéhovah permettait cette intense persécution de ses serviteurs dans le monde entier.” Dans un compte rendu de l’assemblée, l’Annuaire des Témoins de Jéhovah 1942 (en anglais) a dit aussi: “Tous pouvaient voir clairement qu’il y avait devant eux une grande œuvre de témoignage à accomplir, et qu’en l’accomplissant ils resteraient intègres, fussent-ils haïs par tous les hommes et toutes les organisations humaines.”
Le dimanche 10 août était le “jour des enfants”, au cours duquel on a assisté à une scène touchante. À l’ouverture de la session du matin, 15 000 enfants âgés de 5 à 18 ans étaient assemblés dans l’enceinte principale juste en face de l’estrade ainsi qu’à un autre endroit qui leur était réservé dans un immense camp de caravanes où les assistants qui étaient en surnombre écoutaient les discours. Quand frère Rutherford, alors âgé de plus de 70 ans, est monté sur l’estrade, les enfants l’ont acclamé et applaudi. Il a agité son mouchoir, et les enfants ont fait de même. Puis, d’une voix claire et bienveillante, il a développé pour tout l’auditoire le thème “Enfants du Roi”. Après s’être adressé durant plus d’une heure à l’ensemble de l’auditoire, il a dirigé ses remarques plus particulièrement vers les enfants assis dans les sections réservées.
Fixant son attention sur les visages juvéniles et radieux qui étaient tournés vers lui, il a déclaré: “Vous tous... enfants qui avez accepté de faire la volonté de Dieu, pris position pour son Gouvernement théocratique dirigé par Christ Jésus et qui avez accepté d’obéir à Dieu et à son Roi, veuillez vous lever.” Les enfants se sont levés comme un seul. “Voyez, s’est exclamé l’orateur enthousiaste, plus de 15 000 nouveaux témoins pour le Royaume!” Les applaudissements ont crépité. “Vous tous, si vous désirez faire votre possible pour parler à autrui du Royaume de Dieu et de ses bienfaits, dites oui!” Un “Oui!” retentissant lui a répondu.
Puis, couronnement de son discours, frère Rutherford a annoncé la parution du livre Enfants, qui a été accueilli avec des cris de joie et une salve d’applaudissements. Ensuite, aidé d’autres frères, il a distribué gratuitement des exemplaires de ce livre aux enfants. Plus d’un ont versé des larmes à la vue, sur l’estrade, de cet homme imposant devant lequel passaient, en file interminable, les enfants venant chercher leur livre.
Parmi les enfants qui se trouvaient ce dimanche-là à Saint Louis, beaucoup ont agi en conformité avec le “Oui!” qu’ils avaient prononcé. LaVonne Krebs, Merton Campbell ainsi qu’Eugene et Camilla Rosam ont été du nombre des jeunes qui ont reçu leur livre Enfants. En 1992, ils sont toujours en activité au siège mondial de la Société, étant respectivement depuis 51, 49, 49 et 48 années dans le ministère à plein temps. Certains de ces enfants sont devenus plus tard missionnaires dans des pays étrangers, comme Eldon Deane (Bolivie), Richard et Peggy Kelsey (Allemagne), Ramon Templeton (Allemagne) et Jennie Klukowski (Brésil). Ce dimanche matin à Saint Louis a bel et bien marqué durablement de nombreux jeunes cœurs!
Le dimanche après-midi, frère Rutherford a prononcé quelques paroles d’adieu à l’adresse des assistants. Il les a encouragés à persévérer dans l’œuvre de proclamation du Royaume de Dieu. “Je suis absolument certain, leur a-t-il dit, qu’à l’avenir (...) le nombre de ceux qui formeront la grande multitude va augmenter à pas de géant.” Il les a pressés de retourner là où ils habitaient afin d’y “activer la vapeur”, ‘de donner tout le temps qu’ils pouvaient’. Puis il a conclu sur ces paroles: “Eh bien! mes chers frères, que le Seigneur vous bénisse! Maintenant je ne vous dis pas adieu, car je compte vous revoir un jour ou l’autre.”
Mais pour beaucoup, c’était la dernière fois qu’ils voyaient frère Rutherford.
Les derniers jours de Joseph Rutherford
Frère Rutherford avait un cancer du côlon; à l’assemblée de Saint Louis, il était en très mauvaise santé. Il avait néanmoins réussi à prononcer cinq discours énergiques. Toutefois, après l’assemblée, son état s’est aggravé, et il a dû subir une colectomie. Arthur Worsley se souvient du jour où frère Rutherford a dit adieu à la famille du Béthel; il raconte: “Il nous a confié qu’il allait subir une grave opération; qu’il s’en sorte ou non, a-t-il ajouté, il avait confiance que nous continuerions à proclamer le nom de Jéhovah. Il (...) a achevé sur ces mots: ‘Bien, si Dieu le veut, je vous reverrai. Sinon, continuez la lutte.’ Tout le monde, dans la famille, avait les yeux embués de larmes.”
Frère Rutherford, âgé de 72 ans, a bien supporté l’opération. Peu après, il a été transféré en Californie dans une maison qu’il avait nommée Beth-Sarim. Pour tous ceux qu’il aimait, ainsi que pour les spécialistes, il était visiblement condamné. D’ailleurs, il a dû être réopéré.
Vers la mi-décembre, Nathan Knorr, Frederick Franz et Hayden Covington ont quitté Brooklyn pour aller le voir. Sœur Hazel Burford, qui a soigné frère Rutherford pendant ces tristes et pénibles moments, a raconté par la suite: “Ils ont passé plusieurs jours auprès de lui, pour examiner le rapport qui devait être publié dans l’Annuaire, ainsi que d’autres questions d’organisation. Après leur départ, frère Rutherford a continué de s’affaiblir et, environ trois semaines plus tard, le jeudi 8 janvier 1942, il a achevé fidèlement sa course terrestrei.”
Comment la nouvelle de la mort de frère Rutherford a-t-elle été accueillie au Béthel? William Elrod, qui a été membre de la famille du Béthel pendant neuf ans, a raconté: “Je n’oublierai jamais le jour où nous avons appris la mort de frère Rutherford. C’était à midi, au moment où la famille était réunie pour le déjeuner. L’annonce a été brève. Il n’y a pas eu de discours. Personne n’a pris sa journée pour mener le deuil. Nous sommes par contre retournés à l’imprimerie et avons travaillé avec plus d’ardeur que jamais.”
Les temps étaient très difficiles pour les Témoins de Jéhovah. La guerre s’était muée en conflit planétaire. Depuis l’Europe, les combats avaient gagné l’Afrique, puis ce qui était alors l’Union soviétique. Le 7 décembre 1941, juste un mois avant la mort de frère Rutherford, l’attaque de Pearl Harbor par les Japonais avait fait basculer les États-Unis dans la guerre. Un peu partout, les Témoins étaient la cible d’émeutes et d’autres formes de persécution intense.
Qu’adviendrait-il à présent?
[Notes]
a Association formée à New York en 1909 pour les besoins du transfert des bureaux principaux de la Société Watch Tower à Brooklyn (New York).
b Voir chapitre 28, “Épreuves et criblage de l’intérieur”.
c Selon l’interprétation avancée dans Le mystère accompli, la femme de Révélation chapitre 12 était “l’Église primitive”, le dragon était “l’Empire romain païen”, et l’enfant mâle était “le système papal organisé”.
d Voir chapitre 14, “Ils ne font pas partie du monde”.
e Voir chapitre 30, “Défense et affermissement légal de la bonne nouvelle”.
f Justification (angl.), 3e tome, page 77. Voir aussi chapitre 12, “La grande foule vivra-t-elle au ciel ou sur la terre?”
g À cette époque, les Jonadabs n’étaient pas considérés comme des “témoins de Jéhovah”. (Voir La Tour de Garde du 15 novembre 1934, p. 345 [15 août 1934 en anglais].) Toutefois, quelques années plus tard, La Tour de Garde du 1er juillet 1942 (angl.) a déclaré: “Ces ‘autres brebis’ [Jonadabs] deviennent des témoins pour Lui, tout comme les hommes fidèles ayant vécu avant la mort de Christ (depuis Jean-Baptiste en remontant jusqu’à Abel) étaient des témoins de Jéhovah qui ne renonçaient jamais.”
h Allusion à “la grande prostituée” de Révélation chapitre 17. Le livre Ennemis disait: “Toute organisation qui, sur la terre, manifeste son opposition à Dieu et à son Royaume, s’intègre (...) à ‘Babylone’ et devient une ‘prostituée’. À combien plus forte raison ces dénominatifs s’appliquent-ils à l’Église catholique romaine, la grande organisation religieuse!” (pp. 175, 176). Des années après, on a compris que la prostituée représente en fait l’empire universel constitué par toutes les fausses religions.
i Frère Rutherford laissait en mourant sa femme, Mary, et leur fils Malcolm. Sœur Rutherford était d’une santé fragile et supportait mal les hivers à New York (où se trouvait le siège de la Société Watch Tower); de ce fait, avec Malcolm, elle résidait depuis un certain temps dans le sud de la Californie, où le climat était meilleur pour sa santé. Sœur Rutherford est décédée le 17 décembre 1962 à l’âge de 93 ans. Le Daily News-Post de Monrovia (Californie) a publié un avis de décès qui précisait: “Jusqu’à ce que ses ennuis de santé l’obligent à rester chez elle, elle a été active dans l’œuvre ministérielle des Témoins de Jéhovah.”
[Entrefilet, page 73]
“Les principales armes de Satan sont l’ORGUEIL, l’AMBITION et la CRAINTE.”
[Entrefilet, page 74]
‘La preuve que Jéhovah dirigeait la Société.’
[Entrefilet, page 75]
‘Sortis de prison, non pas tant pour eux-mêmes que pour rendre un témoignage à la vérité.’
[Entrefilet, page 77]
“La mission du chrétien sur la terre (...) est de proclamer le message du royaume du Seigneur.”
[Entrefilet, page 78]
‘Proclamer le Royaume avec plus de zèle et plus d’amour que jamais.’
[Entrefilet, page 82]
‘Le nom par lequel nous désirons être connus: Témoins de Jéhovah.’
[Entrefilet, page 83]
Oui! Les Jonadabs devaient se faire baptiser.
[Entrefilet, page 84]
‘À la recherche des “brebis” qu’il restait à rassembler.’
[Entrefilet, page 85]
Joseph Rutherford a été très direct quand il a blâmé les adversaires religieux.
[Entrefilet, page 86]
15 000 enfants ont pris position pour le Royaume.
[Entrefilet, page 89]
“Si Dieu le veut, je vous reverrai. Sinon, continuez la lutte.”
[Encadré/Illustration, page 76]
“La maison des princes”
En sortant de prison en 1919 après un internement injuste, frère Rutherford a contracté une grave pneumonie, qui lui a lésé irrémédiablement un poumon. Dans les années 20, sous traitement médical, il s’est rendu à San Diego (Californie), le médecin lui ayant recommandé d’y passer autant de temps que possible. À partir de 1929, frère Rutherford travaillait l’hiver dans une maison de San Diego qu’il avait nommée Beth-Sarim. Beth-Sarim avait été construite grâce à un don fait spécialement dans ce but. L’acte, publié intégralement dans “L’Âge d’Or” du 19 mars 1930 (en anglais), faisait de Joseph Rutherford le propriétaire de cette maison, et après lui la Société Watch Tower.
Au sujet de Beth-Sarim, le livre “Salut”, paru en 1939, explique: “‘Beth-Sarim’, mot qui, en hébreu, signifie ‘Maison des princes’. Le but de l’acquisition de ce terrain et de la construction de cette demeure est de prouver d’une façon tangible qu’aujourd’hui certains hommes ayant une foi absolue en Dieu, en Christ et en son Royaume, sont persuadés que le Tout-Puissant ressuscitera bientôt ses dévoués serviteurs des temps anciens pour leur confier la direction des affaires de ce monde.”
Quelques années après la mort de frère Rutherford, le conseil d’administration de la Société Watch Tower a décidé de vendre Beth-Sarim. Pourquoi? “La Tour de Garde” du 15 décembre 1947 (en anglais) a expliqué: “Elle avait pleinement rempli son rôle et n’était plus maintenant qu’un témoignage dont l’entretien était assez coûteux; notre foi dans le retour des hommes du passé que le Roi Christ Jésus fera princes par TOUTE la terre (et pas seulement en Californie) repose, non sur cette maison Beth-Sarim, mais sur la Parole divine de promessej.”
[Note de l’encadré]
j À l’époque, on croyait que les hommes fidèles du passé, tels qu’Abraham, Joseph et David, seraient ressuscités avant la fin de ce système de choses et seraient des “princes sur toute la terre” en accomplissement de Psaume 45:16. Cette explication a été rectifiée en 1950, lorsqu’un examen plus approfondi de la Bible a révélé que ces ancêtres terrestres de Jésus Christ seraient ressuscités après Harmaguédon. — Voir “La Tour de Garde” du 15 avril 1951, pp. 121-124 (1er novembre 1950 [angl.]).
[Encadré/Illustrations, pages 80, 81]
Radiodiffusion du message du Royaume
Moins de deux ans après les débuts de la commercialisation de la radiodiffusion, la radio était utilisée pour transmettre le message du Royaume. C’est ainsi que le 26 février 1922, en Californie, frère Rutherford a donné son premier discours radiodiffusé. Deux ans plus tard, le 24 février 1924, la WBBR, station de radio appartenant à la Société Watch Tower, commençait à émettre depuis Staten Island (New York). Par la suite, la Société a mis sur pied des réseaux s’étendant au monde entier pour diffuser des programmes et des discours à caractère biblique. En 1933, un maximum de 408 stations transmettaient le message du Royaume sur les cinq continents.
[Illustrations]
La WBBR, à New York. La Société Watch Tower a utilisé cette station de 1924 à 1957.
L’orchestre de la WBBR en 1926.
Le 11 septembre 1938, en Angleterre, Joseph Rutherford a prononcé le discours “Face aux réalités” dans le Royal Albert Hall à Londres; plus de 10 000 personnes ont rempli la salle (ci-dessous) et des millions d’autres ont écouté le discours par radio.
Programme d’ouverture de la WBBR.
En Australie, l’équipe de la station 2HD, Newcastle (Nouvelle-Galles du Sud).
Au Canada, la station de radio CHCY à Edmonton (Alberta) était l’une des stations que la Société possédait et utilisait dans ce pays.
Émission pour la Finlande par l’intermédiaire d’une station de radio estonienne.
Matériel de radiodiffusion de la station WORD, près de Chicago (Illinois); la Société en était propriétaire et utilisatrice.
[Encadré/Illustrations, page 87]
La prédication avec le phonographe
En 1933, les Témoins de Jéhovah ont commencé à utiliser une autre méthode de prédication inédite. Ils se servaient d’un phonographe transportable équipé d’un amplificateur et d’un haut-parleur pour faire entendre, dans des salles, des parcs ou autres lieux publics, des disques 33 tours sur lesquels étaient enregistrés des discours radiophoniques qu’avait prononcés frère Rutherford. Ils utilisaient aussi des voitures et des bateaux munis de haut-parleurs pour faire retentir le message du Royaume.
L’efficacité de ces phonographes a donné lieu à une autre innovation: la prédication de maison en maison avec un phonographe léger. En 1934, la Société s’est mise à fabriquer des phonographes portatifs et un jeu de disques 78 tours proposant des discours bibliques de 4 minutes et demie. Avec le temps, les disques qu’elle a mis en circulation ont fini par traiter au total 92 sujets. La Société a fabriqué en tout plus de 47 000 phonographes pour proclamer bien haut le message du Royaume. Par la suite, cependant, on a insisté davantage sur l’importance de présenter le message du Royaume de vive voix, et l’activité avec le phonographe a peu à peu cessé.
[Illustrations]
(Ci-dessus) En installant une voiture munie de haut-parleurs sur une hauteur, on pouvait faire entendre le message du Royaume à des kilomètres à la ronde.
(À droite) Utilisation du phonographe au Mexique.
(Ci-dessus) Angleterre: Un bateau muni d’un haut-parleur en action sur la Tamise, à Londres.
(À gauche) Utilisation d’un phonographe dans la prédication.
(À droite) En 1940, démonstration de l’emploi d’un phonographe vertical.
[Illustration, page 79]
J. Bohnet
[Illustration, page 88]
Entre 1917, date à laquelle Joseph Rutherford est devenu président, et 1941, la Société Watch Tower a fait paraître de nombreuses publications, soit 24 livres, 86 brochures et des “Annuaires”, ainsi que des articles dans “La Tour de Garde” et “L’Âge d’Or” (périodique devenu plus tard “Consolation”).
-
-
Ils annoncent la bonne nouvelle sans arrêt (1942-1975)Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 8
Ils annoncent la bonne nouvelle sans arrêt (1942-1975)
“À TOUS LES AMIS DE LA THÉOCRATIE,
“Le 8 janvier 1942, notre bien-aimé frère Joseph Rutherford a achevé fidèlement sa course terrestre (...). Pour lui, c’était une joie et un réconfort de voir et de savoir que tous les Témoins du Seigneur suivent, non quelque homme, mais le Roi Christ Jésus, leur Conducteur, et qu’ils poursuivront l’œuvre en parfaite unité d’action.” — Lettre annonçant la mort de frère Rutherforda.
LA NOUVELLE de la mort de frère Rutherford a été sur le coup un choc pour les Témoins de Jéhovah du monde entier. Beaucoup le savaient malade, mais ils ne pensaient pas qu’il allait mourir si vite. Bien qu’attristés par la perte de leur cher frère, ils étaient déterminés à ‘poursuivre l’œuvre’, la proclamation du Royaume de Dieu. Ils ne considéraient pas Joseph Rutherford comme leur chef. Charles Wagner, qui a travaillé un temps dans le bureau de frère Rutherford, a fait cette remarque: “Partout les frères avaient acquis la ferme conviction que l’œuvre de Jéhovah ne dépendait pas d’un homme, quel qu’il soit.” Mais on avait tout de même besoin de quelqu’un pour endosser les responsabilités que frère Rutherford avait portées en tant que président de la Société Watch Tower.
“Déterminés à rester proches du Seigneur”
Le vœu le plus cher à frère Rutherford était que les Témoins de Jéhovah annoncent la bonne nouvelle sans arrêt. Aussi, à la mi-décembre 1941, plusieurs semaines avant de mourir, il avait convoqué quatre administrateurs des deux principales associations déclarées utilisées par les Témoins de Jéhovah. Il leur avait suggéré de tenir, le plus tôt possible après sa mort, une réunion commune des deux conseils d’administration au complet afin d’élire un président et un vice-président.
L’après-midi du 13 janvier 1942, juste cinq jours après la mort de frère Rutherford, tous les administrateurs des deux associations ont tenu cette réunion commune au Béthel de Brooklyn. Plusieurs jours auparavant, le vice-président de la Société, Nathan Knorr, alors âgé de 36 ans, avait suggéré que l’on recherche intensément la sagesse divine par la prière et la méditation. Les administrateurs ont reconnu qu’en plus de gérer les affaires juridiques de la Société Watch Tower, le frère qu’on élirait président ferait fonction de surveillant principal de l’organisation. Qui donc avait les qualités spirituelles qu’il fallait pour s’occuper ainsi de l’œuvre de Jéhovah, responsabilité bien lourde? La réunion commune a commencé avec une prière et, après une délibération sérieuse, les administrateurs ont élu à l’unanimité frère Knorr président des deux associations, et Hayden Covington, l’avocat de la Société, âgé de 30 ans, vice-présidentb.
Plus tard dans la journée, William Van Amburgh, le secrétaire-trésorier de la Société, a annoncé à la famille du Béthel les résultats de l’élection. Selon les souvenirs de Richard Abrahamson, qui était présent ce jour-là, frère Van Amburgh a dit alors: ‘Je me rappelle l’époque où Charles Russell est mort et a été remplacé par Joseph Rutherford. Le Seigneur a continué de diriger et de faire prospérer son œuvre. Maintenant, j’escompte bien que l’œuvre va aller de l’avant avec Nathan Knorr comme président, parce que c’est l’œuvre du Seigneur, pas celle de l’homme.’
Qu’ont pensé de l’élection les membres de la famille du Béthel? Voici ce qu’ils ont écrit dans une lettre touchante datée du 14 janvier 1942, soit le lendemain: “Son ‘changement’ [celui de frère Rutherford] ne nous ralentira pas dans l’accomplissement de la tâche que le Seigneur nous a assignée. Nous sommes déterminés à rester proches du Seigneur et les uns des autres, et à repousser le combat jusqu’à la porte, en luttant épaule contre épaule. (...) Ayant côtoyé de près frère Rutherford pendant environ vingt ans, (...) nous sommes en mesure de discerner que le Seigneur a dirigé le choix de frère Knorr comme président, et donc qu’il veille avec amour sur son peuple.” De tous les coins du monde, le siège de la Société n’a pas tardé à recevoir un flot de lettres et de télégrammes de soutien.
Quant à ce qu’il fallait faire, il n’y avait aucune hésitation. Un article spécial a été préparé pour figurer dans La Tour de Garde du 1er février 1942 (en anglais), le numéro même qui annonçait la mort de Joseph Rutherford. “Le rassemblement final par le Seigneur est en cours, déclarait-il. Que rien ne vienne un seul instant interrompre la poussée en avant du peuple de l’alliance qui est à son service. (...) Maintenant, la chose DE PRIME IMPORTANCE, c’est de tenir ferme notre intégrité vis-à-vis du Dieu Tout-Puissant.” Et il encourageait les Témoins de Jéhovah à continuer d’annoncer la bonne nouvelle avec zèle.
Mais, en ce début des années 40, il était dur de ‘tenir ferme son intégrité’. Le monde s’enlisait dans la guerre. Dans de nombreuses parties du globe, les Témoins de Jéhovah avaient des difficultés à prêcher en raison des restrictions dues à la guerre. Les arrestations et les émeutes contre eux étaient toujours aussi fréquentes. Hayden Covington, en tant que conseiller juridique de la Société, dirigeait la bataille juridique, parfois depuis son bureau au siège de Brooklyn et parfois depuis les trains dans lesquels il voyageait pour aller s’occuper d’un procès. En collaboration avec des avocats locaux, comme Victor Schmidt, Grover Powell et Victor Blackwell, frère Covington s’est énormément dépensé afin d’affermir les droits constitutionnels des Témoins de Jéhovah de prêcher de maison en maison et de diffuser des publications bibliques sans être inquiétés localement par des fonctionnairesc.
Le signal est donné
Malgré le rationnement, dû à la guerre, des vivres et de l’essence, au début de mars 1942 il a été annoncé que du 18 au 20 septembre se tiendrait l’“Assemblée théocratique du monde nouveau”. Pour faciliter les déplacements, on a décidé de tenir des assemblées dans 52 villes des États-Unis, certaines étant reliées par téléphone à Cleveland (Ohio), la ville principale. Vers la même époque, les Témoins de Jéhovah ont tenu des rassemblements semblables dans 33 autres villes du monde. Quel était l’objectif de cette assemblée?
‘Nous ne nous retrouvons pas ici pour méditer sur le passé ou sur ce que certains ont fait.’ Telles ont été les premières paroles de frère Covington, président de l’assemblée, lors de la session d’ouverture. Il a ensuite introduit le discours clé intitulé “L’unique lumière” qui s’appuyait sur les chapitres 59 et 60 du livre d’Ésaïe És 59, 60. L’orateur, frère Franz, a fait référence à l’ordre prophétique transmis par Ésaïe, puis il a lancé d’une voix vibrante: “Voilà donc le signal que nous donne l’Autorité suprême pour que nous continuions dans son [œuvre] de témoignage quoi qu’il arrive avant Harmaguédon.” (És. 6:1-12). Ce n’était pas le moment de se laisser aller ni de se relâcher.
“Il y a encore du travail à faire; beaucoup de travail!” a affirmé Nathan Knorr dans le discours suivant. Il a alors annoncé la parution d’un ouvrage qui s’avérerait utile à ceux qui obéiraient au signal: une édition de la King James Version (Bible du roi Jacques), Bible en anglais, imprimée par la Société elle-même et agrémentée d’une concordance conçue spécialement pour les Témoins de Jéhovah dans le cadre de leur prédication. Cette nouveauté reflétait le vif intérêt que frère Knorr portait à l’impression et à la diffusion de la Bible. D’ailleurs, dès sa désignation comme président au début de cette année-là, il avait fait les démarches nécessaires pour obtenir les droits d’impression de cette traduction et pour coordonner la préparation de la concordance ainsi que d’autres annexes. En quelques mois, cette édition spéciale de la King James Version a été prête et sa parution a pu être annoncée à l’assemblée.
Le dernier jour de l’assemblée, frère Knorr a prononcé le discours intitulé “La paix de demain sera-t-elle de longue durée?” Il a exposé des arguments convaincants tirés de Révélation 17:8, montrant que la Seconde Guerre mondiale qui faisait rage ne déboucherait pas sur Harmaguédon, comme certains le pensaient, mais que ce conflit aurait une fin et que la paix s’installerait pour un certain temps. Il restait du travail à faire dans la prédication du Royaume de Dieu. L’orateur a expliqué alors aux assistants qu’à partir du mois suivant la Société enverrait dans les congrégations des “serviteurs des frères” pour collaborer avec eux, et ce en prévision de l’accroissement qu’allaient connaître les Témoins de Jéhovah. Chaque congrégation recevrait la visite du “serviteur des frères” tous les six mois.
“Cette ‘Assemblée théocratique du monde nouveau’ a soudé solidement l’organisation de Jéhovah en vue de l’œuvre qui l’attendait.” C’est la réflexion qu’a faite Marie Gibbard, qui a assisté à l’assemblée à Dallas (Texas) avec ses parents. Effectivement, il y avait beaucoup de travail à faire. Les Témoins de Jéhovah envisageaient qu’une période de paix allait suivre. Ils étaient déterminés à endurer imperturbablement l’opposition et la persécution en annonçant la bonne nouvelle sans arrêt.
Une plus grande place est accordée à l’enseignement
Certes, les Témoins de Jéhovah utilisaient la carte de témoignage et le phonographe dans leur prédication de porte en porte, mais ne pouvaient-ils pas, individuellement, devenir plus capables d’expliquer les raisons de leur espérance à partir des Écritures? C’est ce que pensait le troisième président de la Société, Nathan Knorr. James Woodworth, dont le père a été pendant des années le rédacteur en chef de L’Âge d’Or, puis de Consolation, a raconté: “Alors que du temps de frère Rutherford on avait surtout dit que ‘la religion est un piège et une escroquerie’, on voyait poindre maintenant une ère d’accroissement mondial, et l’enseignement — tant en matière de connaissance biblique qu’en matière d’organisation — a commencé à être dispensé dans des proportions encore jamais vues dans le peuple de Jéhovah.”
Presque aussitôt, ce fut le début d’une époque où l’enseignement s’est vu accorder une grande place. Le 9 février 1942, à peine un mois après l’élection de frère Knorr à la présidence de la Société, une communication importante a été faite au Béthel de Brooklyn. Des dispositions étaient prises pour y donner un “cours supérieur de ministère théocratique”, qui enseignerait l’art de faire des recherches dans la Bible et de parler en public.
Dès l’année suivante, le fondement était posé pour que ce cours soit donné dans les congrégations des Témoins de Jéhovah. À l’assemblée “Appel à l’action”, qui s’est tenue à travers les États-Unis les 17 et 18 avril 1943, est parue la brochure Cours pour le ministère théocratique. La Société encourageait chaque congrégation à organiser ce cours, réservé à des frères; elle a nommé des instructeurs pour le présider et offrir des conseils constructifs aux élèves sur les discours qu’ils prononçaient. Aussi rapidement que possible, le cours a été traduit et donné dans d’autres pays.
En conséquence, des orateurs capables ayant reçu cette formation ont commencé à participer à une campagne mondiale de discours publics qui proclamaient le message du Royaume. Par la suite, nombre d’entre eux ont mis leur formation à profit en étant orateurs à des assemblées et en assumant d’importantes responsabilités en matière d’organisation.
Angelo Manera fils, surveillant itinérant depuis une quarantaine d’années, a été du nombre. Il fut l’un des premiers à suivre le cours dans sa congrégation; plus tard, il a fait cette remarque: “Ceux d’entre nous qui ont assisté aux réunions et ont prêché pendant des années sans ce cours le considèrent comme un grand pas en avant dans leurs progrès au plan individuel et en matière d’organisation.”
Voici également ce qu’a dit plus tard George Gangas au sujet de la formation qu’il a reçue à ce cours que le Béthel de Brooklyn a inauguré en 1942, à l’époque où il traduisait les publications en grec: “Je me rappelle le jour où j’ai prononcé mon premier exposé de six minutes. Manquant de confiance en moi, je l’avais consigné par écrit. Mais quand je me suis levé pour le donner, le trac m’a saisi, j’ai bégayé et marmonné, ne sachant plus ce que je devais dire. J’ai donc dû lire mon manuscrit, mais mes mains tremblaient si fort qu’elles faisaient danser les lignes devant mes yeux!” Il n’a cependant pas renoncé. Par la suite, il a donné des discours devant les auditoires de grandes assemblées et il est même devenu membre du Collège central des Témoins de Jéhovah.
Une école fondée sur la foi
Le 24 septembre 1942, un nouveau pas en avant a été fait dans le domaine de l’enseignement. Lors de la réunion commune des conseils d’administration des deux associations déclarées, frère Knorr a proposé que la Société fonde une autre école, qui utiliserait un bâtiment déjà existant à la “Ferme du Royaume” située à South Lansing (État de New York), à 410 kilomètres au nord-ouest de New York. Le but de cette école était de former des missionnaires qui seraient ensuite envoyés dans des pays étrangers où il y avait grand besoin de proclamateurs du Royaume. Sa proposition a été acceptée à l’unanimité.
Albert Schroeder, alors âgé de 31 ans, a été nommé secrétaire de l’école et a été chargé de présider le comité qui l’organiserait. “Quelle surprise! Nous avions le cœur gonflé de joie en recevant cette mission formidable!” dit Albert Schroeder. Aussitôt les instructeurs se sont attelés à la tâche; ils n’avaient que quatre mois pour concevoir les cours, préparer les discours et constituer une bibliothèque. Frère Schroeder, qui aujourd’hui fait partie du Collège central, explique: “Ce cours supérieur d’enseignement chrétien s’étalait sur 20 semaines, et la Bible en était le manuel principal.”
Le lundi 1er février 1943, froide journée d’hiver dans le nord de l’État de New York, la première classe a commencé, avec 100 élèves. C’était une école assurément fondée sur la foi! En effet, en plein milieu de la Seconde Guerre mondiale, il y avait bien peu de pays où l’on puisse envoyer des missionnaires, mais on les a quand même formés avec l’entière confiance qu’une période de paix suivrait et qu’on pourrait les employer.
Réorganisation après la guerre
En mai 1945, les combats de la Seconde Guerre mondiale ont cessé en Europe. Quatre mois plus tard, en septembre, ils ont cessé dans le Pacifique. La Seconde Guerre mondiale était terminée. Le 24 octobre 1945, un peu plus de trois ans après que le président de la Société eut prononcé le discours “La paix de demain sera-t-elle de longue durée?” la Charte des Nations unies entrait en vigueur.
Des rapports concernant l’activité des Témoins de Jéhovah avaient déjà commencé à filtrer d’Europe. Dans une mesure qui a stupéfié les autres Témoins du monde entier, la prédication du Royaume avait fait son chemin dans les pays européens malgré la guerre. La Tour de Garde du 15 juillet 1945 (en anglais) rapportait: “En 1940, la France comptait 400 prédicateurs du Royaume; aujourd’hui, elle en compte 1 100. (...) En 1940, la Hollande comptait 800 proclamateurs. Quatre cents d’entre eux ont été déportés en Allemagne dans des camps de concentration. Ceux qui sont restés ont prêché le Royaume. Quel en a été le résultat? Ce pays compte maintenant 2 000 prédicateurs du Royaume.” La porte ouverte de la liberté offrait désormais d’autres occasions d’annoncer la bonne nouvelle, non seulement en Europe, mais dans le monde entier. Cependant, avant tout, il y avait grand besoin d’une reconstruction et d’une réorganisation.
Soucieux de s’enquérir des besoins des Témoins de Jéhovah dans les pays ravagés par la guerre, en novembre 1945 le président de la Société, accompagné de son secrétaire, Milton Henschel, a entrepris un voyage en Grande-Bretagne, en France, en Suisse, en Belgique, aux Pays-Bas et en Scandinavie pour encourager les frères et pour se rendre compte de la situation dans les filiales de la Sociétéd. L’objectif était la réorganisation après la guerre. Ils ont pris des mesures pour que l’on expédie des publications ainsi que de la nourriture et des vêtements aux frères dans le besoin. Les filiales ont été rouvertes.
Frère Knorr comprenait fort bien que pour arriver à suivre le rythme de croissance de l’œuvre de prédication il fallait une excellente organisation des filiales. Ses aptitudes naturelles d’organisateur ont été pleinement utilisées pour accroître le nombre des filiales et agrandir leurs installations dans le monde entier. Lorsqu’il est devenu président en 1942, on comptait 25 filiales. En 1946, malgré les interdictions et les obstacles occasionnés par la Seconde Guerre mondiale, il y en avait dans 57 pays, et 30 années plus tard, c’est-à-dire en 1976, le nombre des filiales était passé à 97.
Équipés pour être des enseignants
Des voyages internationaux qu’il avait faits peu après la guerre, le président de la Société avait tiré la conclusion que les Témoins de Jéhovah avaient besoin de mieux s’équiper pour être des enseignants de la Parole de Dieu. Il fallait leur donner un enseignement biblique plus poussé, et leur fournir des instruments adaptés au ministère de maison en maison. Ces besoins ont été comblés peu de temps après la guerre.
À l’“Assemblée théocratique des nations joyeuses” qui s’est tenue à Cleveland (Ohio) du 4 au 11 août 1946, frère Knorr a donné le discours “Équipé pour toute bonne œuvre”. Il a intrigué tous ses auditeurs en posant des questions comme: “Ne serait-il pas très précieux d’avoir des renseignements sur chacun des soixante-six livres de la Bible? Ne serait-il pas utile, pour comprendre la Bible, de connaître pour chacun de ses livres, le rédacteur, la date et le lieu de rédaction?” Cessant de tenir son auditoire en haleine, il a déclaré: “Frères, vous avez tous ces renseignements et beaucoup d’autres dans ce nouveau livre intitulé ‘Équipé pour toute bonne œuvre’!” Un tonnerre d’applaudissements a accueilli cette annonce. Ce nouveau livre allait servir de manuel de base pour la formation au ministère donnée dans les congrégations.
Non seulement les Témoins de Jéhovah ont été équipés grâce à une publication qui les aiderait à approfondir leur connaissance des Écritures, mais ils ont aussi reçu d’excellents auxiliaires pour la prédication. L’assemblée de 1946 restera longtemps dans les mémoires, car elle a salué la parution du premier numéro de Réveillez-vous! Ce nouveau périodique remplaçait Consolation (auparavant intitulé L’Âge d’Or). Une autre nouveauté a été le livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!”e Henry Cantwell, qui est devenu par la suite surveillant itinérant, explique: “Depuis un certain temps, nous ressentions vraiment le besoin d’un livre que nous pourrions utiliser efficacement pour diriger des études bibliques avec des personnes intéressées depuis peu par la vérité, un livre qui expose les doctrines et les vérités bibliques fondamentales. À présent, avec ‘Que Dieu soit reconnu pour vrai!’ nous avions exactement ce qu’il nous fallait.”
Équipés grâce à ces précieux manuels, les Témoins de Jéhovah escomptaient un accroissement encore plus rapide. Dans le discours intitulé “Problèmes de reconstruction et d’expansion”, frère Knorr a expliqué à ses auditeurs assemblés que pendant les années de guerre mondiale l’activité de témoignage n’avait pas connu de temps mort. Entre 1939 et 1946, le nombre des proclamateurs du Royaume avait augmenté de plus de 110 000. Pour satisfaire la demande mondiale croissante en publications bibliques, la Société se proposait d’agrandir l’imprimerie et le Béthel de Brooklyn.
Comme prévu, une période de paix mondiale s’installait. On était bien dans une période d’accroissement mondial et d’enseignement biblique accru. Les Témoins de Jéhovah qui s’en revenaient de l’“Assemblée théocratique des nations joyeuses” étaient mieux équipés pour être des enseignants de la bonne nouvelle.
La prédication du Royaume en plein essor
En prévision de l’accroissement mondial, le président de la Société et son secrétaire, Milton Henschel, ont entrepris le 6 février 1947 un voyage autour du monde de presque 77 000 kilomètres. Ce voyage les a conduits dans les îles du Pacifique, en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Asie du Sud-Est, en Inde, au Proche-Orient, dans le bassin méditerranéen, en Europe centrale et occidentale, en Scandinavie, en Angleterre et à Terre-Neuve. C’était la première fois depuis 1933 que des représentants du siège mondial de la Société à Brooklyn pouvaient rendre visite à leurs frères en Allemagne. Les Témoins de Jéhovah du monde entier ont suivi les étapes de ce voyage à mesure que La Tour de Garde en publiait des comptes rendus tout au long de l’année 1947f.
“C’était pour nous la première occasion de faire connaissance avec les frères d’Asie et d’ailleurs, et de voir quels étaient leurs besoins”, explique frère Henschel, aujourd’hui membre du Collège central des Témoins de Jéhovah. “Nous envisagions d’envoyer des missionnaires, aussi nous fallait-il savoir ce qui les attendait et ce qu’il leur faudrait.” Après ce voyage, un flot ininterrompu de missionnaires formés à Galaad a déferlé sur les sols étrangers pour y introduire l’œuvre de proclamation du Royaume. Ils ont obtenu des résultats impressionnants. Au cours des cinq années suivantes (1947-1952), le nombre des prédicateurs dans le monde a plus que doublé, passant de 207 552 à 456 265.
L’accroissement de la théocratie
Le 25 juin 1950, les armées de la République démocratique populaire de Corée envahissaient la République de Corée au sud. Au bout du compte, 16 pays ont envoyé des soldats en Corée. Mais, tandis que la guerre dressait les grandes nations les unes contre les autres, les Témoins de Jéhovah s’apprêtaient à se réunir en une assemblée internationale qui serait la démonstration non seulement de leur unité mondiale, mais aussi de la bénédiction de Jéhovah, qui leur donnait de s’accroître. — És. 60:22.
La date du 30 juillet au 6 août 1950 a été retenue pour l’assemblée “Accroissement de la théocratie”. Jamais encore les Témoins de Jéhovah n’avaient tenu de si grand rassemblement en un même endroit. Quelque 10 000 délégués d’Europe, d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, des îles du Pacifique — de 67 pays en tout — ont convergé vers le Yankee Stadium, qui se trouve à New York. L’assistance maximale a dépassé 123 000 pour le discours public — c’était énorme en comparaison de l’assistance maximale, de 80 000, qu’on avait dénombrée à l’“Assemblée théocratique des nations joyeuses” juste quatre ans auparavant, et c’était en soi un indice extraordinaire de l’accroissement.
L’impression et la diffusion de la Parole de Dieu ont été pour beaucoup dans l’accroissement des Témoins de Jéhovah. Dans ce domaine, le 2 août 1950 est une date à retenir, puisque ce jour-là frère Knorr a annoncé la parution d’une partie de la Bible en anglais courant, Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau. Les assistants ont été heureux d’apprendre que cette traduction replaçait le nom de Dieu, Jéhovah, 237 fois dans le texte, de Matthieu à la Révélation! Dans sa conclusion, l’orateur a fait cette invitation stimulante: “Adoptez cette traduction. Lisez-la entièrement. Étudiez-la, car elle vous aidera à affiner votre compréhension de la Parole de Dieu. Elle est à placer entre toutes les mains.” Peu à peu, pendant la décennie suivante, d’autres parties de la Bible allaient être traduites, si bien que finalement les Témoins de Jéhovah disposeraient d’une version intégrale de la Bible, fidèle et facile à lire, qu’ils auraient la joie de proposer autour d’eux.
Avant de quitter la ville de l’assemblée, les assistants ont été invités à visiter les nouveaux bâtiments du Béthel au 124 Columbia Heights, ainsi que l’imprimerie, considérablement agrandie, au 117 Adams Street. Construits avec le soutien financier des Témoins du monde entier, ces bâtiments étaient le couronnement du vaste projet d’agrandissement annoncé et approuvé avec joie, en 1946, à l’assemblée de Cleveland. Mais les Témoins de Jéhovah étaient loin de se douter alors qu’ils allaient connaître encore une expansion notable pas seulement à Brooklyn, mais dans le monde entier. Il allait falloir des imprimeries plus nombreuses et plus grandes pour répondre aux besoins des prédicateurs du Royaume en augmentation constante.
Formation intensive dans le ministère de maison en maison
À l’assemblée “La société du monde nouveau”, qui s’est tenue à New York du 19 au 26 juillet 1953, des ouvrages à l’intention des Témoins de Jéhovah sont parus. Ils avaient été conçus particulièrement pour être utilisés dans la prédication du Royaume de maison en maison. Par exemple, le lundi 20 juillet, les 125 040 assistants ont applaudi chaleureusement l’annonce de la parution du livre “Éprouvez toutes choses”. C’était un outil de prédication très commode, un ouvrage de poche de 416 pages réunissant plus de 4 500 textes bibliques sous 70 grands thèmes. Désormais, les Témoins de Jéhovah avaient sous la main les réponses bibliques aux questions qu’on leur posait quand ils prêchaient de maison en maison.
Le mercredi matin, pendant le discours “Le principal travail des serviteurs”, frère Knorr a annoncé une nouvelle étape dans les mesures prises depuis un certain temps pour enseigner les Témoins de Jéhovah: il s’agissait d’un vaste programme de formation à la prédication de maison en maison, qui devait être mis en œuvre dans toutes les congrégations. Les prédicateurs plus expérimentés étaient sollicités pour aider les moins expérimentés à devenir des proclamateurs du Royaume réguliers et efficaces de maison en maison. Ce programme de grande envergure a commencé à fonctionner le 1er septembre 1953. Jesse Cantwell, surveillant itinérant qui a pris part à cette activité de formation, a fait cette remarque: “Ce programme a réellement aidé les proclamateurs à gagner en efficacité.”
Durant les mois qui ont suivi juillet 1953, les Témoins ont organisé sur les cinq continents des assemblées sous le même thème qu’à New York, avec le même programme adapté localement. C’est ainsi que la formation intensive au ministère de maison en maison a été mise en route dans les congrégations des Témoins de Jéhovah du monde entier. Cette année-là, le nombre des proclamateurs du Royaume a atteint un maximum de 519 982.
Les exigences de l’accroissement mondial
Vers le milieu des années 50, d’autres dispositions ont été prises pour faire face à la croissance rapide qu’enregistrait l’organisation. Pendant plus de dix ans, Nathan Knorr avait parcouru le globe pour se rendre compte du fonctionnement des filiales. Ces voyages ont largement contribué à assurer une bonne supervision de l’œuvre dans chaque pays et à renforcer l’unité mondiale des Témoins de Jéhovah. Frère Knorr aimait profondément les missionnaires et les volontaires qui travaillaient dans les filiales disséminées dans le monde. Partout où il allait, il prenait le temps de parler avec eux de leurs problèmes et de leurs besoins, et de les encourager dans leur ministère. Toutefois, en 1955, on comptait 77 filiales de la Société Watch Tower et 1 814 missionnaires formés à Galaad qui œuvraient dans 100 pays. Frère Knorr a compris que c’était plus qu’il ne pouvait assumer tout seul; il a donc fait le nécessaire pour que d’autres frères partagent avec lui cette tâche importante qui consistait à rendre visite aux filiales et aux maisons de missionnaires.
On a divisé le monde en dix zones, chacune comprenant un certain nombre de filiales de la Société. Des frères capables du siège de Brooklyn ainsi que des surveillants de filiale expérimentés ont été nommés serviteurs de zone (aujourd’hui surveillants de zone), et frère Knorr leur a donné une formation pour cette tâche. Le 1er janvier 1956, le premier serviteur de zone entrait en fonction en commençant à rendre visite à des filiales. En 1992, on comptait plus de 30 surveillants de zone, parmi lesquels des membres du Collège central.
L’enseignement de la volonté divine
En été 1958, la guerre couvait au Proche-Orient. Malgré la tension des relations internationales, les Témoins de Jéhovah s’apprêtaient à se retrouver en une assemblée internationale qui leur enseignerait davantage la volonté divine. Ce rassemblement s’avérerait aussi être le plus grand qu’ils tiendraient en une même ville.
Originaires de 123 pays, les assistants, qui ont été au maximum 253 922, ont rempli du 27 juillet au 3 août le Yankee Stadium et les Polo Grounds à l’occasion de cette assemblée internationale qui avait pour thème “La volonté divine”. Le Daily News du 26 juillet 1958 a commenté ainsi l’événement: “Les Témoins de Jéhovah vont remplir les stades. (...) Huit trains spéciaux, 500 autocars de location et 18 000 automobiles amènent les assistants sur les lieux, sans compter les deux bateaux et les 65 avions affrétés.”
Les missionnaires formés à Galaad avaient fait savoir au siège de la Société qu’ils avaient du mal à enseigner la vérité biblique aux gens qui n’avaient aucune notion des croyances et des doctrines des Églises de la chrétienté. Ils souhaitaient vivement posséder un ouvrage qui exposerait simplement les vrais enseignements de la Bible tout en étant facile à lire et à comprendre. Le jeudi 31 juillet, à la grande joie des 145 488 personnes qui l’écoutaient cet après-midi-là, frère Knorr a annoncé la parution en anglais du livre Du paradis perdu au paradis reconquis.
Il a encouragé tout le monde à utiliser ce livre dans la prédication. Il a aussi suggéré aux parents de s’en servir pour enseigner la vérité biblique à leurs enfants, suggestion que beaucoup de parents ont suivie. Témoin cette remarque de Grace Estep, enseignante qui a été élevée dans une petite ville près de Pittsburgh (Pennsylvanie): “Les enfants de toute une génération ont grandi avec le livre Paradis dans les mains: ils l’emportaient aux réunions, le lisaient avec leurs petits camarades de jeu; bien avant de savoir lire, ils étaient capables de raconter une foule d’histoires bibliques rien qu’à partir des images.”
Ceux qui avaient un niveau plus élevé dans l’étude de la Parole de Dieu ont eux aussi reçu de la lecture, plus substantielle. En conclusion de son passionnant discours intitulé “Que ta volonté se fasse”, frère Knorr a soulevé l’enthousiasme de l’auditoire en annonçant la parution en anglais du livre “Que ta volonté soit faite sur la terre”. Cet ouvrage, qui contenait une étude approfondie du livre de Daniel, enseignait à ses lecteurs comment la volonté divine a été faite dans le passé et comment elle l’est actuellement. L’orateur a ajouté: “Vous aimerez énormément ce livre!” Les 175 441 personnes qui l’écoutaient ont applaudi à tout rompre pour exprimer leur joie de recevoir ce nouvel instrument qui les aiderait à mieux comprendre la volonté divine.
Dans ses paroles finales, frère Knorr a annoncé d’autres dispositions spéciales dans le domaine de l’enseignement qui seraient utiles à l’organisation à l’échelle mondiale. “Cette œuvre d’enseignement n’est pas sur le déclin, a-t-il dit, mais plutôt en plein essor.” Il a donné les grandes lignes d’un projet de cours de formation sur dix mois qui serait dispensé à Brooklyn aux surveillants de toutes les filiales de la Société dans le monde. En outre, dans plusieurs pays la Société allait instituer des cours de formation d’un mois pour les surveillants itinérants et les frères assumant la surveillance des congrégations. Pourquoi toutes ces formations? “Nous voulons, a-t-il expliqué, accéder à des niveaux plus élevés de compréhension, afin de pénétrer plus profondément les pensées de Jéhovah exprimées dans sa Parole.”
Aussitôt a commencé le travail de préparation de ces nouveaux cours de formation. Sept mois plus tard, le 9 mars 1959, à South Lansing (État de New York), où se trouvait l’École de Galaad, s’ouvrait la première classe d’une nouvelle école, l’École du ministère du Royaume. C’était le début d’une formation qui a vite gagné le monde entier, car cette école a servi à former les frères qui assumaient la surveillance dans les congrégations.
Fortifiés pour ‘tenir ferme dans la foi’
Pendant les années 60, des bouleversements religieux et sociaux ont balayé la société humaine comme un raz-de-marée. Les ecclésiastiques taxaient certaines parties de la Bible de mythes ou de vieilles histoires. La théorie selon laquelle Dieu était mort faisait de plus en plus d’adeptes. La société humaine s’enfonçait de plus en plus dans la fange de la débauche sexuelle. Par l’intermédiaire de La Tour de Garde et d’autres publications, autant que par les discours donnés aux assemblées, le peuple de Jéhovah a été fortifié pour ‘tenir ferme dans la foi’ pendant cette décennie mouvementée. — 1 Cor. 16:13.
Lors d’une série d’assemblées organisée dans le monde entier en 1963, le discours intitulé “Le livre de la ‘bonne nouvelle éternelle’ est utile” a défendu la Bible contre les attaques de ses détracteurs. “Les détracteurs de la Bible, a expliqué l’orateur, n’ont pas besoin de faire remarquer que ce sont seulement des hommes qui ont écrit ce livre. La Bible elle-même s’en charge franchement. Mais ce qui rend la Sainte Bible différente de tout autre livre écrit par des hommes, c’est qu’elle est ‘inspirée de Dieu’.” (2 Tim. 3:16, 17). Ce vibrant discours s’est achevé sur l’annonce de la parution, en anglais, du livre “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile”. C’était un ouvrage qui passait en revue chaque livre de la Bible: il donnait pour chacun des détails sur son origine (par exemple: rédacteur, lieu et date de rédaction), apportait des preuves de son authenticité, puis, après un résumé du contenu, montrait sous l’intertitre “Utilité” de quelle valeur il était pour le lecteur. Instrument précieux dans la formation biblique continue des Témoins de Jéhovah, cet ouvrage est toujours un manuel de base de l’École du ministère théocratique une trentaine d’années après sa parutiong!
La révolution sexuelle des années 60 n’a pas épargné les Témoins de Jéhovah. D’ailleurs, c’est principalement pour immoralité sexuelle qu’on a dû en exclure plusieurs milliers par an — un petit pourcentage de leur nombre total. Il était donc judicieux que le peuple de Jéhovah reçoive des conseils directs lors des assemblées qui ont eu lieu en 1964. Lyle Reusch, surveillant itinérant originaire de la Saskatchewan (Canada), se souvient du discours intitulé “Gardons chaste et pure l’organisation des serviteurs publics”. Il dit: “En ce qui concerne la morale, on a mis les points sur les i dans un langage franc et sans détours.”
Ce discours a été publié dans La Tour de Garde du 1er mars 1965 (15 novembre 1964 en anglais). Entre autres choses, il disait: “Jeunes filles, ne soyez pas des serviettes [de lavabos publics] à l’usage des mains sales du premier débauché venu ou ‘chien’ symbolique.” — Voir Révélation 22:15.
L’intention de ces conseils très directs était d’aider le peuple que forment les Témoins de Jéhovah à préserver sa pureté morale afin de continuer à proclamer le message du Royaume. — Voir Romains 2:21-23.
“Dis, que signifie ce 1975?”
Les Témoins croyaient depuis longtemps que le Règne millénaire du Christ commencerait après 6 000 ans d’histoire humaine. Mais quand les 6 000 ans d’existence humaine allaient-ils prendre fin? Le livre La vie éternelle dans la liberté des fils de Dieu, paru en anglais aux assemblées de district de 1966, désignait 1975. Sur les lieux mêmes de l’assemblée, tandis que les frères en examinaient le contenu, ce livre a suscité bien des discussions au sujet de 1975.
À Baltimore (Maryland), c’est Frederick Franz qui a donné le discours de clôture, en commençant ainsi: “Juste avant que je monte sur l’estrade, un jeune homme m’a abordé avec cette question: ‘Dis, que signifie ce 1975?’” Puis frère Franz a cité les nombreuses questions qu’on avait posées, à savoir s’il fallait comprendre dans ce nouveau livre qu’en 1975 Harmaguédon serait terminé et Satan lié. Voici ce qu’il a dit en substance: ‘Cela se peut. Mais nous n’affirmons rien. Tout est possible à Dieu. Mais nous n’affirmons rien. Et que nul d’entre vous ne se révèle dogmatique en parlant de ce qui va se passer d’ici 1975. Chers frères, le point essentiel de cette discussion, le voici: le temps est court. Le temps se fait très court, il n’y a aucun doute là-dessus.’
Dans les années qui ont suivi 1966, de nombreux Témoins de Jéhovah ont agi en harmonie avec l’esprit de ce conseil. Toutefois, d’autres déclarations ont été publiées à ce sujet, et certaines ont été probablement plus catégoriques qu’il n’aurait fallu. C’est ce qu’a reconnu La Tour de Garde du 15 juin 1980 (page 17). Mais, par ailleurs, les Témoins de Jéhovah ont reçu le conseil de se concentrer surtout à faire la volonté de Jéhovah et de ne pas se tracasser pour des dates ou par l’attente d’un salut imminenth.
Un instrument pour accélérer l’œuvre
À la fin des années 60, les Témoins de Jéhovah annonçaient la bonne nouvelle avec le sentiment de devoir agir vite. Durant l’année 1968, le nombre des prédicateurs du Royaume a augmenté: 1 221 504 dans 203 pays. Néanmoins, il n’était pas rare que des personnes étudient la Bible pendant des années sans que la connaissance acquise les pousse à l’action. N’y avait-il pas un moyen d’accélérer l’œuvre qui consistait à faire des disciples?
La réponse est arrivée en 1968 avec la parution d’un nouvel auxiliaire d’étude biblique, La vérité qui conduit à la vie éternelle. Ce livre de poche de 192 pages avait été préparé à l’intention des personnes fraîchement intéressées par la vérité. Il contenait 22 chapitres passionnants dont voici quelques titres: “Pourquoi il serait prudent de votre part d’examiner votre religion”, “Pourquoi nous vieillissons et mourons”, “Où sont les morts?”, “Pourquoi Dieu a-t-il permis le mal jusqu’à nos jours?”, “Comment identifier la vraie religion”, “Comment s’assurer une vie de famille heureuse”. Le livre Vérité était conçu pour encourager l’étudiant de la Bible à raisonner sur ce qu’il apprenait et à l’appliquer dans sa vie.
Cette publication devait être utilisée dans le cadre d’une campagne d’études bibliques en six mois. Notre ministère du Royaume de novembre 1968 expliquait comment ce nouveau programme fonctionnerait: “Il serait bien de vous efforcer d’étudier un chapitre entier du livre ‘Vérité’ chaque semaine, bien que ceci puisse ne pas être possible avec n’importe quelle personne ou pour tous les chapitres du livre. (...) Si, après six mois d’étude intensive et d’efforts consciencieux pour amener un étudiant aux réunions, il n’a pas commencé à fréquenter la congrégation, il peut être préférable d’employer votre temps à étudier avec quelqu’un d’autre qui désire sincèrement apprendre la vérité et progresser. Ayez pour objectif de présenter la bonne nouvelle dans vos études bibliques de telle façon que les personnes sincères agissent en six mois!”
Et elles ont agi! En un bref espace de temps, la campagne d’études bibliques en six mois a eu des résultats stupéfiants. Pendant les trois années de service comprises entre le 1er septembre 1968 et le 31 août 1971, au total 434 906 personnes ont été baptisées, soit plus du double qu’au cours des trois années de service précédentes! En paraissant à un moment où les Témoins de Jéhovah avaient le sentiment de devoir agir vite, le livre Vérité ainsi que la campagne d’études bibliques en six mois ont été pour beaucoup dans l’accélération de l’œuvre consistant à faire des disciples. — Mat. 28:19, 20.
“Cela ne peut que marcher; cela vient de Jéhovah”
Depuis de nombreuses années, les congrégations des Témoins de Jéhovah étaient organisées de telle sorte qu’un seul homme ayant les qualités spirituelles requises était nommé par la Société pour être serviteur, ou “surveillant”, de congrégation, et il était secondé par d’autres “serviteurs” nommési (1 Tim. 3:1-10, 12, 13). Ces hommes devaient servir le troupeau, et non le dominer (1 Pierre 5:1-4). Cependant, n’était-il pas possible que les congrégations se conforment de plus près à la structure des congrégations chrétiennes du Ier siècle?
Lors des assemblées qui se sont tenues sur tout le globe en 1971 a été présenté le discours “L’organisation théocratique au milieu de systèmes démocratiques et communistes”. Le 2 juillet, au Yankee Stadium de New York, c’est Frederick Franz qui a prononcé ce discours, dans lequel il a fait remarquer qu’au Ier siècle les congrégations ne comptaient pas qu’un seul surveillant quand il y avait suffisamment d’hommes possédant les qualités requises (Phil. 1:1). “L’ensemble des surveillants de la congrégation, a-t-il expliqué, formait le [‘collège des anciens’] (...). Les membres d’un tel [‘collège d’anciens’] étaient tous égaux et occupaient la même position officielle; aucun d’eux n’était prééminent ou le membre le plus important et le plus puissant de la congrégation.” (1 Tim. 4:14). Ce discours a enthousiasmé tous les assistants. Quelles conséquences ces renseignements auraient-ils au sein des congrégations des Témoins de Jéhovah dans le monde entier?
La réponse est arrivée deux jours plus tard, dans le discours de clôture donné par Nathan Knorr. À partir du 1er octobre 1972, toutes les congrégations du monde devraient opérer des modifications dans la façon dont elles étaient dirigées. Désormais, il n’y aurait plus seulement un serviteur, ou surveillant, de congrégation. Par contre, durant les mois précédant le 1er octobre 1972, dans chaque congrégation des hommes mûrs et dignes de confiance donneraient à la Société les noms de ceux qu’ils jugeraient susceptibles de constituer un collège d’anciens (ainsi que les noms d’hommes susceptibles d’être serviteurs ministériels). Un ancien serait désigné pour être le présidentj, mais tous les anciens auraient une autorité égale et assumeraient en commun la responsabilité de prendre des décisions. “Ces ajustements en matière d’organisation, a expliqué frère Knorr, aideront à harmoniser plus étroitement encore le fonctionnement des congrégations avec la Parole de Dieu, et il en résultera certainement de grandes bénédictions de la part de Jéhovah.”
Quel accueil les assistants ont-ils fait à cette annonce des modifications en matière d’organisation? Un surveillant itinérant a dit spontanément: “Cela ne peut que marcher; cela vient de Jéhovah.” Un autre Témoin d’expérience a dit: “Ce sera pour tous les hommes mûrs un encouragement à endosser des responsabilités.” En effet, tous les hommes qui avaient les qualités requises pouvaient maintenant ‘aspirer’ à une “charge de surveillant” et se la voir confier (1 Tim. 3:1). Ainsi, un plus grand nombre de frères pouvaient acquérir une précieuse expérience dans la façon de partager les responsabilités au sein d’une congrégation. Ils ne s’en rendaient pas compte alors, mais on allait avoir besoin d’eux tous pour faire paître le grand nombre de nouveaux qui allaient affluer dans les années suivantes.
Le sujet abordé lors de l’assemblée a aussi entraîné des éclaircissements et des modifications concernant le Collège central. Le 6 septembre 1971, il a été résolu que chaque membre du Collège central assumerait la présidence de celui-ci à tour de rôle par ordre alphabétique. Quelques semaines après, le 1er octobre 1971, Frederick Franz est devenu pour un an le président du Collège central.
L’année suivante, en septembre 1972, les premiers transferts de responsabilités se sont faits dans les congrégations, et au 1er octobre le roulement avait été effectué dans la plupart d’entre elles. Durant les trois années suivantes, les Témoins de Jéhovah ont connu un accroissement remarquable: plus de 750 000 personnes se sont fait baptiser. Mais voilà que se profilait à l’horizon l’automne 1975. Si toutes les attentes relatives à 1975 ne se réalisaient pas, qu’allait-il advenir du zèle des Témoins pour l’activité mondiale de prédication? Qu’allait-il advenir de leur unité mondiale?
En outre, depuis des dizaines d’années Nathan Knorr, personnage dynamique et brillant organisateur, jouait un rôle majeur à la fois dans la promotion de l’enseignement au sein de l’organisation et dans la propagation de la Bible parmi le public suivie de l’aide apportée pour la comprendre. Ces objectifs allaient-ils rester les mêmes maintenant que le Collège central prenait une part plus active à leur supervision?
[Notes]
a La Tour de Garde, 1er février 1942, p. 45 (angl.); Consolation, 4 février 1942, p. 17 (angl.).
b En septembre 1945, frère Covington a de bonne grâce renoncé à la fonction de vice-président de la Watch Tower Bible and Tract Society (association de Pennsylvanie). Il a expliqué, en effet, qu’il désirait se conformer à une condition qui, selon la compréhension de la volonté de Jéhovah que l’on avait à l’époque, était requise de tous les membres du conseil d’administration et en particulier des trois membres du bureau exécutif, à savoir qu’ils soient des chrétiens oints de l’esprit. Or, lui-même déclarait être membre des “autres brebis”. Le 1er octobre, Lyman Swingle a été élu à sa place dans le conseil d’administration et, le 5 du même mois, Frederick Franz a été choisi comme vice-président. (Voir Annuaire des Témoins de Jéhovah 1946, pp. 221-224 [angl.]; La Tour de Garde, 1er novembre 1945, pp. 335, 336 [angl.].)
c Voir chapitre 30, “Défense et affermissement légal de la bonne nouvelle”.
d La Tour de Garde, tout au long de l’année 1946, a publié des comptes rendus détaillés de ce voyage. — Voir en français pp. 156-158, 171-174, 188-190, 204, 205; en anglais pp. 14-16, 28-31, 45-48, 60-64, 92-95, 110-112, 141-144.
e En quelques années, ce manuel d’étude biblique a été connu dans le monde entier. En comptant l’édition révisée (le 1er avril 1952 en anglais), il a été tiré à plus de 19 millions d’exemplaires en 54 langues.
f Voir en français pp. 316-318, 334, 347-350, 380, 381; La Tour de Garde de 1948, pp. 12-14, 26-28; en anglais, dans le volume de 1947, pp. 140-144, 171-176, 189-192, 205-208, 219-223, 236-240, 251-256, 267-272, 302-304, 315-320, 333-336, 363-368.
g Une édition révisée de ce livre “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile” a été publiée en anglais en 1990.
h Par exemple, La Tour de Garde a publié les articles suivants: “Comment utiliser sagement le temps qui reste” (15 août 1968); “Servez en vue de l’éternité” (15 septembre 1974); “Pourquoi nous n’avons pas été informés de ‘ce jour-là et de cette heure-là’” et “Le fait de ne pas connaître ‘le jour et l’heure’ vous affecte-t-il?” (1er août 1975). Plus tôt, en 1963, le livre “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile” avait dit: “Il n’est pas convenable d’utiliser la chronologie biblique pour spéculer sur des dates à venir dans le cours du temps. — Mat. 24:36.”
i Voir chapitre 15, “Formation progressive de l’organisation”.
j L’orateur a aussi expliqué qu’à dater du 1er octobre 1972, dans tous les collèges d’anciens la fonction de président serait assumée à tour de rôle. Cette disposition a été modifiée en 1983: depuis, chaque collège d’anciens doit recommander un surveillant-président qui, après avoir été nommé par la Société, reste pour une durée indéfinie le président du collège des anciens.
[Entrefilet, page 92]
Ils prêchent malgré les arrestations et les émeutes dont ils sont l’objet.
[Entrefilet, page 94]
‘Accroissement mondial et enseignement dans des proportions jamais vues.’
[Entrefilet, page 103]
Défense de la Bible contre les attaques de ses détracteurs.
[Entrefilet, page 104]
‘Chers frères, le point essentiel de cette discussion, le voici: le temps est court.’
[Entrefilet, page 106]
“Ce sera pour tous les hommes mûrs un encouragement à endosser des responsabilités.”
[Encadré, page 91]
Qui était Nathan Knorr?
Nathan Homer Knorr est né le 23 avril 1905 aux États-Unis, à Bethlehem (Pennsylvanie). À l’âge de 16 ans, il s’est joint à la congrégation des Étudiants de la Bible d’Allentown. En 1922, il a assisté à l’assemblée de district de Cedar Point (Ohio), où il a décidé de quitter l’Église réformée. L’année suivante, exactement le 4 juillet 1923, Nathan s’est fait baptiser à l’âge de 18 ans dans le Little Lehigh (cours d’eau de l’est de la Pennsylvanie) après un discours de baptême qu’avait prononcé Frederick Franz, du Béthel de Brooklyn. Le 6 septembre 1923, frère Knorr devenait membre de la famille du Béthel à Brooklyn.
Frère Knorr se dépensait beaucoup dans le service de l’expédition où il travaillait, et avant longtemps ses aptitudes naturelles d’organisateur ont été remarquées. Quand le responsable de l’imprimerie de la Société, Robert Martin, est décédé le 23 septembre 1932, frère Knorr a été désigné pour le remplacer. Le 11 janvier 1934, il a été élu administrateur de l’Association de la Tribune du peuple (aujourd’hui la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.), et l’année suivante il en est devenu le vice-président. Le 10 juin 1940, il est devenu le vice-président de la Watch Tower Bible and Tract Society (l’association de Pennsylvanie). C’est en janvier 1942 qu’il a été élu président des deux associations ainsi que de l’association britannique, International Bible Students Association (l’Association internationale des Étudiants de la Bible).
Dans les années qui ont suivi, il a eu entre autres proches collaborateurs et conseillers de confiance Frederick Franz, homme plus âgé que lui et dont la connaissance des langues ainsi que la formation de bibliste s’étaient déjà avérées très précieuses à l’organisation.
[Encadré, page 93]
Une prédiction encourageante
En septembre 1942, à l’“Assemblée théocratique du monde nouveau” qui s’est tenue à Cleveland (Ohio), les assistants ont été enchantés d’entendre William Van Amburgh, le secrétaire-trésorier de la Société, pourtant bien âgé. Frère Van Amburgh a expliqué que c’était en 1900 à Chicago qu’il avait assisté pour la première fois à une assemblée, et que c’était alors une “grande” assemblée — avec environ 250 assistants. Après avoir énuméré d’autres “grandes” assemblées au fil des années, il a conclu sur cette prédiction encourageante: “Cette assembléek nous paraît immense maintenant; pourtant, autant elle est grande en comparaison de celles auxquelles j’ai assisté dans le passé, autant je prévois qu’elle s’avérera minuscule en comparaison de celles que nous réserve l’avenir, lorsque le Seigneur se mettra à rassembler son peuple de tous les coins du globe.”
[Note de l’encadré]
k Il y a eu un maximum de 26 000 assistants à Cleveland, et le total global aux assemblées dans les 52 villes des États-Unis s’est élevé à 129 699.
[Encadré/Cartes, page 96]
Voyages de Nathan Knorr, 1945-1956
1945-1946: Amérique centrale, Amérique du Sud, Amérique du Nord, Europe, Antilles
1947-1948: Amérique du Nord, îles du Pacifique, Orient, Proche-Orient, Europe, Afrique
1949-1950: Amérique du Nord, Amérique centrale, Amérique du Sud, Antilles
1951-1952: Amérique du Nord, îles du Pacifique, Orient, Europe, Proche-Orient, Afrique
1953-1954: Amérique du Sud, Antilles, Amérique du Nord, Amérique centrale
1955-1956: Europe, îles du Pacifique, Orient, Amérique du Nord, Proche-Orient, Afrique du Nord
[Cartes]
(Voir la publication)
[Encadré, page 105]
“Aujourd’hui, je me remets à y penser”
Paru en 1968, le livre “La vérité qui conduit à la vie éternelle” a été largement utilisé par les Témoins de Jéhovah dans l’étude de la Bible avec les personnes qui s’y intéressaient. Cet ouvrage tombait très bien et il a aidé des centaines de milliers de personnes réfléchies à acquérir une connaissance exacte des Écritures. Voici un extrait d’une lettre de remerciement envoyée en 1973 par une lectrice des États-Unis: “Une dame très aimable s’est présentée à ma porte aujourd’hui et m’a remis un livre intitulé ‘La vérité qui conduit à la vie éternelle’. Je viens d’en terminer la lecture. C’est la première fois de ma vie que je lis en une journée 190 pages de quoi que ce soit. Le 29 juin 1967, j’avais cessé de croire en Dieu. Aujourd’hui, je me remets à y penser.”
[Illustration, page 95]
L’École de Galaad à South Lansing (État de New York)
[Illustration, page 97]
Frère Knorr, ici en visite à Cuba, a fait plusieurs fois le tour du monde.
[Illustrations, page 98]
Frère Knorr estimait que tout Témoin devait être capable de prêcher de maison en maison.
Angleterre
Liban
[Illustration, page 99]
En tant que président de la Société, frère Knorr a travaillé en étroite collaboration avec frère Franz pendant plus de 35 ans.
[Illustration, page 100]
Le conseil d’administration de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania, vers le milieu des années 50: (de gauche à droite) Lyman Swingle, Thomas J. Sullivan, Grant Suiter, Hugo Riemer, Nathan Knorr, Frederick Franz, Milton Henschel.
[Illustrations, page 102]
En 1958, des délégués de 123 pays se sont rendus au Yankee Stadium pour l’assemblée internationale “La volonté divine”.
[Illustration, page 107]
Manuels de formation au ministère à l’usage des Témoins de Jéhovah.
[Illustration, page 107]
Quelques-unes des publications destinées à la prédication.
[Illustration, page 107]
Des livres qui ont apporté de la nourriture solide pour renforcer la spiritualité des serviteurs de Jéhovah.
[Illustration, page 107]
Des auxiliaires de recherches et d’étude.
-
-
La parole de Jéhovah continue à circuler rapidement (1976-1992)Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 9
La parole de Jéhovah continue à circuler rapidement (1976-1992)
“Enfin, frères, ne cessez de prier pour nous, pour que la parole de Jéhovah continue à circuler rapidement [ou ‘puisse courir’] et à être glorifiée comme elle l’est d’ailleurs chez vous.” — 2 Thess. 3:1, “Kingdom Interlinear”.
PAR ces paroles, l’apôtre Paul demandait aux chrétiens de la congrégation de Thessalonique de prier pour que ses compagnons et lui réussissent à prêcher la parole de Dieu sans obstacle. Jéhovah a répondu à cette prière. Mais cela ne veut pas dire que l’apôtre n’a pas rencontré de difficultés. Il s’est heurté à une farouche opposition de la part du monde et a eu maille à partir avec de faux frères qui cherchaient à tromper les autres (2 Cor. 11:23-27; Gal. 2:4, 5). Pourtant, malgré cela, au bout d’une dizaine d’années, Paul a pu écrire que grâce à la bénédiction de Dieu la bonne nouvelle ‘portait du fruit et s’accroissait dans le monde entier’. — Col. 1:6.
D’une manière semblable de nos jours, mais sur une échelle jamais vue auparavant, la bonne nouvelle porte du fruit. En nombre plus grand qu’à aucun moment du passé, des gens entendent la bonne nouvelle et l’acceptent. Tout comme un coureur qui accélère l’allure, la réalisation des paroles prophétiques de Dieu s’accélère. — És. 60:22.
Modifications dans l’organisation
En 1976, frère Knorr s’acquittait assidûment de sa tâche de président de la Société Watch Tower depuis plus de 30 ans. Il avait fait plusieurs fois le tour du monde pour rendre visite aux missionnaires et les encourager, pour donner enseignement et instructions aux volontaires servant dans les filiales. Il avait eu le bonheur de voir le nombre des Témoins actifs passer de 117 209 en 1942 à 2 248 390 en 1976.
Mais, en été 1976, Nathan Knorr, alors âgé de 71 ans, a remarqué qu’il avait tendance à se heurter aux objets autour de lui. Il a subi des examens, qui ont révélé qu’il avait une tumeur inopérable au cerveau. Il a fait tout son possible pour continuer d’assumer sa part de travail pendant quelques mois, mais le diagnostic était sombre. Sa santé défaillante allait-elle entraver l’essor de l’œuvre?
Déjà depuis 1971, le Collège central avait commencé à s’élargir. En 1975, il comptait 17 membres. Pendant une grande partie de cette année-là, le Collège central avait recherché sérieusement et dans la prière comment s’occuper au mieux de tout ce que, selon la Bible, l’œuvre mondiale de prédication et d’enseignement exige à notre époque (Mat. 28:19, 20). Le 4 décembre 1975, le Collège central avait approuvé à l’unanimité un des plus importants changements en matière d’organisation jamais opérés au cours de l’histoire moderne des Témoins de Jéhovah.
À compter du 1er janvier 1976, toutes les activités de la Société Watch Tower et des congrégations de Témoins de Jéhovah du globe étaient passées sous la surveillance de six comités administratifs du Collège central. En harmonie avec cette disposition, le 1er février 1976, des changements avaient eu lieu dans toutes les filiales de la Société. Désormais, chaque filiale n’était plus dirigée par un seul surveillant de filiale, mais par un comité de filiale constitué de trois hommes mûrs (ou davantage) dont l’un était nommé coordinateur permanenta. Après avoir observé pendant quelques mois le fonctionnement de ces comités, le Collège central a fait remarquer: “Cette disposition qui fait se réunir un certain nombre de frères pour délibérer et considérer ensemble les intérêts de l’œuvre du Royaume se révèle fort utile. — Prov. 11:14; 15:22; 24:6.”
En automne 1976, alors que son état ne s’améliorait pas, frère Knorr a participé à l’enseignement dispensé aux membres de comités de filiales et à d’autres membres des filiales du monde entier réunis au siège mondial. En plus de participer aux réunions dans la journée, frère Knorr a invité ces frères, par petits groupes, dans sa chambre en soirée. De cette façon il a pu, avec sa femme Audrey, profiter de la compagnie des hommes qui le connaissaient et l’appréciaient, et avec lesquels il avait collaboré étroitement au fil des ans. À la fin de cette série de réunions, son état n’a pas cessé de s’aggraver jusqu’à sa mort le 8 juin 1977.
Le 22 juin 1977, deux semaines après la mort de frère Knorr, Frederick Franz, âgé de 83 ans, a été élu président de la Société Watch Tower. À son sujet, La Tour de Garde du 15 novembre 1977 a porté cette appréciation: “Sa réputation d’éminent bibliste, ainsi que son activité inlassable en faveur des intérêts du Royaume, lui ont valu la confiance et le soutien fidèle de tous les Témoins de Jéhovah.”
Déjà au moment de cette transition, de nouvelles mesures prenaient effet qui ont assuré la progression de l’œuvre.
Des publications bibliques pour combler les besoins spirituels
Avant 1976, les Témoins de Jéhovah étaient bien nourris spirituellement. Cependant, quand on examine tout ce qui a eu lieu depuis, sous la direction du Collège central et de son Comité de rédaction, on constate que les eaux de la vérité ont abondé encore plus et sous des formes plus variées.
Nombre des publications qui ont été éditées ont comblé des besoins précis des Témoins eux-mêmes. Les jeunes ont été l’objet d’une attention toute particulière. Pour les aider à appliquer les principes bibliques dans les différentes circonstances de la vie, les livres suivants ont été publiés: Votre jeunesse — Comment en tirer le meilleur parti, en 1976, puis Les jeunes s’interrogent — Réponses pratiques, en 1989. Le Recueil d’histoires bibliques, largement illustré et conçu notamment pour les enfants, est paru en 1978. La même année est sorti le livre Comment s’assurer une vie de famille heureuse, qui offre des conseils et des suggestions efficaces.
Parfois, pour répondre à des besoins spécifiques du peuple de Jéhovah, c’est par La Tour de Garde que des conseils opportuns lui ont été transmis. Par exemple, le rapport mondial de l’activité des Témoins de Jéhovah pour 1977-1978 a fait apparaître une baisse du nombre des prédicateurs. Cette baisse était-elle due, au moins en partie, aux espoirs déçus à propos de 1975? Peut-être. Mais d’autres facteurs avaient joué. Que faire?
Le Collège central a pris des dispositions pour affermir chez les Témoins de Jéhovah la conviction qu’il fallait continuer avec zèle à prêcher le Royaume de maison en maison. La Tour de Garde du 15 octobre 1979 contenait les articles intitulés “Le zèle pour la maison de Jéhovah”, “La prédication au sein d’un monde qui méprise la loi”, “Elles prêchaient de maison en maison” et “Commentaires sur le témoignage de maison en maison”. Ces articles et d’autres ont réaffirmé que la prédication de maison en maison a un fondement biblique solide et ont encouragé leurs lecteurs à participer avec zèle et de tout cœur à cette importante activitéb. — Actes 20:20; Col. 3:23.
Une autre situation était préoccupante. Dans les années précédant 1980, des personnes qui avaient été des Témoins de Jéhovah actifs pendant quelque temps, certaines ayant même joué un rôle important dans l’organisation, avaient essayé de diverses façons de provoquer des divisions et de s’opposer à l’œuvre qu’effectuaient les Témoins de Jéhovah. Pour donner au peuple de Jéhovah la force de résister à cette influence apostate, dans La Tour de Garde sont parus des articles comme “Restons ‘solides dans la foi’” (1er novembre 1980), “Ils introduiront discrètement des sectes destructrices” (15 décembre 1983) et “Rejetez l’apostasie, cramponnez-vous à la vérité”. (1er juillet 1983.) Pour sa part, le livre “Que ton royaume vienne!” (1981) montrait qu’il est indéniable que le Royaume est proche puisqu’il a été établi dans les cieux en 1914. Le Collège central n’a pas laissé les efforts des adversaires le détourner de ce qui est le principal objectif des Témoins de Jéhovah: prêcher le Royaume de Dieu!
Cependant, les Témoins de Jéhovah n’avaient-ils pas besoin de continuer à élargir leur connaissance de la vérité biblique? Pour favoriser l’étude sérieuse de la Bible, le Collège central a fait paraître en 1984 une édition anglaise révisée de la Traduction du monde nouveau comportant de nombreuses références marginales, des notes et des appendices. Quatre ans plus tard, soit en 1988, le peuple de Jéhovah a accueilli avec joie un commentaire verset par verset de la Révélation, contenu dans le livre La Révélation: le grand dénouement est proche! ainsi que l’encyclopédie biblique en deux volumes (en langue anglaise) La perspicacité grâce aux Écritures. Puis 1991 a été l’année de la parution du livre magnifiquement illustré Le plus grand homme de tous les temps, étude détaillée de la vie et des enseignements de Jésus Christ.
À l’intention des personnes qui ne sont pas Témoins de Jéhovah, mais qui s’intéressent depuis peu à la vérité, un manuel conçu pour les enseigner est paru en 1982; il s’intitule Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis. Il a pour but d’aider les étudiants de la Bible à remplir les conditions requises pour vivre dans un paradis terrestre. Pour les personnes qui s’interrogent sur l’origine et le but de la vie sur terre, en 1985 a été édité le livre La vie: comment est-elle apparue? Évolution ou création? En 1989, ce fut le livre La Bible: Parole de Dieu ou des hommes? un ouvrage qui nous conforte dans notre foi.
L’attention s’est portée aussi sur les personnes humbles ayant peut-être besoin d’une aide spéciale en raison de leur origine culturelle ou religieuse. Pour enseigner la vérité relative au Royaume de Jéhovah aux gens illettrés ou analphabètes, en 1982 est sortie la brochure de 32 pages Vivez éternellement heureux sur la terre! En 1992, le tirage de cette brochure dépassait les 76 000 000 d’exemplaires, et sa diffusion en 200 langues dans le monde entier en faisait le plus traduit des écrits de la Société Watch Tower.
En 1983, trois brochures ont été produites dans l’objectif précis d’aider les musulmans, les bouddhistes et les hindous. Pour toucher les adeptes de ces religions ou d’autres encore, il est utile d’avoir des notions de leur religion — enseignements et histoire de celle-ci. C’est à cette fin qu’en 1990 est paru le livre L’humanité à la recherche de Dieu.
Le Collège central se souciait vivement de communiquer au plus grand nombre possible le message du Royaume, aux gens “de toutes nations et tribus (...) et langues”. (Rév. 7:9.) Dans cette optique, des mesures ont été prises pour que les publications soient traduites en davantage de langues. À titre d’exemple, entre 1976 et 1992, le nombre des langues dans lesquelles paraît La Tour de Garde a augmenté de 42 %. En octobre 1992, ce nombre était de 111. Pour permettre une traduction rapide, cette année-là plus de 800 traducteurs étaient à l’œuvre dans le monde entier.
Des programmes d’enseignement enrichis et diversifiés
Sous la direction du Collège central et de son Comité pour l’enseignement, on a enrichi et varié certains programmes d’enseignement, tant pour les volontaires du siège de la Société que pour les familles des autres Béthels. En plus de la lecture de la Bible et de l’Annuaire lors du culte matinal, le programme prévoit depuis lors une analyse en profondeur de la portion de la Bible lue au cours de la semaine qui se termine, avec une application des idées à ceux qui travaillent au Béthel. Se sont ajoutés également des rapports réguliers provenant de divers services du Béthel, ainsi que, plus fréquemment, des rapports émanant de surveillants de zone.
À l’intention des frères qui recevaient des responsabilités supplémentaires dans l’organisation, d’autres programmes d’enseignement ont été conçus et mis en œuvre. En 1977, des dispositions ont été prises pour que tous les anciens assistent à un cours de 15 heures qui s’inscrivait dans le cadre de l’École du ministère du Royaume (Actes 20:28). D’autres sessions de ce cours, espacées de quelques années et d’une durée variable, ont eu lieu depuis; en outre, depuis 1984, les serviteurs ministériels reçoivent, eux aussi, une formation dans le cadre de cette École du ministère du Royaume. En décembre 1977, à Brooklyn, un cours spécial de cinq semaines a été inauguré pour les membres des comités de filiales.
Les pionniers également, qui se dépensaient dans le ministère à plein temps, ont bénéficié de l’attention du Collège central qui, en décembre 1977, a inauguré aux États-Unis l’École pour les pionniers. Il s’agit d’un cours de deux semaines qui apporte une formation aux ministres pionniers. Depuis, ce cours est dispensé dans le monde entier. Durant les 14 années qui ont suivi, le nombre des pionniers a plus que quintuplé, passant de 115 389 à 605 610!
Une autre école a été fondée en automne 1987: l’École de formation ministérielle. Son but: former des frères célibataires capables et ayant quelque expérience en tant qu’anciens ou serviteurs ministériels, et qui désirent se rendre utiles dans une région du monde qui en a besoin. En 1992, des sessions avaient déjà eu lieu en Allemagne, en Australie, en Autriche, en Espagne, aux États-Unis, en France, en Grande-Bretagne, en Italie, au Mexique, au Nigeria, au Salvador et en Suède. Cette école n’a pas formé une élite d’individus considérés comme supérieurs aux autres, mais plutôt fait augmenter le nombre d’hommes bien compétents pour servir leurs frères.
Afin de promouvoir l’œuvre mondiale d’enseignement biblique, des assemblées internationales ont été organisées dans des villes bien situées, et certaines dans des pays où les Témoins de Jéhovah œuvraient autrefois de façon clandestine. De telles assemblées ont affermi les frères de ces régions et donné un vigoureux élan à la prédication de la bonne nouvelle dans ces paysc.
Des installations pour faire face à l’accroissement
La parole de Jéhovah continuant de circuler rapidement, il est devenu nécessaire de se lancer dans une entreprise passionnante dans les domaines de la construction et de l’impression, sous la direction du Collège central et de son Comité d’édition.
Des Témoins ayant de l’expérience dans le bâtiment ont offert leurs services, et leurs efforts ont été coordonnés pour aider à la construction de locaux plus grands pour les filiales qui en avaient besoin de par le monde. Entre 1976 et 1992 a été entreprise la construction de bâtiments totalement neufs pour quelque 60 filiales. Outre cela, des travaux d’agrandissement de bâtiments déjà existants ont été engagés dans 30 pays. La façon dont le travail s’est effectué (avec des volontaires venant de nombreuses congrégations, parfois d’autres pays) a resserré les liens d’amour et d’unité entre les serviteurs de Jéhovahd.
Pour répondre aux besoins grandissants de la Société dans le domaine de l’impression en de nombreuses langues, des Témoins ayant de l’expérience dans l’informatique ont mis au point un système informatisé de travail de pré-presse, appelé MEPS (Multilanguage Electronic Phototypesetting System: Système électronique de photocomposition multilingue). En 1986, le projet avait été mené à son terme. Ainsi, en 1992, on imprimait La Tour de Garde simultanément en 66 langues. La grande majorité des Témoins de Jéhovah étaient de cette façon en mesure de recevoir la même nourriture spirituelle en même tempse.
À mesure que les installations de la Société Watch Tower continuaient de se multiplier et de s’agrandir, il fallait davantage de volontaires tant au siège mondial à Brooklyn que dans les filiales. Entre 1976 et 1992, la famille internationale du Béthel a triplé, passant d’environ 4 000 à plus de 12 900 membres. Le Collège central et son Comité pour le personnel ont subvenu aux besoins individuels et spirituels de cette grande armée de volontaires à plein temps.
Les besoins des congrégations et de l’œuvre d’évangélisation
La parole de Jéhovah circulant rapidement, le Collège central et son Comité pour le service se sont particulièrement efforcés d’édifier les congrégations et de donner plus d’envergure à l’œuvre d’évangélisation dans le monde.
Ne pouvait-on pas faire davantage pour aider les nombreux nouveaux qui, d’année en année, se faisaient baptiser? Au début de 1977, des dispositions ont été prises pour affermir spirituellement ces nouveaux Témoins. Le service du Royaume a expliqué: “Nous croyons qu’il serait bien d’étudier au moins deux manuels d’enseignement biblique avec les personnes qui désirent servir Jéhovah. (...) Aussi l’étude se poursuivra-t-elle jusqu’à ce que vous finissiez l’examen du second livre.” De cette façon, les Témoins baptisés depuis peu ont eu une possibilité plus grande d’acquérir la connaissance ainsi que la compréhension de la Bible et de se faire une idée de plus en plus précise de ce que signifie le baptême. Cette disposition incitait également à prolonger les contacts entre les nouveaux et les Témoins qui les aidaient à étudier la Bible à domicile.
Pour veiller aux besoins des nouveaux qui affluaient dans l’organisation de Jéhovah, plus de 29 000 congrégations ont été formées entre 1976 et 1992 (Michée 4:1). Le Collège central a nommé davantage de surveillants de circonscription et de district pour qu’ils apportent leur aide. Le nombre de ces surveillants itinérants est passé de 2 600 en 1976 à quelque 3 900 en 1992.
Avec l’augmentation du nombre des congrégations augmentait aussi le besoin en salles de réunion. N’y avait-il pas un moyen plus rapide de construire des Salles du Royaume? Dans les années 70, des Témoins de Jéhovah des États-Unis ont mis au point une méthode de construction selon laquelle une congrégation qui s’apprêtait à bâtir une Salle du Royaume invitait des constructeurs qualifiés de sa région à l’aider dans cette tâche. Grâce à l’aide de centaines de volontaires, on pouvait achever complètement une salle en très peu de temps, souvent en seulement deux ou trois jours. Durant les années 80, des Salles du Royaume ont été bâties selon la méthode rapide dans d’autres parties du monde.
Les bouleversements politiques en Europe de l’Est ont eu, eux aussi, un retentissement chez les Témoins de Jéhovah. Quelle joie pour nos frères de pays comme l’ex-Allemagne de l’Est, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et l’ex-Union soviétique d’apprendre qu’ils avaient obtenu la reconnaissance officielle, pour certains après 40 ans d’interdiction! Grâce à la plus grande liberté accordée, ils avaient dès lors plus de facilité pour faire connaître la bonne nouvelle à quelque 380 millions de personnes! Les Témoins de Jéhovah ont profité sans tarder de cette liberté toute nouvelle pour prêcher publiquement.
Quels en ont été les résultats? La parole de Jéhovah a circulé rapidement! Par exemple, en avril 1992, le nombre des proclamateurs en Pologne était de 106 915. Quant aux perspectives, elles sont remarquables: le même mois, 214 218 personnes ont assisté au Mémorial de la mort du Christ. Pareillement, dans les pays qui formaient jadis l’Union soviétique, au total 173 473 personnes ont assisté au Mémorial en 1992, ce qui représente 60 % d’accroissement sur l’année précédente.
Toutefois, dans certains pays, les obstacles sont venus de la persécution incessante et des catastrophes naturelles. Par exemple, en 1992, les activités des Témoins de Jéhovah étaient encore restreintes par l’État dans 24 pays. Le Comité du président, autre comité du Collège central, fait le maximum pour leur apporter de l’aide et pour informer la famille internationale des frères de la façon dont ils peuvent porter secours à leurs compagnons qui œuvrent dans l’adversité (voir 1 Corinthiens 12:12-26). Ni les vagues de persécution ni les catastrophes naturelles n’ont pu mettre un terme à la prédication de la parole de Jéhovah!
“Un peuple qui soit le sien propre”
Ainsi, entre 1976 et 1992, la parole de Jéhovah a indéniablement circulé rapidement. L’organisation a presque doublé de par la taille: elle compte plus de 4 470 000 proclamateurs du Royaume!
Les serviteurs de Jéhovah continuent de prêcher avec zèle le Royaume de Dieu, en plus de langues que jamais. Grâce aux publications qui leur sont fournies, ils approfondissent leur connaissance de la Bible et aident les personnes que cela intéresse à apprendre les vérités bibliques. Les programmes d’enseignement prévus pour ceux qui ont de plus nombreuses responsabilités dans l’organisation leur sont bénéfiques. Jéhovah a sans aucun doute béni leur proclamation de son Royaume.
Depuis les années 1870 jusqu’à présent, certains hommes ont apporté une contribution remarquable à l’œuvre du Royaume, des hommes comme Charles Russell, Joseph Rutherford, Nathan Knorr et Frederick Franz, ainsi que d’autres qui sont membres du Collège central. Mais en aucun cas les Témoins de Jéhovah ne sont devenus une secte bâtie autour de la personnalité d’un de ces hommes. Par contre, ils ont un seul conducteur, “le Christ”. (Mat. 23:10.) Il est le Chef de ces Témoins de Jéhovah organisés, celui à qui “tout pouvoir (...) a été donné” pour diriger cette œuvre “tous les jours jusqu’à la conclusion du système de choses”. (Mat. 28:18-20.) Ils sont déterminés à se soumettre à l’autorité de Jésus, à rester attachés à la Parole de Dieu et à coopérer avec la direction que donne l’esprit saint, pour pouvoir continuer à aller de l’avant dans le culte du seul vrai Dieu et à se montrer “un peuple qui soit le sien propre, zélé pour les belles œuvres”. — Tite 2:14.
Cependant, quels sont quelques-uns des enseignements fondamentaux et des principes de conduite qui distinguent les Témoins de Jéhovah des autres religions? Comment en sont-ils venus à s’appeler Témoins de Jéhovah? Comment financent-ils leurs activités? Pourquoi se tiennent-ils strictement à l’écart des autres Églises et du monde en général? Pourquoi ont-ils été l’objet de vives persécutions dans tant de parties du globe? Le chapitre qui suit répond à ces questions et à d’autres encore.
[Notes]
a Voir chapitre 15, “Formation progressive de l’organisation”.
b De 1980 à 1985, on a enregistré un accroissement de 33 % dans le nombre des participants à la prédication et, de 1985 à 1992, un accroissement de 47,9 %.
c Voir chapitre 17, “Les assemblées: reflet de leur fraternité”.
d Voir chapitre 20, “Ils construisent ensemble dans le monde entier”.
e Voir chapitre 26, “Des écrits bibliques pour la prédication”.
[Entrefilet, page 117]
Pas une secte bâtie autour de la personnalité de quelques hommes.
[Encadré/Schéma, page 110]
Entre 1976 et 1992, le nombre de langues dans lesquelles paraît “La Tour de Garde” a augmenté de 42 %.
[Schéma]
(Voir la publication)
111
78
1976 1992
[Encadré, page 111]
Qui était Frederick Franz?
Frederick William Franz est né à Covington (Kentucky, États-Unis) le 12 septembre 1893. En 1899, sa famille est allée s’installer à Cincinnati, où Frederick a achevé ses études secondaires en 1911. Il est ensuite entré à l’université de Cincinnati, dans la section des Lettres. Comme il avait décidé de devenir prédicateur presbytérien, il était extrêmement assidu à l’étude du grec biblique. À l’université, il fut choisi pour recevoir une bourse Rhodes, qui lui ouvrirait les portes de l’université d’Oxford en Angleterre. Toutefois, avant que cela soit annoncé, Frederick a perdu tout intérêt pour cette bourse et a demandé à être rayé de la liste des prétendants à celle-ci.
Auparavant, son frère Albert lui avait envoyé une brochure que lui avaient remise les Étudiants internationaux de la Bible. Plus tard, Albert lui a aussi donné les trois premiers tomes des “Études des Écritures”. Frederick a été enchanté de ce qu’il apprenait et il a décidé de rompre avec l’Église presbytérienne et de fréquenter la congrégation des Étudiants de la Bible. Le 30 novembre 1913, il a été baptisé. En mai 1914, il a quitté l’université et a pris aussitôt ses dispositions pour devenir colporteur (pionnier).
En juin 1920, il est entré dans la famille du Béthel de Brooklyn. Après la mort de Nathan Knorr, en juin 1977, frère Franz a été élu président de la Société. Il est resté un fidèle membre du Collège central jusqu’à sa mort, le 22 décembre 1992, à l’âge de 99 ans.
[Schéma, page 112]
(Voir la publication)
De plus en plus de pionniers
1992
600 000
400 000
1986
200 000
1981
1976
[Schéma, page 113]
(Voir la publication)
Une famille mondiale du Béthel en augmentation
1992
12 000
9 000
1986
6 000
1981
1976
3 000
[Schéma, page 114]
(Voir la publication)
La multiplication des congrégations
80 000
1992
60 000
1986
1981
1976
40 000
20 000
[Schéma, page 115]
(Voir la publication)
L’accroissement du nombre des proclamateurs du Royaume
1992
4 000 000
1986
3 000 000
1981
1976
2 000 000
1 000 000
[Illustration, page 109]
Chaque filiale de la Société est dirigée par un comité de plusieurs frères, comme celui-ci qui s’occupe de l’œuvre au Nigeria.
[Illustrations, page 116]
Le Collège central des Témoins de Jéhovah janvier 1992
Carey Barber
John Barr
Lloyd Barry
John Booth
Frederick Franz
George Gangas
Milton Henschel
Theodore Jaracz
Karl Klein
Albert Schroeder
Lyman Swingle
Daniel Sydlik
-
-
Ils grandissent dans la connaissance exacte de la véritéLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 10
Ils grandissent dans la connaissance exacte de la vérité
LES TÉMOINS DE JÉHOVAH n’ont pas cherché à introduire de nouvelles doctrines, un nouveau genre de culte, une nouvelle religion. Par contre, leur histoire moderne fait apparaître leurs efforts consciencieux pour enseigner le contenu de la Bible, la Parole de Dieu. C’est la Bible qui est le fondement de toutes leurs croyances et de leur mode de vie. Plutôt que de forger des croyances qui refléteraient les tendances permissives du monde actuel, ils cherchent à se conformer de toujours plus près aux enseignements bibliques et aux pratiques du christianisme du Ier siècle.
Au début des années 1870, Charles Russell et ses compagnons ont entrepris d’étudier la Bible très sérieusement. Force leur fut de constater que la chrétienté avait largement dévié des enseignements et des pratiques du christianisme primitif. Frère Russell n’a pas affirmé avoir été le premier à discerner cela, et il a reconnu franchement être redevable à d’autres personnes pour l’aide qu’elles lui avaient apportée durant ses premières années d’étude des Saintes Écritures. Il a parlé avec reconnaissance du bon travail que divers mouvements de la Réforme avaient accompli dans le but de faire davantage briller la lumière de la vérité. Il a cité par leurs noms des hommes qui étaient ses aînés de plusieurs années: Jonas Wendell, George Stetson, George Storrs et Nelson Barbour, lesquels ont personnellement et de différentes façons contribué à sa compréhension de la Parole de Dieua.
Il a également dit ceci: “Les doctrines que nous soutenons et qui, elles aussi, semblent si récentes, si neuves et si différentes, ont été déjà soutenues d’une certaine manière longtemps avant nous: L’élection, la grâce gratuite, le rétablissement de toutes choses, la justification, la sanctification, la glorification et la résurrection, par exemple.” Il n’était pas rare, toutefois, qu’un groupe religieux se distingue par une compréhension plus claire d’une vérité biblique, un autre groupe par une autre vérité, et ainsi de suite. Bien souvent, ces groupes n’arrivaient pas à progresser davantage parce qu’ils étaient empêtrés dans des doctrines et des credos imprégnés des croyances qui avaient eu cours dans la Babylone et dans l’Égypte antiques ou qui étaient empruntées aux philosophes grecs.
Mais quel groupe, avec l’aide de l’esprit de Dieu, reprendrait peu à peu dans son intégralité le “modèle des paroles salutaires” auxquelles les chrétiens du Ier siècle tenaient tant (2 Tim. 1:13)? De quels humains pourrait-on dire que leur sentier était “comme la lumière brillante qui devient de plus en plus claire jusqu’à ce que le jour soit solidement établi”? (Prov. 4:18.) Qui effectuerait vraiment l’œuvre à propos de laquelle Jésus avait donné cet ordre: “Vous serez mes témoins (...) jusque dans la partie la plus lointaine de la terre”? Qui non seulement ferait des disciples, mais aussi ‘leur enseignerait à observer toutes les choses’ que Jésus avait commandées (Actes 1:8; Mat. 28:19, 20)? Le temps était-il proche où le Seigneur ferait apparaître nettement la distinction entre ces vrais chrétiens qu’il avait comparés à du blé, et les faux qu’il avait comparés à de la mauvaise herbe (en fait, une variété de mauvaise herbe qui, avant maturité, ressemble beaucoup au bléb) (Mat. 13:24-30, 36-43)? Qui s’avérerait être “l’esclave fidèle et avisé” auquel le Maître, Jésus Christ, durant sa présence en tant que Roi, confierait de nouvelles responsabilités en rapport avec l’œuvre prédite pour la conclusion du système de choses? — Mat. 24:3, 45-47.
Ils font briller la lumière
Jésus chargea ses disciples de porter à d’autres la lumière de la vérité divine qu’ils avaient reçue de lui. “Vous êtes la lumière du monde”, a-t-il dit. “Que votre lumière brille devant les hommes.” (Mat. 5:14-16; Actes 13:47). Charles Russell et ses compagnons ont compris qu’ils avaient l’obligation de faire briller leur lumière.
Croyaient-ils qu’ils avaient toutes les réponses, la pleine lumière de vérité? À cette question, frère Russell a répondu très explicitement: “Absolument pas; pas plus que nous ne les aurons avant le ‘jour parfait’.” (Prov. 4:18, Sa). Souvent, ils parlaient de leurs croyances bibliques comme de “la vérité présente”, non dans l’idée que la vérité par elle-même change, mais plutôt en pensant que la compréhension qu’ils en avaient était progressive.
Ces étudiants de la Bible sincères n’ont pas renoncé à l’idée qu’en matière de religion la vérité existe. Pour eux, Jéhovah était le “Dieu de vérité” et la Bible sa Parole de vérité (Ps. 31:5; Josué 21:45; Jean 17:17). Ils discernaient que beaucoup de choses leur échappaient encore, mais cela ne les empêchait pas d’affirmer avec conviction ce qu’ils avaient appris dans la Bible. Et lorsque des doctrines et des pratiques religieuses traditionnelles étaient en contradiction avec ce qu’ils trouvaient clairement énoncé dans la Parole inspirée de Dieu, alors à l’exemple de Jésus Christ ils dévoilaient le mensonge, même si cela leur attirait les moqueries et la haine du clergé. — Mat. 15:3-9.
Pour que d’autres profitent de cette nourriture spirituelle, Charles Russell a fait paraître, en juillet 1879, le périodique Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ.
La Bible: vraiment la Parole de Dieu
Si Charles Russell avait confiance en la Bible, ce n’était pas pour accepter un point de vue ayant cours à l’époque. Au contraire, le courant de pensée plutôt en vogue à ce moment-là était la haute critique, dont les tenants mettaient en question la fiabilité du récit biblique.
Dans sa jeunesse, Charles Russell avait été un membre actif de l’Église congrégationaliste, mais l’aberration des dogmes traditionnels l’avait rendu sceptique. En constatant que ce qu’on lui avait enseigné ne pouvait guère être défendu avec la Bible, il a cessé de croire en ces dogmes religieux et, du même coup, en la Bible. Par la suite, il a exploré les grandes religions orientales, qui ne lui ont rien apporté non plus. Puis il a commencé à se demander si ce n’était pas la Bible qui était mal représentée par les credos de la chrétienté. Encouragé par ce qu’il a entendu un soir à une réunion adventiste, il a commencé une étude systématique des Écritures. Ce qui s’est alors dévoilé devant lui, c’était la Parole inspirée de Dieu.
Peu à peu, il s’est émerveillé de découvrir l’harmonie de la Bible: harmonie interne, mais aussi avec la personnalité de Celui qu’elle présente comme son divin Auteur. Pour faire bénéficier autrui de ses découvertes, il a par la suite écrit le livre Le divin Plan des Âges, qui a été publié en 1886. Dans ce livre, il menait entre autres choses une grande réflexion sur le thème “La Bible: Révélation divine vue à la lumière de la raison”. À la fin du chapitre, il affirmait sans équivoque: “La profondeur, la puissance, la sagesse et l’étendue du témoignage de la Bible nous convainquent que ce n’est pas l’homme, mais le Dieu Tout-Puissant qui est l’auteur de ces plans et de ces révélations.”
La confiance en la Bible tout entière considérée comme la Parole de Dieu est toujours une pierre d’angle des croyances des Témoins de Jéhovah à notre époque. Dans le monde entier, ils possèdent des auxiliaires d’étude qui leur permettent d’examiner personnellement les preuves de son inspiration. Leurs périodiques contiennent souvent des articles sur le thème de l’inspiration de la Bible. En 1969, ils ont publié le livre La Bible est-elle vraiment la Parole de Dieu? Vingt ans plus tard, le livre La Bible: Parole de Dieu ou des hommes? jetait un nouveau regard sur le sujet de l’authenticité de la Bible, apportait de nouvelles preuves et tirait la même conclusion: La Bible est vraiment la Parole inspirée de Dieu. Un autre de leurs livres, imprimé en 1963 et mis à jour en 1990 (pour l’édition anglaise), s’intitule “Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile”. On trouve encore des éléments à ce sujet dans leur encyclopédie biblique publiée en anglais en 1988, intitulée La perspicacité grâce aux Écritures.
En étudiant ces écrits, individuellement ou dans leur congrégation, les Témoins de Jéhovah ont acquis la conviction que Dieu lui-même a dirigé par son esprit la rédaction de la Bible, même si ce sont une quarantaine d’humains, sur une période de 16 siècles, qui ont été employés pour consigner ce qui constitue ses 66 livres. L’apôtre Paul a écrit en effet: “Toute Écriture est inspirée de Dieu.” (2 Tim. 3:16; 2 Pierre 1:20, 21). Cette conviction est un élément puissant dans la vie des Témoins de Jéhovah. Un journal anglais a dit à ce sujet: “Toutes les actions des Témoins sont motivées par une raison biblique. En fait, leur unique doctrine fondamentale est de reconnaître que la Bible est (...) véridique.”
Ils apprennent à connaître le vrai Dieu
Il n’a pas fallu longtemps à frère Russell et à ses compagnons, à mesure qu’ils étudiaient les Écritures, pour constater que le Dieu dépeint dans la Bible n’est pas le Dieu de la chrétienté. Voilà qui était important, car, comme Jésus l’a dit, l’espérance de vie éternelle des gens dépend de leur connaissance du seul vrai Dieu et de celui qu’il a envoyé, son principal Instrument de salut (Jean 17:3; Héb. 2:10). Charles Russell et le groupe qui étudiait la Bible avec lui ont discerné que la justice de Dieu est en parfait équilibre avec sa sagesse, son amour et sa puissance, et que ces attributs se retrouvent dans toutes ses œuvres. S’appuyant sur la connaissance qu’ils avaient alors du dessein de Dieu, ils ont expliqué pourquoi Dieu permet le mal et ont inclus cette explication dans un livre de 162 pages intitulé Food for Thinking Christians (Nourriture pour les chrétiens réfléchis), une de leurs toutes premières publications et une des plus diffusées, parue au début comme une édition spéciale de La Tour de Garde en septembre 1881.
Leur étude de la Parole de Dieu leur a permis de comprendre que le Créateur a un nom personnel et qu’il donne aux humains la possibilité de le connaître et de nouer des relations étroites avec lui (1 Chron. 28:9; És. 55:6; Jacq. 4:8). La Tour de Garde d’octobre-novembre 1881 (en anglais) faisait cette remarque: “Le nom JÉHOVAH ne s’applique à nul autre qu’à l’Être suprême, notre Père, celui que Jésus appela Père et Dieu.” — Ps. 83:18; Jean 20:17.
L’année suivante, à la question “Affirmez-vous que la Bible n’enseigne pas qu’il y a trois personnes en un seul Dieu?”, ces Étudiants de la Bible ont donné la réponse ci-après: “Oui: Au contraire, elle nous dit qu’il y a un seul Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ de qui sont toutes choses (ou qui a créé toutes choses). Nous croyons donc en un seul Dieu et Père ainsi qu’en un seul Seigneur, Jésus Christ. (...) Mais ils forment deux personnes, et non une. Ils sont un simplement dans le sens qu’ils sont unis. Nous croyons aussi en un esprit de Dieu. (...) Mais il n’est pas plus une personne que ne le sont l’esprit des démons et l’esprit du monde ou l’esprit de l’antichrist.” — La Tour de Garde, juin 1882 (en anglais); Jean 17:20-22.
Ils attachent une grande valeur au nom de Dieu
Peu à peu, les Étudiants de la Bible ont ouvert les yeux sur l’importance que les Écritures inspirées donnent au nom personnel de Dieu. Dans les traductions anglaises, telles que la Bible catholique de Douay et la Bible protestante du roi Jacques, ce nom avait toujours été dissimulé, comme il l’a été plus tard, au XXe siècle, dans des traductions en de nombreuses langues. Mais beaucoup de traductions, ainsi que des ouvrages de référence sur la Bible, confirmaient que le nom Jéhovah figure des milliers de fois dans le texte en langue originale, soit bien plus souvent qu’aucun autre nom, et plus souvent que des titres comme Dieu et Seigneur, toutes occurrences confondues. Ces Étudiants de la Bible étant “un peuple pour son nom”, ils ont attaché de plus en plus de valeur au nom divin (Actes 15:14). Dans La Tour de Garde du 1er janvier 1926 en anglais (mars 1926 en français), ils ont soulevé une question sur laquelle, à leur avis, tout le monde devait se prononcer, savoir: “Qui honorera Jéhovah?”
S’ils mettaient l’accent sur le nom de Dieu, ce n’était pas simplement une question de connaissance religieuse. Comme ils l’ont expliqué dans le livre Prophétie (publié en anglais en 1929), la question suprême sur laquelle doivent se prononcer toutes les créatures intelligentes a trait au nom et à la parole de Jéhovah Dieu. Les Témoins de Jéhovah insistent sur ce point: la Bible montre que tout le monde doit connaître le nom de Dieu et le tenir pour sacré (Mat. 6:9; Ézéch. 39:7). Ce nom doit être lavé de tout l’opprobre qui a été jeté sur lui, non seulement par ceux qui ont défié ouvertement Jéhovah, mais aussi par ceux qui ont donné de lui une fausse image par leurs doctrines et leurs actes (Ézéch. 38:23; Rom. 2:24). S’appuyant sur les Écritures, les Témoins reconnaissent que le bonheur de tout l’univers et de ses habitants dépend de la sanctification du nom de Jéhovah.
Ils comprennent qu’avant l’intervention de Jéhovah pour détruire les méchants, ses témoins ont le devoir et l’honneur de dire à autrui la vérité à son sujet. C’est ce que font les Témoins de Jéhovah depuis un certain temps par la terre entière. Ils assument cette responsabilité avec tant de zèle que partout dans le monde celui qui emploie communément le nom Jéhovah est aussitôt assimilé à un Témoin de Jéhovah.
Ils dévoilent la fausseté de la Trinité
Agissant en témoins de Jéhovah, Charles Russell et ses compagnons ressentaient vivement qu’ils avaient la responsabilité de dévoiler les enseignements qui dénaturaient Dieu, et ce afin d’aider les gens qui aimaient la vérité à comprendre que ces enseignements n’étaient pas fondés sur la Bible. S’ils n’ont pas été les premiers à discerner que la Trinité n’est pas bibliquec, ils ont par contre discerné que pour être de fidèles serviteurs de Dieu ils avaient la responsabilité de divulguer la vérité à ce sujet. Courageusement, pour le bien de tous ceux qui aiment la vérité, ils ont divulgué les origines païennes de cette doctrine pivot de la chrétienté.
La Tour de Garde de juin 1882 (en anglais) déclarait: “Beaucoup de philosophes païens constatant qu’il serait opportun d’embrasser la religion montante [une forme apostate du christianisme qui avait l’aval des empereurs romains au IVe siècle de n. è.] se sont mis à lui paver un chemin plus facile en essayant de découvrir des correspondances entre le christianisme et le paganisme, et ainsi de fusionner les deux. Ils n’ont que trop bien réussi. (...) Tout comme la vieille théologie avait quantité de dieux principaux avec quantité de demi-dieux des deux sexes, les pagano-chrétiens (si l’on peut dire) se sont mis à en refaire la liste pour la nouvelle théologie. C’est pourquoi à cette époque a été inventée la doctrine de trois Dieux — Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu le Saint-Esprit.”
Certains ecclésiastiques s’étaient efforcés de donner une couleur biblique à leur enseignement en citant des textes comme 1 Jean 5:7. Mais frère Russell a montré, preuves à l’appui, que les biblistes savaient très bien qu’une partie de ce texte était une interpolation, une insertion apocryphe faite par un scribe pour soutenir un enseignement que l’on ne trouve pas dans les Écritures. D’autres défenseurs de la Trinité invoquaient Jean 1:1, mais La Tour de Garde a analysé le contenu et le contexte de ce verset pour montrer qu’il n’étayait absolument pas la croyance en la Trinité. En harmonie avec cela, dans son numéro de juillet 1883 (en anglais), La Tour de Garde disait: “Si l’on avait accordé plus d’importance à l’étude de la Bible qu’à celle des écrits ecclésiastiques, le sujet aurait été plus clair pour tous. La doctrine de la trinité est tout à fait contraire à l’Écriture.”
Frère Russell a montré franchement qu’il était insensé d’affirmer croire en la Bible tout en enseignant une doctrine comme celle de la Trinité, qui est en contradiction avec la Bible. Ainsi, il a écrit: “Dans quel fouillis de contradictions et de confusion se trouvent ceux qui disent que Jésus et le Père sont un seul Dieu! Cela voudrait dire que notre Seigneur Jésus a joué les hypocrites quand il était sur terre, qu’il a seulement fait semblant de s’adresser à Dieu dans la prière, puisque lui-même était aussi ce Dieu. (...) En outre, le Père étant immortel depuis toujours, il ne pouvait pas mourir. Comment, dans ce cas, Jésus a-t-il pu mourir? Si Jésus n’est pas mort, les apôtres sont tous des faux témoins lorsqu’ils annoncent sa mort et sa résurrection. Pourtant, les Écritures déclarent qu’il est bel et bien mortd.”
Ainsi, très tôt dans leur histoire contemporaine, les Témoins de Jéhovah ont fermement rejeté le dogme de la Trinité propre à la chrétienté, lui préférant l’enseignement de la Bible elle-même, enseignement qui est à la fois logique et réconfortante. L’œuvre qu’ils ont entreprise pour divulguer ces vérités et pour donner au monde entier l’occasion de les entendre a pris une ampleur inégalée jusqu’à ce jour par une personne ou un groupe quelconque.
Quelle est la condition des morts?
Depuis sa jeunesse, une question préoccupait beaucoup Charles Russell: Quel est l’avenir des gens qui n’ont pas accepté les dispositions divines pour le salut? Enfant, pensant que les ecclésiastiques enseignaient la Parole de Dieu, il croyait à l’enfer de feu. Il lui était arrivé de sortir la nuit pour écrire à la craie des textes bibliques à des endroits bien en vue afin que les passants se rendant à leur travail soient avertis et soient sauvés de cet horrible sort, de ces tourments éternels.
Plus tard, après avoir vu par lui-même ce que la Bible enseigne en réalité, il aurait dit, selon un de ses compagnons: “Si la Bible enseigne vraiment que les supplices éternels sont le destin de tous sauf des saints, il faut le prêcher, oui, le crier sur tous les toits, et ce à longueur de semaines, de jours, d’heures; par contre, si elle n’enseigne pas cela, il faut le faire savoir, et ôter cette infâme tache qui déshonore le saint nom de Dieu.”
Très tôt dans son étude de la Bible, Charles Russell a discerné que l’enfer n’est pas un lieu de tourments pour les âmes après la mort. En cela, il a très probablement été aidé par George Storrs, l’éditeur du Bible Examiner (Le scrutateur de la Bible), dont il a parlé avec une vive reconnaissance dans ses articles, et qui, pour sa part, a beaucoup écrit sur la condition des morts telle qu’il la concevait à partir de la Bible.
Et au sujet de l’âme? Les Étudiants de la Bible soutenaient-ils la croyance selon laquelle l’âme est une partie spirituelle de l’être humain, et qui continue à vivre après la mort du corps? Non; bien au contraire, en 1903, La Tour de Garde déclarait: “Remarquons-le bien: la leçon n’est pas que l’homme a une âme, mais que l’homme est une âme, un être. Prenons une illustration dans la nature, avec l’air que nous respirons: il est composé d’oxygène et d’azote, ni l’un ni l’autre n’étant l’atmosphère, ou l’air; par contre, la combinaison des deux gaz, dans les bonnes proportions chimiques, forme l’atmosphère. Il en va de même pour l’âme. Dieu nous parle en partant de ce point de vue, à savoir que chacun de nous est une âme. Il ne s’adresse pas à notre corps ni à notre souffle de vie, mais il s’adresse à nous en tant qu’êtres intelligents, ou âmes. Lorsqu’il prononça la peine sanctionnant la violation de sa loi, il ne s’est pas adressé en particulier au corps d’Adam, mais à l’homme, à l’âme, à l’être intelligent: ‘Tu!’ ‘Le jour où tu en mangeras, tu mourras à coup sûr.’ ‘L’âme qui pèche — elle, elle mourra.’ — Gen. 2:17; Ézéch. 18:20.” Voilà qui était en harmonie avec ce que La Tour de Garde avait affirmé dès avril 1881f.
Mais alors, comment est née la croyance en l’immortalité inhérente à l’âme humaine? Qui en a été l’auteur? Après avoir soigneusement consulté la Bible et l’histoire religieuse, frère Russell a écrit dans La Tour de Garde du 15 avril 1894 (en anglais): “Il apparaît qu’elle n’est pas venue de la Bible. (...) La Bible déclare très nettement que l’homme est mortel, qu’il lui est possible de mourir. (...) En parcourant attentivement les pages de l’Histoire, on découvre que la doctrine de l’immortalité humaine est l’essence de toutes les religions païennes, alors qu’elle n’est pas enseignée par les témoins de Dieu inspirés. (...) Il n’est donc pas vrai que Socrate et Platon ont été les premiers à enseigner cette doctrine: elle a été enseignée avant par un autre personnage, quelqu’un d’encore plus capable. (...) La première fois que l’on rencontre ce faux enseignement, c’est dans la plus vieille histoire connue de l’homme, dans la Bible. Le faux enseignant, c’était Satang.”
L’enfer ‘arrosé’
Frère Russell désirait tant ôter du nom de Dieu l’infâme tache laissée par l’enseignement des tourments éternels dans un enfer de feu qu’il a écrit un tract ayant pour titre “Les Écritures enseignent-elles que les tourments éternels sont le salaire du péché?” (The Old Theology [Cahiers trimestriels de théologie ancienne], 1889). On y lisait:
“La théorie des tourments éternels a une origine païenne, à cela près qu’enseignée par les païens elle n’était pas la doctrine impitoyable qu’elle est devenue par la suite, en s’intégrant peu à peu dans le pseudo-christianisme quand celui-ci, au IIe siècle, a absorbé les philosophies païennes. Il ne restait plus à la grande apostasie qu’à agrémenter la philosophie païenne des détails horribles auxquels tant de gens croient aujourd’hui, à les peindre sur les murs des églises, comme on l’a vu en Europe, à les écrire dans leurs credos et leurs cantiques, et à pervertir la Parole de Dieu de façon à donner un semblant d’aval divin à ce blasphème déshonorant pour Dieu. En conséquence, la crédulité d’aujourd’hui reçoit cette théorie en legs, non du Seigneur, ni des apôtres, ni des prophètes, mais de l’esprit de compromis qui a sacrifié la vérité ainsi que la raison et a honteusement perverti les doctrines du christianisme par ambition impie et soif du pouvoir, de la richesse et du nombre. Les tourments éternels comme châtiment du péché étaient une notion inconnue des patriarches du passé; ils étaient inconnus des prophètes de l’ère juive; inconnus du Seigneur et des apôtres; pourtant, ils constituent la doctrine majeure du pseudo-christianisme depuis la grande apostasie — et, depuis lors, c’est par ce fléau que les gens crédules, les ignorants et les superstitieux du monde sont tenus dans une obéissance servile jusqu’à la tyrannie. Rome décrétait les tourments éternels contre tous ceux qui résistaient à son autorité ou en faisaient fi, et, pour autant qu’elle en avait le pouvoir, elle commençait à les leur faire subir dans la vie présente.”
Frère Russell se disait bien que la majorité des gens sensés ne croyaient pas vraiment à la doctrine de l’enfer de feu. Mais, selon la remarque qu’il a faite en 1896 dans la brochure L’Enfer: ce que dit l’Écriture sainte au sujet de “l’Enfer”, “comme ils supposent que la Bible l’enseigne, chaque pas qu’ils font dans la compréhension et l’amour fraternel (...) est pour beaucoup un pas qui les éloigne de la Parole de Dieu, qu’ils jugent à tort responsable de cet enseignement”.
Pour faire revenir ces personnes réfléchies à la Parole de Dieu, frère Russell a reproduit dans cette brochure tous les textes de la King James Version (Bible du roi Jacques) dans lesquels on trouvait le mot enfer, pour que les lecteurs en voient bien le contenu, puis il a déclaré: “Dieu soit béni, nous n’y trouvons aucun lieu de tortures éternelles, tel que bien des confessions de foi, des cantiques et des sermons chrétiens l’enseignent à tort. Cependant, nous y trouvons un ‘enfer’, sheʼôl, haïdês, auquel toute la race humaine est condamnée, à cause du péché d’Adam, et duquel tous les humains ont été rachetés par la mort de notre Seigneur; ce lieu est la tombe, la mort. Nous y trouvons un autre ‘enfer’ (géhénna, la seconde mort, la destruction complète), qui nous est présenté comme le châtiment final de tous ceux qui, après avoir été rachetés, amenés à une connaissance complète de la vérité et rendus tout à fait capables d’y obéir, auront préféré la mort, en choisissant de s’opposer à Dieu et à sa justice. Et nos cœurs disent: Amen. Tes voies sont justes et véritables, Roi des nations! Seigneur, qui ne te craindrait, et ne glorifierait ton nom? Car seul tu es saint. Toutes les nations viendront et se prosterneront devant toi, parce que ta justice a été manifestée.” — Rév. 15:3, 4.
Ce que Charles Russell enseignait irritait et embarrassait le clergé de la chrétienté. En 1903, on lui a proposé d’en débattre en public. La question de la condition des morts a été au nombre des questions soulevées dans les débats qui ont eu lieu entre Charles Russell et E. Eaton, le porte-parole d’une alliance officieuse de pasteurs protestants de l’ouest de la Pennsylvanie.
Au cours de ces débats, frère Russell a fermement maintenu que “la mort est la mort, et que nos chers disparus sont réellement morts, qu’ils ne sont vivants ni avec les anges ni avec les démons dans un lieu de désespoir”. À l’appui, il a cité des textes bibliques comme Ecclésiaste 9:5, 10; Romains 5:12; 6:23; et Genèse 2:17. Il a dit également: “Ces textes sont en totale harmonie avec ce que vous ou moi, ou toute autre personne au monde saine d’esprit et logique, admettrait être la personnalité raisonnable et véritable de notre Dieu. Qu’est-il dit de notre Père céleste? Qu’il est juste, qu’il est sage, qu’il est amour, qu’il est puissant. Tous les chrétiens reconnaîtront que ces attributs sont ceux de la personnalité de Dieu. Si tel est le cas, est-il raisonnable de dire que l’on peut concevoir un Dieu à la fois juste et capable de punir une créature de sa main pour toute l’éternité, quel qu’ait été son péché? Je ne suis pas un défenseur du péché; moi-même, je ne vis pas dans le péché, et je ne prêche jamais le péché. (...) Mais je vous dis que tous ces gens autour de nous dont notre frère [M. Eaton] dit qu’ils polluent l’air de leurs blasphèmes contre Dieu et le saint nom de Jésus Christ sont des gens auxquels on a enseigné cette doctrine des tourments éternels. Et tous les assassins, les voleurs et les malfaiteurs qui remplissent les prisons, tous ont appris cette doctrine. (...) Ce sont de mauvaises doctrines; elles font depuis longtemps du tort au monde; elles ne font pas du tout partie de l’enseignement du Seigneur, et l’obscurantisme de l’âge des ténèbres ne s’est pas encore dissipé de devant les yeux de notre cher frère.”
On raconte qu’après le débat un ecclésiastique qui y avait assisté a dit à Charles Russell: “Je suis content de vous voir arroser l’enfer pour en éteindre les flammes.”
Pour faire davantage connaître la vérité sur la condition des morts, frère Russell a tenu, de 1905 à 1907, plusieurs assemblées d’un jour durant lesquelles il donnait le discours public “Voyage en enfer, aller et retour. Qui s’y trouve? Espoir de retour pour beaucoup”. Le titre éveillait la curiosité, et il a beaucoup attiré l’attention. Aux États-Unis et au Canada, dans les grandes villes comme dans les petites, ce discours a fait salle comble.
Parmi ceux qui ont été profondément touchés par ce que la Bible dit de la condition des morts, il y a eu aux États-Unis un étudiant de l’université de Cincinnati (Ohio) qui voulait devenir pasteur presbytérien. En 1913, il a reçu de son frère la brochure Où sont les morts? écrite par John Edgar, un Étudiant de la Bible qui était également médecin en Écosse. L’étudiant en question se nommait Frederick Franz. Après avoir lu la brochure avec attention, il a déclaré fermement: “C’est la vérité.” Sans hésitation, il a changé d’objectifs et s’est engagé dans le ministère à plein temps comme évangélisateur-colporteur. En 1920, il s’est joint aux volontaires servant au siège de la Société Watch Tower. De nombreuses années plus tard, il est devenu membre du Collège central des Témoins de Jéhovah et, par la suite, président de la Société Watch Tower.
Le sacrifice rédempteur de Jésus Christ
En 1872, dans le cadre de son examen des Écritures, frère Russell, avec ses compagnons, a étudié de plus près le sujet du rétablissement, relativement à la rançon fournie par Jésus Christ (Actes 3:21). Quelle joie pour lui de lire en Hébreux 2:9 que ‘Jésus Christ, par la grâce de Dieu, souffrit la mort pour tous’! Cela ne l’a pas amené à croire au salut universel, car il savait, toujours selon les Écritures, que l’on doit exercer la foi en Jésus Christ pour être sauvé (Actes 4:12; 16:31). Mais il a commencé à entrevoir — sans en mesurer sur-le-champ toute la portée — quelle merveilleuse possibilité le sacrifice rédempteur de Jésus Christ offrait aux humains. Ce sacrifice leur permettait d’obtenir ce qu’Adam avait perdu, leur donnait l’espérance de la vie éternelle dans la perfection humaine. Frère Russell n’a pas été insensible au sujet; il a discerné la signification profonde de la rançon et l’a vigoureusement soutenue, même quand des proches collaborateurs ont laissé des idées philosophiques corrompre leur raisonnement.
Vers le milieu de l’année 1878, frère Russell était, depuis près d’un an et demi, rédacteur adjoint de la revue Herald of the Morning (Messager du matin), dont Nelson Barbour était le rédacteur en chef. Mais quand, dans le numéro d’août 1878 de leur revue, Nelson Barbour a déprécié l’enseignement biblique de la rançon, Charles Russell a réagi en défendant énergiquement cette vérité essentielle de la Bible.
Sous le titre “La Rédemption”, Nelson Barbour avait montré, par un exemple, ce qu’il pensait de cet enseignement en ces termes: “Je dis à mon garçon, ou à l’un des employés de maison: si Jacques mord sa sœur, vous attrapez une mouche, vous lui transpercez le corps d’une épingle et la clouez au mur, et je pardonnerai à Jacques. Voilà qui illustre la doctrine de la substitution.” Bien qu’affirmant croire à la rançon, Nelson Barbour a qualifié de “non biblique et [d’]outrageante pour toutes nos conceptions de la justiceh” l’idée que le Christ ait par sa mort acquitté la peine du péché pour les descendants d’Adam.
Dans le numéro suivant du Herald of the Morning (septembre 1878), frère Russell a émis de sérieuses réserves sur ce que Nelson Barbour avait écrit. Il a analysé ce que les Écritures disent en réalité et leur compatibilité avec “la perfection de la justice [de Dieu], et finalement sa grande miséricorde et son grand amour” exprimés par le moyen de la rançon (1 Cor. 15:3; 2 Cor. 5:18, 19; 1 Pierre 2:24; 3:18; 1 Jean 2:2). Au printemps suivant, après maints efforts pour aider Nelson Barbour à voir les choses comme la Bible les voit, Charles Russell a retiré tout soutien au Herald; dès le numéro de juin 1879, son nom n’a plus figuré comme rédacteur adjoint de la revue. Sa prise de position courageuse et intransigeante en rapport avec cet enseignement biblique essentiel a eu des conséquences d’une grande portée.
Tout au long de leur histoire moderne, les Témoins de Jéhovah se sont immanquablement faits les défenseurs de l’enseignement biblique de la rançon. Le tout premier numéro de La Tour de Garde (juillet 1879, en anglais) précisait bien que “le mérite auprès de Dieu repose (...) sur le sacrifice parfait du Christ”. En 1919, lors d’une assemblée organisée à Cedar Point (Ohio) par l’Association internationale des Étudiants de la Bible, le programme comportait en grosses lettres les mots “Bienvenue à vous tous qui croyez au grand sacrifice rédempteur”. Aujourd’hui encore, la première page intérieure de La Tour de Garde attire l’attention sur la rançon, disant à propos du but du périodique: “Il encourage ses lecteurs à croire en Jésus Christ — le Roi régnant établi par Dieu —, celui qui, en versant son sang, a ouvert à l’humanité le chemin de la vie éternelle.”
Ils allaient de l’avant, affranchis des credos
La claire compréhension de la Parole de Dieu n’est pas venue tout d’un coup. Bien des fois, les Étudiants de la Bible ont saisi un détail de la trame de la vérité, sans en voir encore l’image complète. Mais ils étaient désireux d’apprendre. Ils ne s’enfermaient pas dans des credos; ils allaient de l’avant. Ce qu’ils apprenaient, ils le communiquaient à autrui. Ils ne s’attribuaient pas le mérite de ce qu’ils enseignaient; ils cherchaient à être “enseignés par Jéhovah”. (Jean 6:45.) Et ils en sont venus à discerner que Jéhovah donne la possibilité de comprendre les détails de son dessein au moment et de la façon qu’il a décidés. — Dan. 12:9; voir Jean 16:12, 13.
Quand on apprend des choses nouvelles, on est amené à réviser son point de vue. Pour admettre ses erreurs et opérer d’utiles changements, il faut de l’humilité. Cette qualité et ses fruits ont de la valeur aux yeux de Jéhovah, et plaisent beaucoup à ceux qui aiment la vérité (Soph. 3:12). Par contre, l’humilité est tournée en ridicule par ceux qui tirent fierté de credos qui n’ont pas changé depuis de nombreux siècles alors qu’ils ont été formulés par des hommes imparfaits.
La manière du retour du Seigneur
Ce fut vers le milieu des années 1870 que frère Russell et ceux qui scrutaient assidûment les Écritures avec lui ont compris que le Seigneur, à son retour, serait invisible à l’œil humain. — Jean 14:3, 19.
Par la suite, frère Russell a dit: “Nous étions navrés de l’erreur des adventistes, qui attendaient le Christ dans la chair et enseignaient que le monde et ses habitants, à l’exception d’eux-mêmes, seraient consumés en 1873 ou en 1874; eux dont le calcul des dates, les déceptions et les idées généralement sommaires sur le but et la manière de sa venue ont quelque peu attiré la honte sur nous et sur tous ceux qui languissaient après son Royaume à venir et qui l’annonçaient. Il y a tellement d’idées fausses au sujet tant du but que de la manière du retour du Seigneur que cela m’a amené à écrire une brochure, ‘The Object and Manner of Our Lord’s Return’ [Le but et la manière du retour de notre Seigneur].” Cette brochure a été publiée en 1877. Charles Russell l’a fait imprimer et diffuser à quelque 50 000 exemplaires.
Dans cette brochure, il écrivait: “Nous croyons que les Écritures enseignent ceci: lorsqu’il viendra et pendant un temps après sa venue, il restera invisible; ensuite il se manifestera ou se montrera lui-même en exécutant des jugements et sous diverses formes, de sorte que ‘tout œil le verra’.” À l’appui, il commentait des textes comme Actes 1:11 (‘il viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller au ciel’, c’est-à-dire sans être vu du monde) et Jean 14:19 (“encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus”). Frère Russell se référait aussi à l’Emphatic Diaglott (Bible publiée dans sa forme complète en 1864 avec une traduction anglaise interlinéaire mot à mot), selon laquelle l’expression grecque parousia signifiait “présence”. En analysant l’emploi biblique de ce terme, Charles Russell expliquait dans sa brochure: “Le mot grec généralement employé pour parler du second avènement — parousia, souvent traduit par venue — signifie invariablement présence en personne, le fait d’être arrivé, et ne signifie jamais être en train de venir, sens dans lequel nous employons le mot venue.”
Parlant du but de la présence du Christ, Charles Russell a bien précisé que ce n’était pas quelque chose qui s’accomplirait en l’espace d’un instant. “Le deuxième avènement, a-t-il écrit, comme le premier, couvre une période de temps, et n’est pas l’affaire d’un instant.” Au cours de cette période, a-t-il écrit, les membres du “petit troupeau” recevraient leur récompense avec le Seigneur comme cohéritiers dans son Royaume; d’autres, peut-être des milliards, se verraient offrir la possibilité de vivre, parfaits, sur une terre qui aurait retrouvé sa magnificence édénique. — Luc 12:32.
En quelques années seulement, en poussant plus loin son étude des Écritures, Charles Russell a compris que le Christ ne ferait pas que revenir invisiblement, mais aussi qu’il resterait invisible, même quand il manifesterait sa présence par l’exécution du jugement sur les méchants.
En 1876, par la lecture d’un numéro du Herald of the Morning, Charles Russell avait appris l’existence d’un autre groupe de gens qui croyaient alors que le retour du Christ serait invisible et qui associaient ce retour à des bénédictions pour toutes les familles de la terre. Par M. Barbour, rédacteur en chef de ce journal, Charles Russell avait été persuadé que la présence invisible du Christ avait commencé en 1874i. Par la suite, il a attiré l’attention sur ce fait par le sous-titre “Messager de la Présence de Christ” qui figurait sur la couverture de La Tour de Garde.
Cette compréhension, à savoir que la présence du Christ était invisible, est devenue un fondement important sur lequel allait être bâtie l’explication de nombreuses prophéties bibliques. Les Étudiants de la Bible de cette époque ont compris que la présence du Seigneur devait faire l’objet de l’attention particulière de tous les vrais chrétiens (Marc 13:33-37). Ils s’intéressaient vivement au retour du Maître et ils étaient conscients d’avoir la responsabilité de le faire connaître, mais ils n’en discernaient pas encore clairement tous les détails. Toutefois, ce que l’esprit de Dieu les a rendus capables de comprendre très tôt a été véritablement remarquable. Au nombre de ces vérités figurait une date extrêmement importante indiquée par les prophéties bibliques.
La fin des temps des Gentils
Depuis longtemps, la question de la chronologie biblique intriguait beaucoup ceux qui étudiaient la Bible. Des commentateurs avaient émis une kyrielle d’avis sur la prophétie de Jésus relative aux “temps des Gentils” et sur le compte rendu, fait par le prophète Daniel, du rêve relatif à une souche d’arbre liée pour “sept temps”. — Luc 21:24, Sa; Dan. 4:10-17.
Dès 1823, John Brown, dont l’œuvre a été publiée en Angleterre, à Londres, a calculé que les “sept temps” de Daniel chapitre 4 correspondaient à une durée de 2 520 ans. Mais il n’a pas discerné clairement la date à laquelle la période prophétique avait commencé ou quand elle s’achèverait. Il a toutefois fait le lien entre ces “sept temps” et les temps des Gentils de Luc 21:24. En 1844, E. Elliott, ecclésiastique britannique, a désigné 1914 comme une date possible pour la fin des “sept temps” de Daniel, mais il a aussi proposé une autre solution qui donnait la date de la Révolution française. En 1849, Robert Seeley, de Londres, a résolu le problème d’une façon semblable. Enfin, vers 1870, une publication de Joseph Seiss et de ses collaborateurs, imprimée à Philadelphie (Pennsylvanie), présentait des calculs qui faisaient de 1914 une date importante, même si le raisonnement qu’elle contenait partait d’une chronologie que Charles Russell a écartée par la suite.
Puis, dans les numéros d’août, de septembre et d’octobre 1875 du Herald of the Morning, Nelson Barbour a aidé à harmoniser les détails que d’autres avaient signalés. En utilisant une chronologie compilée par Christopher Bowen, ecclésiastique anglais, et publiée par E. Elliott, Nelson Barbour a fait coïncider le début des temps des Gentils avec le détrônement de Sédécias annoncé en Ézéchiel 21:25, 26, et il a indiqué que 1914 marquerait la fin des temps des Gentils.
Au début de 1876, Charles Russell a reçu un exemplaire du Herald of the Morning. Il s’est empressé d’écrire à Nelson Barbour, puis, pendant l’été, il l’a rencontré à Philadelphie pour discuter, entre autres choses, des périodes de temps prophétiques. Peu après, dans un article intitulé “Les temps des Gentils: quand prennent-ils fin?” Charles Russell a aussi tenu un raisonnement sur ce sujet à partir des Écritures. Selon lui, les faits démontraient que ‘les sept temps prendraient fin en 1914 de notre ère’. Cet article a été imprimé dans le Bible Examiner d’octobre 1876j. Le livre Three Worlds, and the Harvest of This World (Les trois mondes, et la moisson du monde d’à présent), écrit en 1877 par Nelson Barbour en collaboration avec Charles Russell, tirait la même conclusion. Puis, tout au début de la parution de La Tour de Garde, plusieurs numéros de ce périodique, par exemple ceux de décembre 1879 et de juillet 1880 (en anglais), ont présenté 1914 comme une année éminemment importante du point de vue des prophéties bibliques. En 1889, dans le tome II de L’Aurore du Millénium (série de livres appelée plus tard Études des Écritures), le chapitre 4 était entièrement consacré aux “temps des nations [des Gentils]”. Mais que signifierait la fin des temps des Gentils?
Les Étudiants de la Bible n’étaient pas absolument sûrs de ce qui se passerait. Ils étaient convaincus que cela ne déboucherait pas sur la destruction de la terre par le feu et l’annihilation de la vie humaine. Ils savaient par contre que ce serait le moment d’un événement capital en rapport avec la domination divine. Au début, ils pensaient qu’à cette date le Royaume de Dieu aurait obtenu la domination totale, universelle. Cela n’est pas arrivé, mais leur confiance dans les prophéties bibliques qui indiquaient cette date n’a pas fléchi. Ils en ont conclu par contre que la date en question avait seulement marqué un point de départ dans la domination du Royaume.
De même, au début ils pensaient aussi qu’avant cette date on verrait des perturbations mondiales aboutir à l’anarchie (qui, selon leur compréhension, correspondrait à la guerre du “grand jour de Dieu le Tout-Puissant”; Rév. 16:14). Mais ensuite, dix ans avant 1914, La Tour de Garde a émis l’hypothèse que le bouleversement mondial qui déclencherait la destruction des institutions humaines arriverait juste après la fin des temps des Gentils. Les Étudiants de la Bible s’attendaient à ce que l’année 1914 soit un tournant pour Jérusalem, puisque la prophétie disait que ‘Jérusalem serait foulée aux pieds’ jusqu’à ce que les temps des Gentils soient accomplis. Voyant que l’année 1914 approchait et qu’ils n’étaient pas encore morts en tant qu’humains ni n’avaient été ‘enlevés dans les nuées’ à la rencontre du Seigneur — comme ils l’avaient cru —, ils nourrissaient l’ardent espoir que leur changement surviendrait à la fin des temps des Gentils. — 1 Thess. 4:17.
Les années passant, ils ont examiné et réexaminé les Écritures, et leur foi dans les prophéties est restée forte; ils n’ont pas cessé de dire ce qu’ils s’attendaient à voir arriver. Ils ont essayé, en y parvenant plus ou moins bien, d’éviter d’être dogmatiques sur des détails que la Bible elle-même ne donnait pas.
Le “réveil” a-t-il sonné trop tôt?
Il ne fait aucun doute que le monde a subi un grand bouleversement en 1914 quand a éclaté la Première Guerre mondiale — appelée pendant plusieurs années simplement la Grande Guerre —, mais ce bouleversement n’a pas amené aussitôt le renversement de toutes les dominations humaines existantes. Après 1914, au fur et à mesure des événements en Palestine, les Étudiants de la Bible ont pensé avoir sous les yeux la preuve que de grands changements survenaient pour Israël. Cependant, les mois et les années ont passé, et les Étudiants de la Bible n’ont pas reçu leur récompense céleste comme ils l’avaient espéré. Quelle a été leur réaction?
La Tour de Garde du 1er février 1916 (en anglais) a attiré très précisément l’attention sur le 1er octobre 1914, disant: “C’était le dernier repère temporel à propos des événements de l’Église que la chronologie biblique signalait à notre attention. Le Seigneur nous a-t-il dit que nous serions emportés [au ciel] à ce moment-là? Non. Qu’a-t-il dit? Sa Parole et l’accomplissement des prophéties semblaient sans erreur possible indiquer que cette date marquait la fin des temps des Gentils. Nous avons déduit de cela que le ‘changement’ de l’Église aurait lieu à cette date ou avant. Mais Dieu ne nous a pas dit que tel serait le cas. Il nous a permis de tirer cette déduction; et nous croyons qu’elle s’est avérée une épreuve nécessaire pour les saints bien-aimés de Dieu partout où ils se trouvent.” Néanmoins, ces événements ont-ils prouvé que leur glorieuse espérance avait été vaine? Non; ils indiquaient simplement que tout n’arrivait pas aussi tôt qu’ils l’avaient escompté.
Plusieurs années avant 1914, Charles Russell avait écrit: “La chronologie (les prophéties chronologiques en général) n’avait sans doute pas pour but de communiquer au peuple de Dieu une information chronologique exacte tout au long des siècles, mais apparemment de servir de réveil pour réveiller les enfants de Dieu et leur donner de l’énergie en temps voulu. (...) Supposons, par exemple, que le mois d’octobre 1914 passe sans que survienne une chute grave du pouvoir des Gentils. Qu’est-ce que cela prouverait ou réfuterait? Cela ne réfuterait aucun aspect du divin plan des âges. Le prix de la rançon payé complètement au Calvaire resterait toujours la garantie de l’accomplissement du divin et grand programme en vue du rétablissement de l’humanité. L’‘appel d’en haut’ de l’Église l’invitant à souffrir avec son Rédempteur et à être glorifiée avec lui comme ses membres ou son épouse resterait toujours le même. (...) La seule chose touchée par la chronologie serait le temps de l’accomplissement de ces espérances glorieuses pour l’Église et pour le monde. (...) Si cette date passe, notre chronologie, notre ‘réveil’, aura sonné un peu avant l’heure. Considérerions-nous comme un grand malheur que notre réveil nous ait réveillés un peu trop tôt au matin d’un jour si grand, rempli de joie et de plaisir? Sûrement pas!”
Mais ce “réveil” n’avait pas sonné trop tôt. En réalité, ce sont les événements auxquels le “réveil” les avait éveillés qui n’étaient pas exactement ce à quoi ils s’étaient attendus.
Quelques années après, alors que la lumière était devenue plus vive, ils ont reconnu ceci: “Beaucoup des [saints bien-aimés] du Seigneur croyaient que le travail était entièrement terminé (...). Ils étaient heureux en voyant là la preuve bien nette que l’ancien monde avait pris fin, que le royaume des cieux était à la porte et que leur délivrance approchait. Mais ils n’avaient pas fait attention qu’il [restait] encore quelque chose à faire. La bonne nouvelle qu’ils avaient reçue devait être communiquée à d’autres, car Jésus avait dit: ‘Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin.’ (Mat. 24:14).” — La Tour de Garde, septembre 1925 (1er mai 1925 en anglais).
À mesure que l’Histoire s’écrivait après 1914 et que les Étudiants de la Bible la comparaient avec les événements que le Maître avait prédits, ils ont peu à peu compris qu’ils vivaient les derniers jours du système, et ce, depuis 1914. Ils ont également compris que c’était en l’année 1914 que la présence invisible du Christ avait commencé, non pas qu’il était revenu en personne (même invisiblement) au voisinage de la terre, mais en ce sens qu’il portait désormais son attention vers la terre en tant que Roi en fonction. Ils ont discerné et ont accepté la responsabilité capitale qui leur était confiée: prêcher “cette bonne nouvelle du royaume” en témoignage pour toutes les nations au cours de ces temps décisifs de l’histoire humaine. — Mat. 24:3-14.
Quel était exactement le message relatif au Royaume qu’ils devaient prêcher? Était-il différent du message des chrétiens du Ier siècle?
Le Royaume de Dieu, seul espoir de l’humanité
Leur étude attentive de la Parole de Dieu a fait comprendre aux Étudiants de la Bible qui collaboraient avec frère Russell que le Royaume de Dieu était le gouvernement que Jéhovah avait promis d’établir par le moyen de son Fils pour la bénédiction de l’humanité. Jésus Christ, dans le ciel, s’adjoindrait des chefs choisis par Dieu parmi les humains et appelés “petit troupeau”. Ils ont compris que ce gouvernement aurait pour représentants des hommes fidèles du passé qui seraient établis princes sur toute la terre. Ils les appelaient les “anciens dignitaires”. — Luc 12:32; Dan. 7:27; Rév. 20:6; Ps. 45:16.
De longue date, la chrétienté enseignait le principe de la ‘royauté de droit divin’, moyen de tenir les gens dans la soumission. Mais ces Étudiants de la Bible ont vu dans les Écritures que l’avenir des gouvernements humains n’était assuré par aucune garantie divine. En harmonie avec ce qu’ils apprenaient, La Tour de Garde de décembre 1881 (en anglais) a dit: “L’établissement de ce royaume entraînera, bien entendu, le renversement de tous les royaumes de la terre, vu que tous, même le meilleur d’entre eux, sont fondés sur l’injustice, sur l’inégalité des droits et sur l’oppression du grand nombre en faveur d’une minorité; en effet, il est écrit: ‘Il brisera et consumera tous ces royaumes, et il sera établi éternellement.’” — Dan. 2:44.
Par contre, les Étudiants de la Bible avaient encore beaucoup à apprendre quant à la façon dont ces royaumes tyranniques seraient brisés. Ils ne comprenaient pas encore clairement comment les bienfaits du Royaume de Dieu seraient octroyés à toute l’humanité. Mais ils ne confondaient pas le Royaume de Dieu avec un vague sentiment siégeant dans le cœur, ni avec la domination d’une hiérarchie religieuse se servant du bras séculier de l’État.
En 1914, contrairement à ce qu’on croyait, les fidèles serviteurs de Dieu de l’ère préchrétienne n’avaient toujours pas été ressuscités sur la terre pour être des représentants princiers du Royaume messianique, pas plus que les membres restants du “petit troupeau” n’avaient rejoint le Christ dans le Royaume céleste cette année-là. Mais La Tour de Garde d’avril 1915 (15 février 1915 en anglais) a quand même affirmé avec assurance que 1914 était le moment “où notre Seigneur devait prendre en mains sa grande puissance et commencer son règne”, mettant ainsi fin aux millénaires de domination gentile ininterrompue. Dans La Tour de Garde de janvier 1921 (1er juillet 1920 en anglais), ce point de vue était réaffirmé et relié à la bonne nouvelle qui serait proclamée sur la terre entière avant la fin, selon la prédiction de Jésus (Mat. 24:14). À l’assemblée des Étudiants de la Bible qui s’est tenue à Cedar Point (Ohio) en 1922, cette explication a de nouveau été soutenue dans une résolution générale, et frère Rutherford a lancé cet appel: “Proclamez, proclamez, proclamez le Roi et son Royaume!”
Toutefois, à cette époque les Étudiants de la Bible pensaient que l’instauration du Royaume, son complet établissement dans le ciel, n’aurait pas lieu avant que les derniers membres de l’épouse du Christ soient glorifiés. Un grand progrès a donc été réalisé quand l’article “La naissance de la nation” a paru dans La Tour de Garde de juin 1925 (1er mars en anglais). Cet article présentait des éclaircissements sur Révélation (Apocalypse) Ré chapitre 12. Il apportait des raisons de croire que le Royaume messianique était né — avait été établi — en 1914, que le Christ avait à ce moment-là commencé à régner sur son trône céleste, et que peu après Satan avait été chassé du ciel, précipité au voisinage de la terre. Telle était la bonne nouvelle qu’il fallait proclamer, la nouvelle que le Royaume de Dieu était déjà en fonction. Cette explication plus claire a insufflé aux prédicateurs du Royaume un nouvel élan pour prêcher jusqu’aux extrémités de la terre.
Par tous les moyens appropriés, les serviteurs de Jéhovah témoignaient que seul le Royaume de Dieu pourrait soulager durablement les maux du monde et résoudre les très vieux problèmes qui affligeaient les humains. En 1931, Joseph Rutherford a fait radiodiffuser ce message sur le plus vaste réseau international ayant jamais existé jusqu’alors. Le texte de son discours a également été publié en plusieurs langues dans la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde, dont des millions d’exemplaires ont été distribués en quelques mois. Outre une large diffusion dans le public, un effort tout particulier a été fait par les Étudiants de la Bible pour remettre cette brochure en main propre aux hommes politiques, aux hommes d’affaires influents et aux ecclésiastiques.
En voici un extrait: “Les gouvernements actuels du monde, qui sont injustes, ne peuvent offrir aucune espérance aux hommes. Selon les termes du jugement de Dieu, ces gouvernements doivent disparaître. C’est pourquoi l’espérance du monde, l’unique espérance, est le royaume ou gouvernement de justice de Dieu, avec Christ Jésus comme Roi invisible à sa tête.” Les Étudiants de la Bible comprenaient que ce Royaume apporterait la paix et la sécurité véritables à l’humanité, que sous sa domination la terre deviendrait un vrai paradis où ni la maladie ni la mort n’existeraient plus. — Rév. 21:4, 5.
La bonne nouvelle du Royaume de Dieu est toujours un élément essentiel des croyances des Témoins de Jéhovah. Depuis le numéro du 15 mai 1939 (1er mars 1939 en anglais), leur périodique principal, maintenant publié en plus de 110 langues, porte le titre La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah.
Mais avant que la domination du Royaume transforme la terre en un paradis, le système méchant devait disparaître. De quelle façon?
La guerre du grand jour de Dieu le Tout-Puissant
La guerre mondiale qui a commencé en 1914 a ébranlé le système en place jusque dans ses fondements. Pendant un temps, il a semblé que les choses allaient se passer comme les Étudiants de la Bible le croyaient.
Des années auparavant, en août 1880, frère Russell avait écrit: “À notre avis, avant que la famille humaine soit rétablie ou même commence à être bénie, les royaumes actuels de la terre qui assujettissent et tyrannisent l’humanité seront renversés, le royaume de Dieu prendra les choses en mains et les bénédictions et le rétablissement viendront par le nouveau royaume.” Comment aurait lieu ce ‘renversement des royaumes’? À partir des conditions qu’il voyait alors se mettre en place dans le monde, Charles Russell croyait que pendant la guerre d’Harmaguédon Dieu utiliserait des factions adverses de l’humanité pour renverser les institutions existantes. Il a dit: “L’œuvre de démolition de l’empire humain commence. La puissance qui les renversera est maintenant à l’œuvre. Les gens sont déjà en train d’organiser leurs armées sous le nom de communistes, de socialistes, de nihilistes, etc.”
Le livre Le Jour de la Vengeance (La Bataille d’Harmaguédon), publié en 1897, a encore élargi la façon dont les Étudiants de la Bible comprenaient la question à l’époque. Il disait: “L’Éternel, par sa providence qui dirige tout, se chargera de conduire cette grande armée de mécontents, formée de patriotes déçus, de réformateurs de tous genres, de socialistes, de moralistes, d’ignorants et de désespérés. Dieu fera concourir les espérances, les craintes, les folies et l’égoïsme de ces gens-là à l’accomplissement de ses desseins grandioses, selon sa sagesse divine; c’est par cette armée qu’Il renversera les institutions actuelles et préparera les humains qui entreront dans le royaume de justice.” Ainsi, les Étudiants de la Bible pensaient que la guerre d’Harmaguédon coïnciderait avec une violente révolution sociale.
Mais Harmaguédon se réduirait-il à une lutte entre des factions adverses de l’humanité, une révolution sociale que Dieu utiliserait pour renverser les institutions existantes? En se penchant de plus près sur les Écritures, les Étudiants de la Bible, dans La Tour de Garde de janvier 1926 (15 juillet 1925 en anglais), ont attiré l’attention sur Zacharie 14:1-3, disant: “Par ces mots nous comprenons que toutes les nations de la terre, sous la direction de Satan, seront rassemblées pour faire la guerre à la classe de Jérusalem, c’est-à-dire [à] ceux qui se tiennent du côté de l’Éternel. (...) Apocalypse [Révélation] 16:14, 16.”
En 1926, le livre Délivrance a fait remarquer le but réel de cette guerre en ces termes: “Bientôt, assure la Bible, [Jéhovah] fera une démonstration si claire et si peu équivoque de sa puissance que tous seront convaincus de leur conduite impie et comprendront que Jéhovah est Dieu. La même raison obligea Dieu à faire venir le déluge, à renverser la tour de Babel, [à] anéantir l’armée de Sanchérib, roi d’Assyrie, et [à] engloutir les Égyptiens; et il va maintenant occasionner un autre grand trouble sur le monde [pour la même raison]. Les calamités précédentes n’étaient que des figures de celle qui est aujourd’hui imminente. Le rassemblement s’effectue pour le grand jour [de Dieu le Tout-Puissant]. C’est le ‘grand et terrible jour de l’Éternel’ (Joël 2:31) où [Dieu] se fera un nom. Dans cette formidable et dernière conflagration, les peuples de toute nation, tribu et langue apprendront que Jéhovah est le Dieu tout-puissant, infiniment sage, parfait en équité.” Mais les serviteurs de Jéhovah ont aussi reçu cette précision: “Dans ce grand combat, aucun chrétien ne portera un seul coup. Jéhovah en effet a déclaré: ‘Car ce combat n’est pas le vôtre, mais celui de Dieu.’” La guerre dont il était question alors n’était absolument pas celle que menaient les nations, celle qui avait commencé en 1914. C’était une guerre encore à venir.
Il y avait d’autres questions à résoudre en s’appuyant sur les Écritures. L’une d’elles concernait l’identité de la Jérusalem qui devait être foulée aux pieds jusqu’à la fin des temps des Gentils, selon la déclaration de Luc 21:24; et par conséquent il fallait aussi identifier l’Israël concerné dans tant de prophéties de restauration.
Dieu allait-il faire revenir les Juifs en Palestine?
Les Étudiants de la Bible connaissaient bien les nombreuses prophéties de restauration qui avaient été faites à l’Israël antique par les prophètes de Dieu (Jér. 30:18; 31:8-10; Amos 9:14, 15; Rom. 11:25, 26). Jusqu’en 1932, ils ont pensé que ces prophéties s’appliquaient tout particulièrement aux Juifs selon la chair. De ce fait, ils croyaient que Dieu témoignerait de nouveau de la faveur à Israël, en faisant revenir peu à peu les Juifs en Palestine, en leur ouvrant les yeux à la vérité selon laquelle Jésus est le Rédempteur et le Roi messianique, et en se servant d’eux comme intermédiaires pour dispenser des bénédictions à toutes les nations. Fort de cette compréhension des choses, frère Russell a exposé devant de grands auditoires juifs, à New York ainsi qu’en Europe, le thème “Le sionisme dans la prophétie”; quant à frère Rutherford, en 1925 il a écrit le livre Comfort for the Jews (Consolation pour les Juifs).
Mais, peu à peu, il est devenu manifeste que ce qui arrivait aux Juifs en Palestine n’était pas l’accomplissement des grandes prophéties de restauration données par Jéhovah. La désolation était arrivée sur la Jérusalem du Ier siècle parce que les Juifs avaient rejeté le Fils de Dieu, le Messie, celui qui avait été envoyé au nom de Jéhovah (Dan. 9:25-27; Mat. 23:38, 39). Il apparaissait de plus en plus nettement qu’en tant que peuple les Juifs n’avaient pas changé d’attitude. Ils ne se repentaient pas des mauvaises actions qu’avaient commises leurs ancêtres. Le retour de certains en Palestine n’était pas motivé par l’amour de Dieu ou le désir de magnifier son nom en accomplissant sa Parole. C’est ce qu’a expliqué clairement le deuxième tome de Justification, publié en anglais en 1932k par la Watch Tower Bible and Tract Society. L’exactitude de cette opinion a été confirmée en 1949, quand l’État d’Israël, constitué depuis peu en nation et en patrie pour les Juifs, est devenu membre des Nations unies, montrant ainsi qu’il ne plaçait pas sa confiance en Jéhovah, mais dans les nations politiques du monde.
Ce qui s’était passé en accomplissement des prophéties de restauration indiquait une autre direction. Les serviteurs de Jéhovah ont commencé à comprendre que c’était l’Israël spirituel, “l’Israël de Dieu”, composé de chrétiens oints de l’esprit, qui, conformément au dessein divin, connaissait la paix avec Dieu par l’entremise de Jésus Christ (Gal. 6:16). Maintenant leurs yeux s’ouvraient et ils discernaient dans la manière d’agir de Dieu envers ces vrais chrétiens un extraordinaire accomplissement spirituel des promesses de restauration. Petit à petit, ils ont aussi compris que la Jérusalem qui avait été élevée à la fin des temps des Gentils n’était pas simplement une ville terrestre, ni même un peuple sur terre représenté par cette ville, mais plutôt la “Jérusalem céleste”, où en 1914 Jéhovah avait installé son Fils, Jésus Christ, en l’investissant du pouvoir royal. — Héb. 12:22.
Maintenant que les choses étaient claires, les Témoins de Jéhovah étaient mieux à même de s’acquitter, sans partialité envers aucun groupe, de leur mission: prêcher la bonne nouvelle du Royaume “par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations”. — Mat. 24:14.
Qui est à remercier pour toutes ces explications de la Bible qui ont paru dans les publications de la Société Watch Tower?
Le moyen par lequel les serviteurs de Jéhovah sont enseignés
Jésus Christ a annoncé qu’après son retour au ciel il enverrait à ses disciples l’esprit saint. Celui-ci servirait d’assistant, il les guiderait et les introduirait “dans toute la vérité”. (Jean 14:26; 16:7, 13.) Jésus a aussi dit que lui-même, le Seigneur ou Maître des vrais chrétiens, aurait un “esclave fidèle et avisé”, un “intendant fidèle”, qui donnerait la “nourriture [spirituelle] en temps voulu” aux domestiques, aux ouvriers de la famille de la foi (Mat. 24:45-47; Luc 12:42). Qui est cet esclave fidèle et avisé?
Le tout premier numéro de La Tour de Garde avait fait allusion à Matthieu 24:45-47 en disant que le but recherché par les éditeurs de ce périodique était d’être attentifs aux événements qui se rattachaient à la présence du Christ afin de donner la “nourriture [spirituelle] au temps convenable” à la famille de la foi. Mais le rédacteur en chef du périodique n’affirmait pas être lui-même l’esclave fidèle et avisé, ou encore le “serviteur fidèle et prudent” (selon la leçon de la version Segond).
C’est ainsi que, dans le numéro d’octobre-novembre 1881, Charles Russell a déclaré: “Nous croyons que tout membre de ce corps du Christ est engagé, soit directement, soit indirectement, dans l’œuvre bénie qui consiste à donner la nourriture au temps convenable à la famille de la foi. ‘Quel est donc le serviteur fidèle et prudent, que son maître a établi sur ses gens’, pour leur donner la nourriture au temps convenable? N’est-ce pas ce ‘petit troupeau’ de serviteurs consacrés qui s’acquittent fidèlement de leurs vœux de consécration — le corps du Christ — et n’est-ce pas le corps entier, individuellement et collectivement, qui donne la nourriture au temps convenable à la famille de la foi — la grande congrégation des croyants? Heureux ce serviteur (le corps entier du Christ), que son maître, à son arrivée (gr. élthôn), trouvera faisant ainsi! ‘Je vous le dis en vérité, il l’établira sur tous ses biens.’”
Plus de dix ans après, cependant, la femme de Charles Russell a émis publiquement l’idée qu’il était lui-même le serviteur fidèle et prudentl. Pendant près de 30 ans, son idée concernant l’identité du “serviteur fidèle” a été partagée par la plupart des Étudiants de la Bible. Frère Russell n’a pas écarté cette hypothèse, évitant néanmoins, pour sa part, de faire cette application du texte biblique en s’opposant surtout à l’idée d’un clergé chargé d’enseigner la Parole de Dieu et de laïcs n’ayant pas cette mission. La Tour de Garde de juin 1927 (15 février 1927 en anglais) a réaffirmé l’explication donnée par frère Russell en 1881, selon laquelle le serviteur fidèle et prudent était en réalité un serviteur collectif, composé de tous les membres du corps du Christ, oints de l’esprit, vivant sur la terre. — Voir Ésaïe 43:10.
Comment frère Russell concevait-il son propre rôle? Prétendait-il avoir reçu quelque révélation spéciale de Dieu? Dans La Tour de Garde en anglais du 15 juillet 1906 (page 229), il a répondu humblement: “Non, chers frères, je ne prétends avoir aucune supériorité, ni aucun pouvoir, dignité ou autorité surnaturels; je n’aspire pas non plus à m’élever dans l’estime de mes frères de la famille de la foi, si ce n’est dans le sens où le Maître l’a encouragé, disant: ‘Quiconque veut être grand parmi vous, qu’il se fasse votre serviteur.’ (Mat. 20:27). (...) Les vérités que je présente, en porte-parole de Dieu, n’ont pas été révélées en visions ni en rêves, ni par la voix audible de Dieu, ni tout d’un coup, mais peu à peu. (...) Cette claire exposition de la vérité n’est pas non plus due à l’ingéniosité ou à la finesse de perception d’un humain, mais au simple fait que le moment prévu par Dieu est arrivé; si je ne parlais pas, et si on ne trouvait aucun autre instrument, les pierres mêmes crieraient.”
C’est sur Jéhovah, leur grand Instructeur, que les lecteurs de La Tour de Garde étaient encouragés à compter, exactement comme tous les Témoins de Jéhovah aujourd’hui (És. 30:20). C’est une attitude que La Tour de Garde de février 1932 (1er novembre 1931 en anglais) a vivement recommandée, dans l’article “Enseignés de l’Éternel”, qui déclarait: “La Tour de Garde reconnaît la vérité comme étant la propriété de Jéhovah et non pas comme appartenant à une créature quelconque. La Tour de Garde n’est pas un instrument entre les mains d’un homme ou d’un groupe d’hommes, et elle n’est pas publiée selon les caprices des hommes. (...) Jéhovah Dieu est le grand [Enseignant] de ses enfants. Assurément, ces vérités sont publiées par des hommes imparfaits, et pour cette raison elles ne sont pas formulées d’une manière absolument parfaite; mais elles sont certainement présentées de façon à refléter la vérité que Dieu communique à ses enfants pour les instruire.”
Au Ier siècle, quand des questions de doctrine ou de procédure se posaient, on en référait à un collège central composé d’anciens au sens spirituel. Ils prenaient des décisions, après examen des Écritures inspirées et en considérant l’œuvre qui était en harmonie avec ces Écritures et qui prospérait grâce à l’opération de l’esprit saint. Les décisions prises étaient transmises sous forme écrite aux congrégations (Actes 15:1 à 16:5). Aujourd’hui, les Témoins de Jéhovah procèdent de la même manière.
L’enseignement spirituel est dispensé par le moyen d’articles dans les périodiques, ainsi que de livres, d’assemblées et de plans de discours pour les congrégations, tout cela étant préparé sous la direction du Collège central de l’esclave fidèle et avisé. Leur contenu démontre clairement que la prédiction de Jésus se vérifie aujourd’hui. Il a effectivement un esclave fidèle et avisé, une classe d’hommes qui enseigne fidèlement ‘toutes les choses qu’il a commandées’; cet instrument est effectivement “aux aguets”, suivant de près les événements qui accomplissent les prophéties de la Bible et particulièrement celles qui ont trait à la présence du Christ; cet instrument aide effectivement les gens qui révèrent Dieu à comprendre ce que signifie “observer” les choses que Jésus a commandées et se montrer ainsi vraiment ses disciples. — Mat. 24:42; 28:20; Jean 8:31, 32.
En rapport avec la préparation de la nourriture spirituelle, au fil des ans les vrais chrétiens ont progressivement abandonné les usages qui risquaient d’attirer indûment l’attention sur certains humains. Jusqu’à la mort de Charles Russell, son nom a figuré dans la liste des rédacteurs dans presque toutes les éditions de La Tour de Garde. Les autres rédacteurs apposaient souvent leur nom ou leurs initiales à la fin des articles qu’ils écrivaient. Puis, à partir du numéro du 1er décembre 1916 (mai 1917 en français), au lieu de donner le nom d’un rédacteur en chef, La Tour de Garde a donné les noms des membres d’un comité de rédaction. Dans le numéro du 15 octobre 1931 (décembre 1931 en français), même cette liste a été supprimée et remplacée par le texte d’Ésaïe 54:13, qui se lisait en français comme suit, selon la version de Darby: “Et tous tes fils seront enseignés de l’Éternel [Jéhovah], et la paix de tes fils sera grande.” Depuis 1942, la règle générale est que les publications produites par la Société Watch Tower n’attirent l’attention sur aucun rédacteur individuellementa. Sous la direction du Collège central, des chrétiens voués à Dieu d’Amérique du Nord et du Sud, d’Europe, d’Afrique, d’Asie et d’Océanie participent à l’élaboration de ces publications destinées à l’usage des congrégations de Témoins de Jéhovah du monde entier. Mais c’est à Jéhovah Dieu qu’ils en attribuent tout l’honneur.
La lumière brille de plus en plus
Comme cela transparaît dans leur histoire moderne, les Témoins de Jéhovah ont vécu ce que décrivait Proverbes 4:18 en ces termes: “Le sentier des justes est comme la lumière brillante qui devient de plus en plus claire jusqu’à ce que le jour soit solidement établi.” La lumière a brillé progressivement, de la même façon que la lumière de l’aube précède l’aurore, qui, elle, précède la pleine lumière d’un jour nouveau. Étant donné qu’ils voyaient les choses à la lumière dont ils disposaient, leurs conceptions étaient parfois incomplètes, voire inexactes. Ils ont eu beau essayer, ils n’ont réellement pas pu comprendre certaines prophéties avant qu’elles ne commencent à se réaliser. À mesure que Jéhovah, au moyen de son esprit, jetait plus de lumière sur sa Parole, ses serviteurs ont été humblement disposés à procéder aux modifications nécessaires.
Cette compréhension progressive ne s’est pas limitée aux débuts de leur histoire moderne. Elle n’a cessé de continuer jusqu’à aujourd’hui. Par exemple, en 1962, les Étudiants de la Bible ont révisé leur compréhension au sujet des “autorités supérieures” dont parle Romains 13:1-7.
Depuis des années, ils enseignaient que “les autorités supérieures” (Sg) étaient Jéhovah Dieu et Jésus Christ. Pourquoi? Dans les numéros d’août et de septembre 1929 (1er et 15 juin 1929 en anglais) de La Tour de Garde, ils citaient différentes lois, montrant qu’une chose permise dans un pays était interdite dans un autre. Ces articles attiraient aussi l’attention sur des lois profanes qui imposaient aux citoyens de faire quelque chose que Dieu interdisait à ses serviteurs ou qui interdisaient quelque chose que Dieu leur commandait. Par désir sincère de montrer du respect pour l’autorité suprême de Dieu, les Étudiants de la Bible pensaient que “les autorités supérieures” devaient être Jéhovah Dieu et Jésus Christ. Ils obéissaient quand même aux lois, mais pour eux l’obéissance à Dieu était prioritaire. C’était une étude importante, qui les a fortifiés durant les années de tourmente mondiale qui ont suivi. Cependant, ils ne comprenaient pas bien le sens de Romains 13:1-7.
Des années plus tard, ils ont réexaminé de près ce passage biblique, ainsi que son contexte et sa signification à la lumière de tout le reste de la Bible. En conséquence, en 1962, ils ont compris que “les autorités supérieures” sont les dirigeants du monde, mais à l’aide de la Traduction du monde nouveau ils ont dégagé clairement le principe de la soumission relativeb. Cela n’a pas entraîné de grands changements quant à l’attitude des Témoins de Jéhovah à l’égard des gouvernements du monde, mais a, par contre, rectifié leur compréhension d’un passage important des Écritures. C’était l’occasion pour chaque Témoin individuellement de se demander sérieusement s’il assumait vraiment ses responsabilités tant vis-à-vis de Dieu que vis-à-vis des autorités civiles. Cette compréhension de ce qu’étaient “les autorités supérieures” a été une protection pour les Témoins de Jéhovah, surtout dans les pays où des flambées de nationalisme et des revendications de liberté ont donné lieu à des explosions de violence et à la formation de nouveaux gouvernements.
L’année suivante, c’est-à-dire 1963, les Témoins de Jéhovah ont donné une explication plus étendue de ce qu’était “Babylone la Grandec”. (Rév. 17:5.) Un examen de l’histoire profane et religieuse les a amenés à conclure que l’influence de la Babylone antique avait imprégné non seulement la chrétienté, mais aussi toutes les parties de la terre. Ils voyaient donc en Babylone la Grande tout l’empire universel de la fausse religion. C’est en prenant conscience de cela que les Témoins de Jéhovah ont pu aider beaucoup plus de gens, de toutes origines, à obéir à l’ordre biblique: “Sortez d’elle, mon peuple.” — Rév. 18:4.
En effet, le déroulement des événements prédits dans l’ensemble du livre de la Révélation a jeté une grande lumière spirituelle sur le sujet. En 1917, une étude de la Révélation est parue dans le livre Le mystère accompli. Mais le “jour du Seigneur”, mentionné en Révélation 1:10, ne faisait alors que commencer; la plus grande partie de ce qui avait été prédit ne s’était pas encore réalisé et n’était pas clairement compris. Toutefois, les événements des années suivantes ont jeté une plus vive lumière sur la signification de cette partie de la Bible et ont eu un profond effet sur l’étude instructive de la Révélation qui a été publiée en 1930 sous le titre Lumière, ouvrage en deux tomes. Au cours des années 60, ces explications ont été mises à jour dans les livres “Babylone la Grande est tombée!” Le Royaume de Dieu a commencé son règne! et “Alors sera consommé le mystère de Dieu”. Vingt ans après, les Témoins de Jéhovah ont fait une nouvelle étude en profondeur de cette partie de la Bible. Ils ont analysé attentivement le langage figuré de la Révélation à la lumière d’expressions similaires qu’on retrouvait ailleurs dans la Bible (1 Cor. 2:10-13). Les événements du XXe siècle qui accomplissaient les prophéties ont été examinés. Les résultats de cette étude ont été publiés en 1988 dans un livre passionnant, La Révélation: le grand dénouement est proche!
Durant les premières années de leur histoire moderne, les Témoins de Jéhovah ont posé un fondement. Ils ont produit beaucoup de nourriture spirituelle de qualité. Ces dernières années, ils ont fourni une plus grande variété d’auxiliaires pour l’étude de la Bible afin de répondre aux besoins tant des chrétiens mûrs que des personnes, de toutes origines, qui commençaient à l’étudier. Grâce à une étude continue des Écritures, et au vu de l’accomplissement des prophéties divines, ils ont souvent été en mesure de faire connaître les enseignements bibliques avec une plus grande clarté. Du fait que leur étude de la Parole de Dieu est progressive, les Témoins de Jéhovah ont une nourriture spirituelle abondante, ce que la Bible avait annoncé au sujet des serviteurs de Dieu (És. 65:13, 14). Jamais ils ne modifient leur point de vue dans l’intention d’être mieux acceptés par le monde en adoptant ses valeurs morales décadentes. Au contraire, l’histoire des Témoins de Jéhovah montre qu’ils effectuent des changements dans l’intention d’adhérer toujours davantage à la Bible, de ressembler davantage aux fidèles chrétiens du Ier siècle, et ainsi d’être plus agréables à Dieu.
Par conséquent, ce qu’ils vivent s’accorde avec la prière de l’apôtre Paul, qui a écrit à ses compagnons chrétiens: “Nous ne cessons de prier pour vous et de demander que vous soyez remplis de la connaissance exacte de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne de Jéhovah, afin de lui plaire tout à fait, tandis que vous continuez à porter du fruit en toute œuvre bonne et à croître dans la connaissance exacte de Dieu.” — Col. 1:9, 10.
Cette croissance dans la connaissance exacte de Dieu a également été pour quelque chose dans le choix de leur nom, celui de Témoins de Jéhovah.
[Notes]
a Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ, 15 juillet 1906, pp. 229-231 (angl.).
b Voir Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible, édité par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc., pp. 658, 659.
c Par exemple: 1) Au XVIe siècle, les mouvements antitrinitaires étaient puissants en Europe. Le Hongrois Ferenc Dávid, à cette époque, savait et enseignait que le dogme de la Trinité n’était pas biblique. À cause de ses croyances, il est mort en prison. 2) La “petite Église polonaise”, qui a été très florissante en Pologne pendant près de cent ans entre le XVIe et le XVIIe siècle, a aussi écarté la Trinité; les adeptes de cette Église ont diffusé des écrits dans toute l’Europe, jusqu’à ce que les jésuites réussissent à les faire bannir de Pologne. 3) Isaac Newton (1642-1727), en Angleterre, ne croyait pas à la doctrine de la Trinité et en a écrit avec détails ses raisons, de nature historique et biblique, mais il ne les a pas fait publier de son vivant, manifestement par peur de représailles. 4) En Amérique, citons entre autres hommes Henry Grew, qui a condamné la Trinité comme n’étant pas biblique. En 1824, il a traité longuement ce sujet dans An Examination of the Divine Testimony Concerning the Character of the Son of God (Examen du témoignage divin au sujet de la Personne du Fils de Dieu).
d Voir aussi Études des Écritures, tome V, pp. 34-74.
e Sur ce sujet, la Watchtower Bible and Tract Society a publié plusieurs fois des ouvrages traitant en profondeur des preuves historiques et bibliques disponibles. Voir “La Parole” — Qui est-ce, selon Jean? (1962), ‘Choses dans lesquelles il est impossible à Dieu de mentir’ (1965), Comment raisonner à partir des Écritures (1985) et Doit-on croire à la Trinité? (1989).
f Les érudits juifs comme ceux de la chrétienté savent ce que la Bible dit au sujet de l’âme, mais c’est une chose rarement enseignée dans leurs lieux de culte. Voir New Catholic Encyclopedia (1967), vol. XIII, pp. 449, 450; The Eerdmans Bible Dictionary (1987), pp. 964, 965; The Interpreter’s Dictionary of the Bible, éditeur G. Buttrick (1962), vol. 1, p. 802; The Jewish Encyclopedia (1910), vol. VI, p. 564.
g Dans un examen plus détaillé du sujet, en 1955, la brochure Les Écritures enseignent-elles la “survivance”?, s’appuyant sur le récit biblique, faisait remarquer ceci: Satan a en réalité encouragé Ève à croire que, si elle violait l’interdit de Dieu concernant la consommation du fruit de “l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais”, elle ne mourrait pas dans la chair (Gen. 2:16, 17; 3:4). Par la suite, les faits ont montré que Satan avait menti, mais d’autres éléments se sont greffés sur son premier mensonge. Des humains ont adopté l’idée selon laquelle une partie invisible de l’homme continuait de vivre. Après le déluge, cette idée a été renforcée par les pratiques spirites démoniaques qui sont nées à Babylone. — És. 47:1, 12; Deut. 18:10, 11.
h Nelson Barbour disait croire à la rançon, au fait que le Christ soit mort pour nous. Ce qu’il rejetait, c’était l’idée de “substitution”, que le Christ soit mort à notre place, en ce sens que par sa mort il ait acquitté la peine du péché pour les descendants d’Adam.
i Cette conclusion découlait de la croyance selon laquelle le septième millénaire de l’histoire humaine avait commencé en 1873 et qu’en 1878 s’achèverait une période de défaveur divine (d’une durée égale à une précédente considérée comme une période de faveur) pour l’Israël selon la chair. Cette chronologie présentait une faille parce qu’elle reposait sur une traduction inexacte d’Actes 13:20 dans la King James Version et sur la croyance qu’il existait une erreur de transcription en 1 Rois 6:1, et parce qu’elle ne prenait pas en compte les synchronismes bibliques dans la datation des règnes des rois de Juda et d’Israël. Une explication plus claire de la chronologie biblique a été publiée en 1943 dans le livre “La vérité vous affranchira”, puis elle a été affinée l’année suivante dans le livre “Le Royaume s’est approché”, et plus tard encore dans d’autres ouvrages.
j Revue publiée par George Storrs, Brooklyn (New York).
k En 1978, interrogé par la presse sur l’opinion des Témoins de Jéhovah quant au sionisme, le Collège central a répondu: “Les Témoins de Jéhovah continuent d’adopter l’attitude biblique de neutralité vis-à-vis de tous mouvements politiques et gouvernements. Ils sont convaincus que ce n’est pas un mouvement humain qui réalisera ce que seul le royaume céleste de Dieu est en mesure d’accomplir.”
l Malheureusement, c’est peu de temps après cela qu’elle l’a quitté parce qu’elle-même désirait se mettre en avant.
a Toutefois, dans les pays où la loi l’exige, les écrits que la Société Watch Tower imprime mentionnent le nom du représentant local qui fait office de directeur de la publication.
b La Tour de Garde, 15 février, 1er mars et 15 mars 1963 (1er novembre, 15 novembre et 1er décembre 1962 en angl.).
c La Tour de Garde, 15 mars et 1er mai 1964 (15 novembre et 1er décembre 1963 en angl.).
[Entrefilet, page 120]
Charles Russell a reconnu franchement avoir été aidé par d’autres personnes durant ses premières années d’étude de la Bible.
[Entrefilet, page 122]
Ils ont personnellement examiné les preuves que la Bible est la Parole de Dieu.
[Entrefilet, page 123]
Les Étudiants de la Bible ont discerné que la justice de Dieu est en parfait équilibre avec sa sagesse, son amour et sa puissance.
[Entrefilet, page 127]
Charles Russell a discerné que l’enfer n’est pas un lieu de tourments après la mort.
[Entrefilet, page 129]
La plupart des gens sensés ne croyaient pas à la doctrine de l’enfer de feu.
[Entrefilet, page 132]
La prise de position très ferme de Charles Russell au sujet de la rançon a eu des conséquences d’une grande portée.
[Entrefilet, page 134]
Ils ont pu constater que 1914 était clairement annoncé par les prophéties bibliques.
[Entrefilet, page 136]
Tout n’est pas arrivé aussi tôt qu’ils l’avaient escompté.
[Entrefilet, page 139]
La bonne nouvelle qu’il fallait proclamer: Le Royaume de Dieu est déjà en fonction!
[Entrefilet, page 140]
Harmaguédon n’allait-il être qu’une révolution sociale?
[Entrefilet, page 141]
En 1932, on a enfin su qui était réellement l’“Israël de Dieu”.
[Entrefilet, page 143]
“L’esclave fidèle et avisé”: une personne ou une classe de personnes?
[Entrefilet, page 146]
Progressivement, les Témoins de Jéhovah ont abandonné les usages qui risquaient d’attirer indûment l’attention sur certains humains.
[Entrefilet, page 148]
Ils opèrent des changements dans l’intention d’adhérer toujours davantage à la Parole de Dieu.
[Encadré, page 124]
Ils font connaître le nom de Dieu
◆ Depuis 1931, le nom Témoins de Jéhovah désigne ceux qui adorent et servent Jéhovah en tant que seul vrai Dieu.
◆ Depuis le 15 octobre 1931 (en anglais), le nom personnel de Dieu, Jéhovah, figure sur la page de garde de tout numéro du périodique “La Tour de Garde”.
◆ À une époque où le nom personnel de Dieu était omis dans maintes versions courantes de la Bible, les Témoins de Jéhovah ont commencé à publier, en 1950, la “Traduction du monde nouveau”, qui réintroduisait le nom divin à sa juste place.
◆ En plus de la Bible elle-même, la Watch Tower Bible and Tract Society a fait paraître beaucoup d’autres publications pour attirer spécialement l’attention sur le nom divin: par exemple, les livres “Jéhovah” (1934), “Que ton nom soit sanctifié” (1961), et “‘Les nations sauront que je suis Jéhovah’ — Comment?” (1971), ainsi que la brochure “Le nom divin qui demeure à jamais” (1984).
[Encadré, page 126]
‘Contredirons-nous le Christ lui-même?’
Après avoir dévoilé que la doctrine de la Trinité était illogique et non biblique, Charles Russell a exprimé une juste indignation en posant cette question: “Contredirons-nous les apôtres et les prophètes et Jésus lui-même, et ferons-nous abstraction de la raison et du bon sens pour nous accrocher à un dogme qui nous vient d’un passé obscur et superstitieux par la voie d’une Église apostate et corrompue? Non! ‘À la Loi et à l’attestation! S’ils ne parlent pas selon cette Parole, c’est parce qu’il n’y a pas de lumière en eux.’” — “La Tour de Garde”, 15 août 1915 (en anglais).
[Encadré, page 133]
Une vérité progressive
En 1882, Charles Russell écrivait: “La Bible est notre seule référence, ses enseignements notre seul credo et, reconnaissant que les vérités bibliques se dévoilent progressivement, nous sommes prêts et préparés à compléter ou à modifier notre credo (notre foi — notre croyance) à mesure que nous recevons plus de lumière de notre Référence.” — “La Tour de Garde”, avril 1882, page 7 (en anglais).
[Encadré, pages 144, 145]
Les croyances des Témoins de Jéhovah
◆ La Bible est la Parole inspirée de Dieu (2 Tim. 3:16, 17).
Son contenu ne se réduit pas à de l’histoire ou à des idées humaines, mais constitue la parole de Dieu, consignée pour notre bien (2 Pierre 1:21; Rom. 15:4; 1 Cor. 10:11).
◆ Jéhovah est le seul vrai Dieu (Ps. 83:18; Deut. 4:39).
Jéhovah est le Créateur de toutes choses, et à ce titre il est le seul à mériter l’adoration (Rév. 4:11; Luc 4:8).
Jéhovah est le Souverain de l’univers, celui à qui nous devons une totale obéissance (Actes 4:24; Dan. 4:17; Actes 5:29).
◆ Jésus Christ est le Fils unique de Dieu, le seul à avoir été créé directement par Dieu lui-même (1 Jean 4:9; Col. 1:13-16).
Jésus a été la première création de Dieu; par conséquent, avant d’être conçu et de naître homme, il a vécu au ciel (Rév. 3:14; Jean 8:23, 58).
Jésus adore son Père qui est pour lui le seul vrai Dieu; il n’a jamais prétendu être l’égal de Dieu (Jean 17:3; 20:17; 14:28).
Jésus a donné sa vie humaine parfaite en rançon pour le genre humain. Son sacrifice rend la vie éternelle possible pour tous ceux qui ont vraiment foi en ce sacrifice (Marc 10:45; Jean 3:16, 36).
Jésus a été relevé d’entre les morts comme personne spirituelle immortelle (1 Pierre 3:18; Rom. 6:9).
Jésus est de retour (en ce sens qu’il dirige son attention vers la terre depuis qu’il est Roi) et il est actuellement présent en tant qu’esprit revêtu de gloire (Mat. 24:3, 23-27; Jean 14:19).
◆ Satan est le “chef [invisible] de ce monde”. (Jean 12:31; 1 Jean 5:19.)
À l’origine, il était un fils parfait de Dieu, mais il a laissé l’orgueil se développer dans son cœur, a convoité l’adoration qui revenait uniquement à Jéhovah et a entraîné Adam et Ève à lui obéir à lui au lieu d’écouter Dieu. C’est ainsi qu’il s’est fait Satan, qui signifie “Adversaire”. (Jean 8:44; Gen. 3:1-5; voir Deutéronome 32:4, 5; Jacques 1:14, 15; Luc 4:5-7.)
Satan “égare la terre habitée tout entière”; lui et ses démons sont responsables de la grande détresse que connaît la terre en ce temps de la fin (Rév. 12:7-9, 12).
Au moment fixé par Dieu, Satan et ses démons seront détruits pour toujours (Rév. 20:10; 21:8).
◆ Le Royaume de Dieu et du Christ remplacera tous les gouvernements humains et deviendra le seul gouvernement de toute l’humanité (Dan. 7:13, 14).
L’actuel système de choses méchant sera complètement détruit (Dan. 2:44; Rév. 16:14, 16; És. 34:2).
Le Royaume de Dieu dominera avec justice et apportera la paix véritable à ses sujets (És. 9:6, 7; 11:1-5; 32:17; Ps. 85:10-12).
Les méchants seront retranchés pour toujours, et les adorateurs de Jéhovah connaîtront une sécurité durable (Prov. 2:21, 22; Ps. 37:9-11; Mat. 25:41-46; 2 Thess. 1:6-9; Michée 4:3-5).
◆ Nous vivons actuellement, depuis 1914d, au “temps de la fin” de ce monde méchant (Mat. 24:3-14; 2 Tim. 3:1-5; Dan. 12:4).
Pendant cette période, un témoignage est donné à toutes les nations; après cela viendra la fin, non du globe terrestre, mais du système méchant et des impies (Mat. 24:3, 14; 2 Pierre 3:7; Eccl. 1:4).
◆ Il n’y a qu’un chemin menant à la vie; Dieu n’approuve pas toutes les religions ou pratiques religieuses (Mat. 7:13, 14; Jean 4:23, 24; Éph. 4:4, 5).
Le vrai culte accorde de l’importance, non à des actes rituels et tout extérieurs, mais au véritable amour de Dieu, qui se traduit par l’obéissance à ses commandements et par l’amour du prochain (Mat. 15:8, 9; 1 Jean 5:3; 3:10-18; 4:21; Jean 13:34, 35).
Des gens de toutes nations, races et langues peuvent servir Jéhovah et avoir son approbation (Actes 10:34, 35; Rév. 7:9-17).
La prière doit être adressée seulement à Jéhovah par l’intermédiaire de Jésus; il n’y a pas lieu d’utiliser des images comme objets pieux ou comme supports du culte (Mat. 6:9; Jean 14:6, 13, 14; 1 Jean 5:21; 2 Cor. 5:7; 6:16; És. 42:8).
Il faut fuir les pratiques spirites (Gal. 5:19-21; Deut. 18:10-12; Rév. 21:8).
Chez les vrais chrétiens, il n’y a pas deux classes: le clergé et les laïcs (Mat. 20:25-27; 23:8-12).
Le vrai christianisme ne prescrit pas, pour le salut, l’observance du sabbat hebdomadaire ni la soumission à d’autres exigences de la Loi mosaïque; observer ces choses reviendrait à rejeter le Christ, qui a accompli la Loi (Gal. 5:4; Rom. 10:4; Col. 2:13-17).
Ceux qui pratiquent le vrai culte ne s’engagent pas dans l’œcuménisme (2 Cor. 6:14-17; Rév. 18:4).
Tout vrai disciple de Jésus se fait baptiser par immersion complète (Mat. 28:19, 20; Marc 1:9, 10; Actes 8:36-38).
Tous ceux qui suivent l’exemple de Jésus et obéissent à ses commandements rendent témoignage à autrui au sujet du Royaume de Dieu (Luc 4:43; 8:1; Mat. 10:7; 24:14).
◆ La mort est une conséquence du péché que nous a légué Adam (Rom. 5:12; 6:23).
À la mort, c’est l’âme elle-même qui meurt (Ézéch. 18:4).
Les morts ne sont conscients de rien (Ps. 146:4; Eccl. 9:5, 10).
L’enfer (Schéol, Hadès) est la tombe où vont tous les humains (Job 14:13, “Dy”; Rév. 20:13, 14, “KJ”, note marginale).
Le ‘lac de feu’ dans lequel les méchants impénitents sont relégués signifie, comme le dit la Bible elle-même, la “seconde mort”, la mort définitive (Rév. 21:8).
La résurrection est l’espoir pour les morts et pour ceux à qui la mort a enlevé des êtres chers (1 Cor. 15:20-22; Jean 5:28, 29; voir Jean 11:25, 26, 38-44; Marc 5:35-42).
La mort due au péché adamique ne sera plus (1 Cor. 15:26; És. 25:8; Rév. 21:4).
◆ Seulement 144 000 personnes, un “petit troupeau”, vont au ciel (Luc 12:32; Rév. 14:1, 3).
Ce sont ceux qui sont ‘nés de nouveau’ en tant que fils spirituels de Dieu (Jean 3:3; 1 Pierre 1:3, 4).
Dieu les choisit d’entre tous les peuples et nations pour être rois avec le Christ dans le Royaume (Rév. 5:9, 10; 20:6).
◆ Les autres personnes qui ont l’approbation de Dieu vivront éternellement sur la terre (Ps. 37:29; Mat. 5:5; 2 Pierre 3:13).
La terre ne sera plus jamais détruite ni dépeuplée (Ps. 104:5; És. 45:18).
En harmonie avec le dessein originel de Dieu, toute la terre deviendra un paradis (Gen. 1:27, 28; 2:8, 9; Luc 23:42, 43).
Il y aura des maisons décentes et une abondance de nourriture pour le plaisir de chacun (És. 65:21-23; Ps. 72:16).
La maladie, toutes les infirmités et la mort elle-même n’existeront plus (Rév. 21:3, 4; És. 35:5, 6).
◆ Il faut accorder le respect qui leur est dû aux autorités de ce monde (Rom. 13:1-7; Tite 3:1, 2).
Les vrais chrétiens ne suivent pas le mouvement de rébellion contre les autorités gouvernementales (Prov. 24:21, 22; Rom. 13:1).
Ils obéissent à toutes les lois qui ne s’opposent pas à la loi de Dieu; la loi de Dieu a néanmoins la priorité (Actes 5:29).
Ils imitent Jésus en restant neutres vis-à-vis des affaires politiques du monde (Mat. 22:15-21; Jean 6:15).
◆ Les chrétiens doivent se conformer aux règles de la Bible concernant le sang ainsi que la moralité sexuelle (Actes 15:28, 29).
C’est violer la loi de Dieu que d’introduire du sang dans son organisme par voie orale ou veineuse (Gen. 9:3-6; Actes 15:19, 20).
Les chrétiens doivent être purs moralement; pas plus l’ivrognerie ou la toxicomanie que la fornication, l’adultère et l’homosexualité ne doivent avoir de place dans leur vie (1 Cor. 6:9-11; 2 Cor. 7:1).
◆ Aux yeux des chrétiens, il est important d’être honnête et fidèle pour assumer ses responsabilités conjugales et familiales (1 Tim. 5:8; Col. 3:18-21; Héb. 13:4).
La malhonnêteté en parole ou dans les affaires, autant que l’hypocrisie, sont incompatibles avec la personnalité chrétienne (Prov. 6:16-19; Éph. 4:25; Mat. 6:5; Ps. 26:4).
◆ Afin que notre culte pour Jéhovah soit acceptable, il faut que nous l’aimions plus que tout (Luc 10:27; Deut. 5:9).
La chose la plus importante dans la vie d’un chrétien est de faire la volonté de Jéhovah, et donc d’honorer son nom (Jean 4:34; Col. 3:23; 1 Pierre 2:12).
Les chrétiens font le bien envers tous dans la mesure de leurs possibilités, mais ils reconnaissent qu’ils ont une obligation particulière envers leurs compagnons dans la foi; c’est donc eux qu’ils aident en priorité en cas de maladie ou de catastrophe (Gal. 6:10; 1 Jean 3:16-18).
L’amour de Dieu exige des vrais chrétiens qu’ils obéissent non seulement au commandement d’aimer leur prochain, mais aussi à celui qui leur enjoint de ne pas aimer le mode de vie immoral et matérialiste du monde. Les vrais chrétiens ne font pas partie du monde et s’abstiennent donc de toute activité qui les ferait adopter l’esprit du monde (Rom. 13:8, 9; 1 Jean 2:15-17; Jean 15:19; Jacq. 4:4).
[Note de l’encadré]
d Pour plus de détails, voir le livre “Que ton royaume vienne!”
[Illustrations, page 121]
Charles Russell a commencé à publier “La Tour de Garde” en 1879, à l’âge de 27 ans.
[Illustrations, page 125]
Isaac Newton et Henry Grew ont été de ceux qui, dans le passé, ne croyaient pas à la Trinité parce qu’elle n’était pas biblique.
[Illustrations, page 128]
Lors d’un débat public, Charles Russell a affirmé que les morts étaient réellement morts, qu’ils n’étaient vivants ni avec les anges ni avec les démons dans un lieu de désespoir.
Le Carnegie Hall d’Allegheny (Pennsylvanie) où les débats ont eu lieu.
[Illustration, page 130]
Charles Russell s’est rendu dans des grandes villes comme dans des petites pour dévoiler la vérité sur l’enfer.
[Illustration, page 131]
Quand Frederick Franz, étudiant à l’université, a appris la vérité sur la condition des morts, il a complètement changé d’objectifs.
[Illustration, page 135]
Les Étudiants de la Bible ont largement fait savoir que 1914 marquerait la fin des temps des Gentils, comme dans ce tract de l’AIÉB [Association internationale des Étudiants de la Bible] diffusé courant 1914.
[Illustrations, page 137]
En 1931, à l’aide du plus vaste réseau radiophonique ayant jamais existé jusqu’alors, Joseph Rutherford a montré que seul le Royaume de Dieu pourrait apporter un soulagement durable à l’humanité.
Le discours “Le Royaume, l’espérance du monde” a été radiodiffusé simultanément par 163 stations et retransmis en différé par 340 autres stations.
[Illustrations, page 142]
En raison de l’intérêt particulier que les Étudiants de la Bible portaient à la place qu’occupaient les Juifs dans les prophéties bibliques, en 1925 Alexander Macmillan s’embarquait pour la Palestine.
-
-
Comment ils ont adopté le nom de Témoins de JéhovahLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 11
Comment ils ont adopté le nom de Témoins de Jéhovah
SOUVENT, dans les premières décennies de leur histoire moderne, on les appelait simplement les Étudiants de la Bible. Quand on leur demandait le nom de leur organisation, nos frères disaient généralement: “Nous sommes chrétiens.” Dans La Tour de Garde, frère Russell a répondu à cette question en disant: “Nous ne nous séparons pas des autres chrétiens en adoptant un nom particulier. Nous nous contentons du nom de ‘chrétiens’ par lequel les premiers saints étaient connus.” — Édition anglaise de septembre 1888.
Dès lors, comment se fait-il que nous soyons connus aujourd’hui sous le nom de Témoins de Jéhovah?
Le nom de “chrétien”
Au Ier siècle comme à notre époque, les véritables disciples de Jésus Christ se désignaient eux-mêmes et désignaient leurs compagnons croyants par des expressions comme les “frères”, “les amis” et “la congrégation de Dieu”. (Actes 11:29; 3 Jean 14; 1 Cor. 1:2.) Ils parlaient aussi du Christ comme du “Maître” et d’eux comme des “esclaves de Christ Jésus” et des “esclaves de Dieu”. (Col. 3:24; Phil. 1:1; 1 Pierre 2:16.) Depuis, de telles dénominations sont largement utilisées et bien comprises dans la congrégation.
Au Ier siècle, le mode de vie axé sur la foi en Jésus Christ (et par extension la congrégation elle-même) était appelé “La Voie”. (Actes 9:2; 19:9.) Un certain nombre de traductions d’Actes 18:25 indiquent qu’on en parlait également comme de “la voie de Jéhovaha”. Par ailleurs, certaines personnes qui n’appartenaient pas à la congrégation l’appelaient par dérision “la secte des Nazaréens”. — Actes 24:5.
Vers 44 de notre ère, ou peu après, les fidèles disciples de Jésus Christ ont commencé à être appelés chrétiens. Certains prétendent que ce sont les gens n’appartenant pas à la congrégation qui, par moquerie, les ont surnommés chrétiens. Cependant, un certain nombre de lexicographes et de commentateurs de la Bible disent que le verbe utilisé en Actes 11:26 sous-entend une direction divine ou une révélation. C’est pourquoi, dans la Traduction du monde nouveau, le verset est rendu ainsi: “C’est d’abord à Antioche que, par la providence divine, les disciples furent appelés chrétiens.” (On trouve des traductions semblables dans Literal Translation of the Holy Bible, de Robert Young, édition révisée de 1898; The Simple English Bible, 1981, et New Testament, de Hugo McCord, 1988). Vers 58 de notre ère, le nom “chrétien” était bien connu, même des fonctionnaires romains. — Actes 26:28.
Du vivant des apôtres du Christ, le nom de “chrétien” a été un terme distinctif et spécifique (1 Pierre 4:16). Tous ceux qui se déclaraient chrétiens, mais qui se contredisaient par leurs croyances ou leur conduite, étaient exclus de la communauté chrétienne. Toutefois, conformément à ce que Jésus avait annoncé, après la mort des apôtres Satan a semé des graines qui ont produit de faux chrétiens; ceux-ci revendiquaient aussi le nom de chrétiens (Mat. 13:24, 25, 37-39). Quand la chrétienté apostate a eu recours à des conversions forcées, des gens sont devenus chrétiens de nom simplement pour échapper à la persécution. Avec le temps, tout Européen qui ne se déclarait pas juif, musulman ou athée était considéré comme chrétien, peu importe ses croyances ou sa conduite.
Surnoms donnés par dérision
À partir du XVIe siècle, cette situation a posé un problème aux réformateurs. Puisque le nom de “chrétien” était utilisé aussi improprement, comment pouvaient-ils se distinguer de ceux qui se disaient chrétiens comme eux?
Souvent, ils ont simplement consenti à adopter le sobriquet que leurs ennemis leur donnaient. Ainsi, en Allemagne, les théologiens qui s’opposaient à Martin Luther ont été les premiers à nommer ses disciples luthériens, d’après son nom. En Angleterre, ceux qui se sont joints à John Wesley ont été surnommés méthodistes parce qu’ils se montraient exceptionnellement précis et méthodiques dans l’observance de leurs devoirs religieux. Les baptistes ont refusé dans un premier temps le surnom d’anabaptistes (qui signifie “rebaptiseurs”), mais peu à peu ils ont adopté le nom de baptistes, une sorte de compromis.
Qu’en était-il des Étudiants de la Bible? Le clergé les appelait “Russellistes” ou “Rutherfordistes”. Cependant, l’adoption d’un nom de ce genre aurait favorisé un esprit sectaire. Il aurait été incompatible avec le reproche que l’apôtre Paul a adressé aux premiers chrétiens. Il a écrit: “Car quand quelqu’un dit: ‘Moi, j’appartiens à Paul!’, mais un autre: ‘Moi à Apollos!’, n’êtes-vous pas tout simplement des hommes [c’est-à-dire charnels et non spirituels dans votre façon de voir les choses]?” (1 Cor. 3:4). Certains surnommaient les Étudiants de la Bible “Auroristes du Millénium”; mais le Règne millénaire du Christ n’était qu’un des aspects de leurs enseignements. D’autres encore les désignaient par le nom de “Gens de la Watch Tower [Tour de Garde]”; mais cela ne convenait pas non plus, car La Tour de Garde n’était que l’une des publications au moyen desquelles ils répandaient les vérités bibliques.
La nécessité d’un nom bien distinct
Avec le temps, il est apparu clairement que la congrégation des serviteurs de Jéhovah ne pouvait se contenter du nom de “chrétiens”; elle avait vraiment besoin d’un nom bien distinct. Le sens du nom “chrétien” était faussé dans l’esprit du public, car ceux qui se disaient “chrétiens” n’avaient souvent qu’une vague idée, voire aucune, du genre de personne qu’avait été Jésus Christ, de ce qu’il avait enseigné et de ce qu’eux-mêmes devaient faire pour être vraiment ses disciples. En outre, plus nos frères comprenaient la Parole de Dieu, plus ils voyaient la nécessité de se séparer nettement des religions qui se réclamaient du christianisme.
Il est vrai qu’ils se présentaient souvent comme les Étudiants de la Bible et qu’à partir de 1910 ils ont utilisé le nom d’Étudiants internationaux de la Bible en rapport avec leurs réunions. En 1914, pour éviter la confusion avec l’association déclarée formée peu de temps auparavant, l’Association internationale des Étudiants de la Bible, ils ont donné l’appellation “Étudiants associés de la Bible” à leurs groupes locaux. Cependant, leur culte ne se limitait pas à l’étude de la Bible. De plus, d’autres personnes étudiaient aussi la Bible — certaines avec sincérité, d’autres en détracteurs — et beaucoup ne voyaient en elle qu’un ouvrage littéraire. Après la mort de frère Russell, certains de ses anciens associés ont refusé de coopérer avec la Société Watch Tower et l’Association internationale des Étudiants de la Bible; ils se sont même opposés à l’œuvre de ces organisations. Ces groupes dissidents ont utilisé différents noms, et certains ont gardé l’appellation “Étudiants associés de la Bible”, ce qui a ajouté à la confusion.
Puis, en 1931, nous avons pris le nom véritablement distinctif de “Témoins de Jéhovah”. Chandler Sterling en a parlé comme du “plus grand trait de génie” de Joseph Rutherford, alors président de la Société. D’après cet auteur, il s’agissait d’une manœuvre intelligente qui, non seulement donnait au groupe un nom officiel, mais lui permettait aussi d’interpréter aisément toutes les références bibliques au “témoin” et au “témoignage” comme s’appliquant particulièrement aux Témoins de Jéhovah. En revanche, Alexander Macmillan, qui a collaboré avec trois présidents de la Société, a dit à propos de cette annonce faite par frère Rutherford: “Il n’y a jamais eu de doute dans mon esprit — ni alors ni maintenant — que c’est le Seigneur qui l’avait guidé en cette affaire et que tel est le nom que Jéhovah veut que nous portions, et nous sommes très heureux de l’avoir.” Quelle opinion les faits ont-ils corroborée? Ce nom était-il ‘un trait de génie’ de frère Rutherford ou son choix avait-il été guidé par la providence divine?
Ce qui a conduit à ce nom
C’est au VIIIe siècle avant notre ère que Jéhovah a fait écrire à Ésaïe: “‘Vous êtes mes témoins’, telle est la déclaration de Jéhovah, ‘oui, mon serviteur que j’ai choisi, afin que vous sachiez et ayez foi en moi, et que vous compreniez que je suis le Même. Avant moi aucun Dieu ne fut formé, et après moi il continua de n’y en avoir aucun. (...) Vous êtes donc mes témoins’, telle est la déclaration de Jéhovah, ‘et je suis Dieu.’” (És. 43:10, 12). Comme le montrent les Écritures grecques chrétiennes, de nombreuses prophéties consignées par Ésaïe se sont accomplies sur la congrégation chrétienne (comparer Ésaïe 8:18 avec Hébreux 2:10-13; Ésaïe 66:22 avec Révélation 21:1, 2). Pourtant, Ésaïe 43:10, 12 n’a jamais été commenté en détail dans La Tour de Garde au cours des 40 premières années de sa publication.
Toutefois, par la suite, leur étude des Écritures a amené les serviteurs de Jéhovah à diriger leur attention sur des faits nouveaux et importants. Le Royaume de Dieu dirigé par Jésus, le Roi messianique, était né dans les cieux en 1914. En 1925, l’année où ce point a été éclairci dans les colonnes de La Tour de Garde, le commandement prophétique d’être des témoins de Jéhovah, contenu en Ésaïe chapitre 43, a été mentionné dans 11 numéros du périodique.
L’article principal de La Tour de Garde du 1er janvier 1926 en anglais (mars 1926 en français) soulevait cette question: “Qui honorera Jéhovah?” Au cours des cinq années suivantes, Ésaïe 43:10-12 a été examiné en entier ou en partie dans 46 numéros différents de La Tour de Garde et appliqué à chaque fois aux véritables chrétiensb. En 1929, il a été souligné que la question primordiale qui se posait à toutes les créatures intelligentes concernait l’honneur à rendre au nom de Jéhovah. Et Ésaïe 43:10-12 a été analysé à plusieurs reprises en rapport avec la responsabilité des serviteurs de Jéhovah vis-à-vis de cette question.
Ainsi, les faits montrent que, grâce à l’étude de la Bible, il a été signalé maintes fois qu’ils avaient l’obligation d’être des témoins de Jéhovah. Ce n’était pas le nom d’un groupe qui importait, mais l’œuvre que ce groupe devait accomplir.
Mais sous quel nom ces témoins devaient-ils être connus? Quel nom était approprié eu égard à l’œuvre qu’ils accomplissaient? À quelle conclusion la Parole de Dieu conduisait-elle? Ces questions ont été traitées lors de l’assemblée de Columbus (Ohio, États-Unis) qui s’est tenue du 24 au 30 juillet 1931.
Un nouveau nom
Les lettres J W (initiales de “Jehovah’s Witnesses” [“Témoins de Jéhovah” en anglais]) figuraient en gros sur la couverture du programme de l’assemblée. Que représentaient-elles? Leur signification n’a été révélée que le dimanche 26 juillet. Ce jour-là, frère Rutherford a prononcé le discours public intitulé “Le Royaume, l’espérance du monde”. Dans ce discours, parlant de ceux qui se révèlent être des proclamateurs du Royaume, il a tout particulièrement utilisé le nom de Témoins de Jéhovah.
Un peu plus tard dans la journée, frère Rutherford a prononcé un autre discours, dans lequel il a expliqué pourquoi il fallait un nom distinctifc. Quel nom les Écritures indiquaient-elles? L’orateur a cité Actes 15:14 qui met l’accent sur le dessein de Dieu de tirer des nations “un peuple pour son nom”. Dans son discours, il a souligné le fait que, selon Révélation 3:14, Jésus Christ est “le témoin fidèle et vrai”. Il a mentionné Jean 18:37, où Jésus a déclaré: “Je suis venu dans le monde pour ceci: pour rendre témoignage à la vérité.” Il a rappelé 1 Pierre 2:9, 10, où il est écrit que les serviteurs de Dieu doivent ‘proclamer les vertus de celui qui les a appelés des ténèbres à son étonnante lumière’. Il a raisonné sur de nombreux textes d’Ésaïe, qui n’étaient pas encore tous clairement compris à cette époque, puis il a conclu son discours avec Ésaïe 43:8-12, qui contient cette instruction divine: “‘Vous êtes donc mes témoins’, telle est la déclaration de Jéhovah, ‘et je suis Dieu.’” À quelle conclusion la Parole de Jéhovah les conduisait-elle donc? Quel nom s’accorderait avec la façon dont Dieu les utilisait?
La réponse évidente a été donnée dans une résolution qui a été adoptée avec enthousiasme à cette occasiond. La résolution stipulait entre autres:
“Afin que notre position exacte puisse être déterminée et connue — et nous croyons agir ainsi en harmonie avec la volonté de Dieu telle qu’elle est exprimée dans sa Parole —, QU’IL SOIT RÉSOLU ce qui suit:
“QUE nous avons un grand amour pour frère Charles Russell, à cause de son œuvre, et que nous reconnaissons volontiers que le Seigneur s’est servi de lui et a grandement béni son travail; que néanmoins, conformément à l’enseignement de la Parole de Dieu, nous ne pouvons consentir à être appelés par le nom de ‘Russellistes’; que la Tour de Garde, Société de Bibles et de Traités, l’Association internationale des Étudiants de la Bible et [l’Association de la Tribune du peuple] sont simplement des noms [d’associations], que nous soutenons, dirigeons et dont nous nous servons, en tant que chrétiens, pour l’accomplissement de l’œuvre que nous avons entreprise par obéissance aux commandements de Dieu; que cependant aucun de ces noms ne peut s’attacher ni être justement appliqué à nous en tant que groupe de chrétiens, qui marchons sur les traces de notre Seigneur et Maître, Christ Jésus; que nous sommes des étudiants de la Bible, mais que, en tant que communauté de chrétiens constitués en association, nous ne consentons pas à être appelés du nom d’‘Étudiants de la Bible’, ou de noms semblables, comme moyen d’identification de notre position devant le Seigneur; que, d’autre part, notre groupement refuse de porter le nom de quelque homme que ce soit;
“QUE, ayant été rachetés par le sang précieux de Jésus Christ, notre Seigneur et Rédempteur, et ayant été justifiés et engendrés par Jéhovah Dieu et appelés à son Royaume, nous proclamons, sans hésiter, notre fidélité et notre obéissance absolues à Jéhovah Dieu et à son Royaume; que nous sommes des serviteurs de Jéhovah Dieu, chargés d’accomplir une œuvre en son nom et que c’est par obéissance à son commandement que nous rendons le témoignage de Jésus Christ et que nous faisons connaître aux hommes que Jéhovah est le Dieu Tout-Puissant et véritable. C’est pourquoi nous adoptons et porterons dorénavant joyeusement le nom que le Seigneur Dieu nous a donné de sa propre bouche et par lequel nous désirons être connus et appelés, c’est-à-dire le nom de: Témoins de Jéhovah. — Ésaïe 43:10-12e.”
Le tonnerre d’applaudissements qui a salué la présentation de cette résolution démontrait que l’assistance approuvait entièrement ce qui avait été déclaré.
Nous acceptons la responsabilité
Quel honneur de porter le nom du seul vrai Dieu, du Souverain de l’univers! Cependant, ce nom s’accompagne d’une responsabilité, une responsabilité que refusent les autres groupes religieux. Frère Rutherford l’a dit dans son discours: “Heureux ceux qui peuvent porter un nom que personne au monde ne veut porter à part ceux qui se sont dévoués corps et âme au service de Jéhovah.” Et pourtant, combien il est approprié que les serviteurs de Jéhovah portent Son nom personnel, qu’ils le fassent connaître, et que celui-ci soit éminemment lié à la proclamation de son dessein!
Tout groupe ou tout individu qui parle au nom de Jéhovah se fait un devoir de transmettre sa parole avec véracité (Jér. 23:26-28). Il doit faire connaître les dispositions que Jéhovah a prises pour le bien de ceux qui aiment la justice, mais également les jugements qu’il prononce contre ceux qui pratiquent l’injustice. Comme Jéhovah l’a ordonné à ses prophètes des temps passés, ses témoins aujourd’hui ne doivent retrancher aucun élément de sa parole en s’abstenant de le faire connaître (Jér. 1:17; 26:2; Ézéch. 3:1-11). Ils doivent proclamer à la fois “l’année de bienveillance de la part de Jéhovah et le jour de vengeance de la part de notre Dieu”. (És. 61:1, 2.) Ceux qui ont adopté la résolution présentée plus haut ont reconnu qu’ils avaient cette responsabilité, et dans la dernière partie de cette résolution, ils ont déclaré:
“En notre qualité de témoins de Jéhovah, notre seul et unique but est d’obéir entièrement à ses commandements; de le faire connaître pour le seul Dieu vrai et Tout-Puissant; de proclamer que sa Parole est véridique et que son nom a droit à tout honneur et à toute gloire; que Christ est Roi de par la volonté de Dieu; qu’il a été placé par [Jéhovah] sur le trône de l’autorité; que son règne est maintenant venu et que, par obéissance aux commandements du Seigneur, il nous faut désormais propager cette bonne nouvelle comme un témoignage rendu à la face de toutes les nations; que nous devons faire connaître aux dirigeants et aux peuples tout ce dont se compose l’organisation cruelle et oppressive de Satan, et notamment la ‘chrétienté’, qui est l’élément le plus nocif de la partie visible de cette organisation; que nous devons révéler également le dessein de Dieu de détruire sous peu l’organisation du Diable, acte qui entraînera immédiatement à sa suite la paix, la prospérité, la liberté, la santé, le bonheur et la vie éternelle, bénédictions que Christ, le Roi, apportera aux peuples obéissants de la terre; que le Royaume de Dieu est l’unique espérance du monde et que ce message doit être annoncé par ceux qui sont reconnus comme témoins de Jéhovah.
“Nous prions humblement toutes les personnes qui ont fait vœu de fidélité à Jéhovah et à son royaume de prendre part avec nous à la proclamation universelle de cette bonne nouvelle, afin que l’étendard du Seigneur, étendard de justice, puisse être dressé bien haut et que les peuples de la terre sachent désormais de quel côté se tourner pour trouver la vérité et l’espoir de la délivrance; et, par-dessus tout, afin que le grand et saint nom de Jéhovah puisse être justifié et exalté.”
L’annonce de ce nouveau nom a été accueillie par des salves d’applaudissements non seulement en Amérique, c’est-à-dire à Columbus (Ohio), mais jusqu’en Australie. Au Japon, après des heures d’efforts, un petit groupe, qui s’était réuni au milieu de la nuit, a réussi à capter sur une radio à ondes courtes une partie du programme qui a immédiatement été traduite. Ainsi, ce petit groupe a entendu la résolution et le tonnerre d’applaudissements. Matsue Ishii était présente, et plus tard elle a écrit que tous ceux du groupe ‘avaient poussé un cri de joie à l’unisson avec leurs frères d’Amérique’. Après la grande assemblée de Columbus, les Témoins de Jéhovah, dans tous les pays où il y en avait, réunis en assemblées ou en congrégations, ont montré qu’ils approuvaient entièrement cette résolution. Pour ne citer qu’un exemple, de Norvège est parvenu ce rapport: “Lors de notre assemblée annuelle (...) à Oslo, nous nous sommes tous levés et nous avons crié ‘Ja’ avec enthousiasme quand nous avons adopté notre nouveau nom de ‘témoins de Jéhovah’.”
Pas une simple étiquette
Le monde en général a-t-il su que nos frères avaient adopté un nouveau nom? Oui, et comment! Le discours qui, pour la première fois, annonçait le nom a été prononcé sur le plus vaste réseau radiophonique jamais mis en place à l’époque. En outre, le texte de la résolution relative au nouveau nom a été reproduit dans la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde. Après l’assemblée, les Témoins de Jéhovah ont diffusé des millions d’exemplaires de cette brochure en de nombreuses langues en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Afrique, en Asie et dans certaines îles. Non seulement ils ont présenté cette brochure de maison en maison, mais ils se sont efforcés d’en remettre un exemplaire en main propre à tous les hauts fonctionnaires, hommes d’affaires importants et ecclésiastiques. Des Témoins toujours en vie en 1992 se souviennent très bien d’avoir participé à cette campagne de grande envergure.
Tous n’ont pas fait bon accueil à la brochure. Eva Abbott se rappelle qu’un jour où elle quittait la maison d’un ecclésiastique aux États-Unis, la brochure a volé au-dessus d’elle et a atterri sur le sol. Elle l’a ramassée, car elle ne voulait pas la laisser là; mais un énorme chien est arrivé en grognant, lui a arraché la brochure des mains et l’a rapportée à son maître, le pasteur. Elle dit: “Ce que je n’avais pas pu faire, le chien l’a fait!”
Martin Poetzinger qui, par la suite, est devenu membre du Collège central des Témoins de Jéhovah, a raconté: “À chaque porte, les gens prenaient un air surpris quand nous nous présentions en disant: ‘Aujourd’hui, je viens vous voir en ma qualité de témoin de Jéhovah.’ Ils secouaient la tête ou disaient: ‘N’êtes-vous plus Étudiant de la Bible? Ou seriez-vous membre d’une nouvelle secte?’” Mais peu à peu la situation a changé. Plusieurs dizaines d’années après que les Témoins de Jéhovah ont commencé à utiliser leur nom distinctif, frère Poetzinger a dit: “Quel changement! Je n’ai pas le temps de dire une parole [que les gens] me disent: ‘Vous êtes certainement témoin de Jéhovah.’” De fait, ils connaissent ce nom maintenant.
Ce nom n’est pas une simple étiquette. Jeune ou moins jeune, homme ou femme, chaque Témoin de Jéhovah participe à l’œuvre qui consiste à rendre témoignage à Jéhovah et à son grand dessein. De sorte que Charles Braden, professeur d’histoire de la religion, a écrit: “Les Témoins de Jéhovah ont littéralement rempli la terre de leur témoignage.” — These also believe (Ceux-ci croient aussi).
Certes, avant qu’ils n’adoptent le nom de Témoins de Jéhovah, nos frères donnaient déjà le témoignage sur toute la terre, mais, avec le recul, il semble que Jéhovah les préparait en vue d’une œuvre encore plus importante, le rassemblement d’une grande foule qui passerait vivante Harmaguédon, avec la possibilité de vivre éternellement sur la terre transformée en paradis.
[Notes]
a Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau; A Literal Translation of the New Testament (...) From the Text of the Vatican Manuscript, de Herman Heinfetter et six traductions en hébreu. Voir aussi la note sur Actes 19:23 dans Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau.
b Parmi les principaux articles de La Tour de Garde publiés durant cette période, citons “Jéhovah et ses œuvres”, “Honorez son nom”, “Un peuple pour son nom”, “Son nom est élevé”, “Témoin fidèle et véritable”, “Louez Jéhovah!”, “Mets ton plaisir en Jéhovah”, “Jéhovah, l’Être suprême”, “La justification de son nom”, “Son nom” et “Chantez à Jéhovah!”.
c Voir l’article “Un nouveau nom”, dans La Tour de Garde de janvier 1932 (1er octobre 1931 en angl.).
d La Tour de Garde de décembre 1931, p. 184.
e Certes, tout prouvait que Jéhovah avait dirigé le choix de ce nom “Témoins de Jéhovah”, mais, par la suite, La Tour de Garde (1er février 1944, pp. 42, 43 [angl.]; 15 juillet 1958, p. 223 [1er octobre 1957, p. 607 en angl.]) et le livre “De nouveaux cieux et une nouvelle terre” (pp. 227-233) ont expliqué qu’il ne s’agissait pas du “nom nouveau” dont parlent Ésaïe 62:2; 65:15 et Révélation 2:17, bien qu’il soit conforme aux relations nouvelles dont il est question dans les deux textes d’Ésaïe.
[Entrefilet, page 149]
‘C’est par la providence divine que les disciples furent appelés chrétiens.’
[Entrefilet, page 150]
Le sens du nom “chrétien” était faussé dans l’esprit du public.
[Entrefilet, page 151]
Ils étaient plus que des Étudiants de la Bible.
[Entrefilet, page 157]
“‘Vous êtes donc mes témoins’, telle est la déclaration de Jéhovah, ‘et je suis Dieu.’”
[Encadré, page 151]
Le nom Témoins de Jéhovah en Amérique
Anglais Jehovah’s Witnesses
Arabe شهود يهوه
Arménien Եհովայի Վկաներ
Chinois 耶和華見證人
Coréen 여호와의 증인
Espagnol Testigos de Jehová
Français Témoins de Jéhovah
Grec Μάρτυρες του Ιεχωβά
Groenlandais Jehovap Nalunaajaasui
Italien Testimoni di Geova
Japonais エホバの証人
Papiamento Testigonan di Jehova
Polonais Świadkowie Jehowy
Portugais Testemunhas de Jeová
Samoan Molimau a Ieova
Sranan tongo Jehovah Kotoigi
Tagalog Mga Saksi ni Jehova
Vietnamien Nhân-chứng Giê-hô-va
[Encadré, page 152]
D’autres l’ont vu
“La Tour de Garde” n’a pas été la seule à faire remarquer que, selon la Bible, Jéhovah aurait des témoins sur la terre. Par exemple, dans son livre “Lectures on Daniel the Prophet” (Sermons sur le prophète Daniel) (première édition, 1911), H. Ironside parlait de ceux sur qui s’accompliraient les belles promesses de Jéhovah consignées en Ésaïe 43; il a déclaré: “Ils seront les témoins de Jéhovah, qui rendront témoignage à l’autorité et à la gloire du seul vrai Dieu, lorsque la chrétienté apostate se sera abandonnée au fantasme consistant à croire au mensonge de l’Antichrist.”
[Encadré, page 153]
Le nom Témoins de Jéhovah en Orient et dans les îles du Pacifique
Anglais Jehovah’s Witnesses
Bengali যিহোবার সাক্ষিরা
Bichlamar Ol Wetnes blong Jeova
Bicol, cebuano,
hiligaynon,
samar-leyte,
Tagalog Mga Saksi ni Jehova
Chinois 耶和華見證人
Cinghalais යෙහෝවාගේ සාක්ෂිකරුවෝ
Coréen 여호와의 증인
Fidjien Vakadinadina i Jiova
Goujrati યહોવાહના સાક્ષીઓ
Hindi यहोवा के साक्षी
Hiri motu Iehova ena Witness Taudia
Iloko Dagiti Saksi ni Jehova
Indonésien Saksi-Saksi Yehuwa
Japonais エホバの証人
Kannada ಯೆಹೋವನ ಸಾಕ್ಷಿಗಳು
Malayalam യഹോവയുടെ സാക്ഷികൾ
Marathe यहोवाचे साक्षीदार
Marshall Dri Kennan ro an Jeova
Myama ယေဟောဝါသက်သေများ
Népali यहोवाका साक्षीहरू
Niue Tau Fakamoli a Iehova
Ourdou
Palauan reSioning er a Jehovah
Pangasinan Saray Tasi nen Jehova
Pidgin des îles
Salomon all’gether Jehovah’s Witness
Pidgin
mélanésien Ol Witnes Bilong Jehova
Ponape Sounkadehde kan en Siohwa
Rarotonga Au Kite o Iehova
Russe Свидетели Иеговы
Samoan,
tuvalu Molimau a Ieova
Tahitien Ite no Iehova
Tamoul யெகோவாவின் சாட்சிகள்
Télougou యెహోవాసాక్షులు
Thaï พยานพระยะโฮวา
Tongan Fakamo‘oni ‘a Sihova
Truk Ekkewe Chon Pwarata Jiowa
Vietnamien Nhân-chứng Giê-hô-va
Yap Pi Mich Rok Jehovah
[Encadré, page 154]
Le nom Témoins de Jéhovah en Afrique
Afrikaans Jehovah se Getuies
Amharique የይሖዋ ምሥክሮች
Anglais Jehovah’s Witnesses
Arabe شهود يهوه
Chichewa Mboni za Yehova
Efik Mme Ntiense Jehovah
Éwé Yehowa Ðasefowo
Français Témoins de Jéhovah
Ga Yehowa Odasefoi
Goun Kunnudetọ Jehovah tọn lẹ
Haoussa Shaidun Jehovah
Ibo Ndịàmà Jehova
Kikamba Inte sha kwa Yehova
Kiluba Ba Tumoni twa Yehova
Kinyarwanda Abahamya ba Yehova
Kirundi Ivyabona vya Yehova
Kisi Seiyaa Jɛhowaa
Kwanyama Eendombwedi daJehova
Lingala Batemwe ya Jéhovah
Luganda Abajulirwa ba Yakuwa
Malgache Vavolombelon’i Jehovah
Mooré A Zeova Kaset rãmba
Ndonga Oonzapo dhaJehova
Portugais Testemunhas de Jeová
Sango A-Témoin ti Jéhovah
Sepedi Dihlatse tša Jehofa
Sesotho Lipaki tsa Jehova
Shona Zvapupu zvaJehovha
Silozi Lipaki za Jehova
Swahili Mashahidi wa Yehova
Tigrigna ናይ የሆዋ መሰኻኽር
Tshiluba Bantemu ba Yehowa
Tsonga Timbhoni ta Yehova
Tswana Basupi ba ga Jehofa
Twi Yehowa Adansefo
Venda Ṱhanzi dza Yehova
Xhosa amaNgqina kaYehova
Yoruba Ẹlẹ́rìí Jehofa
Zoulou oFakazi BakaJehova
[Encadré, page 154]
Le nom Témoins de Jéhovah en Europe et au Proche-Orient
Albanais Dëshmitarët e Jehovait
Allemand Jehovas Zeugen
Anglais Jehovah’s Witnesses
Arabe شهود يهوه
Arménien Եհովայի Վկաներ
Bulgare Свидетелите на Йехова
Croate Jehovini svjedoci
Danois Jehovas Vidner
Espagnol Testigos de Jehová
Estonien Jehoova tunnistajad
Finnois Jehovan todistajat
Français Témoins de Jéhovah
Grec Μάρτυρες του Ιεχωβά
Hébreu עדי־יהוה
Hongrois Jehova Tanúi
Islandais Vottar Jehóva
Italien Testimoni di Geova
Macédonien,
serbe Јеховини сведоци
Maltais Xhieda ta’ Jehovah
Néerlandais Jehovah’s Getuigen
Norvégien Jehovas vitner
Polonais Świadkowie Jehowy
Portugais Testemunhas de Jeová
Roumain Martorii lui Iehova
Russe Свидетели Иеговы
Slovaque Jehovovi svedkovia
Slovène Jehovove priče
Suédois Jehovas vittnen
Tchèque svĕdkové Jehovovi
Turc Yehova’nın Şahitleri
Ukrainien Свідки Єгови
[Illustrations, page 155]
Les initiales J W (sans explication) étaient bien en vue à l’assemblée de 1931. Leur signification a été révélée dans un discours vibrant sur le nouveau nom.
[Illustrations, page 156]
Ils étaient fiers d’informer tout le monde qu’ils étaient Témoins de Jéhovah.
-
-
La grande foule vivra-t-elle au ciel ou sur la terre?Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 12
La grande foule vivra-t-elle au ciel ou sur la terre?
CONTRAIREMENT aux adeptes des religions de la chrétienté, la plupart des Témoins de Jéhovah espèrent vivre éternellement, non au ciel, mais sur la terre. Pour quelle raison?
Il n’en a pas toujours été ainsi. Les chrétiens du Ier siècle attendaient le jour où ils régneraient avec le Christ en qualité de rois célestes (Mat. 11:12; Luc 22:28-30). Toutefois, Jésus leur avait dit que les héritiers du Royaume ne seraient qu’un “petit troupeau”. (Luc 12:32.) Qui en ferait partie? Combien seraient-ils? Ils n’ont appris ces détails que bien plus tard.
À la Pentecôte de l’an 33, les premiers disciples juifs de Jésus ont été oints d’esprit saint pour être cohéritiers avec le Christ. En l’an 36, l’opération de l’esprit saint leur a fait comprendre que des Gentils incirconcis auraient également part à cet héritage (Actes 15:7-9; Éph. 3:5, 6). Puis 60 autres années se sont écoulées avant que l’apôtre Jean n’apprenne par une révélation que seules 144 000 personnes seraient prises de la terre pour avoir part au Royaume céleste avec le Christ. — Rév. 7:4-8; 14:1-3.
Charles Russell et ses compagnons partageaient cette espérance, ainsi que la plupart des Témoins de Jéhovah jusqu’au milieu des années 30. Grâce à leur étude des Écritures, ils savaient également que l’onction de l’esprit ne signifiait pas seulement pour eux qu’ils étaient promis à devenir rois et prêtres avec le Christ dans le ciel, mais aussi qu’ils avaient une œuvre spéciale à accomplir tant qu’ils étaient dans la chair (1 Pierre 1:3, 4; 2:9; Rév. 20:6). De quelle œuvre s’agissait-il? Ils connaissaient bien et citaient souvent Ésaïe 61:1, où on lit: “L’esprit du Souverain Seigneur Jéhovah est sur moi, parce que Jéhovah m’a oint pour annoncer aux humbles une bonne nouvelle.”
Dans quel but prêchaient-ils?
Certes, ils étaient peu nombreux, mais ils s’efforçaient de communiquer la vérité sur Dieu et sur son dessein à un maximum de personnes. Ils imprimaient et distribuaient un grand nombre de publications qui annonçaient la bonne nouvelle relative aux dispositions pour le salut que Dieu avait prises par le moyen du Christ. Cependant, ils n’avaient nullement l’objectif de convertir tous ceux à qui ils prêchaient. Alors, pourquoi leur prêchaient-ils? La Tour de Garde, édition anglaise de juillet 1889, donnait cette explication: “Nous sommes ses représentants [ceux de Jéhovah] sur la terre; l’honneur de son nom doit être défendu en présence de ses ennemis et devant nombre de ses enfants trompés; son plan glorieux doit être annoncé partout en opposition avec tous les plans, reflets de la sagesse du monde, que les hommes se sont efforcés et s’efforcent encore d’inventer.”
Ceux qui prétendaient être le peuple du Seigneur et qui, pour la plupart, étaient membres des Églises de la chrétienté ont été l’objet d’une attention particulière. Quel était l’objectif de la prédication dans leur cas? Comme frère Russell l’a souvent expliqué, le désir des premiers Étudiants de la Bible n’était pas d’attirer les membres des Églises vers une autre organisation, mais de les aider à se rapprocher du Seigneur comme membres de la seule véritable Église. Les Étudiants de la Bible savaient toutefois que pour obéir à l’ordre consigné en Révélation 18:4 ces personnes devaient sortir de “Babylone”, qui, comprenaient-ils, représentait la prétendue Église, l’ensemble des Églises de la chrétienté avec tous leurs enseignements non bibliques et leurs divisions sectaires. Dans le tout premier numéro de La Tour de Garde (juillet 1879 en anglais), frère Russell a déclaré: “Nous comprenons que le présent témoignage a pour objet de ‘tirer un peuple pour son nom’ — l’Église — qui, lors de la venue du Christ, sera uni à lui et recevra son nom. — Rév. iii. 12.”
Ils comprenaient qu’à cette époque un seul “appel” s’offrait à tous les véritables chrétiens: l’invitation à faire partie de l’épouse du Christ, qui ne compterait finalement que 144 000 membres (Éph. 4:4; Rév. 14:1-5). Ils cherchaient à réveiller tous ceux qui, membres ou non d’une Église, professaient la foi dans le sacrifice rédempteur du Christ, afin de leur faire comprendre “les précieuses et très grandes promesses” de Dieu (2 Pierre 1:4; Éph. 1:18). Ils s’efforçaient de ranimer leur zèle pour qu’ils se conforment à ce qui est requis du petit troupeau des héritiers du Royaume. Afin de fortifier la spiritualité de tous ceux-là, qu’ils considéraient comme “la famille de la foi” (parce qu’ils professaient la foi en la rançon), frère Russell et ses compagnons ont diligemment cherché à fournir la “nourriture [spirituelle] au temps convenable” dans les pages de La Tour de Garde et d’autres publications bibliques. — Gal. 6:10, KJ; Mat. 24:45, 46, Sg.
Toutefois, ils constataient que tous ceux qui prétendaient s’être ‘consacrés’ (ou ‘s’être donnés entièrement au Seigneur’, selon le sens qu’ils attribuaient à ce terme) ne continuaient pas ensuite à mener une vie d’abnégation en accordant la priorité dans leur existence au service du Seigneur. Pourtant, comme ils l’expliquaient, les chrétiens consacrés avaient accepté de bon gré de renoncer à la nature humaine, en pensant à leur héritage céleste. Ils ne pouvaient pas reculer; s’ils n’obtenaient pas la vie dans le domaine spirituel, c’est la seconde mort qui les attendait (Héb. 6:4-6; 10:26-29). Mais beaucoup de chrétiens apparemment consacrés choisissaient la voie de la facilité; ils ne manifestaient pas un zèle véritable pour la cause du Seigneur et ne cultivaient pas l’esprit de sacrifice. Néanmoins, ils ne semblaient pas avoir renié la rançon et menaient, somme toute, une vie pure. Qu’adviendrait-il de ces personnes?
Pendant longtemps, les Étudiants de la Bible ont pensé qu’il s’agissait du groupe décrit en Révélation 7:9, 14 (Sy) comme “une grande multitude” venue de la grande tribulation et se tenant debout “devant le trône” de Dieu et devant l’Agneau, Jésus Christ. Ils croyaient que même si ceux-là n’avaient pas mené une vie de sacrifice, ils subiraient des épreuves de leur foi jusqu’à la mort pendant une période de tribulation postérieure à la glorification des derniers membres de l’Épouse du Christ. Si les prétendus membres de la grande multitude demeuraient fidèles, croyaient les Étudiants de la Bible, ils seraient ressuscités pour la vie céleste, non pour gouverner en qualité de rois, mais afin d’être placés devant le trône. Ils se verraient accorder cette position secondaire parce qu’ils n’avaient pas eu un amour assez fervent pour le Seigneur, ni assez de zèle. Ces personnes, pensaient-ils, avaient été engendrées de l’esprit de Dieu, mais avaient négligé d’obéir à Dieu, peut-être en demeurant attachées aux Églises de la chrétienté.
Ils pensaient aussi que les “anciens dignitaires” qui seraient princes sur la terre durant l’âge millénaire se verraient peut-être accorder d’une façon ou d’une autre la vie céleste à la fin de cette période (Ps. 45:16). Ils se disaient qu’une perspective semblable attendait probablement quiconque se “consacrait” après le choix définitif des 144 000 héritiers du Royaume, mais avant le début de l’époque du rétablissement sur la terre. C’était, dans une certaine mesure, une survivance de la conception de la chrétienté selon laquelle tous les bons vont au ciel. Mais les Étudiants de la Bible étaient attachés à une croyance fondée sur les Écritures qui les différenciait de tous les adeptes de la chrétienté. De quelle croyance s’agissait-il?
La vie éternelle sur la terre dans la perfection
Les Étudiants de la Bible reconnaissaient que, si un nombre limité de personnes choisies parmi les humains recevaient la vie céleste, un nombre beaucoup plus grand se verraient accorder la vie éternelle sur la terre, dans des conditions semblables à celles qui existaient dans le Paradis d’Éden. Jésus avait enseigné à ses disciples à prier ainsi: “Que ta volonté se fasse, comme dans le ciel, aussi sur la terre.” Il avait dit également: “Heureux ceux qui sont doux de caractère, puisqu’ils hériteront de la terre.” — Mat. 5:5; 6:10.
En harmonie avec ces paroles, un tableaua publié dans un supplément de La Tour de Garde de juillet-août 1881 (en anglais) montrait que beaucoup d’humains obtiendraient la faveur de Dieu pendant le Règne millénaire du Christ et composeraient ‘le monde des humains relevé à l’état de vie et de perfection humaines’. Ce tableau a servi pendant des années de fondement à des discours présentés devant des groupes plus ou moins importants.
Dans quelles conditions les habitants de la terre vivraient-ils? La Tour de Garde de novembre 1912 (1er juillet 1912 en anglais) expliquait: “Avant l’apparition du péché dans le monde, la [disposition] divine pour nos premiers parents était le jardin d’Éden. En pensant à cela, tournons nos regards vers l’avenir, guidés par la Parole de Dieu; et dans une vision mentale, nous verrons le Paradis [rétabli], non simplement un jardin, mais la terre entière, rendue agréable, fructueuse, sans péché, heureuse, alors nous nous rappellerons la promesse inspirée, qui nous est si familière: — ‘Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus; il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur’; car les premières choses du péché et de la mort auront disparu et toutes choses seront faites nouvelles. — Apoc. 21:4, 5.”
Qui vivrait éternellement sur la terre?
Frère Russell ne voulait pas dire que Dieu proposait un choix aux humains: la vie éternelle soit dans les cieux, soit dans le Paradis terrestre, selon la préférence de chacun. La Tour de Garde du 15 septembre 1905 (en anglais) faisait remarquer ceci: “Ce ne sont pas nos sentiments et nos aspirations qui font l’appel. Autrement, cela voudrait dire que nous nous appelons nous-mêmes. À propos de notre prêtrise, l’apôtre déclare: ‘Nul homme ne s’approprie de soi-même cet honneur, mais (...) il est appelé par Dieu.’ (Héb. 5:4). Ce n’est donc pas dans nos sentiments qu’il faut rechercher ce qu’est l’appel de Dieu, mais dans sa Parole, sa révélation.”
Quant à la possibilité de vivre dans le Paradis rétabli sur la terre, d’après les Étudiants de la Bible, elle se présenterait seulement lorsque tous les membres du petit troupeau auraient reçu leur récompense et après l’inauguration de l’âge millénaire. Ce serait, pensaient-ils, le temps du “rétablissement de toutes choses”, comme le dit Actes 3:21. Les morts seraient même ressuscités, de sorte que tous bénéficieraient de cette disposition empreinte d’amour. Les frères s’imaginaient que tous les humains (excepté ceux qui avaient reçu l’appel céleste) se verraient alors offrir leur chance de choisir la vie. D’après eux, ce serait à ce moment-là que le Christ, sur son trône céleste, séparerait les gens les uns des autres, comme un berger sépare les brebis des chèvres (Mat. 25:31-46). Les personnes obéissantes, qu’elles soient Juives ou Gentiles, se révéleraient être les “autres brebis” du Seigneur. — Jean 10:16b.
Après la fin des temps des Gentils, ils pensaient que le temps du rétablissement était tout proche; c’est pourquoi, de 1918 à 1925, ils ont proclamé: “Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais.” En effet, ils avaient compris que des personnes alors en vie, l’humanité en général, pouvaient survivre et connaître le temps du rétablissement, puis être instruites des conditions requises par Jéhovah pour vivre. Si elles obéissaient, elles atteindraient peu à peu la perfection humaine. Si elles se rebellaient, elles seraient finalement détruites pour toujours.
À ces débuts, les frères n’imaginaient pas que le message du Royaume serait proclamé sur une telle échelle et aussi longtemps qu’il l’a été depuis. Néanmoins, ils continuaient à scruter les Écritures et s’efforçaient de suivre leurs indications en rapport avec l’œuvre que Dieu leur confiait.
“Les brebis” à la droite du Christ
L’explication de la parabole des brebis et des chèvres consignée en Matthieu 25:31-46 a marqué une étape importante dans la compréhension du dessein de Jéhovah. Dans cette parabole, Jésus a déclaré: “Quand le Fils de l’homme arrivera dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il s’assiéra sur son trône glorieux. Et devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des chèvres. Et il placera les brebis à sa droite, mais les chèvres à sa gauche.” La parabole montre ensuite que les “brebis” sont les personnes qui portent secours aux “frères” du Christ, et qui cherchent même à leur apporter un soulagement lorsqu’ils sont persécutés et emprisonnés.
On a longtemps pensé que cette parabole s’appliquait à l’âge millénaire, l’époque du rétablissement, et que le jugement final dont elle parle était celui qui aura lieu à la fin du Millénium. Toutefois, en 1923, Joseph Rutherford, président de la Société, a exposé les raisons d’une autre explication de cette parabole dans un discours instructif présenté à Los Angeles (Californie). Ce discours a été publié un peu plus tard dans La Tour de Garde de mars 1924 (15 octobre 1923 en anglais).
À propos de l’époque à laquelle cette parabole prophétique s’accomplirait, l’article montrait que Jésus l’avait incluse dans sa réponse à une question relative au ‘signe de sa présence et de la conclusion du système de choses’. (Mat. 24:3.) L’article expliquait pourquoi les “frères” mentionnés dans la parabole ne pouvaient être ni les Juifs de l’âge de l’Évangile, ni des humains faisant preuve de foi au cours de la période d’épreuve et de jugement qui dure mille ans, mais étaient plutôt ceux qui héritent avec le Christ du Royaume céleste. De ce fait, la parabole devait s’accomplir alors que des cohéritiers du Christ seraient encore dans la chair. — Voir Hébreux 2:10, 11.
Ce qu’avaient enduré les frères oints du Christ quand ils s’étaient efforcés de donner le témoignage au clergé et aux membres des Églises de la chrétienté indiquait aussi que la prophétie énoncée dans la parabole était déjà en cours d’accomplissement. Comment cela? De nombreux ecclésiastiques et membres éminents des Églises s’étaient montrés hostiles: ils ne leur avaient offert aucune coupe d’eau fraîche, ni littéralement, ni figurément parlant. Au contraire, certains avaient incité les foules à dépouiller les frères de leurs vêtements et à les battre; ou bien ils avaient demandé aux autorités de les emprisonner (Mat. 25:41-43). À l’inverse, beaucoup de personnes humbles, adeptes des Églises, avaient reçu avec joie le message du Royaume, offert à manger et à boire à ceux qui en étaient porteurs et fait de leur mieux pour aider les oints, même quand ils étaient emprisonnés à cause de la bonne nouvelle. — Mat. 25:34-36.
Pour autant que les Étudiants de la Bible pouvaient en juger, les “brebis” dont Jésus avaient parlé se trouvaient encore dans les Églises de la chrétienté. Il s’agissait, pensaient-ils, de personnes qui ne disaient pas être consacrées au Seigneur, mais qui avaient un profond respect pour Jésus Christ et pour son peuple. Cependant, pouvaient-elles rester membres des Églises?
Une prise de position ferme en faveur du culte pur
Une étude du livre prophétique d’Ézéchiel a jeté la lumière sur ce point. Le premier des trois tomes du commentaire intitulé Justification, publié en 1931, expliquait le sens de ce qu’Ézéchiel a écrit à propos de la fureur de Jéhovah contre le peuple apostat de Juda et de la Jérusalem antique. Certes, les habitants de Juda prétendaient servir le véritable Dieu vivant, mais ils avaient adopté les rites religieux des nations voisines. Ils offraient de l’encens à des idoles sans vie et, d’une manière scandaleuse, plaçaient leur confiance dans des alliances politiques, au lieu de faire preuve de foi en Jéhovah (Ézéch. 8:5-18; 16:26, 28, 29; 20:32). En tout cela, ils étaient exactement semblables à la chrétienté; c’est pourquoi, en toute logique, Jéhovah exécuterait son jugement contre la chrétienté comme il l’avait fait sur les habitants infidèles de Juda et de Jérusalem. Cependant, le chapitre 9 d’Ézéchiel montre qu’avant que Dieu n’exécute son jugement, certains seraient marqués pour la survie. Qui sont-ils?
La prophétie dit que les humains marqués seraient ceux “qui soupirent et gémissent au sujet de toutes les choses détestables qui se commettent” au sein de la chrétienté [ou Jérusalem antitypique] (Ézéch. 9:4). Il ne fait aucun doute que, dans ces conditions, ils ne participeraient pas délibérément à ces choses détestables. Le premier tome de Justification identifiait les personnes ayant la marque à celles qui refusent de faire partie des organisations religieuses de la chrétienté et qui, d’une certaine façon, prennent position pour le Seigneur.
Ces explications ont été suivies en 1932 d’un examen du récit biblique relatif à Jéhu et à Jonadab et de ses implications prophétiques. Jéhovah a établi Jéhu roi sur le royaume des dix tribus d’Israël et l’a chargé d’exécuter son jugement sur la maison inique d’Achab et de Jézabel. Alors que Jéhu se rendait en Samarie pour éliminer le culte de Baal, Jonadab, fils de Récab, est venu à sa rencontre. Jéhu a demandé à Jonadab: “Ton cœur est-il droit envers moi?” Jonadab a répondu: “Il l’est.” “Donne-moi ta main”, a dit Jéhu, et il a fait monter Jonadab sur son char. Puis Jéhu a dit: “Viens avec moi et vois que je ne tolère aucun acte de rivalité contre Jéhovah.” (2 Rois 10:15-28). Jonadab n’était pas israélite, mais il approuvait ce que faisait Jéhu. Il savait qu’il fallait vouer à Jéhovah, le vrai Dieu, un attachement exclusif (Ex. 20:4, 5). Des siècles plus tard, les descendants de Jonadab manifestaient toujours l’état d’esprit que Jéhovah approuvait. Aussi leur a-t-il fait cette promesse: “Point ne sera retranché de chez Jonadab, fils de Récab, un homme pour se tenir devant moi tout le temps.” (Jér. 35:19). La question suivante se posait donc: Y a-t-il de nos jours sur la terre des gens qui ne sont pas des Israélites spirituels dont l’héritage est céleste, mais qui sont semblables à Jonadab?
La Tour de Garde de novembre 1932 (1er août 1932 en anglais) répondait: “Jonadab représentait ou préfigurait cette classe de gens sur la terre (...) qui sont en désaccord avec l’organisation de Satan, prennent fait et cause pour la justice. Ils sont ceux que le Seigneur gardera pendant le trouble d’Harmaguédon, il les fera passer à travers ce trouble pour leur donner la vie éternelle sur la terre. Ils forment la classe des ‘brebis’, décidés à soutenir les oints de Dieu, sachant que ces derniers font le travail du Seigneur.” Ceux qui manifestaient un tel esprit étaient invités à prendre part à la proclamation du message du Royaume, à l’exemple des oints. — Rév. 22:17.
Certains (relativement peu nombreux à l’époque) qui s’étaient joints aux Témoins de Jéhovah se sont rendu compte que l’esprit de Dieu n’avait pas engendré en eux l’espérance de la vie céleste. On a fini par les appeler les Jonadabs car, à l’image du Jonadab des temps anciens, ils considéraient comme un honneur de faire cause commune avec les serviteurs oints de Jéhovah. Ils étaient heureux des privilèges auxquels la Parole de Dieu les destinait. Ces personnes qui avaient la perspective de ne jamais mourir seraient-elles nombreuses d’ici à Harmaguédon? Se pouvait-il, comme on l’avait dit, qu’elles se comptent par millions?
De qui se compose la “grande foule”?
En annonçant que des dispositions avaient été prises pour que les Témoins de Jéhovah tiennent une assemblée à Washington, du 30 mai au 3 juin 1935, La Tour de Garde en anglais disait: “Jusqu’ici, peu de Jonadabs ont eu le plaisir d’assister à une grande assemblée; celle de Washington leur sera bénéfique et d’un réel réconfort.” Tel a bel et bien été le cas.
Lors de cette grande assemblée, on s’est particulièrement penché sur Révélation 7:9, 10, qui dit: “Après ces choses, j’ai vu, et voici une grande foule que personne ne pouvait dénombrer, de toutes nations et tribus et peuples et langues, se tenant debout devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de longues robes blanches; et il y avait des palmes dans leurs mains. Et sans cesse ils crient à haute voix, en disant: ‘Le salut, nous le devons à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’Agneau.’” De qui se compose la “grande foule”, ou “grande multitude”? — Sy.
Pendant des années, et jusqu’en 1935, on n’avait pas compris qu’il s’agissait de la même classe de personnes que celle représentée par les brebis de la parabole des brebis et des chèvres énoncée par Jésus. Comme cela a déjà été dit, on pensait que c’était une classe céleste secondaire parce qu’elle avait négligé d’obéir à Dieu.
Toutefois, cette explication soulevait d’incessantes questions. Certaines ont été examinées au début de l’année 1935, lors d’un déjeuner au siège de la Société Watch Tower. Parmi ceux qui se sont exprimés à ce moment-là, certains ont émis l’idée que la grande multitude était une classe terrestre. Grant Suiter, devenu plus tard membre du Collège central, se souvenait: “Au Béthel, lors d’une étude dirigée par frère Thomas J. Sullivan, j’ai soulevé la question suivante: ‘Étant donné que la grande multitude se voit octroyer la vie éternelle, ceux qui la composent restent-ils intègres?’ Les commentaires ne manquèrent pas, mais aucune réponse formelle ne fut donnée.” Enfin, le vendredi 31 mai 1935, à l’assemblée de Washington, une réponse satisfaisante a été fournie. Assis au balcon, frère Suiter observait la foule dont l’émotion grandissait au fil du discours.
Peu après l’assemblée, le contenu de ce discours a été publié dans La Tour de Garde du 1er et du 15 novembre 1935 (1er et 15 août 1935 en anglais). Il soulignait que pour comprendre correctement les choses il est important de saisir que le dessein principal de Jéhovah n’est pas le salut des hommes, mais la justification de son nom (ou comme on dit maintenant, la justification de sa souveraineté). Ainsi, Jéhovah approuve ceux qui lui restent fidèles; il ne récompense pas ceux qui acceptent de faire sa volonté pour jeter ensuite l’opprobre sur son nom en faisant des compromis avec l’organisation du Diable. Cette fidélité est requise de tous ceux qui veulent avoir l’approbation de Dieu.
En accord avec cette idée, on lisait dans La Tour de Garde: “C’est, à vrai dire, Apocalypse [Révélation] 7:15 qui est la clé permettant de déterminer qui est la ‘grande multitude’. (...) L’Apocalypse déclare dans sa description: ‘Ils se tiennent devant le trône de Dieu et le servent publiquement’ (...). Ils comprennent et observent les paroles de Jésus, l’Agneau de Dieu, qui leur prescrit ce qui suit: ‘Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul.’ Ces paroles se rapportent à toutes les créatures que [Jéhovah] approuve.” (Mat. 4:10). C’est pourquoi ce que la Bible dit au sujet de la grande multitude, ou grande foule, ne saurait être interprété comme étant une sorte de rattrapage pour les gens qui disent aimer Dieu, mais qui se soucient peu de faire sa volonté.
Dès lors, la grande foule est-elle une classe céleste? La Tour de Garde montrait que les termes employés dans le verset ne permettaient pas de tirer cette conclusion. En ce qui concerne sa position “devant le trône”, l’article montrait qu’en Matthieu 25:31, 32 toutes les nations sont décrites rassemblées devant le trône du Christ, alors qu’elles sont sur la terre. Toutefois, la grande foule est “debout” devant le trône parce qu’elle est approuvée par Celui qui est assis dessus. — Voir Jérémie 35:19.
Mais où trouver un tel groupe de personnes: des personnes issues “de toutes nations” qui ne faisaient pas partie de l’Israël spirituel (décrit plus haut en Révélation 7:4-8); qui exerçaient la foi en la rançon (ayant figurément lavé leurs robes dans le sang de l’Agneau); qui saluaient en Jésus leur Roi (avec des palmes dans leurs mains, comme la foule qui a accueilli Jésus en Roi lorsqu’il est entré à Jérusalem); qui se présentaient vraiment devant le trône de Jéhovah pour le servir? Existait-il un tel groupe de gens sur terre?
En réalisant ses paroles prophétiques, Jéhovah a lui-même fourni la réponse. Webster Roe, qui a assisté à l’assemblée de Washington, se rappelait qu’au point culminant de son discours, frère Rutherford a demandé: “Que tous ceux qui ont l’espérance de vivre éternellement sur la terre veuillent bien se lever.” Selon frère Roe, “plus de la moitié des assistants se levèrent”. En accord avec cela, La Tour de Garde du 15 août 1935 (en anglais) a déclaré: “Nous voyons à présent une foule qui correspond exactement à la description faite en Apocalypse chapitre sept de la ‘grande multitude’. Au cours de ces quelques dernières années, c’est-à-dire pendant que ‘cet évangile du Royaume a été prêché pour servir de témoignage’, une telle foule a surgi (et surgit encore), qui reconnaît le Seigneur Jésus comme son Sauveur et Jéhovah comme son Dieu qu’elle adore dans l’esprit et dans la vérité et qu’elle sert avec joie. En d’autres termes, les membres de cette classe de gens sont appelés ‘Jonadabs’. Ils se font baptiser, symbole par lequel ils ont confessé (...) avoir pris position du côté de Jéhovah, c’est-à-dire le servir, lui et son Roi.”
À cette époque, on a discerné que la grande foule dont parle Révélation 7:9, 10 est comprise dans les “autres brebis” dont a parlé Jésus (Jean 10:16); ce sont les personnes qui portent secours aux “frères” du Christ (Mat. 25:33-40); celles qui sont marquées pour la survie parce qu’elles déplorent les choses immondes qui se commettent dans la chrétienté et s’en écartent (Ézéch. 9:4); elles sont semblables à Jonadab, qui a ouvertement fait cause commune avec le serviteur oint de Jéhovah en accomplissant la mission que Dieu avait confiée à celui-ci (2 Rois 10:15, 16). Les Témoins de Jéhovah comprennent qu’il s’agit de fidèles serviteurs de Dieu qui survivront à Harmaguédon avec la perspective de vivre éternellement sur la terre rétablie en paradis.
Une œuvre urgente à accomplir
L’intelligence de ces versets a eu une portée considérable sur l’activité des serviteurs de Jéhovah. Ils ont compris que ce n’étaient pas eux qui allaient choisir et rassembler les membres de la grande foule; il ne leur appartenait pas de dire aux gens si leur espérance était céleste ou terrestre. Le Seigneur dirigerait les choses en accord avec sa volonté. Cependant, en qualité de Témoins de Jéhovah, une lourde responsabilité leur incombait. Ils devaient prêcher la Parole de Dieu, communiquer les vérités qu’il leur avait permis de comprendre, afin que les gens connaissent les dispositions prises par Jéhovah et soient en mesure de lui témoigner de la reconnaissance.
En outre, ils étaient conscients du caractère urgent de leur œuvre. Dans une série d’articles intitulés “Rassemblement de ‘la grande multitude’”, publiés en 1936, La Tour de Garde disait: “Il ressort très nettement des Écritures que Jéhovah, à la bataille d’Harmaguédon, exterminera les peuples de la terre, à la seule exception des créatures qui, obéissant à ses commandements, font partie de son organisation. Dans le passé, des millions et des millions d’hommes sont descendus dans la tombe sans avoir entendu le message de Dieu et de son Christ, mais au temps fixé par le Très-Haut, ils ressusciteront de la mort et recevront la connaissance de la vérité, afin de pouvoir fixer leur choix d’un côté ou de l’autre. Il en est autrement, cependant, des personnes vivant actuellement sur la terre. (...) Les membres de la ‘grande multitude’ doivent recevoir ce message d’allégresse avant la bataille du grand jour du Dieu Tout-Puissant, c’est-à-dire avant Harmaguédon. Si ce message de vérité ne leur était pas prêché maintenant, il serait trop tard de le faire après le commencement du massacre.” — Voir 2 Rois 10:25; Ézéchiel 9:5-10; Sophonie 2:1-3; Matthieu 24:21; 25:46.
Cette intelligence des Écritures a insufflé aux Témoins de Jéhovah un regain de zèle pour la prédication. Leo Kallio, devenu par la suite surveillant itinérant en Finlande, a déclaré: “Je ne me rappelle pas avoir éprouvé une joie et un zèle semblables, ni même avoir chevauché ma bicyclette avec autant d’entrain qu’en ces jours-là, quand je filais annoncer aux personnes qui manifestaient de l’intérêt que, grâce à la faveur imméritée de Jéhovah, elles se voyaient offrir la vie éternelle sur la terre.”
Au cours des cinq années suivantes, tandis que le nombre des Témoins de Jéhovah augmentait, celui des participants aux emblèmes lors du Mémorial de la mort du Christ diminuait peu à peu. Néanmoins, la grande foule ne grossissait pas aussi vite que frère Rutherford l’avait espéré. À un moment, il a même dit à Frederick Franz, devenu plus tard quatrième président de la Société: “J’ai bien peur que la ‘grande multitude’ ne soit pas si grande que cela, en fin de compte.” Mais depuis, les Témoins de Jéhovah sont devenus des millions, tandis que le nombre de ceux qui attendent l’héritage céleste n’a généralement pas cessé de diminuer.
Un seul troupeau sous la direction d’un seul Berger
Il n’existe aucune rivalité entre la classe des oints et la grande foule. Ceux qui ont une espérance céleste ne méprisent pas ceux qui attendent avec impatience de recevoir la vie éternelle dans le Paradis sur la terre. Chacun accepte avec gratitude les privilèges que Dieu lui accorde. Nul ne considère que sa position fait de lui quelqu’un de meilleur ou, d’une certaine façon, d’inférieur à un autre (Mat. 11:11; 1 Cor. 4:7). Comme Jésus l’avait prédit, les deux groupes sont vraiment devenus “un seul troupeau” qui sert sous la direction d’“un seul berger”. — Jean 10:16.
Ce que les frères oints du Christ ressentent envers leurs compagnons de la grande foule est bien exprimé dans le livre Sécurité universelle sous le Règne du “Prince de paix”: “Depuis la Seconde Guerre mondiale, la réalisation de la prophétie de Jésus relative à la ‘conclusion du système de choses’ est due, en grande partie, à la tâche effectuée par les membres de la ‘grande foule’ des ‘autres brebis’. La lumière diffusée par les lampes allumées du reste oint a éclairé les yeux de leur cœur, et ils ont été aidés à réfléchir cette lumière auprès de ceux qui sont encore dans le monde enténébré (...). Ils sont devenus les compagnons inséparables de la classe du reste de l’épouse. (...) Merci à la ‘grande foule’ d’hommes de toutes langues et de toutes nations pour la part active qu’ils ont prise dans l’accomplissement de la prophétie de l’Époux consignée en Matthieu 24:14!”
Toutefois, tandis que les Témoins de Jéhovah, y compris la grande foule, proclament dans l’unité la glorieuse nouvelle du Royaume de Dieu, on les reconnaît à autre chose encore qu’au témoignage zélé qu’ils donnent.
[Notes]
a Cette “Carte des âges” a ensuite été reproduite dans le livre Le divin Plan des Âges.
b La Tour de Garde du 15 mars 1905, pp. 88-91 (angl.).
[Entrefilet, page 159]
La plupart des Témoins de Jéhovah espèrent vivre éternellement sur la terre.
[Entrefilet, page 161]
Une croyance qui les distingue de la chrétienté.
[Entrefilet, page 164]
L’époque de l’accomplissement de la parabole des brebis et des chèvres.
[Entrefilet, page 165]
Ils ont finalement été appelés les Jonadabs.
[Entrefilet, page 166]
Le 31 mai 1935, la “grande multitude” a été clairement définie.
[Entrefilet, page 170]
Espérance céleste ou terrestre — qui en décide?
[Encadré, page 160]
Un temps pour comprendre
Il y a plus de 250 ans, Isaac Newton a écrit quelque chose d’intéressant à propos de la compréhension des prophéties, y compris celle relative à la “grande foule” de Révélation 7:9, 10. Dans son ouvrage “Observations Upon the Prophecies of Daniel, and the Apocalypse of St. John” (Remarques sur les prophéties de Daniel et l’Apocalypse de saint Jean), publié en 1733, il a écrit: “Ces prophéties de Daniel et de Jean ne devaient pas être comprises avant le temps de la fin: mais, alors, à partir de ces prophéties, certains prophétiseraient dans l’affliction et le deuil, cela pendant longtemps et de façon obscure, si bien que peu se convertiraient. (...) Puis, dit Daniel, beaucoup courraient çà et là et la connaissance serait accrue. Car l’Évangile doit être prêché dans toutes les nations avant la grande tribulation et la fin du monde. La multitude porteuse de palmes, qui vient de cette grande tribulation, ne peut devenir indénombrable et d’entre toutes les nations, si ce n’est par la prédication de l’Évangile avant cet événement.”
[Encadré/Illustration, page 168]
La terre, demeure éternelle de l’homme
Quel était à l’origine le dessein de Dieu à l’égard du genre humain?
“Dieu les bénit et Dieu leur dit: ‘Soyez féconds, et devenez nombreux, et remplissez la terre, et soumettez-la, et tenez dans la soumission les poissons de la mer, et les créatures volantes des cieux, et toute créature vivante qui se meut sur la terre.’” — Gen. 1:28.
Le dessein de Dieu à l’égard de la terre a-t-il changé?
“Ma parole (...) ne retournera pas à moi sans résultats, mais, à coup sûr, elle exécutera ce à quoi j’ai pris plaisir, et assurément elle aura du succès dans ce pour quoi je l’ai envoyée.” — És. 55:11.
“Voici ce qu’a dit Jéhovah, le Créateur des cieux, Lui, le vrai Dieu, celui qui a formé la terre et qui l’a faite, Lui, celui qui l’a solidement établie, qui ne l’a pas créée pour rien, qui l’a formée pour être habitée: ‘Je suis Jéhovah, et il n’y en a pas d’autre.’” — És. 45:18.
“Vous devez donc prier ainsi: ‘Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié! Que ton royaume vienne! Que ta volonté se fasse, comme dans le ciel, aussi sur la terre!’” — Mat. 6:9, 10.
“Les malfaiteurs seront retranchés, mais ce sont ceux qui espèrent en Jéhovah qui posséderont la terre. Les justes posséderont la terre, et sur elle ils résideront pour toujours.” — Ps. 37:9, 29.
Quelles conditions existeront sur la terre dominée par le Royaume de Dieu?
“Selon sa promesse, nous attendons de nouveaux cieux et une nouvelle terre dans lesquels la justice doit habiter.” — 2 Pierre 3:13.
“Ils ne lèveront pas l’épée, nation contre nation, et ils n’apprendront plus la guerre. Et ils seront assis chacun sous sa vigne et sous son figuier, et il n’y aura personne qui les fasse trembler; car la bouche de Jéhovah des armées l’a dit.” — Michée 4:3, 4.
“Assurément ils bâtiront des maisons et les occuperont; et assurément ils planteront des vignes et en mangeront le fruit. Ils ne bâtiront pas pour que quelqu’un d’autre occupe; et ils ne planteront pas pour que quelqu’un d’autre mange. Car les jours de mon peuple seront comme les jours d’un arbre; et mes élus utiliseront jusqu’au bout l’œuvre de leurs mains.” — És. 65:21, 22.
“Aucun résident ne dira: ‘Je suis malade.’” — És. 33:24.
“Dieu lui-même sera avec eux. Et il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus; ni deuil, ni cri, ni douleur ne seront plus. Les choses anciennes ont disparu.” — Rév. 21:3, 4; voir aussi Jean 3:16.
“Qui donc ne te craindra, Jéhovah, et ne glorifiera ton nom? car toi seul tu es fidèle. Car toutes les nations viendront et adoreront devant toi, parce que tes justes décrets ont été manifestés.” — Rév. 15:4.
[Encadré/Illustration, page 169]
Ceux qui vont au ciel
Combien d’humains iront au ciel?
“Ne crains pas, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume.” — Luc 12:32.
“J’ai vu, et voici l’Agneau [Jésus Christ] se tenant debout sur le mont Sion [céleste], et avec lui cent quarante-quatre mille qui ont son nom et le nom de son Père écrits sur leurs fronts. Et ils chantent comme un chant nouveau devant le trône et devant les quatre créatures vivantes et les anciens; et personne ne pouvait apprendre ce chant à fond, sinon les cent quarante-quatre mille, qui ont été achetés de la terre.” — Rév. 14:1, 3.
Les 144 000 sont-ils tous des Juifs?
“Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni mâle ni femelle; car tous, vous n’êtes qu’un en union avec Christ Jésus. Et si vous appartenez à Christ, vous êtes vraiment la postérité d’Abraham, héritiers quant à une promesse.” — Gal. 3:28, 29.
“N’est pas Juif celui qui l’est au-dehors, et n’est pas circoncision celle qui l’est au-dehors dans la chair. Mais est Juif celui qui l’est au-dedans, et sa circoncision, c’est celle du cœur par l’esprit, et non par un code écrit.” — Rom. 2:28, 29.
Pourquoi certains humains, choisis par Dieu, vont-ils au ciel?
“Ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui pendant les mille ans.” — Rév. 20:6.
[Encadré/Graphique, page 171]
Rapports du Mémorial
En 25 ans, le nombre des assistants au Mémorial est devenu 100 fois supérieur à celui des participants.
[Graphique]
(Voir la publication)
Participants
Assistants
1 500 000
1 250 000
1 000 000
750 000
500 000
250 000
1935 1940 1945 1950 1955 1960
[Illustrations, page 167]
À l’assemblée de Washington, 840 personnes se sont fait baptiser.
-
-
Reconnus à leur conduiteLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 13
Reconnus à leur conduite
NOUS vivons une époque où une grande partie de l’humanité rejette les normes morales respectées depuis longtemps. La plupart des religions de la chrétienté en font autant, soit au nom de la tolérance, soit en alléguant que les temps ont changé et que les tabous des générations passées n’ont plus leur raison d’être. Au sujet des conséquences de cette façon de voir, Samuel Miller, doyen de l’École de théologie de l’Université Harvard, a déclaré: “Les Églises ont perdu leur intransigeance. Elles ont absorbé la culture de notre époque.” Cette situation a eu des effets désastreux sur la vie de ceux qui pensaient trouver une direction auprès de ces Églises.
À l’inverse, L’Église de Montréal, bulletin hebdomadaire de l’archidiocèse catholique de Montréal, au Canada, a dit à propos des Témoins de Jéhovah: “Ils ont des valeurs morales remarquables.” De nombreux enseignants, employeurs et fonctionnaires partagent ce point de vue. Qu’est-ce qui justifie cette réputation?
Être Témoin de Jéhovah, ce n’est pas simplement adhérer à un ensemble de doctrines et en témoigner devant autrui. Le christianisme primitif était appelé “La Voie”, et les Témoins de Jéhovah comprennent qu’aujourd’hui la vraie religion doit être un mode de vie (Actes 9:2). Toutefois, comme cela a été le cas dans d’autres domaines, les Témoins actuels ne se sont pas tout de suite fait une idée raisonnable de ce que cela implique.
“Caractère ou alliance”
Bien que les Étudiants de la Bible aient donné dès le départ de judicieux conseils bibliques sur la nécessité de ressembler au Christ, l’importance que certains ont accordé au “développement du caractère”, comme ils disaient, les a amenés à minimiser certains aspects du véritable christianisme. D’aucuns pensaient qu’en étant gentils — d’un abord aimable, calme et bienveillant, en parlant d’une voix douce, en évitant de se mettre en colère, en lisant chaque jour les Écritures —, ils s’assureraient l’entrée dans le ciel. Mais ils perdaient de vue le fait que le Christ avait confié une mission à ses disciples.
Ce problème a été abordé avec fermeté dans l’article “Caractère ou alliance”, paru dans La Tour de Garde de juillet 1926a. Il montrait que les efforts fournis pour se forger un “caractère parfait” dans la chair avaient amené certains à renoncer par découragement, tandis que d’autres en étaient venus à se croire plus saints que leurs compagnons, ce qui tendait à leur faire perdre de vue la valeur du sacrifice du Christ. Après avoir mis l’accent sur la foi dans le sang versé du Christ, l’article montrait l’importance de ‘faire des choses’ au service de Dieu pour prouver qu’on suivait la voie qui lui plaît (2 Pierre 1:5-10). À cette époque où une bonne partie de la chrétienté prétendait encore adhérer aux normes morales de la Bible, l’accent mis sur l’activité a souligné le contraste qu’offrent les Témoins de Jéhovah avec la chrétienté. Ce contraste s’est encore accentué à mesure que tous ceux qui se réclamaient du christianisme ont eu à se prononcer sur des questions d’ordre moral.
‘S’abstenir de la fornication’
Les normes chrétiennes en matière de moralité sexuelle sont depuis longtemps fixées très clairement dans la Bible. “Car ce que Dieu veut, c’est votre sanctification, que vous vous absteniez de la fornication (...). En effet, Dieu nous a appelés, non pas dans la tolérance de l’impureté, mais relativement à la sanctification. Ainsi donc, celui qui fait peu de cas, ne fait pas peu de cas d’un homme, mais de Dieu.” (1 Thess. 4:3-8). “Que le mariage soit honoré chez tous et le lit conjugal sans souillure, car Dieu jugera les fornicateurs et les adultères.” (Héb. 13:4). “Est-ce que vous ne savez pas que les injustes n’hériteront pas du royaume de Dieu? Ne vous laissez pas égarer. Ni fornicateurs, (...) ni adultères, ni hommes qu’on entretient à des fins contre nature, ni hommes qui couchent avec des hommes (...) n’hériteront du royaume de Dieu.” — 1 Cor. 6:9, 10.
Dès novembre 1879, La Tour de Garde a attiré l’attention sur ces normes qui concernent les véritables chrétiens. Ce sujet n’a pas été abordé à maintes reprises ni longuement comme s’il s’agissait d’un problème grave chez les premiers Étudiants de la Bible. Néanmoins, à mesure que le monde devenait plus permissif, on a accordé une plus grande attention à cette exigence, particulièrement lors de la Seconde Guerre mondiale. C’était nécessaire, car parmi les Témoins de Jéhovah certains pensaient que, du moment qu’ils participaient activement au témoignage, un peu de laxisme sur le plan de la morale sexuelle n’était qu’une question personnelle. Certes, La Tour de Garde du 15 mai 1935 avait clairement déclaré que la participation à la prédication n’autorisait pas une conduite immorale, mais tout le monde n’avait pas pris cela à cœur. C’est pourquoi La Tour de Garde du 15 mai 1941 (en anglais) a de nouveau abordé cette question à fond, dans un article intitulé “Les jours de Noé”. Il soulignait que le relâchement sexuel qui sévissait aux jours de Noé était l’une des raisons pour lesquelles Dieu avait détruit le monde d’alors, établissant ainsi un modèle de ce qu’il ferait à notre époque. L’article disait avec franchise qu’un serviteur intègre de Dieu ne pouvait passer une partie de sa journée à faire la volonté du Seigneur et, quelques heures après, s’abandonner aux “œuvres de la chair”. (Gal. 5:17-21.) Par la suite, dans La Tour de Garde du 1er juillet 1942 (en anglais) est paru un autre article qui condamnait toute conduite non conforme aux normes morales de la Bible établies aussi bien pour les célibataires que pour les gens mariés. Personne ne devait penser que la participation à la prédication publique du message du Royaume en qualité de Témoin de Jéhovah l’autorisait à avoir une conduite déréglée (1 Cor. 9:27). Avec le temps, des mesures encore plus fermes allaient être prises pour préserver la pureté morale de l’organisation.
Certains qui manifestaient alors le désir d’être Témoins de Jéhovah avaient grandi dans des régions où l’on tolérait le mariage à l’essai et les relations sexuelles entre fiancés, et où l’on considérait comme normales les liaisons librement consenties entre personnes non mariées. Quelques personnes mariées tentaient de pratiquer l’abstinence. D’autres, sans être divorcées, s’étaient inconsidérément séparées de leurs conjoints. Afin de donner la direction nécessaire, au cours des années 50, La Tour de Garde a examiné toutes ces situations et a parlé des responsabilités qui découlent du mariage. Elle a souligné le fait que la Bible interdit la fornication et elle en a donné la définitionb, pour qu’il n’y ait aucune équivoque. — Actes 15:19, 20; 1 Cor. 6:18.
Partout où les gens qui commençaient à se joindre à l’organisation de Jéhovah ne prenaient pas les normes morales de la Bible au sérieux, ces questions ont été examinées avec attention. Ainsi, en 1945, alors qu’il était au Costa Rica, Nathan Knorr, troisième président de la Société Watch Tower, a prononcé un discours sur la moralité chrétienne. Durant ce discours, il a déclaré: “À vous tous présents ce soir qui vivez avec une femme, mais qui n’avez pas fait enregistrer légalement votre union, je donne ce conseil: Allez vous faire inscrire sur les registres de l’Église catholique, parce qu’elle tolère cela. Par contre, cette organisation[-ci] est celle de Dieu, et vous ne pouvez pas en faire partie tout en vivant de cette façon.”
Au début des années 60, quand les homosexuels ont affiché plus ouvertement leurs mœurs, de nombreuses Églises ont débattu de la question, puis les ont acceptés en leur sein. Aujourd’hui, certaines Églises vont jusqu’à ordonner des prêtres homosexuels. Afin d’aider les personnes sincères qui s’interrogeaient sur ce sujet, les publications des Témoins de Jéhovah l’ont aussi abordé. Mais les Témoins n’ont jamais eu de doute quant à la façon de considérer l’homosexualité. Pourquoi? Parce qu’ils ne traitent pas les exigences bibliques comme de simples opinions humaines d’un autre temps (1 Thess. 2:13). Ils sont heureux de diriger des études de la Bible avec des homosexuels, afin de leur faire connaître les exigences de Jéhovah, et ceux-ci peuvent assister aux réunions des Témoins en auditeurs. Cependant, si quelqu’un continue à pratiquer l’homosexualité, il ne peut pas devenir Témoin de Jéhovah. — 1 Cor. 6:9-11; Jude 7.
Ces dernières années, les relations sexuelles entre jeunes célibataires sont devenues monnaie courante dans le monde. Dans les familles de Témoins de Jéhovah, les jeunes subissent des pressions, et certains ont commencé à suivre les voies du monde qui les entoure. Comment l’organisation a-t-elle fait face à cette situation? En publiant, dans La Tour de Garde et Réveillez-vous!, des articles destinés à aider les parents et les jeunes à voir les choses conformément aux Écritures. Des drames réalistes ont été présentés aux assemblées pour permettre à chacun de prendre conscience des fruits mauvais qu’on récolte à rejeter les normes morales de la Bible, et des bienfaits qu’on retire à obéir aux commandements de Dieu. L’un des premiers drames, présenté en 1969, s’intitulait “Des épines et des pièges sont sur la voie de l’homme indépendant”. Des livres ont été spécialement préparés pour aider les jeunes gens à reconnaître la sagesse des conseils bibliques. Citons par exemple les livres Votre jeunesse — Comment en tirer le meilleur parti (publié en 1976) et Les jeunes s’interrogent — Réponses pratiques (publié en 1989). Sur le plan local, les anciens ont personnellement apporté une aide spirituelle aux jeunes en particulier et aux familles. Les congrégations des Témoins de Jéhovah ont également été protégées par l’expulsion des pécheurs non repentants.
L’effondrement des valeurs morales dans le monde ne rend pas les Témoins de Jéhovah plus laxistes. Au contraire, le Collège central des Témoins de Jéhovah met davantage l’accent sur la nécessité de se garder non seulement des actes sexuels illicites, mais aussi des influences et des situations qui érodent les valeurs morales. Durant ces 30 dernières années, il a prodigué un enseignement destiné à armer chaque individu contre les “péchés cachés” comme la masturbation et à les mettre en garde contre les dangers de la pornographie, de certains feuilletons télévisés et de la musique avilissante. Ainsi, tandis que la moralité du monde se dégradait, celle des Témoins de Jéhovah s’élevait.
Une vie de famille régie par les normes divines
L’attachement ferme aux normes divines en matière de moralité sexuelle est bénéfique à la vie de famille des Témoins de Jéhovah. Cependant, être Témoin ne met pas à l’abri des problèmes familiaux. Quoi qu’il en soit, les Témoins sont convaincus que la Parole de Dieu donne les meilleurs conseils qui soient sur la manière de régler ces difficultés. Ils profitent des nombreuses dispositions prises par l’organisation pour les aider à appliquer ces conseils; et lorsqu’ils les suivent à la lettre, ils obtiennent de bons résultats.
Dès 1904, le sixième tome des Études des Écritures a traité longuement des devoirs matrimoniaux et des obligations des parents. Depuis, des centaines d’articles ont été publiés, et de nombreux discours ont été prononcés dans les congrégations des Témoins de Jéhovah pour aider chaque membre de la famille à comprendre le rôle que Dieu lui a donné. Cet enseignement relatif à une vie de famille saine n’est pas simplement destiné aux jeunes mariés: c’est un programme continu qui concerne la congrégation entière. — Éph. 5:22 à 6:4; Col. 3:18-21.
Devrait-on accepter la polygamie?
Bien que les coutumes relatives au mariage et à la vie de famille diffèrent d’un pays à l’autre, les Témoins de Jéhovah considèrent que les normes établies dans la Bible s’appliquent partout. Lorsque leur œuvre a débuté en Afrique au XXe siècle, les Témoins de Jéhovah y ont enseigné, comme partout ailleurs, que le mariage chrétien n’autorise qu’un seul conjoint (Mat. 19:4, 5; 1 Cor. 7:2; 1 Tim. 3:2). Cependant, des centaines de personnes ont accepté l’enseignement de la Bible à propos de l’idolâtrie et ont souscrit avec joie à ce que les Témoins de Jéhovah enseignaient sur le Royaume de Dieu, mais se sont fait baptiser sans renoncer à la polygamie. Pour remédier à cette situation, La Tour de Garde du 15 février 1947 a rappelé que le christianisme n’autorise pas la polygamie, quelles que soient les coutumes locales. Une lettre envoyée aux congrégations a précisé qu’on accordait aux Témoins de Jéhovah polygames un délai de six mois pour conformer leur situation matrimoniale aux normes bibliques. Cette instruction a été appuyée par un discours de frère Knorr au cours de sa visite en Afrique la même année.
Au Nigeria, la plupart des gens ont prédit que si les Témoins de Jéhovah essayaient d’abolir la polygamie en leur sein, ils disparaîtraient purement et simplement. Il est vrai que tous les polygames qui avaient été baptisés Témoins de Jéhovah n’ont pas opéré les changements requis en 1947. Par exemple, Asuquo Akpabio, surveillant itinérant, raconte qu’un Témoin chez qui il logeait à Ifiayong l’a réveillé à minuit et lui a demandé de modifier la communication qui avait été faite à propos de la polygamie. Comme Asuquo a refusé, son hôte l’a mis à la porte sous une pluie battante.
Cependant, l’amour pour Jéhovah a donné à d’autres la force nécessaire pour obéir à ses commandements. Voici quelques exemples: Au Zaïre, un catholique polygame a renvoyé deux de ses femmes parce qu’il voulait devenir Témoin de Jéhovah. Sa foi a pourtant été durement éprouvée, car il a dû renvoyer sa femme préférée du fait qu’elle n’était pas ‘l’épouse de sa jeunesse’. (Prov. 5:18.) Au Dahomey (l’actuel Bénin), un ancien méthodiste qui avait encore cinq femmes a dû surmonter de grandes difficultés juridiques afin d’obtenir les divorces nécessaires pour remplir les conditions requises en vue du baptême. Néanmoins, il a continué de subvenir aux besoins de ses ex-femmes et de leurs enfants, comme d’autres qui ont renvoyé leurs épouses secondaires. Warigbani Whittington, au Nigeria, était la seconde des deux femmes de son mari. Comme elle avait décidé que plaire à Jéhovah, le vrai Dieu, était ce qui comptait le plus pour elle, elle a affronté la colère de son mari et de sa propre famille. Son mari l’a laissée partir avec ses deux enfants, mais sans lui apporter aucune aide financière, pas même le prix du voyage. Pourtant, elle dit: “On ne peut comparer les richesses au bonheur de plaire à Jéhovah.”
Qu’en est-il du divorce?
Dans les pays occidentaux, la polygamie n’est pas très répandue, mais d’autres pratiques contraires aux Écritures sont en vogue. Ainsi, beaucoup pensent qu’il vaut mieux divorcer que d’être malheureux en ménage. Ces dernières années, des Témoins de Jéhovah ont adopté ce point de vue et ont entamé des procédures de divorce pour des motifs comme “l’incompatibilité d’humeur”. Comment les Témoins ont-ils traité ce problème? L’organisation lance régulièrement d’énergiques campagnes d’enseignement sur la façon dont Jéhovah considère le divorce, pour le bien des Témoins de longue date et des centaines de milliers qui se joignent à eux chaque année.
Sur quels principes bibliques La Tour de Garde a-t-elle dirigé l’attention? Sur ceux-ci, entre autres: Le récit biblique relatif au premier mariage humain souligne que le mari et la femme ne font qu’un; il dit: ‘L’homme doit s’attacher à sa femme et ils doivent devenir une seule chair.’ (Gen. 2:24). Par la suite, en Israël, la Loi a interdit l’adultère et a condamné à mort quiconque le commettait (Deut. 22:22-24). Le divorce pour un autre motif que l’adultère était toléré, mais comme l’a expliqué Jésus, seulement ‘en raison de leur dureté de cœur’. (Mat. 19:7, 8.) Comment Jéhovah considérait-il le renvoi d’un conjoint pour en épouser un autre? On lit en Malachie 2:16: “Il a haï le divorce.” Pourtant, il permettait à ceux qui avaient divorcé de rester dans la congrégation d’Israël. Là, s’ils acceptaient la discipline que Jéhovah administre à son peuple, leur cœur de pierre serait peu à peu remplacé par un cœur plus tendre, qui pourrait exprimer un amour sincère pour ses voies. — Voir Ézéchiel 11:19, 20.
La Tour de Garde a souvent expliqué que, lorsque Jésus a parlé du divorce tel qu’il se pratiquait dans l’Israël antique, il a montré que des normes plus élevées allaient être établies parmi ses disciples. Il a dit que si quelqu’un divorçait d’avec sa femme excepté pour cause de fornication (pornéïa, “relations sexuelles illicites”) et se mariait avec une autre, il commettait l’adultère; et même s’il ne se remariait pas, il exposait sa femme à l’adultère (Mat. 5:32; 19:9). Ainsi, comme La Tour de Garde l’a fait remarquer, le divorce est devenu pour le chrétien une affaire beaucoup plus sérieuse qu’elle ne l’était en Israël. Certes, les Écritures n’exigent pas que celui qui divorce soit exclu de la congrégation, mais ceux qui en plus commettent l’adultère et ne se repentent pas le sont. — 1 Cor. 6:9, 10.
Des changements révolutionnaires se sont produits ces dernières années dans la façon dont le monde considère le mariage et la vie de famille. Quoi qu’il en soit, les Témoins de Jéhovah restent attachés aux normes que Dieu, l’Auteur du mariage, a établies dans la Bible. En appliquant ces principes, ils s’efforcent d’aider les personnes sincères à surmonter leurs difficultés.
En conséquence, beaucoup de gens qui ont accepté l’enseignement biblique dispensé par les Témoins de Jéhovah ont opéré des changements spectaculaires dans leur vie. Des hommes qui autrefois battaient leur femme, des hommes qui fuyaient leurs responsabilités, pourvoyaient aux besoins matériels, mais négligeaient les besoins affectifs et spirituels de leur famille, oui, des milliers d’hommes sont devenus des maris et des pères affectueux qui prennent bien soin des leurs. Nombre de femmes auparavant farouchement indépendantes, ou qui négligeaient leurs enfants, ou qui ne prenaient soin ni d’elles ni de leur maison, sont devenues des épouses qui respectent l’autorité de leur mari et dont la conduite leur vaut d’être tendrement aimées de leur mari et de leurs enfants. Beaucoup de jeunes qui désobéissaient effrontément à leurs parents et leur brisaient le cœur, qui se rebellaient contre la société en général et qui gâchaient leur vie par des pratiques nuisibles ont maintenant dans la vie un objectif pieux qui les aide à transformer leur personnalité.
Naturellement, l’honnêteté des uns envers les autres est un facteur important dans la réussite de la vie de famille. L’honnêteté est également indispensable dans toute autre relation humaine.
Être honnêtes: jusqu’à quel point?
Les Témoins de Jéhovah reconnaissent qu’ils doivent être honnêtes en toutes choses. Leur opinion est fondée sur des versets comme celui-ci: Jéhovah lui-même est le “Dieu de vérité”. (Ps. 31:5.) Par ailleurs, comme l’a dit Jésus, le Diable est “le père du mensonge”. (Jean 8:44.) En conséquence, parmi les choses que Jéhovah hait figure “une langue mensongère”. (Prov. 6:16, 17.) Sa Parole nous dit: “C’est pourquoi, vous étant défaits du mensonge, parlez avec vérité.” (Éph. 4:25). Non seulement les chrétiens doivent parler avec vérité, mais, à l’exemple de l’apôtre Paul, ils doivent ‘se conduire honnêtement en toutes choses’. (Héb. 13:18.) Il n’existe aucun domaine de la vie dans lequel les Témoins de Jéhovah peuvent à bon droit appliquer un autre système de valeurs.
Quand Jésus s’est rendu chez Zachée, collecteur d’impôts, cet homme a reconnu qu’il s’était montré malhonnête en affaires, et il a pris des dispositions pour compenser ses anciennes extorsions (Luc 19:8). Ces dernières années, certaines personnes qui commençaient à fréquenter les Témoins de Jéhovah ont agi de même pour avoir une conscience pure devant Dieu. En Espagne, par exemple, un voleur endurci a commencé à étudier la Bible avec les Témoins. Bientôt, sa conscience s’est mise à le travailler. Il a donc rendu ce qu’il avait dérobé à son ancien employeur et à ses voisins, puis il a rapporté d’autres objets volés à la police. Certes, il a dû payer une amende et faire un court séjour en prison, mais maintenant il a la conscience nette. En Angleterre, après seulement deux mois d’étude de la Bible avec un Témoin de Jéhovah, un ancien voleur de diamants s’est rendu à la police. Les policiers étaient stupéfaits, car ils le recherchaient depuis six mois. Pendant les deux ans et demi que cet homme a passés en prison, il a étudié la Bible assidûment et a appris à faire connaître les vérités bibliques à autrui. Après sa libération, il s’est fait baptiser Témoin de Jéhovah. — Éph. 4:28.
Les Témoins de Jéhovah sont réputés pour leur honnêteté. Les employeurs savent que non seulement les Témoins ne les voleront pas, mais qu’ils refuseront de mentir et de falsifier des factures s’ils le leur demandent, même au risque de perdre leur emploi. Pour les Témoins, de bonnes relations avec Dieu sont bien plus importantes que l’approbation d’un humain quel qu’il soit. Ils sont également conscients que, où qu’ils soient et quoi qu’ils fassent, “tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre des comptes”. — Héb. 4:13; Prov. 15:3.
Le journal italien La Stampa a dit à propos des Témoins de Jéhovah: “Ils pratiquent ce qu’ils prêchent (...). Leur vie ‘de tous les jours’ a pour idéal l’amour du prochain, le refus de prendre le pouvoir, la non-violence et l’honnêteté (ce qui, pour la plupart des chrétiens, ne représente que des ‘règles du dimanche’ tout juste bonnes à être prêchées en chaire).” Aux États-Unis, Louis Cassels, chroniqueur religieux de l’United Press International de Washington, a écrit: “Les Témoins restent fidèles à leurs croyances quoi que cela leur coûte.”
Pourquoi le jeu ne leur pose-t-il pas de problème?
Par le passé, l’honnêteté s’accompagnait généralement du désir de travailler dur. Le jeu, pratique qui consiste à risquer une somme d’argent en pariant sur l’issue d’une partie ou d’un événement, était méprisé par la société en général. Mais à mesure que l’égoïsme et l’avidité se sont imposés au XXe siècle, le jeu, légal et illégal, s’est répandu. Il est patronné non seulement par la pègre, mais souvent aussi par les Églises et par l’État qui cherchent à ramasser de l’argent. Comment les Témoins de Jéhovah ont-ils réagi face à ce changement de mentalité? Conformément aux principes bibliques.
Comme leurs publications le font remarquer, aucun commandement précis de la Bible ne dit: tu ne dois pas jouer. Mais le fruit du jeu est immanquablement mauvais, et La Tour de Garde et Réveillez-vous! dévoilent ce fruit pourri depuis un demi-siècle. En outre, ces périodiques montrent que le jeu sous toutes ses formes crée un état d’esprit contre lequel la Bible met en garde. Par exemple, l’amour de l’argent: “L’amour de l’argent est la racine de toutes sortes de choses mauvaises.” (1 Tim. 6:10). L’égoïsme: “Tu ne dois (...) désirer égoïstement (...) rien de ce qui appartient à ton semblable.” (Deut. 5:21; voir 1 Corinthiens 10:24). L’avidité: “Maintenant je vous écris de cesser de fréquenter quelqu’un qui porte le nom de frère et qui est (...) avide.” (1 Cor. 5:11). De plus, la Bible met en garde contre le fait d’invoquer le “dieu de la Chance”, comme s’il existait quelque force surnaturelle capable d’accorder des faveurs (És. 65:11). Prenant ces avertissements bibliques à cœur, les Témoins de Jéhovah se gardent résolument du jeu. Et, depuis 1976, ils déploient des efforts particuliers pour ne pas avoir dans leurs rangs ceux dont le travail les assimile au personnel d’un établissement de jeu.
Le jeu n’a jamais été un véritable problème parmi les Témoins de Jéhovah. Ils savent que la Bible les encourage à travailler de leurs mains, à accomplir fidèlement les tâches qu’on leur confie, à être généreux et à partager avec les nécessiteux au lieu de cultiver l’esprit qui consiste à vouloir s’enrichir au détriment d’autrui (Éph. 4:28; Luc 16:10; Rom. 12:13; 1 Tim. 6:18). Ceux qui les côtoient reconnaissent-ils ce fait? Oui, et particulièrement leurs relations d’affaires. Il n’est pas rare que des employeurs cherchent à embaucher des Témoins de Jéhovah, car ce sont des employés consciencieux, sur qui on peut compter. Ils savent que c’est la religion des Témoins qui fait d’eux ce qu’ils sont.
Que dire du tabagisme et de la drogue?
La Bible ne parle pas du tabac ni des autres drogues répandues à notre époque. Cependant, elle donne des principes qui permettent aux Témoins de Jéhovah de déterminer quelle ligne de conduite plaît à Dieu. Ainsi, dès 1895, à propos du tabac La Tour de Garde citait 2 Corinthiens 7:1, qui dit: “Puisque nous avons ces promesses, bien-aimés, purifions-nous donc de toute souillure de la chair et de l’esprit, parachevant la sainteté dans la crainte de Dieu.”
Ce conseil a paru suffisant pendant des années. Mais à mesure que l’industrie du tabac a mis son produit en valeur par le moyen de la publicité et que l’usage de la drogue s’est répandu, il a fallu argumenter davantage. D’autres principes bibliques ont été mis en avant: le respect pour Jéhovah, Celui qui donne la vie (Actes 17:24, 25); l’amour du prochain (Jacq. 2:8) et le fait que celui qui n’aime pas son prochain n’aime pas vraiment Dieu (1 Jean 4:20); ainsi que l’obéissance aux autorités (Tite 3:1). On a signalé que le mot grec pharmakia, qui signifie fondamentalement “usage de drogues”, était employé par les rédacteurs bibliques pour parler de la “pratique du spiritisme” à cause de l’usage de drogues qui accompagne les pratiques spirites. — Gal. 5:20.
Dès 1946, le périodique Consolation dévoilait le caractère souvent frauduleux des déclarations de gens payés pour vanter dans la publicité les mérites de la cigarette. Réveillez-vous!, qui a succédé à Consolation, a publié les preuves révélées par la science que l’usage du tabac provoque des cancers, des maladies cardiaques, des lésions du fœtus chez la femme enceinte, et nuit aux non-fumeurs qui respirent malgré eux de l’air chargé de fumée. On a également démontré que la nicotine crée une dépendance. On a attiré l’attention sur l’effet intoxicant de la marijuana et sur les lésions qu’elle cause au cerveau. De même, les graves dangers que présente l’usage d’autres drogues ont été mis en lumière à plusieurs reprises pour le bien des lecteurs des publications de la Société Watch Tower.
Bien avant que les organismes gouvernementaux ne décident dans quelle mesure avertir les gens du danger de l’usage du tabac, La Tour de Garde du 15 mai 1935 a clairement expliqué qu’un fumeur ne pouvait être membre du personnel employé au siège de la Société ou l’un de ses représentants. Lorsque tous les serviteurs des congrégations de Témoins de Jéhovah ont été nommés par la Société (disposition qui a pris effet en 1938), La Tour de Garde du 1er juillet 1942 (en anglais) a déclaré que l’interdiction du tabac s’appliquait aussi à eux. Dans certaines régions, plusieurs années ont passé avant que ce principe ne soit pleinement appliqué. Toutefois, la majorité des Témoins de Jéhovah ont bien suivi les conseils bibliques et le bon exemple de ceux qui étaient à la tête.
À partir de 1973, on a fait un pas de plus dans l’application logique du conseil biblique: un fumeur ne pouvait plus se faire baptiser. Les mois suivants, on a aidé ceux dont le travail avait un rapport avec la production ou la vente de tabac à comprendre qu’ils ne pouvaient demeurer dans cette situation et être acceptés comme Témoins de Jéhovah. Les conseils de la Parole de Dieu doivent être appliqués dans tous les aspects de la vie sans exception. Cette application des principes bibliques à l’usage du tabac, de la marijuana et des drogues dites dures a protégé les Témoins. En se servant des Écritures, ils ont aussi aidé des milliers de personnes qui gâchaient leur vie en se droguant.
En est-il autrement des boissons alcooliques?
Les publications de la Société Watch Tower ne considèrent pas de la même façon la consommation de boissons alcooliques et l’usage de drogues. Pour quelle raison? Elles expliquent que le Créateur sait de quoi nous sommes faits et que sa Parole permet de consommer avec modération des boissons alcooliques (Ps. 104:15; 1 Tim. 5:23). Cependant, la Bible met aussi en garde contre les excès de boisson et condamne énergiquement l’ivrognerie. — Prov. 23:20, 21, 29, 30; 1 Cor. 6:9, 10; Éph. 5:18.
La consommation immodérée de boissons alcooliques gâchant la vie de nombreuses personnes, Charles Russell était favorable à une abstinence totale. Cependant, il reconnaissait que Jésus avait bu du vin. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, on faisait beaucoup de bruit aux États-Unis en faveur de la prohibition des spiritueux. La Tour de Garde a volontiers exprimé sa sympathie envers ceux qui s’efforçaient de lutter contre les dangers de l’alcool, mais elle ne s’est pas jointe à leur campagne visant à faire voter des lois de prohibition. Toutefois, le périodique a montré franchement les dangers de l’abus d’alcool et a souvent écrit qu’il valait mieux se garder du vin et des spiritueux. Ceux qui pensaient pouvoir consommer de l’alcool avec modération étaient encouragés à considérer Romains 14:21, qui dit: “C’est bien de ne pas manger de chair, ou de ne pas boire de vin, ou de ne rien faire sur quoi ton frère trébuche.”
Toutefois, en 1930, le président de la Ligue contre l’alcoolisme aux États-Unis est allé jusqu’à prétendre publiquement que son organisation était “née de Dieu”. Joseph Rutherford, alors président de la Société Watch Tower, a profité de l’occasion pour prononcer des discours radiodiffusés qui montraient qu’une telle allégation équivalait à un blasphème. Pourquoi? Parce que la Parole de Dieu n’interdit pas la consommation de vin; que les lois de prohibition ne supprimaient pas l’ivrognerie qui, elle, est réprouvée par Dieu; et que ces lois ont en réalité entraîné la production et le trafic clandestins d’alcool et la corruption de fonctionnaires.
Les Témoins de Jéhovah considèrent qu’il revient à chacun de décider s’il consommera des boissons alcooliques ou s’en abstiendra. Cependant, ils se conforment à l’exigence biblique selon laquelle les surveillants doivent ‘être réglés dans leurs mœurs’. Cette expression, qui traduit le grec nêphalion, signifie littéralement “sobre, tempérant; qui s’abstient purement et simplement de boire du vin, ou du moins qui n’en abuse pas”. Les serviteurs ministériels, eux non plus, ne doivent pas être ‘adonnés à beaucoup de vin’. (1 Tim. 3:2, 3, 8.) Les buveurs ne remplissent pas les conditions requises pour obtenir des privilèges de service particuliers. Le bon exemple laissé par ceux qui exercent des responsabilités chez les Témoins de Jéhovah leur permet de parler avec franchise à ceux qui, pour surmonter les pressions, auraient peut-être tendance à consommer de l’alcool; mais aussi à ceux qui, pour rester sobres, devraient s’abstenir complètement d’alcool. Quels en sont les résultats?
Citons par exemple la déclaration d’un journal du sud de l’Afrique centrale: “Les faits révèlent que les régions où il y a le plus grand nombre de Témoins de Jéhovah parmi les Africains sont maintenant celles où il y a le moins de troubles. Sans aucun doute, ils combattent activement l’agitation, la sorcellerie, l’ivrognerie et la violence de toutes sortes.” — The Northern News (Zambie).
Il est un autre domaine important dans lequel la conduite des Témoins de Jéhovah diffère de celle du monde:
Le respect de la vie
Les Témoins de Jéhovah respectent la vie parce qu’ils reconnaissent qu’elle est un don de Dieu (Ps. 36:9; Actes 17:24, 25); parce qu’ils comprennent que même la vie du fœtus est précieuse aux yeux de Dieu (Ex. 21:22-25; Ps. 139:1, 16); et qu’ils tiennent compte du principe selon lequel “chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même”. — Rom. 14:12.
En accord avec ces principes bibliques, les Témoins de Jéhovah ont toujours refusé l’avortement. Afin de les guider sagement, le périodique Réveillez-vous! a aidé ses lecteurs à comprendre que la chasteté est une exigence divine; il a expliqué en profondeur le merveilleux processus de la procréation ainsi que les facteurs psychologiques et physiologiques qui interviennent dans la naissance d’un enfant. Dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, tandis que les avortements devenaient de plus en plus courants, La Tour de Garde a montré clairement que cette pratique est contraire à la Parole de Dieu. L’édition du 1er août 1970 disait sans ambages: “Un avortement dans le but de se débarrasser d’un enfant indésirable revient à détruire volontairement une vie humaine.”
Pourquoi le refus des transfusions sanguines
Le respect des Témoins de Jéhovah pour la vie influe aussi sur leur façon de considérer les transfusions sanguines. Lorsqu’ils ont été confrontés à cette question, La Tour de Garde du 1er juillet 1945 (en anglais) a expliqué en détail le point de vue chrétien sur le caractère sacré du sangc. Elle montrait que l’interdiction imposée à Noé et à tous ses descendants portait aussi bien sur le sang des animaux que sur celui des humains (Gen. 9:3-6). Elle faisait remarquer que cette exigence avait été rappelée aux chrétiens du Ier siècle, lorsqu’ils ont reçu l’ordre de ‘s’abstenir du sang’. (Actes 15:28, 29.) Le même article expliquait à partir des Écritures que depuis toujours Dieu n’approuve l’usage du sang qu’à des fins sacrificielles. Puisque les sacrifices d’animaux offerts sous la Loi mosaïque préfiguraient le sacrifice du Christ, ce serait manquer totalement de respect envers ce sacrifice rédempteur que de passer outre à l’exigence imposée aux chrétiens de ‘s’abstenir du sang’. (Lév. 17:11, 12; Héb. 9:11-14, 22.) En accord avec cette compréhension, à partir de 1961 ceux qui ne respectaient pas cette exigence divine, qui acceptaient une transfusion de sang et ne manifestaient aucun repentir, ont été exclus des congrégations des Témoins de Jéhovah.
Au début, les publications de la Société ne faisaient pas mention des effets physiques secondaires des transfusions sanguines. Par la suite, lorsque ces renseignements ont été disponibles, ils ont également été publiés. Non comme raison du refus de la transfusion sanguine, mais pour augmenter la reconnaissance des Témoins envers cette interdiction divine relative au sang (És. 48:17). C’est dans cette intention qu’en 1961 la brochure soigneusement documentée Le sang, la médecine et la loi de Dieu a été publiée. Une autre brochure intitulée Les Témoins de Jéhovah et la question du sang est parue en 1977. Cette brochure mettait de nouveau l’accent sur le fait que la position adoptée par les Témoins est une position religieuse, fondée sur ce que dit la Bible et non sur les risques encourus dans le domaine de la santé. Une mise à jour du sujet a été effectuée dans la brochure Comment le sang peut-il vous sauver la vie?, éditée en 1990. À l’aide de ces publications, les Témoins de Jéhovah ont fourni de grands efforts pour obtenir la coopération des médecins et les aider à comprendre leur position. Toutefois, depuis des années, le milieu médical est très attaché à la transfusion sanguine.
Même quand les Témoins de Jéhovah expliquaient aux médecins que rien sur le plan religieux ne les empêchait d’accepter une thérapeutique de remplacement, il n’était cependant pas facile de refuser les transfusions sanguines. Les Témoins et leurs familles ont souvent subi de fortes pressions visant à les obliger à se soumettre à ce qui était alors une pratique médicale courante. À Porto Rico, en novembre 1976, Ana Paz de Rosario, âgée de 45 ans, a accepté une intervention chirurgicale et les soins médicaux dont elle avait besoin. Toutefois, elle a demandé qu’on ne lui administre pas de sang en raison de ses croyances religieuses. Malgré tout, munis d’une injonction du tribunal, cinq policiers et trois infirmières ont pénétré dans sa chambre d’hôpital après minuit, l’ont attachée à son lit et l’ont transfusée de force, contre sa volonté, celle de son mari et celle de ses enfants. Elle est tombée en état de choc et elle est décédée. Ce n’était pas un cas isolé, et de tels actes révoltants n’ont pas été commis seulement à Porto Rico.
En 1975, au Danemark, des parents Témoins ont été poursuivis par la police parce qu’ils refusaient qu’on administre de force une transfusion à leur jeune fils, et recherchaient une thérapeutique de remplacement. En 1982, en Italie, des parents affectueux, qui avaient cherché dans quatre pays une assistance médicale pour leur fille atteinte d’une maladie incurable, ont été accusés de meurtre et condamnés à 14 ans de prison, après que leur fille est décédée pendant qu’on la transfusait sur injonction du tribunal.
La plupart du temps, lorsqu’on tente de transfuser de force des enfants de Témoins de Jéhovah, l’hostilité du grand public est soulevée par les médias. Dans certains cas, des juges ont ordonné que des enfants soient transfusés, sans même que leurs parents aient pu s’expliquer lors d’une audience. Dans plus de 40 cas, au Canada, les enfants transfusés ont été rendus morts à leurs parents.
Tous les médecins et les juges n’approuvent pas ces méthodes arbitraires. Quelques-uns ont adopté une attitude plus coopérative. Certains médecins ont déployé leur habileté pour soigner sans recourir au sang. En agissant ainsi, ils ont acquis une grande expérience dans tous les types de chirurgie qui ne font pas appel au sang. Peu à peu, on a démontré qu’on pouvait pratiquer avec succès tous les types de chirurgie sans recourir aux transfusions de sang, aussi bien sur des adultes que sur des enfantsd.
Afin d’éviter des conflits inutiles en cas d’urgence, au début des années 60, les Témoins de Jéhovah ont commencé à rendre visite à leurs médecins pour s’entretenir avec eux de leur position et leur donner une documentation appropriée. Par la suite, ils ont demandé qu’une déclaration écrite, précisant qu’aucune transfusion de sang ne devait leur être administrée, soit placée dans leur dossier médical. Dans les années 70, ils ont pris l’habitude de porter sur eux une carte prévenant le personnel médical qu’on ne devait pas leur administrer de sang, quelles que soient les circonstances. Après concertation avec les médecins et les juristes, la carte a été modifiée de façon à devenir un document légal.
Afin d’aider les Témoins de Jéhovah déterminés à empêcher qu’une transfusion leur soit administrée, de dissiper les malentendus avec les médecins et les hôpitaux, et enfin de favoriser un esprit de coopération entre les établissements hospitaliers et leurs patients Témoins, le Collège central a décidé la mise en place de comités de liaison hospitaliers. Ces comités, qui n’étaient qu’une poignée en 1979, sont à présent plus de 800 dans 70 pays. Au Canada, en Extrême-Orient, et dans les principaux pays du Pacifique Sud, d’Europe et d’Amérique latine, des anciens ont été choisis et formés et rendent des services semblables. Non seulement ces anciens expliquent la position des Témoins de Jéhovah, mais ils informent le personnel hospitalier qu’il existe d’autres solutions valables que la transfusion sanguine. Dans les situations d’urgence, ils interviennent en organisant des rencontres entre les médecins de famille et des chirurgiens qui ont déjà traité des cas semblables chez des Témoins, sans transfusion. Quand il le faut, ces comités rendent visite non seulement au personnel hospitalier, mais aussi aux juges saisis par les hôpitaux pour obtenir des injonctions de transfuser.
Il est arrivé que, faute de pouvoir faire respecter autrement leur croyance religieuse relative au caractère sacré du sang, les Témoins de Jéhovah intentent des procès contre des médecins et des hôpitaux. Ils cherchaient simplement à obtenir une ordonnance de suspension. Toutefois, ces dernières années, ils ont même engagé des poursuites contre des médecins et des hôpitaux qui avaient agi très arbitrairement. En 1990, la cour d’appel de l’Ontario, au Canada, a instruit un tel procès parce que le médecin n’avait pas tenu compte d’une carte que le patient avait dans son portefeuille, carte qui établissait clairement que le Témoin n’acceptait pas de transfusion quelles que soient les circonstances. Aux États-Unis, depuis 1985, des dizaines de procès de ce genre ont été instruits dans différents États, et, souvent, ceux qui étaient poursuivis ont décidé de transiger avant jugement pour une somme d’argent déterminée plutôt que de courir le risque qu’un jury ne leur impose davantage de dommages-intérêts. Les Témoins de Jéhovah sont fermement résolus à obéir à l’interdiction divine relative au sang. Ils préféreraient ne pas intenter de procès aux médecins, mais ils le font quand c’est nécessaire pour les empêcher de leur appliquer de force un traitement qui leur répugne sur le plan moral.
Le public est de plus en plus conscient des dangers que représentent les transfusions sanguines, en partie à cause de la crainte du SIDA. Toutefois, les Témoins sont animés par le désir sincère de plaire à Dieu. En 1987, le journal Le Quotidien du Médecin a écrit: “Peut-être les Témoins de Jéhovah ont-ils raison de refuser l’utilisation thérapeutique des dérivés sanguins, car il est vrai qu’un nombre important d’agents pathogènes peuvent être transmis par l’intermédiaire de sang transfusé.”
La position des Témoins de Jéhovah n’est pas fondée sur une connaissance médicale supérieure. Simplement, ils sont persuadés que la voie de Jéhovah est la meilleure et qu’il ‘ne refuse aucune chose bonne’ à ses serviteurs fidèles (Ps. 19:7, 11; 84:11). Même si un Témoin mourait à la suite d’une hémorragie, ce qui s’est parfois produit, les Témoins de Jéhovah sont convaincus que Dieu n’oublie pas ses fidèles et qu’il les ramènera à la vie par le moyen de la résurrection. — Actes 24:15.
Quand des individus choisissent de rejeter les principes bibliques
Des millions de gens ont étudié la Bible avec les Témoins de Jéhovah, mais tous ne sont pas devenus Témoins. Quand ils prennent connaissance des principes élevés à appliquer, certains décident que ce n’est pas le genre de vie qu’ils souhaitent. Tous ceux qui se font baptiser commencent par apprendre en détail les enseignements bibliques fondamentaux, et ensuite (particulièrement depuis 1967) les anciens de la congrégation passent en revue ces enseignements avec chaque candidat au baptême. Tout est fait pour s’assurer que ceux qui se font baptiser comprennent non seulement les doctrines, mais aussi ce qu’implique une conduite chrétienne. Toutefois, que se passe-t-il si par la suite quelqu’un laisse l’amour du monde l’entraîner à commettre un péché grave?
Dès 1904, le livre La Nouvelle Création se préoccupait de la nécessité de prendre les mesures adéquates pour éviter que la congrégation ne soit corrompue. Il était question de la façon dont les Étudiants de la Bible comprenaient la procédure à suivre avec les pécheurs, telle qu’elle est exposée en Matthieu 18:15-17. En accord avec ces versets, il y avait, en de rares occasions, des ‘mises en jugement devant l’Église’, afin que la preuve qu’une faute grave avait été commise soit exposée devant toute la congrégation. Des années plus tard, La Tour de Garde de mars 1945 (15 mai 1944 en anglais) a revu cette question à la lumière de la Bible entière et a montré que ces affaires qui concernaient la congrégation devaient être traitées par des frères dignes de confiance chargés des fonctions de surveillance (1 Cor. 5:1-13; voir aussi Deutéronome 21:18-21). Par la suite, dans La Tour de Garde du 1er juillet 1952 (1er mars 1952 en anglais), des articles ont souligné la nécessité de suivre la procédure qui convenait, mais aussi de prendre des mesures pour préserver la pureté de l’organisation. Depuis, ce sujet a été examiné à plusieurs reprises. Cependant, l’objectif est toujours le même: 1) préserver la pureté de l’organisation et 2) faire comprendre au pécheur la nécessité d’un repentir sincère en vue de son rétablissement.
Au Ier siècle, certains ont abandonné la foi pour mener une vie dissolue. D’autres se sont laissé détourner par des doctrines apostates (1 Jean 2:19). La même chose se produit parmi les Témoins de Jéhovah du XXe siècle. Malheureusement, dans un passé récent il a fallu exclure chaque année des dizaines de milliers de pécheurs non repentants. Des anciens en vue étaient du nombre. Les mêmes exigences bibliques s’appliquent à tous (Jacq. 3:17). Les Témoins de Jéhovah comprennent qu’il est capital de maintenir la pureté morale de l’organisation s’ils veulent conserver l’approbation de Jéhovah.
Ils revêtent la personnalité nouvelle
Jésus a exhorté les gens à être purs non seulement au-dehors, mais aussi au-dedans (Luc 11:38-41). Il a montré que les actions et les paroles reflètent l’état du cœur (Mat. 15:18, 19). Comme l’apôtre Paul l’a expliqué, si nous sommes vraiment enseignés par le Christ, nous serons ‘renouvelés dans la force qui incline notre esprit’ et nous ‘revêtirons la personnalité nouvelle qui a été créée selon la volonté de Dieu dans une justice et une fidélité vraies’. (Éph. 4:17-24.) Ceux qui sont enseignés par le Christ cherchent à acquérir “la même attitude d’esprit qu’avait Christ Jésus” afin de penser et d’agir comme lui (Rom. 15:5). La conduite des Témoins de Jéhovah sur le plan individuel révèle dans quelle mesure ils le font vraiment.
Les Témoins de Jéhovah ne prétendent pas avoir une conduite sans défaut. Mais ils s’efforcent sincèrement d’imiter le Christ en conformant leur vie aux normes de conduite élevées que prône la Bible. Ils ne nient pas que d’autres personnes ont, à titre individuel, des normes morales élevées. Cependant, dans le cas des Témoins de Jéhovah, ce n’est pas seulement en tant qu’individus, mais en tant qu’organisation internationale qu’ils sont aisément reconnus à leur conduite conforme aux normes bibliques. Ils sont stimulés par le conseil inspiré de Dieu consigné en 1 Pierre 2:12: “Ayez toujours une belle conduite parmi les nations, afin (...) [qu’]elles en viennent à glorifier Dieu au jour de son inspection, à cause de vos belles œuvres dont elles sont témoins oculaires.”
[Notes]
a La Tour de Garde du 15 octobre 1941 (angl.) a de nouveau traité de ce sujet, d’une façon moins détaillée, sous le titre “Caractère ou intégrité”.
b La Tour de Garde du 15 août 1951 définissait la fornication comme “les relations sexuelles volontaires qu’une personne non mariée a avec une personne de l’autre sexe”. L’édition anglaise du 1er janvier 1952 ajoutait que, d’après les Écritures, le terme pouvait aussi désigner l’immoralité sexuelle à laquelle se livrent des personnes mariées.
c La Tour de Garde avait déjà évoqué le caractère sacré du sang dans le numéro de mars 1928 (15 décembre 1927 en angl.) et dans celui en anglais du 1er décembre 1944, qui parlait en particulier des transfusions sanguines.
d Contemporary Surgery, mars 1990, pp. 45-49; The American Surgeon, juin 1987, pp. 350-356; Miami Medicine, janvier 1981, p. 25; New York State Journal of Medicine, 15 octobre 1972, pp. 2524-2527; The Journal of the American Medical Association, 27 novembre 1981, pp. 2471, 2472; Cardiovascular News, février 1984, p. 5; Circulation, septembre 1984.
[Entrefilet, page 172]
“Ils ont des valeurs morales remarquables.”
[Entrefilet, page 174]
Y a-t-il jamais eu de doute quant à la façon de considérer l’homosexualité?
[Entrefilet, page 175]
L’effondrement des valeurs morales dans le monde ne rend pas les Témoins plus laxistes.
[Entrefilet, page 176]
Certains ont essayé d’être Témoins sans renoncer à la polygamie.
[Entrefilet, page 177]
Un programme d’enseignement énergique sur la façon dont Jéhovah considère le divorce.
[Entrefilet, page 178]
Des changements spectaculaires dans la vie des gens.
[Entrefilet, page 181]
Le tabac: Non!
[Entrefilet, page 182]
Les boissons alcooliques: avec modération, ou pas du tout.
[Entrefilet, page 183]
Fermement résolus à ne pas accepter de sang.
[Entrefilet, page 187]
L’exclusion: pour préserver la pureté de l’organisation.
[Encadré, page 173]
‘Le développement du caractère’: Les fruits n’étaient pas toujours bons.
Voici ce que disait un rapport provenant du Danemark: ‘Dans leurs efforts sincères pour revêtir une personnalité chrétienne, beaucoup, surtout parmi les frères les plus anciens, s’efforçaient de rejeter la moindre trace d’attachement aux choses de ce monde et de se rendre ainsi plus dignes du Royaume des cieux. Souvent, on jugeait incorrect de sourire pendant les réunions, et beaucoup de frères ne portaient que des costumes noirs, des chaussures noires et des cravates noires. Ils se contentaient fréquemment de mener une vie paisible dans le Seigneur. Ils pensaient qu’il suffisait de tenir des réunions et de laisser la prédication aux colporteurs.’
[Encadré, page 179]
Ce que d’autres remarquent chez les Témoins de Jéhovah
◆ “Münchner Merkur”, un journal allemand, a écrit à propos des Témoins de Jéhovah: “Ce sont les contribuables les plus honnêtes et les plus ponctuels de la République fédérale d’Allemagne. Leur obéissance aux lois se voit aussi bien au volant de leur voiture que dans les statistiques criminelles. (...) Ils obéissent aux autorités (parents, enseignants, gouvernement). (...) La Bible, qui est la base de toutes leurs actions, est aussi leur soutien.”
◆ En France, après que les Témoins ont tenu une de leurs assemblées dans le stade de la ville, le maire de Lens leur a dit: “Vous tenez vos promesses et vos engagements et, en plus, vous êtes propres, rigoureux, organisés; c’est ce qui me plaît chez vous. Je suis contre le désordre, je n’aime pas les gens qui salissent et qui saccagent.”
◆ Le livre “Voices From the Holocaust” (Voix de l’holocauste) contient les mémoires d’une Polonaise qui a survécu aux camps de concentration d’Auschwitz et de Ravensbrück; elle a écrit: “J’ai vu des gens devenir très, très bons et d’autres devenir extrêmement méchants. Les Témoins de Jéhovah étaient le groupe le plus agréable. Je tire mon chapeau à ces gens. (...) Ils faisaient des choses merveilleuses pour les autres. Ils aidaient les malades, partageaient leur pain et apportaient à tous un réconfort spirituel. Les Allemands les haïssaient et les respectaient en même temps. Ils leur confiaient les pires travaux, mais eux les acceptaient la tête haute.”
-
-
“Ils ne font pas partie du monde”Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 14
“Ils ne font pas partie du monde”
LA PLUPART des religions font aujourd’hui bel et bien partie du monde; c’est pourquoi elles participent à ses fêtes et reflètent son esprit nationaliste. Les ecclésiastiques le reconnaissent souvent et beaucoup aiment qu’il en soit ainsi. En revanche, Jésus a déclaré à propos de ses disciples: “Ils ne font pas partie du monde, comme je ne fais pas partie du monde.” — Jean 17:16.
Que révèle l’histoire des Témoins de Jéhovah sur ce point? Ont-ils fourni des preuves convaincantes qu’ils ne font pas partie du monde?
Leur comportement à l’égard de leur prochain
Les premiers Étudiants de la Bible étaient bien conscients du fait que les véritables chrétiens ne doivent pas faire partie du monde. La Tour de Garde a expliqué que les disciples oints de Jésus étant sanctifiés et engendrés de l’esprit saint pour avoir part au Royaume céleste, ils étaient séparés du monde par cette action de Dieu. En outre, elle a montré qu’ils devaient rejeter l’esprit du monde, à savoir ses objectifs, ses ambitions et ses espoirs, ainsi que ses voies égoïstes. — 1 Jean 2:15-17.
Cela a-t-il modifié le comportement des Étudiants de la Bible envers ceux qui ne partageaient pas leurs croyances? Ils ne se sont pas mis à vivre en reclus. Cependant, ceux qui appliquaient vraiment ce qu’ils apprenaient dans les Écritures ne recherchaient pas l’amitié des gens du monde au point d’adopter leur mode de vie. La Tour de Garde a rappelé aux serviteurs de Dieu le conseil biblique de ‘faire le bien à l’égard de tous’. Elle leur a aussi conseillé, en cas de persécution, de s’efforcer de ne pas entretenir du ressentiment, mais plutôt, comme l’avait dit Jésus, ‘d’aimer leurs ennemis’. (Gal. 6:10; Mat. 5:44-48.) Elle les a particulièrement encouragés à chercher à communiquer à autrui la précieuse vérité relative aux dispositions prises par Dieu en vue du salut.
Bien sûr, ce comportement allait amener le monde à les juger différents. Cependant, ne pas faire partie du monde implique davantage, oui, beaucoup plus.
Séparés et distincts de Babylone la Grande
Pour ne pas faire partie du monde, ils ne devaient pas faire partie des religions qui se mêlaient des affaires du monde et qui adoptaient les doctrines et les coutumes de la Babylone antique, l’ennemie séculaire du vrai culte (Jér. 50:29). Quand la Première Guerre mondiale a éclaté, les Étudiants de la Bible dévoilaient depuis plusieurs dizaines d’années les origines païennes des doctrines de la chrétienté comme la Trinité, l’immortalité de l’âme humaine et l’enfer de feu. Ils révélaient que les religions chrétiennes essayaient de manipuler les gouvernements à des fins égoïstes. En raison de ses doctrines et de ses pratiques, les Étudiants de la Bible assimilaient la chrétienté à “Babylone la Grande”. (Rév. 18:2.) Ils soulignaient le fait qu’elle mélangeait l’erreur et la vérité, un christianisme tiède et l’esprit du monde, et que le terme biblique “Babylone” (qui signifie “Confusion”) lui convenait parfaitement. Ils encourageaient ceux qui aimaient Dieu à sortir de “Babylone”. (Rév. 18:4.) C’est dans ce but que, fin décembre 1917 et début 1918, ils ont distribué 10 000 000 d’exemplaires de L’Étudiant de la Bible, un feuillet mensuel, qui avait pour thème “La chute de Babylone” et qui portait une accusation virulente contre la chrétienté. Cette démarche a suscité en retour une vive hostilité de la part du clergé, qui a profité de l’hystérie de la guerre pour tenter d’anéantir l’œuvre des Témoins de Jéhovah.
Pour sortir de Babylone la Grande, il fallait inévitablement se retirer des organisations qui soutenaient ses fausses doctrines. C’est ce qu’ont fait les Étudiants de la Bible, alors que, pendant des années, ils avaient considéré comme des frères chrétiens les membres des Églises qui affirmaient s’être entièrement consacrés à Jésus et exercer la foi en la rançon. Quoi qu’il en soit, non seulement les Étudiants de la Bible ont écrit des lettres de retrait aux Églises de la chrétienté, mais, quand cela a été possible, certains les ont lues à voix haute lors de réunions au cours desquelles les paroissiens pouvaient prendre la parole. Quand cela n’a pas été possible, ils ont envoyé à chaque membre de leur Église une aimable lettre de retrait qui donnait un témoignage approprié.
Se sont-ils aussi assurés de n’emporter avec eux aucune coutume ni aucune pratique impie de ces organisations? Quelle était la situation avant la Première Guerre mondiale?
La religion devrait-elle s’immiscer dans la politique?
Dans l’arène politique, en raison de leurs rapports avec les religions catholique et protestantes, les dirigeants de nombreuses nations de premier plan ont longtemps prétendu gouverner ‘de droit divin’, en qualité de représentants du Royaume de Dieu et par une faveur divine particulière. L’Église donnait sa bénédiction à l’État, et en retour l’État accordait son soutien à l’Église. Les Étudiants de la Bible se sont-ils permis d’agir ainsi?
Au lieu d’imiter les religions de la chrétienté, ils ont cherché à tirer leçon des enseignements et de l’exemple de Jésus Christ et de ses apôtres. Que leur a révélé l’étude de la Bible? Les premières publications de la Société Watch Tower montrent qu’ils savaient que lorsqu’il avait été interrogé par le gouverneur romain Ponce Pilate, Jésus avait répondu: “Mon royaume ne fait pas partie de ce monde.” Et, répondant à une question relative à son rôle, Jésus a dit au gouverneur: “Je suis né pour ceci, et je suis venu dans le monde pour ceci: pour rendre témoignage à la vérité.” (Jean 18:36, 37). Les Étudiants de la Bible savaient que Jésus était resté fermement attaché à cette mission. Quand le Diable lui avait proposé tous les royaumes du monde et leur gloire, il les avait refusés. Quand le peuple avait voulu le faire roi, il s’était retiré (Mat. 4:8-10; Jean 6:15). Les Étudiants de la Bible n’ont pas fermé les yeux sur le fait que Jésus avait identifié le Diable au “chef du monde”, ajoutant qu’il ‘n’avait pas prise sur lui’. (Jean 14:30.) Ils se rendaient compte que Jésus n’avait pas cherché à se mêler, ou à mêler ses disciples, au système politique romain, mais qu’il était entièrement occupé à annoncer “la bonne nouvelle du royaume de Dieu”. — Luc 4:43.
Leur croyance en ces vérités rapportées dans la Parole de Dieu encourageait-elle le mépris pour l’État? Pas du tout. Au contraire, elle leur permettait de comprendre pourquoi les dirigeants se heurtent à des problèmes si écrasants, pourquoi le mépris de la loi est si répandu, et pourquoi les projets gouvernementaux visant à améliorer le sort des gens échouent si souvent. Leur croyance les aidait à endurer patiemment les difficultés parce qu’ils étaient convaincus qu’en temps voulu Dieu apporterait un soulagement durable par le moyen de son Royaume. À l’époque, ils pensaient que les “puissances supérieures” mentionnées en Romains 13:1-7, selon la King James Version (Bible du roi Jacques), représentaient les dirigeants du monde. Ils encourageaient donc le respect envers les fonctionnaires de l’État. Dans le livre La Nouvelle Création (publié en 1904), Charles Russell a écrit à propos de Romains 13:7: “L’homme nouveau reconnaîtra en toute sincérité les puissants de ce monde, il obéira entièrement à la loi et à ses exigences sauf quand elles entrent en conflit avec les exigences et les commandements de la loi divine. De nos jours, parmi ceux qui détiennent le pouvoir sur la terre, il en est peu qui s’opposeront à la croyance à un Créateur suprême et à la promesse de fidélité absolue à tous ses commandements. Les membres de la nouvelle création seront donc les plus fidèles à observer la loi à notre époque; on ne les trouvera, ni parmi les agitateurs, ni chez les querelleurs, ni chez ceux qui critiquent tout.”
En qualité de chrétiens, les Étudiants de la Bible savaient que l’œuvre dans laquelle ils devaient se dépenser était la prédication du Royaume de Dieu. Ainsi, comme le disait le premier tome des Études des Écritures, “si [l’Église de Dieu] le fait fidèlement il ne lui restera ni le temps ni le désir de s’ingérer dans la politique des gouvernements actuels”.
À cet égard, ils étaient, dans une grande mesure, semblables aux premiers chrétiens décrits par Auguste Neander dans le livre Allgemeine Geschichte der Christlichen Religion und Kirche (Histoire générale de la religion chrétienne et de l’Église): “Les chrétiens se tenaient séparés de l’État (...), et le christianisme n’était susceptible d’influencer la vie civile que de la manière qui, il faut l’avouer, est la plus pure: en essayant d’inspirer dans la pratique de plus en plus de pieux sentiments aux citoyens de l’État.”
Quand le monde est entré en guerre
Dans le monde entier, les événements de la Première Guerre mondiale ont sérieusement mis à l’épreuve les prétentions de ceux qui professaient le christianisme. Elle a été la guerre la plus horrible jamais connue à l’époque; la quasi-totalité de la population mondiale a été impliquée d’une manière ou d’une autre dans ce conflit.
En dépit des sympathies du Vatican pour les Puissances centrales, le pape Benoît XV s’est efforcé de garder une apparence de neutralité. Toutefois, dans chaque nation, le clergé catholique et protestant ne s’en est pas tenu à cette position neutre. Parlant de la situation aux États-Unis, Ray Abrams a écrit dans son livre Preachers Present Arms (Les prédicateurs présentent les armes): “Les Églises affectèrent une unité d’action jamais connue jusqu’ici dans toute l’histoire religieuse (...). Sans perdre un instant, le clergé s’organisa pour s’adapter à la situation créée par la guerre. Vingt-quatre heures après la déclaration de guerre, le Conseil fédéral des Églises du Christ en Amérique proposa les plans d’une coopération pleine et entière. (...) L’Église catholique romaine, organisée en vue d’un service semblable sous le Conseil de guerre national catholique dirigé par quatorze archevêques et présidé par le cardinal Gibbons, témoigna une égale dévotion à la cause. (...) De nombreuses Églises allèrent au delà de ce qui leur était demandé. Elles se transformèrent en bureaux de recrutement.” Qu’ont fait les Étudiants de la Bible?
Bien qu’ils se soient efforcés de faire ce qui, d’après eux, plaisait à Dieu, ils n’ont pas toujours observé une stricte neutralité. Leur attitude était influencée par le fait qu’ils croyaient, comme d’autres prétendus chrétiens, que les “puissances supérieures” étaient “ordonnées de Dieu” selon les termes de la King James Version (Rom. 13:1). Par conséquent, en accord avec la proclamation du président des États-Unis, La Tour de Garde a exhorté les Étudiants de la Bible à participer le 30 mai 1918 à une journée de prières et de supplications en faveur de la fin de la guerre mondialea.
Pendant les années de guerre, les Étudiants de la Bible se sont retrouvés dans des situations très différentes. Se sentant tenus d’obéir aux “puissances qui existent”, comme ils appelaient les chefs d’État, certains sont allés au front, dans les tranchées, armés de fusils et de baïonnettes. Cependant, pensant au verset “Tu ne tueras point”, ils tiraient en l’air ou essayaient simplement de désarmer leur ennemi (Ex. 20:13, Sg). Quelques-uns, comme Remigio Cuminetti, en Italie, ont refusé de porter l’uniforme. À l’époque, le gouvernement italien ne faisait pas d’exception pour ceux dont la conscience les poussait à refuser de prendre les armes. Ce frère a été jugé cinq fois et il a été envoyé en prison puis dans un asile, mais il a gardé une foi et une détermination inébranlables. En Angleterre, certains qui avaient demandé l’exemption ont été employés à des travaux d’utilité publique ou envoyés dans un corps non combattant. D’autres, comme Pryce Hughes, ont observé une stricte neutralité et ce, quelles qu’en aient été les conséquences pour eux.
Au moins sur ce point, l’histoire générale des Étudiants de la Bible n’a pas été semblable à celle des premiers chrétiens mentionnés dans The Rise of Christianity (La montée du christianisme), ouvrage de E. Barnes, où on lit: “Une étude soigneuse de tous les renseignements disponibles révèle que jusqu’à l’époque de Marc Aurèle [qui fut empereur entre 161 et 180 de notre ère] aucun chrétien ne devint soldat; et aucun soldat, après être devenu chrétien, ne restait dans le service militaire.”
Mais à la fin de la Première Guerre mondiale s’est présentée une autre situation qui a exigé des groupes religieux qu’ils démontrent à qui ils étaient fidèles.
L’expression politique du Royaume de Dieu?
Un traité de paix, qui incluait le pacte de la Société des Nations, a été signé en France, à Versailles, le 28 juin 1919. Avant même la signature de ce traité de paix, le Conseil fédéral des Églises du Christ en Amérique a déclaré publiquement que la Société des Nations était “l’expression politique du Royaume de Dieu sur la terre”. En outre, le Sénat américain a reçu une avalanche de courrier de la part de groupes religieux qui l’exhortaient à ratifier le pacte de la Société des Nations.
Les Témoins de Jéhovah n’ont pas suivi le mouvement. Le 7 septembre 1919, avant même la ratification définitive du traité (en octobre), Joseph Rutherford a prononcé un discours à Cedar Point (Ohio), discours dans lequel il a montré que le Royaume établi par Dieu, et non la Société des Nations, est le seul espoir de l’humanité affligée. Tout en reconnaissant qu’une alliance humaine destinée à améliorer la situation pouvait être bénéfique, les Étudiants de la Bible n’ont pas renié le Royaume de Dieu pour un expédient politique mis en place par des hommes et cautionné par le clergé. Au contraire, ils ont entrepris de témoigner dans le monde entier que Dieu avait confié le Royaume à Jésus Christ (Rév. 11:15; 12:10). Selon La Tour de Garde du 1er juillet 1920 (en anglais), c’était là l’œuvre annoncée par Jésus en Matthieu 24:14.
Après la Seconde Guerre mondiale, les chrétiens ont rencontré une situation semblable. Cette fois, il était question de l’Organisation des Nations unies, qui succédait à la Société des Nations. En 1942, alors que la Seconde Guerre mondiale faisait encore rage, les Témoins de Jéhovah avaient déjà discerné à l’aide de la Bible, d’après Révélation 17:8, que l’organisation mondiale pour la paix allait réapparaître et qu’elle ne réussirait pas à établir une paix durable. C’est ce qu’a expliqué Nathan Knorr, le président de la Société Watch Tower, lors d’une assemblée, dans le discours intitulé “La paix de demain sera-t-elle de longue durée?” Les Témoins de Jéhovah ont proclamé avec hardiesse ce point de vue sur la situation mondiale. De leur côté, les chefs religieux catholiques, protestants et juifs ont participé aux débats préliminaires à la Charte de l’ONU qui se sont déroulés à San Francisco en 1945. Les observateurs n’avaient aucun mal à identifier qui voulait être “ami du monde” et qui s’efforçait de ne pas “faire partie du monde”, selon ce que Jésus avait annoncé concernant ses disciples. — Jacq. 4:4; Jean 17:14.
La neutralité chrétienne
Si les Témoins de Jéhovah ont rapidement discerné certaines vérités relatives aux rapports des chrétiens avec le monde, il leur a fallu plus de temps pour d’autres questions. Toutefois, alors que la Seconde Guerre mondiale s’étendait en Europe, un article important paru dans La Tour de Garde du 1er novembre 1939 (en anglais) a aidé les Témoins à comprendre ce que représentait la neutralité chrétienne. Les disciples de Jésus Christ, disait l’article, ont devant Dieu l’obligation de lui être entièrement attachés ainsi qu’à son Royaume, la Théocratie. Ils devraient prier pour le Royaume de Dieu, et non pour le monde (Mat. 6:10, 33). À la lumière de ce que Jésus Christ a révélé à propos de l’identité du chef invisible du monde (Jean 12:31; 14:30), l’article tenait le raisonnement suivant: Comment une personne attachée au Royaume de Dieu pourrait-elle prendre parti pour un camp ou un autre lors d’un conflit entre différentes factions du monde? Jésus n’a-t-il pas dit à propos de ses disciples: “Ils ne font pas partie du monde.” (Jean 17:16). Cette position de neutralité chrétienne n’a pas été comprise par le monde en général. Mais les Témoins de Jéhovah l’ont-ils gardée?
Leur neutralité a été mise à rude épreuve pendant la Seconde Guerre mondiale, particulièrement en Allemagne. L’historien Brian Dunn a déclaré: ‘Il était impossible aux Témoins de Jéhovah de composer avec le nazisme. Ce que les nazis reprochaient le plus aux Témoins, c’était l’attitude qu’ils adoptaient envers l’État et leur neutralité politique. Cela signifiait qu’aucun croyant ne pouvait porter les armes, occuper une fonction politique, participer aux fêtes publiques ou faire un signe d’allégeance quelconque.’ (The Churches’ Response to the Holocaust [La réaction des Églises face à l’Holocauste], 1986). Dans son livre intitulé A History of Christianity (Histoire du christianisme), Paul Johnson a dit aussi: “Beaucoup furent condamnés à mort pour leur refus de faire le service militaire (...) ou finirent à Dachau ou dans des asiles d’aliénés.” Combien de Témoins ont été emprisonnés en Allemagne? Les Témoins allemands ont rapporté par la suite que, parmi eux, 6 262 avaient été arrêtés et, sur ce nombre, 2 074 envoyés dans des camps de concentration. Des auteurs profanes penchent généralement pour des chiffres plus élevés.
En Grande-Bretagne, où les hommes et les femmes étaient appelés sous les drapeaux, la loi prévoyait l’exemption, mais de nombreux tribunaux la refusaient aux Témoins de Jéhovah, et des juges leur ont infligé des peines de prison dépassant au total 600 ans. Aux États-Unis, des centaines de Témoins de Jéhovah reconnus comme ministres chrétiens ont été exemptés du service militaire. Plus de 4 000 autres se sont vu refuser l’exemption par le service de recrutement et ont été arrêtés et condamnés à des peines de prison allant jusqu’à cinq ans. Dans tous les pays, les Témoins de Jéhovah ont maintenu cette position de neutralité chrétienne.
Toutefois, la mise à l’épreuve de la sincérité de leur neutralité n’a pas pris fin avec la guerre. Certes, la crise de 1939-1945 était passée, mais d’autres conflits ont éclaté; et même en temps de paix relative, de nombreuses nations ont décidé de maintenir le service militaire obligatoire. En qualité de ministres chrétiens, les Témoins de Jéhovah ont continué à subir des peines de prison partout où on ne leur accordait pas l’exemption. Lorsqu’en 1949 John Tsukaris et George Orphanidis ont refusé de prendre les armes contre leur prochain, le gouvernement grec a ordonné leur exécution. Les sévices (de tous genres) infligés aux Témoins de Jéhovah en Grèce ont été, à maintes reprises, si cruels que le Conseil de l’Europe (Commission des droits de l’homme) a tenté d’user de son influence en leur faveur. Cependant, à la suite des manœuvres de l’Église orthodoxe grecque, les instances du Conseil sont restées, à quelques exceptions près, lettre morte jusqu’à ce jour, en 1992. Toutefois, certains gouvernements ont estimé inconvenant de continuer à punir les Témoins de Jéhovah à cause de leur conscience éduquée par la Bible. À présent, dans les années 90, après avoir examiné soigneusement chaque cas, les gouvernements de pays comme la Suède, la Finlande, la Pologne, les Pays-Bas et l’Argentine n’imposent plus aux Témoins actifs le service militaire ni un service national de remplacement.
Dans un lieu après l’autre, les Témoins de Jéhovah se sont trouvés dans des situations qui mettaient en question leur neutralité chrétienne. En Amérique latine, en Afrique, au Proche-Orient, en Irlande du Nord et ailleurs, les gouvernements en place ont rencontré une violente opposition de la part de forces révolutionnaires. Par conséquent, tant les gouvernements que les forces adverses ont pressé les Témoins de Jéhovah de les soutenir activement. Mais ces derniers sont restés absolument neutres. Certains ont été cruellement battus et même exécutés à cause de leur prise de position. Souvent, malgré tout, l’authentique neutralité chrétienne des Témoins leur a fait gagner le respect des dirigeants des deux camps, et ils ont pu poursuivre, sans ennui, l’œuvre qui consiste à répandre la bonne nouvelle relative au Royaume de Jéhovah.
Dans les années 60 et 70, la neutralité des Témoins a été sévèrement mise à l’épreuve lorsque tous les citoyens du Malawi ont reçu l’ordre d’acheter une carte pour signifier leur appartenance au parti politique dominant. Les Témoins de Jéhovah ont compris qu’il serait contraire à leurs croyances chrétiennes d’obéir à un tel ordre. En conséquence, ils ont été persécutés avec une cruauté sadique sans précédent. Des dizaines de milliers ont dû fuir le pays, et, par la suite, beaucoup ont été rapatriés de force pour subir d’autres brutalités.
Même quand ils sont violemment persécutés, les Témoins de Jéhovah n’entretiennent pas un esprit de rébellion. Leurs croyances ne représentent une menace pour aucun gouvernement sous lequel ils vivent. À l’inverse, le Conseil œcuménique des Églises finance des révolutions, et des prêtres catholiques soutiennent les guérilleros. Mais si un Témoin de Jéhovah s’engageait dans une activité subversive, cela reviendrait pour lui à renoncer à sa foi.
Certes, les Témoins de Jéhovah croient que les gouvernements humains seront supprimés par le Royaume de Dieu. C’est ce que montre la Bible en Daniel 2:44. Cependant, comme ils le font remarquer, au lieu d’annoncer que les humains vont établir ce Royaume, ce verset dit que “le Dieu du ciel établira un royaume”. De même, expliquent-ils, ce texte ne dit pas que Dieu autorise les humains à préparer la voie à ce Royaume en renversant leurs dirigeants. Les Témoins de Jéhovah reconnaissent que les véritables chrétiens ont reçu la mission de prêcher et d’enseigner (Mat. 24:14; 28:19, 20). Les faits montrent que, conformément au respect qu’ils ont pour la Parole de Dieu, jamais des Témoins n’ont tenté de renverser un gouvernement quel qu’il soit, où que ce soit dans le monde, ni même comploté de nuire à un fonctionnaire de l’État. Le journal italien La Stampa a écrit à propos des Témoins: “Ces gens-là sont les citoyens les plus honnêtes qui se puissent souhaiter: ils ne fraudent pas sur les impôts et ne cherchent pas à se soustraire aux lois qui ne les avantagent pas.” Néanmoins, comme ils reconnaissent l’importance de cette question aux yeux de Dieu, chacun d’eux est fermement déterminé à ‘ne pas faire partie du monde’. — Jean 15:19; Jacq. 4:4.
Quand les emblèmes nationaux deviennent l’objet d’un culte
Avec l’accession d’Adolf Hitler au pouvoir en Allemagne, une vague d’hystérie patriotique a submergé le monde. Afin d’enrégimenter les gens, on a rendu obligatoire la participation aux cérémonies patriotiques. En Allemagne, chacun devait faire le salut prescrit et crier “Heil Hitler!” C’était louer Hitler comme un sauveur; ce salut laissait entendre que tous les espoirs des peuples reposaient sur ce chef. Mais les Témoins de Jéhovah ne pouvaient partager de tels sentiments. Ils savaient qu’ils ne devaient adorer que Jéhovah et qu’il avait suscité Jésus Christ comme Sauveur de l’humanité. — Luc 4:8; 1 Jean 4:14.
Avant même que Hitler ne devienne dictateur en Allemagne, les Témoins de Jéhovah avaient réexaminé l’exemple biblique du prophète Daniel et de ses trois courageux compagnons hébreux à Babylone, dans la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde (publiée en 1931). Lorsque le roi avait ordonné à ces fidèles Hébreux de s’incliner au son d’une certaine musique, ils avaient refusé de faire un compromis, et Jéhovah avait montré clairement qu’il les approuvait en les délivrant (Dan. 3:1-26). La brochure soulignait que les cérémonies patriotiques représentaient une épreuve semblable pour la fidélité des Témoins de Jéhovah d’aujourd’hui.
Peu à peu, la campagne en faveur des cérémonies patriotiques obligatoires a dépassé les frontières de l’Allemagne. Le 3 juin 1935, lors d’une assemblée qui s’est tenue à Washington, répondant à une question relative au salut au drapeau dans les écoles, Joseph Rutherford a mis l’accent sur la fidélité à Dieu. Quelques mois plus tard, lorsque Carleton Nichols, de Lynn (Massachusetts), a refusé de saluer le drapeau américain et d’entonner un chant patriotique, les journaux ont publié cet incident dans tout le pays.
Pour expliquer les faits, le 6 octobre, frère Rutherford a donné un discours radiodiffusé sur le thème “Le salut au drapeau”, discours dans lequel il a dit: “Pour beaucoup, le salut au drapeau est seulement une formalité qui n’a que peu ou pas d’importance. Pour ceux qui considèrent sincèrement cette question du point de vue des Écritures, elle en revêt davantage.
“Le drapeau représente les puissances dirigeantes. Essayer au moyen de la loi d’obliger un citoyen ou l’enfant d’un citoyen à saluer un objet ou une chose quelconque, ou d’entonner ce qu’on appelle des ‘chants patriotiques’, est tout à fait injuste et mal. Les lois sont faites et appliquées pour empêcher la perpétration d’actes non déguisés portant préjudice à autrui, et non pour obliger quelqu’un à violer sa conscience, particulièrement lorsque cette conscience est éduquée par la Parole de Jéhovah Dieu.
“Refuser de saluer le drapeau et se taire, comme l’a fait ce garçon, ne cause de tort à personne. Si quelqu’un croit sincèrement que le salut au drapeau est contraire au commandement divin, l’obliger à le faire à l’encontre de la Parole de Dieu et de sa conscience lui cause un grand préjudice. L’État n’a pas le droit, que ce soit par la loi ou par d’autres moyens, de porter préjudice aux gens.”
La brochure Loyalty (Loyauté), publiée aussi en 1935 (en anglais), contenait d’autres explications sur les raisons de la position des Témoins de Jéhovah. Elle attirait l’attention sur des versets bibliques comme ceux-ci: Exode 20:3-7, qui ordonne aux serviteurs de Dieu de n’adorer que Jéhovah et de ne fabriquer aucune image qui ressemble à quoi que ce soit dans les cieux ou sur la terre, ni de s’incliner devant; Luc 20:25, où Jésus Christ dit qu’on doit rendre non seulement les choses de César à César, mais aussi les choses de Dieu à Dieu; et Actes 5:29, où les apôtres déclarent avec fermeté: “On doit obéir à Dieu, comme à un chef, plutôt qu’aux hommes.”
Aux États-Unis, on a laissé aux tribunaux le soin de déterminer s’il convenait d’obliger quelqu’un à saluer le drapeau. Le 14 juin 1943, la Cour suprême des États-Unis a annulé un arrêt qu’elle avait rendu précédemment et, dans l’affaire Académie de Virginie occidentale contre Barnette, a jugé qu’imposer le salut au drapeau était incompatible avec la garantie de liberté établie dans la constitution nationaleb.
Le problème des cérémonies nationalistes ne s’est pas posé qu’en Allemagne et aux États-Unis. Bien qu’ils aient adopté une attitude respectueuse durant les cérémonies du salut au drapeau ou d’autres manifestations du même genre, en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Afrique et en Asie, les Témoins de Jéhovah ont été cruellement persécutés parce qu’ils n’y participaient pas. Des enfants ont été battus; beaucoup ont été expulsés de leur école. De nombreux procès ont eu lieu.
Des observateurs se sont sentis poussés à reconnaître que, dans ce domaine comme dans d’autres, les Témoins de Jéhovah se sont montrés semblables aux premiers chrétiens. Ainsi, voici ce que dit le livre The American Character (Le tempérament américain): “Les réticences des Témoins étaient tout aussi incompréhensibles pour l’écrasante majorité (...) que l’étaient, pour Trajan et Pline, celles des chrétiens [dans l’Empire romain] à offrir un sacrifice au dieu empereur.” Il fallait s’y attendre, car, à l’exemple des premiers chrétiens, les Témoins de Jéhovah considéraient les choses, non à la manière du monde, mais à la lumière des principes bibliques.
Leur position est clairement affirmée
Après que la neutralité chrétienne des Témoins de Jéhovah a été cruellement mise à l’épreuve pendant des années, La Tour de Garde du 1er février 1980 a réaffirmé leur position. Elle a aussi expliqué la raison de l’attitude adoptée par les Témoins individuellement, en ces termes: “Grâce à une étude assidue de la Parole de Dieu, ces jeunes chrétiens purent prendre une décision. Personne d’autre ne la prit à leur place. Chacun put écouter la voix de sa conscience éduquée par la Bible et faire un choix personnel. Or, ils décidèrent de ne pas se livrer à des manifestations de haine et de violence à l’égard de leurs semblables d’autres nations. Oui, ils ont ajouté foi et voulu prendre part à l’accomplissement de la célèbre prophétie d’Ésaïe: ‘Et ils devront forger leurs épées en socs de charrue et leurs lances en cisailles à émonder. Une nation ne lèvera pas l’épée contre une nation, et ils n’apprendront plus la guerre.’ (És. 2:4). Ces jeunes hommes de toutes les nations ont agi exactement de cette manière.”
Au cours des années où leur attachement à la neutralité chrétienne a été éprouvé, les Témoins sont parvenus à définir plus clairement leurs relations avec les gouvernements grâce à un nouvel examen de ce que dit la Bible à propos des “autorités supérieures” en Romains 13:1-7. Cet examen a été publié dans La Tour de Garde du 15 février 1963, ainsi que dans celles du 1er et du 15 mars de la même année, et réaffirmé dans l’édition du 1er novembre 1990. Ces articles mettaient l’accent sur la position de Jéhovah, “le Dieu suprême”, et expliquaient que les dirigeants sont des “autorités supérieures” par rapport aux autres humains et seulement dans la sphère d’activité que Dieu leur accorde dans l’actuel système de choses. Les articles montraient que les véritables chrétiens doivent honorer en toute bonne conscience ces dirigeants et leur obéir en toutes choses qui ne sont pas en contradiction avec la loi de Dieu et avec leur conscience éduquée par la Bible. — Dan. 7:18; Mat. 22:21; Actes 5:29; Rom. 13:5.
L’attachement indéfectible des Témoins de Jéhovah à ces principes bibliques leur vaut une réputation semblable à celle qu’avaient les premiers chrétiens: celle de gens qui se tiennent séparés du monde.
Quand le monde célèbre ses fêtes
Lorsque les Témoins de Jéhovah se sont défaits des enseignements religieux d’origine païenne, ils ont abandonné des coutumes également impures. Cependant, à une époque, certaines fêtes n’avaient pas été soumises à l’examen scrupuleux qu’elles méritaient. Noël était l’une d’elles.
Même ceux qui travaillaient au siège mondial de la Société Watch Tower, au Béthel de Brooklyn (New York), célébraient cette fête chaque année. Ils savaient depuis des années que le 25 décembre n’était pas la date exacte de la naissance du Sauveur, mais ils se disaient que cette date y était depuis longtemps universellement associée et qu’il convenait de faire du bien à autrui peu importe le jour. Toutefois, après d’autres recherches sur le sujet, les Étudiants de la Bible qui travaillaient au siège de la Société, ainsi que ceux des filiales d’Angleterre et de Suisse, ont décidé de ne plus participer aux fêtes de Noël; cette fête n’a plus été célébrée après 1926.
Richard Barber, qui appartenait au personnel du siège mondial, a fait des recherches approfondies sur l’origine des coutumes de Noël et leurs conséquences et a présenté sa conclusion dans une émission radiophonique. Ce discours a aussi été publié dans L’Âge d’Or du 12 décembre 1928 (en anglais). Il dévoilait en détail les origines de Noël, lesquelles déshonorent Dieu. Depuis, les origines païennes des coutumes de Noël sont connues du public, mais peu de gens modifient leur mode de vie en conséquence. De leur côté, les Témoins de Jéhovah ont volontiers apporté les changements nécessaires pour être des serviteurs de Jéhovah plus dignes.
Il a été démontré qu’en réalité on s’intéressait plus à la célébration de la naissance de Jésus qu’à la rançon fournie par sa mort; que les festivités et l’esprit avec lequel de nombreux cadeaux sont offerts n’honorent pas Dieu; que les mages, dont on imitait la générosité, étaient en réalité des astrologues inspirés par les démons; que les parents apprennent à leurs enfants à mentir en leur parlant du père Noël; que “saint Nicolas” (le père Noël dans certains pays) est, de l’aveu général, un autre nom donné au Diable; et que ces fêtes étaient, comme le reconnaissait le cardinal Newman dans son ouvrage Essay on the Development of Christian Doctrine (Essai sur le développement de la doctrine chrétienne), “les instruments et les accessoires mêmes du culte du démon” que l’Église avait adoptés. Lorsqu’ils ont appris tout cela, les Témoins de Jéhovah ont promptement et définitivement cessé de célébrer Noël.
Les Témoins de Jéhovah passent de bons moments en famille ou entre amis. Mais ils ne participent pas aux fêtes qui ont un rapport avec des dieux païens (comme c’est le cas de Pâques, du Jour de l’An, du Premier Mai et de la fête des mères) (2 Cor. 6:14-17). À l’instar des premiers chrétiensc, ils ne célèbrent même pas les anniversaires de naissance. Ils s’abstiennent respectueusement de participer aux fêtes nationales qui commémorent des événements politiques ou militaires, et se refusent à vouer un culte aux héros nationaux. Pour quelle raison? Parce qu’ils ne font pas partie du monde.
Ils aident leurs semblables
Le respect des dieux était le cœur même de la vie sociale et culturelle de l’Empire romain. Les chrétiens s’abstenant de tout ce qui avait un rapport avec les dieux païens, les gens considéraient leur mode de vie comme un affront au leur. Selon l’historien Tacite, les chrétiens étaient accusés de haine contre le genre humain. Trahissant un sentiment semblable, Minucius Félix cite dans ses écrits les propos d’un Romain à l’une de ses connaissances, un chrétien: “Vous n’allez point aux spectacles, vous n’assistez point à nos solennités, (...) à nos combats sacrés.” Les masses du monde romain antique ne comprenaient pas les chrétiens.
De même aujourd’hui, beaucoup ne comprennent pas les Témoins de Jéhovah. Peut-être admirent-ils leurs normes morales élevées, mais ils pensent qu’ils devraient prendre part aux activités du monde et contribuer à le rendre meilleur. Toutefois, ceux qui font directement connaissance avec les Témoins de Jéhovah apprennent qu’il y a une raison biblique à tout ce qu’ils font.
À l’exemple de Jésus Christ, loin de se tenir à l’écart du reste du monde, les Témoins de Jéhovah consacrent leur vie à aider leurs semblables. Ils les aident à apprendre comment régler dès maintenant les problèmes de la vie, en leur faisant connaître le Créateur et les principes qu’il a établis dans sa Parole inspirée. Ils font connaître gratuitement à leur prochain les vérités bibliques, qui peuvent modifier complètement le point de vue d’une personne sur la vie. L’essentiel de leur croyance est la prise de conscience que “le monde passe”, que Dieu va bientôt intervenir pour mettre fin à l’actuel système de choses méchant, et qu’un avenir brillant attend ceux qui demeurent séparés du monde et fondent leur foi sur le Royaume de Dieu. — 1 Jean 2:17.
[Notes]
a La Tour de Garde du 1er juin 1918 (angl.), p. 174.
b Pour plus de détails, voir chapitre 30, “Défense et affermissement légal de la bonne nouvelle”.
c Allgemeine Geschichte der christlichen Religion und Kirche, Auguste Neander, p. 190.
[Entrefilet, page 188]
Ils ne vivent pas en reclus, mais ils n’adoptent pas le mode de vie du monde.
[Entrefilet, page 189]
Ils se sont retirés des Églises de la chrétienté.
[Entrefilet, page 190]
“Les chrétiens se tenaient séparés de l’État.”
[Entrefilet, page 194]
La neutralité chrétienne mise à l’épreuve.
[Entrefilet, page 198]
‘Personne n’a pris la décision à leur place.’
[Entrefilet, page 199]
Pourquoi ils ont cessé de célébrer Noël.
[Encadré, page 195]
Aucune menace pour un quelconque gouvernement
◆ À propos du traitement infligé aux Témoins de Jéhovah dans un pays d’Amérique latine, un éditorial du “World-Herald” d’Omaha (Nebraska, États-Unis) a déclaré: “Il faut avoir l’esprit singulièrement étroit et paranoïaque pour croire que les Témoins de Jéhovah représentent un danger quelconque pour un régime politique; ils sont tout le contraire d’un groupement séditieux et se montrent aussi attachés à la paix qu’on peut l’attendre d’une dénomination religieuse. Tout ce qu’ils demandent, c’est qu’on les laisse tranquillement vivre leur foi à leur manière.”
◆ Le journal italien “Il Corriere di Trieste” a déclaré: “On devrait admirer les Témoins de Jéhovah pour leur fermeté et leur logique. Contrairement aux autres religions, leur unité les empêche de prier le même Dieu au nom du même Christ pour bénir deux camps adverses dans un conflit, ou bien de mélanger la politique et la religion pour servir les intérêts des chefs d’État ou des partis politiques. Enfin, le plus remarquable, c’est qu’ils sont prêts à affronter la mort plutôt que de violer le précepte fondamental pour le salut de l’homme, à savoir le commandement: ‘TU NE TUERAS POINT!’”
◆ Après que les Témoins de Jéhovah ont enduré 40 ans d’interdiction en Tchécoslovaquie, le journal “Nová Svoboda” a écrit en 1990: “La foi des Témoins de Jéhovah leur interdit de se servir d’armes contre des humains; ceux qui refusaient d’effectuer le service militaire minimum et n’obtenaient pas de travailler dans les mines de charbon allaient en prison, parfois pour quatre ans. Ce seul fait démontre qu’ils ont une force morale extraordinaire. Nous pourrions confier à ces personnes pleines d’abnégation les plus hautes fonctions politiques, mais nous n’y parviendrons jamais (...). Bien sûr, ils reconnaissent les autorités gouvernementales, mais ils croient que seul le Royaume de Dieu est capable de résoudre l’ensemble des problèmes de l’humanité. Attention cependant: ce ne sont pas des fanatiques, mais des gens entièrement dévoués à la cause d’autrui.”
[Encadré/Illustrations, pages 200, 201]
Des pratiques qui ont été abandonnées
Cette fête de Noël qu’ils ont célébrée au Béthel de Brooklyn en 1926 a été la dernière; les Étudiants de la Bible ont compris peu à peu que ni l’origine de cette fête ni les pratiques qui y sont associées n’honoraient Dieu.
Pendant des années, les Étudiants de la Bible ont porté une broche représentant une croix et une couronne pour s’identifier, et ce symbole a figuré sur la couverture de “La Tour de Garde” de 1891 à 1931. Cependant, en 1928, on a fait remarquer que ce n’était pas avec une broche décorative, mais par son activité de témoignage, que quelqu’un montrait qu’il était chrétien. En 1936, on a souligné qu’à l’évidence le Christ est mort sur un poteau, et non sur une croix faite de deux poutres.
Dans leur livre “La Manne quotidienne”, les Étudiants de la Bible tenaient une liste des anniversaires de naissance. Mais après avoir cessé de fêter Noël et avoir compris que célébrer les anniversaires de naissance revenait à accorder un honneur déplacé aux créatures (raison pour laquelle les premiers chrétiens n’ont jamais célébré les anniversaires), les Étudiants de la Bible ont également abandonné cette pratique.
Pendant 35 ans, le pasteur Russell a pensé que la Grande Pyramide de Guizèh était un témoin de pierre pour Dieu, qui corroborait les périodes bibliques (És. 19:19). Mais les Témoins de Jéhovah ont renoncé à l’idée qu’une pyramide égyptienne ait quelque chose à voir avec le vrai culte. (Voir les numéros de “La Tour de Garde” de février 1929 [15 novembre et 1er décembre 1928, en anglais].)
[Illustration, page 189]
Dix millions d’exemplaires ont été diffusés.
[Illustrations, page 191]
Certains sont allés dans les tranchées, armés de fusils, mais d’autres, comme Remigio Cuminetti, en Italie, et Pryce Hughes, en Angleterre, ont refusé de s’engager.
[Illustrations, page 193]
Les Témoins de Jéhovah ont refusé de considérer la Société des Nations et l’ONU comme venant de Dieu; ils ont soutenu le Royaume de Dieu confié au Christ.
[Illustration, page 197]
Carleton et Flora Nichols. Lorsque leur fils a refusé de saluer le drapeau, la nouvelle a fait le tour du pays.
-
-
Formation progressive de l’organisationLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 15
Formation progressive de l’organisation
LE FONCTIONNEMENT de l’organisation des Témoins de Jéhovah a connu des changements importants depuis 1870, année où Charles Russell s’est mis à étudier la Bible avec des amis. À leurs débuts, lorsque les Étudiants de la Bible étaient peu nombreux, ils étaient loin de ressembler à ce que d’aucuns considéreraient comme une organisation. Aujourd’hui, par contre, les gens qui observent les congrégations des Témoins de Jéhovah, leurs assemblées et leur prédication de la bonne nouvelle dans plus de 200 pays, s’étonnent du fonctionnement harmonieux de leur organisation. Comment s’est-elle formée?
Les Étudiants de la Bible se préoccupaient vivement de comprendre, non seulement les doctrines bibliques, mais aussi la manière dont il fallait servir Dieu, selon les indications des Écritures. Ils discernaient que la Bible n’avait pas prévu qu’il y ait d’un côté des ecclésiastiques titrés et de l’autre des laïcs à qui ils prêcheraient. Frère Russell était bien résolu à ne pas laisser se former un clergé en leur seina. Les lecteurs de La Tour de Garde se sont souvent vu rappeler que Jésus avait dit à ses disciples qu’‘un seul était leur Conducteur, le Christ’, mais qu’‘ils étaient tous frères’. — Mat. 23:8, 10.
La ‘communauté’ des Étudiants de la Bible à ses débuts
Les lecteurs de La Tour de Garde et des publications qui lui étaient apparentées ont rapidement discerné que pour plaire à Dieu ils devaient rompre avec toute Église qui se montrait infidèle à Dieu en ajoutant davantage foi aux credos et aux traditions humaines qu’à sa Parole écrite (2 Cor. 6:14-18). Mais après s’être retirés des religions de la chrétienté, où sont-ils allés?
Dans un article intitulé “L’ecclésia”b, frère Russell a fait remarquer que la véritable Église, la congrégation chrétienne, n’est pas une organisation dont les membres ont souscrit à un credo d’inspiration humaine et ont leurs noms inscrits sur un registre religieux. Elle se compose plutôt, a-t-il expliqué, de personnes qui ont “consacré” (ou voué) leur temps, leurs talents et leur vie à Dieu, et qui ont l’espérance de faire partie du Royaume céleste avec le Christ. Ce sont, disait Charles Russell, des fidèles unis par des liens d’amour chrétien et par le bien commun, qui se laissent diriger par l’esprit de Dieu et qui se soumettent à la direction du Christ. Frère Russell n’avait pas pour souci d’établir un autre ordre de choses, et il se refusait absolument à contribuer de près ou de loin au sectarisme qui existait chez les chrétiens de nom.
Dans le même temps, il comprenait parfaitement que les serviteurs du Seigneur devaient s’assembler, en harmonie avec le conseil d’Hébreux 10:23-25. Il a lui-même voyagé pour rendre visite aux lecteurs de La Tour de Garde, pour les édifier et leur faire rencontrer ceux qui, dans leur région, partageaient leurs idées. Au début de 1881, il a demandé que ceux qui tenaient des réunions régulières en signalent l’endroit au bureau de La Tour de Garde. Il comprenait qu’il était indispensable de rester en contact les uns avec les autres.
Toutefois, frère Russell insistait bien sur le fait que les Étudiants de la Bible n’essayaient pas de fonder une “organisation terrestre”. Il disait: “Nous n’adhérons qu’à l’organisation céleste dont les membres ont leurs ‘noms inscrits dans les cieux’. (Héb. 12:23; Luc 10:20.)” Au vu du passé honteux de la chrétienté, parler d’“organisation religieuse”, c’était d’ordinaire évoquer le sectarisme, la domination par le clergé et l’appartenance à une religion en adhérant à un credo formulé par un concile religieux. De ce fait, frère Russell pensait que le terme ‘communauté’ convenait mieux pour parler des Étudiants de la Bible.
Il savait que les apôtres du Christ avaient formé des congrégations et avaient nommé des anciens dans chacune d’elles. Mais il croyait que le Christ était de nouveau présent, quoique invisiblement, et qu’il dirigeait en personne la moisson finale de ceux qui seraient héritiers avec lui. Partant de ces principes, il a cru au début que les anciens, tels qu’ils existaient dans les congrégations chrétiennes du Ier siècle, n’étaient pas nécessaires.
Néanmoins, les Étudiants de la Bible devenant de plus en plus nombreux, frère Russell a compris que le Seigneur menait les choses différemment de ce qu’il avait lui-même imaginé. Il lui fallait rectifier son point de vue. Mais en s’appuyant sur quoi?
Des mesures en fonction des besoins croissants
La Tour de Garde du 15 novembre 1895 (en anglais) était consacrée presque entièrement au thème “Avec bienséance et ordre”. Très franchement, frère Russell avouait ceci: “Les apôtres ont dit beaucoup de choses à l’Église primitive concernant l’ordre dans les assemblées des saints; or il semble que nous ayons négligé ces sages conseils, en pensant qu’ils n’étaient pas très importants du fait que l’Église est si près de l’achèvement de la course chrétienne et que la moisson est une période de séparation.” Qu’est-ce qui a poussé les Étudiants de la Bible à réexaminer ces conseils?
L’article en question donnait quatre éléments: 1) À l’évidence, les progrès spirituels des chrétiens variaient de l’un à l’autre. Il se présentait des tentations, des épreuves, des difficultés et des dangers que tous n’étaient pas pareillement prêts à affronter. Par conséquent, on avait besoin de surveillants sages et avisés, d’hommes ayant de l’expérience et des capacités, qui veillent attentivement sur la santé spirituelle de tous et soient capables de leur enseigner la vérité. 2) Autre fait notoire, les membres du troupeau avaient besoin d’être défendus contre les ‘loups en vêtements de brebis’. (Mat. 7:15, Sg.) Il fallait les fortifier en les aidant à acquérir une connaissance profonde de la vérité. 3) L’expérience avait montré que, si l’on ne prévoyait pas d’établir des anciens pour protéger le troupeau, certains chrétiens s’arrogeraient cette fonction et finiraient par considérer le troupeau comme leur propriété. 4) Sans un ordre défini, des chrétiens fidèles à la vérité risquaient de voir leur service rejeté sous l’influence de quelques-uns qui seraient en désaccord avec eux.
Pour toutes ces raisons, La Tour de Garde déclarait: “Nous n’hésitons pas à recommander aux Églisesc en tout lieu, qu’elles comptent beaucoup ou peu de membres, ces conseils des apôtres, à savoir que dans chaque groupe on choisisse des anciens qui ‘nourriront’ et ‘surveilleront’ le troupeau.” (Actes 14:21-23; 20:17, 28). Les congrégations ont suivi ce sage conseil biblique. Ainsi, les Étudiants de la Bible ont fait un progrès important dans la structuration des congrégations en harmonie avec ce qui avait cours aux jours des apôtres.
Toutefois, en accord avec la compréhension de l’époque, les Étudiants de la Bible choisissaient les anciens, ainsi que leurs aides, les diacres, par un vote de leur congrégation. Chaque année, ou plus souvent lorsque c’était nécessaire, on examinait si les frères susceptibles de servir à ces fonctions remplissaient les conditions requises, et on procédait à un vote. C’était fondamentalement une démarche démocratique, maintenue toutefois à l’intérieur de certaines limites visant à empêcher les excès. En effet, tous les membres de la congrégation étaient encouragés à bien étudier les conditions requises par la Bible, et à exprimer par leur vote, non pas une opinion personnelle, mais ce qu’ils pensaient être la volonté du Seigneur. Étant donné que seuls les chrétiens ‘pleinement consacrés’ pouvaient voter, leur vote collectif, lorsqu’il était guidé par la Parole et l’esprit du Seigneur, était considéré comme l’expression de la volonté du Seigneur sur la question. Frère Russell ne s’en rendait probablement pas bien compte, mais en préconisant cette façon de faire peut-être a-t-il été influencé dans une certaine mesure par sa détermination à éviter toute ressemblance avec un clergé au-dessus du troupeau, et peut-être aussi par des réminiscences de son adolescence pendant laquelle il avait fréquenté l’Église congrégationaliste.
La Nouvelle Création, un tome de L’Aurore du Millénium, a paru en 1904. Cet ouvrage revoyait en détail le rôle des anciens et la manière dont on devait les choisir, et attirait particulièrement l’attention sur Actes 14:23. Il citait à l’appui une liste de textes parallèles dressée par James Strong et Robert Young, montrant que la phrase “ils firent nommer des anciens” devait se traduire par “ils les firent élire anciens, à main levéed”. Certaines versions de la Bible précisent même que les anciens furent ‘élus par un vote’. (Literal Translation of the Holy Bible de Robert Young; Emphasised Bible de Joseph Rotherham; Le Nouveau Testament, version de Hugues Oltramare.) Mais qui devait voter?
En adoptant le point de vue selon lequel la congrégation tout entière devait voter, on n’a pas toujours obtenu les résultats escomptés. Ceux qui votaient devaient être ‘pleinement consacrés’, et certains des élus remplissaient vraiment les conditions requises par la Bible et servaient humblement leurs frères. Mais, souvent, le vote reflétait des préférences personnelles plutôt que la Parole et l’esprit de Dieu. C’est ainsi qu’à Halle, en Allemagne, quand certains hommes qui pensaient devoir être anciens n’ont pas obtenu la fonction qu’ils voulaient, ils ont provoqué de graves dissensions. En 1927, à Barmen, en Allemagne également, certains des candidats étaient des hommes qui s’opposaient à l’œuvre de la Société et, le jour de l’élection, le vote à main levée s’est fait dans une ambiance orageuse. Il a donc fallu en venir à un vote secret.
En 1916, des années avant ces incidents, frère Russell, très soucieux, avait écrit: “Il se passe des choses très regrettables dans certaines classes lors des élections. Les serviteurs de l’Église cherchent à être des maîtres, des dictateurs; quelquefois même, ils dirigent la réunion de manière, semble-t-il, qu’eux-mêmes et leurs amis soient élus anciens et diacres. (...) Quelques-uns s’efforcent tranquillement d’abuser la classe en faisant procéder à l’élection à un moment particulièrement favorable pour eux et leurs amis. D’autres font venir à la réunion de nombreux amis qui sont parfois presque des étrangers et qui n’ont nullement l’intention d’être régulièrement présents dans la classe, mais qui y viennent uniquement par amitié pour un de leurs amis afin de voter pour lui.”
Les Étudiants de la Bible avaient-ils seulement besoin d’apprendre à mener plus sereinement les élections démocratiques? Ou bien était-il possible que quelque chose à ce sujet leur ait échappé dans la Parole de Dieu?
Ils s’organisent pour prêcher la bonne nouvelle
Très tôt, frère Russell a discerné que l’une des plus importantes responsabilités de chaque membre de la congrégation chrétienne était l’œuvre d’évangélisation (1 Pierre 2:9). La Tour de Garde a expliqué que ce n’était pas seulement à Jésus, mais à tous ses disciples oints de l’esprit, que s’appliquaient ces paroles prophétiques d’Ésaïe 61:1: “Jéhovah m’a oint pour annoncer aux humbles une bonne nouvelle”, ou, selon la façon dont la version de Hugues Oltramare rend cette citation dans la bouche de Jésus: “Il m’a oint pour annoncer l’évangile.” — Luc 4:18.
Dès 1881, La Tour de Garde a fait paraître l’article intitulé “Recherchons 1 000 prédicateurs”. C’était un appel à tous les membres des congrégations pour qu’ils emploient le maximum de temps dont ils pouvaient disposer (une demi-heure, une, deux ou trois heures) à répandre la vérité biblique. Tout homme ou toute femme qui n’était pas chargé de famille et qui pouvait donner la moitié ou plus de son temps exclusivement à l’œuvre du Seigneur était encouragé à s’engager dans cette œuvre comme évangélisateur-colporteur. D’une année à l’autre, le nombre des colporteurs a considérablement varié, mais en 1885 on en comptait déjà environ 300. D’autres Étudiants ont aussi participé à cette œuvre, mais dans des proportions plus limitées. Les colporteurs se sont vu offrir des suggestions sur la façon d’effectuer leur tâche. Mais le champ était vaste, et, tout au moins au début, ils choisissaient eux-mêmes leur territoire, passant d’une région à une autre en grande partie comme bon leur semblait. Puis, lorsqu’ils se rencontraient aux assemblées, ils faisaient les mises au point nécessaires pour coordonner leurs efforts.
L’année où le service de colporteur a commencé, frère Russell a fait imprimer plusieurs tracts (ou brochures) pour qu’ils soient diffusés gratuitement. Un de ces tracts, Food for Thinking Christians (Nourriture pour les chrétiens réfléchis), a été particulièrement remarquable. Sa diffusion a atteint 1 200 000 exemplaires durant les quatre premiers mois. C’est le travail entraîné par son impression et sa diffusion qui a été à l’origine de la formation de la Zion’s Watch Tower Tract Society, afin de traiter certaines questions utiles. Pour empêcher l’interruption de l’œuvre s’il venait à mourir, et pour faciliter l’utilisation des offrandes destinées à l’œuvre, frère Russell a demandé l’enregistrement légal de la Société, ce qui a été fait officiellement le 15 décembre 1884. Ainsi est venu à l’existence un instrument juridique précieux.
À mesure que le besoin se présentait, des filiales de la Société Watch Tower ont été ouvertes dans d’autres pays. La première l’a été en Angleterre, à Londres, le 23 avril 1900. Une autre, en Allemagne, à Elberfeld, en 1902. Deux ans plus tard, aux antipodes, une filiale a été ouverte en Australie, à Melbourne. Au moment de la rédaction de ce livre, on compte en tout 99 filiales dans le monde.
Certes, une organisation prenait forme pour produire en quantité des publications bibliques, mais au début on laissait aux congrégations le soin de prendre localement des mesures pour la diffusion de ces publications. Dans une lettre datée du 16 mars 1900, adressée à “Alexander Graham, et à l’Église de Boston (Massachusetts)”, frère Russell a expliqué comment il voyait les choses, en ces termes: “Comme vous le savez tous, j’ai la ferme intention de laisser aux membres de chaque groupe du peuple du Seigneur le soin de mener leurs propres affaires, selon leur bon jugement, et je fais des suggestions, non pour me mêler de leurs affaires, mais simplement pour donner des conseils.” Cela concernait non seulement les réunions, mais aussi la façon d’effectuer le ministère chrétien. Ainsi, après avoir offert aux frères quelques conseils pratiques, il a conclu en disant: “C’est simplement une suggestion.”
Certaines activités exigeaient davantage de directives précises de la part de la Société. Pour la projection du “Photo-Drame de la Création”, c’était à chaque congrégation de décider si elle voulait et pouvait louer un cinéma ou une autre salle pour le présenter. Toutefois, il fallait déplacer le matériel de ville en ville et respecter un programme; dans ces domaines, il fallait une direction centrale que la Société a donnée. Chaque congrégation a été encouragée à constituer un comité pour le Drame qui prendrait, sur place, les dispositions nécessaires à la projection. Cependant, un représentant de la Société veillait soigneusement aux détails pour assurer la bonne marche des opérations.
Les années 1914 et 1915 passant, ces chrétiens oints de l’esprit attendaient impatiemment la réalisation de leur espérance céleste. Parallèlement, ils étaient encouragés à demeurer occupés dans le service du Seigneur. S’ils pensaient qu’il leur restait très peu de temps à vivre dans la chair, il est devenu néanmoins évident que pour effectuer la prédication de la bonne nouvelle avec ordre, le besoin d’une direction plus étroite qu’à l’époque où ils n’étaient que quelques centaines se faisait sentir. Peu après que Joseph Rutherford est devenu le deuxième président de la Société Watch Tower, cette direction a revêtu des aspects nouveaux. La Tour de Garde du 1er mars 1917 (en anglais) a annoncé que, dorénavant, tous les territoires destinés à être parcourus par les colporteurs et par les ‘ouvriers pastorauxe’ dans les congrégations seraient attribués par le bureau de la Société. Dans les congrégations où des ‘ouvriers pastoraux’ se partageaient la ville ou la région avec des colporteurs, c’était un comité de district nommé localement qui leur répartissait le territoire. En 1917 et 1918, cette disposition a rendu possible la diffusion du Mystère accompli en quelques mois à peine. Elle a été précieuse également pour permettre une diffusion éclair de 10 millions d’exemplaires d’un tract ayant pour thème “La chute de Babylone”, blâme cinglant contre la chrétienté.
Peu après cela, des membres du personnel administratif de la Société ont été arrêtés et, le 21 juin 1918, condamnés à des peines de 20 ans de prison. La prédication de la bonne nouvelle a presque cessé. Le moment était-il enfin arrivé où les Étudiants de la Bible allaient être unis au Seigneur dans la gloire céleste?
Quelques mois plus tard, la guerre prenait fin. L’année suivante, les responsables de la Société étaient libérés. Ils étaient toujours dans la chair. Ce n’était pas ce qu’ils avaient espéré, mais ils en ont conclu que Dieu leur réservait encore du travail sur la terre.
La foi de ces Étudiants de la Bible venait d’être durement éprouvée. Toutefois, en 1919 (1920 en français), La Tour de Garde les a fortifiés par des études bibliques stimulantes réunies sous le thème “Heureux ceux qui ne craignent pas”, suivies de l’article “Possibilités de service”. Mais les frères n’imaginaient pas quels grands progrès les années suivantes leur réservaient en matière d’organisation.
Un bon exemple pour le troupeau
Frère Rutherford comprenait bien que pour que l’œuvre se poursuive dans l’ordre et l’unité, peu importe le temps qu’il restait, le troupeau devait absolument avoir un bon exemple. Jésus avait comparé ses disciples à des brebis; or les brebis suivent leur berger. Bien sûr, c’est Jésus lui-même qui est l’excellent Berger, mais il utilise aussi des anciens comme sous-bergers de son peuple (1 Pierre 5:1-3). Ces anciens doivent être des hommes qui participent eux-mêmes à l’œuvre que Jésus a confiée à ses disciples et qui encouragent les autres à l’effectuer. Ils doivent être animés d’un véritable esprit d’évangélisation. Cependant, à l’époque de la diffusion du Mystère accompli, quelques-uns des anciens ne prêchaient plus; certains décourageaient même les autres de le faire.
En 1919, la parution du périodique L’Âge d’Or a marqué une étape importante dans le redressement de la situation. Ce périodique allait devenir un instrument puissant pour faire savoir que le Royaume de Dieu est la seule solution durable aux problèmes de l’humanité. Toutes les congrégations qui désiraient prendre part à cette activité ont été invitées à demander à la Société de les enregistrer en tant qu’“organisations de service”. Ensuite, la Société désignait un directeur, qu’on a fini par appeler directeur du service, et dont la fonction n’était pas soumise à un vote annuelf. En tant que représentant local de la Société, il était chargé d’organiser l’activité, d’attribuer du territoire et d’encourager la congrégation à participer à la prédication. Ainsi, parallèlement à l’existence des anciens et des diacres élus démocratiquement, une disposition d’un autre genre a commencé à fonctionner, disposition qui reconnaissait à une autorité extérieure à la congrégation le pouvoir d’établir des frères et qui accordait davantage d’importance à la prédication de la bonne nouvelle du Royaume de Dieug.
Durant les années qui ont suivi, l’œuvre de prédication du Royaume a reçu une vigoureuse impulsion, comme poussée par une force irrésistible. Les événements survenus en 1914 et après cette date avaient révélé que la magnifique prophétie dans laquelle le Seigneur Jésus Christ avait dépeint la conclusion du système actuel s’accomplissait. Au vu de cela, en 1920, La Tour de Garde a montré que, conformément à l’annonce de Matthieu 24:14, le moment était venu de prêcher la bonne nouvelle relative à “la fin de l’ancien ordre de choses et l’instauration du royaume du Messieh”. (Mat. 24:3-14.) En 1922, après avoir assisté à l’assemblée de Cedar Point (Ohio), les Étudiants de la Bible entendaient encore résonner dans leurs oreilles le slogan “Proclamez, proclamez, proclamez le Roi et son Royaume!” En 1931, le rôle des vrais chrétiens a été mis encore plus pleinement en lumière avec l’adoption du nom de Témoins de Jéhovah.
Il était clair que Jéhovah avait confié à ses serviteurs une œuvre à laquelle tous pouvaient prendre part. Ceux-ci ont obéi avec enthousiasme. Beaucoup ont opéré d’importants changements dans leur vie pour vouer tout leur temps à cette œuvre. Même un grand nombre de ceux qui ne donnaient qu’une partie de leur temps passaient des journées entières, durant les week-ends, dans la prédication. Après les encouragements formulés dans La Tour de Garde et dans l’Informateur en 1938 et en 1939, de nombreux Témoins de Jéhovah se sont scrupuleusement efforcés d’accorder 60 heures par mois à la prédication.
Parmi ces Témoins zélés, il y avait beaucoup de serviteurs de Jéhovah humbles et dévoués qui étaient anciens dans leur congrégation. Toutefois, dans certains endroits, au cours des années 20 et au début des années 30, des Étudiants de la Bible ont opposé une vive résistance à l’idée que tous devaient participer à la prédication. Les anciens élus démocratiquement étaient souvent les plus virulents à contredire La Tour de Garde quand elle parlait de la responsabilité de prêcher aux gens à l’extérieur de la congrégation. Leur refus d’écouter ce que, par le moyen des Saintes Écritures, l’esprit de Dieu disait en la matière aux congrégations a entravé l’action de celui-ci dans ces groupes. — Rév. 2:5, 7.
En 1932, des mesures ont été prises pour redresser la situation. Le plus important n’était pas de savoir si des anciens en vue risquaient de s’offenser ou si certains des membres de la congrégation s’en retireraient. Il s’agissait plutôt pour les frères de plaire à Jéhovah et de faire sa volonté. À cette fin, deux numéros de La Tour de Garde, ceux de novembre et de décembre 1932 (15 août et 1er septembre en anglais), ont traité le thème “L’Organisation de Jéhovah”.
Les deux articles montraient avec précision que tous ceux qui faisaient réellement partie de l’organisation de Jéhovah effectueraient l’œuvre que sa Parole demandait d’accomplir pendant la période de temps en cours. Ils défendaient le point de vue selon lequel, chez les chrétiens, être ancien signifiait, non pas occuper une fonction élective, mais être parvenu à une certaine condition par la croissance spirituelle. Ils analysaient tout particulièrement une prière de Jésus dans laquelle, parlant de ses disciples, il demande que “tous soient un”, c’est-à-dire en union avec Dieu et le Christ, et donc unis les uns avec les autres pour faire la volonté de Dieu (Jean 17:21). Et avec quel résultat? Le deuxième article répondait que “chacun des membres du ‘reste’ doit rendre témoignage au nom et au Royaume de Jéhovah Dieu”. La surveillance ne devait pas être confiée à quiconque ne faisait pas ou refusait de faire ce qui lui était raisonnablement possible pour participer à ce témoignage public.
À la conclusion de l’étude de ces articles, les congrégations ont été invitées à adopter une résolution pour indiquer leur assentiment. Ainsi a été éliminée l’élection annuelle d’anciens et de diacres par la congrégation. À Belfast (Irlande du Nord), comme en d’autres endroits, certains des ex-“anciens électifs” se sont retirés; d’autres personnes qui pensaient comme eux les ont suivis. Les congrégations ont donc perdu des membres; par contre, l’organisation entière en a été affermie. Ceux qui sont restés étaient des gens disposés à donner le témoignage, responsabilité qui incombe à tout chrétien. Au lieu d’élire des anciens, chaque congrégation — toujours de façon démocratique — a choisi un comité de servicei composé d’hommes spirituellement mûrs qui participaient activement au témoignage public. Les membres des congrégations ont aussi élu un président, chargé de présider leurs réunions, ainsi qu’un secrétaire-trésorier. Tous ces hommes étaient des témoins actifs de Jéhovah.
L’œuvre est allée de l’avant beaucoup plus facilement une fois que la surveillance de la congrégation a été confiée à des hommes qui ne se souciaient pas de leur position personnelle, mais de faire l’œuvre de Dieu, c’est-à-dire de rendre témoignage à son nom et à son Royaume, et qui donnaient un bon exemple en y participant eux-mêmes. Les frères l’ignoraient encore, mais il restait beaucoup à faire, une œuvre de témoignage beaucoup plus importante que jamais, un rassemblement qu’ils n’imaginaient pas (És. 55:5). Manifestement, Jéhovah les y préparait.
Quelques chrétiens ayant l’espérance de la vie éternelle sur la terre commençaient à se joindre aux ointsj. Toutefois, la Bible annonçait le rassemblement d’une grande multitude (ou grande foule) qui devait survivre à la grande tribulation à venir (Rév. 7:9-14). En 1935, on a compris clairement ce qu’était cette grande multitude. Les changements des années 30 dans la façon de choisir les surveillants ont mieux équipé l’organisation pour assurer l’œuvre de rassemblement, d’enseignement et de formation de cette grande multitude.
La plupart des Témoins de Jéhovah se réjouissaient de voir l’œuvre prendre de l’importance. Leur activité de prédication a revêtu pour eux un sens nouveau. Mais quelques-uns n’avaient pas envie de prêcher. Ils ne prêchaient donc pas, et tentaient de justifier leur inactivité en alléguant qu’aucune grande multitude ne devait être rassemblée avant Harmaguédon. Toutefois, la majorité des Témoins ont saisi cette occasion supplémentaire de démontrer leur fidélité à Jéhovah et leur amour du prochain.
Comment les membres de la grande foule ont-ils trouvé leur place dans cette organisation? Il leur a été montré quel rôle la Parole de Dieu attribuait au “petit troupeau” des oints, et ils ont œuvré avec plaisir dans le sens de ces instructions (Luc 12:32-44). Ils ont aussi appris que, comme les oints, ils avaient la responsabilité de communiquer à autrui la bonne nouvelle (Rév. 22:17). Étant donné qu’ils souhaitaient être des sujets terrestres du Royaume de Dieu, ce Royaume devait avoir la priorité dans leur vie, et il leur fallait en parler à autrui avec zèle. Pour correspondre à la description biblique de ceux qui survivraient à la grande tribulation et entreraient dans le monde nouveau de Dieu, ils devaient être des personnes qui ‘crient sans cesse à haute voix, en disant: “Le salut, nous le devons à notre Dieu qui est assis sur le trône, et à l’Agneau.”’ (Rév. 7:10, 14). En 1937, comme les membres de cette grande foule devenaient de plus en plus nombreux et que leur zèle pour le Seigneur devenait manifeste, certains ont été invités à assumer eux aussi des responsabilités de surveillants dans les congrégations.
Néanmoins, il leur a été rappelé que l’organisation est celle de Jéhovah, non celle d’un homme. Aucune division ne devait exister entre le reste des oints et les membres de la grande foule d’autres brebis. Ils devaient œuvrer ensemble en frères et sœurs dans le service de Jéhovah. Il en allait comme Jésus l’avait dit: “J’ai d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos; celles-là aussi, il faut que je les amène, et elles écouteront ma voix, et elles deviendront un seul troupeau, un seul berger.” (Jean 10:16). Ce fait devenait de plus en plus évident.
On avait opéré des changements stupéfiants dans l’organisation en un temps relativement court. Cependant, ne fallait-il pas aller plus loin pour que les congrégations soient dirigées en parfaite harmonie avec les voies de Jéhovah énoncées dans sa Parole inspirée?
L’organisation théocratique
“Théocratie” signifie “gouvernement de Dieu”. De quelle façon les congrégations étaient-elles gouvernées? En plus d’adorer Jéhovah, comptaient-elles aussi sur lui pour diriger leurs affaires? Se conformaient-elles entièrement aux directives qu’il avait données à ce sujet dans sa Parole inspirée? L’article en deux parties intitulé “Organisation” qui est paru dans deux éditions de La Tour de Garde, celles du 1er et du 15 août 1938 (1er et 15 juin en anglais), disait de façon très précise: “L’organisation de Jéhovah n’est nullement démocratique. Jéhovah est le Très-Haut, et son gouvernement, son organisation, est absolument théocratique.” Pourtant, à l’époque, dans les congrégations des Témoins de Jéhovah, on utilisait toujours des méthodes démocratiques pour choisir la plupart des hommes chargés de diriger les réunions et la prédication. D’autres changements s’imposaient.
Mais Actes 14:23 n’indiquait-il pas que dans les congrégations on devait désigner les anciens ‘en tendant la main’, comme lors d’un vote? Le premier des articles de La Tour de Garde intitulés “Organisation” déclarait que ce texte avait été mal compris dans le passé. En effet, chez les chrétiens du Ier siècle, ce n’était pas en faisant ‘tendre la main’ à tous les membres de la congrégation que l’on établissait des hommes dans une charge. C’étaient plutôt, disait l’article, les apôtres et ceux à qui ils en conféraient l’autorité qui ‘tendaient la main’, et ce, non en participant à un vote de la congrégation, mais en posant les mains sur ceux qui remplissaient les conditions requises. Un tel geste était symbolique, indiquant la confirmation, l’approbation, ou la nominationk. Parfois, les congrégations chrétiennes du Ier siècle recommandaient des hommes remplissant les conditions requises, mais ceux qui faisaient le choix final ou donnaient leur approbation étaient les apôtres (qui avaient été établis directement par le Christ), ou les hommes à qui ces apôtres en avaient conféré l’autorité (Actes 6:1-6). La Tour de Garde faisait remarquer que c’est seulement dans des lettres adressées à des surveillants chargés de responsabilité (Timothée et Tite) que l’apôtre Paul, sous la direction de l’esprit saint, avait donné des instructions pour établir des surveillants (1 Tim. 3:1-13; 5:22; Tite 1:5). Aucune des lettres inspirées adressées aux congrégations ne contenait de telles instructions.
Dans ce cas, comment devait-on procéder pour nommer quelqu’un à un service dans la congrégation? L’analyse de La Tour de Garde concernant l’organisation théocratique montrait, en s’appuyant sur les Écritures, que Jéhovah avait fait de Jésus Christ ‘la tête de la congrégation’; que lorsque le Christ était revenu en tant que Maître, il avait confié à son “esclave fidèle et avisé” la responsabilité de “tout son avoir”; que cet esclave fidèle et avisé se composait de ceux qui, sur terre, étaient oints d’esprit saint pour devenir cohéritiers avec le Christ et qui servaient dans l’unité sous sa direction; enfin, que le Christ employait cette classe de l’esclave comme agent pour assurer la surveillance nécessaire des congrégations (Col. 1:18; Mat. 24:45-47; 28:18). C’était à la classe de l’esclave que revenait la tâche d’appliquer, en s’aidant de la prière, les instructions clairement énoncées dans la Parole inspirée de Dieu, en s’en servant pour décider qui remplissait les conditions requises pour se voir confier une certaine fonction.
Puisque, expliquait La Tour de Garde, l’agent visible que le Christ a prévu d’utiliser est l’esclave fidèle et avisé (l’histoire moderne des Témoins de Jéhovah considérée jusqu’ici ayant montré que cet “esclave” utilise la Société Watch Tower comme un instrument juridique), la procédure théocratique exige que les nominations à un service soient faites par l’intermédiaire de cet agent. De la même façon qu’au Ier siècle les congrégations reconnaissaient le collège central de Jérusalem, de même à notre époque les congrégations ne connaîtraient pas la prospérité spirituelle sans une direction centrale. — Actes 15:2-30; 16:4, 5.
Néanmoins, pour que les choses soient bien claires, il était précisé que lorsque La Tour de Garde parlait de “la Société”, elle n’évoquait pas un simple instrument juridique, mais le collège des chrétiens oints qui avait formé cette entité juridique et l’utilisait. Par conséquent, cette expression désignait l’esclave fidèle et avisé et son Collège central.
Avant même la parution des articles de La Tour de Garde intitulés “Organisation” en 1938, les congrégations de Londres, de New York, de Chicago et de Los Angeles qui avaient grossi au point de devoir se scinder en groupes plus petits avaient demandé que ce soit la Société qui établisse leurs serviteurs. Aussi La Tour de Garde du 15 août 1938 (15 juin en anglais) invitait-elle toutes les autres congrégations à faire de même. Elle proposait donc à cette fin la résolution suivante:
“Nous, groupe du peuple de Dieu choisi pour porter son nom, de . . . . . . . . . ., reconnaissant que le gouvernement de Dieu est une pure théocratie, que Christ Jésus est dans le temple et que dans l’exercice de ses pleins pouvoirs il administre la partie visible de l’organisation de Jéhovah aussi bien que l’invisible, et que ‘La Société’ est son représentant terrestre, nous demandons à ‘La Société’ de bien vouloir organiser notre groupe pour le service et désigner ses serviteurs, afin que nous puissions travailler dans la paix, la justice et la concorde d’un commun accord. Ci-joint la liste des frères qui nous paraissent être d’esprit mûr et, partant, les mieux qualifiés pour remplir les divers postes de notre servicel.”
Presque toutes les congrégations de Témoins de Jéhovah ont spontanément accepté ces directives. Les rares personnes qui les ont refusées n’ont pas tardé à cesser totalement de prêcher le Royaume, et donc d’être des Témoins de Jéhovah.
Les bienfaits de la direction théocratique
Évidemment, si chaque congrégation décidait de ses enseignements, de ses principes de conduite et de sa façon de s’organiser ou de rendre témoignage, l’organisation perdrait vite son identité et son unité. Les frères pourraient rapidement se laisser diviser par leurs différences sociales, culturelles et nationales. Par contre, une direction théocratique allait permettre que les bienfaits résultant des progrès sur le plan spirituel profitent sans obstacle à toutes les congrégations du monde. Ainsi s’instaurerait la véritable unité qui, selon ce que Jésus avait demandé dans sa prière, devait régner parmi ses vrais disciples, et l’œuvre d’évangélisation qu’il avait commandée pourrait alors pleinement s’effectuer. — Jean 17:20-22.
Il en est toutefois qui ont prétendu que Joseph Rutherford préconisait ces changements en matière d’organisation parce qu’il cherchait à diriger plus étroitement les Témoins de Jéhovah, qu’il se servait de ce moyen pour asseoir son autorité. Était-ce vrai? Il ne fait aucun doute que frère Rutherford était un homme aux convictions très fermes. Il parlait catégoriquement et sans détours de ce qu’il tenait pour la vérité. Il pouvait être très brusque quand il s’occupait de situations où il percevait que les individus se souciaient davantage d’eux-mêmes que de l’œuvre du Seigneur. Par contre, il était véritablement humble devant Dieu. Karl Klein, qui est devenu membre du Collège central en 1974, a écrit plus tard à son sujet: “Frère Rutherford m’était (...) cher en raison des prières qu’il prononçait lors du culte matinal. Il avait une voix très puissante, mais quand il s’adressait à Dieu on aurait dit un petit garçon qui parlait à son père. Cela démontrait la profondeur des relations qu’il entretenait avec Jéhovah.” Frère Rutherford était tout à fait convaincu de ce qu’était l’organisation visible de Jéhovah, et il s’assurait qu’aucun homme ni aucun groupe d’hommes n’ait la possibilité d’empêcher les frères de recevoir tous les bienfaits de la nourriture spirituelle et de la direction que Jéhovah apportait à ses serviteurs.
Frère Rutherford a été président de la Société Watch Tower pendant 25 ans et a voué toute son énergie à promouvoir l’œuvre accomplie par l’organisation, mais il n’en a pas été pour autant le chef des Témoins de Jéhovah, et n’a pas voulu l’être. En 1941, peu avant sa mort, lors d’une assemblée à Saint Louis (Missouri), il a parlé de la notion de chef, en ces termes: “Si certains ici sont parmi nous pour la première fois, j’aimerais qu’ils sachent, et qu’ils n’oublient pas, ce que vous pensez de l’idée d’avoir un homme pour chef. Chaque fois que quelque chose naît et commence à croître, les gens disent que derrière il y a un chef humain qui fait beaucoup d’adeptes. Si quelqu’un dans l’auditoire pense que moi, l’homme qui se tient devant vous, je suis le chef des témoins de Jéhovah, qu’il dise ‘Oui’.” Un silence impressionnant a suivi, rompu seulement par un grave “Non” prononcé par quelques assistants. Puis l’orateur a poursuivi: “Si vous qui êtes ici croyez que je suis simplement un serviteur du Seigneur, et que nous œuvrons épaule contre épaule dans l’unité, au service de Dieu et au service du Christ, dites ‘Oui’.” Un “Oui!” retentissant et catégorique a jailli de toutes les bouches. Le mois suivant, lors d’une assemblée en Angleterre, ses auditeurs ont eu exactement la même réaction.
Dans certaines régions, les bienfaits de l’organisation théocratique se sont vite fait sentir. En d’autres endroits, cela a pris plus de temps; peu à peu, les serviteurs qui n’étaient pas mûrs ni humbles ont été radiés et d’autres frères ont été établis.
Néanmoins, à mesure que les dispositions théocratiques se mettaient en place, les Témoins de Jéhovah ont eu la joie de vivre ce qu’Ésaïe 60:17 avait annoncé. Décrivant dans un langage symbolique l’amélioration des conditions que l’on verrait chez ses serviteurs, Jéhovah dit dans ce texte: “Au lieu du cuivre, je ferai venir de l’or, et au lieu du fer, je ferai venir de l’argent, et au lieu du bois, du cuivre, et au lieu des pierres, du fer; et j’établirai comme tes surveillants la paix, et comme tes distributeurs de corvées, la justice.” Il ne décrivait pas là ce que les humains feraient, mais ce que lui-même ferait et les bienfaits que ses serviteurs recevraient en s’y soumettant. La paix doit régner parmi eux. L’amour de la justice doit être la force qui les pousse à servir.
Du Brésil, Maud Yuille, la femme du surveillant de la filiale, a écrit ceci à frère Rutherford: “L’article ‘Organisation’ paru dans les Tours du 1er et du 15 juin [1938] me pousse à t’exprimer en quelques mots, à toi dont Jéhovah utilise le service fidèle, ma gratitude envers Jéhovah pour les dispositions magnifiques qu’il a prises dans son organisation visible, et qui sont exposées dans ces deux numéros de La Tour de Garde. (...) Quel soulagement de voir disparaître l’esprit d’autonomie, dont celui des ‘droits de la femme’ et d’autres méthodes non bibliques qui soumettaient certaines âmes aux opinions de l’endroit et à des jugements individuels, plutôt qu’à [Jéhovah Dieu et à Jésus Christ], ce qui jetait l’opprobre sur le nom de Jéhovah! Il est vrai que c’est seulement ‘dans un passé récent que la Société a désigné tous les membres de l’organisation sous le nom de “serviteurs”’; cependant, je remarque que depuis de nombreuses années déjà dans ta correspondance avec tes frères, tu as toujours utilisé pour parler de toi l’expression ‘votre frère et serviteur, par Sa grâce’.”
Au sujet de cette modification dans le domaine de l’organisation, la filiale de Grande-Bretagne a écrit: “Ce changement a eu un effet extraordinairement bénéfique. La description poétique et prophétique qu’en a faite Ésaïe chapitre soixante est pleine de beauté, mais pas exagérée. Tous ceux qui étaient dans la vérité en parlaient. C’était le principal sujet de conversation. On ressentait une vigueur renouvelée, le désir de mener une bataille bien dirigée. Tandis que dans le monde la tension montait, dans l’organisation théocratique la joie abondait.”
Des surveillants itinérants affermissent les congrégations
Grâce au service des surveillants itinérants, les liens ont été renforcés dans l’organisation. Au Ier siècle, l’apôtre Paul a été un surveillant itinérant particulièrement remarquable. Des hommes comme Barnabas, Timothée et Tite ont parfois eux aussi effectué cette activité (Actes 15:36; Phil. 2:19, 20; Tite 1:4, 5). Tous étaient des évangélisateurs zélés. En outre, ils encourageaient les congrégations par leurs discours. Si des questions étaient soulevées qui pouvaient avoir une incidence sur l’unité des congrégations, on en référait au collège central. Puis, “comme ils passaient par les villes”, ceux qui en avaient reçu la mission “remettaient à ceux qui se trouvaient là, pour qu’ils les observent, les décrets arrêtés par les apôtres et les anciens qui étaient à Jérusalem”. Avec quel résultat? “Les congrégations s’affermissaient dans la foi et croissaient en nombre de jour en jour.” — Actes 15:1 à 16:5; 2 Cor. 11:28.
Déjà dans les années 1870, frère Russell rendait visite aux groupes d’Étudiants de la Bible, qu’ils comptent deux ou trois personnes ou qu’ils en comptent beaucoup plus, afin de les édifier spirituellement. Dans les années 1880, d’autres frères ont fait de même. Puis, en 1894, la Société a pris des dispositions pour que des orateurs très compétents fassent des voyages plus régulièrement avec pour mission d’aider les Étudiants de la Bible à grandir dans la connaissance et l’amour de la vérité, et de les rapprocher les uns des autres.
Si c’était possible, l’orateur restait avec un groupe une journée ou, éventuellement, plusieurs jours, donnant un ou deux discours publics, puis il rendait visite à des groupes plus petits ou aux Étudiants individuellement pour examiner avec eux certaines choses profondes de la Parole de Dieu. Un effort a été fait pour que chaque groupe, aux États-Unis et au Canada, reçoive deux fois par an la visite d’un tel orateur, qui n’était pas forcément le même. Pour être choisis comme orateurs itinérants, les frères devaient surtout être humbles, comprendre clairement la vérité et y adhérer fidèlement, et enfin être capables de l’enseigner avec clarté. Leur ministère n’était absolument pas rémunéré. Les frères et sœurs qui les recevaient leur fournissaient le repas et un toit, et, si c’était nécessaire, la Société les aidait à couvrir leurs frais de déplacement. Avec le temps, on a donné à ces frères itinérants le nom de pèlerins.
Nombre de ces représentants itinérants de la Société étaient très appréciés par ceux qui bénéficiaient de leurs services. Beaucoup se souviennent du Canadien Alexander Macmillan comme d’un homme en qui la Parole de Dieu était “comme un feu brûlant”. (Jér. 20:9.) Il ne pouvait s’empêcher d’en parler, ce qu’il a fait en donnant des discours non seulement au Canada, mais encore dans de nombreuses parties des États-Unis et d’autres pays. William Hersee, pèlerin lui aussi, était très aimé pour l’attention particulière qu’il portait aux jeunes. Ses prières laissaient une impression durable tant elles reflétaient une spiritualité profonde qui touchait le cœur des jeunes comme des moins jeunes.
En ce temps-là, les voyages n’étaient pas de tout repos pour les pèlerins. Par exemple, lorsqu’il a rendu visite au groupe qui se trouvait près de Klamath Falls (Oregon), Edward Brenisen a voyagé d’abord en train, puis toute une nuit en diligence, et enfin en charrette cahotante à travers les montagnes pour arriver jusqu’à la ferme où se tenait la réunion. Très tôt le lendemain de la réunion, avec le cheval qu’un frère lui a prêté, il s’est rendu à 100 kilomètres de là, à la gare la plus proche, où il a pris le train pour son étape suivante. C’était une vie exténuante, mais les efforts de ces pèlerins étaient payants, puisqu’ils permettaient de fortifier les serviteurs de Jéhovah, de les unifier dans leur intelligence de la Parole de Dieu, et de les rapprocher les uns des autres malgré les grandes distances qui les séparaient.
En 1926, frère Rutherford a apporté des améliorations à l’activité des pèlerins: désormais, ils n’étaient plus seulement des orateurs itinérants, mais aussi des surveillants, et ils devaient encourager la prédication dans les congrégations. Pour que leurs nouvelles responsabilités soient bien définies, en 1928 ils ont été appelés directeurs de service régionaux. Ils collaboraient étroitement avec les frères des congrégations, leur donnant une formation personnelle dans la prédication. À cette époque, il leur était possible de voir toutes les congrégations aux États-Unis et dans quelques autres pays à peu près une fois l’an, tout en gardant le contact avec les Étudiants isolés et les petits groupes qui n’étaient pas encore organisés pour le service.
Au cours des années suivantes, l’activité des surveillants itinérants a subi plusieurs modificationsa. Puis elle s’est intensifiée en 1938, quand tous les serviteurs des congrégations ont été établis théocratiquement. Pendant les quelques années qui ont suivi, en rendant visite aux congrégations à intervalles réguliers, les surveillants itinérants ont eu la possibilité d’apporter une formation personnelle à tous les serviteurs qui avaient été établis et d’aider davantage tous les proclamateurs dans la prédication. En 1942, avant d’envoyer de nouveau des surveillants itinérants desservir les congrégations, la Société leur a donné des cours intensifs, et leur activité y a gagné en uniformité. Pendant leur visite, assez courte (un à trois jours, selon la taille de la congrégation), ils vérifiaient les dossiers de la congrégation, se réunissaient avec tous les serviteurs pour leur donner des conseils si c’était nécessaire, prononçaient un ou plusieurs discours devant tous les proclamateurs et dirigeaient la prédication. En 1946, la durée de leurs visites a été portée à une semaine par congrégation.
À cette disposition prévoyant la visite des congrégations s’est ajoutée en 1938 celle du serviteur régional, mais dans de nouvelles attributions. Il lui était confié un plus grand secteur, et il devait passer périodiquement une semaine avec chacun des frères itinérants qui rendaient visite aux congrégations d’une zone. Au cours de la semaine, il participait au programme d’une assemblée à laquelle assistaient toutes les congrégations de la zone en questionb. Cette disposition était très stimulante pour les frères et donnait régulièrement l’occasion de baptiser de nouveaux disciples.
“Quelqu’un qui aime le service”
John Booth, qui est devenu membre du Collège central en 1974, a été du nombre des frères qui ont participé à ce service à partir de 1936. Lors d’une entrevue préalable à sa nomination comme surveillant itinérant, il s’est entendu dire: “Ce n’est pas un orateur éloquent qu’il nous faut, mais quelqu’un qui aime le service, qui donnera l’exemple dans ce domaine et qui parlera du service lors des réunions.” Frère Booth possédait cet amour du service de Jéhovah, amour qui lui permettait d’être un pionnier zélé depuis 1928, et, tant par l’exemple que par ses paroles encourageantes, il a insufflé aux autres ce zèle pour l’évangélisation.
La première congrégation à laquelle il a rendu visite, en mars 1936, était celle d’Easton (Pennsylvanie). Par la suite, il a écrit: “Généralement, j’arrivais à temps dans une ville pour participer à la prédication le matin, je me réunissais avec les serviteurs du groupe en début de soirée et ensuite avec le groupe entier. En principe, je restais deux jours avec un groupe et seulement un jour s’il était peu important, ce qui fait qu’il m’arrivait d’en visiter six en une semaine. J’étais continuellement en déplacement.”
Deux ans plus tard, en 1938, il est devenu serviteur régional et s’est vu confier la responsabilité de desservir chaque semaine une assemblée de zone (aujourd’hui, une assemblée de circonscription). Ces assemblées permettaient de fortifier les frères à une époque où la persécution s’intensifiait dans certaines régions. Frère Booth a livré ses souvenirs de cette période et des responsabilités diverses qu’il avait: “Au cours de la même semaine [où j’ai témoigné au procès d’une soixantaine de Témoins à Indianapolis (Indiana)], j’étais défendeur dans une autre affaire, à Joliet (Illinois), je représentais un frère dans un autre procès encore à Madison (Indiana) et, de plus, j’avais chaque week-end la responsabilité d’une assemblée de zone.”
En 1948, alors que les assemblées de zone avaient repris depuis deux ans (désormais sous le nom d’assemblées de circonscription), des frères, dont Carey Barber, ont été nommés serviteurs de district. Auparavant, ce dernier avait été membre de la famille du Béthel de Brooklyn (New York) pendant 25 ans. Son premier district comprenait tout l’ouest des États-Unis. Au début, les distances à parcourir chaque semaine d’une assemblée à l’autre étaient d’environ 1 500 kilomètres. À mesure que le nombre et la taille des congrégations ont grandi, ces distances se sont réduites, et souvent on tenait de nombreuses assemblées de circonscription dans une même grande agglomération. En 1977, au bout de 29 ans de service comme surveillant itinérant, frère Barber a été invité à revenir au siège mondial de la Société pour être membre du Collège central.
En période de guerre et de vive persécution, les surveillants itinérants risquaient souvent leur liberté et leur vie pour assurer le bien-être spirituel de leurs frères. Pendant l’occupation nazie en Belgique, André Wozniak n’a pas cessé de rendre visite aux congrégations et de les approvisionner en publications. La Gestapo a souvent été à deux doigts de l’attraper, mais elle n’y est jamais parvenue.
En Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe), à la fin des années 70, la peur était omniprésente, et pendant la guerre civile les déplacements étaient limités. Mais les surveillants itinérants des Témoins de Jéhovah, en bergers et surveillants pleins d’amour, se sont avérés pour leurs frères “une cachette contre le vent”. (És. 32:2.) Certains allaient à pied pendant des jours à travers la brousse, les montagnes, les fleuves aux mille dangers, dormant à la belle étoile — tout cela pour arriver jusqu’aux congrégations et aux proclamateurs qui étaient isolés, afin de les encourager à demeurer fermes dans la foi. Isaiah Makore a été l’un d’eux: un jour, il a échappé de justesse aux balles qui sifflaient au-dessus de sa tête au cours d’une échauffourée entre des soldats du gouvernement et des “combattants de la liberté”.
D’autres surveillants itinérants ont servi l’organisation pendant des années en se déplaçant dans le monde. Les présidents de la Société Watch Tower ont bien des fois voyagé à l’étranger pour s’enquérir des besoins de l’organisation et pour donner des discours à de grandes assemblées. Leurs visites ont été très bénéfiques, notamment pour faire ressentir aux Témoins de Jéhovah du monde entier qu’ils formaient une famille internationale. Frère Knorr surtout a voyagé ainsi de façon régulière, rendant visite à toutes les filiales et à toutes les maisons de missionnaires. À mesure que l’organisation grossissait, la Société a partagé la mappemonde en dix zones internationales et, à partir du 1er janvier 1956, des frères compétents, sous la direction du président, ont participé à ce service consistant à accorder une attention régulière aux filiales et aux maisons de missionnaires. Ces visites de zone, aujourd’hui effectuées sous la direction d’un comité du Collège central, le Comité pour le service, contribuent toujours à l’unité mondiale de l’organisation tout entière et à ses progrès.
Mais d’autres étapes importantes ont été franchies pour donner à l’organisation sa structure actuelle.
On se conforme davantage à la théocratie
Joseph Rutherford est décédé le 8 janvier 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale, et Nathan Knorr est devenu le troisième président de la Société Watch Tower. L’organisation rencontrait de grandes difficultés du fait que son activité était interdite dans de nombreux pays, que des adversaires, sous prétexte de patriotisme, provoquaient des émeutes contre les Témoins de Jéhovah et que bon nombre de ces derniers étaient arrêtés lorsqu’ils diffusaient des publications bibliques dans le cadre de leur ministère public. En de telles circonstances, un changement d’administration allait-il ralentir l’œuvre? Les frères en charge des questions administratives ont recherché la direction et la bénédiction de Jéhovah. Comme ils désiraient que ce soit Dieu qui les guide, ils ont réexaminé les rouages mêmes de l’organisation pour vérifier s’il n’y avait pas des domaines dans lesquels on pouvait suivre de plus près les voies de Jéhovah.
Puis, en 1944, s’est tenue à Pittsburgh (Pennsylvanie) une assemblée de service coïncidant avec l’assemblée générale annuelle de la Société Watch Tower. Préalablement, le 30 septembre, les frères ont présenté plusieurs discours de la plus haute importance sur ce que les Écritures disent de l’organisation des serviteurs de Jéhovahc. L’attention était particulièrement dirigée sur le Collège central. À cette occasion, les orateurs ont bien montré que les principes théocratiques doivent s’appliquer à tous les instruments utilisés par la classe de l’esclave fidèle et avisé. Ils ont expliqué que l’association n’avait pas pour membres tous les serviteurs “consacrés” de Dieu. Elle ne faisait que les représenter, agissant en leur faveur en tant qu’instrument juridique. Toutefois, du fait que la Société était l’agent éditeur servant à fournir aux Témoins de Jéhovah les publications qui contenaient la lumière spirituelle, le Collège central était, logiquement et nécessairement, associé étroitement avec les membres du bureau exécutif et les administrateurs de la Société. Les principes théocratiques étaient-ils parfaitement appliqués dans les activités de la Société?
Selon ses statuts, la Société comptait des actionnaires. Pour une somme de 10 dollars, l’apporteur disposait d’une voix dans le vote pour l’élection des membres du conseil d’administration et des membres du bureau exécutif de la Société. On pouvait croire que ces contributions étaient la preuve d’un intérêt sincère pour l’œuvre de l’organisation. Mais ce système présentait des failles, que frère Knorr, le président de la Société, a expliquées ainsi: “Si l’on s’en tient aux statuts de la Société, on dirait que la désignation comme membre du collège central dépend des contributions faites à la Société. Or, selon la volonté de Dieu, il ne doit pas en être ainsi chez ses véritables serviteurs élus.”
Certes, Charles Russell, qui, pendant les 32 premières années de la Société, avait été l’élément prépondérant du collège central, était celui qui avait le plus apporté à la Société, financièrement, physiquement et mentalement. Mais ce n’était pas un apport financier qui avait déterminé la façon dont le Seigneur l’avait utilisé. C’étaient son dévouement total, son zèle infatigable, sa prise de position intransigeante pour le Royaume de Dieu et sa fidélité inébranlable qui ont fait qu’aux yeux de Dieu il ait si bien convenu pour le servir. En ce qui concerne l’organisation théocratique, cette règle s’applique: “Dieu a placé les membres dans le corps, chacun d’eux, comme il lui a plu.” (1 Cor. 12:18). “Cependant, a expliqué frère Knorr, comme les statuts de la Société prévoyaient que les apporteurs de fonds à l’œuvre de la Société disposent d’un nombre proportionnel de voix, cela avait tendance, en ce qui concernait le collège central, à éclipser ce principe théocratique ou à empiéter sur celui-ci; ce pouvait être aussi un danger ou un obstacle pour lui.”
Ainsi, lorsque tous les actionnaires et électeurs de la Société ont tenu leur assemblée générale, le 2 octobre 1944, ils ont voté à l’unanimité la révision des statuts de la Société afin qu’ils soient plus conformes aux principes théocratiques. Il a donc été décidé que le nombre des membres de l’association ne serait plus illimité, mais serait compris entre 300 et 500. Ces membres seraient des hommes choisis par le conseil d’administration, non plus en raison de leurs contributions financières, mais de leur qualité de Témoins de Jéhovah mûrs, actifs, fidèles, serviteurs à plein temps dans l’œuvre de l’organisation ou ministres actifs dans une congrégation des Témoins de Jéhovah. Ces membres éliraient le conseil d’administration, et les membres du conseil d’administration choisiraient ensuite parmi eux ceux qui constitueraient le bureau exécutif. Les nouvelles mesures ont pris effet l’année suivante, le 1er octobre 1945. Elles se sont avérées une excellente protection à une époque où on a vu plus d’une fois des éléments hostiles prendre le contrôle d’entreprises pour les restructurer de façon à servir leurs intentions.
Il a été manifeste que Jéhovah a béni ces améliorations que les frères ont apportées pour se conformer aux principes théocratiques. Bien que l’organisation ait eu des moments très difficiles pendant la Seconde Guerre mondiale, le nombre des proclamateurs du Royaume a continué d’augmenter. Sans ralentir, ceux-ci ont continué avec dynamisme à témoigner au sujet du Royaume de Dieu. De 1939 à 1946, les Témoins de Jéhovah ont connu un accroissement extraordinaire de 157 %, et ils ont fait pénétrer la bonne nouvelle dans six nouveaux pays. Au cours des 25 années suivantes, le nombre des Témoins actifs a encore augmenté de presque 800 %, et ils ont rapporté une activité régulière dans 86 nouveaux pays.
Formation spéciale pour les surveillants
Certaines personnes étrangères à l’organisation pensaient qu’en prenant de plus grandes proportions celle-ci allait inévitablement voir ses principes se relâcher. D’un autre côté, la Bible avait prédit que la justice et la paix régneraient chez les serviteurs de Jéhovah (És. 60:17). Pour cela, il fallait que les surveillants chargés de responsabilités reçoivent un enseignement approfondi et continu de la Parole de Dieu, qu’ils aient une claire intelligence de ses principes en matière de justice et qu’ils les appliquent de façon conséquente. Ils ont reçu cet enseignement. Progressivement, dans les pages de La Tour de Garde, a été examiné ce que Dieu exige en matière de justice, et ces sujets ont été étudiés systématiquement dans toutes les congrégations de Témoins de Jéhovah du monde. Mais les surveillants du troupeau ont reçu par ailleurs une formation beaucoup plus complète.
Lors d’assemblées internationales, les principaux surveillants des filiales de la Société ont été réunis pour recevoir une formation spéciale. Puis entre 1961 et 1965, ils ont suivi à New York des cours conçus à leur intention, d’une durée de huit à dix mois. Entre 1977 et 1980, un autre cours spécial de cinq semaines a été donné plusieurs fois pour eux. Leur formation consistait en une étude verset par verset de tous les livres de la Bible, ainsi qu’en un examen détaillé du fonctionnement de l’organisation et des différents moyens de promouvoir la prédication de la bonne nouvelle. Les divisions nationalistes sont absentes chez les Témoins de Jéhovah. Où qu’ils vivent, ils adhèrent aux mêmes principes bibliques élevés, ils croient et enseignent les mêmes choses.
Les surveillants de circonscription et de district aussi ont été l’objet d’une attention spéciale. Nombre d’entre eux ont suivi les cours de Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower, ou d’une annexe de cette école. À intervalles réguliers, ils se retrouvent tous pour un séminaire de quelques jours à une semaine, soit dans les locaux de la filiale de leur pays, soit en un lieu plus approprié.
En 1959 a commencé à fonctionner une autre école remarquable: l’École du ministère du Royaume, dont les cours ont été suivis par les surveillants de circonscription et de district, et par les surveillants des congrégations. Au début, ces cours duraient un mois complet. Quand ils ont été donnés pendant un an aux États-Unis, ils ont été traduits en d’autres langues et peu à peu utilisés dans le monde entier. Comme il n’était pas possible à tous les surveillants d’obtenir un congé d’un mois complet, à partir de 1966 on a donné ces cours sous une autre forme, en deux semaines.
Il ne s’agissait pas d’une école de théologie formant des hommes en vue d’une ordination. Les hommes qui assistaient à ces cours étaient déjà des ministres ordonnés. Nombre d’entre eux étaient surveillants et bergers depuis de nombreuses années. Les cours leur donnaient l’occasion de discuter en détail des instructions de la Parole de Dieu relatives à leur tâche. Ils s’attardaient sur l’importance de la prédication et la manière de prêcher efficacement. En raison des changements que subissaient les valeurs morales du monde, on a réservé dans ces cours beaucoup de temps à examiner comment faire respecter les principes moraux de la Bible. Depuis quelques années, à ce cours ont succédé des séminaires qui ont lieu tous les deux ou trois ans; d’autre part, plusieurs fois par an les surveillants itinérants tiennent des réunions très utiles avec les anciens de chaque congrégation où ils passent. Ainsi, ils ont la possibilité de s’occuper en particulier des besoins du moment. Ils sont une barrière contre toute déviation des principes bibliques, et ils contribuent à ce que les congrégations traitent toutes les problèmes de la même façon.
Les Témoins de Jéhovah prennent à cœur cette exhortation contenue en 1 Corinthiens 1:10: “Je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus Christ, à parler tous en parfait accord, et à ce qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous, mais que vous soyez étroitement unis dans le même esprit et dans la même pensée.” Ce n’est pas une unité forcée; elle résulte de l’enseignement des voies de Dieu exposées dans la Bible. Les Témoins de Jéhovah aiment les voies et les desseins de Dieu. Si quelqu’un cesse de prendre plaisir à se conformer aux principes bibliques, il est libre de quitter l’organisation. Mais si quelqu’un commence à prêcher d’autres croyances ou à faire peu de cas de la moralité de la Bible, les surveillants agissent pour protéger le troupeau. L’organisation applique ce conseil biblique: ‘Surveillez ceux qui suscitent divisions et occasions d’achoppement à l’encontre de l’enseignement que vous avez appris, et évitez-les.’ — Rom. 16:17; 1 Cor. 5:9-13.
Selon la prophétie biblique, Dieu allait faire en sorte que parmi ses serviteurs règne la justice et qu’elle porte des fruits paisibles (És. 32:1, 2, 17, 18). Ces conditions attirent beaucoup les gens qui aiment ce qui est droit.
Combien d’humains aimant ainsi la justice rassemblera-t-on avant la fin du système actuel? Les Témoins de Jéhovah l’ignorent. Jéhovah, par contre, sait de quoi son œuvre aura besoin; en son temps et à sa manière, il veille à ce que son organisation soit équipée pour s’en occuper.
Fin prêts pour un accroissement phénoménal
Lorsque, sous la direction du Collège central, des frères ont fait des recherches en vue de la rédaction d’un ouvrage de référence qui s’intitulerait Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible, ils se sont penchés une fois de plus sur la façon dont la congrégation chrétienne du Ier siècle était organisée. Des termes bibliques comme “ancien”, “surveillant” et “ministre” ont été réétudiés avec soin. L’organisation moderne des Témoins de Jéhovah ne pouvait-elle pas se conformer davantage encore au modèle qui avait été conservé dans les Écritures pour servir de guide?
Les serviteurs de Jéhovah étaient déterminés à continuer de se soumettre à la direction divine. Lors d’une série d’assemblées de district qu’ils ont tenues en 1971, ils ont attiré l’attention sur la façon dont la congrégation chrétienne primitive était dirigée. Les orateurs ont fait remarquer que le mot présbutéros (ancien) dans la Bible ne désignait pas uniquement les personnes âgées, et qu’il ne s’appliquait pas non plus à tous les membres spirituellement mûrs des congrégations. Il était utilisé particulièrement dans un sens officiel pour désigner les surveillants des congrégations (Actes 11:30; 1 Tim. 5:17; 1 Pierre 5:1-3). Ces anciens étaient établis dans leur fonction en harmonie avec des conditions requises qui par la suite ont été incluses dans les Écritures inspirées (Actes 14:23; 1 Tim. 3:1-7; Tite 1:5-9). Les congrégations où plusieurs hommes remplissaient les conditions requises comptaient plus d’un ancien (Actes 20:17; Phil. 1:1). Ces hommes constituaient “le collège des anciens”, chacun occupant la même position officielle que les autres, aucun n’étant le plus éminent ou le plus influent dans la congrégation (1 Tim. 4:14). Pour aider les anciens, a-t-il été expliqué, il y avait aussi des “serviteurs ministériels” nommés, en accord avec les conditions requises énumérées par l’apôtre Paul. — 1 Tim. 3:8-10, 12, 13.
Sans tarder, on a procédé aux changements nécessaires pour que l’organisation soit plus conforme à ce modèle biblique. On a commencé par le Collège central lui-même. Le nombre de ses membres a été augmenté, et non plus limité à sept, c’est-à-dire les sept membres du conseil d’administration de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania. Ce nombre n’était plus immuable. Ainsi, en 1971, ils étaient 11; pendant quelques années, ils ont été 18; en 1992, ils étaient 12. Tous sont des hommes oints de Dieu pour devenir cohéritiers avec Jésus Christ. Les 12 hommes qui formaient le Collège central en 1992 totalisaient à cette date, à eux tous, plus de 728 années de service à plein temps comme ministres de Jéhovah Dieu.
Le 6 septembre 1971, il a été décidé que tous les membres du Collège central en présideraient les réunions pendant un an à tour de rôle dans l’ordre alphabétique. Cette mesure est devenue effective le 1er octobre. D’autre part, les membres du Collège central assureraient désormais chaque semaine à tour de rôle la présidence du culte matinal et de l’étude de La Tour de Garde prévus pour les volontaires du siège mondiald. Cela a pris effet le matin du 13 septembre 1971, lorsque Frederick Franz a présidé le culte matinal au siège de la Société à Brooklyn (New York).
Au cours de l’année suivante, les frères ont jeté les bases pour opérer des modifications dans la surveillance des congrégations. Ainsi, les congrégations ont cessé d’avoir seulement un serviteur de congrégation aidé d’un nombre fixe d’autres serviteurs; par contre, des hommes remplissant des conditions requises par la Bible ont été établis anciens. D’autres, remplissant eux aussi des conditions bibliques requises, ont été nommés serviteurs ministériels. Voilà qui a permis qu’un plus grand nombre de frères assument des responsabilités dans leur congrégation et acquièrent ainsi une précieuse expérience. Les Témoins de Jéhovah étaient alors loin de se douter que le nombre des congrégations augmenterait de 156 % au cours des 21 années suivantes, pour atteindre le chiffre de 69 558 en 1992. Mais il était clair que le Chef de la congrégation, le Seigneur Jésus Christ, préparait l’avenir.
Au début des années 70, le Collège central s’est sérieusement penché sur la question de sa propre réorganisation. Depuis l’enregistrement de la Société Watch Tower en 1884, l’édition des publications, la direction de l’œuvre mondiale d’évangélisation, le fonctionnement des écoles et la tenue des assemblées avaient été placés sous la responsabilité du bureau du président de la Watch Tower Bible and Tract Society. Cependant, après une analyse sérieuse de la question et un examen de divers points de détail sur une période de plusieurs mois, le 4 décembre 1975 a été adoptée à l’unanimité une nouvelle mesure: la formation de six comités du Collège central.
Le Comité du président (constitué de trois hommes: le président du Collège central pour l’année en cours, le précédent et le prochain) reçoit les rapports en cas de situation urgente, de catastrophe ou de persécution massive, et il veille à s’occuper rapidement de ces problèmes avec le Collège central. Le Comité de rédaction dirige la préparation de la nourriture spirituelle sous forme écrite, audio ou vidéo destinée aux Témoins de Jéhovah et au public; il surveille le travail de traduction dans des centaines de langues. Le Comité pour l’enseignement a la responsabilité des écoles et des assemblées, y compris les assemblées de district et internationales, pour le peuple de Jéhovah, ainsi que de l’enseignement au sein de la famille du Béthel; il prépare les textes utilisés dans ces différentes formes d’enseignement. Le Comité pour le service s’occupe de tous les domaines de l’œuvre d’évangélisation, dont l’activité des congrégations et des surveillants itinérants. L’impression, l’édition et l’expédition des publications, le fonctionnement des imprimeries, toutes les affaires juridiques et autres, sont du ressort du Comité d’édition. Enfin, le Comité pour le personnel est chargé d’apporter une aide individuelle et spirituelle aux membres des familles du Béthel; c’est ce comité qui, dans le monde entier, invite de nouveaux membres à entrer dans les familles du Béthel.
D’autres comités se voient confier la surveillance des installations appartenant au siège mondial: imprimeries, bâtiments résidentiels du Béthel et fermes. Dans ces derniers comités, le Collège central utilise largement les capacités des membres de la “grande foule”. — Rév. 7:9, 15.
À également été modifiée la façon dont les filiales de la Société sont dirigées. Depuis le 1er février 1976, chaque filiale a à sa tête un comité de trois membres ou davantage (selon ses besoins et sa taille) qui s’occupent de l’œuvre du Royaume dans leur pays, sous la direction du Collège central.
En 1992, une aide supplémentaire a été apportée au Collège central quand un certain nombre de frères, presque tous membres de la grande foule, ont été invités à participer aux réunions et au travail des comités de rédaction et d’édition, ainsi que des comités pour l’enseignement, pour le service et pour le personnele.
Cette répartition des responsabilités s’est révélée très bénéfique. En plus des modifications déjà apportées dans les congrégations, elle a permis d’ôter du chemin tout obstacle susceptible de laisser penser à certains que le Christ n’est pas le Chef de la congrégation. Il s’avère des plus avantageux que les questions relatives à l’œuvre du Royaume soient traitées par plusieurs frères. En outre, grâce à cette réorganisation, il a été possible d’apporter la direction nécessaire dans les nombreux domaines où le besoin s’en faisait impérativement sentir en cette période de croissance phénoménale dans l’organisation. Il y a très longtemps, Jéhovah avait annoncé par l’intermédiaire du prophète Ésaïe: “Le petit deviendra un millier, et celui qui est infime une nation forte. Moi, Jéhovah, j’accélérerai cela en son temps.” (És. 60:22). Non seulement il a ‘accéléré cela’, mais il a aussi fourni la direction nécessaire pour que son organisation visible ait les moyens de faire face à une telle accélération.
Les Témoins de Jéhovah s’intéressent avant tout à l’œuvre que Dieu leur a confiée dans les derniers jours du présent monde, et ils sont bien organisés pour l’accomplir. Ils ont sous les yeux la preuve indiscutable que leur organisation n’est pas d’origine humaine, mais qu’il s’agit de l’organisation de Dieu, et que le Fils de Dieu, Jésus Christ, la dirige. Étant Roi, Jésus protégera ses sujets fidèles pendant la grande tribulation imminente et veillera à ce qu’ils soient organisés efficacement pour accomplir la volonté de Dieu au cours du Millénium à venir.
[Notes]
a En 1894, frère Russell a pris des dispositions pour que la Zion’s Watch Tower Tract Society délègue dans les congrégations des orateurs qui étaient des frères d’expérience. Ils possédaient des lettres d’introduction pour se présenter aux groupes locaux. Ces documents ne leur conféraient pas l’autorité de prêcher, ni ne signifiaient que tout ce que leur détenteur disait devait être accepté sans être dûment analysé à la lumière de la Parole de Dieu. Toutefois, certaines personnes ayant mal interprété leur raison d’être, moins d’un an plus tard, frère Russell a demandé qu’ils lui soient rendus. Avec sagesse, il s’est efforcé d’éviter quoi que ce soit que des observateurs puissent interpréter comme ayant seulement l’apparence d’un clergé.
b La Tour de Garde, octobre-novembre 1881, pp. 8, 9 (angl.).
c Parfois, les Étudiants de la Bible parlaient de leurs groupes locaux comme d’“Églises”, conformément à la terminologie de la King James Version (Bible du roi Jacques). Ils les appelaient aussi “ecclésias”, d’après le terme utilisé dans le texte biblique en grec. Ils employaient pareillement l’expression “classes”, puisqu’ils étaient en fait un ensemble de personnes qui se réunissaient régulièrement pour étudier la Bible. Plus tard, ils se sont appelés “companies” (“groupes” en français), mot qui évoquait leur préoccupation de mener une guerre spirituelle (voir Psaume 68:11, KJ, note). Après la parution des Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau en 1950, c’est le mot “congrégation”, tiré de la Bible en langue plus moderne, qui est entré en usage chez les Témoins de Jéhovah dans la plupart des pays (en français, “assemblée”, puis “congrégation”).
d Littéralement, le mot utilisé dans le texte grec de la Bible, à savoir khéïrotonéô, signifie “tendre, étendre, lever la main”, et, par extension, il pouvait signifier aussi “élire à main levée quelqu’un pour une fonction”. — Dictionnaire grec-français d’Anatole Bailly, 1950, p. 2132.
e Pour plus de détails, voir chapitre 25, “La prédication en public et de maison en maison”.
f À partir de 1919, il a été demandé à ceux qui fréquentaient la congrégation, ou classe, de rendre compte chaque semaine à la Société de leur activité de prédication, par l’intermédiaire du directeur du service.
g Comme le précisait le dépliant Organization Method (Méthode d’organisation), chaque congrégation devait élire un vice-directeur et un bibliothécaire (responsable du stock). Ces deux hommes constituaient avec le directeur nommé par la Société le comité de service.
h La Tour de Garde de janvier 1921, pp. 34-39 (1er juillet 1920 en angl.).
i Le comité de service à l’époque ne comptait pas plus de dix membres, dont le directeur du service, qui, lui, n’était pas élu, mais nommé par la Société. Les autres membres collaboraient avec lui pour organiser et effectuer l’œuvre de témoignage.
j Pendant quelques années après 1932, on les a appelés les Jonadabs.
k Restreindre la signification du verbe grec khéïrotonéô au sens d’‘élire par vote à main levée’ ne tient pas compte du sens qu’a pris ce mot ultérieurement. Ainsi, un dictionnaire grec (A Greek-English Lexicon, de H. Liddell et R. Scott, édité par Jones et McKenzie et réimprimé en 1968) définit ainsi ce mot: “Lever la main, dans le but de donner son suffrage dans l’assemblée (...). II. Av. acc. de pers. [avec un accusatif de personne], élire, au sens propre à main levée (...). b. Plus tard, dans un sens général, établir, (...) établir à une fonction dans l’Église [présbutérous], Act. Ap. [Actes des Apôtres] 14.23.” Ce dernier usage était courant aux jours des apôtres; ce mot a été utilisé dans ce sens par Josèphe, historien juif du Ier siècle, dans son Histoire ancienne des Juifs, VI, v et xiv. La structure grammaticale elle-même d’Actes 14:23 dans le texte grec original montre que c’est Paul et Barnabas qui faisaient ce que décrit le texte.
l Plus tard cette année-là (1938), une plaquette de quatre pages intitulée Organization Instructions (Instructions d’organisation) a fourni de plus amples détails. Elle expliquait que les congrégations devaient établir un comité chargé d’agir en leur nom. Ce comité devait jauger les frères en fonction des conditions requises dans les Écritures et faire ses recommandations à la Société. Quand un représentant itinérant de la Société rendait visite à la congrégation, il analysait dans quelle mesure les frères qu’il y rencontrait remplissaient les conditions et avec quelle fidélité ils s’acquittaient des tâches qu’on leur confiait. La Société tenait compte également de ses recommandations pour procéder à une nomination.
a Entre 1894 et 1927, les orateurs itinérants envoyés par la Société ont été qualifiés de représentants de la Société de Tracts Tour de Garde, puis de pèlerins. De 1928 à 1936, comme on mettait davantage l’accent sur la prédication, ils ont été appelés directeurs de service régionaux. À partir de juillet 1936, pour bien mettre en évidence le genre de relations qu’ils devaient avoir avec les frères des congrégations, ils ont été appelés serviteurs régionaux. De 1938 à 1941, les serviteurs de zone avaient pour mission de rendre visite à un nombre limité de congrégations les unes après les autres, ce qui les faisait revenir régulièrement dans les mêmes groupes. En 1942, après une interruption d’environ un an, ce service a été rétabli, avec les serviteurs des frères. En 1948, l’expression serviteur de circuit (plus tard, circonscription) a été adoptée; aujourd’hui, on parle de surveillant de circonscription.
Entre 1938 et 1941, les serviteurs régionaux, assumant un nouveau rôle, ont desservi régulièrement de lieu en lieu des assemblées qui réunissaient les Témoins d’une certaine région (ou zone) pour bénéficier d’un programme spécial. Quand leur activité a été rétablie en 1946, ces surveillants itinérants ont été appelés serviteurs de district; aujourd’hui, on parle de surveillants de district.
b Cette disposition est entrée en vigueur le 1er octobre 1938. Pendant les années de guerre, il est devenu de plus en plus difficile d’organiser des assemblées, aussi, à la fin de 1941, les assemblées de zone ont été suspendues. Mais elles ont repris en 1946, et on a appelé assemblées de circonscription ces rassemblements de plusieurs congrégations pour recevoir un enseignement spécial.
c On retrouve la substance de ces discours dans La Tour de Garde du 15 novembre 1945 (15 octobre et 1er novembre 1944 en angl.).
d Plus tard, ils ont confié ces tâches également à d’autres membres de la famille du Béthel désignés à cet effet.
[Entrefilet, page 204]
Pas de place pour un clergé.
[Entrefilet, page 205]
Ils n’essayaient pas de fonder une “organisation terrestre”.
[Entrefilet, page 206]
Comment les anciens étaient-ils choisis?
[Entrefilet, page 212]
Un directeur nommé par la Société.
[Entrefilet, page 213]
Certains anciens ne voulaient pas prêcher à l’extérieur de la congrégation.
[Entrefilet, page 214]
Le nombre des prédicateurs a baissé, mais l’organisation a été affermie.
[Entrefilet, page 218]
Comment fallait-il procéder aux nominations?
[Entrefilet, page 220]
Joseph Rutherford cherchait-il tout simplement à diriger plus étroitement l’organisation?
[Entrefilet, page 222]
Il gardait le contact avec les groupes de deux ou trois personnes comme avec les groupes plus importants.
[Entrefilet, page 223]
De nouvelles responsabilités pour les surveillants itinérants.
[Entrefilet, page 234]
Le Collège central compte davantage de membres qui en assument la présidence à tour de rôle.
[Entrefilet, page 235]
Une direction nécessaire à une époque d’accroissement phénoménal.
[Encadré, page 207]
Pourquoi ce changement?
Interrogé sur son changement de point de vue concernant la façon de choisir les anciens dans les groupes du peuple du Seigneur, Charles Russell a répondu:
“Avant tout, je m’empresse de vous assurer que je n’ai jamais prétendu à l’infaillibilité. (...) Nous ne nions pas avoir progressé en connaissance et voir maintenant de façon légèrement différente la volonté du Seigneur concernant les anciens ou dirigeants dans les petits groupes de son peuple. Notre erreur de jugement a été d’attendre trop des frères bien-aimés qui, ayant accepté les premiers la Vérité, sont devenus naturellement les dirigeants de ces petits groupes. Nous nous faisions d’eux une image idéale: nous pensions que la connaissance de la Vérité les rendrait humbles, leur ferait comprendre combien ils étaient petits, et que, quoi qu’ils sachent et soient capables de présenter aux autres, ils le feraient en porte-parole de Dieu et parce que Dieu les employait. Idéalistes, nous espérions que ces hommes seraient dans tous les sens du terme des exemples pour le troupeau; et que la providence du Seigneur fournirait à chaque petit groupe un ou plusieurs [frères] aussi compétents, sinon plus, pour présenter la Vérité, que l’esprit d’amour les guiderait dans l’honneur pour s’estimer les uns les autres, et ainsi pour s’aider et s’encourager mutuellement à participer au service de l’Église, le corps du Christ.
“Cette pensée à l’esprit, nous avons conclu que les serviteurs du Seigneur recevant et appréciant davantage la grâce et la vérité, il ne serait pas nécessaire qu’ils suivent le modèle laissé par les apôtres de l’Église primitive. Notre erreur a été de ne pas comprendre que les structures mises en place par les apôtres sous la direction divine sont supérieures à toute autre structure conçue par qui que ce soit, et que l’Église dans son ensemble devra suivre les règles instituées par les apôtres jusqu’à ce que, par notre changement à la résurrection, nous soyons tous rendus complets et parfaits et nous trouvions directement associés au Maître.
“Notre erreur nous est apparue au fur et à mesure que nous observions chez les frères bien-aimés, dans une certaine mesure, l’esprit de rivalité, et constations que beaucoup désiraient assumer la direction des réunions comme une fonction honorifique plutôt que comme un service, et par ailleurs privaient et empêchaient de recevoir des responsabilités d’autres frères ayant des capacités naturelles égales, une connaissance de la Vérité égale, et une même aptitude à manier l’épée de l’Esprit.” — “La Tour de Garde” du 15 mars 1906, page 90 (en anglais).
[Encadré/Illustrations, pages 208, 209]
Le bâtiment que la Société utilisait il y a cent ans dans la région de Pittsburgh
La Maison de la Bible, sur cette photographie, a servi de siège aux Étudiants de la Bible pendant 19 ans, de 1890 à 1909f.
Le cabinet de travail de frère Russell.
Des membres de la famille de la Maison de la Bible qui y travaillaient en 1902.
Dans l’immeuble se trouvaient cet atelier de typographie et de composition (ci-dessus à droite), un service d’expédition (ci-contre à droite), une réserve de publications, des chambres pour les volontaires, et un lieu de culte (salle d’assemblées) d’environ 300 places.
[Note de l’encadré]
f En 1879, le siège se situait au numéro 101 de la Cinquième Avenue à Pittsburgh (Pennsylvanie). En 1884, les bureaux ont été transférés au 44 Federal Street, Allegheny (dans le nord de Pittsburgh), puis, plus tard dans la même année, au 40 Federal Street. (Adresse devenue, en 1887, 151 Robinson Street.) Quand les locaux sont devenus trop petits, en 1889 frère Russell a fait construire la Maison de la Bible (voir ci-contre à gauche) au 56-60 Arch Street, Allegheny. (Adresse changée plus tard en 610-614 Arch Street.) Pendant une courte période entre 1918 et 1919, les Étudiants de la Bible ont de nouveau eu leur bureau principal à Pittsburgh, au deuxième étage d’un bâtiment sis au 119 Federal Street.
[Encadré, page 211]
De qui est-ce l’œuvre?
Vers la fin de sa vie terrestre, Charles Russell a écrit: “Trop souvent le peuple de Dieu oublie que le Seigneur lui-même est à la tête de son œuvre. Trop souvent on pense: Nous ferons une œuvre et Dieu collaborera avec nous dans cette œuvre. Adoptons le bon point de vue sur la question; et comprenons que c’est Dieu qui a prévu une grande œuvre et la mène à bien; qu’elle s’accomplira, nullement grâce à nous ou à nos efforts; que les serviteurs de Dieu ont le grand privilège de collaborer avec leur Auteur à l’aboutissement de ses projets, de ses desseins, de ses dispositions, et de ses voies. En voyant les choses de ce point de vue, quand nous prions et nous tenons aux aguets ce doit être dans l’intention d’apprendre à faire la volonté du Seigneur, quel que soit notre lot, puisque c’est notre Dieu qui nous conduit. Tel est le programme que la Watch Tower Bible and Tract Society cherche à suivre.” — “La Tour de Garde” du 1er mai 1915 (en anglais).
[Encadré, page 215]
Les questions VDM
Les lettres VDM représentent les mots latins “Verbi Dei Minister”, ce qui veut dire Ministre de la Parole de Dieu.
En 1916, la Société a dressé une liste de questions portant sur des thèmes bibliques. Elle a demandé à ceux qui voulaient la représenter en qualité d’orateurs de répondre par écrit à toutes ces questions. Cela lui permettrait de connaître les pensées, les opinions et la compréhension qu’avaient ces frères en ce qui concernait des vérités bibliques fondamentales. Au bureau de la Société, un comité d’examinateurs était chargé de lire attentivement les réponses écrites. Pour être jugés aptes à être orateurs, les frères devaient obtenir une note égale ou supérieure à 85 sur 100.
Par la suite, de nombreux anciens, des diacres et d’autres Étudiants de la Bible ont demandé s’ils pouvaient obtenir une liste de ces questions. Quelque temps plus tard, la Société a dit qu’il serait utile que les classes choisissent comme représentants seulement des personnes qui avaient passé avec succès leur examen de VDM.
Quand la Société décernait le statut de Ministre de la Parole de Dieu à un frère, cela ne signifiait pas qu’il était ordonné. Cela voulait simplement dire que le comité d’examinateurs du bureau de la Société s’était assuré de l’état de sa connaissance doctrinale et, dans une mesure raisonnable, de sa réputation, puis avait conclu qu’il était digne d’être appelé Ministre de la Parole de Dieu.
Les questions VDM étaient les suivantes:
1. Quelle fut la première création de Dieu?
2. Quelle est la signification du terme “Logos”, lorsque ce titre désigne le Fils de Dieu? Que signifient les termes Père et Fils?
3. Quand et comment le péché entra-t-il dans le monde?
4. Quel est le châtiment du péché que Dieu infligea aux pécheurs? Qui sont les pécheurs?
5. Pourquoi fut-il nécessaire que le “Logos” soit fait chair? Fut-il incarné?
6. Quelle fut la nature de l’homme Jésus Christ depuis son enfance jusqu’à sa mort?
7. Quelle est la nature de Jésus depuis sa résurrection? Quelle est sa situation par rapport à Jéhovah le Père?
8. Quelle est l’œuvre que Jésus accomplit au cours de l’âge de l’Évangile, depuis la Pentecôte jusqu’à aujourd’hui?
9. D’une part, qu’est-ce que Jéhovah Dieu a fait pour les humains jusqu’à aujourd’hui? D’autre part, qu’a fait Jésus pour eux?
10. Quels sont les plans de Dieu à l’égard de l’Église, lorsque ses membres seront au complet?
11. Quels sont en outre les plans de Dieu à l’égard des humains?
12. Quel sera le sort des humains entièrement incorrigibles?
13. Quelles seront la récompense ou les bénédictions qui seront accordées au monde des humains en vertu de leur obéissance au Royaume du Messie?
14. Quelles démarches un pécheur doit-il faire pour nouer des relations vitales avec le Christ et avec le Père céleste?
15. Lorsqu’un chrétien a été engendré du saint esprit, quelle est la voie qu’il doit suivre, selon la Parole de Dieu?
16. Vous êtes-vous détourné du péché pour servir le Dieu vivant?
17. Avez-vous entièrement consacré votre vie, toutes vos forces, tous vos talents, au Seigneur et à son service?
18. Avez-vous symbolisé cette consécration par l’immersion dans les eaux du baptême?
19. Avez-vous fait le vœu de sainteté de vie tel que l’a formulé l’AIÉB [Association internationale des Étudiants de la Bible]?
20. Connaissez-vous à fond la doctrine exposée dans les “Études des Écritures”?
21. Cette lecture vous a-t-elle apporté beaucoup de lumière, et en avez-vous retiré un grand profit?
22. Croyez-vous posséder une solide et durable connaissance de la Bible qui vous permettra d’être un serviteur du Seigneur plus utile qu’auparavant, pendant le reste de votre vie?
[Encadré/Illustrations, pages 216, 217]
Les bâtiments utilisés au début de l’œuvre à Brooklyn
Le Béthel
122-124 Columbia Heights
La salle à manger du Béthel
Le Tabernacle
Ce bâtiment, situé au 17 Hicks Street (et qui a servi de 1909 à 1918), abritait des bureaux, une réserve de publications, un service de courrier, du matériel de typographie, et une salle de réunion de 800 places.
La salle de réunion
Les premières imprimeries
Des membres de la famille du Béthel qui travaillaient à l’imprimerie de Myrtle Avenue en 1920 (ci-contre à droite).
35 Myrtle Avenue (1920-1922)
18 Concord Street (1922-1927)
117 Adams Street (1927- )
[Encadré/Illustrations, pages 224, 225]
Quelques surveillants itinérants parmi les milliers qui ont servi au fil des ans
Canada, 1905-1933
Angleterre, 1920-1932
Finlande, 1921-1926, 1947-1970
États-Unis, 1907-1915
Moyens de transport d’une congrégation à l’autre:
Groenland
Venezuela
Lesotho
Mexique
Pérou
Sierra Leone
Logement mobile en Namibie
Prédication avec d’autres Témoins au Japon.
Réunion avec des anciens en Allemagne.
Conseils pratiques aux pionniers à Hawaii.
Enseignement dans une congrégation de France.
[Encadré/Illustration, page 229]
Les premières associations déclarées
Zion’s Watch Tower Tract Society (Société de Tracts Tour de Garde de Sion). Formée en 1881, puis enregistrée légalement le 15 décembre 1884 dans l’État de Pennsylvanie. En 1896, son nom a été changé en celui de Watch Tower Bible and Tract Society (Tour de Garde, Société de Bibles et de Traités). Depuis 1955, elle porte le nom Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania.
Peoples Pulpit Association (Association de la Tribune du peuple). Formée en 1909 lorsque la Société a transféré ses bureaux principaux à Brooklyn (New York). En 1939, son nom a été changé en celui de Watchtower Bible and Tract Society, Inc. Depuis 1956, elle porte le nom Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.
International Bible Students Association (Association internationale des Étudiants de la Bible). Enregistrée en Angleterre, à Londres, le 30 juin 1914.
Pour satisfaire aux exigences légales, dans de nombreux pays les Témoins de Jéhovah ont formé d’autres associations. Mais ils n’en sont pas pour autant divisés en organisations nationales ou régionales. Ils constituent une famille internationale de frères unis.
[Encadré, page 234]
‘Semblables à la communauté chrétienne primitive’
La revue religieuse “Interpretation” a déclaré en juillet 1956: “Dans leur organisation et leur œuvre de témoignage, ils [les Témoins de Jéhovah] sont ceux qui ressemblent plus que tout autre groupe à la communauté chrétienne primitive. (...) Peu d’autres groupements font autant qu’eux usage de la Bible dans leurs messages, oraux ou écrits.”
[Illustration, page 210]
Des filiales ont été ouvertes pour mieux diriger l’œuvre. La première a été celle de Londres, qui a occupé ce bâtiment.
[Illustration, page 221]
Joseph Rutherford en 1941. Les Témoins savaient qu’il n’était pas leur chef.
[Illustration, page 226]
John Booth, surveillant itinérant aux États-Unis de 1936 à 1941.
[Illustration, page 227]
Carey Barber, dont le district couvrait une grande partie des États-Unis.
[Illustration, page 228]
Frère Knorr rendait régulièrement visite à toutes les filiales et maisons de missionnaires.
[Illustration, page 230]
Les principaux surveillants des filiales de la Société ont été réunis pour recevoir une formation spéciale (New York, 1958).
[Illustrations, page 231]
L’École du ministère du Royaume a fourni un enseignement précieux aux surveillants du monde entier.
L’École du ministère du Royaume dans un camp de réfugiés en Thaïlande, 1978; aux Philippines, 1966 (en haut à gauche).
[Illustrations, page 232]
Des instructions relatives à l’organisation ont paru peu à peu (d’abord en anglais, puis dans d’autres langues) afin de coordonner l’activité des Témoins et de tous les informer des dispositions prises pour les aider dans leur ministère.
-
-
Les réunions: culte, instruction et encouragementLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 16
Les réunions: culte, instruction et encouragement
LES réunions de leur congrégation occupent une place importante dans l’activité des Témoins de Jéhovah. Même lorsque les circonstances ne s’y prêtent pas, les Témoins s’efforcent d’y assister régulièrement, conformément à cette exhortation biblique: “Observons-nous les uns les autres pour nous inciter à l’amour et aux belles œuvres, sans abandonner le rassemblement de nous-mêmes, comme quelques-uns en ont coutume, mais en nous encourageant mutuellement, et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour.” (Héb. 10:24, 25). Là où cela est possible, chaque congrégation organise des réunions trois fois par semaine, réunions qui durent au total 4 heures et 45 minutes. Cependant, la nature et la fréquence des réunions ont évolué en fonction des besoins.
Au Ier siècle, les manifestations des dons miraculeux de l’esprit étaient une particularité des réunions chrétiennes. Pour quelle raison? Parce qu’au moyen de ces dons Dieu attestait qu’il n’utilisait plus le système religieux juif, mais que son esprit reposait désormais sur la congrégation chrétienne récemment formée (Actes 2:1-21; Héb. 2:2-4). Lors de ces réunions, les chrétiens prononçaient des prières, chantaient des louanges à Dieu, mettaient l’accent sur la prophétie (c’est-à-dire la transmission de révélations relatives à la volonté et au dessein divins) et sur la transmission d’une instruction propre à édifier les auditeurs. Ces chrétiens vivaient à une époque où des événements prodigieux se produisaient en rapport avec le dessein divin. Il leur fallait les comprendre et savoir comment agir en conséquence. Toutefois, lors de ces réunions, certains ne faisaient pas preuve d’équilibre; aussi, comme le montre la Bible, avaient-ils besoin de conseils pour les diriger de la façon la plus profitable. — 1 Cor. 14:1-40.
Retrouvait-on dans les réunions des Étudiants de la Bible, dans les années 1870 et après, les caractéristiques de celles que tenaient les chrétiens du Ier siècle?
Les besoins spirituels des premiers Étudiants de la Bible sont satisfaits
En 1870, Charles Russell et un petit groupe d’amis d’Allegheny (Pennsylvanie) et des alentours ont formé une classe pour l’étude de la Bible. Grâce à leurs réunions, ils ont progressivement accru leur amour pour Dieu et pour sa Parole, et en sont venus à connaître ce qu’enseigne la Bible. Aucun don miraculeux des langues ne se manifestait à ces réunions. Pourquoi? Parce que ces dons miraculeux avaient atteint leur but au Ier siècle, et, conformément à ce que la Bible avait annoncé, ils avaient cessé. “Ainsi que saint Paul l’a clairement exprimé, a expliqué frère Russell, l’étape suivante en matière de progrès consistait à manifester les fruits de l’Esprit.” (1 Cor. 13:4-10). De plus, tout comme au Ier siècle, une œuvre urgente d’évangélisation devait être accomplie, œuvre pour laquelle ils avaient besoin d’encouragements (Héb. 10:24, 25). Ils n’ont pas tardé à se réunir régulièrement deux fois par semaine.
Frère Russell a compris qu’il importe que les serviteurs de Jéhovah, aussi dispersés soient-ils sur la terre, forment un peuple uni. C’est pourquoi en 1879, peu après le début de la parution de La Tour de Garde, ses lecteurs ont été invités à demander à frère Russell ou à l’un de ses collaborateurs de leur rendre visite. L’annonce stipulait: “Sans argent, sans payer.” Lorsqu’un certain nombre de demandes lui sont parvenues, frère Russell a entrepris un voyage d’un mois qui l’a conduit jusqu’à Lynn, dans le Massachusetts; il tenait des réunions de quatre à six heures par jour à chaque étape. Il traitait le sujet “Les choses qui appartiennent au Royaume de Dieu”.
Dès 1881, frère Russell a adressé cette exhortation aux lecteurs de La Tour de Garde qui n’avaient pas encore de réunions dans leur région: “Réunissez-vous chez vous avec votre famille, ou même avec quelques personnes qui manifestent de l’intérêt. Lisez, étudiez, louez Dieu et adorez-le ensemble, car là où deux ou trois se réunissent en Son nom, le Seigneur, votre Enseignant, est là au milieu de vous. Telle était la nature de certaines réunions de l’Église aux jours des apôtres. (Voir Philémon 2.)”
Le programme des réunions s’est développé progressivement. Des suggestions étaient faites, mais il appartenait à chaque groupe de déterminer ce qui convenait le mieux à sa situation. De temps à autre, un orateur donnait un discours, mais on mettait surtout l’accent sur les réunions auxquelles chacun pouvait participer librement. Au début, certaines classes d’Étudiants de la Bible utilisaient peu les publications de la Société pendant leurs réunions, mais les ministres itinérants, ou pèlerins, les ont aidées à en saisir tout l’intérêt.
Après leur parution, on a commencé à se servir de plusieurs tomes de L’Aurore du Millénium pour étudier la Bible. En 1895, les groupes d’étude étaient appelés Cercles de l’aurore pour l’étude de la Biblea. En Norvège, certains en ont parlé plus tard comme de “réunions de lecture et d’entretiens”, ajoutant: “Des extraits des livres de Charles Russell étaient lus à haute voix, et si quelqu’un voulait faire un commentaire ou poser une question, il levait la main.” Frère Russell a conseillé à ceux qui participaient à ces réunions d’utiliser différentes traductions des Écritures, les références marginales de la Bible et des concordances bibliques. Les études avaient souvent lieu dans un foyer, par groupes de taille moyenne, un soir qui convenait à tous. Ces réunions sont à l’origine de l’étude de livre qui se tient aujourd’hui dans les congrégations.
Charles Russell a compris qu’il ne suffisait pas d’étudier des doctrines. Il fallait aussi des expressions de piété qui remplissent le cœur des gens de reconnaissance pour l’amour de Dieu et du désir de l’honorer et de le servir. Dans ce but, les classes ont été encouragées à organiser des réunions spéciales une fois par semaine. On les appelait parfois “Cottage meetings” (“Réunions de foyer”) parce qu’elles avaient lieu chez des particuliers. Des prières, des cantiques de louange et des témoignages personnels des assistantsb figuraient au programme. Ces témoignages étaient parfois des faits encourageants, mais ils se rapportaient aussi aux épreuves, aux difficultés et aux inquiétudes qu’ils avaient eues les jours précédents. Dans certains endroits, ces réunions n’atteignaient pas leur objectif parce qu’on accordait une importance excessive aux individus. Des suggestions bienveillantes ont donc été faites dans La Tour de Garde pour remédier à la situation.
Edith Brenisen, femme de l’un des premiers pèlerins aux États-Unis, a conservé le souvenir de ces réunions: “Ces soirées offraient l’occasion de méditer sur la protection bienveillante de Jéhovah et de fréquenter étroitement nos frères et sœurs. En écoutant leurs rapports, nous parvenions à mieux les connaître. En observant leur fidélité et en entendant comment ils avaient surmonté leurs difficultés, nous arrivions souvent à résoudre nos problèmes.” Toutefois, avec le temps, il est apparu que des réunions conçues pour équiper chacun en vue de participer à l’œuvre d’évangélisation seraient plus profitables.
La manière dont la réunion du dimanche était dirigée en certains endroits préoccupait les frères. Des classes essayaient d’étudier la Bible verset par verset. Cependant, les divergences d’opinion quant à la signification des versets n’avaient parfois rien d’encourageant. Afin de remédier à cette situation, certains membres de la congrégation de Los Angeles (Californie) ont préparé des plans pour une étude de la Bible par sujet, avec des questions et des références que toute la classe devait examiner avant d’assister à la réunion. En 1902, la Société a publié (en anglais) une Bible contenant des “Auxiliaires pour les études béréennes de la Bible”, dont un index par sujetc. Afin de simplifier encore les choses, à partir du 1er mars 1905, La Tour de Garde en anglais a publié des plans de discussion pour la congrégation, comprenant des questions ainsi que des références à la Bible et aux publications de la Société à des fins de recherches. Cette rubrique est parue jusqu’en 1914, année où des questions sur les volumes des Études des Écritures ont été publiées (en anglais) afin d’être utilisées dans les Études béréennes.
Toutes les classes disposaient des mêmes matières, mais la fréquence des réunions variait d’une à quatre fois par semaine ou plus, suivant les dispositions prises sur le plan local. Au début de 1914, à Colombo (Ceylan, l’actuel Sri Lanka), il y avait des réunions tous les jours.
On encourageait les Étudiants de la Bible à apprendre à faire des recherches, à ‘examiner toutes choses’, à exprimer les idées dans leurs propres termes (1 Thess. 5:21, Sg). Frère Russell conseillait une discussion libre et précise des matières à étudier. Il a fait aussi cette recommandation: “N’oubliez jamais que la Bible est notre référence et que, quels que soient les auxiliaires que Dieu nous donne, ce ne sont que des ‘auxiliaires’ qui, en aucun cas, ne la remplacent.”
La commémoration de la mort du Seigneur
À partir de 1876, les Étudiants de la Bible ont pris chaque année des dispositions pour commémorer la mort du Seigneurd. Au début, le groupe de Pittsburgh (Pennsylvanie) et des alentours se réunissait chez l’un des frères. En 1883, une centaine de personnes s’est rassemblée dans une salle de la ville, louée pour l’occasion. En 1905, les frères ont décidé d’utiliser le spacieux Carnegie Hall pour accueillir l’assistance nombreuse qu’ils attendaient à Pittsburgh.
Les Étudiants de la Bible comprenaient qu’il s’agissait d’un événement annuel et non hebdomadaire. La date de cette célébration correspondait au 14 Nisan du calendrier juif, jour de la mort de Jésus. Au fil des ans, la méthode de calcul de cette date a été amélioréee, mais ce qui importait le plus, c’était la signification de l’événement lui-même.
À l’occasion de cette commémoration, les Étudiants de la Bible se réunissaient par groupes de tailles diverses en différents lieux, mais ceux qui pouvaient se joindre aux frères de Pittsburgh étaient les bienvenus. De 1886 à 1893, les lecteurs de La Tour de Garde ont été particulièrement invités à se réunir à Pittsburgh, si c’était possible. Ils ont répondu à cette invitation et sont venus de différents endroits des États-Unis et du Canada. C’est ce qui, non seulement leur a permis de célébrer le Mémorial ensemble, mais les a aussi aidés à resserrer leurs liens et leur unité spirituelle. Toutefois, à mesure que les classes sont devenues plus nombreuses, tant aux États-Unis que dans d’autres parties du monde, il n’a plus été possible de se réunir en un seul lieu. Les Étudiants de la Bible ont compris qu’il serait plus profitable de se réunir avec leurs compagnons là où ils habitaient.
Comme le soulignait La Tour de Garde, beaucoup disaient avoir foi en la rançon et aucun ne négligeait la commémoration annuelle. Cependant, cet événement revêtait une signification particulière pour ceux qui faisaient vraiment partie du “petit troupeau” du Christ, ceux qui allaient avoir part au Royaume céleste. Lorsque le Christ a institué le Mémorial, la nuit précédant sa mort, il a dit à ceux à qui cette espérance était offerte: “Continuez à faire ceci en souvenir de moi.” — Luc 12:32; 22:19, 20, 28-30.
C’est surtout au début des années 30 que les futurs membres de la “grande multitude”, ou “grande foule”, des “autres brebis” ont commencé à se manifester (Rév. 7:9, 10, Sy; Jean 10:16). À cette époque on les appelait les Jonadabs. Pour la première fois, La Tour de Garde du 1er mars 1938 (15 février 1938, en anglais) les a spécialement invités à assister au Mémorial en ces termes: “Que chaque groupe des oints se réunisse le 15 avril, après 6 heures du soir, pour célébrer la fête commémorative, et que leurs compagnons, les Jonadabs, soient également présents.” Ils y ont assisté non pas comme participants, mais en qualité d’observateurs. Ils sont venus grossir le nombre des personnes réunies pour le Mémorial de la mort du Christ. En 1938, il y a eu 73 420 assistants et 39 225 participants au pain et au vin emblématiques. Les années suivantes, beaucoup de gens qui s’intéressaient à la vérité depuis peu et d’autres qui n’étaient pas encore des Témoins de Jéhovah actifs étaient présents en tant qu’observateurs. Ainsi, en 1992, alors qu’un maximum de 4 472 787 personnes ont participé au ministère, 11 431 171 ont assisté au Mémorial et seulement 8 683 ont pris les emblèmes. Dans certains pays, l’assistance a été cinq ou six fois supérieure au nombre des Témoins actifs.
Comme ils attachent une grande importance à la signification de la mort du Christ, les Témoins de Jéhovah célèbrent le Mémorial même dans des conditions très difficiles. En Rhodésie (l’actuel Zimbabwe), pendant la guerre qui a sévi durant les années 70, il était impossible de sortir le soir à cause du couvre-feu. Dans certaines régions, les frères se rassemblaient donc chez un Témoin de Jéhovah dans la journée et célébraient le Mémorial le soir. Bien sûr, comme ils ne pouvaient pas rentrer chez eux après la réunion, ils restaient toute la nuit chez ce Témoin. Ils passaient le reste de la soirée à chanter des cantiques et à raconter des faits de prédication, ce qui constituait une source d’encouragement supplémentaire.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, dans les camps de concentration, les Témoins ont célébré le Mémorial quand bien même ils risquaient d’être sévèrement punis si les gardes les découvraient. Lorsqu’en raison de sa foi chrétienne Harold King s’est trouvé seul dans une prison de la Chine communiste de 1958 à 1963, il a fait de son mieux pour célébrer le Mémorial étant donné les circonstances. Plus tard, il a raconté: “De la fenêtre de ma prison, j’observais la lune, je la voyais devenir pleine au début du printemps. Je calculais le plus soigneusement possible la date de la fête.” Il a improvisé les emblèmes nécessaires en fabriquant un peu de vin avec des groseilles noires et en se servant du riz, qui est sans levain, comme du pain. Il a ajouté: “Je chantais, priais et prononçais [le discours habituel] comme le fait en la circonstance n’importe quelle congrégation du peuple de Jéhovah. Ainsi, chaque année, je me sentais uni avec mes frères du monde entier en cette occasion des plus importante.”
Les jeunes s’intègrent
Les premières années, les publications et les réunions des Étudiants de la Bible n’étaient pas particulièrement adaptées aux jeunes. Certes, ceux-ci pouvaient assister aux réunions — d’ailleurs, certains le faisaient et étaient des auditeurs attentifs — mais aucun effort particulier n’était fourni afin de les faire participer. Pour quelles raisons?
À cette époque, les frères croyaient qu’il ne restait que très peu de temps avant que les membres de l’Épouse du Christ ne soient unis à lui dans la gloire céleste. En 1883, La Tour de Garde (en anglais) donnait cette explication: “Nous, qui sommes formés pour l’appel vers le haut, ne pouvons pas nous détourner de l’œuvre particulière de cette époque, œuvre qui consiste à préparer ‘l’Épouse, la femme de l’Agneau’. L’Épouse doit être prête et, en ce moment même, tandis que les dernières touches sont apportées à sa parure avant le mariage, chaque membre se doit de participer à cette œuvre primordiale.”
On exhortait les parents à assumer la responsabilité que Dieu leur a confiée: l’éducation spirituelle de leurs enfants. Les écoles du dimanche pour les jeunes n’étaient pas recommandées. Il était clair que ces écoles du dimanche mises en place par la chrétienté avaient causé un tort considérable. Les parents qui y envoyaient leurs enfants pensaient souvent que cette disposition les dégageait de la responsabilité de leur donner une instruction religieuse. Les enfants, de leur côté, ne considéraient plus leurs parents comme la principale source d’instruction religieuse et n’étaient pas enclins à les honorer et à leur obéir comme il se doit.
Toutefois, de 1892 à 1927, dans chaque exemplaire de La Tour de Garde en anglais est paru un commentaire du texte publié dans les “Leçons internationales des écoles du dimanche”, très répandues alors dans les églises protestantes. Pendant des années, ces textes ont été choisis par F. Peloubet, pasteur congrégationaliste, et ses adjoints. La Tour de Garde examinait ces textes selon la connaissance plus profonde des Écritures, exempte de tous les credos de la chrétienté, dont les Étudiants de la Bible disposaient. On espérait ainsi que La Tour de Garde serait introduite dans certaines Églises, que la vérité serait présentée et que certains paroissiens l’accepteraient. Bien sûr, la différence était évidente, ce qui n’a fait qu’exciter la colère du clergé protestant.
Quand l’année 1918 est arrivée, le reste, les membres oints encore en vie, était toujours sur la terre, et davantage d’enfants assistaient aux réunions. Souvent, on les laissait simplement jouer pendant que leurs parents étudiaient. Pourtant, les jeunes aussi devaient apprendre à ‘rechercher la justice et l’humilité’ s’ils voulaient ‘être à l’abri au jour de la colère du Seigneur’. (Soph. 2:3, TOB.) C’est pourquoi, en 1918, la Société a encouragé les congrégations à créer des classes pour les jeunes de 8 à 15 ans. Dans certains endroits existaient même des classes primaires pour les enfants qui n’étaient pas en âge d’assister à la classe des plus grands. À la même époque, on a de nouveau mis l’accent sur la responsabilité des parents envers leurs enfants.
D’autres dispositions ont été prises. En 1920, une rubrique intitulée “Étude de la Bible pour les jeunes” (constituée de questions suivies de versets bibliques dans lesquels on trouvait la réponse) est parue dans L’Âge d’Or. La même année est paru The Golden Âge ABC (L’ABC de L’Âge d’Or); il s’agissait d’une brochure illustrée à l’usage des parents en vue de l’enseignement des vérités bibliques et des qualités chrétiennes aux tout-petits. The Way to Paradise (Le chemin du paradis), livre écrit par William Van Amburgh, est paru ensuite en 1924. Cet ouvrage était adapté aux “étudiants de la Bible de niveau moyen”. Il a servi quelque temps lors des réunions pour les jeunes. En outre, les “jeunes Témoins” américains s’organisaient entre eux pour la prédication. En Suisse, un groupe de jeunes avait formé pour les 13-25 ans une association appelée “La jeunesse de Jéhovah”. Ils avaient leur propre secrétariat, à Berne, et ils éditaient et imprimaient sur les presses de la Société un périodique spécial intitulé La jeunesse de Jéhovah. Ces jeunes avaient leurs propres réunions et jouaient des drames bibliques, tel celui présenté au Volkshaus, à Zurich, devant une assistance de 1 500 personnes.
Toutefois, il en résultait qu’une organisation se développait au sein de celle des serviteurs de Jéhovah, ce qui ne favorisait pas l’unité. Cette association a donc été dissoute en 1936. En avril 1938, lors d’un séjour en Australie, Joseph Rutherford, président de la Société, a remarqué qu’une classe destinée aux enfants se déroulait en dehors de l’assemblée pour les adultes. Il a immédiatement pris des dispositions afin que les enfants rejoignent l’assemblée principale et ce, pour leur plus grand profit.
La même année, La Tour de Garde est revenue sur la question des classes séparées pour les jeunes dans les congrégations. Cette étude a rappelé que les parents ont la responsabilité d’instruire leurs enfants (Éph. 6:4; voir aussi Deutéronome 4:9, 10; Jérémie 35:6-10). Elle a également montré que la Bible ne fournit aucun précédent pour tenir à l’écart les jeunes dans des classes prévues à leur intention. Au contraire, les jeunes devaient accompagner leurs parents afin d’écouter la Parole de Dieu (Deut. 31:12, 13; Josué 8:34, 35). Si des explications supplémentaires sur les matières de l’étude s’avéraient nécessaires, les parents pouvaient les donner à la maison. En outre, des articles ont expliqué que l’organisation de ces classes était préjudiciable à la prédication de la bonne nouvelle de maison en maison. Pourquoi cela? Parce que les instructeurs négligeaient la prédication afin de préparer et de diriger les classes. Toutes les classes séparées pour les jeunes ont donc été supprimées.
Depuis lors et aujourd’hui encore, les Témoins de Jéhovah ont l’habitude d’assister aux réunions en famille. Les parents aident leurs enfants à se préparer pour y participer convenablement. De surcroît, un excellent choix de publications a été mis à la disposition des parents pour qu’ils instruisent leurs jeunes enfants à la maison. Parmi celles-ci figurent les livres Enfants, paru en 1941; Écoutez le grand Enseignant, en 1971; Votre jeunesse — Comment en tirer le meilleur parti, en 1976; Recueil d’histoires bibliques, en 1978; et Les jeunes s’interrogent — Réponses pratiques, en 1989.
Tous équipés en vue d’être des évangélisateurs actifs
Depuis la parution de son premier numéro, La Tour de Garde rappelle régulièrement à ses lecteurs que tous les véritables chrétiens ont la responsabilité et le privilège de prêcher la bonne nouvelle relative au dessein de Dieu. Les réunions de la congrégation les aident à préparer leur cœur et leur esprit à cette activité, en faisant croître leur amour pour Jéhovah et en augmentant leur connaissance de son dessein. Toutefois, c’est surtout après l’assemblée de Cedar Point (Ohio), en 1922, qu’on a mis l’accent sur la prédication et sur le moyen d’y participer efficacement.
Le Bulletinf, feuillet d’informations relatives à la prédication, contenait un bref message qu’il fallait apprendre par cœur et réciter quand on donnait le témoignage aux gens. Afin de relancer les efforts concertés pour annoncer le Royaume, pendant une bonne partie de l’année 1923, chaque début de mois, la moitié de la réunion de prières, de louanges et de témoignages qui avait lieu le mercredi soir a été consacrée à des témoignages sur la prédication.
Dès 1926, les réunions mensuelles au cours desquelles on parlait de la prédication ont été appelées “réunions des ouvriers”. Ceux qui y assistaient étaient généralement ceux qui prêchaient. Durant ces réunions, on discutait des méthodes utilisées pour donner le témoignage à autrui et on préparait l’activité future. En 1928, la Société a encouragé les congrégations à tenir de telles réunions chaque semaine. Les quatre années suivantes, les congrégations ont commencé à remplacer les réunions de témoignages (ou de déclarations) par ce qu’on a appelé la “Réunion de service”, et la Société a encouragé tout le monde à y assister. Depuis plus de 60 ans, cette réunion a lieu chaque semaine dans les congrégations. Au moyen de discours, de discussions avec participation de l’auditoire, de démonstrations et d’interviews, une aide précise est apportée dans tous les domaines du ministère chrétien.
Ce genre de réunion ne date pas du XXe siècle. Jésus lui-même a donné des instructions détaillées à ses disciples avant de les envoyer prêcher (Mat. 10:5 à 11:1; Luc 10:1-16). Par la suite, ils se sont édifiés les uns les autres en se réunissant pour se raconter ce qui leur était arrivé dans le ministère. — Actes 4:21-31; 15:3.
Les premières années, aucune formation visant à aider les assistants à s’exprimer en public n’était donnée lors des réunions de la congrégation. Toutefois, dès 1916, on a suggéré à ceux qui pensaient avoir quelque talent d’orateur public d’organiser entre eux des classes, peut-être en présence d’un ancien qui les écouterait et leur donnerait quelques conseils sur le contenu et la présentation de leurs discours. Ces rassemblements, réservés aux membres masculins de la congrégation, ont fini par être appelés Écoles des prophètes. Se souvenant de cette époque, Grant Suiter a dit: “Les critiques positives que l’on me faisait à l’école n’étaient pas sévères comparées à celles que mon père me fit en privé après avoir assisté à l’une de ces réunions au cours de laquelle j’avais fait un exposé.” Afin d’aider ceux qui s’efforçaient de progresser, les frères ont, à titre personnel, compilé et imprimé un cahier d’instructions relatives à l’art oratoire, ainsi que les plans de plusieurs discours. Toutefois, avec le temps, ces Écoles des prophètes ont été supprimées. Dans le but de satisfaire le besoin particulier qui se faisait sentir alors, on a veillé à ce que chaque membre de la congrégation se qualifie afin de participer pleinement à l’œuvre d’évangélisation de maison en maison.
Était-il possible de former chaque membre de cette organisation internationale en pleine expansion non seulement en vue de donner un bref témoignage et de proposer une publication biblique, mais aussi de parler avec aisance et d’être un enseignant de la Parole de Dieu? Tel était l’objectif d’une école spéciale mise en place dans chaque congrégation des Témoins de Jéhovah à partir de 1943. Elle fonctionnait déjà au siège mondial des Témoins de Jéhovah depuis février 1942. Chaque semaine, une instruction était donnée et des élèves prononçaient des discours sur lesquels ils étaient conseillés. Au début, seuls les hommes faisaient des discours à cette école, mais toute la congrégation était encouragée à y assister, à préparer les leçons et à participer aux révisions. En 1959, les sœurs aussi ont eu le privilège de s’inscrire, afin de se préparer à traiter un sujet biblique sous forme d’une discussion avec une interlocutrice.
Au sujet des résultats obtenus par cette école, la filiale de la Société Watch Tower en Afrique du Sud a raconté: “Cette excellente disposition a aidé beaucoup de frères, qui croyaient ne jamais pouvoir prendre la parole en public, à devenir en peu de temps de bons orateurs et des proclamateurs qualifiés. Dans toutes les parties de l’Afrique du Sud, les frères ont apprécié ce nouveau don de Jéhovah et l’ont accueilli avec enthousiasme. Cette école a été mise en place malgré les barrières linguistiques et le manque d’instruction.”
L’École du ministère théocratique est toujours une réunion importante dans les congrégations des Témoins de Jéhovah. Presque tous ceux qui le peuvent sont inscrits: les jeunes et les plus âgés, les nouveaux Témoins et ceux qui ont plus d’expérience. C’est un programme d’enseignement continu.
Tout le monde est invité à voir et à écouter
Les Témoins de Jéhovah ne forment en aucun cas une société secrète. Leurs croyances fondées sur la Bible sont clairement exposées dans des publications accessibles à tous. De plus, ils font un effort particulier pour inviter les gens à assister à leurs réunions afin qu’ils voient et entendent ce qui s’y passe.
Jésus Christ a instruit individuellement ses disciples, mais il s’est aussi exprimé en public: sur une plage, sur le flanc d’une montagne, dans des synagogues, dans le temple à Jérusalem, partout où les foules pouvaient l’entendre (Mat. 5:1, 2; 13:1-9; Jean 18:20). Suivant son exemple, dès le début des années 1870, les Étudiants de la Bible se sont mis à organiser des réunions au cours desquelles des amis, des voisins et d’autres personnes qui s’intéressaient à la Bible pouvaient écouter des discours sur le dessein de Dieu à l’égard de l’humanité.
Les Étudiants de la Bible se sont particulièrement efforcés de présenter ces discours dans des endroits pratiques pour le public. On considérait cela comme une extension de l’activité des classes. En 1911, les congrégations qui avaient assez d’orateurs qualifiés ont été encouragées à prendre des dispositions pour que certains d’entre eux se rendent dans les villes et les villages d’alentour et y tiennent des réunions dans des lieux publics. Là où cela était possible, ils présentaient une série de six discours. Après le dernier, l’orateur demandait combien de personnes portaient un intérêt suffisant à l’étude de la Bible pour se réunir régulièrement. La première année, plus de 3 000 discours ont ainsi été prononcés.
À partir de 1914, le “Photo-Drame de la Création” a également été présenté au public. L’entrée était gratuite. Depuis cette époque, les frères ont présenté d’autres films et d’autres projections de vues fixes. Au début des années 20, la Société Watch Tower a largement utilisé la radio, ce qui a permis aux gens d’entendre des discours bibliques chez eux. Puis, dans les années 30, les discours de Joseph Rutherford ont été enregistrés et diffusés lors de milliers de réunions publiques.
En 1945, un grand nombre d’orateurs avaient été formés à l’École du ministère théocratique. En janvier de cette année-là, une campagne de discours publics bien organisée a commencé. La Société a fourni les plans d’une série de huit discours d’actualité. Ces discours ont été annoncés au moyen de feuilles d’invitation et parfois de pancartes. Les frères ont utilisé les lieux où les congrégations se réunissaient habituellement, mais ils ont aussi fait des efforts particuliers pour que ces discours soient présentés là où il n’y avait pas de congrégation. Tous les membres des congrégations pouvaient participer à cette campagne, en annonçant les réunions, en y assistant, ainsi qu’en accueillant les nouveaux venus et en répondant à leurs questions. La première année de cette activité spéciale, 18 646 discours publics ont été écoutés par 917 352 assistants aux États-Unis. L’année suivante, ce sont 28 703 discours qui ont été présentés. Au Canada, 2 552 réunions de ce genre ont été organisées en 1945, et 4 645 l’année suivante.
Dans la majorité des congrégations des Témoins de Jéhovah, la réunion publique fait maintenant partie du programme des réunions hebdomadaires. Il s’agit d’un discours durant lequel chacun est encouragé à consulter des textes importants des Écritures qui sont lus et commentés. Ces réunions sont une source abondante d’instruction spirituelle pour la congrégation et pour les nouveaux venus.
Les gens qui assistent pour la première fois à une réunion des Témoins de Jéhovah sont souvent agréablement surpris. Au Zimbabwe, un homme politique en vue s’est rendu dans une Salle du Royaume pour voir ce qui s’y passait. Il était violent de nature, et il s’est volontairement présenté sans être rasé et les cheveux hirsutes. Il s’attendait à ce que les Témoins le chassent. Au lieu de cela, ils lui ont témoigné un intérêt sincère et l’ont encouragé à avoir une étude biblique à domicile. Cet homme est aujourd’hui un Témoin chrétien humble et pacifique.
Des millions de personnes ont assisté aux réunions des Témoins de Jéhovah et se sont senties poussées à dire: “Dieu est vraiment parmi vous.” — 1 Cor. 14:25.
Des lieux de réunion convenables
Aux jours des apôtres de Jésus Christ, les chrétiens se réunissaient souvent dans des foyers. À certains endroits, ils ont pu parler dans des synagogues juives. À Éphèse, Paul a donné des discours pendant deux ans dans la salle d’une école (Actes 19:8-10; 1 Cor. 16:19; Philém. 1, 2). De même, à la fin du XIXe siècle, les Étudiants de la Bible se réunissaient dans des foyers, s’exprimaient parfois dans des églises ou des temples, ou louaient des salles publiques. Dans de rares cas, ils ont acheté par la suite des bâtiments que d’autres groupes religieux avaient utilisés et s’y sont réunis régulièrement. Citons par exemple le Tabernacle de Brooklyn et le Tabernacle de Londres.
Cependant, ils n’ont jamais jugé nécessaire d’orner les bâtiments dans lesquels ils se réunissaient. Quelques congrégations ont acheté et rénové des locaux convenables; d’autres ont construit des salles. Après 1935, on a peu à peu donné le nom de Salles du Royaume aux lieux de réunion des congrégations. Elles sont généralement attrayantes mais sans ostentation. Leur architecture peut varier d’un endroit à un autre, mais elles sont avant tout fonctionnelles.
Un programme d’enseignement unifié
À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la croissance et l’activité spirituelles différaient considérablement d’une congrégation à l’autre. Elles avaient en commun certaines croyances fondamentales qui les distinguaient de la chrétienté. Cependant, tandis que certains frères appréciaient profondément les moyens utilisés par Jéhovah pour nourrir son peuple, d’autres se laissaient facilement ébranler par des individus qui avaient des opinions très personnelles.
Avant sa mort, Jésus a prié pour que “tous [ses disciples] soient un”, unis à Dieu et à Christ ainsi que l’un à l’autre (Jean 17:20, 21). Ce ne devait pas être une unité forcée. Elle résulterait d’un programme d’enseignement unifié qui toucherait les cœurs réceptifs. Des siècles auparavant, cette prédiction avait été faite: “Tous tes fils seront des personnes enseignées par Jéhovah, et la paix de tes fils sera abondante.” (És. 54:13). Pour connaître pleinement cette paix, tous avaient besoin de bénéficier de l’enseignement progressif que Jéhovah leur dispensait par le moyen de son canal de communication visible.
Pendant de nombreuses années, les Étudiants de la Bible ont utilisé les tomes des Études des Écritures et la Bible comme base de discussion. Ceux-ci contenaient, en fait, la “nourriture [spirituelle] en temps voulu”. (Mat. 24:45.) Toutefois, un examen continu des Écritures sous la direction de l’esprit de Dieu a révélé que les serviteurs de Jéhovah avaient encore beaucoup à apprendre et qu’il leur fallait encore se purifier sur le plan spirituel (Mal. 3:1-3; És. 6:1-8). De plus, après l’établissement du Royaume, en 1914, de nombreuses prophéties se sont accomplies rapidement, ce qui a attiré l’attention sur l’œuvre urgente que tous les véritables chrétiens devaient entreprendre. Ces renseignements spirituels opportuns étaient donnés régulièrement dans les colonnes de La Tour de Garde.
S’étant aperçus que tous les membres des congrégations ne tiraient pas profit de ces articles, certains représentants itinérants de la Société ont conseillé au siège mondial de faire en sorte que toutes les congrégations étudient La Tour de Garde lors des réunions hebdomadaires. Ce conseil a été transmis aux congrégations et la rubrique “Questions béréennes”, destinée à l’étude des principaux articles de La Tour de Garde, est parue régulièrement dans ce périodique à partir de l’édition anglaise du 15 mai 1922 (novembre 1922 en français). La plupart des congrégations ont commencé à faire cette étude une ou plusieurs fois par semaine, mais sa durée variait d’une classe à l’autre. Dans certains endroits, comme celui qui dirigeait l’étude avait beaucoup à dire, elle durait deux heures ou plus.
Toutefois, dans les années 30, l’organisation théocratique a remplacé les procédures démocratiques, ce qui a beaucoup influencé la façon de considérer l’étude de La Tour de Garde. On a accordé une plus grande attention à la compréhension des sujets d’étude fournis par la Société. Ceux qui avaient profité des réunions pour exprimer des opinions personnelles et qui rejetaient la responsabilité de participer à la prédication se sont peu à peu retirés. Grâce à une aide patiente, les frères ont appris à limiter l’étude à une heure. Il en est résulté une plus grande participation; les réunions sont devenues plus vivantes. Un esprit d’unité véritable s’est répandu dans les congrégations; il était fondé sur le programme unifié donnant la nourriture spirituelle et dans lequel la Bible était le critère de vérité.
En 1938, La Tour de Garde était publiée en quelque 20 langues. Son contenu intégral paraissait d’abord en anglais, et n’était généralement pas disponible en d’autres langues avant plusieurs mois, voire une année, à cause du temps qu’il fallait pour traduire et imprimer. Toutefois, dans les années 80, grâce à un changement de méthode d’impression, on est parvenu à publier La Tour de Garde simultanément en de nombreuses langues. En 1992, les congrégations de 66 langues différentes étudiaient les mêmes matières en même temps. Ainsi, la grande majorité des Témoins de Jéhovah du monde entier partagent semaine après semaine la même nourriture spirituelle. En Amérique du Nord et du Sud, dans une bonne partie de l’Europe, dans de nombreux pays d’Orient, dans beaucoup d’endroits en Afrique et dans un grand nombre d’îles autour du monde, le peuple de Jéhovah profite simultanément de la même nourriture spirituelle. Les Témoins sont tous “étroitement unis dans le même esprit et dans la même pensée”. — 1 Cor. 1:10.
L’assistance aux réunions des congrégations montre que les Témoins de Jéhovah les prennent au sérieux. En 1989, il y avait environ 172 000 Témoins actifs en Italie, et 220 458 personnes assistaient aux réunions hebdomadaires à la Salle du Royaume. Par contre, une agence de presse catholique dit que 80 % des Italiens se déclarent catholiques, mais que seulement 30 % assistent plus ou moins régulièrement à l’office. Les chiffres sont proportionnellement les mêmes au Brésil. Au Danemark, en 1989, l’Église nationale prétendait que ses membres représentaient 89,7 % de la population, mais seulement 2 % allaient à l’église une fois par semaine. Chez les Témoins de Jéhovah de ce pays, à la même époque, le taux d’assistance aux réunions hebdomadaires était de 94,7 %. Un sondage effectué en Allemagne, en 1989, par l’Institut national de recherche d’opinion à Allensbach montrait qu’en République fédérale 5 % des luthériens et 25 % des catholiques assistaient régulièrement à l’office. Cependant, dans les Salles du Royaume des Témoins de Jéhovah, l’assistance hebdomadaire excédait le nombre des Témoins.
Ceux qui sont présents aux réunions font souvent de gros efforts pour s’y rendre. Dans les années 80, au Kenya, une femme de 70 ans faisait régulièrement 10 kilomètres à pied et traversait une rivière à gué pour aller aux réunions chaque semaine. Pour assister aux réunions dans sa langue, un Témoin coréen des États-Unis avait à chaque fois un trajet de trois heures en autobus, en train, en bateau et à pied. Au Suriname, une famille qui a de faibles revenus dépense chaque semaine l’équivalent d’une journée de salaire en frais d’autobus pour assister aux réunions. En Argentine, une famille parcourt régulièrement 50 kilomètres et dépense un quart de ses revenus pour être présente aux réunions d’étude de la Bible. Lorsque la maladie empêche certains d’assister aux réunions de leur congrégation, des dispositions sont prises pour que l’endroit où ils sont soit relié par téléphone ou pour qu’ils écoutent un enregistrement sur cassette de la réunion.
Les Témoins de Jéhovah prennent au sérieux le conseil biblique de ne pas négliger de se rassembler afin de s’édifier sur le plan spirituel (Héb. 10:24, 25). Ils ne se contentent pas d’assister aux réunions de leur congrégation. Les assemblées sont aussi des événements marquants de leur programme annuel.
[Notes]
a Plus tard, ces réunions ont été appelées Cercles béréens pour l’étude de la Bible, par allusion aux Béréens du Ier siècle qui furent félicités parce qu’ils ‘scrutaient les Écritures’. — Actes 17:11.
b En raison de leur nature, ces réunions étaient aussi appelées “Réunions de prières, de louanges et de témoignages”. Étant donné l’importance accordée à la prière, on a conseillé par la suite que tous les trois mois cette réunion ne soit qu’un service de prières et de cantiques, mais pas de témoignages.
c En 1907, les Auxiliaires pour les études béréennes ont été révisés, complétés et remis à jour. Plus de 300 pages de matières utiles ont été ajoutées dans l’édition de 1908.
d On en parlait parfois comme de la Pâque antitypique, c’est-à-dire la commémoration de la mort de Jésus Christ; en effet, ayant été préfiguré par l’agneau pascal, le Christ est appelé “Christ notre Pâque” en 1 Corinthiens 5:7. En accord avec 1 Corinthiens 11:20 (Lausanne), on disait aussi la Cène, ou Souper du Seigneur. Soutenant l’idée qu’il s’agissait d’une commémoration annuelle, on employait parfois l’expression “souper anniversaire”.
e Voir La Tour de Garde de mars 1891, pp. 33, 34 (angl.), et du 15 mars 1907, p. 88 (angl.); La Tour de Garde du 15 février 1935, p. 62, et du 15 mars 1948, p. 87.
f Avant même 1900, une brochure intitulée Suggestive Hints to Colporteurs (Suggestions pour les colporteurs) a été envoyée à ceux qui s’étaient engagés dans ce service spécial. À partir de 1919, le Bulletin a été publié pour stimuler la prédication, d’abord avec la diffusion de L’Âge d’Or, puis dans les différents aspects de l’activité d’évangélisation.
[Entrefilet, page 237]
Des réunions qui favorisaient la participation individuelle.
[Entrefilet, page 238]
Pas seulement des discussions intellectuelles, mais des expressions qui touchent le cœur.
[Entrefilet, page 246]
Tous les membres de la famille sont encouragés à assister aux réunions ensemble.
[Entrefilet, page 252]
Harmonisation du programme d’édification spirituelle.
[Entrefilet, page 253]
Les Témoins prennent leurs réunions au sérieux.
[Encadré/Illustrations, page 239]
Les premières congrégations
En 1916, il existait dans le monde quelque 1 200 classes d’Étudiants de la Bible.
Durban, Afrique du Sud, 1915 (en haut, à droite); Guyane britannique (Guyana), 1915 (au milieu, à droite); Trondheim, Norvège, 1915 (en bas, à droite); Hamilton, Ontario, Canada, 1912 (tout en bas); Ceylan (Sri Lanka), 1915 (en bas, à gauche); Inde, vers 1915 (en haut, à gauche).
[Encadré/Illustrations, pages 240, 241]
Des louanges à Jéhovah par le chant
Le chant faisait partie du culte des Israélites de l’Antiquité et de celui de Jésus; il en est de même de celui des Témoins de Jéhovah aujourd’hui (Néh. 12:46; Marc 14:26). Non seulement le chant leur permet d’adresser des louanges à Jéhovah et d’exprimer leur reconnaissance pour ses œuvres, mais il les aide aussi à imprimer les vérités bibliques dans leur esprit et dans leur cœur.
Au fil des ans, les Témoins de Jéhovah ont utilisé de nombreux recueils de cantiques. Les paroles ont été mises à jour à mesure qu’ils progressaient dans l’intelligence de la Parole de Dieu.
1879: “Cantiques de l’Épouse”
(144 cantiques exprimant les désirs et les espoirs de l’épouse du Christ.)
1890: “Poèmes et hymnes de l’Aurore du Millénium”
(151 poèmes et 333 cantiques, publiés sans musique. La plupart étaient l’œuvre d’écrivains célèbres.)
1896: “La Tour de Garde” du 1er février (en anglais) était consacrée aux “Cantiques joyeux du matin de Sion”
(Paroles de 11 cantiques avec musique; ces paroles ont été écrites par des Étudiants de la Bible.)
1900: “Cantiques joyeux de Sion”
(82 cantiques, la plupart écrits par un Étudiant de la Bible; supplément de la série précédente.)
1905: “Hymnes de l’Aurore du Millénium”
(Les 333 cantiques publiés en 1890, mais avec la musique.)
1925: “Hymnes du Royaume”
(80 cantiques, avec musique, spécialement pour les enfants.)
1928: “Cantiques de louanges à Jéhovah”
(337 cantiques, un mélange de nouveaux et d’anciens cantiques, écrits par des Étudiants de la Bible. Un effort particulier a été fait pour éliminer des paroles toute trace de la fausse religion et du culte de la créature.)
1944: “Recueil de cantiques pour le service du Royaume”
(62 cantiques adaptés aux besoins du service du Royaume de l’époque, sans mention de nom d’auteur ni de compositeur.)
1950: “Cantiques à la louange de Jéhovah”
(91 cantiques. Ce recueil de cantiques abordait des thèmes plus actuels et était débarrassé des expressions archaïques. Il a été traduit en 18 langues.)
1966: “Chantant et vous accompagnant de musique dans votre cœur”
(119 cantiques qui recouvraient tous les aspects de la vie et du culte des chrétiens. Toutes les musiques qui provenaient de sources profanes ou avaient un rapport avec la fausse religion ont été supprimées. On a fait des enregistrements de la version instrumentale de l’ensemble du recueil pour servir de musique d’accompagnement lors des réunions de la congrégation. On a aussi enregistré certaines parties chantées. À partir de 1980, des arrangements musicaux, les “Mélodies du Royaume”, ont été enregistrés pour permettre à chacun d’écouter chez soi une musique édifiante.)
1984: “Louons Jéhovah par nos chants”
(225 cantiques du Royaume dont les paroles et les mélodies ont été entièrement composées par des chrétiens voués à Jéhovah du monde entier. On a produit des enregistrements sur disques et sur cassettes pour servir d’accompagnement.)
Lors des “Réunions de foyer” du début, les Étudiants de la Bible chantaient des louanges à Dieu. Le chant est devenu aussi une caractéristique de leurs assemblées. Certains chantaient un cantique avant le petit déjeuner, le matin, au moment du culte matinal, comme cela s’est fait pendant des années dans la Maison de la Bible. L’habitude de chanter a été largement abandonnée dans les congrégations vers 1938, mais elle a repris en 1944. Elle est toujours une particularité des réunions et des assemblées des Témoins de Jéhovah.
[Illustration]
Karl Klein dirigeant l’orchestre à une assemblée en 1947.
[Graphique, page 242]
(Voir la publication)
Mémorial de la mort du Christ
Témoins actifs
Assistance
11 000 000
10 000 000
9 000 000
8 000 000
7 000 000
6 000 000
5 000 000
4 000 000
3 000 000
2 000 000
1 000 000
1935 1945 1955 1965 1975 1985 1992
[Illustration, page 243]
Bien que seul dans une prison chinoise, Harold King a continué à célébrer le Mémorial.
[Illustration, page 244]
Classe d’étude de la Bible pour les jeunes en Allemagne, au début des années 30.
[Illustrations, page 244]
En Suisse, au milieu des années 30, les jeunes Témoins publiaient ce périodique et jouaient des drames bibliques devant un vaste auditoire (comme on le voit, au centre).
[Illustrations, page 247]
Le “Bulletin” (1919-1935), “L’instructeur” (1935-1936), l’“Informateur” (1936-1956), et maintenant “Le ministère du Royaume”, qui paraît en 100 langues, ont donné régulièrement des instructions pour que les Témoins de Jéhovah accomplissent leur ministère dans l’unité.
[Illustration, page 248]
Lors de la réunion de service, des démonstrations aident les Témoins de Jéhovah à améliorer leur prédication (Suède).
[Illustration, page 249]
Ce jeune Témoin du Kenya se qualifie en faisant un exposé devant son père, à l’École du ministère théocratique.
[Illustration, page 250]
En 1992, les matières d’étude biblique pour les congrégations des Témoins de Jéhovah paraissaient simultanément en 66 langues, et d’autres continuent de s’ajouter.
-
-
Les assemblées: reflet de leur fraternitéLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 17
Les assemblées: reflet de leur fraternité
LES assemblées sont devenues des événements réguliers dans l’organisation moderne des Témoins de Jéhovah. Toutefois, bien longtemps avant le XXe siècle, les adorateurs de Jéhovah tenaient des rassemblements nationaux et internationaux.
À l’Israël antique, Jéhovah avait ordonné que tous les Israélites de sexe masculin s’assemblent à Jérusalem pour trois fêtes saisonnières par an. Certains emmenaient leur famille entière. D’ailleurs, la Loi mosaïque exigeait pour certaines occasions la présence de la famille au complet, c’est-à-dire hommes, femmes et petits (Ex. 23:14-17; Deut. 31:10-13; Luc 2:41-43). Au début, les assistants étaient des habitants du territoire d’Israël. Par la suite, quand les Juifs ont été très dispersés, ces événements réunissaient des gens de nombreuses nations (Actes 2:1, 5-11). S’ils se rassemblaient, ce n’était pas seulement parce qu’Israël et Abraham étaient leurs ancêtres, mais parce qu’ils reconnaissaient Jéhovah pour Père céleste (És. 63:16). Ces fêtes étaient des moments joyeux. Elles aidaient aussi tous les participants à se concentrer sur la parole de Dieu et à ne pas se laisser absorber par les préoccupations quotidiennes de la vie au point d’oublier les choses spirituelles plus importantes.
De la même manière, les assemblées des Témoins de Jéhovah d’aujourd’hui sont axées sur des thèmes spirituels. Aux observateurs sincères, ces assemblées donnent la preuve indéniable que des liens très forts de fraternité chrétienne unissent les Témoins.
Les premières assemblées des Étudiants de la Bible
Des rassemblements regroupant des Étudiants de la Bible de plusieurs villes et de plusieurs pays ont été organisés progressivement. À la différence des groupements religieux traditionnels, les Étudiants de la Bible faisaient vite connaissance avec leurs coreligionnaires venus d’ailleurs à l’occasion de leurs assemblées. Dans un premier temps, celles-ci se tenaient à Allegheny (Pennsylvanie) et coïncidaient avec la commémoration annuelle de la mort du Seigneur. En 1891, une annonce a précisé qu’il y aurait une “assemblée pour étudier la Bible et pour célébrer la Cène, le repas commémoratif du Seigneur”. L’année d’après, La Tour de Garde a fait paraître en lettres capitales cet avis: “ASSEMBLÉE DES CROYANTS, À ALLEGHENY (PENNSYLVANIE), (...) DU 7 AU 14 AVRIL (INCLUS) 1892.”
Au début, le public n’était pas invité à ces assemblées. Mais en 1892 étaient présentes environ 400 personnes qui avaient donné des signes de leur foi en la rançon et de leur intérêt sincère pour l’œuvre du Seigneur. Le programme prévoyait cinq jours d’étude soutenue de la Bible et deux jours de conseils utiles à l’intention des colporteurs.
Après avoir assisté pour la première fois à l’un de ces rassemblements, un participant a confié: “Je suis allé à de nombreuses assemblées, mais jamais à une comme celle-là, où du matin au soir le thème unique et constant est celui de la volonté et du plan de Dieu: à la maison, dans la rue, aux réunions, à table et partout.” Quant à l’état d’esprit des assistants, un visiteur venu du Wisconsin a écrit: “J’ai été énormément impressionné par l’amour et la bonté fraternelle qui se manifestaient à tout instant.”
En 1893, l’assemblée annuelle ne s’est pas tenue à l’endroit habituel. Afin de profiter des tarifs ferroviaires avantageux proposés à l’occasion de l’Exposition Christophe Colomb qui avait lieu durant l’été, les Étudiants de la Bible se sont assemblés du 20 au 24 août à Chicago (Illinois). C’était leur première assemblée en dehors de la région de Pittsburgh. Toutefois, après cela, désirant faire de leur temps et de leur argent le meilleur usage possible pour l’œuvre du Seigneur, ils n’ont plus tenu de grande assemblée pendant quelques années.
Puis, à partir de 1898, en divers endroits, des Étudiants de la Bible ont pris localement l’initiative d’organiser des réunions régionales. Ainsi, en 1900, la Société a organisé trois grandes assemblées, mais il y a eu également 13 réunions régionales aux États-Unis et au Canada, la plupart ne durant qu’un jour et, souvent, coïncidant avec la visite d’un pèlerin. Après quoi leur nombre n’a cessé d’augmenter. En Amérique du Nord, au moins 45 réunions régionales ont eu lieu en 1909, en plus des assemblées que frère Russell desservait lors de tournées spéciales en divers points du continent. Aux réunions régionales d’un jour, une bonne partie du programme était conçue surtout pour éveiller l’intérêt du public. L’assistance variait entre une centaine et plusieurs milliers de personnes.
Quant aux grandes assemblées, auxquelles assistaient essentiellement des Étudiants de la Bible, elles avaient surtout pour objet l’enseignement de ceux qui étaient déjà bien établis dans la voie de la vérité. Pour ces assemblées-là, les assistants arrivaient des villes principales par trains spéciaux. Parfois, elles réunissaient jusqu’à 4 000 assistants, dont quelques-uns venaient d’Europe. C’étaient des événements revigorants sur le plan spirituel qui stimulaient le zèle et l’amour du peuple de Jéhovah. En 1903, à la fin d’une de ces assemblées, un frère a dit: “Je n’échangerais pas un millier de dollars contre le bien que m’a fait cette assemblée; et pourtant je suis pauvre.”
Quand une réunion régionale avait lieu dans la contrée où ils passaient, les frères pèlerins y donnaient des discours. Aux États-Unis, mais souvent aussi au Canada, frère Russell s’est efforcé d’assister et de participer au programme des réunions régionales comme à celui des assemblées plus importantes. Il voyageait donc beaucoup, effectuant le plus gros de cette activité le week-end. Toutefois, en 1909, un frère de Chicago a loué plusieurs wagons pour assurer le transport des Étudiants de la Bible qui accompagnaient frère Russell dans sa tournée d’assemblée en assemblée. En 1911 et en 1913, le même frère a affrété des trains entiers pour le transport de centaines d’Étudiants de la Bible en “voyages d’assemblées” dans l’ouest des États-Unis et au Canada, périples qui duraient un mois ou plus.
Un voyage dans un “train d’assemblée” laissait un souvenir impérissable. En 1913, Malinda Keefer a pris un tel train à Chicago (Illinois). Des années plus tard, elle a raconté: “Il n’a pas fallu longtemps pour constater que nous formions une grande famille (...) et pendant un mois le train allait être notre foyer.” Tandis que le train s’ébranlait, sur le quai ceux qui étaient venus saluer les voyageurs entonnaient le cantique “Dieu soit avec vous jusqu’au revoir!”, agitant leurs chapeaux et leurs mouchoirs jusqu’à ce que le train ait disparu à l’horizon. “À chacune de nos étapes, a raconté sœur Keefer, se tenait une assemblée, qui d’ordinaire durait trois jours; mais nous ne restions qu’une journée. Pendant ces haltes, frère Russell donnait deux discours, un l’après-midi pour les frères et sœurs et un autre le soir pour le public, sur le thème ‘Par delà la tombe’.”
Dans d’autres pays aussi on organisait de plus en plus de réunions régionales, souvent de faible audience. Ainsi, environ 15 personnes étaient présentes à la première qui s’est tenue en Norvège en 1905; mais ce n’était qu’un début. Six ans plus tard, à l’occasion de la visite de Charles Russell, les frères norvégiens ont fait un effort particulier pour convier le public, et on a compté environ 1 200 assistants à l’assemblée. En 1909, quand frère Russell a assisté à des assemblées en Écosse, il a prononcé un discours intitulé “Le larron au Paradis, le riche en enfer, Lazare dans le sein d’Abraham” devant 2 000 personnes à Glasgow et devant 2 500 personnes à Édimbourg.
À cette époque-là, à la fin des assemblées, les frères tenaient ce qu’ils appelaient une “agape”, ou “banquet d’amour”, au cours de laquelle ils manifestaient leur fraternité chrétienne. En quoi consistaient ces “agapes”? Par exemple, les orateurs s’alignaient, tenant chacun une assiette avec du pain coupé en dés; les assistants passaient devant eux, prenaient du pain, leur serraient la main, et tous chantaient “Béni soit le lien qui unit nos cœurs dans l’amour chrétien”. Souvent, ils versaient des larmes de joie pendant qu’ils chantaient. Par la suite, quand les Étudiants de la Bible sont devenus plus nombreux, ils ont cessé de se serrer la main et de rompre le pain, mais ils terminaient par un cantique et une prière et, souvent, ils exprimaient leur contentement par des applaudissements prolongés.
Une campagne mondiale de prédication du Royaume
La première grande assemblée après la Première Guerre mondiale a eu lieu du 1er au 8 septembre 1919 à Cedar Point (État de l’Ohio, au bord du lac Érié, à une centaine de kilomètres à l’ouest de Cleveland). Après la mort de frère Russell, certains Étudiants de la Bible qui avaient joué un rôle prépondérant dans l’organisation l’avaient quittée. Les frères avaient connu de dures épreuves. Au début de 1919, le président de la Société et ses collaborateurs avaient enfin été libérés après une incarcération injuste. Cette assemblée était donc attendue avec impatience. Le premier jour, il n’y a pas eu beaucoup de monde, mais plus tard dans la journée d’autres assistants sont arrivés par trains spéciaux. Alors les hôteliers qui avaient proposé de loger les assistants ont été dépassés. Robert Martin et Alexander Macmillan (tous les deux fraîchement libérés de prison) leur ont offert leur aide. Jusqu’à minuit passé, ils ont attribué des chambres, et frère Rutherford ainsi que beaucoup d’autres frères ont pris plaisir à servir de grooms en conduisant les frères jusqu’à leurs chambres et en portant leurs bagages. Tous manifestaient un enthousiasme communicatif.
On attendait environ 2 500 personnes. Or cette assemblée a dépassé les espérances dans tous les domaines. Le deuxième jour, la salle était déjà comble et on a dû utiliser d’autres salles. Quand elles ont été remplies elles aussi, on a installé les assistants dehors dans un agréable bosquet. L’assistance s’est élevée à environ 6 000 Étudiants de la Bible venus des États-Unis et du Canada.
Pour le discours principal, le dimanche, au moins 1 000 personnes sont venues grossir le nombre des Étudiants de la Bible, portant l’assistance à plus de 7 000. L’orateur, Joseph Rutherford, s’est adressé à cet auditoire en plein air sans microphone ni porte-voix. Dans son discours, intitulé “Un espoir pour l’humanité affligée”, il a expliqué clairement que le Royaume messianique de Dieu est la solution aux problèmes de l’humanité, et il a aussi montré que la Société des Nations (qui était en train de naître et qui avait déjà l’aval du clergé) n’était absolument pas l’expression politique du Royaume de Dieu. Le Register de Sandusky (un journal local) a publié un long compte rendu de ce discours public, ainsi qu’un bref historique de l’activité des Étudiants de la Bible. Des copies de cet article ont été envoyées à des journaux de tous les États-Unis et du Canada. Mais le retentissement qu’a eu cette assemblée ne s’est pas arrêté là.
Le véritable point culminant en a été le “Discours aux collaborateurs” prononcé par frère Rutherford et qui a été imprimé plus tard sous le titre “Annoncez le Royaume”. C’est au cours de cet exposé, destiné plus particulièrement aux Étudiants de la Bible, qu’a été dévoilée la signification des lettres GA qui apparaissaient sur le programme de l’assemblée et en divers points du lieu du rassemblement. En effet, Joseph Rutherford a annoncé la parution prochaine d’un nouveau périodique, L’Âge d’Or (The Golden Âge en anglais, d’où GA), qui attirerait l’attention du public sur le Royaume messianique. Après avoir donné les grandes lignes de l’activité à effectuer, frère Rutherford a dit: “Une porte s’ouvre devant vous. Franchissez vite cette porte. Souvenez-vous, en vous engageant dans cette œuvre, que vous n’êtes pas les vendeurs d’une revue, mais des ambassadeurs du Roi des rois et Seigneur des seigneurs, que de cette manière digne vous annoncez la venue de l’Âge d’Or, du glorieux Royaume de notre Seigneur et Maître, en lequel les vrais chrétiens espèrent et pour lequel ils prient depuis des siècles.” (Voir Révélation 3:8). Quand l’orateur a demandé combien de personnes désiraient participer à cette œuvre, la réaction enthousiaste a fait plaisir à voir. Toute l’assistance, soit 6 000 personnes, s’est levée comme un seul homme. L’année suivante, on comptait plus de 10 000 participants à la prédication. Du début à la fin, cette assemblée a eu sur les assistants un effet unificateur et stimulant.
Trois ans plus tard, en 1922, une autre assemblée mémorable s’est tenue à Cedar Point. Elle a duré neuf jours, du 5 au 13 septembre. En plus des assistants venus des États-Unis et du Canada, d’autres étaient originaires d’Europe. Les discours ont été présentés en dix langues. En moyenne, on a compté 10 000 assistants par jour, et presque le double au discours “Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais”, car beaucoup de gens de l’extérieur sont venus.
Les Étudiants de la Bible réunis à cette assemblée n’imaginaient pas qu’ils étaient en train de se préparer en vue d’accomplir une œuvre qui durerait encore des dizaines d’années. Ils ont d’ailleurs dit que c’était peut-être bien leur dernière grande assemblée avant ‘la délivrance de l’Église pour entrer dans la phase céleste du Royaume de Dieu, et jusque dans la présence même de leur Seigneur et de leur Dieu’. Mais, quel que soit le temps qui restait, leur préoccupation première était de faire la volonté de Dieu. C’est sur cette pensée que le vendredi 8 septembre frère Rutherford a donné le mémorable discours “Le Royaume”.
Auparavant, on avait suspendu à divers endroits de la salle d’immenses calicots arborant les énigmatiques lettres ADV. La signification de ces lettres a été révélée pendant le discours, lorsque l’orateur a dit: “Soyez de fidèles et véritables témoins du Seigneur. Marchez de l’avant dans le combat jusqu’à ce que chaque lieu de Babylone soit devenu désert. Répandez le message en tous lieux. Le monde doit connaître que Jéhovah est Dieu et que Jésus-Christ est le Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Ceci est le jour de tous les jours. Voici, le Roi règne! Vous êtes ses hérauts. C’est pourquoi: Proclamez, proclamez, proclamez le Roi et son Royaume!” À ce moment précis, un calicot de 11 mètres de long a été déployé devant l’assistance. Il portait ce slogan électrisant: “Proclamez [en anglais: “Advertise”, d’où ADV] le Roi et son Royaume!” Ce fut un moment exceptionnel. Les applaudissements ont crépité. Frère Pfannebecker, qui malgré son grand âge faisait partie de l’orchestre de l’assemblée, a brandi son violon au-dessus de sa tête en lançant, dans un anglais fortement teinté d’accent allemand: “Ach, Ya! Und now ve do it, no? [Ah! oui! Pour sûr que nous allons le faire!]” Et c’est ce qu’ils ont fait.
Quatre jours plus tard, pendant le déroulement de l’assemblée, frère Rutherford en personne est allé prêcher le Royaume de maison en maison avec d’autres assistants dans un rayon de 70 kilomètres autour du lieu d’assemblée. Mais cela ne s’est pas arrêté là. L’œuvre de prédication du Royaume avait reçu un élan vigoureux qui allait se ressentir dans le monde entier. Cette même année, plus de 17 000 proclamateurs zélés, dans 58 pays, ont participé à l’œuvre de témoignage. Bien des années après, George Gangas, qui était à Cedar Point ce jour-là et qui plus tard est devenu membre du Collège central, a confié: “C’est quelque chose qui s’est gravé de façon indélébile dans mon esprit et dans mon cœur, quelque chose dont je me souviendrai aussi longtemps que je vivrai.”
Des jalons dans la croissance spirituelle
Depuis qu’elles existent, les assemblées sont toutes des événements, tant pour l’enseignement de la Parole de Dieu que l’on y reçoit que pour les forces que l’on y puise. Il en est cependant quelques-unes qui ont marqué plus que les autres, parce qu’elles ont été des jalons spirituels.
Citons les sept qui, consécutivement de 1922 à 1928, se sont tenues aux États-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne. Elles ont été marquantes entre autres raisons pour les résolutions puissantes qui y ont été adoptées, sept résolutions dont la liste figure dans l’encadré de la page ci-contre. Les Témoins étaient relativement peu nombreux, et pourtant ils ont diffusé dans le monde entier pas moins de 45 millions d’exemplaires de l’une de ces résolutions, et 50 millions de plusieurs autres, en de nombreuses langues. Certaines de ces résolutions ont été retransmises sur des réseaux radiophoniques internationaux. Ainsi, un témoignage extraordinaire a été donné.
Une autre assemblée historique a été celle de Columbus (Ohio) en 1931. Le dimanche 26 juillet, après en avoir entendu les raisons bibliques, les Étudiants de la Bible ont adopté un nouveau nom, celui de Témoins de Jéhovah. Il leur convenait tout à fait! Voilà un nom qui dirigeait avant tout l’attention sur le Créateur et qui évoquait clairement la responsabilité de ceux qui lui vouent un culte (És. 43:10-12). L’adoption de ce nom a insufflé aux frères un zèle sans précédent pour proclamer le nom de Dieu et son Royaume. Leur sentiment pourrait se résumer par les lignes suivantes, écrites en 1931 par un Témoin danois: “Témoins de Jéhovah: Oh! quel nom magnifique! Oui, puissions-nous tous en être vraiment!”
En 1935, une autre assemblée mémorable a eu lieu, cette fois à Washington. Le deuxième jour, vendredi 31 mai, frère Rutherford a parlé de la grande multitude, ou grande foule, évoquée en Révélation 7:9-17. Depuis plus d’un demi-siècle, les Étudiants de la Bible cherchaient vainement à savoir qui cette expression désignait réellement. Maintenant, au moment voulu par Dieu, on était en mesure d’expliquer à la lumière des faits en train de s’accomplir que la grande multitude désignait ceux qui nourrissaient l’espérance de vivre éternellement, ici même sur la terre. Cette explication a donné une importance nouvelle à l’œuvre d’évangélisation et a apporté les raisons bibliques d’un changement majeur qui s’amorçait dans la structure de l’organisation moderne des Témoins de Jéhovah.
L’assemblée de Saint Louis (Missouri), en 1941, a laissé un souvenir impérissable à ceux qui y ont assisté, notamment le discours du début de journée intitulé “Intégrité”. Dans ce discours, frère Rutherford a dirigé l’attention sur la grande question qui appelle une prise de position de la part de toutes les créatures douées de raison. Depuis le discours “Chef pour l’humanité”, en 1928, on s’était souvent intéressé aux questions soulevées par la rébellion de Satan. Mais, cette fois, on précisait que “la question primordiale soulevée par le défi de Satan était et est toujours celle de la DOMINATION DE L’UNIVERS”. Comprenant mieux cette grande question et saisissant l’importance de rester fidèles à Jéhovah, le Souverain de l’univers, les Témoins y ont gagné une forte motivation dans leur vie de serviteurs de Dieu.
À l’assemblée de 1942, au beau milieu de la Seconde Guerre mondiale, alors que certains se demandaient si l’activité de prédication n’était pas sur le point de s’achever, le discours public qu’a prononcé frère Knorr, le nouveau président de la Société Watch Tower, avait pour titre “La paix de demain sera-t-elle de longue durée?” L’explication, donnée dans ce discours, de ce qu’était la “bête sauvage de couleur écarlate”, bête symbolique dont parle Révélation chapitre 17, faisait entrevoir aux Témoins de Jéhovah que la Seconde Guerre mondiale serait suivie d’une période qui permettrait de diriger plus de gens encore vers le Royaume de Dieu. Ces éclaircissements ont donné une impulsion à la prédication à l’échelle mondiale; cette prédication qui, au fil des ans, a gagné plus de 235 pays, n’est pas encore finie.
Un autre jour marquant a été le 2 août 1950, lors d’une assemblée au Yankee Stadium de New York. C’est un auditoire fort agréablement surpris qui a accueilli Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau (en anglais). Le reste de la Traduction du monde nouveau est paru au cours des années suivantes. Cette version en langue moderne des Écritures sacrées réintroduisait le nom personnel de Dieu à sa juste place dans sa Parole. Sa fidélité au texte original de la Bible en fait un atout précieux pour les Témoins de Jéhovah aussi bien dans leur étude des Écritures que dans leur œuvre d’évangélisation.
L’avant-dernier jour de l’assemblée, Frederick Franz, à l’époque vice-président de la Société Watch Tower, a prononcé un discours qui avait pour thème “Nouveaux systèmes de choses”. Depuis de nombreuses années, les Témoins de Jéhovah croyaient qu’avant Harmaguédon certains serviteurs préchrétiens de Jéhovah seraient relevés d’entre les morts pour être princes du monde nouveau, en accomplissement de Psaume 45:16. Inutile de dire la réaction des auditeurs quand l’orateur a demandé: “Les assistants à cette assemblée internationale seraient-ils heureux d’apprendre qu’ici, ce soir, parmi nous, se trouvent un certain nombre de futurs princes de la nouvelle terre?” Des applaudissements assourdissants et prolongés ont éclaté, des acclamations de joie ont fusé. Puis frère Franz a montré qu’en raison de l’emploi biblique du mot traduit par “prince” et des nombreuses années de fidélité que beaucoup d’“autres brebis” des temps modernes avaient derrière elles, on était en droit de penser que certains chrétiens alors en vie pourraient bien être choisis par Jésus Christ pour servir comme princes. Mais il a également fait remarquer que l’on ne décernerait pas de titres à ceux qui se verraient confier ce service. À la fin du discours, il a dit: “En avant donc! Fermement, tous ensemble, comme la société d’un monde nouveau!”
Depuis, bien d’autres discours extrêmement importants ont été prononcés lors des assemblées des Témoins de Jéhovah. En 1953, le discours “La société du monde nouveau attaquée par l’extrême Nord” a donné une explication saisissante de ce que signifiait l’attaque de Gog de Magog décrite en Ézéchiel chapitres 38 et 39. La même année, ceux qui ont entendu le discours “La maison remplie de gloire” ont découvert avec émotion des preuves tangibles qu’une promesse de Jéhovah s’accomplissait, celle de faire venir dans sa maison les choses précieuses, les choses désirables, de toutes les nations, selon Aggée 2:7.
Toutefois, l’assemblée la plus remarquable de notre époque a été celle de New York en 1958, où plus de 250 000 personnes ont empli les plus grands stades disponibles pour écouter le discours “Le royaume de Dieu est entré dans son règne — La fin du monde est-elle proche?” Les délégués venaient de 123 pays et leurs rapports transmis aux assistants ont resserré les liens de fraternité internationale. Au cours de cette extraordinaire assemblée, des publications sont parues en 54 langues, publications qui allaient profiter à tous, pour croître spirituellement et pour enseigner autrui.
En 1962, plusieurs discours sur le thème “La soumission aux autorités supérieures” ont amené les Témoins de Jéhovah à réviser leur compréhension de Romains 13:1-7. En 1964, les sujets “Comment passer de la mort à la vie” et “Ils sortiront des tombes pour une résurrection” ont accru leur reconnaissance pour l’immense miséricorde que Jéhovah manifeste en prévoyant la résurrection. Et on pourrait citer encore bien d’autres moments forts qui ont marqué ces assemblées.
Chaque année, des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de nouveaux assistent aux assemblées. Ce qu’on y entend n’est pas toujours inédit pour l’organisation dans son ensemble, mais suffit souvent à donner aux nouveaux venus une compréhension de la volonté divine qui les touche profondément. Ce qu’ils voient peut les pousser à saisir les possibilités de servir qui s’offrent à eux et transformer leur vie.
Lors de bon nombre d’assemblées, on a attiré l’attention sur le sens de certains livres de la Bible. Par exemple, en 1958, et de nouveau en 1977, sont parus des ouvrages consacrés à l’examen des prophéties consignées par le prophète Daniel concernant le dessein divin relatif à un gouvernement mondial unique dont Jésus serait le Roi. En 1971, c’est au livre d’Ézéchiel que l’on s’est intéressé, notamment à cette déclaration divine qui y revient souvent: “Les nations sauront que je suis Jéhovah.” (Ézéch. 36:23). En 1972, les prophéties écrites par Zacharie et Aggée ont été examinées en détail. En 1963, en 1969 et en 1988, on a étudié en profondeur les prophéties passionnantes de la Révélation qui annoncent de façon saisissante la chute de Babylone la Grande et l’instauration de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre.
Toutes ces assemblées ont mis en avant des thèmes très variés: Accroissement de la théocratie, L’adoration pure, Les adorateurs unis, Les ministres courageux, Le fruit de l’esprit, Faites des disciples, La bonne nouvelle pour toutes les nations, Le nom divin, La souveraineté divine, Le service sacré, La foi victorieuse, La fidélité au Royaume, Les hommes d’intégrité, Ayez confiance en Jéhovah, La piété, Porteurs de lumière, et bien d’autres. Toutes ont contribué à la croissance spirituelle de l’organisation et de ses membres.
Stimulation de l’œuvre d’évangélisation
Les grandes assemblées, comme les plus modestes, sont une source d’encouragement à prêcher la bonne nouvelle. Discours et démonstrations apportent aux assistants un enseignement pratique. Au programme, il est toujours prévu d’entendre des Témoins raconter des faits vécus au cours de leur prédication ou des nouveaux Témoins expliquer comment ils ont connu la vérité biblique. En outre, pendant plusieurs années, la prédication prévue dans le cadre de certaines assemblées s’est avérée très utile. Elle a donné un excellent témoignage dans les villes d’assemblée et a été aussi très encourageante pour les Témoins.
C’est à Winnipeg (Manitoba, Canada), en janvier 1922, que pour la première fois la prédication a été incluse dans le programme d’une assemblée. Plus tard la même année, elle a également figuré au programme de l’assemblée de Cedar Point (Ohio, États-Unis). Par la suite, il est devenu courant de réserver une journée entière, ou une partie d’un ou de plusieurs jours, pendant laquelle les assistants prêchaient ensemble dans la ville de l’assemblée et aux alentours. Dans de très grandes villes, des personnes qui peut-être rencontraient rarement les Témoins ont ainsi eu l’occasion d’entendre la bonne nouvelle selon laquelle Dieu se propose d’accorder la vie éternelle à ceux qui aiment la justice.
Au Danemark, la première assemblée prévoyant une journée de service a été celle de Nørrevold, en 1925, qui a réuni 400 à 500 personnes. Nombre des 275 assistants qui y ont participé ce jour-là prêchaient pour la première fois! Certains avaient de l’appréhension. Mais, après avoir goûté à la prédication, de retour chez eux ils sont devenus des évangélisateurs enthousiastes. À la suite de cette assemblée et jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Témoins danois ont tenu beaucoup d’autres “assemblées de service” d’un jour, auxquelles étaient invités les frères des villes voisines. Leur zèle accru était manifeste quand ils prêchaient à l’unisson, puis se rassemblaient pour écouter des discours. Des “assemblées de service” similaires — mais d’une durée de deux jours — se sont tenues en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
Lors des assemblées plus importantes, l’activité de prédication des assistants prenait souvent de grandes proportions. À partir de 1936, les Témoins ont largement annoncé les discours publics des assemblées: ils circulaient en file dans les rues, portant des pancartes et distribuant des invitations. (Au début, on les appelait “hommes-sandwichs”, parce qu’ils portaient une pancarte publicitaire devant et une derrière.) Parfois, pour une seule assemblée, un millier ou plus de Témoins participaient à ces défilés. D’autres, de maison en maison, invitaient les gens à venir écouter les discours. Il était très encourageant pour chacun de collaborer avec ses compagnons et d’en voir des centaines, sinon des milliers, prêcher à ses côtés. Parallèlement, dans un rayon considérable les gens apprenaient que les Témoins de Jéhovah tenaient un rassemblement près de chez eux, et ils avaient l’occasion d’entendre directement ce qu’ils enseignaient, de voir par eux-mêmes comment ils se conduisaient.
Les discours prononcés aux assemblées ont souvent eu beaucoup plus d’auditeurs que les seuls assistants. À l’assemblée de Toronto (Canada), en 1927, le discours de frère Rutherford intitulé “Liberté pour les peuples”, retransmis par 53 stations de radio, a été ainsi écouté par un immense auditoire international, ce qui était remarquable. L’année suivante, depuis Detroit (Michigan), le discours “Chef pour l’humanité” a été relayé par un nombre double de stations, et des émetteurs à ondes courtes l’ont retransmis jusqu’en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Afrique du Sud.
En 1931, les principales sociétés radiophoniques n’ont pas voulu apporter leur concours au projet de retransmission d’un discours d’assemblée prononcé par frère Rutherford. Afin de répandre le message “Le Royaume, l’espérance du monde”, la Société Watch Tower a donc mis en place, avec la collaboration de la Compagnie américaine des téléphones et télégraphes, son propre réseau de 163 stations qui comportait le plus grand réseau relié par câble jamais monté. En outre, plus de 300 stations de radio en divers endroits du monde ont diffusé un enregistrement de ce discours.
Durant l’assemblée de Washington, en 1935, frère Rutherford a traité le sujet “Gouvernement”; il a nettement attiré l’attention sur le fait que le Royaume de Jéhovah et du Christ remplacera bientôt tous les gouvernements humains. Plus de 20 000 personnes ont écouté ce discours dans l’Auditorium de Washington. Mais il a également été retransmis par radio et par lignes téléphoniques dans le monde entier, jusqu’en Amérique centrale et en Amérique du Sud, en Europe, en Afrique du Sud, en Océanie et dans des pays d’Orient. Ce discours a peut-être été écouté par des millions de personnes. Deux grands quotidiens de Washington qui s’étaient engagés à en publier le texte ont rompu leur contrat. Cependant, les frères ont placé des voitures à haut-parleurs à trois endroits du centre de Washington et à 40 autres dans la périphérie, si bien que, selon les estimations, 120 000 personnes de plus ont entendu le discours.
Puis, en 1938, en Angleterre, depuis le Royal Albert Hall à Londres, le discours direct “Face aux réalités” a été retransmis dans plusieurs pays, en tout dans 50 villes où se tenaient des assemblées auxquelles on a dénombré au total quelque 200 000 assistants. Par ailleurs, de nombreuses personnes l’ont entendu à la radio.
Ainsi, même si les Témoins de Jéhovah étaient peu nombreux, leurs assemblées ont joué un rôle important dans la prédication publique du message du Royaume.
Assemblées d’après-guerre en Europe
Certaines assemblées ont laissé un souvenir plus particulier que d’autres. Ce fut le cas, par exemple, de celles qui se sont tenues en Europe aussitôt après la Seconde Guerre mondiale.
Citons celle d’Amsterdam, aux Pays-Bas, le 5 août 1945, c’est-à-dire moins de quatre mois après la libération des Témoins qui avaient été internés dans les camps de concentration allemands. On attendait environ 2 500 personnes, dont 2 000 auraient besoin d’être hébergées. Pour que tout le monde ait un endroit où dormir, les Témoins d’Amsterdam ont étalé de la paille sur le sol de leur maison. Les assistants sont venus de partout et en utilisant tous les moyens de transport possibles et imaginables: en bateau, en camion, à bicyclette et certains en auto-stop.
À cette assemblée, on a ri et pleuré, chanté et remercié Jéhovah pour sa bonté. Un assistant a observé: “Leur joie, indicible, était celle d’une organisation théocratique tout juste libérée des chaînes!” Avant la guerre, on comptait moins de 500 Témoins aux Pays-Bas. Au total, 426 avaient été arrêtés et emprisonnés, dont 117 étaient morts des suites directes de la persécution. À l’assemblée, certains ont eu le bonheur de retrouver des êtres chers qu’ils croyaient disparus. D’autres ont versé des larmes en cherchant vainement. Ce soir-là, 4 000 personnes ont écouté avec une attention soutenue le discours public qui expliquait pourquoi les Témoins de Jéhovah avaient été si violemment persécutés. En dépit de ce qu’ils avaient souffert, les Témoins se sont organisés pour aller de l’avant dans l’œuvre que Dieu leur confiait.
L’année suivante, en 1946, les frères d’Allemagne ont tenu une assemblée à Nuremberg. On leur a accordé l’usage du Zeppelinwiese, qui avait servi pour les parades de Hitler. Le deuxième jour de l’assemblée, Erich Frost, qui avait personnellement subi la brutalité de la Gestapo et passé des années dans un camp de concentration nazi, a prononcé le discours public “Les chrétiens dans le creuset de l’épreuve”. Aux 6 000 Témoins présents se sont ajoutés 3 000 habitants de Nuremberg.
Or le dernier jour de l’assemblée coïncidait avec celui où devait être annoncé, à Nuremberg, le verdict du procès de criminels de guerre. Les autorités militaires ont décrété le couvre-feu ce jour-là. Toutefois, après de longues négociations, elles ont convenu qu’étant donné la position adoptée par les Témoins de Jéhovah face à l’opposition nazie, il n’aurait pas été convenable de les empêcher de terminer leur assemblée en toute sérénité. Ainsi, ce dernier jour, les frères ont écouté tous ensemble le discours dynamique intitulé “Sans crainte devant la conspiration mondiale”.
Ils ont vu la main de Jéhovah dans l’événement. En effet, au moment précis où l’on prononçait la condamnation des représentants d’un régime qui avait tenté de les exterminer, les Témoins de Jéhovah étaient réunis pour adorer Jéhovah à l’endroit même où Hitler avait organisé quelques-uns des déploiements de forces nazies les plus spectaculaires. Le président de l’assemblée a d’ailleurs dit: “Rien que pour vivre ce jour, qui n’est qu’un avant-goût du triomphe du peuple de Dieu sur ses ennemis à la bataille d’Harmaguédon, cela valait la peine de passer neuf ans dans un camp de concentration.”
D’autres assemblées mémorables
À mesure que l’activité des Témoins de Jéhovah a pris de l’ampleur, d’autres assemblées ont eu lieu autour du globe. Toutes ont offert de grands moments aux assistants.
En 1952, à l’occasion de la visite du président de la Société Watch Tower en Rhodésie du Nord (maintenant la Zambie), au cœur du Copperbelt, une assemblée a été organisée à Kitwe. Les frères disposaient d’un terrain spacieux aux abords d’un camp minier, au lieu dit aujourd’hui Chamboli. Ils ont nivelé le sommet d’une gigantesque fourmilière abandonnée et ont bâti dessus un abri au toit de chaume en guise d’estrade couverte. Ils ont également construit des dortoirs à deux niveaux, longs de 180 mètres, qui étaient disposés comme les rayons d’une roue autour de l’aire centrale où étaient installés les sièges. Une partie des dortoirs était réservée aux hommes et aux garçons, l’autre aux femmes et aux fillettes. Pour se rendre à cette assemblée, certains ont fait le trajet à bicyclette, ce qui leur a pris deux semaines. D’autres ont voyagé à pied pendant des jours et ont terminé leur trajet à bord d’autobus vétustes.
Pendant les sessions, les auditeurs ont été très attentifs, alors qu’ils étaient assis en plein air sur des bancs de bambou plutôt inconfortables. Ils étaient venus pour écouter, et ils ne voulaient pas manquer une seule parole. Au moment des cantiques, le chant de ces 20 000 assistants était d’une telle beauté qu’il arrachait des larmes. Sans accompagnement musical pourtant, leurs voix s’élevaient avec une merveilleuse harmonie. Non seulement dans leur chant, mais aussi dans tous les domaines, ces Témoins étaient visiblement unis, alors qu’ils venaient de milieux et de tribus différents.
Pouvez-vous imaginer ce qu’ont ressenti les Témoins de Jéhovah du Portugal quand, après presque 50 ans de lutte en faveur de la liberté de culte, ils ont obtenu d’être reconnus officiellement le 18 décembre 1974? À cette date, ils n’étaient qu’un peu plus de 14 000. Quelques jours après, 7 586 d’entre eux se sont massés dans un pavillon des sports à Porto. Le lendemain, 39 284 autres personnes ont rempli à craquer un stade de football à Lisbonne. Frères Knorr et Franz étaient avec eux en cet heureux jour, resté inoubliable pour beaucoup.
Organisation de rassemblements internationaux
Depuis plus d’un demi-siècle, les Témoins de Jéhovah tiennent de grandes assemblées simultanément dans plusieurs villes de différents pays. Ces événements renforcent leur sentiment de fraternité internationale, notamment lorsqu’ils écoutent tous ensemble les discours principaux depuis une même ville.
Toutefois, ce n’est pas avant 1946 qu’une assemblée internationale a réuni dans une même ville des assistants originaires de diverses parties du monde. C’était à Cleveland (Ohio). Bien qu’au sortir de la guerre il fût encore difficile de voyager, 80 000 personnes sont venues, dont 302 depuis 32 pays autres que les États-Unis. Il y a eu des sessions en 20 langues. Beaucoup d’enseignements pratiques ont été donnés en vue de l’expansion future de l’œuvre d’évangélisation. Un des points forts de l’assemblée a été le discours de frère Knorr portant sur la reconstruction et l’expansion. Des applaudissements enthousiastes ont salué l’annonce des projets de la Société concernant l’agrandissement de l’imprimerie et des bureaux du siège mondial, l’augmentation du nombre de ses stations radiophoniques, l’ouverture de filiales dans les principaux pays du monde et son intention de donner plus d’importance à l’œuvre missionnaire. Immédiatement après cette assemblée, le nécessaire a été fait pour que frères Knorr et Henschel fassent un voyage autour du monde dans le but de mettre en œuvre ce qui avait été annoncé.
Dans les années qui ont suivi, des assemblées vraiment inoubliables se sont tenues au Yankee Stadium de New York. À la première, du 30 juillet au 6 août 1950, 67 pays étaient représentés. Le programme prévoyait que des serviteurs de filiale, des missionnaires et d’autres assistants donnent brièvement des nouvelles de l’activité dans leurs territoires. Ils ont offert à l’auditoire un aperçu émouvant de l’immense œuvre d’évangélisation qui s’y effectuait. Le dernier jour, ce sont 123 707 personnes qui ont écouté le discours “Pouvez-vous vivre à jamais dans le bonheur sur la terre?” L’assemblée avait été placée sous le thème “Accroissement de la théocratie”. L’attention a été attirée sur l’accroissement numérique considérable; toutefois, et le président de l’assemblée, Grant Suiter, a bien insisté sur ce point, ce n’était pas dans le but de louer certains esprits brillants dans l’organisation visible, mais plutôt parce que ‘cette nouvelle force du nombre était tout à l’honneur de Jéhovah’. Et d’ajouter: “C’est ainsi qu’il faut voir les choses, et nous ne voulons pas les voir autrement.”
En 1953, le Yankee Stadium de New York a de nouveau accueilli une assemblée, dont l’assistance s’est élevée cette fois à 165 829 personnes. Tout comme à la précédente assemblée tenue dans ce stade, le programme incluait l’examen de prophéties bibliques passionnantes, des conseils pratiques sur la façon de prêcher la bonne nouvelle et des comptes rendus émanant de nombreux pays. Les sessions commençaient vers 9 h 30, mais en général ne s’achevaient pas avant 21 heures ou 21 h 30. Ce furent huit jours entiers de festin spirituel et de joie.
Pour la plus grande de leurs assemblées, en 1958, à New York, il a fallu louer non seulement le Yankee Stadium, mais aussi les Polo Grounds voisins, ainsi que des endroits supplémentaires autour du stade destinés à recevoir la foule des assistants. Le dernier jour, comme il n’y avait plus une seule place de libre, les frères ont obtenu l’autorisation exceptionnelle d’utiliser même la pelouse du Yankee Stadium, et il a été très émouvant de voir encore des milliers de personnes entrer, se déchausser et aller s’asseoir sur l’herbe. On a compté 253 922 assistants au discours public. Autre preuve que Jéhovah avait béni le ministère de ses serviteurs, 7 136 nouveaux disciples ont symbolisé l’offrande de leur personne à Dieu par le baptême dans l’eau. Ce chiffre était plus de deux fois supérieur à celui des baptêmes enregistrés le jour mémorable de la Pentecôte en l’an 33, selon le récit biblique. — Actes 2:41.
Tout le déroulement de ces assemblées portait l’empreinte de quelque chose de supérieur à une organisation efficace. Il s’agissait de la manifestation de l’esprit de Dieu en action parmi son peuple. Partout se ressentait l’amour fraternel qui découle de l’amour pour Dieu. Il n’y avait pas d’organisateurs cher payés. Le personnel de chaque service était constitué de volontaires. Frères et sœurs chrétiens, souvent en famille, tenaient les buvettes et les cafétérias. Ils préparaient des repas chauds et, sous d’immenses tentes à l’extérieur du stade, ils servaient jusqu’à mille assistants par minute. Des dizaines de milliers de frères et sœurs étaient heureux de faire leur part: ils se rendaient utiles à leurs compagnons, s’occupaient des installations nécessaires, faisaient la cuisine, servaient les repas, assuraient le nettoyage, etc.
D’autres volontaires ont passé des centaines de milliers d’heures à attribuer un logement à tous les assistants. Certaines années, on a organisé des camps pour caravanes et tentes, afin d’y loger au moins une partie des assistants. En 1953, les Témoins ont moissonné gratuitement les 16 hectares de céréales d’un agriculteur du New Jersey qui leur louait son terrain afin d’y installer leur camp de caravanes. Les frères ont monté sanitaires, éclairage, douches, laveries, cafétéria et épiceries pour les besoins d’une population dépassant 45 000 personnes. Quand les assistants ont commencé à arriver, une ville est née en une nuit. Des milliers d’autres assistants ont été logés dans des hôtels ou chez l’habitant à New York et alentour. C’était une entreprise gigantesque. Avec la bénédiction de Jéhovah, elle a été menée à bien.
Des assemblées qui se déplacent
Dans cette famille internationale de frères, chacun s’intéresse vivement à ses coreligionnaires par delà les frontières. De ce fait, les Témoins de Jéhovah saisissent les occasions qui s’offrent à eux de se rendre à des assemblées hors de leurs pays.
Quand la première des assemblées ayant pour thème “L’adoration pure” s’est tenue en 1951 en Angleterre, au stade Wembley de Londres, des Témoins de 40 pays étaient présents. Le programme a mis l’accent sur le côté pratique du culte pur et a encouragé les assistants à faire du ministère chrétien leur carrière. Depuis l’Angleterre, beaucoup de Témoins sont passés sur le continent, où devaient se tenir neuf autres assemblées au cours des deux mois suivants. La plus grande a été celle de Francfort-sur-le-Main, en Allemagne, à laquelle ont assisté 47 432 personnes originaires de 24 pays. L’affection chaleureuse des frères s’est manifestée notamment à la fin du programme, quand l’orchestre s’est mis à jouer et que les frères allemands, spontanément, ont entonné un cantique d’adieu dans lequel ils recommandaient à Dieu leurs compagnons venus de l’étranger pour se joindre à eux. Beaucoup agitaient des mouchoirs, et des centaines ont envahi le terrain, une manière d’exprimer personnellement leur reconnaissance pour cette magnifique fête théocratique.
En 1955, davantage de Témoins encore ont pris des dispositions afin de retrouver leurs frères chrétiens à l’étranger à l’occasion d’une assemblée. Au moyen de deux bateaux (de 700 places chacun) et de 42 avions affrétés, les délégués des États-Unis et du Canada se sont rendus en Europe. Le journal The Stars and Stripes, dans son édition européenne publiée en Allemagne, a parlé de l’arrivée des Témoins comme étant “probablement la plus grande arrivée massive d’Américains en Europe depuis l’invasion alliée pendant la Seconde Guerre mondiale”. D’autres délégués étaient originaires d’Amérique centrale et du Sud, d’Asie, d’Afrique et d’Australie. Malgré les efforts du clergé de la chrétienté pour empêcher les Témoins de tenir leurs rassemblements à Rome et à Nuremberg, les huit assemblées prévues, dont ces deux-là, ont bel et bien eu lieu en Europe pendant l’été. Les assistants ont été très nombreux, depuis 4 351 à Rome jusqu’à 107 423 à Nuremberg. On a également compté 17 729 personnes au Waldbühne, dans ce qui était alors Berlin-Ouest, où les frères de la zone est pouvaient accéder à moindres risques. Nombre d’entre eux avaient été emprisonnés en raison de leurs croyances ou avaient des membres de leur famille toujours incarcérés, mais ils demeuraient fermes dans la foi. Le thème de l’assemblée était donc bien choisi, à savoir: “Le Royaume triomphant.”
Il y avait déjà eu beaucoup d’assemblées internationales, mais celle qui s’est tenue en 1963 a été la première en son genre. C’était une “assemblée autour du monde”. Commençant par Milwaukee (Wisconsin, États-Unis), elle s’est déplacée à New York, puis dans quatre grandes villes d’Europe; ensuite, elle a eu lieu au Proche-Orient; puis en Inde, en Birmanie (aujourd’hui le Myanmar), en Thaïlande, à Hong-Kong, à Singapour, aux Philippines, en Indonésie, en Australie, à Taïwan, au Japon, en Nouvelle-Zélande, aux Fidji, en République de Corée et à Hawaii; après quoi, de nouveau sur le continent nord-américain. On a dénombré une assistance totale de 580 000 personnes, originaires de 161 pays. En tout, 583 personnes, représentant 20 pays, se sont déplacées autour du monde pour assister à toutes les assemblées dans un pays après l’autre. Grâce à des visites organisées, elles ont découvert des lieux offrant un intérêt religieux; elles ont aussi accompagné les frères et sœurs de chaque pays dans la prédication de maison en maison. Toutes ont voyagé à leurs frais.
Les délégués latino-américains venaient toujours en force aux assemblées internationales. Mais en 1966-1967, ce fut leur tour de recevoir leurs frères. Ceux qui l’ont suivi n’oublieront jamais le drame qui a fait revivre l’histoire de Jérémie et qui a fait comprendre à tous sa signification en ce qui concerne notre époquea. Les liens d’amour chrétien se sont resserrés quand les visiteurs ont vu de leurs yeux dans quel contexte défavorable les frères d’Amérique latine menaient une vaste campagne d’enseignement biblique. Ils ont été profondément touchés par la foi solide de leurs compagnons, dont beaucoup avaient triomphé d’obstacles apparemment insurmontables pour assister à l’assemblée, comme l’opposition familiale, les inondations, la perte de leurs biens. Quel encouragement d’entendre des récits comme celui d’une frêle Uruguayenne, pionnière spéciale, qui a été interviewée avec à ses côtés sur l’estrade une bonne partie des 80 personnes qu’elle avait aidées à progresser jusqu’au baptême chrétien. (En 1992, elle avait porté ce chiffre à 105. Elle était toujours aussi frêle et toujours pionnière spéciale!) Quelle joie aussi de rencontrer des missionnaires formés dans les toutes premières classes de l’École de Galaad, toujours en activité dans leur territoire! De telles assemblées ont énormément stimulé l’œuvre effectuée dans cette partie du monde. Aujourd’hui, dans nombre de ces pays, on compte 10, 15, voire 20 fois plus d’adorateurs de Jéhovah qu’à l’époque.
Quelques années plus tard, en 1970-1971, c’est en Afrique que des Témoins se sont rendus pour faire connaissance avec leurs frères à l’occasion d’assemblées internationales. La plus grande de ces assemblées a été celle de Lagos (Nigeria), où il a fallu construire depuis a jusqu’à z toutes les installations nécessaires. En vue de protéger les assistants du soleil brûlant, une véritable ville de bambou a été construite (emplacements couverts pour les sièges, dortoirs, cafétéria et autres services). Les frères et sœurs ont, à cet effet, rassemblé 100 000 perches de bambou et confectionné 36 000 nattes de roseau. Quant au programme, il a été présenté simultanément en 17 langues. L’assistance maximale a été de 121 128 personnes, et 3 775 nouveaux Témoins ont été baptisés. Bon nombre d’assistants appartenant à diverses tribus s’étaient autrefois combattus. Mais maintenant, qu’il était beau de voir ces hommes et ces femmes unis par des liens d’une authentique fraternité chrétienne!
Après l’assemblée, certains des délégués étrangers se sont rendus en autocar à Igboland, où ils voulaient voir la région la plus gravement touchée par la guerre civile. Dans toutes les villes qu’ils ont traversées, les Témoins locaux les ont accueillis à grandes embrassades et avec force effusions, ce qui a fait sensation. Les gens sortaient dans la rue pour observer le spectacle. Jamais ils n’avaient vu pareille démonstration d’amour et d’unité entre Noirs et Blancs.
Dans certains pays, les Témoins de Jéhovah sont si nombreux qu’il leur est impossible de se rassembler tous en un même endroit. Toutefois, de temps à autre, ils tiennent plusieurs grandes assemblées simultanément, suivies d’autres, sur quelques semaines. En 1969, l’unité goûtée aux assemblées organisées sur ce modèle a été rehaussée par le fait que certains des principaux orateurs ont fait la navette par avion entre les assemblées, pour les desservir toutes. En 1983 et en 1988, pareille unité a été ressentie quand plusieurs grandes assemblées de même langue ont été reliées par téléphone, même par delà les frontières, lors des discours clés prononcés par des membres du Collège central. Mais, au fond, l’unité des Témoins de Jéhovah tient au fait qu’ils adorent tous Jéhovah comme le seul vrai Dieu, ont pour guide unique la Bible, bénéficient d’un même programme d’alimentation spirituelle, considèrent Jésus Christ comme leur Conducteur, s’efforcent de manifester les fruits de l’esprit de Dieu dans leur vie, placent leur confiance dans le Royaume de Dieu, et font leur part dans la proclamation de la bonne nouvelle de ce Royaume.
Organisés pour la louange internationale de Jéhovah
Le nombre des Témoins de Jéhovah a tellement augmenté qu’il est supérieur à la population de beaucoup de pays. Afin que leurs assemblées soient le plus bénéfiques possible, il faut qu’elles soient minutieusement planifiées. Pourtant, il suffit d’indiquer dans les publications à quelle assemblée chacun doit se rendre pour être sûr qu’il y sera possible de recevoir tout le monde. Maintenant, quand il projette une assemblée internationale, le Collège central doit souvent tenir compte non seulement du nombre de Témoins de l’étranger qui aimeraient s’y rendre et qui sont en mesure de le faire, mais aussi de la taille des installations disponibles, du nombre de Témoins du pays d’accueil qui viendront, et des logements dont on pourra disposer afin d’héberger les assistants arrivant de loin; ensuite, un chiffre maximum peut être fixé pour chaque pays. Tel a été le cas par exemple, en 1989, des trois assemblées “La piété” en Pologne.
À ces assemblées, on attendait les quelque 90 000 Témoins de Jéhovah de Pologne, plus les milliers de Polonais nouvellement intéressés par la vérité, plus des invités de Grande-Bretagne, du Canada et des États-Unis. On a accueilli également d’importantes délégations de Témoins d’Italie, de France et du Japon, ainsi que quelques Scandinaves et quelques Grecs. Au moins 37 pays ont été représentés. Pour certaines parties du programme, il a été nécessaire d’interpréter en 16 langues des discours donnés en polonais ou en anglais. L’assistance totale aux trois assemblées a été de 166 518 personnes.
D’importants groupes de Témoins étaient venus des pays qui étaient alors l’Union soviétique et la Tchécoslovaquie; de grosses délégations étaient originaires d’autres pays d’Europe de l’Est. Tout le monde n’a pu loger dans les hôtels ou les dortoirs d’écoles. Les Témoins polonais ont donc fait preuve d’hospitalité, ouvrant leurs cœurs et leurs maisons, heureux de partager ce qu’ils possédaient. Une congrégation de 146 proclamateurs a hébergé plus de 1 200 personnes. Certains des assistants n’avaient jusque-là connu que des rassemblements d’un maximum de 15 à 20 serviteurs de Jéhovah. En embrassant du regard tout un stade rempli de dizaines de milliers de Témoins, en priant avec eux et en unissant leurs voix aux leurs dans des cantiques de louange à Jéhovah, ils sentaient leur cœur se gonfler de reconnaissance. Lorsqu’ils se mélangeaient entre les sessions, ils tombaient dans les bras les uns des autres, quand bien même la différence de langue les empêchait de dire avec des mots ce que leur cœur voulait crier.
À la fin de l’assemblée, ils débordaient de gratitude envers Jéhovah, qui avait rendu tout cela possible. À Varsovie, après les paroles d’adieu du président de l’assemblée, l’auditoire a éclaté en applaudissements qui ont crépité pendant au moins dix minutes. Après le cantique final et la prière, les applaudissements ont repris; on s’est attardé longtemps dans les gradins. Tous les frères avaient attendu cet événement pendant tant d’années qu’ils le faisaient durer le plus possible.
L’année suivante, en 1990, moins de cinq mois après la levée de l’interdiction qui frappait les Témoins de Jéhovah depuis 40 ans dans ce qui fut l’Allemagne de l’Est, une nouvelle assemblée internationale a été organisée, cette fois à Berlin. Parmi les 44 532 personnes présentes, il y avait des délégués de 65 pays. De certains pays, ils n’étaient venus qu’à quelques-uns; de Pologne, ils étaient environ 4 500. Les mots ne suffisaient pas pour exprimer l’intensité des sentiments de ces frères qui n’avaient jamais eu la liberté d’assister à pareille assemblée; quand tous les assistants ont uni leurs voix dans un cantique de louange à Jéhovah, ils n’ont pu retenir des larmes de joie.
Peu de temps après, une assemblée identique s’est tenue à São Paulo, au Brésil, et il a fallu deux immenses stades pour accueillir les 134 406 assistants, une foule très cosmopolite. Cette assemblée internationale a été suivie d’une autre en Argentine, où deux stades ont également été utilisés simultanément pour contenir l’assistance, tout aussi cosmopolite. À l’aube de 1991, d’autres assemblées internationales se préparaient aux Philippines, à Taïwan et en Thaïlande. Cette année-là, il y a eu aussi beaucoup de monde, de plusieurs pays, aux assemblées d’Europe de l’Est: en Hongrie, dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie, et dans ce qui est maintenant la Croatie. En 1992, des délégués de 28 pays ont eu le privilège insigne de compter parmi les 46 214 personnes qui étaient à Saint-Pétersbourg pour la première véritable assemblée internationale de Témoins de Jéhovah en Russie.
Des occasions de se revigorer spirituellement
Les assemblées organisées par les Témoins de Jéhovah n’ont pas toutes un caractère international. Toutefois, le Collège central fait en sorte de tenir de grandes assemblées une fois par an, avec le même programme dans le monde entier en de nombreuses langues. Soit des assemblées qui réunissent une assistance nombreuse en un même endroit et donnent à des Témoins de tous les horizons l’occasion de fraterniser; soit des rassemblements de moindre taille, organisés dans davantage de villes, ce qui facilite la présence des nouveaux et permet à la population de centaines de petites villes d’observer de près un échantillon non négligeable de Témoins de Jéhovah.
De plus, une fois par an, les Témoins de Jéhovah de chaque circonscription (qui compte une vingtaine de congrégations) s’assemblent pendant deux jours et reçoivent des conseils spirituels et des encouragementsb. Enfin, depuis septembre 1987, une assemblée spéciale d’un jour, au programme enrichissant, est organisée une fois l’an dans chaque circonscription. Là où c’est possible, un représentant du siège mondial de la Société, ou un membre de la filiale du pays, se déplace pour participer au programme. Les Témoins de Jéhovah apprécient vivement l’enseignement qu’ils reçoivent à ces occasions. Dans la plupart des régions, les lieux d’assemblées ne sont pas éloignés ni difficiles d’accès. Il y a toutefois des exceptions. Ainsi, un surveillant itinérant a relaté le cas d’un couple âgé qui, au Zimbabwe, a fait 76 kilomètres à pied en portant des valises et des couvertures pour assister à une assemblée de circonscription.
S’il n’est plus prévu systématiquement de réserver du temps à la prédication durant ces assemblées, ce n’est certes pas parce que les Témoins y attachent moins d’importance. Maintenant, dans la plupart des cas, les gens qui vivent près des lieux d’assemblées reçoivent déjà régulièrement la visite des Témoins locaux, parfois toutes les semaines. Mais ceux qui assistent à l’assemblée saisissent toutes les occasions de prêcher de façon informelle, et leur conduite chrétienne est une autre façon de rendre un témoignage puissant.
Les preuves d’une véritable fraternité
La fraternité qui règne chez les Témoins de Jéhovah pendant leurs assemblées saute aux yeux. Tout observateur peut constater qu’il n’y a pas de partialité chez eux et qu’une entente sincère unit même ceux qui se rencontrent pour la première fois. En 1958, lors de l’assemblée internationale “La volonté divine” à New York, l’Amsterdam News de New York (2 août) a dit: “Partout on voyait se mêler les uns aux autres, joyeusement et en toute liberté, des Noirs, des Blancs et des Jaunes de toutes conditions et venus de tous les points du globe. (...) Des Témoins originaires de 120 pays se sont côtoyés et ont écouté les discours paisiblement, montrant aux Américains qu’il n’y a là rien d’impossible. (...) Cette assemblée est un éclatant exemple de collaboration et de fraternisation.”
Plus récemment, en 1985, quand les Témoins de Jéhovah ont tenu simultanément des assemblées à Durban et à Johannesburg, en Afrique du Sud, il y avait des représentants des principaux groupes raciaux et linguistiques du pays et des assistants venus de 23 autres pays. Il n’était pas difficile de remarquer la chaleureuse affection qui unissait les 77 830 assistants. “C’est beau, a dit une jeune Indienne. Toute ma conception de la vie a changé à la vue de ces métis, de ces Indiens, de ces Blancs et de ces Noirs qui se mêlaient les uns aux autres.”
Ce sentiment de fraternité ne se limite pas aux sourires, aux poignées de main et aux noms de “frère” et de “sœur” par lesquels les Témoins s’appellent. Par exemple, en 1963, quand des dispositions ont été prises pour l’assemblée autour du monde “La bonne nouvelle éternelle”, les Témoins de Jéhovah ont été informés que s’ils voulaient aider financièrement certains de leurs compagnons à assister à l’assemblée, la Société serait heureuse de veiller à ce que les fonds récoltés profitent à des frères du monde entier. Il n’y a pas eu de quête et aucune somme n’a été prélevée pour des frais administratifs. Les fonds récoltés ont tous servi au but prévu. Ainsi, 8 179 Témoins ont reçu de l’aide afin d’assister à l’assemblée — des délégués de tous les pays d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, ainsi que des milliers de Témoins africains et plusieurs autres du Proche- et de l’Extrême-Orient. Une bonne partie des frères et des sœurs qui ont reçu cette aide étaient depuis longtemps dans le ministère à plein temps.
Vers la fin de 1978, une assemblée a été programmée à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Les Témoins des îles Cook brûlaient d’y assister. Mais la situation économique des îles était telle que le voyage aurait coûté à chacun une petite fortune. Cependant, en Nouvelle-Zélande, des frères et sœurs chrétiens pleins d’amour ont payé l’aller-retour d’une soixantaine de Témoins des îles Cook. La joie les inondait quand ils se sont retrouvés avec leurs frères maoris, samoans, niues et caucasiens à cette fête spirituelle.
En 1988, l’assemblée de district “La justice divine” à Montréal, au Canada, a offert un spectacle caractéristique de l’esprit qui règne chez les Témoins de Jéhovah. Pendant quatre jours, des Anglais, des Arabes, des Espagnols, des Français, des Grecs, des Italiens et des Portugais ont écouté le même programme, mais dans leurs langues respectives. Toutefois, à la fin de la dernière session, les 45 000 assistants se sont tous réunis dans le Stade olympique en une émouvante démonstration de fraternité et d’unité. Ils ont chanté tous ensemble, chacun dans sa langue, “Allez chanter jusqu’au bout de la terre: ‘Voici le Roi! C’est Jéhovah! Que terre et cieux soient dans la joie!’”
[Notes]
a Soixante-dix autres drames de ce genre ont été présentés aux assemblées au cours des 25 années qui ont suivi.
b De 1947 à 1987, ces assemblées ont eu lieu deux fois par an. Jusqu’en 1972, elles duraient trois jours; puis on a institué un programme de deux jours.
[Entrefilet, page 255]
“J’ai été énormément impressionné par l’amour et la bonté fraternelle.”
[Entrefilet, page 256]
Les trains d’assemblées: en voiture!
[Entrefilet, page 275]
Pas d’organisateurs cher payés, mais des volontaires.
[Entrefilet, page 278]
Unité entre Noirs et Blancs.
[Encadré/Illustrations, page 261]
Sept résolutions importantes prises à des assemblées
En 1922, la résolution intitulée “Un appel aux conducteurs des nations!” les mettait au défi de prouver que les humains ont suffisamment de sagesse pour diriger la terre, sinon d’admettre que la paix, la vie, la liberté et le bonheur sans fin ne peuvent venir que de Jéhovah par l’intermédiaire de Jésus Christ.
En 1923 a été prononcé “Un avertissement à tous les chrétiens”, montrant qu’il leur fallait sans perdre un instant s’enfuir des organisations qui affirment faussement représenter Dieu et le Christ.
En 1924, l’“Acte d’accusation contre le clergé” révélait que les doctrines et les pratiques du clergé de la chrétienté n’avaient rien de biblique.
En 1925, le “Message d’espérance” montrait pourquoi ceux qui affirment être les lumières, les guides, du monde n’ont pas satisfait les plus grands besoins des humains et comment seul le Royaume de Dieu le fera.
En 1926, “Un témoignage aux conducteurs des peuples” faisait savoir à ces derniers que Jéhovah est le seul vrai Dieu et que Jésus Christ est à présent le Roi légitime de la terre. Ce message exhortait les dirigeants à user de leur influence sur leurs peuples pour qu’ils se tournent vers le vrai Dieu et échappent au désastre.
En 1927, la “Résolution aux peuples de la chrétienté” a dévoilé la collusion de la finance avec la politique et les religions officielles pour tyranniser l’humanité. Elle encourageait les gens à abandonner la chrétienté et à placer leur confiance en Jéhovah et en son Royaume confié au Christ.
En 1928, la “Déclaration contre Satan et pour Jéhovah” révélait clairement que le Roi oint par Jéhovah, Jésus Christ, enchaînera bientôt Satan et détruira son organisation malfaisante; cette déclaration exhortait tous ceux qui aiment la justice à prendre position pour Jéhovah.
[Encadré/Illustrations, pages 272, 273]
Aspects marquants de quelques grandes assemblées
Des centaines de personnes radieuses arrivaient par bateau, des milliers par avion, des dizaines de milliers en automobile et en autocar.
Il fallait une bonne organisation et les services de nombreux travailleurs pleins de bonne volonté pour trouver et attribuer suffisamment de logements.
Pendant ces assemblées de huit jours, des dizaines de milliers de repas chauds étaient servis régulièrement aux assistants.
En 1953, plus de 45 000 assistants ont été logés dans un camp de caravanes et de tentes.
En 1958, à New York, 7 136 personnes ont été baptisées — nombre jamais égalé depuis la Pentecôte de l’an 33.
En 1953, à New York, des banderoles déployées transmettaient les salutations de nombreux pays; les discours ont été présentés en 21 langues.
[Illustration, page 256]
Des assistants à l’assemblée de l’Association internationale des Étudiants de la Bible à Winnipeg (Manitoba, Canada) en 1917.
[Illustrations, page 258]
Joseph Rutherford prononçant un discours à Cedar Point (Ohio), en 1919. Il a encouragé tous ses auditeurs à participer avec zèle à l’annonce du Royaume de Dieu avec “L’Âge d’Or”.
[Illustration, page 259]
L’assemblée de Cedar Point en 1922. C’est là qu’a été lancé l’appel “Proclamez le Roi et son Royaume!”
[Illustration, page 260]
George Gangas était à Cedar Point en 1922. Depuis plus de 70 ans, il prêche avec zèle le Royaume de Dieu.
[Illustration, pages 262, 263]
Des assistants à l’assemblée de Columbus (Ohio), en 1931, qui ont adopté avec enthousiasme le nom de Témoins de Jéhovah.
[Illustration, page 264]
“Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau”: Nathan Knorr annonce leur parution en 1950.
[Illustration, page 264]
Les discours que Frederick Franz a prononcés sur l’accomplissement des prophéties bibliques ont été les moments forts d’une grande assemblée (New York en 1958).
[Illustrations, page 265]
Pendant de nombreuses années, la prédication a constitué une partie importante de toute grande assemblée.
Los Angeles (États-Unis), 1939 (en bas); Stockholm (Suède), 1963 (en médaillon).
[Illustrations, page 266]
En 1935, à Washington, Joseph Rutherford a prononcé un discours qui a été diffusé sur les cinq continents par radio et par ligne téléphonique.
[Illustrations, page 268]
En 1946, à Nuremberg (Allemagne), Erich Frost a prononcé un discours fougueux intitulé “Les chrétiens dans le creuset de l’épreuve”.
[Illustration, page 269]
En 1952, assemblée en plein air à Kitwe (Rhodésie du Nord) à l’occasion de la visite de Nathan Knorr.
[Illustrations, pages 270, 271]
En 1958, 253 922 personnes ont rempli à craquer deux immenses stades de New York pour écouter le message intitulé “Le royaume de Dieu est entré dans son règne — La fin du monde est-elle proche?”
Les Polo Grounds
Le Yankee Stadium
[Illustration, page 274]
En 1950, Grant Suiter, président de l’assemblée au Yankee Stadium.
[Illustration, page 274]
En 1958, John Groh (assis) discutant de l’organisation de l’assemblée avec George Couch.
[Illustrations, page 277]
En 1963 a eu lieu une “assemblée autour du monde”; des délégués originaires d’une vingtaine de pays en ont suivi l’itinéraire.
Kyōto, Japon (en bas, à gauche): une des 27 villes qui ont accueilli une assemblée. En République de Corée, deux Témoins font connaissance (au centre). Salutation maorie en Nouvelle-Zélande (ci-contre, à droite).
[Illustrations, page 279]
Une assemblée qui a comblé 17 groupes linguistiques simultanément, dans une cité de bambou construite pour la circonstance (Lagos, Nigeria, 1970).
[Illustrations, page 280]
En 1989, en Pologne ont eu lieu trois grandes assemblées auxquelles sont venus des délégués de 37 pays.
Theodore Jaracz (à droite) s’adressant aux assistants à Poznań.
Des milliers de baptêmes à Chorzów.
À Varsovie, les assistants ont applaudi à n’en plus finir.
Des délégués de ce qui était alors l’URSS (ci-dessous).
Des parties du programme de Chorzów ont été interprétées en 15 langues.
-
-
‘Cherchez d’abord le Royaume’Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 18
‘Cherchez d’abord le Royaume’
LA SANCTIFICATION du nom de Jéhovah au moyen du Royaume, tel est le thème principal de la Bible. Jésus a enseigné à ses disciples à chercher d’abord le Royaume, en le mettant à la première place dans leur vie. Pour quelle raison?
La Tour de Garde a souvent expliqué que Jéhovah est le Souverain universel puisqu’il est le Créateur. Il mérite que ses créatures le tiennent en haute estime (Rév. 4:11). Toutefois, très tôt dans l’histoire humaine, un fils spirituel de Dieu qui s’est fait lui-même Satan le Diable a défié la souveraineté de Jéhovah (Gen. 3:1-5). De plus, Satan a prêté des mobiles égoïstes à tous les serviteurs de Jéhovah (Job 1:9-11; 2:4, 5; Rév. 12:10). C’est ainsi que la paix de l’univers a été troublée.
Depuis des dizaines d’années maintenant, les publications de la Société Watch Tower expliquent que Jéhovah a pris des dispositions pour régler ces questions de manière à exalter non seulement sa toute-puissance, mais aussi sa sagesse, sa justice et son amour extraordinaires. Le Royaume messianique de Dieu est au cœur de ces dispositions. Au moyen de ce Royaume, l’humanité se voit accorder la possibilité d’apprendre les voies de la justice. Ce Royaume détruira les méchants, fera éclater la souveraineté de Jéhovah et réalisera son dessein, qui consiste à faire de la terre un paradis peuplé d’humains aimant sincèrement Dieu et leur prochain, et ayant le bonheur de jouir de la vie parfaite.
En raison de l’importance de ce Royaume, Jésus a donné à ses disciples le conseil suivant: “Continuez donc à chercher d’abord le royaume.” (Mat. 6:10, 33). Les Témoins de Jéhovah d’aujourd’hui prouvent amplement qu’ils s’efforcent de suivre ce conseil.
Ils renoncent à tout pour le Royaume
Très tôt, les Étudiants de la Bible se sont intéressés à ce que signifiait chercher d’abord le Royaume. Ils ont analysé la parabole de Jésus dans laquelle il compare le Royaume à une perle d’une valeur telle qu’un homme “s’en est allé vendre promptement tout ce qu’il possédait et il l’a achetée”. (Mat. 13:45, 46.) Ils se sont interrogés sur le sens du conseil que Jésus a donné au jeune homme riche: celui de vendre tout ce qu’il possédait, de donner aux pauvres et de le suivre (Marc 10:17-30)a. Ils ont compris que s’ils voulaient être dignes d’avoir part au Royaume de Dieu, ils devaient en faire leur principale préoccupation, se réjouissant de vouer leur vie, leurs talents et leurs ressources à son service. Tout le reste ne devait occuper qu’une place secondaire dans leur vie.
Charles Russell a personnellement pris ce conseil à cœur. Il a vendu son florissant commerce de vêtements masculins, a peu à peu réduit ses parts dans d’autres affaires, et a ensuite utilisé ses biens pour apporter aux gens une aide spirituelle (voir Matthieu 6:19-21). Il n’a pas fait cela pendant quelques années seulement. Jusqu’à sa mort, il a employé toutes ses ressources, ses aptitudes mentales, sa santé et ses biens, pour communiquer à autrui le message important relatif au Royaume messianique. Lors de ses funérailles, Joseph Rutherford, l’un de ses collaborateurs, a dit à son sujet: “Charles Russell a été fidèle à Dieu, fidèle à Jésus Christ, fidèle à la cause du Royaume messianique.”
En avril 1881 (alors que seulement quelques centaines de personnes assistaient aux réunions des Étudiants de la Bible), La Tour de Garde en anglais a publié un article intitulé “Recherchons 1 000 prédicateurs”. Cet article invitait les hommes et les femmes sans charge de famille à entreprendre l’œuvre de colporteurs ou d’évangélisateurs. Reprenant les termes de Jésus dans la parabole consignée en Matthieu 20:1-16, La Tour de Garde a soulevé cette question: “Qui désire ardemment travailler dans la vigne, et prie le Seigneur de lui ouvrir la voie?” Ceux qui pouvaient consacrer au moins la moitié de leur temps exclusivement à l’œuvre du Seigneur étaient encouragés à le faire. Pour les aider à payer leurs frais de transport, de nourriture, de vêtement et de logement, la Société a fourni aux premiers colporteurs des manuels bibliques qu’ils étaient chargés de proposer aux gens; elle a fixé le montant de la modeste contribution qu’ils pouvaient demander en échange de ces publications et les a invités à garder une partie des fonds qu’ils recevraient. Qui a accepté ces dispositions et a entrepris le service de colporteur?
En 1885, environ 300 colporteurs collaboraient avec la Société. En 1914, leur nombre a finalement dépassé les 1 000. Ce n’était pas une œuvre facile. Après avoir parcouru quatre petites villes et n’avoir rencontré que trois ou quatre personnes qui manifestaient quelque intérêt pour le message, un colporteur a écrit: “Je dois dire que je me sens plutôt seul, après avoir fait tout ce chemin, après avoir rencontré tant de gens et après avoir trouvé si peu d’intérêt pour le plan de Dieu et son Église. Priez pour moi, pour que je puisse présenter la vérité avec efficacité et hardiesse, et que je ne renonce pas à faire ce qui est excellent.”
Ils se sont offerts volontairement
Ces colporteurs étaient de véritables pionniers. Ils ont pénétré les régions les plus reculées du pays, à une époque où les moyens de transport étaient très rudimentaires et où les routes n’étaient, pour la plupart, que des pistes de chariots. Sœur Early, en Nouvelle-Zélande, faisait partie de ceux-là. Ayant commencé bien avant la Première Guerre mondiale, elle a passé 34 ans dans le service à plein temps, jusqu’à sa mort en 1943. Elle a parcouru à bicyclette une bonne partie du pays. Même quand l’arthrite l’a rendue impotente et qu’elle n’a pu continuer d’aller à vélo, elle s’en est servie pour s’appuyer dessus et pour transporter ses livres dans le quartier d’affaires de Christchurch. Elle parvenait à monter les escaliers, mais elle devait les descendre à reculons à cause de l’arthrite. Cependant, elle a mis jusqu’au bout ses forces au service de Jéhovah.
Ces hommes et ces femmes n’entreprenaient pas cette activité parce qu’ils avaient confiance en eux. Certains étaient par nature très timides, mais ils aimaient Jéhovah. Avant de donner le témoignage dans un quartier d’affaires, une sœur demandait à tous les Étudiants de la Bible de son entourage de prier pour elle. Avec le temps, elle a acquis de l’expérience et elle est devenue très enthousiaste dans cette activité.
Lorsqu’en 1907 Malinda Keefer a parlé à frère Russell de son désir d’entreprendre le service à plein temps, elle a dit qu’elle pensait devoir d’abord acquérir une plus grande connaissance. En fait, elle ne connaissait les publications des Étudiants de la Bible que depuis l’année précédente. Frère Russell lui a répondu: “Si tu attends de tout savoir, tu ne commenceras jamais ce service, mais c’est en l’accomplissant que tu augmenteras ta connaissance.” Sans plus attendre, elle a commencé son activité aux États-Unis, dans l’Ohio. Maintes fois, elle a pensé au Psaume 110:3: “Ton peuple s’offrira volontairement.” C’est ce qu’elle n’a cessé de faire pendant 76 ansb. Quand elle a entrepris ce service, elle était célibataire. Puis elle a continué pendant 15 ans avec son mari. Et lorsqu’il est décédé, elle n’a pas renoncé, grâce à l’aide de Jéhovah. Se souvenant de toutes ces années, elle a confié: “Combien je suis heureuse de m’être offerte de moi-même en tant que pionnière, alors que j’étais une jeune femme, et d’avoir toujours mis à la première place les intérêts du Royaume!”
En ce temps-là, lorsque des assemblées avaient lieu, on prévoyait des sessions spéciales avec les colporteurs. Ils y recevaient la réponse à leurs questions et des encouragements, et une formation était donnée aux nouveaux.
À partir de 1919, de plus en plus de serviteurs de Jéhovah ont accordé un si grand prix au Royaume de Dieu qu’ils ont réellement construit leur vie autour de lui. Certains d’entre eux ont pu renoncer à leurs objectifs profanes pour se consacrer entièrement au ministère.
Ils subviennent à leurs besoins matériels
Comment subvenaient-ils à leurs besoins matériels? Voici le témoignage d’Anna Petersen (plus tard Rømer), évangélisatrice à plein temps au Danemark: “L’argent reçu en échange des publications nous permettait de faire face à nos dépenses quotidiennes, et nos besoins étaient limités. S’il fallait engager de plus grosses dépenses, nous arrivions toujours à les couvrir d’une manière ou d’une autre. Les sœurs avaient l’habitude de nous donner des vêtements, des robes et des manteaux, que nous pouvions enfiler et porter sur-le-champ, et nous étions donc toujours bien habillées. Certains hivers, j’ai travaillé dans un bureau pendant deux mois. (...) En profitant des soldes, je pouvais m’acheter les vêtements dont j’avais besoin pour une année entière. Tout allait bien. Nous ne manquions jamais de rien.” Les biens matériels n’étaient pas le principal souci des colporteurs. Leur amour pour Jéhovah et pour ses voies était en eux comme un feu brûlant, et ils n’avaient qu’à l’exprimer.
Pour se loger, ils pouvaient louer une chambre modeste le temps qu’ils prêchaient dans les alentours. D’aucuns utilisaient une caravane, rien d’élaboré, juste une place pour dormir et pour manger. D’autres dormaient sous des tentes, tandis qu’ils voyageaient de lieu en lieu. Dans certains endroits, les frères organisaient des “camps de pionniers”. Des Témoins de la région prêtaient une maison, et quelqu’un était désigné pour s’en occuper. Les pionniers qui œuvraient dans cette région pouvaient y loger et contribuaient aux dépenses.
Ces serviteurs à plein temps ne permettaient pas que les gens semblables à des brebis soient privés de publications bibliques par manque d’argent. Ils échangeaient souvent leurs publications contre des pommes de terre, du beurre, des œufs, des fruits frais ou en conserve, des poulets, du savon, et quantité d’autres choses. Ils ne cherchaient pas à s’enrichir; c’était plutôt un moyen d’aider les personnes sincères à connaître le message du Royaume. Du même coup, ayant ainsi les choses nécessaires à la vie, ils pouvaient continuer leur ministère. Ils avaient confiance en la promesse de Jésus selon laquelle s’ils ‘continuaient à chercher d’abord le Royaume et la justice [de Dieu]’, la nourriture et le logement nécessaires leur seraient accordés. — Matthieu 6:33.
Désireux de servir où il y avait du besoin
Leur désir sincère d’accomplir l’œuvre que Jésus avait confiée à ses disciples a conduit les serviteurs à plein temps dans de nouveaux territoires, voire de nouveaux pays. Lorsqu’en 1931 Frank Rice a été invité à quitter l’Australie pour entreprendre la prédication de la bonne nouvelle à Java (aujourd’hui partie de l’Indonésie), il était dans le ministère à plein temps depuis dix ans. Dorénavant, il lui fallait s’habituer à de nouvelles coutumes et apprendre de nouvelles langues. Il pouvait donner le témoignage en anglais à certaines personnes dans les magasins et les bureaux, mais il voulait aussi prêcher à d’autres. Il a beaucoup étudié, et en trois mois il connaissait assez le néerlandais pour commencer à prêcher de maison en maison. Ensuite il a appris le malais.
Frank n’avait que 26 ans lorsqu’il est arrivé à Java, et il a œuvré seul une bonne partie des six années qu’il a passées dans ce territoire et à Sumatra. (Vers la fin de 1931, Clem Deschamp et Bill Hunter sont venus d’Australie pour l’aider dans cette œuvre. Ensemble, ils ont prêché à l’intérieur du pays, pendant que Frank parcourait la capitale et les alentours. Plus tard, Clem et Bill ont aussi été nommés dans des territoires séparés.) Il n’y avait pas de réunions auxquelles Frank aurait pu assister. Il se sentait parfois très seul, et à plusieurs reprises il a lutté contre l’envie de tout abandonner et de repartir en Australie. Mais il a persévéré. Comment a-t-il fait? La nourriture spirituelle contenue dans La Tour de Garde l’a aidé à s’affermir. En 1937, il a été envoyé en Indochine, où il a échappé de peu à la mort lors des violents soulèvements qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Il manifestait toujours ce désir de servir, lorsque, dans les années 70, il a écrit pour exprimer la joie qu’il retirait du fait que toute sa famille servait Jéhovah, et pour dire que sa femme et lui se préparaient à partir dans un territoire d’Australie où le besoin était grand.
‘Ils se confient en Jéhovah de tout leur cœur’
Claude Goodman était décidé à ‘se confier en Jéhovah de tout son cœur et à ne pas s’appuyer sur sa propre intelligence’; c’est pourquoi, en tant qu’évangélisateur, il a choisi le service de colporteur plutôt qu’une carrière dans les affaires (Prov. 3:5, 6). Accompagné de Ronald Tippin, qui l’avait aidé à connaître la vérité, il a été colporteur en Angleterre pendant plus d’un an. Puis, en 1929, ces deux frères se sont rendus disponibles pour aller en Indec. Ce n’était pas une mince affaire!
Les années suivantes, ils ont voyagé à pied, en train et en car, mais aussi en train de marchandises, en char à bœufs, à dos de chameau, en sampan, en pousse-pousse et même en avion et en train privé. Parfois ils étendaient leurs sacs de couchage dans la salle d’attente d’une gare, dans une étable, dans la jungle ou sur le sol plein de bouse d’une ferme, mais d’autres fois ils dormaient dans des hôtels luxueux ou dans le palais d’un radjah. Comme l’apôtre Paul, ils ont appris le secret du contentement, avec très peu de ressources comme dans l’abondance (Phil. 4:12, 13). Ils avaient généralement très peu, mais ils n’ont jamais manqué de ce dont ils avaient réellement besoin. Ils ont vu s’accomplir pour eux la promesse de Jésus selon laquelle, s’ils cherchaient d’abord le Royaume et la justice de Dieu, leurs besoins matériels seraient comblés.
Ils ont eu de graves accès de dengue, de paludisme et de typhoïde, mais leurs frères leur ont prodigué des soins empreints d’amour. Ils ont dû accomplir leur service dans les quartiers misérables des villes comme Calcutta, et donner le témoignage dans les plantations de thé des montagnes de Ceylan (l’actuel Sri Lanka). Pour combler les besoins spirituels des gens, ils leur offraient des publications, leur faisaient écouter des enregistrements dans les langues locales, et donnaient des discours. Comme l’œuvre progressait, Claude a aussi appris à se servir d’une presse et à s’occuper de l’œuvre dans des filiales de la Société.
Dans sa 87e année, il pouvait se pencher sur la vie riche d’expériences qu’il avait eue, en servant Jéhovah en Angleterre, en Inde, au Pakistan, à Ceylan, en Birmanie (l’actuel Myanmar), en Malaisie, en Thaïlande et en Australie. Célibataire, et plus tard mari et père, il a toujours mis le Royaume à la première place dans sa vie. Il a entrepris le service à plein temps moins de deux ans après son baptême et a décidé d’en faire sa carrière.
La puissance de Dieu rendue parfaite dans la faiblesse
Ben Brickell était lui aussi un Témoin zélé. Semblable à d’autres, ayant les mêmes besoins et les mêmes faiblesses, il était remarquable par sa foi. Il a commencé le service de colporteur en 1930, en Nouvelle-Zélande, et il a donné le témoignage dans des territoires qui n’ont plus été parcourus pendant des dizaines d’années. Deux ans plus tard, en Australie, il a entrepris une tournée de prédication de cinq mois à travers une région désertique dans laquelle aucun Témoin n’avait encore donné le témoignage. Sa bicyclette était lourdement chargée de couvertures, de linge, de nourriture et de livres à distribuer. Alors que d’autres hommes avaient péri en essayant de traverser cette région, il a persévéré, se reposant sur Jéhovah. Par la suite, il a servi en Malaisie, où il a eu de graves ennuis cardiaques. Il n’a pas renoncé pour autant. Après une période de repos, il a repris son activité de prédicateur à plein temps en Australie. Une dizaine d’années plus tard, une maladie grave l’a contraint à entrer à l’hôpital, et à sa sortie le médecin lui a reconnu “une incapacité de travail à 85 %”. Il ne pouvait même plus descendre dans la rue pour faire ses courses sans s’arrêter en cours de route pour se reposer.
Mais Ben Brickell était résolu à reprendre ses activités, et il y est parvenu, tout en se reposant lorsque c’était nécessaire. Bientôt il est reparti prêcher dans l’arrière-pays australien au relief accidenté. Il a fait ce qu’il fallait pour se soigner, mais son service pour Jéhovah a été sa principale préoccupation jusqu’à sa mort, 30 ans plus tard, à l’âge de 65 ans environd. Il reconnaissait que les déficiences dues à sa faiblesse étaient compensées par la puissance de Jéhovah. Lors d’une assemblée à Melbourne, en 1969, il se tenait au stand des pionniers et portait au revers de sa veste un gros badge sur lequel on lisait: “Pour tout renseignement sur le service de pionnier, interrogez-moi.” — Voir 2 Corinthiens 12:7-10.
Ils atteignent les villages dans la jungle et les camps de mineurs dans la montagne
Le zèle pour le service de Jéhovah a incité des hommes, mais aussi des femmes, à prêcher dans des territoires vierges. Freida Johnson, une chrétienne ointe, était plutôt petite et âgée d’une cinquantaine d’années. Elle s’est déplacée seule dans plusieurs régions d’Amérique centrale, parcourant à cheval la côte nord du Honduras. Il fallait avoir la foi pour prêcher seule dans cette région, visiter les bananeraies éloignées, les villes de La Ceiba, Tela et Trujillo, et les lointains villages caraïbes isolés. Elle a donné le témoignage dans ce pays en 1930 et en 1931, puis en 1934, et enfin en 1940 et en 1941. Elle y a laissé des milliers de publications exposant les vérités bibliques.
Dans ces années-là, une autre prédicatrice zélée a débuté dans le ministère à plein temps. Il s’agissait de Kathe Palm, originaire d’Allemagne. C’est l’assemblée de 1931 à Columbus (Ohio), assemblée au cours de laquelle les Étudiants de la Bible ont adopté le nom de Témoins de Jéhovah, qui l’a poussée à l’action. Elle a alors décidé de chercher d’abord le Royaume, et c’est ce qu’elle faisait encore en 1992, à l’âge de 89 ans.
Elle a entrepris le service de pionnier à New York. Par la suite, dans le Dakota du Sud, elle a eu une compagne pendant quelques mois, puis elle a continué seule, voyageant à cheval. Quand on l’a invitée à se rendre en Amérique du Sud, en Colombie, elle a accepté aussitôt et y est arrivée vers la fin de l’année 1934. Une fois encore, elle a eu une compagne pendant quelques mois, puis elle s’est retrouvée seule. Cela ne l’a pas fait renoncer.
Un couple l’a invitée à le rejoindre au Chili. C’était un autre vaste territoire, qui s’étendait sur 4 265 kilomètres le long de la côte ouest du continent sud-américain. Après avoir prêché dans les quartiers d’affaires de la capitale, elle est partie plus au nord. Elle a donné le témoignage de porte en porte dans chaque camp de mineurs, dans chaque ville, grande ou petite, qui dépendait d’une compagnie minière. Les ouvriers qui travaillaient dans les Andes étaient surpris de voir une femme seule leur rendre visite, mais elle était déterminée à ne négliger aucun des territoires qui lui avaient été confiés. Plus tard, elle est allée dans le sud, où quelques estancias s’étendaient sur 100 000 hectares. Les gens étaient amicaux et hospitaliers et l’invitaient à leur table au moment des repas. Ainsi et de bien d’autres façons, Jéhovah a pris soin d’elle pour qu’elle ait ce qu’il lui fallait pour vivre.
Elle a passé sa vie à prêcher la bonne nouvelle du Royaumee. Pensant à toutes ses années de service, elle a dit: “J’ai le sentiment d’avoir vécu une vie très riche. Chaque année, aux assemblées du peuple de Dieu, j’éprouve une vive satisfaction à la vue des personnes, nombreuses, avec lesquelles j’ai étudié la Bible, et qui publient à présent la bonne nouvelle et aident les autres à venir aux eaux de la vie.” Elle a eu la joie de voir le nombre des adorateurs de Jéhovah au Chili passer d’environ 50 à plus de 44 000.
“Me voici! Envoie-moi”
Martin Poetzinger, un Allemand, s’est fait baptiser après avoir entendu un discours dont le thème était l’invitation à servir Jéhovah lancée en Ésaïe 6:8 et la réponse positive du prophète: “Me voici! Envoie-moi.” Deux ans plus tard, en 1930, il a entrepris le ministère à plein temps en Bavièref. Quelque temps après, le gouvernement a interdit la prédication des Témoins, fermé les lieux de réunion et confisqué les publications. La Gestapo était menaçante. Cependant, tous ces événements survenus en 1933 n’ont pas amené frère Poetzinger à mettre un terme à son ministère.
Il a été invité à poursuivre son activité en Bulgarie. Les Témoins utilisaient alors des cartes de témoignage en bulgare pour présenter les publications bibliques. Toutefois, de nombreuses personnes étaient illettrées. Frère Poetzinger a donc pris des leçons pour apprendre leur langue, qui utilisait l’alphabet cyrillique. Lorsque des publications étaient laissées à une famille, il fallait souvent que les enfants les lisent à leurs parents.
Frère Poetzinger a été seul une bonne partie de la première année et il a écrit: “Au Mémorial, j’ai prononcé le discours, prié et conclu la réunion moi-même.” En 1934, les étrangers ont été expulsés; il est donc allé en Hongrie. Là encore, il lui a fallu apprendre une nouvelle langue pour prêcher. De Hongrie, il est parti dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie.
Il a gardé de nombreux et heureux souvenirs: la découverte de personnes qui aiment la vérité tandis qu’il traversait la campagne et les villages, le sac à dos chargé de publications; la façon dont Jéhovah a veillé sur lui par l’intermédiaire de gens hospitaliers qui lui offraient un repas et même un lit pour la nuit; les discussions tardives avec ceux qui venaient à son logement pour en entendre davantage sur le message réconfortant du Royaume.
Sa foi a aussi été durement éprouvée. Alors qu’il servait à l’étranger et qu’il n’avait pas d’argent, il est tombé gravement malade. Aucun médecin n’acceptait de venir le voir. Mais Jéhovah a pourvu. Comment? Le médecin-chef de l’hôpital local a été appelé. Cet homme, qui croyait fermement en la Bible, a soigné frère Poetzinger comme il l’aurait fait pour son fils, sans demander d’honoraires. Le médecin était impressionné par l’esprit de sacrifice que reflétait l’œuvre effectuée par ce jeune homme, et il a accepté en cadeau un éventail des publications de la Société.
Martin Poetzinger a subi encore une dure épreuve quatre mois après son mariage. Il a été arrêté en décembre 1936 et enfermé dans un premier camp de concentration, puis dans un autre, pendant que sa femme était détenue dans un troisième. Ils ne se sont pas vus pendant neuf ans. Jéhovah n’a pas empêché cette cruelle persécution, mais il a fortifié Martin, sa femme Gertrud, ainsi que des milliers d’autres, pour qu’ils la supportent.
Après que sa femme et lui ont été libérés, frère Poetzinger a été surveillant itinérant pendant plusieurs années en Allemagne. Il a assisté à l’extraordinaire assemblée qui s’est tenue après la guerre, sur l’ancienne esplanade utilisée par Hitler, à Nuremberg. En cette circonstance, l’esplanade était remplie de fidèles sujets du Royaume de Dieu. Il était présent aux inoubliables assemblées tenues dans le Yankee Stadium de New York. Il a pleinement tiré profit de sa formation à Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower. Puis, en 1977, il est devenu membre du Collège central des Témoins de Jéhovah. Sa conduite jusqu’à ce qu’il achève sa course terrestre, en 1988, peut se résumer ainsi: ‘Il est une chose que je fais, chercher d’abord le Royaume.’
Ils apprennent ce que cela signifie vraiment
L’esprit de sacrifice n’est sans doute pas quelque chose de nouveau chez les Témoins de Jéhovah. Lorsque le premier volume de L’Aurore du Millénium est paru en 1886, la question de la consécration (ou, comme on dit maintenant, de l’offrande de soi) était examinée avec franchise. Il était expliqué que, d’après les Écritures, les véritables chrétiens doivent “consacrer” toutes choses à Dieu; cela comprend leurs capacités, leurs biens, leur vie même. Les chrétiens deviennent ainsi les intendants de ce qui est “consacré” à Dieu, et, en tant que tels, ils ont des comptes à rendre non pas aux hommes, mais à Dieu.
Un nombre croissant d’Étudiants de la Bible donnaient vraiment d’eux-mêmes dans le service de Dieu. Ils vouaient tous leurs talents, leurs biens, leur énergie vitale, à l’accomplissement de sa volonté. En revanche, d’autres pensaient qu’il était plus important de cultiver ce qu’ils appelaient le caractère chrétien, afin de se qualifier pour avoir part au Royaume avec Christ.
Bien que Charles Russell ait souvent parlé de la responsabilité de chaque chrétien de donner à autrui le témoignage relatif au Royaume de Dieu, celle-ci a davantage été mise en valeur après la Première Guerre mondiale. L’article “Caractère ou alliance”, paru dans La Tour de Garde de juillet 1926, en est un exemple frappant. Il démontrait sans ambages les conséquences nuisibles de ce qu’on appelait le développement du caractère et soulignait ensuite l’importance de s’acquitter de ses obligations envers Dieu par des actes.
Un peu plus tôt, La Tour de Garde de janvier 1921 (1er juillet 1920 en anglais) avait analysé la grande prophétie de Jésus relative au ‘signe de son avènement et de la fin du monde’. (Mat. 24:3, Sg.) Elle avait attiré l’attention sur l’œuvre de prédication qui devait être effectuée en accomplissement de la prophétie de Matthieu 24:14 et avait précisé la nature du message à proclamer, en ces termes: “La bonne nouvelle concerne ici la fin de l’ancien ordre de choses et l’instauration du royaume du Messie.” La Tour de Garde expliquait que, selon les déclarations de Jésus relatives à d’autres éléments du signe, cette œuvre devait être accomplie “pendant l’intervalle compris entre la grande guerre mondiale [la Première] et la ‘grande tribulation’ mentionnée par le Maître en Matthieu 24:21, 22”. Cette œuvre était urgente. Qui l’accomplirait?
Manifestement, cette responsabilité incombait aux membres de “l’église”, la congrégation des véritables chrétiens. Toutefois, La Tour de Garde de novembre 1932 (1er août en anglais) leur a conseillé d’encourager “la classe de Jonadab” à participer à cette œuvre avec eux, en accord avec l’esprit de Révélation 22:17. La classe de Jonadab, ceux qui espèrent vivre éternellement dans le Paradis terrestre, a répondu à cette invitation, et beaucoup l’ont fait avec zèle.
L’importance capitale de cette œuvre a été accentuée: “Il est tout aussi nécessaire de collaborer au service du Seigneur que d’assister à une réunion”, disait La Tour de Garde en 1921. “Chacun doit être un prédicateur de l’Évangile”, lisait-on en 1922. “Jéhovah a fait de la prédication l’œuvre la plus importante qu’aucun de nous puisse accomplir en ce monde”, ajoutait celle de 1950. La déclaration de Paul en 1 Corinthiens 9:16 a souvent été citée: “Une nécessité (...) m’est imposée. Oui, malheur à moi si je n’annonce pas la bonne nouvelle!” Ce verset s’applique à chaque Témoin de Jéhovah.
Combien sont-ils à prêcher? Dans quelle mesure? Pourquoi?
Certains sont-ils obligés de s’engager dans cette œuvre contre leur volonté? “Non, a répondu La Tour de Garde dans son numéro de mars 1920; personne n’est obligé de faire quoi que ce soit. C’est un service purement volontaire, accompli par amour pour le Seigneur et sa juste cause. Jéhovah ne force jamais personne.” À propos des mobiles qui poussent à accomplir ce service, La Tour de Garde du 1er septembre 1922 (en anglais) disait aussi: “Celui dont le cœur est rempli de gratitude et qui apprécie ce que Dieu a fait pour lui voudra faire quelque chose en retour; plus profonde sera sa gratitude pour la bonté de Dieu à son égard, plus grand sera son amour; et plus grand sera son amour, plus vif sera son désir de le servir.” L’article expliquait qu’on démontre son amour pour Dieu en observant ses commandements, et l’un de ces commandements est de prêcher l’heureuse nouvelle du Royaume de Dieu. — És. 61:1, 2; 1 Jean 5:3.
Ceux qui entreprennent cette activité ne sont pas guidés par l’ambition propre au monde. On leur dit franchement que lorsqu’ils iront de maison en maison ou aux coins des rues présenter des publications, ils seront considérés comme “fous, faibles et indignes”, qu’ils seront “méprisés, persécutés”, et comptés comme des gens “de peu d’importance” du point de vue du monde. Mais ils savent que Jésus et ses premiers disciples ont été aussi traités de la sorte. — Jean 15:18-20; 1 Cor. 1:18-31.
Les Témoins de Jéhovah pensent-ils qu’ils gagneront le salut par leur prédication? Pas du tout! Le livre Unis dans le culte du seul vrai Dieu, qui est utilisé depuis 1983 pour aider les étudiants de la Bible à progresser vers la maturité chrétienne, aborde cette question. Il dit: “Le sacrifice de Jésus nous a également ouvert la porte de la vie éternelle (...). Nous ne gagnons pas le droit à cette récompense. Quoi que nous fassions dans le service de Jéhovah, nous ne pourrons jamais accumuler des mérites tels que Dieu nous devra la vie. Non, la vie éternelle est ‘le don que donne Dieu (...) par Christ Jésus notre Seigneur’. (Rom. 6:23; Éph. 2:8-10.) Toutefois, si nous avons foi dans ce don et si nous nous montrons pleins de gratitude pour la façon dont il a été rendu possible, nous le manifesterons. Si nous comprenons de quelle manière merveilleuse Jéhovah s’est servi de son Fils pour accomplir sa volonté et à quel point il est vital que nous imitions tous attentivement Jésus, nous ferons du ministère chrétien la chose la plus importante de notre vie.”
Peut-on dire que tous les Témoins de Jéhovah sont des prédicateurs du Royaume? Oui! C’est ce que signifie être Témoin de Jéhovah. Il y a plus d’un demi-siècle, certains pensaient qu’il n’était pas nécessaire de participer à la prédication, que ce soit en public ou de maison en maison. Mais aujourd’hui aucun Témoin ne prétend être dispensé de cette activité en raison de sa position dans la congrégation locale ou dans l’organisation mondiale. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes y participent. Pour eux, c’est un honneur et un service sacré. Beaucoup prêchent en dépit de graves infirmités. Et quant à ceux qui sont physiquement incapables d’aller de maison en maison, ils trouvent d’autres moyens de toucher les gens et de leur donner le témoignage.
Dans le passé, on avait parfois tendance à laisser les nouveaux prêcher trop tôt. Mais ces dernières années, on a insisté sur le fait qu’ils devaient remplir les conditions requises avant d’y être invités. Qu’est-ce que cela signifie? Cela ne veut pas dire qu’ils doivent être capables de tout expliquer dans la Bible. Mais, comme le livre Organisés pour bien remplir notre ministère le montre, ils doivent connaître les enseignements fondamentaux de la Bible et y croire. Il leur faut aussi mener une vie pure, en harmonie avec les principes bibliques, et vouloir vraiment devenir Témoins de Jéhovah.
On ne s’attend pas à ce que tous les Témoins prêchent le même nombre d’heures. La situation de chacun est différente. L’âge, la santé, les responsabilités familiales, ainsi que la profondeur de leur reconnaissance sont autant de facteurs. Ce fait a toujours été reconnu. La Tour de Garde du 1er juin 1951 (1er décembre 1950 en anglais) a mis l’accent sur ce point lorsqu’elle a parlé de la “bonne terre” de la parabole du semeur que Jésus a donnée en Luc 8:4-15. Le cours de l’École du ministère du Royaume, préparé pour les anciens en 1972, analysait la nécessité de ‘servir Jéhovah de toute son âme’ et expliquait que “ce qui compte n’est pas l’importance du service accompli par quelqu’un comparé à celui d’un autre, mais plutôt de faire ce que l’on peut”. (Marc 14:6-8.) Toutefois, encourageant une analyse personnelle sérieuse, il montrait que, du fait de notre amour, “toutes les parties de notre personne sont impliquées dans le service plein d’amour que nous offrons à Dieu; aucune fonction, aucune faculté ni aucun désir de notre personne ne doit être exclu”. Nous devons faire appel à toutes nos facultés, toute notre âme, pour faire la volonté de Dieu. Le manuel soulignait ceci: “Dieu exige non pas une simple participation, mais un service accompli de toute notre âme.” — Marc 12:30.
Malheureusement, les humains imparfaits ont tendance à passer d’un extrême à l’autre, à insister sur une chose et à en négliger une autre. C’est pourquoi, dès 1906, frère Russell a jugé utile de préciser que faire preuve d’esprit de sacrifice, ce n’était pas sacrifier les autres. Il ne fallait pas que quelqu’un néglige sa femme, ses enfants ou ses parents âgés afin de se libérer pour prêcher à autrui. Depuis lors, les publications de la Société contiennent de temps à autre des rappels semblables.
Peu à peu, avec l’aide de la Parole de Dieu, l’organisation tout entière s’est efforcée de parvenir à l’équilibre chrétien: être zélé pour le service de Dieu tout en accordant une attention suffisante à tous les aspects du véritable christianisme. Si le “développement du caractère” repose sur une mauvaise interprétation, La Tour de Garde a montré qu’il ne faut toutefois pas minimiser l’importance des fruits de l’esprit et d’une conduite chrétienne. En 1942, La Tour de Garde a dit fort à propos: “Certains en ont conclu à la légère que dans la mesure où ils participaient à l’œuvre de témoignage de maison en maison, ils pouvaient en toute impunité donner libre cours à leurs envies. Chacun devrait se rappeler qu’il ne suffit pas de participer à cette œuvre de témoignage.” — 1 Cor. 9:27.
La priorité
Les Témoins de Jéhovah ont fini par comprendre que ‘rechercher d’abord le Royaume et la justice de Dieu’, c’est accorder la priorité aux choses les plus importantes. Cela implique accorder à l’étude individuelle de la Parole de Dieu la place qui lui revient, assister régulièrement aux réunions de la congrégation et ne permettre à rien d’empiéter sur ces activités. Il faut donc prendre des décisions qui reflètent le désir sincère de se conformer aux exigences du Royaume de Dieu, telles qu’elles sont exposées dans la Bible. Cela suppose aussi qu’il faut fonder sur la Bible ses décisions concernant la vie de famille, les divertissements, l’instruction scolaire, l’emploi, les affaires commerciales et les relations avec son prochain.
Chercher d’abord le Royaume, ce n’est pas simplement passer chaque mois quelques heures à parler à autrui du dessein divin. C’est accorder aux intérêts du Royaume la première place dans sa vie, tout en s’acquittant avec soin de ses autres obligations bibliques.
Les Témoins de Jéhovah peuvent promouvoir les intérêts du Royaume de diverses manières.
Le privilège de servir au Béthel
Certains sont membres de la famille internationale du Béthel. Il s’agit de ministres à plein temps qui se portent volontaires pour accomplir n’importe quelle tâche qui leur est confiée en rapport avec la préparation et la publication d’ouvrages bibliques, les services administratifs et l’entretien de la famille du Béthel. Dans cette œuvre ils n’acquièrent ni position ni biens. Ils désirent honorer Jéhovah et se contentent des dispositions prises pour eux en matière de nourriture et de logement, et d’une petite somme d’argent en remboursement de leurs frais. Par leur mode de vie, les membres de la famille du Béthel sont assimilés, entre autres par les autorités américaines, aux membres d’un ordre religieux qui ont fait vœu de pauvreté. Les chrétiens servant au Béthel trouvent leur joie à vouer leur vie entière au service de Jéhovah et à faire un travail qui profite à un grand nombre de leurs frères et aux personnes qui s’intéressent à la vérité, parfois à l’échelle internationale. Comme les autres Témoins de Jéhovah, ils prêchent aussi régulièrement.
Au départ, la famille du Béthel (ou la famille de la Maison de la Bible, comme on disait alors) se trouvait à Allegheny (Pennsylvanie). En 1896, elle comptait 12 membres. En 1992, elle en comptait plus de 12 900, qui servaient dans 99 pays. En outre, quand il n’y a pas assez de chambres dans les locaux de la Société pour les loger, des centaines d’autres volontaires font chaque jour le déplacement pour travailler au Béthel et dans les imprimeries. Participer aux tâches qui y sont accomplies est pour eux un privilège. Par ailleurs, des milliers de Témoins se proposent de quitter leur emploi et leurs autres activités pendant des périodes de temps plus ou moins longues, afin d’aider à la construction de bâtiments dont la Société a besoin pour que la bonne nouvelle du Royaume soit prêchée partout.
Beaucoup de membres de la famille internationale du Béthel ont fait de ce service leur carrière. Lorsqu’il est devenu le quatrième président de la Société Watch Tower, en 1977, Frederick Franz était déjà membre de la famille du Béthel depuis 57 ans. Il a servi encore 15 ans au Béthel, jusqu’à sa mort en 1992. Heinrich Dwenger a commencé son activité au Béthel d’Allemagne en 1911; par la suite, il a servi humblement partout où on lui a demandé de le faire. En 1983, l’année de sa mort, il était toujours membre de la famille du Béthel à Thoune, en Suisse. En 1924, George Phillips, un Écossais, a accepté d’être envoyé au bureau de la filiale d’Afrique du Sud (quand ce dernier dirigeait la prédication au Kenya depuis la ville du Cap) et il est demeuré dans ce pays jusqu’à sa mort en 1982 (à ce moment-là, il y avait sept filiales et quelque 160 000 Témoins de Jéhovah dans cette partie du continent africain). Des chrétiennes comme Kathryn Bogard, Grace DeCecca, Irma Friend, Alice Berner et Mary Hannan ont elles aussi servi durant toute leur vie au Béthel, faisant ce qui est droit jusqu’à la fin. Beaucoup d’autres servent également au Béthel depuis 10, 30, 50, 70 ans et plusg.
Les surveillants itinérants font preuve d’abnégation
Dans le monde entier, on compte quelque 3 900 surveillants de circonscription et de district qui, avec leurs femmes, effectuent leur service partout où c’est nécessaire, généralement dans leur pays. Beaucoup ont quitté leur maison et se déplacent maintenant chaque semaine, ou à intervalles de plusieurs semaines, pour desservir les congrégations qui leur sont confiées. Ils ne perçoivent pas de salaire, mais ils acceptent avec gratitude la nourriture et le logement qui leur sont offerts, et reçoivent une petite somme en remboursement de leurs frais. En 1992, aux États-Unis, où servent 499 surveillants de district et de circonscription, la moyenne d’âge de ces itinérants, tous anciens, était de 54 ans, et certains accomplissaient ce service depuis 30 ans, 40 ans ou plus. Dans bon nombre de pays, ces surveillants se déplacent en voiture. Dans les territoires du Pacifique, il leur faut souvent voyager en avion ou en bateau. Dans certains endroits, il n’est pas rare que les surveillants de circonscription se rendent dans les congrégations isolées à cheval ou même à pied.
Les pionniers spéciaux comblent un besoin important
Afin d’inaugurer la prédication de la bonne nouvelle dans des régions où il n’y a pas encore de Témoins, ou pour apporter une aide là où le besoin est particulièrement grand, le Collège central prend des dispositions pour y envoyer des pionniers spéciaux. Ce sont des évangélisateurs à plein temps qui consacrent au moins 140 heures par mois à la prédication. Ils sont disposés à servir partout où c’est nécessaire dans leur pays, ou parfois dans un pays voisin. Leur service ne leur laissant que peu de temps, voire pas du tout, ils ne peuvent occuper un emploi afin de subvenir à leurs besoins; ils reçoivent donc une petite somme en remboursement de leur loyer et autres dépenses nécessaires. En 1992, on comptait plus de 14 500 pionniers spéciaux dans le monde.
Lorsque les premiers pionniers spéciaux ont commencé leur service en 1937, ils ont inauguré l’œuvre consistant à faire entendre des enregistrements de discours bibliques sur le pas de la porte des maisons, et à utiliser les disques pour engager des discussions lors des nouvelles visites. Cette activité a eu lieu dans des grandes villes où il y avait déjà des Témoins. Au bout de quelques années, les pionniers spéciaux ont commencé à être envoyés surtout dans des territoires vierges ou dans des congrégations qui avaient un grand besoin d’aide. Grâce à leur travail efficace, des centaines de congrégations ont vu le jour.
Au lieu de parcourir un territoire puis de se déplacer dans un autre, ils rendaient visite à plusieurs reprises aux habitants d’une région donnée, entretenaient l’intérêt pour le message et dirigeaient des études bibliques. Des réunions étaient organisées pour les personnes qui s’intéressaient à la vérité. Ainsi, au Lesotho, en Afrique australe, dès la première semaine de son arrivée, un pionnier spécial a invité toutes les personnes qu’il rencontrait à venir voir comment les Témoins de Jéhovah dirigent l’École du ministère théocratique. Sa famille et lui ont assuré le programme en entier. Puis il a invité tous les assistants à l’étude de La Tour de Garde. Le premier élan de curiosité passé, 30 personnes ont continué de venir à l’étude de La Tour de Garde, et 20 personnes en moyenne assistaient à l’école. Dans les pays où les missionnaires formés à l’École de Galaad ont fortement contribué à faire connaître la bonne nouvelle, on a observé un accroissement plus rapide lorsque des Témoins indigènes ont commencé à se qualifier pour entreprendre le service de pionnier spécial. Ils étaient souvent plus efficaces auprès des gens du pays.
En plus de ces prédicateurs zélés, des centaines de milliers d’autres Témoins de Jéhovah soutiennent énergiquement la cause du Royaume. On trouve parmi eux des jeunes et des moins jeunes, des hommes et des femmes, des gens mariés et des célibataires. Les pionniers permanents consacrent à la prédication un minimum de 90 heures par mois; les pionniers auxiliaires, au moins 60. Ils choisissent l’endroit où ils aimeraient prêcher. La plupart d’entre eux collaborent avec des congrégations bien établies; certains se déplacent dans des territoires isolés. Ils subviennent à leurs besoins en occupant un emploi, ou grâce au soutien des membres de leur famille. En 1992, plus de 914 500 Témoins étaient pionniers permanents ou pionniers auxiliaires une partie de l’année.
Des écoles avec des objectifs particuliers
Des écoles ont été créées pour former des volontaires en vue de certains services. Par exemple, depuis 1943, l’École de Galaad a formé des milliers de ministres expérimentés pour l’œuvre missionnaire, et des diplômés de cette école ont été envoyés dans toutes les parties de la terre. En 1987, l’École de formation ministérielle a été mise en place pour répondre à des besoins particuliers en rapport avec l’attention à accorder aux congrégations et d’autres responsabilités. Cette école organise des cours en différents endroits, ce qui réduit le déplacement des étudiants vers un lieu central et supprime la nécessité d’apprendre une autre langue pour en bénéficier. Tous ceux qui sont invités à cette école sont des anciens ou des serviteurs ministériels ayant démontré qu’ils cherchaient vraiment d’abord le Royaume. Beaucoup sont disposés à servir dans d’autres pays. Ils manifestent le même état d’esprit que le prophète Ésaïe, qui a dit: “Me voici! Envoie-moi.” — És. 6:8.
Pour aider ceux qui sont déjà pionniers permanents ou spéciaux à devenir plus efficaces, l’École pour les pionniers a été ouverte en 1977. Dans la mesure du possible, cette école a lieu dans chaque circonscription du monde entier. Tous les pionniers sont invités à assister à ces cours qui durent deux semaines. Depuis lors, petit à petit, tous les pionniers qui ont achevé leur première année de service ont reçu la même formation. En 1992, aux États-Unis, quelque 100 000 pionniers avaient été formés par cette école, et plus de 10 000 le sont chaque année. Près de 55 000 autres pionniers ont été formés au Japon, 38 000 au Mexique, 25 000 au Brésil, et 25 000 en Italie. Outre ces cours, les pionniers bénéficient d’une réunion spéciale avec le surveillant de circonscription lors de sa visite semestrielle dans chaque congrégation et d’une session spéciale de formation avec les surveillants de circonscription et de district lors de l’assemblée de circonscription. Ainsi, la grande armée des prédicateurs du Royaume qui œuvrent comme pionniers sont non seulement des volontaires, mais aussi des ministres bien formés.
Ils servent où le besoin est grand
Des milliers de Témoins de Jéhovah, pionniers ou non, se sont rendus disponibles pour servir dans leur région, et aussi dans d’autres, où il y a un grand besoin de prédicateurs de la bonne nouvelle. Chaque année, des milliers passent quelques semaines ou quelques mois, selon leurs possibilités, dans des régions souvent éloignées de chez eux pour donner le témoignage à des gens qui ne reçoivent pas régulièrement la visite des Témoins de Jéhovah. Des milliers ont déménagé pour apporter leur aide pendant un certain temps. Beaucoup sont mariés, certains ont des enfants. Ils se sont déplacés, souvent non loin de chez eux, mais certains l’ont fait plusieurs fois au fil des années. Bon nombre de ces Témoins zélés entreprennent le service à l’étranger, certains pendant quelques années, d’autres de façon permanente. Ils acceptent n’importe quel travail pour subvenir à leurs besoins et déménagent à leurs propres frais. Leur seul désir est de participer autant que faire se peut à la propagation du message du Royaume.
Il arrive qu’une famille doive déménager à cause de l’emploi du père qui n’est pas Témoin. Toutefois, les membres de cette famille qui sont Témoins peuvent saisir l’occasion de répandre le message du Royaume. Tel a été le cas, à la fin des années 70, de deux sœurs des États-Unis qui se sont retrouvées dans un camp en pleine jungle, au Suriname. Deux fois par semaine, elles se levaient à 4 heures du matin, empruntaient un car de la compagnie pour un rude trajet d’une heure afin de rejoindre un village où elles passaient la journée à prêcher. Au bout de quelque temps, elles dirigeaient chaque semaine 30 études de la Bible avec des personnes affamées de vérité. Aujourd’hui, il existe une congrégation dans cette partie de la forêt tropicale où la vérité n’avait pas encore pénétré.
Ils saisissent toutes les occasions de donner le témoignage
Bien sûr, tous les Témoins ne vont pas dans d’autres pays ni même dans d’autres villes pour accomplir leur ministère. Tous ne sont pas dans une situation qui leur permet d’être pionniers. Néanmoins, ils prennent tous à cœur l’injonction biblique de fournir “tout effort soutenu” et d’avoir “beaucoup de travail dans l’œuvre du Seigneur”. (2 Pierre 1:5-8; 1 Cor. 15:58.) Ils montrent qu’ils cherchent d’abord le Royaume lorsqu’ils font passer ses intérêts avant le travail et les divertissements. Ceux dont le cœur est rempli de gratitude envers le Royaume participent régulièrement à la prédication, autant que leur situation le leur permet, et beaucoup apportent des changements dans leur vie pour faire plus. Ils sont aussi constamment aux aguets afin de saisir toutes les occasions de rendre témoignage au Royaume devant autrui.
Par exemple, John Furgala, propriétaire d’une quincaillerie à Guayaquil, en Équateur, avait installé dans son magasin un étalage attrayant sur lequel il exposait des publications bibliques. Pendant que son vendeur était occupé à préparer la commande pour un client, John donnait le témoignage à ce dernier.
Au Nigeria, un Témoin zélé, qui subvenait aux besoins de sa famille en exerçant le métier d’électricien, était décidé à profiter de ses relations dans le cadre du travail pour donner le témoignage. Comme il était à son compte, il a décidé de programmer ses activités. Chaque matin, avant le travail, il réunissait sa femme, ses enfants, ses employés et ses apprentis pour l’examen du texte biblique de la journée ainsi que la lecture de faits de prédication rapportés dans l’Annuaire des Témoins de Jéhovah. Au début de chaque année, il donnait à ses clients un exemplaire du calendrier de la Société Watch Tower et deux périodiques. À la suite de cela, plusieurs de ses employés et de ses clients se sont joints à lui dans le culte de Jéhovah.
De nombreux Témoins de Jéhovah ont le même état d’esprit. Quoi qu’ils fassent, ils recherchent constamment des occasions de faire connaître à autrui la bonne nouvelle.
Une grande armée de joyeux prédicateurs à plein temps
Au fil des années, le zèle des Témoins de Jéhovah pour la prédication ne s’est pas refroidi. Certes, beaucoup de gens leur disent assez fermement que cela ne les intéresse pas, mais un grand nombre sont reconnaissants aux Témoins de les avoir aidés à comprendre la Bible. Les Témoins de Jéhovah sont déterminés à poursuivre cette œuvre jusqu’à ce que Jéhovah leur fasse clairement comprendre qu’elle est achevée.
Loin de s’affaiblir, l’organisation mondiale des Témoins de Jéhovah a intensifié son activité de prédication. En 1982, le rapport mondial montrait que 384 856 662 heures avaient été consacrées à la prédication. Dix ans plus tard (en 1992), ce sont 1 024 910 434 heures qui ont été passées dans cette activité. À quoi est due cette augmentation?
Il est vrai que les Témoins sont plus nombreux, mais cet accroissement n’est pas proportionnel à celui des heures. Pendant cette période, alors que le nombre des Témoins a augmenté de 80 %, celui des pionniers a fait un bond de 250 %. Chaque mois, en moyenne, près de 1 Témoin de Jéhovah sur 7 a participé à une forme ou à une autre du service à plein temps.
Qui figure dans les rangs des pionniers? En République de Corée, par exemple, de nombreux Témoins sont des femmes mariées. Leurs responsabilités familiales ne permettent pas à toutes d’être pionnières en permanence, mais beaucoup mettent à profit les longues vacances scolaires d’hiver pour être pionnières auxiliaires. Cela explique le fait que 53 % des Témoins de ce pays étaient engagés dans une forme ou une autre du service à plein temps en janvier 1990.
Au début, c’est le zèle et l’esprit pionnier des Témoins philippins qui leur a permis de faire connaître le message du Royaume dans les centaines d’îles habitées des Philippines. Ce zèle est encore plus manifeste depuis. En 1992, aux Philippines, chaque mois 22 205 proclamateurs en moyenne étaient pionniers. Parmi eux, beaucoup de jeunes ont choisi de ‘se souvenir de leur Créateur’ et de mettre la vigueur de leur jeunesse à son service (Eccl. 12:1). Après avoir effectué ce service pendant une dizaine d’années, l’un de ces jeunes a dit: “J’ai appris à être patient, à mener une vie simple, à me reposer sur Jéhovah et à être humble. Il est vrai que j’ai eu aussi des difficultés et des moments de découragement, mais tout cela n’est rien comparé aux bienfaits que m’a procurés le service de pionnier.”
En avril et en mai 1989, La Tour de Garde a démasqué Babylone la Grande, c’est-à-dire la fausse religion sous les formes multiples qu’elle revêt dans le monde. Ces articles ont été publiés simultanément en 39 langues et ont été largement diffusés. Au Japon, où souvent plus de 40 % des proclamateurs sont pionniers, on a recensé un nouveau maximum de 41 055 pionniers auxiliaires en avril de cette année-là. À Takatsuki (préfecture d’Osaka), 73 des 77 proclamateurs de la congrégation d’Otsuka étaient engagés dans une forme ou une autre du service de pionnier ce mois-là. Le 8 avril, jour où tous les proclamateurs du Japon avaient été encouragés à participer à la diffusion de ce message capital, des centaines de congrégations, comme celle d’Ushioda, à Yokohama, ont pris des dispositions pour que la prédication ait lieu dans la rue et de maison en maison, de 7 heures à 20 heures, afin de rencontrer le plus de gens possible dans cette région.
Comme partout ailleurs, les Témoins de Jéhovah du Mexique travaillent pour gagner leur vie. Néanmoins, chaque mois en 1992, 50 095 Témoins en moyenne se sont organisés pour être pionniers et aider les gens désireux de connaître le Royaume de Dieu. Dans certaines familles, tous les membres ont coopéré pour permettre à tous, ou au moins à quelques-uns d’entre eux, d’être pionniers. Leur ministère a été productif. En 1992, les Témoins de Jéhovah du Mexique ont dirigé régulièrement plus de 502 017 études bibliques individuelles ou familiales à domicile.
Pour procurer aux congrégations des Témoins de Jéhovah ce dont elles ont besoin, les anciens assument de lourdes responsabilités. Au Nigeria, comme dans bien d’autres pays, la plupart des anciens sont pères de famille. Cependant, outre qu’ils préparent et dirigent les réunions de la congrégation tout en faisant paître le troupeau de Dieu, certains pères de famille sont aussi pionniers. Comment est-ce possible? Un bon emploi du temps et la coopération familiale sont des facteurs importants.
Il ressort que, partout dans le monde, les Témoins de Jéhovah ont pris à cœur ce conseil de Jésus: ‘Continuez à chercher d’abord le Royaume.’ (Mat. 6:33). Ce qu’ils font est l’expression sincère de leur amour pour Jéhovah et montre qu’ils reconnaissent sa souveraineté. À l’instar du psalmiste David, ils déclarent: “Je t’exalterai, ô mon Dieu, le Roi, et je bénirai ton nom pour des temps indéfinis, oui, pour toujours.” — Ps. 145:1.
[Notes]
a La Tour de Garde du 15 août 1906 (angl.), pp. 267-271.
g Voir La Tour de Garde du 1er mai 1987, pp. 22-30; 1er novembre 1964, pp. 667-670; 15 mai 1957, pp. 155-159; 15 décembre 1971, pp. 743-746; 1er septembre 1961, p. 267; 1er juillet 1969, pp. 411-415; 1er septembre 1969, pp. 533-538; 1er avril 1959, pp. 220-223 (angl.).
[Entrefilet, page 292]
L’accent est mis sur la responsabilité de donner le témoignage.
[Entrefilet, page 293]
Ils considèrent le témoignage de maison en maison comme un précieux privilège.
[Entrefilet, page 294]
Ils comprennent ce que signifie servir de toute son âme.
[Entrefilet, page 295]
Ce que signifie vraiment ‘chercher d’abord le Royaume’.
[Entrefilet, page 301]
Les Témoins zélés font passer les intérêts du Royaume avant le travail et les divertissements.
[Encadré/Illustration, page 288]
“Où sont les neuf?”
Au Mémorial de la mort du Christ, en 1928, un tract intitulé “Où sont les neuf?” a été distribué. L’analyse de Luc 17:11-19 qu’il contenait a touché le cœur de Claude Goodman, l’a poussé à devenir colporteur, ou pionnier, et à persévérer dans ce service.
[Encadré/Illustrations, pages 296, 297]
Le service au Béthel
En 1992, 12 974 Témoins servaient au Béthel dans 99 pays.
[Illustrations]
L’étude individuelle est importante pour les membres de la famille du Béthel.
Espagne
Dans chaque Béthel, la journée commence par l’examen d’un verset biblique.
Finlande
Comme les autres Témoins de Jéhovah partout dans le monde, les membres de la famille du Béthel participent à la prédication.
Suisse
Chaque lundi soir, la famille du Béthel se réunit pour étudier “La Tour de Garde”.
Italie
Le travail est varié, mais tout ce qui est fait favorise la prédication du Royaume de Dieu.
France
Papouasie-Nouvelle-Guinée
États-Unis
Allemagne
Philippines
Mexique
Grande-Bretagne
Nigeria
Pays-Bas
Brésil
Japon
Afrique du Sud
[Encadré/Illustrations, page 298]
Quelques carrières au Béthel
Frederick Franz — États-Unis (1920-1992).
Heinrich Dwenger — Allemagne (environ 15 ans, 1911-1933), Hongrie (1933-1935), Tchécoslovaquie (1936-1939), puis Suisse (1939-1983).
George Phillips — Afrique du Sud (1924-1966, 1976-1982).
Deux sœurs charnelles (Kathryn Bogard et Grace DeCecca) qui, à elles deux, ont consacré 136 années au service du Béthel. — États-Unis.
[Graphique, page 303]
(Voir la publication)
Accroissement du nombre des pionniers
Pionniers
Proclamateurs
Pourcentage d’accroissement depuis 1982
250 %
200 %
150 %
100 %
50 %
1982 1984 1986 1988 1990 1992
[Illustration, page 284]
Sœur Early a parcouru une bonne partie de la Nouvelle-Zélande à bicyclette pour communiquer le message du Royaume.
[Illustration, page 285]
Pendant 76 ans, célibataire, mariée, puis veuve, Malinda Keefer a consacré sa vie au ministère à plein temps.
[Illustrations, page 286]
De simples voitures aménagées ont servi de logement aux premiers pionniers tandis qu’ils se déplaçaient de lieu en lieu.
Canada
Inde
[Illustration, page 287]
Frank Rice (debout à droite), Clem Deschamp (assis devant Frank, avec sa femme, Jean, près d’eux), et un groupe de Javanais constitué de Témoins et d’étudiants.
[Illustrations, page 288]
Sa vie de ministre chrétien à plein temps a amené Claude Goodman à se dépenser en Inde et dans sept autres pays.
[Illustration, page 289]
Lorsque Ben Brickell était en bonne santé, il s’est mis au service de Jéhovah; de graves ennuis de santé survenus dans les dernières années de sa vie ne l’ont pas fait renoncer.
[Illustration, page 290]
Kathe Palm a donné le témoignage dans toutes sortes de territoires, des quartiers d’affaires d’une grande ville aux camps de mineurs les plus reculés et aux élevages de moutons du Chili.
[Illustration, page 291]
La détermination de Martin et de Gertrud Poetzinger se résume par ces mots: ‘Il est une chose que je fais, chercher d’abord le Royaume.’
[Illustration, page 300]
L’École pour les pionniers (comme ici au Japon) a formé des dizaines de milliers de prédicateurs zélés.
-
-
Ils grandissent ensemble dans l’amourLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 19
Ils grandissent ensemble dans l’amour
QUAND ils écrivaient à leurs compagnons chrétiens, les apôtres de Jésus Christ faisaient ressortir que chacun, individuellement, avait besoin de grandir non seulement dans la connaissance exacte, mais aussi dans l’amour. Le fondement d’une telle croissance était l’amour dont Dieu lui-même faisait preuve et celui plein d’abnégation de Christ, dans les traces de qui ils s’efforçaient de marcher (Jean 13:34, 35; Éph. 4:15, 16; 5:1, 2; Phil. 1:9; 1 Jean 4:7-10). Ils formaient une famille de frères, et lorsqu’ils s’entraidaient, leurs liens d’amour se renforçaient.
Quand les frères de Judée ont connu des difficultés économiques à cause de la famine, les chrétiens de Syrie et de Grèce ont partagé leurs biens pour les aider (Actes 11:27-30; Rom. 15:26). Quand certains ont été persécutés, les autres chrétiens ont été extrêmement sensibles à leurs souffrances et ont cherché à leur porter secours. — 1 Cor. 12:26; Héb. 13:3.
Certes, tous les humains ont la faculté d’aimer, et il n’y a pas que les chrétiens qui se montrent bons, par humanité. Toutefois, dans le monde romain, il était reconnu que l’amour des chrétiens était différent. Tertullien, qui avait été juriste à Rome, a cité les remarques faites à leur sujet par des gens du monde romain, à savoir: “Voyez, disent-ils, comme ils s’aiment les uns les autres, (...) comme ils sont prêts à mourir les uns pour les autres.” (Apologétique, XXXIX, 7). John Hurst, dans History of the Christian Church (Histoire de l’Église chrétienne [volume I, page 146]), raconte que lorsque la peste sévissait dans l’Antiquité les habitants de Carthage et d’Alexandrie éloignaient de leur présence les individus infectés et dépouillaient les mourants de tout objet de quelque valeur. À l’inverse, raconte-t-il, les chrétiens de ces régions partageaient ce qu’ils avaient, prenaient soin des malades, enterraient les morts.
Et aujourd’hui, les Témoins de Jéhovah font-ils des œuvres qui reflètent le même intérêt pour le bien-être d’autrui? Si oui, ne sont-ils que quelques-uns à agir ainsi, isolément, ou bien est-ce au niveau de leur organisation entière qu’ils encouragent et soutiennent de tels efforts?
Une aide pleine d’amour dans les congrégations
S’occuper des orphelins et des veuves, ainsi que de tout fidèle durement éprouvé, fait partie du culte des Témoins de Jéhovah (Jacq. 1:27; 2:15-17; 1 Jean 3:17, 18). En général, l’État prévoit des hôpitaux, assure l’hébergement des personnes âgées et apporte une aide sociale aux chômeurs; les Témoins de Jéhovah soutiennent ces dispositions en payant consciencieusement leurs impôts. Toutefois, comme ils reconnaissent que seul le Royaume de Dieu est en mesure de résoudre durablement les problèmes de l’humanité, ils donnent d’eux-mêmes et de leurs ressources en priorité pour faire comprendre cette vérité à leur prochain. Voilà un service très important, qu’aucun gouvernement humain ne rend.
Dans les plus de 69 000 congrégations de Témoins de Jéhovah du monde, si une personne rencontre des difficultés en raison de son âge ou d’une infirmité, et qu’elle ait des besoins spécifiques, on s’occupe d’elle en particulier. Comme le montre 1 Timothée 5:4, 8, il incombe d’abord à chaque chrétien de prendre soin de sa famille. Les enfants, les petits-enfants ou d’autres parents proches de personnes âgées ou infirmes font preuve d’amour chrétien en leur prêtant assistance en fonction de leurs besoins. Les congrégations des Témoins de Jéhovah n’émoussent pas ce sens des responsabilités en assumant les devoirs qui reviennent aux familles. Toutefois, si un chrétien n’a pas de famille proche, ou si ceux qui ont la responsabilité de s’occuper de lui ne peuvent réellement pas porter la charge seuls, d’autres membres de la congrégation s’empressent avec amour de venir à son secours. Le cas échéant, la congrégation peut collectivement veiller à apporter une aide à un frère ou à une sœur nécessiteux qui sert Dieu fidèlement depuis longtemps. — 1 Tim. 5:3-10.
On ne compte pas sur le hasard pour subvenir à ces besoins. Lors des cours que l’École du ministère du Royaume donne périodiquement aux anciens depuis 1959, on a souvent traité spécialement de leur obligation devant Dieu sous ce rapport en tant que bergers du troupeau (Héb. 13:1, 16). Cela ne veut pas dire qu’ils n’en avaient pas conscience auparavant. Par exemple, en 1911, la congrégation d’Oldham (Lancashire, Angleterre) a fourni une aide matérielle à ceux de ses membres qui rencontraient de sérieuses difficultés économiques. Depuis lors, toutefois, l’organisation mondiale a grossi, le nombre de ses membres en difficulté a augmenté, et les Témoins de Jéhovah ont de mieux en mieux compris ce qu’est leur devoir, selon la Bible, dans ces situations. Ces dernières années surtout, toutes les congrégations ont examiné dans le cadre de leurs réunions quelles étaient les responsabilités de chaque chrétien vis-à-vis de ses compagnons ayant des besoins particuliers: personnes âgées, infirmes, familles monoparentales, et ceux qui rencontrent des difficultés économiquesa.
L’intérêt que se portent mutuellement les Témoins de Jéhovah ne s’arrête pas à des paroles du genre “Tenez-vous au chaud et continuez à bien vous nourrir”. Ils s’intéressent personnellement et avec amour à leurs compagnons (Jacq. 2:15, 16). En voici quelques exemples:
En 1986, une jeune Suédoise, Témoin de Jéhovah, qui a contracté la méningite pendant un séjour en Grèce, a elle aussi constaté ce que signifie avoir des frères et des sœurs chrétiens dans de nombreux pays. Son père, qui était en Suède, en a été informé. Aussitôt, il a pris contact avec un ancien de la congrégation locale en Suède et, par lui, avec un Témoin de Grèce. Jusqu’à ce que la jeune fille soit en état de rentrer dans son pays, trois semaines plus tard, ses nouveaux amis grecs ne l’ont jamais laissée seule.
Pareillement, lorsqu’un Témoin âgé et veuf de Wallaceburg (Ontario, Canada) a eu besoin d’aide, des chrétiens que lui-même avait aidés spirituellement lui ont montré leur reconnaissance en l’accueillant chez eux comme s’il était de leur famille. Quelques années plus tard, quand ils ont déménagé et sont allés s’installer à Barry’s Bay, ils l’ont emmené. Il a vécu avec eux, entouré de soins et choyé pendant 19 ans, jusqu’à sa mort en 1990.
À New York, un couple de Témoins s’est occupé d’un homme âgé qui assistait aux réunions dans leur Salle du Royaume, et ce pendant 15 ans jusqu’à sa mort en 1986. Quand il a eu une attaque, ils lui ont fait les courses, le ménage et la cuisine, ont entretenu son linge. Ils l’ont traité comme s’il avait été leur père.
Des besoins d’une autre sorte sont également comblés avec amour. Aux États-Unis, un homme et sa femme, Témoins de Jéhovah, avaient vendu leur maison pour s’établir dans le Montana, afin d’y aider une autre congrégation. Mais, par la suite, ils ont eu de graves ennuis de santé, le frère a été licencié, et leurs économies ont fondu. Comment allaient-ils s’en sortir? Le frère a supplié Jéhovah de les aider. Il finissait de prier quand un Témoin a frappé à sa porte: il l’invitait à sortir prendre un café avec lui. Plus tard, de retour chez lui, ce frère a trouvé sur le meuble de la cuisine des sacs pleins de provisions. Il y avait aussi une enveloppe contenant de l’argent et ce petit mot: “De la part de vos frères et sœurs, qui vous aiment beaucoup.” Les membres de la congrégation avaient remarqué leurs besoins, et tous s’étaient concertés pour les satisfaire. Très émus par tant d’amour, l’homme et sa femme n’ont pas pu se retenir de pleurer et de remercier Jéhovah, dont l’exemple d’amour inspire ses serviteurs.
Comme les Témoins de Jéhovah se soucient avec générosité de ceux d’entre eux qui sont dans le besoin, cela finit par se savoir, aussi arrive-t-il que des imposteurs en profitent. Les Témoins ont donc appris à être prudents, sans pour autant renoncer à aider ceux qui le méritent.
Quand la guerre amène la misère
La guerre plonge des gens dans la misère un peu partout dans le monde. Des organismes de secours s’efforcent de les aider; cependant, leur fonctionnement est souvent lent. Les Témoins de Jéhovah considèrent que le travail accompli par ces organismes ne les dispense pas de leur responsabilité envers leurs frères chrétiens affligés. Quand ils apprennent que d’autres Témoins sont dans le besoin, ils ne leur ‘ferment pas la porte de leurs tendres compassions’, mais ils font promptement tout leur possible pour leur prêter assistance. — 1 Jean 3:17, 18.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, même dans des pays en proie aux pénuries, les Témoins des campagnes qui avaient encore de quoi manger ont partagé leurs vivres avec leurs frères des villes moins heureux. Aux Pays-Bas, ils l’ont fait en courant de grands risques, à cause des restrictions draconiennes imposées par les nazis. Un jour, en mission de secours, Gerrit Böhmermann pédalait à la tête d’un groupe de frères qui montaient tous des tricycles chargés de denrées alimentaires couvertes de bâches. Soudain, ils sont tombés sur un poste de contrôle dans la ville d’Alkmaar. “Il ne nous restait plus qu’à espérer très fort en Jéhovah”, devait raconter Gerrit par la suite. Sans ralentir beaucoup, il a hélé l’officier: “Wo ist Amsterdam?” (Par où, Amsterdam?) L’officier s’est écarté et lui a indiqué la direction en répondant sur le même ton: “Geradeaus!” (Tout droit!) “Danke schön!” (Merci!) a lancé Gerrit, tandis que la petite troupe passait à toutes pédales sous les yeux des gens ébahis. Un autre jour, des Témoins ont réussi à décharger tout un bateau de pommes de terre et à les faire parvenir à leurs frères d’Amsterdam.
À l’intérieur des camps de concentration en Europe, les Témoins de Jéhovah ont manifesté le même état d’esprit. Incarcéré dans un camp près d’Amersfoort, aux Pays-Bas, un garçon de 17 ans est devenu l’ombre de lui-même tellement il avait maigri. Mais, une nuit, un Témoin d’une autre partie du camp a réussi à se faufiler jusqu’à lui pour lui mettre un morceau de pain dans la main, alors qu’ils venaient de subir une séance d’exercices forcés sous une pluie battante jusqu’à minuit, le ventre vide. Des années après, le garçon s’en souvenait encore. Au camp de concentration de Mauthausen, en Autriche, un Témoin dont la tâche l’amenait à traverser le camp a plus d’une fois risqué sa vie en apportant à certains de ses compagnons plus durement éprouvés de la nourriture que d’autres Témoins avaient prélevée sur leur maigre ration.
Après la guerre, les Témoins de Jéhovah qui sont sortis des prisons et des camps de concentration allemands n’avaient sur le dos que leur uniforme de prisonniers. Quant à beaucoup d’autres qui n’avaient pas séjourné en prison, ils avaient perdu tous leurs biens. La nourriture, les vêtements et le fioul étaient très rares dans une grande partie de l’Europe. Les Témoins de Jéhovah de ces pays ont rapidement organisé des réunions dans leurs congrégations et se sont mis à apporter une aide spirituelle à leur prochain en lui communiquant la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Mais eux aussi avaient besoin d’aide dans d’autres domaines. La famine avait tant affaibli nombre d’entre eux qu’il leur arrivait souvent de se trouver mal pendant les réunions.
C’était une situation que les Témoins n’avaient jamais connue sur une telle échelle. Toutefois, le mois où la guerre dans le Pacifique a cessé officiellement, les Témoins de Jéhovah ont tenu une assemblée spéciale à Cleveland (Ohio) durant laquelle il a été question des initiatives à prendre et à mener à terme pour porter secours à leurs frères chrétiens dans les pays déchirés par la guerre. Dans le discours réconfortant intitulé “Son don ineffable”, Frederick Franz a présenté des conseils bibliques qui répondaient tout à fait aux besoins créés par la situationb.
Quelques semaines après, dès que les voyages vers cette région du globe ont été autorisés, Nathan Knorr, président de la Société Watch Tower, et Milton Henschel s’embarquaient à destination de l’Europe, afin d’aller se rendre compte sur place de la situation. Avant même leur départ, les secours commençaient à s’organiser.
Les premiers envois sont partis de Suisse et de Suède, les suivants du Canada, des États-Unis et d’autres pays. Bien que le nombre total des Témoins de Jéhovah dans les pays susceptibles d’offrir une aide n’excédât pas 85 000 à l’époque, ces derniers ont entrepris d’envoyer des vêtements et des vivres à leurs compagnons Témoins d’Allemagne, d’Angleterre, d’Autriche, de Belgique, de Bulgarie, de Chine, du Danemark, de Finlande, de France, de Grèce, de Hongrie, d’Italie, de Norvège, des Pays-Bas, des Philippines, de Pologne, de Roumanie et de Tchécoslovaquie. Ils n’ont pas fait ce genre d’effort une fois seulement. En effet, des secours ont été envoyés pendant deux ans et demi. Entre janvier 1946 et août 1948, ils ont expédié 479 114 kilos de vêtements, 124 110 paires de chaussures et 326 081 kilos de nourriture en don à leurs frères Témoins. Aucun argent n’a été prélevé pour des frais administratifs. Le tri et l’emballage ont été faits par des bénévoles. Les dons d’argent ont intégralement servi à aider ceux à qui ils étaient destinés.
Évidemment, la nécessité de secourir les réfugiés et d’autres malheureux démunis de tout par la guerre n’a pas disparu avec les années 40. Depuis 1945, des centaines de guerres ont eu lieu. Les Témoins de Jéhovah continuent de manifester le même amour envers leurs frères. Tel a été le cas, par exemple, pendant et après la guerre du Biafra, au Nigeria, de 1967 à 1970. Pareillement, ils ont envoyé des secours au Mozambique dans les années 80.
Au Liberia également, la guerre qui a éclaté en 1989 a entraîné la famine. Quand les gens ont fui, des centaines de personnes se sont réfugiées dans la propriété de la Société Watch Tower à Monrovia. Toute la nourriture qui se trouvait là, ainsi que l’eau du puits, étaient partagées avec les Témoins autant qu’avec les voisins non Témoins. Puis, dès que la situation l’a permis, les Témoins de Sierra Leone et de Côte d’Ivoire (deux pays d’Afrique occidentale), ainsi que des Pays-Bas, d’Italie et des États-Unis, ont envoyé des secours.
De nouveau, en 1990, après que la guerre du Liban a laissé des quartiers de Beyrouth éventrés comme par un séisme, les anciens des Témoins de Jéhovah ont mis sur pied un comité de secours d’urgence pour apporter de l’aide aux frères. Ils n’ont pas eu à faire appel à des volontaires; chaque jour, beaucoup proposaient leurs services.
À une époque marquée par de grands bouleversements politiques et économiques en Europe, les Témoins de Jéhovah d’Autriche, de Tchécoslovaquie, de Hongrie et de Yougoslavie ont envoyé en 1990 plus de 70 tonnes de denrées de première nécessité et de vêtements à leurs frères chrétiens de Roumanie.
D’autres missions de secours ont été menées en Europe de l’Est. Le Collège central a demandé à la filiale de la Société Watch Tower du Danemark d’organiser les secours pour les Témoins nécessiteux d’Ukraine. Les congrégations ont été averties et ont donné avec empressement. Le 18 décembre 1991, cinq camions et deux camionnettes conduits par des volontaires Témoins sont arrivés à Lviv avec 22 tonnes de provisions offertes par leurs frères chrétiens compatissants. Jusqu’en 1992, des secours ont continué d’arriver depuis l’Autriche, où les Témoins ont rassemblé plus de 100 tonnes de vivres et de vêtements. Les Témoins des Pays-Bas ont envoyé eux aussi des secours, d’abord 26 tonnes de nourriture, ensuite un convoi de 11 camions remplis de vêtements, puis encore de la nourriture pour subvenir au besoin toujours pressant. Les bénéficiaires remerciaient Dieu et lui demandaient de la sagesse pour bien utiliser ce qu’ils recevaient. Ils priaient ensemble avant de décharger les camions, et de nouveau quand le travail était terminé. D’autres convois de secours ont été envoyés par les Témoins d’Italie, de Finlande, de Suède et de Suisse. Dans l’intervalle, les troubles qui secouaient les républiques de l’ex-Yougoslavie ont plongé dans le besoin les Témoins de cette région. Des vivres, des vêtements et des médicaments ont donc été acheminés à leur intention. Parallèlement, des Témoins qui habitaient en ville ont ouvert leurs foyers à ceux dont les maisons avaient été détruites.
Parfois, les Témoins qui ont désespérément besoin d’aide se trouvent dans des contrées éloignées, sans que leur situation ne soit connue. Tel a été le cas de 35 familles de Témoins de Jéhovah du Guatemala. Des factions armées avaient envahi leurs villages. Quand enfin elles ont pu rentrer chez elles en 1989, elles avaient besoin d’aide pour tout reconstruire. En complément de l’aide fournie par l’État aux rapatriés, la filiale de la Société Watch Tower a constitué un comité d’aide d’urgence, et quelque 500 Témoins de 50 congrégations ont apporté leur concours à la reconstruction.
Il est encore des situations qui plongent les gens dans la misère, indépendamment de leur volonté. Séismes, ouragans et inondations sont des phénomènes fréquents. En moyenne, dit-on, le monde est frappé par plus de 25 grandes catastrophes par an.
Quand les éléments se déchaînent
Lorsque des Témoins de Jéhovah se trouvent dans une situation très critique à cause d’une catastrophe, aussitôt leurs compagnons se portent à leur secours. Les anciens ont pour consigne, dans de tels cas, de chercher à joindre par tous les moyens chaque membre de leur congrégation. La filiale de la Société Watch Tower responsable de l’œuvre du Royaume dans la région sinistrée s’empresse de s’enquérir de la situation, puis d’en informer le siège mondial. Lorsque l’aide apportée sur place ne suffit pas, des mesures bien coordonnées sont prises, parfois même à l’échelle internationale. Elles ne visent pas à élever le niveau de vie des victimes, mais à leur fournir les choses indispensables dont elles disposaient en temps normal.
À peine la télévision annonce-t-elle une catastrophe que de nombreux Témoins téléphonent aux anciens des congrégations de la région concernée pour proposer leurs services, ou offrir un soutien financier ou matériel. D’autres envoient à la filiale ou au siège mondial de l’argent destiné aux secours. Ils savent qu’il y a besoin d’aide, et ils veulent offrir la leur. Lorsque le besoin est particulièrement grand, la Société Watch Tower peut en informer les frères d’une région délimitée afin qu’ils se rendent utiles dans la mesure de leurs possibilités. Un comité de secours est formé pour coordonner le déroulement des opérations dans la région sinistrée.
Ainsi, en décembre 1972, quand Managua, au Nicaragua, a été presque entièrement ravagée par un violent tremblement de terre, dans les heures qui ont suivi les surveillants des congrégations de Témoins de Jéhovah de la région se sont réunis et ont coordonné leurs efforts. Aussitôt, ils ont pris des nouvelles de chaque Témoin de la ville. Le même jour, des secours ont commencé à arriver des congrégations voisines, puis, très vite, du Costa Rica, du Honduras et du Salvador. Quatorze centres de distribution de secours ont été installés sur la périphérie de Managua. L’argent et les fournitures donnés par les Témoins de toutes les parties du monde ont été acheminés vers le Nicaragua par l’intermédiaire du siège international de la Société Watch Tower. Nourriture et autres fournitures (comme les bougies, les allumettes et le savon) ont été réparties entre les familles, selon leur taille, en quantité suffisante pour une semaine. Au plus fort des opérations, environ 5 000 personnes (des Témoins, leurs familles et des parents avec lesquels ils vivaient) étaient ainsi nourries. Les opérations de secours se sont poursuivies pendant dix mois. Après avoir observé ces faits, des organismes d’État et la Croix-Rouge ont distribué de la nourriture, des tentes et d’autres fournitures.
En 1986, quand des éruptions volcaniques ont obligé 10 000 personnes à évacuer Izu-Oshima, une île au large du Japon, des bateaux transportant les réfugiés ont été accueillis par des Témoins de Jéhovah qui cherchaient ardemment leurs frères spirituels. Un des évacués a dit: “Quand nous avons quitté Oshima, nous ne savions même pas où nous allions.” En effet, tout s’était passé très vite. “Mais en descendant du bateau, nous avons aperçu un écriteau portant l’inscription ‘Témoins de Jéhovah’. (...) Ma femme a pleuré de soulagement quand elle a vu que nos frères chrétiens étaient là pour nous accueillir sur le quai.” Après avoir observé comment les Témoins évacués avaient été pris en charge, non seulement à leur arrivée, mais encore après, des gens qui jusque-là les évitaient ont dit: “Vous avez bien fait d’adhérer à cette religion.”
Les Témoins se mobilisent pour faire parvenir de l’aide aux régions sinistrées dans les plus brefs délais. En 1970, quand le Pérou a connu un des tremblements de terre les plus dévastateurs de son histoire, une aide financière d’urgence a été aussitôt envoyée depuis le siège mondial à New York, suivie de 15 tonnes de vêtements. Ce chargement n’était pas encore arrivé que déjà des frères étaient dans la région où des villes et des villages avaient été détruits: quelques heures à peine après l’ouverture des routes, ils avaient organisé un convoi de plusieurs véhicules transportant des secours. Progressivement, dans les jours et les semaines qui ont suivi, ils ont apporté leur aide, tant matérielle que spirituelle, aux nombreux groupes dispersés sur les hauteurs andines. Lorsque, le 23 novembre 1980 au soir, la terre a tremblé violemment dans des régions d’Italie, le premier camion de fournitures envoyé par les Témoins est arrivé dès le lendemain. Aussitôt, les Témoins ont installé leur cuisine, où chaque jour les sœurs ont préparé des repas qui ont été distribués. Dans une île des Antilles, une personne qui a observé l’arrivée des secours après une catastrophe a dit: “Les Témoins ont agi plus vite que le gouvernement.” C’est peut-être vrai parfois, mais les Témoins de Jéhovah apprécient vivement les efforts des fonctionnaires qui leur facilitent la tâche pour atteindre rapidement les zones sinistrées.
En 1990, pendant une période de famine en Angola, on a appris que les Témoins manquaient cruellement de nourriture et de vêtements. Mais il allait sans doute être difficile de les atteindre, car, dans ce pays, les Témoins de Jéhovah étaient sous le coup d’une interdiction depuis de nombreuses années. Leurs frères chrétiens d’Afrique du Sud ont quand même chargé un camion de 25 tonnes de secours et se sont mis en route. Ils se sont rendus au consulat d’Angola et ont obtenu la permission de passer la frontière. Pour parvenir jusqu’à leurs frères, ils ont dû franchir 30 barrages militaires et traverser une rivière en crue sur le pont de fortune jeté à la place de celui qui avait sauté. Malgré tous ces obstacles, le chargement entier est arrivé à bon port.
Lorsque le malheur frappe, on fait plus qu’envoyer simplement des secours dans la région touchée. En 1984, quand des explosions et le feu ont ravagé un quartier de Mexico, les Témoins sont accourus pour apporter de l’aide. Comme plusieurs Témoins du quartier étaient introuvables, les anciens ont entrepris des recherches systématiques. Ils ont persisté jusqu’à ce qu’ils les aient tous retrouvés, même ceux qui s’étaient éparpillés dans les localités voisines. Une aide appropriée aux besoins a été apportée. Ainsi, une sœur ayant perdu son mari et un fils, les anciens ont fait le nécessaire pour leur enterrement, puis ont apporté à cette chrétienne et à ses enfants survivants un soutien complet, matériel et spirituel.
Souvent, il faut bien plus que des fournitures médicales, quelques repas et des vêtements. En 1989, le cyclone qui a balayé la Guadeloupe a soufflé les maisons de 117 Témoins et gravement endommagé celles de 300 autres. Aussitôt, les Témoins de Jéhovah de Martinique se sont portés à leur secours; puis les Témoins de France ont expédié un don de plus de 100 tonnes de matériaux de construction. Sur l’île Sainte-Croix, quand une femme Témoin de Jéhovah qui avait perdu sa maison a dit à ses collègues que des Témoins venaient de Porto Rico pour aider, ils lui ont rétorqué: “Ils ne feront rien pour toi, parce que tu es Noire et qu’eux sont latinos.” Quelle n’a pas été leur surprise quand, peu de temps après, la maison de leur collègue a été entièrement rebâtie! En 1991, après le tremblement de terre du Costa Rica, les Témoins du pays et des volontaires internationaux ont travaillé la main dans la main pour aider leurs compagnons sinistrés. Sans rien attendre en retour, ils ont rebâti 31 maisons et 5 Salles du Royaume et en ont réparé d’autres. Des observateurs ont dit: ‘D’autres groupements parlent de l’amour; chez vous, il se voit.’
L’efficacité avec laquelle les Témoins de Jéhovah volent au secours de leurs compagnons en détresse a souvent stupéfié les observateurs. En 1986, en Californie (États-Unis), une digue du Yuba a cédé et la crue a obligé des dizaines de milliers de personnes à quitter leurs maisons. Les anciens des congrégations des Témoins de Jéhovah de la région ont pris contact avec le siège mondial de New York, et un comité de secours a été constitué. L’eau avait à peine commencé à baisser que des centaines de volontaires étaient à pied d’œuvre. Avant que les organismes de secours soient prêts à intervenir, les maisons des Témoins étaient déjà en cours de ravalement. Qu’est-ce qui a permis aux Témoins d’agir si vite?
Le principal facteur a été l’empressement des Témoins à se porter volontaires, gratuitement, et à faire don de matériaux nécessaires. Un autre facteur a été leur expérience dans l’organisation et le travail de groupe, expérience qu’ils acquièrent en organisant régulièrement des assemblées et en construisant des Salles du Royaume. À noter toutefois un autre facteur essentiel: ils ont beaucoup réfléchi au sens de ces paroles bibliques: “Ayez (...) un profond amour les uns pour les autres.” — 1 Pierre 4:8.
Ceux qui offrent de leurs ressources pour combler les besoins sont souvent des Témoins qui eux-mêmes ont de petits moyens. En effet, il est fréquent que les offrandes soient accompagnées de lettres disant par exemple: ‘Notre don est bien petit, mais nous sommes de tout cœur avec nos chers frères et sœurs.’ ‘J’aurais aimé faire plus, mais je désire partager ce que Jéhovah m’a accordé.’ Comme les chrétiens du Ier siècle en Macédoine, ils ont demandé instamment le privilège de fournir eux aussi des choses de première nécessité à ceux qui étaient tombés dans la gêne (2 Cor. 8:1-4). En 1984, en République de Corée, quand une inondation a fait plus de 200 000 sans-abri, les Témoins de Jéhovah du pays se sont montrés si généreux que la filiale a dû leur dire d’arrêter de faire des dons.
Les observateurs n’ont aucun mal à remarquer que ce n’est pas seulement le sens des responsabilités ou des sentiments humanitaires qui motivent les Témoins: ils aiment véritablement leurs frères et sœurs chrétiens.
Les Témoins de Jéhovah ne veillent pas seulement aux besoins physiques de leurs frères des régions sinistrées, ils accordent également une attention particulière à leurs besoins spirituels. Ils se réorganisent aussi vite que possible pour reprendre les réunions de leurs congrégations. En 1986, en Grèce, ils ont dû pour cela dresser aux abords de Kalamáta une grande tente faisant office de Salle du Royaume, et à différents endroits plusieurs autres plus petites pour les études de livre qui se tiennent en milieu de semaine. De même, en 1985, quand une coulée de boue a emporté Armero (en Colombie), les frères ont d’abord pourvu aux besoins physiques des survivants, mais, ensuite, ont employé les fonds qui restaient à la construction de Salles du Royaume pour trois congrégations de la région.
Même lorsqu’ils sont occupés à de tels travaux de reconstruction, les Témoins de Jéhovah continuent de réconforter les gens en leur faisant connaître les réponses satisfaisantes que la Parole de Dieu apporte à leurs questions sur le but de la vie, les raisons des catastrophes et de la mort, et sur l’avenir de l’humanité.
On ne s’attend pas que les secours que les Témoins de Jéhovah s’efforcent d’apporter après un cataclysme comblent les besoins physiques de tous les sinistrés de la région touchée. En accord avec Galates 6:10, ils destinent leurs secours d’abord à ‘ceux qui sont leurs parents dans la foi’. Mais, en même temps, ils sont heureux d’aider les autres sinistrés dans la mesure de leurs possibilités, comme, par exemple, quand ils ont nourri les victimes d’un tremblement de terre en Italie. Aux États-Unis, lorsqu’ils ont apporté leur aide à des sinistrés après une inondation et un cyclone, ils ont aussi déblayé et réparé les maisons de voisins affolés. Interrogés sur la raison de leurs actes de bonté envers des inconnus, ils disent simplement qu’ils aiment leur prochain (Mat. 22:39). Après un ouragan qui a fait beaucoup de dégâts dans le sud de la Floride (États-Unis) en 1992, le plan de secours bien organisé des Témoins de Jéhovah a été tellement remarqué que des entreprises commerciales ou des personnes non Témoins qui voulaient offrir d’importantes quantités de fournitures de secours les ont remises aux Témoins de Jéhovah. Elles savaient que ces dons ne seraient pas gardés en réserve ni ne serviraient à des fins commerciales, mais qu’ils profiteraient vraiment aux victimes de l’ouragan, Témoins comme non-Témoins. Après une catastrophe à Davao del Norte, aux Philippines, le conseil municipal a tant apprécié l’empressement des Témoins à aider ceux qui n’étaient pas des leurs qu’il a adopté une résolution exprimant sa gratitude.
Cependant, tout le monde n’aime pas les vrais chrétiens. Il n’est pas rare qu’ils soient l’objet de persécutions cruelles. C’est là aussi une situation qui donne lieu chez les Témoins de Jéhovah à de généreuses marques d’amour et de soutien envers leurs compagnons.
Face à la persécution cruelle
L’apôtre Paul a comparé la congrégation chrétienne au corps humain, disant: ‘Ses membres doivent avoir une sollicitude égale les uns pour les autres. Et si un membre souffre, tous les autres membres souffrent avec lui.’ (1 Cor. 12:25, 26). C’est de cette façon que les Témoins de Jéhovah réagissent quand ils apprennent que leurs frères chrétiens sont persécutés.
En Allemagne, du temps des nazis, le gouvernement a pris des mesures répressives d’une grande dureté contre les Témoins de Jéhovah. À l’époque, ils n’étaient que 20 000 environ, ne formant qu’un groupe relativement petit que Hitler méprisait. Il leur fallait s’unir pour agir. Le 7 octobre 1934, chaque congrégation des Témoins de Jéhovah d’Allemagne s’est réunie en secret; tous les Témoins ont prié ensemble et ont envoyé au gouvernement une lettre dans laquelle ils se déclaraient déterminés à continuer de servir Jéhovah. Puis une bonne partie d’entre eux sont sortis bravement donner le témoignage à leurs voisins au sujet du nom et du Royaume de Jéhovah. Le même jour, les Témoins de Jéhovah du reste du monde se sont aussi rassemblés dans leurs congrégations et, après s’être unis dans la prière, ils ont télégraphié au gouvernement de Hitler des messages soutenant leurs frères chrétiens.
En Grèce, en 1948, quand la persécution des Témoins de Jéhovah fomentée par le clergé a été révélée au grand jour, le président du pays et plusieurs ministres ont reçu des milliers de lettres émanant de Témoins de Jéhovah qui plaidaient la cause de leurs frères chrétiens. Elles provenaient des Philippines, d’Australie, d’Amérique du Nord et du Sud, bref du monde entier.
En 1961, quand Réveillez-vous! a dévoilé les méthodes dignes de l’Inquisition utilisées contre les Témoins en Espagne, des lettres de protestation se sont mises à pleuvoir dans les bureaux des autorités espagnoles. Les fonctionnaires ont eu un choc quand ils ont appris que dans le monde entier on était au courant de leurs agissements, en conséquence de quoi, bien que la persécution ait continué, certains policiers se sont mis à traiter les Témoins avec plus de retenue. Dans plusieurs pays d’Afrique, les fonctionnaires ont reçu du courrier de Témoins d’autres pays qui avaient appris quels cruels traitements on infligeait à leurs frères et sœurs chrétiens.
Si le gouvernement ne réagit pas favorablement, les Témoins persécutés ne tombent pas pour autant dans l’oubli. Dans certains pays où la persécution religieuse a persisté pendant des années, les gouvernements ont reçu à plusieurs reprises un déluge de lettres de supplication ou de protestation. Ainsi, en Argentine, un jour de 1959, le secrétaire du ministère des Affaires étrangères et des Cultes a fait entrer un de nos frères dans une pièce où plusieurs étagères croulaient sous le poids des lettres qui étaient arrivées du monde entier. Il s’est dit stupéfait de voir que d’aussi loin que les Fidji on ait écrit pour réclamer la liberté de culte en Argentine.
Dans certains cas, lorsque les dirigeants se sont rendu compte que le monde entier avait connaissance de leurs agissements et que beaucoup de gens s’en inquiétaient vivement, ils ont accordé une plus grande liberté aux Témoins. Par exemple, au Liberia, en 1963, des soldats du gouvernement avaient infligé des traitements révoltants à des Témoins qui assistaient à une assemblée à Gbarnga. Le président du Liberia, M. Tubman, a été inondé de lettres de protestation de toutes provenances, et le Département d’État américain est intervenu parce qu’un citoyen des États-Unis était parmi les victimes. Finalement, le président Tubman a envoyé à la Société Watch Tower un télégramme dans lequel il se disait disposé à recevoir une délégation de Témoins de Jéhovah pour discuter de l’affaire. Deux des délégués, Milton Henschel et John Charuk, avaient vécu les événements de Gbarnga. M. Tubman a reconnu que ce qui était arrivé était “indigne” et a ajouté: “Je suis désolé de ce qui s’est passé.”
Après cette entrevue, un décret a été publié, informant ‘tous les citoyens du pays que les Témoins de Jéhovah auraient le droit et le privilège de se rendre librement dans toutes les parties du pays, afin de poursuivre leur œuvre missionnaire et de pratiquer leur culte sans être molestés par qui que ce soit. Ils bénéficieraient de la protection de la loi tant pour leur personne que pour leurs biens, et de la liberté d’adorer Dieu selon leur conscience. De leur côté, ils obéiraient aux lois de la République en respectant l’emblème national lors des cérémonies du salut au drapeau en se tenant respectueusement debout’. Mais il n’était pas exigé qu’ils violent leur conscience chrétienne en le saluant.
Au Malawi, par contre, en 1992 on attendait toujours ce genre de déclaration officielle, bien que les violences contre les Témoins se soient considérablement atténuées. Dans ce pays, les Témoins de Jéhovah ont été victimes d’une des persécutions religieuses les plus cruelles de l’histoire de l’Afrique. En effet, une vague de persécution a balayé le pays en 1967; une autre au début des années 70. Les Témoins de la terre entière ont écrit des dizaines de milliers de lettres plaidant leur cause. Ils ont appelé au téléphone et ont envoyé des télégrammes. Beaucoup de personnalités du monde ont élevé leur voix au nom des principes humanitaires.
En 1972, les brutalités ont été si abominables qu’environ 19 000 Témoins de Jéhovah et leurs enfants ont franchi la frontière pour se réfugier en Zambie. Dans ce pays, les congrégations de Témoins les plus proches ont rapidement rassemblé des vivres et des couvertures pour leurs frères. De l’argent et des fournitures venant des Témoins de Jéhovah du monde entier ont afflué vers les filiales de la Société Watch Tower, puis ont été transmis aux frères nécessiteux par le siège mondial de New York. Il y a eu plus qu’il n’en fallait pour subvenir à tous les besoins des réfugiés du camp de Sinda Misale. Lorsque, dans ce camp, la nouvelle a circulé que des camions arrivaient chargés de nourriture, de vêtements et de bâches destinées à servir d’abris, les Témoins malawites ont pleuré de joie devant ces preuves de l’amour de leurs frères chrétiens.
Quand quelqu’un des leurs est retenu en captivité, les Témoins ne l’abandonnent pas, même s’ils doivent mettre leur personne en danger. Durant l’interdiction en Argentine, quand un groupe de Témoins a été placé en garde à vue pendant 45 heures, quatre de leurs compagnons leur ont apporté de la nourriture et des vêtements, mais ils ont été arrêtés eux aussi. En 1989, au Burundi, la femme d’un surveillant de circonscription ayant appris les difficultés de ses frères chrétiens a essayé de leur apporter à manger à la prison. Mais elle-même a été arrêtée et retenue en otage pendant deux semaines, parce que la police voulait mettre la main sur son mari.
Non seulement les Témoins de Jéhovah font tout ce qu’ils peuvent par ces différents moyens, mais encore, poussés par l’amour de leurs frères, ils élèvent leurs voix vers Dieu et le prient en faveur de leurs compagnons. Ils ne le prient pas de mettre fin immédiatement aux guerres et aux pénuries alimentaires, puisque Jésus Christ a annoncé ces choses pour notre temps (Mat. 24:7). Ils ne le prient pas non plus d’empêcher toute persécution, puisque la Bible dit clairement que les vrais chrétiens seraient persécutés (Jean 15:20; 2 Tim. 3:12). Mais ils lui demandent ardemment de donner à leurs frères et à leurs sœurs chrétiens la force de rester fermes dans la foi, quelles que soient leurs épreuves (voir Colossiens 4:12). Tant de faits attestant qu’ils restent effectivement forts spirituellement, il est indéniable que leurs prières sont exaucées.
[Notes]
a Voir La Tour de Garde, 15 décembre 1980, pp. 21-26; 15 octobre 1986, pp. 10-21; 1er juin 1987, pp. 4-18; 15 juillet 1988, pp. 21-23; 1er mars 1990, pp. 20-22.
b Voir La Tour de Garde, 1er avril 1946, pp. 99-107 (1er décembre 1945 en angl.).
[Entrefilet, page 305]
On ne compte pas sur le hasard pour subvenir aux besoins particuliers des frères.
[Entrefilet, page 307]
Une aide qui résulte d’un intérêt plein d’amour.
[Entrefilet, page 308]
Ils ont répondu à un besoin énorme de secours.
[Entrefilet, page 312]
Des recherches systématiques sont entreprises pour retrouver chaque Témoin habitant la région sinistrée.
[Entrefilet, page 315]
Ils font du bien aussi à ceux qui ne sont pas Témoins.
[Entrefilet, page 317]
Ils ont pleuré de joie devant les preuves de l’amour de leurs frères chrétiens.
[Encadré, page 309]
“Vous vous aimez vraiment les uns les autres”
Au Liban, déchiré par la guerre, après avoir observé des volontaires Témoins remettre complètement en état la maison très abîmée d’une de leurs sœurs chrétiennes, ses voisins n’ont pu se retenir de lui demander: “D’où vient cet amour? Quel genre de personnes êtes-vous?” Une musulmane, contemplant la maison d’un Témoin qui avait été nettoyée et réparée, a dit: “Vous vous aimez vraiment les uns les autres. Votre religion est la vraie religion.”
[Encadré, page 316]
De vrais frères et sœurs
En Arkansas (États-Unis), l’“Arkansas Gazette” a fait ce commentaire au sujet de Témoins cubains réfugiés à Fort Chaffee: “Ils étaient les tout premiers à être relogés dans des maisons parce que leurs ‘frères et sœurs’ américains — leurs compagnons Témoins de Jéhovah — les avaient cherchés et retrouvés. (...) Quand des Témoins appellent ‘frères et sœurs’ leurs coreligionnaires d’un autre pays, ce n’est pas une façon de parler.” — Édition du 19 avril 1981.
[Illustrations, page 306]
Après la Seconde Guerre mondiale, de la nourriture et des vêtements ont été expédiés à des Témoins de 18 pays.
États-Unis
Suisse
[Illustrations, page 310]
En 1990, les Témoins des pays voisins de la Roumanie ont uni leurs efforts pour venir en aide à leurs compagnons roumains.
[Illustrations, page 311]
Les Témoins qui ont survécu au tremblement de terre du Pérou ont monté leur propre camp de refuge et se sont entraidés.
Les secours apportés par des Témoins (ci-dessous) ont été parmi les premiers à parvenir sur les lieux.
[Illustrations, page 313]
Les secours offerts incluent souvent la fourniture de matériaux et l’envoi de volontaires pour aider les Témoins sinistrés à reconstruire leurs maisons.
Guatemala
Panama
Mexique
[Illustration, page 314]
L’aide apportée par les Témoins comprend l’édification spirituelle. En Grèce, à l’intérieur de Kalamáta comme à l’extérieur, ils ont très vite dressé des tentes pour leurs réunions.
-
-
Ils construisent ensemble dans le monde entierLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 20
Ils construisent ensemble dans le monde entier
LES Témoins de Jéhovah manifestent une authentique fraternité de bien des façons. Ceux qui assistent à leurs réunions en ont la preuve. Lors des assemblées, cette fraternité est démontrée sur une plus grande échelle. Elle transparaît aussi clairement lorsqu’ils travaillent ensemble à la construction de lieux de réunion convenant à leurs congrégations.
Au début des années 90, on comptait près de 60 000 congrégations des Témoins de Jéhovah dans le monde entier. Au cours de la décennie précédente, 1 759 congrégations en moyenne se sont ajoutées chaque année. Dans les années 90, ce nombre est passé à plus de 3 000 par an. Fournir à toutes ces congrégations des lieux de réunion représente un travail colossal.
Les Salles du Royaume
Tout comme les chrétiens du Ier siècle, de nombreuses congrégations de Témoins de Jéhovah tenaient au départ la majorité de leurs réunions dans des foyers. Les quelques Témoins de Suède, qui ont commencé à organiser des réunions à Stockholm, les tenaient dans une menuiserie qu’ils louaient le soir après les heures de travail. En Espagne, en raison de la persécution, un petit groupe de la province de La Corogne tenait ses premières réunions dans un grenier.
Lorsqu’elles avaient besoin de plus de place, et dans les pays où elles étaient libres de le faire, les congrégations de Témoins de Jéhovah louaient des salles de réunion. Toutefois, si les lieux avaient d’autres utilisateurs, il fallait transporter et installer le matériel à chaque réunion, et une odeur de tabac subsistait souvent. Là où c’était possible, les frères louaient un magasin inutilisé ou une pièce à l’étage à l’usage exclusif de la congrégation. Mais, avec le temps, le coût élevé des locations et la difficulté à trouver des lieux appropriés les ont amenés à prendre d’autres dispositions. Dans certains cas, ils ont acheté et rénové des bâtiments.
Avant la Seconde Guerre mondiale, quelques congrégations ont construit des lieux de réunion adaptés à leurs besoins. Dès 1890, aux États-Unis, un groupe d’Étudiants de la Bible de Mount Lookout (Virginie occidentale) a bâti sa propre salle de réuniona. Toutefois, la construction de Salles du Royaume n’a commencé à se développer que dans les années 50.
C’est Joseph Rutherford, alors président de la Société, qui a proposé en 1935 le nom de Salle du Royaume. À Hawaii, il a pris des dispositions pour que les frères construisent une salle de réunion attenante aux locaux de la filiale de Honolulu. Lorsque James Harrub a demandé à frère Rutherford comment il allait appeler la construction, ce dernier a répondu: “Que dirais-tu de ‘Salle du Royaume’, puisque c’est la bonne nouvelle du Royaume que nous prêchons?” Par la suite, là où c’était possible, les Témoins ont peu à peu commencé à apposer sur leurs salles des panonceaux qui portaient l’inscription “Salle du Royaume”. Ainsi, lorsque le Tabernacle de Londres a été rénové en 1937-1938, il a été rebaptisé Salle du Royaume. Avec le temps, le principal lieu de réunion des congrégations du monde entier a fini par être appelé Salle du Royaume des Témoins de Jéhovah.
Des méthodes diverses
Chaque congrégation décide de louer ou de construire sa propre Salle du Royaume. Elle assume aussi le coût de la construction et de l’entretien du bâtiment. Afin d’économiser des fonds, la grande majorité des congrégations s’efforcent de construire en faisant le moins possible appel à des entrepreneurs.
Les salles peuvent être en brique, en pierre, en bois ou en d’autres matériaux, en fonction de leur coût et des possibilités locales. À Katima Mulilo, en Namibie, les frères ont utilisé de longues herbes pour le toit de chaume, ainsi que de la boue de fourmilière (qui devient très dure en séchant) pour les murs et le sol. Les Témoins de Segovia, en Colombie, ont fabriqué eux-mêmes des parpaings de ciment. À Colfax, en Californie, ils se sont servis de lave brute du mont Lassen.
Alors que l’assistance aux réunions dépassait souvent 200 personnes en 1972, la congrégation de Maseru, au Lesotho, comprit la nécessité d’édifier une Salle du Royaume adaptée à ses besoins. Chacun de ses membres a participé à la construction. Des frères âgés ont parcouru à pied une trentaine de kilomètres pour apporter leur aide. Les enfants ont fait rouler des tonneaux remplis d’eau jusqu’au chantier. Les sœurs ont préparé les repas. Avant que la dalle en béton ne soit coulée, elles ont aussi damé la terre en chantant des cantiques et en tapant des pieds au rythme de la musique. Les frères ont bâti les murs avec des pierres qu’ils ont extraites eux-mêmes des montagnes avoisinantes. Ainsi, ils ont construit une salle pouvant accueillir environ 250 personnes.
Parfois, des Témoins des congrégations voisines apportent leur aide à la construction. Ainsi, en 1985, lorsque les Témoins de Jéhovah d’Imbali, une cité noire d’Afrique du Sud, ont construit une salle pouvant accueillir 400 personnes, leurs coreligionnaires de Pietermaritzburg et de Durban sont venus les aider. Imaginez, en cette période de troubles raciaux en Afrique du Sud, l’étonnement des voisins à la vue de dizaines de Témoins blancs, métis et indiens envahissant la cité et travaillant épaule contre épaule avec leurs frères noirs! Comme l’a dit le maire: “Seul l’amour peut faire cela.”
Même si les frères se montraient de bonne volonté, leur situation leur imposait des limites. Dans les congrégations, les hommes étaient chargés de famille et ne pouvaient ordinairement travailler sur un tel chantier que le week-end et peut-être un peu le soir. Beaucoup de congrégations ne comptaient que peu de frères qualifiés dans le bâtiment, voire aucun. Néanmoins, il était possible d’ériger, en quelques jours ou en quelques semaines, une construction relativement simple qui convienne sous les tropiques, comme celles ouvertes sur les côtés. Avec l’aide des frères de congrégations avoisinantes, des bâtiments plus solides ont été achevés en cinq ou six mois. Dans d’autres cas, cela a demandé un an ou deux.
Cependant, au cours des années 70, le nombre des congrégations de Témoins de Jéhovah a augmenté dans le monde entier au rythme de deux ou trois par jour. Au début des années 90, le taux d’accroissement était d’environ neuf congrégations par jour. Pourrait-on répondre au besoin en Salles du Royaume?
Développement des techniques de construction rapide
Aux États-Unis, au début des années 70, plus de 50 Témoins des congrégations voisines ont aidé le groupe de Webb City à construire une Salle du Royaume à Carterville (Missouri). En un week-end, ils ont érigé la structure principale et considérablement avancé la pose du toit. Il restait beaucoup à faire, et il a fallu des mois pour achever le travail; mais la plus grosse partie a été réalisée en très peu de temps.
Au cours des dix années suivantes, les frères ayant travaillé ensemble à la construction d’environ 60 salles avaient surmonté des difficultés et mis au point des méthodes plus efficaces. Avec le temps, ils se sont rendu compte qu’une fois les fondations posées ils pouvaient presque achever une Salle du Royaume en un week-end.
Plusieurs surveillants de congrégation — tous originaires du Middle West (États-Unis) — se sont mis à l’œuvre pour atteindre cet objectif. Lorsque des congrégations sollicitaient leur aide pour construire leur Salle du Royaume, un ou plusieurs de ces frères discutaient du projet avec elles, et leur donnaient des détails relatifs aux préparatifs à effectuer sur le plan local avant que ne commence le travail. Entre autres, il fallait obtenir le permis de construire, poser les fondations et couler la dalle, effectuer le branchement électrique, mettre en place les réseaux d’évacuation et prendre des dispositions fermes pour la livraison des matériaux de construction. Puis il fallait fixer une date pour l’érection de la Salle du Royaume. Le bâtiment n’était pas préfabriqué; il était construit directement sur place.
Qui effectuait la construction proprement dite? Dans la mesure du possible, elle était faite par des volontaires. Souvent, des familles entières y participaient. Ceux qui organisaient la construction prenaient contact avec des Témoins qualifiés qui avaient exprimé le désir de participer à ces projets. Beaucoup attendaient chaque nouvelle construction avec impatience. D’autres Témoins qui en avaient entendu parler voulaient y participer aussi; des centaines de volontaires venus de la région, et de plus loin, affluaient sur les chantiers, désireux de faire leur maximum. La plupart d’entre eux n’étaient pas des professionnels, mais à coup sûr ils ont prouvé qu’ils s’identifiaient aux fidèles partisans du Royaume messianique de Jéhovah au sujet desquels Psaume 110:3 dit: “Ton peuple s’offrira volontairement.”
Le jeudi soir précédant le gros du travail, ceux qui dirigeaient la construction se réunissaient pour régler les derniers détails. Le lendemain soir, les travailleurs assistaient à une projection de diapositives afin qu’ils comprennent comment le travail allait être accompli. On mettait l’accent sur l’importance des qualités chrétiennes. Les frères étaient incités à travailler ensemble dans l’amour, à être bons, à faire preuve de patience et de considération. Chacun était encouragé à travailler à une allure constante, mais sans précipitation, et à ne pas hésiter à prendre quelques minutes pour échanger des propos édifiants avec ses compagnons. La construction commençait tôt le lendemain matin.
À l’heure convenue le samedi matin, tout le monde cessait de travailler afin d’écouter l’examen du texte du jour tiré de la Bible. Puis une prière était faite, car chacun comprenait bien que le succès de l’entreprise dépendait de la bénédiction de Jéhovah. — Ps. 127:1.
Une fois commencé, le travail avançait rapidement. Au bout d’une heure, on avait dressé les murs et monté les fermes. Puis on fixait les panneaux de contre-plaqué sur les murs. Les électriciens commençaient ensuite leur installation. On branchait les gaines de chauffage et de climatisation. On fabriquait et montait les menuiseries. Parfois il pleuvait tout le week-end, ou le temps tournait au froid ou à la chaleur excessive, mais le travail avançait. Il n’y avait ni compétition ni rivalité entre les ouvriers.
Fréquemment, la Salle du Royaume était achevée le deuxième jour, avant le coucher du soleil. Elle était joliment décorée à l’intérieur et, parfois, même les aménagements extérieurs étaient terminés. Par commodité, les travaux étaient parfois programmés sur trois jours, ou sur deux week-ends. La construction terminée, beaucoup de travailleurs, fatigués mais très heureux, assistaient sur place à la première réunion de la congrégation, l’étude de La Tour de Garde.
Doutant de la qualité d’un travail accompli si vite, plusieurs habitants de Guymon (Oklahoma) ont appelé l’inspecteur des bâtiments de la ville. “Je leur ai dit que s’ils voulaient voir quelque chose de bien fait ils devraient visiter la salle, a dit l’inspecteur lorsqu’il a relaté cet incident aux Témoins. Vous, vous faites correctement même ce qui sera caché et ne se verra pas.”
Comme le besoin en Salles du Royaume ne cessait d’augmenter, les Témoins qui avaient mis au point les méthodes de construction rapide ont formé d’autres frères. Des échos de ces constructions sont parvenus dans d’autres pays. Pouvait-on employer ces méthodes en dehors des États-Unis?
Les constructions selon la méthode rapide sur le plan international
Au Canada, la construction de Salles du Royaume était loin de combler les besoins des congrégations. Les Témoins de ce pays ont donc invité ceux qui organisaient des constructions selon la méthode rapide aux États-Unis à leur expliquer comment ils s’y prenaient. Au début, les Canadiens doutaient que ces méthodes soient applicables dans leur pays, mais ils ont décidé d’essayer. La Salle du Royaume d’Elmira, en Ontario, a été la première à être construite selon ce procédé, en 1982. En 1992, 306 salles avaient été édifiées selon cette méthode dans ce pays.
Les Témoins de Northampton, en Angleterre, ont pensé qu’ils pouvaient en faire autant. Leur projet, réalisé en 1983, était le premier d’Europe. Des frères expérimentés dans ce type de construction sont venus des États-Unis et du Canada pour diriger les travaux et apprendre aux Témoins de l’endroit les méthodes de travail. D’autres volontaires venus du Japon, de l’Inde, de France et d’Allemagne étaient présents. Ils étaient tous là en tant que bénévoles. Comment cela a-t-il été possible? Le surveillant d’une équipe de Témoins irlandais qui a travaillé sur ce projet a dit: “Ce fut un succès parce que tous les frères et sœurs ont travaillé de concert sous l’influence de l’esprit de Jéhovah.”
Même quand la législation locale en matière de construction semble empêcher la réalisation d’un tel projet, les frères ont remarqué que, souvent, lorsqu’on leur donne des détails les autorités sont heureuses de coopérer.
Après qu’une construction selon la méthode rapide a été réalisée en Norvège, au nord du cercle polaire arctique, le journal Finnmarken a fait ce commentaire: “Fantastique! On ne peut qualifier autrement le travail que les Témoins de Jéhovah ont accompli le week-end dernier.” De même, lorsque les Témoins de l’Île du Nord, en Nouvelle-Zélande, ont bâti une attrayante Salle du Royaume en deux jours et demi, le journal local a titré en première page: “Un projet qui tient du miracle.” Et d’ajouter: “L’aspect le plus stupéfiant de cette réalisation fut peut-être l’organisation et le déroulement parfait des travaux.”
L’éloignement des lieux où l’on a besoin d’une Salle du Royaume n’est pas un obstacle insurmontable. Au Bélize, on a dû transporter tous les matériaux sans exception sur une île à 60 kilomètres de la ville de Bélize pour y construire une salle selon le procédé rapide. Quand une Salle du Royaume climatisée a été construite en un week-end à Port Hedland, dans l’ouest de l’Australie, elle a été réalisée avec des matériaux et une main-d’œuvre venus de 1 600 kilomètres ou plus. Les travailleurs ont voyagé à leurs propres frais. La plupart de ceux qui ont participé à la construction ne connaissaient personnellement aucun des Témoins de la congrégation de Port Hedland, et peu d’entre eux étaient susceptibles d’assister un jour aux réunions en ce lieu. Cela ne les a pourtant pas empêchés d’exprimer leur amour de cette façon.
Même là où les Témoins sont peu nombreux, il est possible d’employer ce procédé pour construire des salles. En 1985, quelque 800 Témoins de la Trinité se sont rendus à Tobago pour aider leurs 84 frères et sœurs chrétiens de cette île à construire une Salle du Royaume à Scarborough. Les 17 Témoins (dont la plupart étaient des femmes et des enfants) de Goose Bay, au Labrador, avaient vraiment besoin d’aide s’ils voulaient une Salle du Royaume. En 1985, 450 Témoins d’autres régions du Canada ont affrété trois avions pour se rendre à Goose Bay. Après deux jours de travail acharné, ils ont procédé à l’inauguration de la salle achevée le dimanche soir.
Cela ne veut pas dire que toutes les Salles du Royaume sont construites à présent selon le procédé rapide, mais un nombre croissant d’entre elles le sont.
Les comités de construction régionaux
Vers le milieu de l’année 1986, le besoin de Salles du Royaume s’était considérablement accru. L’année précédente, 2 461 congrégations avaient été formées dans le monde entier, dont 207 aux États-Unis. Certaines Salles du Royaume étaient alors utilisées par trois, quatre, et même cinq congrégations. Comme les Écritures l’avaient annoncé, Jéhovah accélérait vraiment l’œuvre de rassemblement. — És. 60:22.
Afin d’utiliser au mieux la main-d’œuvre et de permettre à tous ceux qui construisaient des Salles du Royaume de bénéficier de l’expérience acquise, la Société s’est mise à coordonner cette activité. En 1987, on a commencé par former 60 comités de construction régionaux dans l’ensemble des États-Unis. Tous avaient beaucoup à faire; certains n’ont pas tardé à avoir un programme établi sur une année ou plus. Les hommes désignés pour servir dans ces comités étaient, avant tout, des frères ayant des qualités spirituelles, des anciens, qui manifestaient les fruits de l’esprit d’une manière exemplaire (Gal. 5:22, 23). Beaucoup avaient aussi de l’expérience dans l’immobilier, l’ingénierie, la construction, les affaires, la sécurité et d’autres domaines.
Les congrégations ont été encouragées à prendre contact avec le comité de construction régional avant de choisir l’emplacement d’une nouvelle Salle du Royaume. Dans les villes où il y avait plusieurs congrégations, on leur a conseillé de consulter le ou les surveillants de circonscription, le surveillant de ville et les anciens des congrégations voisines. Celles qui prévoyaient de rénover ou de construire une Salle du Royaume ont été invitées à tirer profit de l’expérience des membres du comité de construction régional et des directives que la Société leur envoyait. Par l’intermédiaire de ce comité, des dispositions seraient prises pour rassembler la main-d’œuvre qualifiée parmi les frères et sœurs de quelque 65 corps de métiers qui s’étaient déjà portés volontaires pour de telles constructions.
À mesure que le procédé s’affinait, on a pu réduire le nombre des travailleurs participant à une construction. Au lieu d’avoir sur le chantier des milliers de spectateurs et de personnes proposant leurs services, il n’y en avait rarement plus de 200 en même temps. Au lieu de passer le week-end entier sur place, les travailleurs n’étaient présents que lorsqu’on avait précisément besoin d’eux. Ainsi, ils avaient plus de temps à accorder à leur famille et aux activités de leur congrégation. Lorsque les frères locaux pouvaient accomplir un certain travail dans un délai raisonnable, il s’avérait souvent plus pratique de ne faire venir les membres de l’équipe de construction rapide que pour les tâches qui nécessitaient leur présence.
Certes, l’ensemble des opérations avançait à une vitesse surprenante, mais ce n’était pas ce qui comptait par-dessus tout. Le plus important, c’était de construire une Salle du Royaume modeste, mais de qualité, qui corresponde aux besoins locaux. Les plans étaient soigneusement élaborés pour atteindre cet objectif en réduisant les dépenses au minimum. Des dispositions ont été prises pour accorder la priorité à la sécurité, celle des travailleurs, des voisins, des passants et des futurs occupants de la Salle du Royaume.
À mesure que les autres pays ont eu écho de ce procédé de construction de Salles du Royaume, les filiales de la Société qui l’ont jugé utile pour leurs territoires ont reçu des informations plus détaillées. En 1992, les comités de construction régionaux désignés par la Société ont aidé à construire des Salles du Royaume en Afrique du Sud, en Allemagne, en Argentine, en Australie, au Canada, en Espagne, en France, en Grande-Bretagne, au Japon et au Mexique. Les méthodes de construction ont été adaptées à la situation locale. Quand il a fallu faire appel à d’autres filiales pour construire une Salle du Royaume, des dispositions ont été prises au siège mondial de la Société. Dans certaines parties du monde, de nouvelles salles ont été édifiées en quelques jours; ailleurs, en quelques semaines ou en quelques mois. Grâce à des plans soigneusement élaborés et aux efforts coordonnés de tous, le temps nécessaire à la construction d’une Salle du Royaume a été considérablement réduit.
Les Témoins de Jéhovah ne se contentent pas de construire des Salles du Royaume. Des installations plus grandes sont aussi nécessaires pour accueillir un certain nombre de congrégations réunies à l’occasion des assemblées de circonscription et des assemblées spéciales d’un jour.
La construction de Salles d’assemblées
Au fil des ans, diverses installations ont été utilisées pour les assemblées de circonscription. Les Témoins de Jéhovah ont loué des auditoriums, des écoles, des théâtres, des entrepôts, des gymnases et des champs de foire. Certaines petites municipalités louaient des installations pratiques à des prix raisonnables. Le plus souvent, il fallait beaucoup de temps et d’efforts pour nettoyer les lieux, installer la sonorisation, construire la scène et transporter les chaises. Parfois, la location était annulée à la dernière minute. À mesure que le nombre des congrégations s’est accru, il est devenu de plus en plus difficile de trouver des lieux qui conviennent en nombre suffisant. Que pouvait-on faire?
Une fois de plus, la solution pour les Témoins de Jéhovah consistait à disposer de leurs propres installations. Cela impliquait la rénovation de certains bâtiments et la construction de nouveaux. Aux États-Unis, la première Salle d’assemblées de ce genre était un théâtre de Long Island, dans l’État de New York, que les Témoins ont rénové et commencé à utiliser à la fin de l’année 1965.
À peu près à la même époque, les Témoins de Guadeloupe ont créé une Salle d’assemblées qui répondait à leurs besoins. Ils pensaient qu’il serait avantageux de tenir leurs assemblées de circonscription dans différents endroits. Mais la plupart des villes ne possédaient pas d’installations suffisamment grandes. C’est pourquoi les Témoins ont construit une structure transportable faite de tubes d’acier et couverte de feuilles d’aluminium, d’une capacité de 700 places, qu’ils pouvaient monter partout où ils trouvaient un terrain disponible relativement plat. Ils ont dû agrandir cette “salle” à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’elle abrite 5 000 personnes. Imaginez ce que représentaient le transport, le montage et le démontage de 30 tonnes de matériel à chaque assemblée! Cette Salle d’assemblées a été montée et démontée plusieurs fois par an pendant 13 années. Mais il devenait difficile de trouver des emplacements pour l’installer et il s’est avéré nécessaire d’acheter un terrain et d’y construire une Salle d’assemblées permanente, qui sert à présent pour les assemblées de circonscription et de district.
Dans un assez grand nombre d’endroits, des Salles d’assemblées ont été construites à partir de bâtiments déjà existants. En Angleterre (à Hays Bridge, dans le Surrey), les Témoins ont acheté et rénové un complexe scolaire vieux d’une cinquantaine d’années. Il est situé sur un beau terrain de 11 hectares. D’anciennes salles de cinéma et un bâtiment industriel ont été transformés et utilisés en Espagne; une ancienne fabrique de vêtements en Australie; un dancing au Québec; un bowling au Japon; un entrepôt en République de Corée. Tous ces bâtiments ont été transformés en Salles d’assemblées attrayantes qui servent de grands centres d’enseignement biblique.
D’autres Salles d’assemblées sont des constructions entièrement nouvelles. La conception octogonale unique de la salle de Hellaby, dans le Yorkshire du Sud (Angleterre), et le fait que le plus gros du travail a été accompli par des volontaires lui ont valu d’être l’objet d’un article dans le journal des ingénieurs du bâtiment. La Salle d’assemblées de Saskatoon, en Saskatchewan (Canada), peut accueillir 1 200 personnes, mais lorsque des cloisons intérieures sont mises en place, le bâtiment se divise en quatre Salles du Royaume adjacentes. La Salle d’assemblées de Haïti (préfabriquée et transportée par bateau depuis les États-Unis) a ses deux côtés latéraux ouverts pour que les assistants soient constamment rafraîchis par les vents dominants — un soulagement fort apprécié sous l’ardent soleil haïtien. La salle de Port Moresby, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, a été conçue de telle manière que des panneaux de murs peuvent pivoter pour augmenter la capacité de la salle.
La décision de construire une Salle d’assemblées n’est pas prise par un petit groupe de surveillants qui s’attend ensuite à ce que chacun apporte son soutien. Avant qu’une salle ne soit construite, la Société procède à une analyse sérieuse de sa réelle nécessité et du taux de fréquentation envisagé. On ne prend pas seulement en compte l’enthousiasme suscité par le projet sur le plan local, mais aussi les besoins généraux dans le domaine de la prédication. Toutes les congrégations concernées discutent du projet pour s’assurer que les frères ont le désir et la possibilité de le soutenir.
Ainsi, lorsque les travaux commencent, les Témoins de Jéhovah de la région les soutiennent de tout cœur. Chaque construction est financée par les Témoins. On parle du coût financier, mais les offrandes sont volontaires et anonymes. Les plans sont soigneusement préparés à l’avance, et le projet bénéficie de l’expérience acquise dans la construction de Salles du Royaume et, souvent, de Salles d’assemblées dans d’autres régions. Quand il le faut, certains travaux peuvent être confiés à des entrepreneurs, mais la plus grosse partie est faite par des Témoins enthousiastes, ce qui permet d’en réduire le coût de moitié.
Grâce à une équipe formée de professionnels qualifiés et d’autres frères qui donnent volontiers de leur temps et de leurs talents, les travaux avancent généralement vite. Certaines constructions ont duré plus d’une année. Cependant, en 1985, sur l’île de Vancouver (Canada), quelque 4 500 volontaires ont érigé une Salle d’assemblées de 2 300 mètres carrés en neuf jours. Le bâtiment comprend aussi une Salle du Royaume de 200 places à l’usage des congrégations locales. En Nouvelle-Calédonie, en 1984, le gouvernement avait imposé un couvre-feu en raison des troubles politiques; cependant, jusqu’à 400 volontaires en même temps ont travaillé à la construction de la Salle d’assemblées, qui a été achevée en quatre mois. En Suède, près de Stockholm, une belle Salle d’assemblées très fonctionnelle, équipée de 900 sièges en chêne et capitonnés, a été construite en sept mois.
Parfois, il faut avoir recours à la justice afin d’obtenir les permis de construire des Salles d’assemblées. C’est ce qui s’est passé au Canada, à Surrey (Colombie britannique). Au moment de l’achat du terrain, les règlements d’urbanisme autorisaient la construction de lieux de culte. Mais après qu’une demande de permis de construire a été déposée en 1974, le conseil du district de Surrey a adopté un règlement stipulant que l’on ne pouvait construire des églises et des Salles d’assemblées que dans la zone P-3, une zone inexistante. Pourtant, 79 églises avaient auparavant été bâties dans l’agglomération sans la moindre difficulté. Une action judiciaire a été intentée. Plusieurs jugements ont été rendus en faveur des Témoins de Jéhovah. Une fois écartée l’opposition de fonctionnaires nourris de préjugés, les travailleurs volontaires ont entrepris la construction avec un tel enthousiasme qu’ils l’ont achevée en sept mois. Comme Néhémie lorsqu’il s’est efforcé de reconstruire les murailles de la Jérusalem antique, ils ont senti que ‘la main de Dieu était sur eux’ pour accomplir le travail. — Néh. 2:18.
Aux États-Unis, lorsque les Témoins de Jéhovah ont acheté le théâtre Stanley à Jersey, dans le New Jersey, le bâtiment était classé monument historique. Il était en piètre état, mais il offrait des possibilités intéressantes pour une Salle d’assemblées. Cependant, quand les Témoins ont voulu rénover le bâtiment, la municipalité a refusé d’accorder le permis. Le maire ne voulait pas des Témoins dans sa ville; il avait d’autres projets en vue. Une action en justice a été intentée pour éviter que la municipalité ne pratique un détournement de pouvoir. La cour a prononcé un jugement en faveur des Témoins. Peu de temps après, le maire a été battu à la suite d’une élection. Les travaux ont été faits très rapidement. Il en est résulté une belle Salle d’assemblées d’une capacité de plus de 4 000 places. Les commerçants et les habitants de la ville sont fiers de ce bâtiment.
Durant les 27 dernières années, en de nombreux endroits du monde, les Témoins de Jéhovah ont construit de belles Salles d’assemblées fonctionnelles qui sont des centres d’enseignement biblique. Il y a de plus en plus de salles de ce genre en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Afrique et en Orient, ainsi que dans de nombreuses îles. Dans certains pays, par exemple au Nigeria, en Italie et au Danemark, les Témoins de Jéhovah ont même construit des installations permanentes plus grandes pour leurs assemblées de district.
Cependant, les Salles d’assemblées et les Salles du Royaume ne sont pas les seules constructions réalisées par les Témoins de Jéhovah pour favoriser la proclamation du Royaume de Dieu.
Des bureaux, des imprimeries et des Béthels dans le monde entier
En 1992, on comptait dans le monde 99 filiales de la Société, dont chacune coordonnait l’activité des Témoins de Jéhovah dans sa portion de territoire. Plus des deux tiers de ces filiales effectuaient divers travaux d’imprimerie qui contribuent à l’œuvre d’enseignement de la Bible. Ceux qui servent dans ces filiales sont, pour la plupart, logés comme une grande famille dans des maisons appelées Béthels, nom qui signifie “Maison de Dieu”. Le nombre des Témoins augmentant et l’œuvre de prédication s’intensifiant, il a fallu agrandir ces installations et en construire de nouvelles.
La croissance de l’organisation est si rapide que souvent entre 20 et 40 projets d’extension de filiales ont été entrepris en même temps. Il a donc fallu mettre en place un vaste Programme international de construction.
En raison de la somme colossale de travail à fournir dans le monde entier, la Société possède son propre bureau d’étude au siège mondial à New York. Des ingénieurs qui ont des années d’expérience ont quitté leur emploi et se sont offerts volontairement pour travailler à plein temps sur des projets de construction directement liés aux activités du Royaume. En outre, les plus expérimentés ont formé d’autres hommes et d’autres femmes dans l’ingénierie, l’architecture et le dessin industriel. Grâce à ce service qui coordonne le travail, l’expérience acquise dans la construction de bâtiments pour des filiales dans le monde entier peut servir à ceux qui travaillent sur des projets dans d’autres pays.
Avec le temps, la quantité de travail à accomplir a nécessité l’ouverture d’un Bureau d’ingénierie régional au Japon pour aider à l’élaboration de plans pour différents projets en Orient. D’autres Bureaux d’ingénierie régionaux fonctionnent en Europe et en Australie, avec du personnel originaire de différents pays. Ces bureaux collaborent étroitement avec le siège mondial de la Société, et leur travail accompli avec l’aide de la technologie informatique réduit le nombre de dessinateurs nécessaires sur les sites de construction.
Certains projets sont de taille relativement modeste. C’était le cas du bâtiment de la filiale construit à Tahiti en 1983. Il comprenait des bureaux, des réserves et des logements pour huit travailleurs volontaires. C’était aussi le cas du bâtiment de quatre niveaux érigé entre 1982 et 1984 pour la filiale de Martinique. Ces installations ne paraissent peut-être pas extraordinaires à ceux qui habitent de grandes villes dans d’autres pays, mais elles ont attiré l’attention du public. Le journal France-Antilles a déclaré que le bâtiment construit en Martinique était un “chef-d’œuvre architectural” qui reflétait un “grand amour du travail bien fait”.
À l’opposé du point de vue de la taille, les installations achevées au Canada en 1981 comprenaient une imprimerie de 9 300 mètres carrés et un bâtiment résidentiel pouvant accueillir 250 volontaires. À Cesàrio Lange, au Brésil, le complexe de la Société, achevé la même année, était composé de huit bâtiments, d’une surface au sol de presque 46 000 mètres carrés. Il a fallu 10 000 camions de ciment, de pierres et de sable, et des piliers de soutien en béton qui, mis les uns sur les autres, auraient atteint presque deux fois la hauteur de l’Everest. Lorsqu’on a construit une grande imprimerie aux Philippines, il a fallu bâtir un immeuble résidentiel de 10 étages.
Pour répondre aux besoins du nombre croissant de prédicateurs du Royaume au Nigeria, un vaste projet de construction a été entrepris à Igieduma, en 1984. Il comprenait une imprimerie, un grand bâtiment réservé aux bureaux, quatre bâtiments résidentiels reliés entre eux et d’autres installations utilitaires. Il était prévu que l’imprimerie soit entièrement préfabriquée et importée par bateau des États-Unis. Cependant, les frères se sont trouvés confrontés à des délais d’importation apparemment impossibles à respecter. Mais en définitive, ces délais ont été respectés, et le matériel est arrivé sans problème sur le chantier. Les Témoins ne s’en sont pas attribué l’honneur, mais ils ont remercié Jéhovah pour ses bienfaits.
Une expansion rapide dans le monde entier
L’accroissement de l’œuvre de prédication du Royaume a été si rapide qu’une fois les locaux des filiales agrandis, il a souvent fallu recommencer à construire peu de temps après. Voici quelques exemples:
Au Pérou, de nouveaux bâtiments comprenant des bureaux, 22 chambres et d’autres locaux indispensables pour les membres de la famille du Béthel, ainsi qu’une Salle du Royaume, avaient été achevés fin 1984. Mais l’intérêt suscité par le message du Royaume a été plus important que prévu dans ce pays d’Amérique du Sud. Quatre ans plus tard, il a fallu doubler les installations existantes, cette fois en utilisant une structure antisismique.
En 1979, un nouveau complexe spacieux a été construit pour la filiale de Colombie. Il semblait offrir assez d’espace pour les années à venir. Toutefois, en sept ans, le nombre des Témoins colombiens avait presque doublé et la filiale imprimait désormais les périodiques La Atalaya et ¡Despertad! non seulement pour la Colombie, mais aussi pour quatre pays voisins. Une nouvelle construction a donc commencé en 1987, avec cette fois davantage de terrain en vue d’une expansion future.
En 1980, les Témoins de Jéhovah du Brésil ont passé quelque 14 millions d’heures à prêcher le message du Royaume en public. Ce chiffre a presque atteint les 50 millions en 1989. Davantage de gens ont manifesté le désir de satisfaire leur appétit spirituel. Les locaux de la filiale inaugurés en 1981 ne suffisaient plus. En septembre 1988, on avait commencé à creuser les fondations d’une nouvelle imprimerie qui allait augmenter de 80 % la surface au sol de celle déjà existante. En outre, des bâtiments résidentiels allaient être nécessaires pour loger la famille du Béthel plus nombreuse.
En 1984, à Selters/Taunus, en Allemagne, a été inaugurée une imprimerie de la Société, la deuxième par ordre d’importance dans le monde. Cinq ans plus tard, en raison de l’accroissement local et de la possibilité d’étendre l’œuvre de témoignage dans les pays pour lesquels cette filiale imprimait des publications, des plans ont été dressés pour agrandir l’imprimerie de 85 % de sa surface et ajouter des bâtiments résidentiels et de service.
En 1972, la filiale du Japon a déménagé de Tokyo pour occuper de plus grands locaux à Numazu. Ceux-ci ont été agrandis en 1975. Puis, en 1978, un nouveau terrain a été acquis à Ebina, et la construction d’une imprimerie trois fois plus grande que celle de Numazu a commencé rapidement. Elle a été achevée en 1982. Mais ce n’était pas encore suffisant; d’autres bâtiments ont été ajoutés en 1989. Mais n’aurait-il pas été possible de construire en une seule fois des locaux suffisamment grands? Non. Le nombre des proclamateurs du Japon a doublé à plusieurs reprises, ce qui était humainement imprévisible. De 14 199 en 1972, leur nombre a fait un bond et a atteint 137 941 en 1989, et une large proportion d’entre eux sont des ministres à plein temps.
On observe un phénomène semblable dans d’autres parties du monde. Une dizaine d’années — parfois seulement quelques années — après que des bâtiments importants équipés pour l’impression ont été construits, il a fallu les agrandir. C’est ce qui s’est produit entre autres au Mexique, au Canada, en Afrique du Sud et en République de Corée.
Qui participe aux travaux? Comment tout cela a-t-il été fait?
Des milliers désirent apporter leur aide
Sur les 17 000 Témoins vivant en Suède à l’époque de la construction des bâtiments de la filiale à Arboga, quelque 5 000 volontaires ont participé aux travaux. La plupart n’étaient que des travailleurs volontaires, mais un nombre suffisant de professionnels qualifiés étaient là pour veiller à ce que le travail soit bien fait. Ils étaient animés par l’amour de Jéhovah.
Au Danemark, lorsqu’un fonctionnaire de l’aménagement du territoire a entendu dire que la construction des nouveaux bâtiments de la filiale à Holbaek allait être effectuée par des Témoins de Jéhovah, il a exprimé quelques réserves. Quoi qu’il en soit, parmi les Témoins qui ont apporté leur aide se trouvaient tous les éléments qualifiés nécessaires. Cependant, aurait-il été plus avantageux de faire appel à des entrepreneurs? Une fois la construction terminée, des experts de l’urbanisme de la ville ont visité ces bâtiments et ont fait des compliments sur la qualité du travail, ce qu’ils observent rarement dans les entreprises commerciales de nos jours. Quant au fonctionnaire qui avait d’abord émis quelques réserves, il a souri en disant: “Vous savez, à l’époque j’ignorais à quel genre d’organisation j’avais affaire.”
Les grandes villes d’Australie sont très éloignées les unes des autres; c’est pourquoi la plupart des 3 000 volontaires qui venaient travailler à la construction des bâtiments de la filiale, à Ingleburn, entre 1978 et 1983, devaient parcourir au moins 1 600 kilomètres. Toutefois, un transport par car était organisé pour les groupes de volontaires; en chemin, les congrégations pourvoyaient aux repas des frères et les recevaient lors des haltes de repos. Certains frères ont vendu leur maison, fermé leur commerce, pris des vacances et fait d’autres sacrifices encore afin de participer aux travaux. Des équipes d’ouvriers qualifiés sont venus, dont certains à plusieurs reprises, pour couler du béton, faire les plafonds et poser les clôtures. D’autres ont fait des offrandes en matériaux.
La majorité des volontaires sur ces chantiers n’étaient pas des professionnels, mais, après avoir reçu une petite formation, quelques-uns ont assumé de grandes responsabilités et ont fait un excellent travail. Ils ont appris à fabriquer des fenêtres, à conduire des engins, à mélanger du béton et à poser des briques. Ils offraient un avantage considérable sur les non-Témoins qui font la même chose à titre professionnel. Lequel? Les Témoins de Jéhovah qualifiés étaient disposés à partager leurs connaissances. Aucun ne craignait qu’un autre ne lui prenne son travail; il y en avait largement assez pour tout le monde. De plus, ils étaient poussés à effectuer un travail de qualité, parce qu’ils exprimaient ainsi leur amour pour Dieu.
Sur tous les sites de construction, un certain nombre de Témoins forment le noyau de la “famille” des constructeurs. Pendant les travaux qui ont eu lieu à Selters/Taunus, en Allemagne, de 1979 à 1984, ce noyau a été constitué de plusieurs centaines de travailleurs. Des milliers d’autres se sont joints à eux pendant des périodes de temps plus ou moins longues, beaucoup durant le week-end. Un programme était soigneusement établi pour qu’à leur arrivée les volontaires aient tous une tâche à accomplir.
Du fait de l’imperfection, certains problèmes surgissent, mais ceux qui participent à ces constructions s’efforcent de les résoudre en appliquant les principes bibliques. Ils savent que faire les choses d’une manière chrétienne l’emporte sur la seule efficacité. Sur le chantier d’Ebina, au Japon, on voyait en guise de rappel de grandes affiches représentant des travailleurs coiffés de casques, et sur chaque casque était écrit en caractères japonais l’un des fruits de l’esprit de Dieu: l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la foi, la douceur, la maîtrise de soi (Gal. 5:22, 23). Ceux qui visitent les chantiers peuvent voir et entendre la différence. Faisant part de ses remarques, un journaliste qui visitait le chantier de la filiale du Brésil a dit: “Ici, il n’y a pas de désordres; les ouvriers ne refusent pas de s’entraider. (...) Cette atmosphère chrétienne fait qu’ici tout est différent de ce que l’on a coutume de voir sur les chantiers brésiliens.”
Un accroissement constant au siège mondial
À mesure que s’agrandissent les locaux des filiales de la Société, il faut aussi agrandir ceux du siège mondial. Depuis la Seconde Guerre mondiale, on a agrandi plus de dix fois l’imprimerie et les bureaux à Brooklyn et dans d’autres endroits de l’État de New York. Afin de loger le personnel, il a fallu construire ou acheter et rénover de nombreux bâtiments, petits et grands. D’autres projets d’extension à Brooklyn ont été annoncés en août 1990 et en janvier 1991, alors même qu’au nord de New York se poursuivait la construction d’un grand centre d’enseignement de la Société Watchtower, destiné à recevoir jusqu’à 1 200 personnes, dont des volontaires du Béthel et des étudiants.
Depuis 1972, on construit sans répit au siège mondial de la Société et dans les propriétés qu’elle possède dans les États de New York et du New Jersey. Avec le temps, on a compris que même s’ils étaient des centaines, les travailleurs permanents ne pouvaient pas faire tout le travail de construction prévu. Ainsi, en 1984, un programme visant à utiliser régulièrement des travailleurs temporaires a été mis en place. Des lettres ont été envoyées aux 8 000 congrégations que comptaient les États-Unis à l’époque, pour inviter les frères qualifiés à venir travailler une semaine ou plus. (Un système semblable avait déjà très bien fonctionné dans certaines filiales comme en Australie, où ceux qui étaient en mesure de venir travailler deux semaines étaient invités à se porter volontaires.) Les travailleurs seraient logés et nourris, mais ils devraient faire le voyage à leurs propres frais et ne percevraient pas de salaire. Qui allait se présenter?
En 1992, plus de 24 000 demandes ont été reçues. Au moins 3 900 d’entre elles ont été envoyées par des Témoins qui revenaient pour la 2e, 3e, 10e ou 20e fois. La plupart étaient des anciens, des serviteurs ministériels ou des pionniers, des personnes dotées d’excellentes qualités spirituelles. Tous désiraient accomplir n’importe quelle tâche nécessaire, qu’elle ait trait ou non à leur métier. Le travail était souvent pénible et salissant. Cependant, contribuer ainsi aux progrès de la cause du Royaume était pour eux un privilège. Certains pensent que cela les a aidés à mieux apprécier l’esprit de sacrifice qui caractérise le travail accompli au siège mondial. Tous ont considéré comme une récompense le fait d’assister au culte matinal de la famille du Béthel et à l’étude familiale hebdomadaire de La Tour de Garde.
Les volontaires internationaux
Comme la nécessité d’une expansion rapide se faisait sentir, en 1985, des dispositions ont été prises en rapport avec les volontaires internationaux. Ce n’était pas la première fois que se manifestait une coopération internationale dans la construction, mais les activités allaient désormais être soigneusement coordonnées depuis le siège mondial. Ceux qui y participent sont des Témoins volontaires pour prendre part à des constructions en dehors de leur pays. Ce sont des travailleurs qualifiés, et les femmes accompagnent leurs maris et font tout ce qu’elles peuvent pour apporter leur aide. La plupart voyagent à leurs propres frais, aucun ne reçoit un salaire. Certains se déplacent pour de courtes périodes de temps, généralement entre deux semaines et trois mois. D’autres sont des volontaires à long terme, qui restent une année ou même plus sur les lieux de construction, peut-être jusqu’à la fin des travaux. Plus de 3 000 Témoins de Jéhovah de 30 pays ont participé à ce programme au cours des cinq dernières années, et beaucoup d’autres désiraient y participer si leurs qualifications étaient utiles. Ils considèrent comme un privilège de donner ainsi d’eux-mêmes et de leurs biens pour la cause du Royaume.
Les volontaires internationaux sont nourris et logés. Le logement n’offre souvent qu’un confort limité. Les Témoins locaux sont très reconnaissants de ce que font leurs frères venus d’ailleurs et, là où c’est possible, ils les hébergent dans leurs maisons, aussi humbles soient-elles. Les repas sont souvent pris sur le lieu de la construction.
Les frères venus de l’étranger ne sont pas là pour tout faire. Leur but est de travailler avec l’équipe de construction du pays. Des centaines, voire des milliers d’autres frères du pays peuvent aussi venir les aider le week-end, pendant quelques semaines ou plus longtemps. En Argentine, 259 volontaires étrangers ont travaillé avec des milliers de frères argentins, dont certains étaient là tous les jours, d’autres quelques semaines et un plus grand nombre encore le week-end. En Colombie, plus de 830 volontaires internationaux ont apporté leur aide pendant différentes périodes de temps. En outre, 200 volontaires de Colombie ont travaillé à plein temps à la construction, alors que chaque week-end il y avait 250 autres volontaires, si bien qu’au total plus de 3 600 travailleurs ont participé aux travaux.
Les différences de langues peuvent entraîner des difficultés, mais elles n’empêchent pas les groupes internationaux de travailler ensemble. Des gestes, des expressions de visage, le sens de l’humour et le désir de faire un travail qui honore Jéhovah permettent d’accomplir la tâche.
Des pays qui comptent peu de travailleurs qualifiés dans le bâtiment connaissent parfois un accroissement extraordinaire et ont donc besoin d’agrandir les bâtiments de leur filiale. Cette situation n’est pas une entrave pour les Témoins de Jéhovah qui s’entraident joyeusement. Ils travaillent ensemble comme une grande famille qui n’est pas divisée par la nationalité, la couleur de la peau ni la langue.
En Papouasie-Nouvelle-Guinée, conformément aux exigences du ministère du Travail, chaque volontaire venu d’Australie et de Nouvelle-Zélande a formé un Papou dans un certain travail. Ainsi, tout en donnant d’eux-mêmes, les Témoins du pays ont appris des métiers qui leur permettent de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.
Lorsqu’il a fallu construire de nouveaux bâtiments pour la filiale du Salvador, 326 volontaires étrangers se sont joints aux frères de ce pays. Pour la construction réalisée en Équateur, 270 Témoins de 14 pays ont travaillé en compagnie des frères et des sœurs équatoriens. Certains volontaires internationaux ont collaboré à plusieurs projets en même temps. Ils ont travaillé alternativement sur des chantiers en Europe et en Afrique, selon l’endroit où leurs compétences étaient nécessaires.
En 1992, des volontaires internationaux ont été envoyés dans 49 filiales pour venir en aide aux équipes de construction locales. Dans certains cas, ceux qui avaient bénéficié de ce programme ont pu à leur tour offrir leur aide à d’autres chrétiens. Ainsi, ayant bénéficié du soutien d’environ 60 serviteurs internationaux permanents lors de la construction des locaux de la filiale des Philippines, et de celle de 230 volontaires étrangers venus pour de courtes périodes de temps, des frères philippins se sont rendus disponibles pour participer à des travaux de construction en Asie du Sud-Est.
Les Témoins de Jéhovah accomplissent cette œuvre de construction pour répondre aux besoins de la prédication de la bonne nouvelle. Avec l’aide de l’esprit de Jéhovah, ils veulent donner le plus grand témoignage possible avant la fin. Ils sont convaincus que le monde nouveau est très proche, et, grâce à leur foi, ils espèrent survivre à Harmaguédon en tant que peuple organisé et vivre dans ce monde nouveau, sous la domination du Royaume messianique de Dieu. Ils espèrent également que certains des beaux bâtiments construits et dédiés à Jéhovah continueront à servir, après Harmaguédon, de centres à partir desquels la connaissance du seul vrai Dieu Jéhovah sera diffusée jusqu’à ce qu’elle remplisse vraiment toute la terre. — És. 11:9.
[Note]
a On en parlait comme de l’Église de “la nouvelle lumière” parce que ceux qui s’y rendaient avaient le sentiment que, grâce à la lecture des publications de la Société Watch Tower, ils acquerraient une compréhension nouvelle de la Bible.
[Entrefilet, page 322]
Des Témoins de congrégations voisines apportent leur aide.
[Entrefilet, page 323]
Travaux de construction réalisés par des volontaires.
[Entrefilet, page 324]
Les qualités spirituelles étaient mises en évidence.
[Entrefilet, page 326]
Construction de qualité, sécurité, coût minimum et rapidité.
[Entrefilet, page 328]
Une Salle d’assemblées transportable!
[Entrefilet, page 331]
Le recours à la justice.
[Entrefilet, page 332]
Expansion à l’échelle internationale.
[Entrefilet, page 333]
Les Témoins attribuent l’honneur à Jéhovah, pas à eux-mêmes.
[Entrefilet, page 334]
Un accroissement qu’aucun humain ne pouvait prédire.
[Entrefilet, page 336]
Participer à la construction du siège mondial est pour eux un privilège.
[Entrefilet, page 339]
Ils travaillent comme une grande famille qui n’est pas divisée par la nationalité, la couleur de la peau ni la langue.
[Encadré/Illustrations, pages 320, 321]
Ils travaillent ensemble pour construire rapidement des Salles du Royaume
Des milliers de nouvelles congrégations sont formées chaque année. Dans la plupart des cas, les nouvelles Salles du Royaume sont construites par les Témoins de Jéhovah eux-mêmes. Ces photos ont été prises durant la construction d’une Salle du Royaume aux États-Unis (Connecticut), en 1991.
Vendredi, 7 h 40.
Vendredi midi.
Samedi, 19 h 41.
La plus grosse partie des travaux s’est achevée le dimanche à 18 h 10.
Ils demandent la bénédiction de Jéhovah et prennent le temps de puiser conseil dans sa Parole.
Tous sont des volontaires, heureux de travailler côte à côte.
[Encadré/Illustrations, page 327]
Salles du Royaume dans différents pays
Les lieux de réunion des Témoins de Jéhovah sont généralement modestes. Ils sont propres, confortables et attrayants pour le voisinage.
Pérou
Philippines
France
République de Corée
Japon
Papouasie-Nouvelle-Guinée
Irlande
Colombie
Norvège
Lesotho
[Encadré/Illustrations, page 330]
Les Salles d’assemblées des Témoins de Jéhovah
Afin de tenir leurs assemblées périodiques, les Témoins de Jéhovah de certaines régions ont jugé pratique de construire leurs propres Salles d’assemblées. La plupart des travaux sont réalisés par des Témoins de la région. Voici quelques-unes des salles utilisées au début des années 90:
Grande-Bretagne
Venezuela
Italie
Allemagne
Canada
Japon
[Encadré/Illustrations, page 338]
Le Programme de construction international répond à des besoins urgents
L’accroissement rapide de l’organisation a exigé l’agrandissement des bureaux, des imprimeries et des Béthels dans le monde.
Les volontaires internationaux aident les Témoins du pays.
Espagne
Les méthodes de construction utilisées permettent à de nombreux volontaires disposant d’une expérience limitée de faire un travail de qualité.
Porto Rico
Les travailleurs qualifiés sont heureux de se rendre utiles.
Nouvelle-Zélande
Grèce
Brésil
L’utilisation de matériaux durables permet à long terme un entretien à faible coût.
Grande-Bretagne
Le travail de grande qualité résulte de l’intérêt personnel accordé par les exécutants; il est une expression de leur amour pour Jéhovah.
Canada
Ces constructions sont des événements joyeux; de nombreuses amitiés durables s’y nouent.
Colombie
Au Japon, des affiches rappellent aux travailleurs les consignes de sécurité et la nécessité de manifester les fruits de l’esprit de Dieu.
[Illustration, page 318]
Le premier bâtiment appelé Salle du Royaume, à Hawaii.
[Illustrations, page 319]
Parmi les premières Salles du Royaume, bon nombre étaient des bâtiments loués ou de simples pièces au-dessus de magasins; quelques-unes ont été construites par les Témoins.
[Illustrations, page 329]
Deux des premières Salles d’assemblées.
New York
Guadeloupe
[Illustrations, page 337]
Travailleurs temporaires récemment arrivés au siège mondial à New York.
On rappelle à chacun qu’être une personne spirituelle et faire un travail de qualité l’emporte sur la rapidité.
-
-
D’où vient l’argent?Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 21
D’où vient l’argent?
L’ŒUVRE des Témoins de Jéhovah exige de l’argent. Des fonds sont nécessaires pour construire des Salles du Royaume, des Salles d’assemblées, des bureaux, des imprimeries, des Béthels, et aussi pour les entretenir. L’édition et la diffusion des publications pour l’étude de la Bible entraînent également des dépenses. D’où vient donc l’argent?
Des personnes qui s’opposent à l’œuvre des Témoins de Jéhovah ont émis bien des hypothèses sur ce sujet. Cependant, l’examen des faits confirme la réponse donnée par les Témoins eux-mêmes. L’œuvre est essentiellement accomplie par des volontaires qui n’attendent ni ne désirent aucune rétribution en échange de leurs services, et les dépenses de l’organisation sont couvertes par des offrandes volontaires.
“Entrée gratuite. Pas de collecte”
Dès la parution du deuxième numéro de La Tour de Garde, celui d’août 1879 (en anglais), Charles Russell a déclaré: “‘La Tour de Garde de Sion’ a, nous le croyons, JÉHOVAH comme soutien, et tant qu’il en sera ainsi, elle ne demandera ni ne sollicitera jamais l’appui des hommes. Quand Celui qui dit: ‘Tout l’or et tout l’argent des montagnes sont à moi’, ne daignera plus pourvoir aux fonds nécessaires, nous comprendrons que le moment est venu d’en suspendre la parution.” Conformément à ces paroles, aucune publication des Témoins de Jéhovah ne quémande de l’argent.
Il en va de leurs réunions comme de leurs publications. Lorsqu’ils se réunissent dans leurs congrégations ou lors de leurs assemblées, les Témoins ne lancent pas d’appels poignants dans le but de collecter des fonds. Aucun plateau ne circule pour la quête; aucune enveloppe dans laquelle il faut mettre de l’argent n’est distribuée; aucun appel pressant de fonds n’est envoyé aux membres des congrégations. Celles-ci n’ont jamais recours aux lotos ni aux tombolas pour recueillir des fonds. Dès 1894, quand la Société a envoyé des orateurs itinérants, elle a donné cette instruction pour le bien de tous: “Faites comprendre dès le départ que les quêtes ou toute autre demande d’argent ne sont ni autorisées ni approuvées par la Société.”
Ainsi, dès le commencement de l’histoire moderne des Témoins de Jéhovah, les feuilles d’invitation qu’ils imprimaient pour encourager les gens à assister à leurs réunions portaient cette précision: “Entrée gratuite. Pas de collecte.”
Au début de l’année 1914, les Étudiants de la Bible ont loué des salles de théâtre ainsi que d’autres auditoriums, et ont invité le public à voir le “Photo-Drame de la Création”. Cette projection, en quatre parties et d’une durée totale de huit heures, comprenait des vues fixes et des films avec un commentaire synchronisé. La première année, des millions de personnes y ont assisté en Amérique du Nord, en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Certes, des propriétaires de salles ont fait payer la réservation de sièges, mais les Étudiants de la Bible n’ont jamais demandé un prix d’entrée. De plus, il n’y avait pas de quête.
Par la suite, et pendant plus de 30 ans, la Société a utilisé la station de radio WBBR, à New York. Les Témoins de Jéhovah ont également fait appel à des centaines d’autres stations radiophoniques pour diffuser des programmes d’enseignement biblique. Cependant, ils n’ont jamais profité de ces émissions pour demander de l’argent.
Comment recueillent-ils des offrandes pour financer leur œuvre?
Soutenue par des offrandes volontaires
La Bible établit le modèle. Sous la Loi mosaïque, certaines offrandes étaient volontaires, tandis que d’autres étaient requises, comme par exemple la dîme, ou le don du dixième (Ex. 25:2; 30:11-16; Nomb. 15:17-21; 18:25-32). Cependant, la Bible montre aussi que le Christ a accompli la Loi, de sorte que Dieu y a mis fin; c’est pourquoi les chrétiens ne sont pas tenus d’observer ses prescriptions. Ils ne paient pas la dîme et ne sont pas obligés de faire d’autres contributions spécifiques, à un moment particulier. — Mat. 5:17; Rom. 7:6; Col. 2:13, 14.
Ils sont plutôt encouragés à cultiver la générosité, suivant en cela l’exemple merveilleux de Jéhovah et de son Fils, Jésus Christ (2 Cor. 8:7, 9; 9:8-15; 1 Jean 3:16-18). C’est pourquoi, à propos des dons, l’apôtre Paul a écrit ce qui suit aux membres de la congrégation de Corinthe: “Que chacun fasse comme il l’a résolu en son cœur, non avec regret ni par contrainte, car Dieu aime celui qui donne avec joie.” Paul leur a expliqué que lorsqu’ils étaient informés d’un besoin, ils avaient l’occasion d’‘éprouver la sincérité de leur amour’. Et d’ajouter: “Car si la bonne volonté y est tout d’abord, elle est surtout agréable selon ce que quelqu’un a, non selon ce que quelqu’un n’a pas.” — 2 Cor. 8:8, 12; 2 Cor. 9:7.
À la lumière de ces faits, le commentaire de Tertullien à propos des gens qui, à son époque (vers 155 à après 220 de n. è.), s’efforçaient de pratiquer le véritable christianisme, est intéressant. Il a écrit: “Et même s’il existe chez nous une sorte de caisse commune, elle n’est pas formée par une ‘somme honoraire’, versée par les élus, comme si la religion était mise aux enchères. Chacun paie une cotisation modique, à un jour fixé par mois ou quand il veut bien, et s’il le veut et s’il le peut. Car personne n’est forcé; on verse librement sa contribution.” (Apologétique, XXXIX, 2). Toutefois, depuis cette époque et au fil des siècles, les Églises de la chrétienté ont utilisé tous les moyens lucratifs imaginables pour financer leurs activités.
Charles Russell a refusé de suivre l’exemple des Églises. Il a écrit: “Il nous paraît que tenter d’obtenir de l’argent par différents stratagèmes au nom du Seigneur est choquant, inacceptable à ses yeux, et ne procure de bénédiction ni au donateur ni à l’œuvre accomplie.”
En harmonie avec les Écritures, au lieu de chercher à s’attirer la faveur de ceux qui possédaient des richesses, frère Russell a déclaré franchement que la majorité du peuple de Dieu serait constituée de pauvres de ce monde riches en foi. (Mat. 19:23, 24; 1 Cor. 1:26-29; Jacq. 2:5) Plutôt que d’insister sur l’argent dont il avait besoin pour répandre les vérités bibliques, il a mis l’accent sur l’importance de cultiver l’amour, le désir de donner et d’aider autrui, particulièrement en lui faisant connaître la vérité. À ceux qui avaient du talent pour gagner de l’argent et qui prétendaient qu’en se consacrant aux affaires ils pourraient faire des offrandes plus importantes, Russell disait qu’ils feraient mieux de réduire leurs activités et de donner d’eux-mêmes et de leur temps en répandant la vérité. Telle est toujours l’opinion du Collège central des Témoins de Jéhovaha.
Mais, dans les faits, combien chacun donne-t-il? C’est une question personnelle. Toutefois, il est à noter que les Témoins de Jéhovah ne limitent pas le don aux biens matériels. Lors des assemblées de district tenues en 1985-1986, ils ont examiné le sujet “Honorons Jéhovah avec nos choses de valeur”. (Prov. 3:9.) Ce sujet insistait sur le fait que les choses de valeur comprennent non seulement les ressources matérielles, mais aussi les ressources physiques, mentales et spirituelles.
Dès 1904, frère Russell a souligné que quelqu’un qui s’est pleinement consacré (ou, comme on dit maintenant, voué) à Dieu “a donné tout ce qu’il a au Seigneur”. Ainsi, il doit maintenant “se considérer lui-même établi par le Seigneur comme intendant de son temps, de son influence, de son argent, etc., et chacun doit chercher à employer ces talents de son mieux à la gloire du Maître”. Il a ajouté que, guidés par la sagesse d’en haut, “comme notre amour et notre zèle pour le Seigneur s’accroissent de jour en jour par [la] connaissance de la vérité et l’obtention de son esprit, nous nous trouverons donnant de plus en plus de notre temps, de notre influence et de tous les moyens dont nous disposons pour le service de la vérité”. — Études des Écritures, “La Nouvelle Création”, page 92.
Au tout début de l’œuvre, la Société disposait de ce qu’on appelait le Fonds de la Société pour les tracts. De quoi s’agissait-il? Les détails intéressants qui suivent figuraient au dos d’un papier à lettres que frère Russell utilisait parfois: “Ce fonds est constitué par les offrandes volontaires de ceux qui sont nourris et fortifiés par la ‘nourriture au temps convenable’ que les publications ci-dessus [publiées par la Société Watch Tower], tels des instruments de Dieu, présentent maintenant aux saints consacrés dans le monde entier.
“Ce fonds est constamment utilisé pour envoyer, gratuitement, aux nouveaux lecteurs des milliers d’exemplaires de LA TOUR DE GARDE et des Cahiers trimestriels de théologie ancienne [OLD THEOLOGY TRACTS] les plus appropriés. Il permet aussi la diffusion des éditions reliées de la série des AURORE en aidant ceux qui les distribuent, les colporteurs et les autres. Il fournit également un ‘fonds pour les pauvres’ permettant à tous les enfants de Dieu qui, à cause de leur âge, de la maladie, ou pour toute autre raison, ne peuvent s’abonner à LA TOUR DE GARDE de l’obtenir gratuitement, à condition d’envoyer au début de l’année une lettre, ou une carte, précisant leur désir de la recevoir et la raison pour laquelle ils ne peuvent s’abonner.
“Personne n’est jamais sollicité pour participer à ce fonds: toutes les offrandes doivent être volontaires. Nous rappelons à nos lecteurs les paroles de l’apôtre (1 Cor. 16:1, 2), et en accord avec elles, nous disons que ceux qui sont en mesure de faire des offrandes et les font pour répandre la vérité sont certains de recevoir des bienfaits spirituels en retour.”
L’activité mondiale des Témoins de Jéhovah, qui consiste à proclamer la bonne nouvelle du Royaume, est toujours soutenue par des offrandes volontaires. Outre les Témoins, de nombreuses personnes reconnaissantes et qui manifestent de l’intérêt sont heureuses de soutenir cette œuvre chrétienne par leurs offrandes volontaires.
Le financement des lieux de réunion
Chaque congrégation des Témoins de Jéhovah dispose de boîtes à offrandes appropriées dans lesquelles chacun peut mettre ce qu’il veut, quand il le veut et s’il le peut. Ces offrandes sont faites à titre personnel, si bien que les autres ne savent généralement pas ce que chacun donne. C’est une affaire entre Dieu et celui qui fait une offrande.
Les Témoins ne versent de rémunération à aucun d’entre eux, mais l’entretien d’une salle de réunion occasionne des frais. Pour répondre à ce besoin, les membres de la congrégation doivent en être informés. Toutefois, il y a plus de 70 ans, La Tour de Garde a précisé que les offrandes ne devaient être ni sollicitées ni extorquées; il suffisait d’exposer sobrement et honnêtement les faits. En accord avec ce point de vue, on ne parle pas souvent des questions financières dans les réunions de la congrégation.
Parfois, cependant, un besoin particulier se présente. Il se peut qu’on projette de rénover ou d’agrandir une Salle du Royaume ou encore d’en construire une. Pour connaître le montant des fonds dont ils pourront disposer, peut-être les anciens demanderont-ils aux membres de la congrégation d’écrire sur un papier ce qu’ils pensent pouvoir donner ou prêter pendant quelques années pour le projet. Les anciens peuvent aussi demander à chaque membre de la congrégation, ou aux familles, de préciser sur une note le montant de l’offrande qu’ils pensent verser chaque semaine ou chaque mois, avec la bénédiction de Jéhovah. Mais ces notes sont anonymes et il ne s’agit en aucun cas d’un engagement formel liant l’individu. Ces informations servent seulement à établir un programme. — Luc 14:28-30.
La congrégation de Tarma, au Liberia, a obtenu les fonds nécessaires d’une manière quelque peu différente. Durant une année, des membres de cette congrégation ont cultivé les champs de riz d’un Témoin, pendant que celui-ci coupait des arbres et fabriquait des planches qui étaient ensuite vendues afin de récupérer de l’argent pour leur projet de construction. À Paramaribo, au Suriname, il a fallu trouver de l’argent pour acheter des matériaux, mais pas pour le terrain. En effet, une sœur a fait don de sa propriété pour qu’une Salle du Royaume y soit construite. Elle a simplement demandé que l’on déplace sa maison au fond de la propriété. Au Japon, à Tokyo, le prix extrêmement élevé des terrains permet difficilement aux congrégations d’en obtenir pour construire des Salles du Royaume. Afin de les aider à résoudre ce problème, plusieurs familles ont proposé le terrain sur lequel se trouvait leur maison. Elles ont simplement demandé à avoir un appartement au-dessus de la Salle du Royaume construite à la place de leur maison.
Comme les congrégations devenaient de plus en plus importantes et qu’on en formait de nouvelles, celles situées dans la même région ont souvent essayé de s’entraider pour disposer de Salles du Royaume convenables. Cependant, cette générosité n’a pas suffi. Les prix des terrains et des constructions ayant monté en flèche, les congrégations étaient souvent dans l’impossibilité d’en acquérir. Que pouvait-on faire?
Lors des assemblées de district “Unis grâce au Royaume” tenues en 1983, le Collège central a annoncé la mise en place d’une disposition qui prévoyait l’application du principe énoncé en 2 Corinthiens 8:14, 15. Les chrétiens sont encouragés à faire en sorte que le superflu des uns compense le manque des autres afin “qu’il se fasse une égalisation”. Ainsi, ceux qui avaient peu n’auraient pas trop peu au point que cela entrave leurs efforts pour servir Jéhovah.
Chaque congrégation a été invitée à prévoir une boîte sur laquelle serait écrit “Fonds de la Société pour Salles du Royaume”. Les offrandes recueillies dans cette boîte seraient utilisées dans ce but. Les fonds ainsi rassemblés dans le pays serviraient donc à compenser le manque des congrégations qui avaient désespérément besoin d’une Salle du Royaume, mais ne pouvaient obtenir un prêt aux conditions requises par les banques. Après un examen minutieux en vue de déterminer les cas les plus urgents, la Société a commencé à mettre cet argent à la disposition des congrégations qui avaient besoin de construire ou d’acquérir de nouvelles Salles du Royaume. À mesure que davantage d’offrandes étaient reçues et que (dans les pays où c’était possible) les prêts ont été remboursés, on a pu aider davantage de congrégations.
Cette disposition a d’abord été prise aux États-Unis et au Canada, puis dans 30 pays d’Europe, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Extrême-Orient. En 1992, huit de ces pays avaient rassemblé assez d’argent pour permettre l’acquisition ou la construction de 2 737 Salles du Royaume utilisées par 3 840 congrégations.
Dans les pays où cette disposition n’existait pas, mais où on avait un besoin urgent de Salles du Royaume alors que les moyens financiers étaient inexistants, le Collège central s’est efforcé de prendre d’autres mesures pour que l’aide nécessaire soit apportée. Il y a donc eu une égalisation, de sorte que ceux qui avaient peu n’ont pas eu trop peu.
L’expansion du siège mondial
Le fonctionnement du siège mondial exige aussi des fonds. Après la Première Guerre mondiale, quand la Société a jugé utile d’imprimer et de relier elle-même ses publications, on s’est arrangé pour que les machines nécessaires soient achetées au nom de particuliers, des serviteurs de Jéhovah. Au lieu de payer une entreprise commerciale pour produire ses livres, la Société a utilisé chaque mois la somme équivalente pour rembourser la dette contractée lors de l’achat de l’équipement. Grâce aux avantages d’une telle disposition, le coût de la plupart des publications présentées au public a été réduit de moitié. L’objectif n’était pas d’enrichir la Société, mais de favoriser la prédication de la bonne nouvelle.
Au bout de quelques années, il est devenu clair qu’il fallait agrandir les locaux du siège mondial pour s’occuper de l’œuvre de prédication du Royaume dans le monde entier. Comme l’organisation s’étendait et que la prédication s’intensifiait, il a fallu à plusieurs reprises agrandir ces installations. Plutôt que de s’adresser aux banques pour obtenir les fonds nécessaires à l’agrandissement et à l’équipement des bureaux et de l’imprimerie du siège mondial, ainsi que d’autres bâtiments à New York et aux alentours, la Société a expliqué la situation aux frères. Elle ne l’a pas fait souvent, seulement 12 fois en 65 ans.
La Société n’a jamais quémandé. Quiconque souhaitait faire une offrande était invité à le faire. Ceux qui choisissaient de prêter de l’argent avaient l’assurance d’être remboursés sur simple demande, en cas de besoin inattendu et urgent. Ainsi, la Société a veillé à ne jamais mettre en difficulté les particuliers ou les congrégations qui, avec bonté, lui prêtaient de l’argent. Les offrandes faites par les Témoins de Jéhovah pour soutenir l’œuvre lui ont toujours permis de rembourser ses emprunts. Ces offrandes ne sont jamais considérées comme un dû. Dans la mesure du possible, la Société en accuse réception par le moyen d’une lettre ou d’autres marques de reconnaissance.
L’œuvre accomplie par l’organisation n’est pas soutenue par les offrandes d’un groupe de riches donateurs. La plupart des offrandes viennent de personnes qui n’ont que des revenus modestes — beaucoup n’ont que peu de biens. Parmi elles, on compte même des enfants qui ont le désir de soutenir ainsi l’œuvre du Royaume. Leur cœur les pousse à faire des offrandes, car il est rempli de gratitude pour la bonté de Jéhovah et du désir d’aider autrui à connaître ses dispositions miséricordieuses. — Voir Marc 12:42-44.
Le financement de l’expansion des filiales
À mesure que l’œuvre de prédication du Royaume prend de l’ampleur un peu partout dans le monde, il faut agrandir les locaux des filiales. Ces travaux sont exécutés sous la direction du Collège central.
Ainsi, après examen des recommandations de la filiale d’Allemagne, en 1978, des instructions ont été données pour l’achat d’un terrain approprié et la construction d’un complexe entièrement nouveau. Les Témoins de Jéhovah allemands pourraient-ils couvrir les dépenses? L’occasion leur en a été offerte. En 1984, lorsque cette construction a été achevée, à l’ouest des monts Taunus, le bureau de la filiale a déclaré: “Des dizaines de milliers de Témoins de Jéhovah, riches et pauvres, jeunes et vieux, ont donné des millions de marks pour financer les nouvelles installations. Grâce à leur générosité, le projet a pu être réalisé sans qu’il soit nécessaire d’emprunter de l’argent à des organismes extérieurs et de s’endetter.” En outre, environ 1 Témoin sur 7 en République fédérale d’Allemagne a participé aux travaux à Selters/Taunus.
Dans d’autres pays, les conditions économiques ou la situation matérielle des Témoins de Jéhovah rendent plus difficile, voire empêchent, la construction des locaux dont la filiale aurait besoin pour diriger l’œuvre ou des imprimeries qui produiraient les ouvrages bibliques dans les langues locales. Les Témoins de ces pays se voient offrir la possibilité de faire ce qu’ils peuvent (2 Cor. 8:11, 12). Cependant, on ne laisse pas le manque d’argent dans un pays entraver la diffusion du message du Royaume si les fonds sont disponibles ailleurs.
Ainsi, bien que les Témoins locaux fassent ce qu’ils peuvent, dans de nombreuses régions du monde, une grande partie de l’argent nécessaire à la construction de locaux pour les filiales provient des offrandes faites par des Témoins de Jéhovah d’autres pays. Ce fut le cas pour les bâtiments importants achevés en Afrique du Sud en 1987, au Nigeria en 1990, et aux Philippines en 1991. Mais aussi en Zambie, où les locaux de l’imprimerie étaient encore en construction en 1992. C’est aussi ce qui s’est passé pour des projets plus petits en Inde en 1985, au Chili en 1986, au Costa Rica, en Équateur, en Guyana, en Haïti et en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 1987; au Ghana en 1988, et au Honduras en 1989.
Dans certains pays, toutefois, les frères ont été surpris de voir ce qu’ils pouvaient réaliser sur le plan local lorsque Jéhovah bénissait leurs efforts conjugués. Au début des années 80, par exemple, la filiale d’Espagne envisageait d’agrandir ses locaux. Elle a demandé au Collège central les fonds dont elle avait besoin, mais comme des sommes importantes étaient engagées dans d’autres projets à cette époque, cette aide n’était pas disponible. Si on leur en donnait l’occasion, les Témoins espagnols réussiraient-ils, malgré leurs revenus modestes, à réunir l’argent nécessaire à une telle entreprise?
La situation leur a été présentée. Avec joie, certains ont offert jusqu’à leurs bijoux pour qu’ils soient convertis en argent. Lorsqu’on s’est enquis auprès d’une sœur âgée si elle tenait réellement à donner le gros bracelet en or qu’elle portait, elle a répondu: “Tu sais, frère, il sera bien plus utile s’il sert à l’achat du nouveau Béthel que s’il reste à mon poignet!” Une sœur âgée a apporté une liasse de billets de banque humides et moisis qu’elle tenait cachés sous le parquet de son appartement depuis des années. Des couples ont donné la somme qu’ils avaient économisée pour effectuer un voyage. Des enfants ont envoyé leurs économies. Un jeune garçon qui avait prévu d’acheter une guitare a envoyé l’argent pour le projet. Tout comme les Israélites à l’époque de la construction du tabernacle dans le désert, les Témoins espagnols se sont montrés généreux et ont donné de tout cœur ce qu’il fallait sur le plan matériel (Ex. 35:4-9, 21, 22). Puis ils ont donné d’eux-mêmes, à plein temps, pendant les vacances ou durant les week-ends, pour accomplir le travail. Des milliers sont venus de toute l’Espagne. D’autres Témoins de Grèce, d’Allemagne, de Suède, de Grande-Bretagne et des États-Unis, pour ne citer que quelques-uns de leurs pays d’origine, se sont joints à eux pour accomplir ce qui semblait au début une tâche impossible.
Un profit est-il réalisé sur les publications?
En 1992, des publications bibliques étaient produites au siège mondial et dans 32 filiales du monde. Beaucoup ont été distribuées par les Témoins de Jéhovah. Mais rien de tout cela n’a été fait pour en tirer un quelconque bénéfice. Le choix des langues dans lesquelles on imprime les publications et des pays dans lesquels on les envoie n’est pas fait en fonction d’un certain profit commercial, mais avec pour seul objectif d’accomplir l’œuvre que Jésus a confiée à ses disciples.
Dès juillet 1879, quand le premier numéro de La Tour de Garde est paru, ce périodique contenait une note précisant que ceux qui n’avaient pas les moyens de payer l’abonnement (à l’époque, seulement 50 cents [un demi-dollar] par an) pouvaient recevoir ce journal gratuitement sur simple demande écrite. L’objectif premier était d’aider les personnes à connaître le grand dessein de Jéhovah.
C’est à cette fin que, depuis 1879, de nombreuses publications sont distribuées gratuitement au public. En 1881, et les années suivantes, environ 1 200 000 exemplaires de Food for Thinking Christians (Nourriture pour les chrétiens réfléchis) ont été diffusés gratuitement. Un grand nombre sous la forme d’un livre de 162 pages; d’autres du format d’un journal. Les années suivantes, quantité de tracts de différents formats ont été distribués, la grande majorité (à vrai dire des centaines de millions d’exemplaires) gratuitement. Le nombre de tracts et d’autres publications diffusés n’a cessé d’augmenter. En 1915, le rapport a montré que 50 000 000 de tracts avaient été imprimés en 30 langues pour être distribués gratuitement dans le monde entier. D’où l’argent nécessaire provenait-il? En grande partie des offrandes volontaires versées au Fonds de la Société pour les tracts.
Durant les premières décennies de l’histoire de la Société, certaines publications étaient également laissées contre une contribution aussi modique que possible. Parmi celles-ci figuraient des livres reliés de 350 à 744 pages. Lorsque les colporteurs (comme on appelait alors les prédicateurs à plein temps) de la Société les proposaient au public, ils précisaient le montant de la contribution suggérée. Toutefois, ils n’avaient pas pour objectif de gagner de l’argent, mais de communiquer aux personnes les vérités bibliques fondamentales. Ils voulaient que les gens lisent les publications et en tirent profit.
Ils étaient prêts à donner la publication (en faisant eux-mêmes une offrande) si leur interlocuteur était démuni. Cependant, on a remarqué que beaucoup de gens étaient plus enclins à lire une publication quand ils avaient donné quelque chose pour l’obtenir, et leur offrande pouvait bien sûr servir à imprimer d’autres publications. Pourtant, soulignant le fait que les Étudiants de la Bible ne cherchaient pas à gagner de l’argent, le Bulletin, feuillet contenant les instructions de la Société pour la prédication, dans son édition du 1er octobre 1920 (en anglais), disait: “Dix jours après avoir laissé le petit livre [un de 128 pages], retournez voir les gens et assurez-vous qu’ils l’ont lu. Sinon, demandez-leur de vous rendre le livre et remboursez-les. Dites-leur que vous n’êtes pas un vendeur de livres, mais que vous cherchez à apporter à tous un message de réconfort, et que s’ils ne s’intéressent pas à quelque chose qui les concerne d’aussi près (...) vous préférez mettre le livre entre les mains de personnes qui s’y intéressent.” Les Témoins de Jéhovah n’utilisent plus cette méthode, car ils se sont rendu compte que d’autres membres de la famille pouvaient lire la publication et en tirer profit; cependant, ce qu’ils faisaient à l’époque met en évidence leur véritable objectif.
Pendant des années, ils ont parlé de la diffusion de leurs publications comme d’une “vente”. Mais cette terminologie prêtait à confusion, et, à partir de 1929, elle a peu à peu été abandonnée. Le terme ne convenait vraiment pas à leur activité, car leur œuvre n’avait rien de commercial. Ils ne cherchaient pas à gagner de l’argent. Ils voulaient prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. C’est pourquoi, en 1943, la Cour suprême des États-Unis a rendu un jugement selon lequel on ne pouvait pas exiger des Témoins de Jéhovah qu’ils obtiennent une licence de colportage pour distribuer leurs publications. Le pouvoir judiciaire canadien a confirmé et repris à son compte le raisonnement développé par la Cour suprême des États-Unis dans les attendus de cette décisionb.
Dans de nombreux pays, les Témoins de Jéhovah proposaient régulièrement leurs publications en échange d’une contribution. La contribution suggérée était si modique, comparée aux autres livres et journaux, que bien des gens offraient davantage. Cependant, l’organisation a fait de grands efforts pour que cette contribution reste modique et demeure à la portée des millions de gens qui ont peu de moyens, mais qui sont heureux de se procurer la Bible ou une publication biblique. La contribution suggérée n’a pas pour objectif d’enrichir l’organisation des Témoins de Jéhovah.
Dans tous les pays où l’on assimile la diffusion d’écrits bibliques à une pratique commerciale si le distributeur suggère une contribution en échange de la publication, les Témoins sont heureux de les laisser à quiconque manifeste un intérêt sincère et promet de les lire. Ceux qui veulent faire une offrande pour soutenir l’œuvre d’enseignement de la Bible donnent ce qu’ils veulent. C’est ce qui se fait au Japon, par exemple. En Suisse, récemment encore, les contributions volontaires n’étaient acceptées que jusqu’à concurrence de la somme indiquée pour la publication; si certains voulaient donner plus, les Témoins leur rendaient tout simplement l’argent ou leur donnaient davantage de publications. Leur désir n’était pas de collecter de l’argent, mais de prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu.
Des scandales financiers notoires ayant éclaté dans certaines religions de la chrétienté, et les autorités ayant de plus en plus tendance à considérer les activités religieuses comme une entreprise commerciale, en 1990, les Témoins de Jéhovah ont apporté quelques modifications à leur œuvre pour éviter tout malentendu. Le Collège central a décidé qu’aux États-Unis toutes les publications distribuées par les Témoins — les Bibles, les tracts, les brochures, les périodiques et les auxiliaires bibliques — seraient laissées aux gens sans qu’aucune contribution ne soit suggérée, à la seule condition qu’ils les lisent. L’activité des Témoins de Jéhovah n’a pas un caractère commercial, et cette disposition permet de les différencier davantage encore des autres groupes religieux qui font de la religion un commerce. Évidemment, la plupart des gens savent que l’impression des publications coûte de l’argent, et ceux qui apprécient ce que font les Témoins veulent donner quelque chose pour soutenir leur œuvre. On leur explique que l’œuvre mondiale d’enseignement de la Bible accomplie par les Témoins de Jéhovah est soutenue par des offrandes volontaires. Les offrandes sont acceptées mais ne sont pas réclamées.
Quand ils participent à la prédication, les Témoins ne le font pas pour un quelconque gain financier. Ils donnent de leur temps et se déplacent à leurs frais. Si quelqu’un manifeste de l’intérêt, ils prennent des dispositions pour revenir chaque semaine lui donner gratuitement une instruction biblique. C’est par amour pour Jéhovah et pour leur prochain qu’ils participent à cette activité, souvent malgré l’indifférence et la franche opposition.
Les fonds reçus au siège mondial des Témoins de Jéhovah ou à l’une des filiales de la Société ne servent pas à enrichir l’organisation ou un individu, mais à promouvoir la prédication de la bonne nouvelle. En 1922, La Tour de Garde a expliqué qu’en raison de la situation en Europe les livres qui y étaient imprimés par la Société étaient payés principalement par le siège américain, et qu’ils étaient souvent laissés aux gens en échange d’une contribution inférieure au prix de revient. Certes, les Témoins de Jéhovah possèdent maintenant des imprimeries dans de nombreux pays, mais certains de ceux qui reçoivent les publications ne peuvent envoyer des fonds pour couvrir les frais. Les offrandes généreuses des Témoins de Jéhovah des pays nantis permettent de compenser le manque des pays plus pauvres.
La Société s’est toujours efforcée d’utiliser toutes les ressources dont elle dispose pour promouvoir la prédication de la bonne nouvelle. Ainsi, Charles Russell, président de la Société, a déclaré en 1915: “Notre Société ne cherche pas à épargner des richesses matérielles, c’est plutôt une institution qui dépense son argent. Quoi que la providence divine nous ait permis de recevoir sans sollicitation, nous avons cherché à le dépenser aussi sagement que possible en harmonie avec la Parole et l’esprit du Seigneur. Il y a longtemps, nous avons annoncé que si les fonds venaient à manquer, la Société réduirait proportionnellement ses activités; et que si les fonds augmentaient, la Société développerait ses activités.” C’est exactement ce que la Société a toujours fait.
Depuis lors et aujourd’hui encore, l’organisation utilise les fonds dont elle dispose pour envoyer des surveillants itinérants fortifier les congrégations et les encourager dans le ministère public. Elle continue d’envoyer des missionnaires et des diplômés de l’École de formation ministérielle dans des pays qui ont des besoins particuliers. Elle se sert aussi des fonds qu’elle reçoit pour envoyer des pionniers spéciaux dans des régions où le message du Royaume n’a été que peu, ou pas du tout, prêché. Comme le montre l’Annuaire des Témoins de Jéhovah 1993, durant l’année de service précédente, 45 218 257,56 dollars ont été dépensés de cette façon.
Personne ne sert pour un gain personnel
L’œuvre des Témoins de Jéhovah ne procure aucun profit financier aux membres du Collège central, aux administrateurs de ses associations enregistrées légalement, ou à d’autres individus exerçant des responsabilités dans l’organisation.
L’un de ses collaborateurs a écrit à propos de Charles Russell, président de la Société pendant plus de 30 ans: “Pour déterminer si sa ligne de conduite était en harmonie avec les Écritures, et aussi pour démontrer sa propre sincérité, Russell décida de mettre à l’épreuve l’approbation du Seigneur. Dans ce but, il procéda comme suit: 1) il consacra sa vie à cette cause; 2) il engagea toute sa fortune pour faire progresser cette œuvre; 3) il refusa d’instituer des collectes dans les assemblées et conférences; 4) il fit dépendre l’œuvre d’offrandes volontaires, non sollicitées, pour assurer la continuation du travail après l’épuisement de sa fortune.”
Loin de s’enrichir par ses activités religieuses, Charles Russell a dépensé toutes ses ressources dans l’œuvre du Seigneur. Après sa mort, La Tour de Garde a écrit: “Il a mis toute sa fortune personnelle au service de la cause à laquelle il a consacré sa vie. Il recevait la somme de 11 dollars par mois pour ses dépenses personnelles. Il est mort sans laisser aucun bien derrière lui.”
À propos de ceux qui poursuivraient l’œuvre de la Société, frère Russell a précisé dans ses dernières volontés: “Quant à la rémunération, je pense qu’il est sage de garder la ligne de conduite suivie jusque-là par la Société, c’est-à-dire que personne ne sera payé. Les dépenses raisonnables seules seront remboursées à ceux qui, d’une manière ou d’une autre, travaillent pour la Société.” Ceux qui serviraient dans les Béthels, les bureaux et les imprimeries de la Société, ainsi que ses représentants itinérants, seraient nourris, logés et recevraient une somme modique en remboursement de leurs frais — suffisante pour leurs besoins immédiats, mais “pas une allocation (...) pour mettre de l’argent de côté”. Le même principe est appliqué aujourd’hui.
Ceux qui sont acceptés pour accomplir un service spécial à plein temps au siège mondial des Témoins de Jéhovah doivent faire vœu de pauvreté. C’est le cas des membres du Collège central et de tous les autres membres de la famille du Béthel. Cela ne veut pas dire qu’ils mènent une vie morne, dénuée de tout confort, mais qu’ils bénéficient tous, sans distinction, d’une nourriture simple, d’un logement modeste et de la petite somme en remboursement des frais qui est accordée à chacun de ceux qui accomplissent ce service.
Ainsi, l’organisation réalise son œuvre en comptant entièrement sur l’aide de Dieu. Les Témoins de Jéhovah sont heureux de mettre leurs ressources au service de l’œuvre que Jéhovah, leur Père céleste, leur a confiée, et ils le font non par contrainte, mais parce qu’ils appartiennent à une véritable famille spirituelle de frères, sur toute la terre.
[Notes]
a Voir La Tour de Garde de septembre 1945, pp. 14, 15; 15 décembre 1987, pp. 19, 20.
b Murdock contre État de Pennsylvanie, 319 U.S. 105 (1943); Odell contre Trepanier, 95 C.C.C. 241 (1949).
[Entrefilet, page 340]
‘Les demandes d’argent ne sont ni autorisées ni approuvées par la Société.’
[Entrefilet, page 342]
L’accent est mis sur l’importance de faire connaître la vérité à autrui.
[Entrefilet, page 343]
Un exposé complet et honnête des faits.
[Entrefilet, page 344]
Les congrégations s’aident mutuellement pour disposer des Salles du Royaume nécessaires.
[Entrefilet, page 345]
La plupart des offrandes viennent de personnes qui ont des revenus modestes.
[Entrefilet, page 348]
De nombreuses publications sont distribuées gratuitement. — Qui les paie?
[Entrefilet, page 349]
Ils sont heureux de laisser des publications à quiconque manifeste un intérêt sincère et promet de les lire.
[Entrefilet, page 350]
Qu’advient-il de l’argent reçu en offrande?
[Entrefilet, page 351]
“Il a mis toute sa fortune personnelle au service de la cause à laquelle il a consacré sa vie.”
[Encadré, page 341]
Dieu ne mendie pas
“Celui qui dit: ‘Si j’avais faim, je ne te le dirais pas, car le monde est à moi, et tout ce qui le remplit. (...) Je ne prendrai pas un taureau de ta maison, ni des boucs de tes bergeries. Car tous les animaux de la forêt sont à moi, toutes les bêtes des montagnes par milliers’ (Ps. 50:12, 9, 10 [Sg]), est capable de mener à bien sa grande œuvre sans mendier des fonds auprès du monde ou de ses enfants. Il n’obligera jamais non plus ses enfants à sacrifier quoi que ce soit à son service, ni n’acceptera de leur part aucune offrande qui ne soit volontaire et faite avec joie.” — “La Tour de Garde” de septembre 1886, page 6 (en anglais).
[Encadré, page 347]
Pas toujours des offrandes d’argent
Les Témoins de l’extrême nord du Queensland ont préparé et envoyé sur le site de construction de la Société Watch Tower, à Sydney, l’équivalent de quatre semi-remorques de bois, pour une valeur d’environ 400 000 francs français.
Lors de l’agrandissement de l’imprimerie de la Société Watch Tower à Elandsfontein, en Afrique du Sud, un frère indien a téléphoné pour demander si la filiale aimerait recevoir à titre d’offrande 500 sacs de ciment (de 50 kilos chacun). C’était au moment même où il y avait une pénurie dans le pays. D’autres ont proposé leurs camions à la Société. Une sœur africaine a payé une entreprise pour qu’elle livre 15 mètres cubes de sable.
Aux Pays-Bas, lors de la construction à Emmen de nouveaux bâtiments pour la filiale, d’énormes quantités d’outils et de vêtements de travail ont été offerts. Une sœur, très malade, a tricoté, pour l’hiver, une paire de chaussettes de laine pour chacun des travailleurs.
Lors de la construction des bureaux et de l’imprimerie à Lusaka, en Zambie, on a pu acheter des matériaux avec les fonds envoyés par les Témoins d’autres pays. Les matériaux et l’équipement qui n’étaient pas disponibles sur le plan local ont été envoyés comme offrandes et sont arrivés par camion en Zambie.
En 1977, en Équateur, un Témoin a offert à la Société un terrain de 34 hectares. C’est là qu’une Salle d’assemblées et un nouveau Béthel ont été construits.
Les Témoins du Panama ont ouvert leurs maisons aux travailleurs volontaires; quelques-uns, qui possédaient des minibus, ont fourni le moyen de locomotion; d’autres encore ont participé à la confection des 30 000 repas qui ont été servis sur les lieux de la construction.
En Suède, une congrégation a confectionné et expédié 4 500 petits pains pour ceux qui travaillaient sur le projet de construction à Arboga. D’autres ont envoyé du miel, des fruits et de la confiture. Un fermier, qui n’était pas Témoin, habitant près du chantier, y a fait parvenir deux tonnes de carottes.
-
-
Quelques vues des principales filiales des Témoins de JéhovahLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Quelques vues des principales filiales des Témoins de Jéhovah
LE SIÈGE MONDIAL DES TÉMOINS DE JÉHOVAH
[Illustration, pages 352, 353]
L’activité mondiale des Témoins de Jéhovah est dirigée de Brooklyn (New York, USA) depuis 1909. Ces bâtiments abritent les bureaux du siège mondial depuis 1980.
[Illustration, page 352]
Centre d’enseignement de la Société Watchtower, à Patterson (New York) (en cours de construction en 1992).
[Illustrations, page 353]
Certains des immeubles où logent les milliers de membres du siège mondial.
[Illustrations, page 354]
Anciens hôtels de Brooklyn rénovés pour loger 1 476 autres volontaires.
[Illustrations, page 354]
Logements de la famille du Béthel à Wallkill (New York).
[Illustrations, pages 354, 355]
Dans ces bâtiments d’imprimerie (à Brooklyn, New York) sont produits des Bibles, des livres et des brochures en 180 langues destinés à être diffusés dans le monde entier.
[Illustrations, page 356]
Dans ce bâtiment, à Brooklyn, on produit chaque année des millions d’enregistrements bibliques sur cassettes. C’est également là que l’expédition est organisée. Chaque année, plus de 15 000 tonnes de publications bibliques et d’autres articles sont expédiées vers toutes les régions du globe.
[Illustrations, page 356]
Dans cette imprimerie située à la Ferme de la Société Watchtower, près de Wallkill (New York), on imprime chaque année des centaines de millions d’exemplaires de “La Tour de Garde” et de “Réveillez-vous!” en 14 langues.
Les Témoins de Jéhovah et les associations qu’ils ont constituées disposent de bureaux et d’imprimeries dans de nombreux pays. Les photographies reproduites aux pages suivantes montrent bon nombre de ces locaux, mais pas tous. Les bâtiments en construction en 1992 sont représentés par des dessins en perspective. Les chiffres indiqués sont ceux de 1992.
AMÉRIQUE DU NORD ET ANTILLES
ALASKA
[Illustration, page 357]
Un accueil chaleureux attend les visiteurs de la filiale de la Société. Bien que la température descende parfois à - 50 °C en Alaska, les Témoins de Jéhovah prêchent de maison en maison, comme ailleurs.
[Illustration, page 357]
Cet avion sert à transporter des proclamateurs du Royaume jusque dans les parties reculées du territoire.
BAHAMAS
[Illustration, page 357]
Des publications de la Société Watch Tower étaient déjà entrées aux Bahamas en 1901. La prédication est devenue régulière en 1926. Depuis, plus de 4 600 000 écrits bibliques ont été diffusés sur les îles dont on s’occupe maintenant à partir de ces bureaux.
BARBADE
[Illustrations, page 358]
Plus de 140 groupements religieux se réclament du christianisme à la Barbade. Depuis 1905, les Témoins de Jéhovah aident les habitants à considérer par eux-mêmes ce que la Bible enseigne.
BÉLIZE
[Illustrations, page 358]
Environ la moitié de la population du Bélize vit en zone rurale. Pour atteindre certains villages situés à l’intérieur des terres, les Témoins de Jéhovah entreprennent chaque année de longues marches munis de sacs à dos et de sacoches.
COSTA RICA
[Illustration, page 358]
La Société a ouvert une filiale au Costa Rica en 1944. Depuis les années 50, les Costariciens qui pratiquent le vrai culte se comptent par milliers.
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
[Illustrations, page 359]
Des publications de la Société Watch Tower ont été distribuées dès 1932. Toutefois, c’est seulement en 1945, quand les missionnaires en photo à gauche sont arrivés, que les personnes bien disposées ont commencé à être personnellement enseignées. Ces dernières années, des dizaines de milliers de personnes ayant exprimé le désir d’étudier la Bible avec les Témoins de Jéhovah, il a fallu construire ces locaux pour la filiale.
SALVADOR
[Illustrations, page 359]
Le témoignage a été donné dans une certaine mesure en 1916. Cependant, c’est en 1945 que pour la première fois au Salvador un homme s’est fait baptiser (on le voit ici). Depuis, des milliers d’autres personnes se sont mises à servir Jéhovah.
GUADELOUPE
[Illustrations, page 359]
La proportion du nombre de proclamateurs par rapport à la population du territoire dont s’occupe cette filiale est l’une des plus élevées au monde. Beaucoup de Guadeloupéens font bon accueil à la bonne nouvelle.
CANADA
[Illustration, pages 360, 361]
La filiale du Canada dirige la prédication de la bonne nouvelle dans le deuxième pays au monde pour ce qui est de la superficie. Plus de 100 000 prédicateurs du Royaume y prêchent avec zèle.
Bâtiment administratif (vue recouvrant en partie une photo des locaux actuels de la filiale).
[Illustration, page 360]
Territoires du Nord-Ouest.
[Illustration, page 360]
Camps de bûcherons en Colombie britannique.
[Illustration, page 360]
Ranchs dans l’Alberta.
[Illustration, page 361]
Au Québec (province francophone).
[Illustration, page 361]
Provinces Maritimes.
GUATEMALA
[Illustrations, page 360]
Bien que la langue officielle soit l’espagnol au Guatemala, on y parle de nombreuses langues indiennes complexes. La filiale de la Société fait tout pour que chacun puisse entendre parler du Royaume de Dieu dans ce pays.
HAÏTI
[Illustrations, page 361]
Les Témoins de Jéhovah d’Haïti éprouvent une grande joie à servir Jéhovah, malgré les conditions souvent difficiles dans lesquelles ils vivent.
HONDURAS
[Illustrations, page 362]
Depuis 1916, on a consacré plus de 23 000 000 d’heures à enseigner la Bible aux habitants de ce pays. Les Témoins de Jéhovah ont également dû apprendre à lire et à écrire à certaines personnes (comme on le voit ici) pour qu’elles puissent étudier par elles-mêmes la Parole de Dieu.
JAMAÏQUE
[Illustrations, page 362]
Des centaines de Jamaïquains se sont voués à Jéhovah pour le servir à l’époque où le rassemblement des futurs héritiers du Royaume céleste était en cours. Depuis 1935, des milliers d’autres ont eux aussi entrepris de prêcher le message du Royaume. On construit ces locaux pour la filiale afin de satisfaire leurs besoins spirituels.
ÎLES SOUS-LE-VENT (ANTIGUA)
[Illustration, page 362]
En 1914, la bonne nouvelle était déjà prêchée sur les îles dont cette filiale s’occupe maintenant. Depuis, les habitants de cette partie de la terre ont été invités à de multiples reprises à ‘prendre de l’eau de la vie, gratuitement’. — Rév. 22:17.
MEXIQUE
[Illustration, page 363]
Centre d’enseignement biblique que les Témoins de Jéhovah sont en train de construire au Mexique.
[Illustration, page 363]
Bâtiments administratifs utilisés en 1992.
[Illustrations, page 363]
Les publications bibliques imprimées ici sont destinées aux plus de 410 000 Témoins zélés du Mexique et d’autres pays hispanophones proches.
[Illustration, page 363]
Entre 1986 et 1992, plus de 10 % des études bibliques dirigées dans le monde l’étaient dans ce pays, la plupart avec des familles entières.
[Graphique, page 363]
(Voir la publication)
Études bibliques au Mexique
500 000
250 000
1950 1960 1970 1980 1992
MARTINIQUE
[Illustrations, page 364]
Des graines de vérité y ont été semées dès 1946. Cependant, c’est quand Xavier et Sara Noll (ici en photo) sont arrivés de France en 1954 et ont pu s’y installer que l’intérêt suscité a été entretenu. En 1992, plus de 3 200 personnes participaient avec eux à la proclamation du message du Royaume.
ANTILLES NÉERLANDAISES (CURAÇAO)
[Illustrations, page 364]
Vingt-trois missionnaires ont été envoyés dans le territoire dont s’occupe cette filiale. Deux d’entre eux (ici en photo), qui faisaient partie du premier groupe arrivé en 1946, y accomplissaient encore leur activité en 1992.
NICARAGUA
[Illustration, page 364]
À partir de 1945, année où des missionnaires sont arrivés, le nombre des Témoins de Jéhovah a commencé à s’accroître. En 1992, leur nombre s’élevait à plus de 9 700. Et il y a maintenant dans ce pays beaucoup plus de gens désireux d’étudier la Bible que de Témoins.
PANAMA
[Illustrations, page 365]
Depuis la fin du XIXe siècle, on aide les Panaméens à apprendre les exigences divines auxquelles il faut se soumettre pour obtenir la vie éternelle.
PORTO RICO
[Illustration, page 365]
Depuis 1930, à Porto Rico, on a diffusé plus de 83 000 000 de publications bibliques et effectué 25 000 000 de nouvelles visites pour apporter une aide supplémentaire aux personnes intéressées par le message. Le travail de traduction accompli ici permet aux quelque 350 000 000 de personnes qui parlent espagnol dans le monde de disposer de publications bibliques dans cette langue.
TRINITÉ
[Illustrations, page 365]
En 1912, on proclamait déjà intensément la bonne nouvelle à la Trinité. Dans ce pays, de nombreux Témoins, dont ces trois sœurs formées à l’École de Galaad, consacrent tout leur temps à cette activité.
AMÉRIQUE DU SUD
ARGENTINE
[Illustrations, page 366]
C’est en 1924 que, pour la première fois, un prédicateur du Royaume a été envoyé dans ce pays. Plus tard, une aide précieuse a été apportée par des missionnaires formés à Galaad, dont Charles Eisenhower (en photo ci-contre), qui est arrivé avec sa femme en 1948. En 1992, la direction de l’œuvre était assurée à partir de ces locaux, où l’on imprimait également des publications bibliques pour les plus de 96 000 Témoins de Jéhovah argentins. On expédiait aussi des publications pour les plus de 44 000 Témoins du Chili.
BOLIVIE
[Illustrations, page 367]
Les Boliviens entendent le message du Royaume depuis 1924. Des milliers d’entre eux apprécient de recevoir des publications bibliques et de bénéficier régulièrement d’une étude biblique à domicile.
CHILI
[Illustrations, page 367]
En 1919, il y avait des publications de la Société Watch Tower au Chili. L’activité de prédication dirigée par la filiale de ce pays s’étend maintenant des prairies venteuses du sud où l’on élève des moutons jusqu’aux mines du nord, et de la cordillère des Andes jusqu’à l’océan.
ÉQUATEUR
[Illustrations, page 367]
Une aide précieuse a été apportée en Équateur par les plus de 870 Témoins (deux d’entre eux sont ici en photo) qui ont quitté leur pays pour se rendre là où le besoin en prédicateurs était particulièrement grand. Cette filiale aide maintenant plus de 22 000 personnes qui louent avec zèle Jéhovah.
BRÉSIL
[Illustrations, pages 368, 369]
En 1992, quand on a agrandi les bureaux, l’imprimerie et les bâtiments résidentiels du Béthel du Brésil, les Témoins de Jéhovah étaient plus de 335 000 et baptisaient plus de 27 000 disciples par an dans ce pays. Cette imprimerie produit aussi des publications destinées à être diffusées en Bolivie, au Paraguay et en Uruguay.
[Illustrations, page 369]
Deux immenses stades utilisés pour une assemblée internationale de Témoins de Jéhovah à São Paulo en 1990; on avait prévu plus de 100 autres assemblées à l’intention de ceux qui s’intéressaient au message un peu partout dans le pays.
[Graphique, page 369]
(Voir la publication)
Prédicateurs du Royaume au Brésil
300 000
200 000
100 000
1950 1960 1970 1980 1992
GUYANA
[Illustrations, page 368]
La Société a une filiale en Guyana depuis 1914. Les Témoins ont pénétré profondément dans l’intérieur des terres et se sont efforcés de donner à chacun la possibilité d’entendre la bonne nouvelle. Bien que ce pays compte moins d’un million d’habitants, ils y ont consacré plus de 10 000 000 d’heures à l’œuvre de prédication et d’enseignement.
PARAGUAY
[Illustrations, page 369]
La prédication de la bonne nouvelle était en cours au Paraguay au milieu des années 20. Depuis 1946, 112 missionnaires formés à Galaad ont participé à l’œuvre de témoignage dans ce pays. Pour prêcher aux Paraguayens ne parlant ni l’espagnol ni le guarani, d’autres Témoins encore sont venus volontairement de divers pays...
d’Allemagne.
de Corée.
du Japon.
COLOMBIE
[Carte/Illustrations, pages 370, 371]
Dès 1915, un homme qui s’intéressait au message a reçu une publication de la Société Watch Tower par la poste en Colombie. En 1992, on imprimait dans ces locaux des publications bibliques destinées aux plus de 184 000 évangélisateurs de Colombie, d’Équateur, du Panama, du Pérou et du Venezuela.
[Carte]
(Voir la publication)
COLOMBIE
PÉROU
ÉQUATEUR
PANAMA
VENEZUELA
PÉROU
[Illustration, page 370]
Dès 1924, un Étudiant de la Bible de passage dans ce pays y a distribué des écrits bibliques. La première congrégation péruvienne a vu le jour 21 ans plus tard. Maintenant, le Pérou compte plus de 43 000 prédicateurs du Royaume de Dieu.
[Illustration, page 370]
Des pionniers prêchent en haute montagne, dans les Andes.
SURINAME
[Illustrations, page 371]
La formation du premier groupe d’étude dans ce pays remonte à 1903 environ. Aujourd’hui, la filiale a besoin de ces locaux pour s’occuper des congrégations dispersées dans l’ensemble du pays — dans la forêt vierge, en campagne et en ville.
URUGUAY
[Illustrations, page 372]
Depuis 1945, plus de 80 missionnaires ont contribué à ce que le Royaume soit proclamé en Uruguay. Les sœurs missionnaires qu’on voit ici prêchent dans ce pays depuis les années 50. En 1992, plus de 8 600 Témoins uruguayens servaient Jéhovah à leurs côtés.
VENEZUELA
[Illustration, page 372]
On a distribué quelques publications de la Société Watch Tower au Venezuela au milieu des années 20. Dix ans plus tard, deux pionnières (une mère et sa fille) venues des États-Unis y ont inauguré une période de prédication zélée. Elles ont parcouru la capitale à de nombreuses reprises et sont aussi allées prêcher dans diverses villes du pays. Il y a maintenant plus de 60 000 Témoins actifs au Venezuela.
[Illustration, page 372]
Arène de Valencia où une foule de 74 600 personnes s’est réunie à l’occasion d’une assemblée spéciale en 1988.
EUROPE ET MÉDITERRANÉE
AUTRICHE
[Illustration, page 373]
Dès les années 1890, plusieurs Autrichiens ont eu la possibilité de connaître la bonne nouvelle. Depuis les années 20, on enregistre un accroissement modeste mais régulier du nombre des personnes qui louent Jéhovah dans ce pays.
[Illustration, page 373]
Plus de 270 congrégations se réunissent dans les Salles du Royaume disséminées dans toute l’Autriche.
BELGIQUE
[Illustrations, page 373]
La Belgique est devenue l’un des carrefours du monde. Pour y toucher les populations d’origines diverses, cette filiale distribue des publications bibliques en plus de 100 langues.
GRANDE-BRETAGNE
[Illustrations, page 374]
C’est des bureaux de cette filiale qu’est dirigée l’activité des plus de 125 000 Témoins de Jéhovah de Grande-Bretagne. Des Témoins originaires de ce pays ont été envoyés dans d’autres pays européens, ainsi qu’en Afrique, en Amérique du Sud, en Australie, en Extrême-Orient et sur des îles pour y répandre le message du Royaume.
“IBSA House”
“Watch Tower House”
[Illustrations, page 374]
Ici, des publications bibliques sont imprimées en anglais, en maltais, en goujrati et en swahili.
[Illustration, page 374]
Le bureau du service s’occupe des plus de 1 300 congrégations de Grande-Bretagne.
[Illustrations, page 374]
On envoie des publications dans toutes les parties de l’Angleterre, de l’Écosse, du Pays de Galles, de l’Irlande et de Malte, ainsi qu’en certains endroits d’Afrique et des Antilles.
FRANCE
[Illustrations, page 375]
C’est dans les locaux de la filiale de France que sont traduites et photocomposées toutes les publications imprimées dans le monde à l’intention des francophones (ils sont plus de 120 000 000 en tout). On imprime ici régulièrement des publications en diverses langues et on les expédie en Europe, en Afrique, au Proche-Orient, dans l’océan Indien et dans l’océan Pacifique.
Imprimerie et bureaux, à Louviers.
Traduction
Photocomposition
[Illustration, page 375]
Bureaux et logements, à Boulogne-Billancourt.
[Illustration, page 375]
Bâtiment résidentiel pour la famille du Béthel, à Incarville.
ALLEMAGNE
[Illustrations, pages 376, 377]
Bien que sous le régime nazi leurs ennemis aient cherché à les faire disparaître, les Témoins de Jéhovah d’Allemagne n’ont pas renié leur foi. Depuis 1946, ils ont consacré plus de 646 000 000 d’heures à proclamer la vérité biblique dans tout le pays.
Locaux ajoutés à Selters/Taunus.
[Illustration, page 376]
Dans cette filiale installée à Selters/Taunus, non seulement on traduit les publications bibliques en allemand, mais on les imprime en plus de 40 langues.
[Illustration, page 377]
On expédie régulièrement dans plus de 20 pays un grand nombre de publications produites ici; on imprime les périodiques en de nombreuses langues et on les envoie dans plus de 30 pays.
[Illustration, page 377]
La Société se sert de ses propres camions pour livrer les publications dans toute l’Allemagne.
CHYPRE
[Illustration, page 376]
La bonne nouvelle était prêchée aux habitants de Chypre peu après la mort de Jésus Christ (Actes 4:32-37; 11:19; 13:1-12). La prédication a repris sur cette île de nos jours, et un témoignage complet continue d’être donné sous la direction de cette filiale.
DANEMARK
[Illustrations, page 377]
Depuis les années 1890, un grand témoignage est donné au Danemark. On imprime ici des publications bibliques non seulement en danois, mais aussi en féroïen, en groenlandais et en islandais.
Vue aérienne de la filiale (en médaillon, l’entrée).
ITALIE
[Illustrations, pages 378, 379]
C’est ici que sont traduites et imprimées les publications bibliques en italien. Cette filiale imprime et relie des livres destinés à être utilisés en Italie et dans d’autres pays proches.
Vues des bâtiments de la filiale, près de Rome.
[Illustration, page 379]
Lorsqu’elles ont découvert ce que la Bible dit vraiment, des dizaines de milliers de personnes se sont jointes aux Témoins de Jéhovah.
[Illustration, page 379]
Malgré l’hostilité incessante de l’Église catholique, les Témoins de Jéhovah italiens ont consacré depuis 1946 plus de 550 000 000 d’heures à rendre visite à leurs semblables pour leur parler de la Bible. Grâce à leur activité, il y a maintenant 194 000 adorateurs actifs de Jéhovah en Italie.
FINLANDE
[Illustration, page 378]
C’est en 1906 que la vérité biblique a été introduite en Finlande par des prédicateurs venus de Suède. Depuis, on la fait connaître dans tous les coins et recoins du pays, même au delà du cercle arctique. De nombreux Finlandais ont reçu à l’École de Galaad une formation pour aller prêcher là où l’on aurait besoin d’eux dans le monde. D’autres sont allés d’eux-mêmes prêcher dans des pays où le besoin en prédicateurs était particulièrement grand.
ISLANDE
[Illustration, page 379]
En Islande, où la population n’est que de 260 000 âmes, plus de 1 620 000 publications bibliques ont été distribuées pour aider les habitants à choisir la vie. Plus de 260 d’entre eux servent maintenant Jéhovah, le vrai Dieu.
[Illustration, page 379]
Georg Lindal, qui a été pionnier ici de 1929 à 1953; durant la plus grande partie de cette période, il était le seul Témoin dans le pays.
GRÈCE
[Illustration, page 380]
L’apôtre Paul a été l’un des premiers à proclamer la bonne nouvelle en Grèce (Actes 16:9-14; 17:15; 18:1; 20:2). Bien que l’Église orthodoxe grecque persécute avec acharnement les Témoins de Jéhovah depuis de nombreuses années, il y a maintenant plus de 24 000 Témoins fidèles dans ce pays. Les locaux de la filiale que l’on voit ici se trouvent à une soixantaine de kilomètres au nord d’Athènes.
[Illustration, page 380]
Prédication à Athènes.
[Illustration, page 380]
Photo prise en 1990 pendant une manifestation menée par le clergé contre les Témoins.
IRLANDE
[Illustration, page 380]
Pendant de nombreuses années le message de la Bible n’a pas éveillé beaucoup d’intérêt en Irlande. Le clergé s’y est opposé avec virulence. Mais après une centaine d’années de prédication assidue, on rentre maintenant une abondante moisson spirituelle dans ce pays.
Bâtiment de la filiale à Dublin.
[Illustration, page 380]
Deux pionnières de longue date en train de prêcher.
POLOGNE
[Illustration, page 381]
Ces locaux servent à combler les besoins des plus de 100 000 Témoins de Pologne. De 1939 à 1945, leur culte a été interdit, mais leur nombre est passé de 1 039 en 1939 à 6 994 en 1946. Ils étaient 18 116 quand ils ont de nouveau été frappés d’interdiction en 1950; mais peu après la levée de cette interdiction en 1989, les rapports ont montré qu’ils étaient plus de 91 000.
[Illustrations, page 381]
Pendant des années, ils ont tenu de petits rassemblements dans les bois; maintenant, lors de leurs assemblées, ils remplissent les plus grands stades du pays — et plus d’un à la fois.
Poznań (1985)
LUXEMBOURG
[Illustration, page 382]
Le Luxembourg est l’un des pays d’Europe minuscules. Toutefois, depuis environ 70 ans le message du Royaume est prêché là aussi. Avant la Seconde Guerre mondiale notamment, des Témoins sont venus de France, d’Allemagne et de Suisse pour y apporter leur aide.
PAYS-BAS
[Illustrations, page 382]
L’activité des plus de 32 000 Témoins zélés des Pays-Bas est dirigée à partir de cette filiale, à Emmen. On y traduit toutes les publications en néerlandais. C’est également cette filiale qui s’occupe en grande partie de la duplication des cassettes vidéo à caractère biblique pour les pays européens.
NORVÈGE
[Illustrations, page 383]
Il y a cent ans, un Norvégien qui avait émigré en Amérique et y avait découvert les vérités bibliques a rapporté la bonne nouvelle dans sa ville d’origine. Depuis, les Témoins de Jéhovah ne cessent de parcourir le pays pour faire connaître le Royaume de Dieu.
PORTUGAL
[Illustration, page 383]
Pendant des dizaines d’années après la signature du concordat entre le gouvernement et le Vatican, la police a arrêté les Témoins et expulsé leurs missionnaires. Mais les prédicateurs qui restaient ont continué à se réunir pour pratiquer leur culte et à prêcher, et leur nombre a augmenté. Finalement, en 1974, ils ont obtenu la reconnaissance officielle de leur œuvre.
Cette filiale dirige l’activité des plus de 40 000 Témoins portugais. Elle apporte aussi une aide précieuse aux pays africains qui avaient des liens étroits avec le Portugal.
[Illustration, page 383]
Assemblée internationale à Lisbonne en 1978.
SUÈDE
[Illustration, page 383]
Les Témoins de Jéhovah prêchent en Suède depuis plus d’un siècle. Au cours des dix dernières années, ils ont consacré plus de 38 000 000 d’heures à cette activité. Dans ce pays, de nombreuses congrégations tiennent maintenant leurs réunions dans une langue autre que le suédois (en tout, plus d’une dizaine de langues étrangères).
[Illustration, page 383]
Pour aider des gens de toutes origines vivant en Suède, des publications sont disponibles en 70 langues.
ESPAGNE
[Illustration, page 384]
Cette filiale s’occupe des plus de 92 000 Témoins espagnols. Elle imprime “La Tour de Garde” et “Réveillez-vous!” pour l’Espagne et le Portugal. Malgré les efforts continuels du clergé catholique pour inciter l’État à faire cesser l’activité des Témoins de Jéhovah, ceux-ci communiquaient les vérités bibliques aux Espagnols depuis 1916. Finalement, en 1970, alors qu’ils étaient plus de 11 000, leur activité a été officiellement reconnue. Ils sont aujourd’hui huit fois plus nombreux.
[Illustration, page 384]
Désormais, plus de 1 100 congrégations se réunissent librement dans les Salles du Royaume disséminées dans tout le pays.
SUISSE
[Illustration, page 384]
La Société Watch Tower a une filiale en Suisse depuis 1903. C’est dans ce pays qu’elle a ouvert une de ses premières imprimeries européennes. Ici, à Thoune, pendant de nombreuses années cette filiale a imprimé des périodiques à l’intention de dizaines d’autres pays.
AFRIQUE
BÉNIN
[Illustration, page 385]
Le Bénin est un creuset humain où se côtoient une soixantaine de groupes ethniques parlant 50 dialectes. Lorsque des milliers de Béninois se sont affranchis de leur ancienne religion, les féticheurs et le clergé de la chrétienté sont devenus furieux. Cependant, les vagues de persécution répétées ne sont pas parvenues à empêcher l’expansion du vrai culte dans ce pays.
[Illustration, page 385]
Assemblée tenue en 1990.
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
[Illustration, page 385]
Le message du Royaume y a pénétré dès 1947. Un homme qui avait assisté en dehors du pays à quelques réunions des Témoins a parlé à son entourage de ce qu’il avait appris. Un groupe d’étude a bientôt vu le jour et ses membres se sont rapidement mis à prêcher. Le nombre des adorateurs de Jéhovah s’est ensuite accru.
CÔTE D’IVOIRE
[Illustrations, page 386]
Des missionnaires formés à Galaad ont contribué à introduire le vrai culte dans ce pays d’Afrique occidentale en 1949. Ils ont été plus d’une centaine à y prêcher. Actuellement, les Témoins consacrent chaque année plus d’un million d’heures à rechercher les personnes éprises de vérité dans le territoire dont s’occupe cette filiale.
GHANA
[Illustration, pages 386, 387]
C’est en 1924 que la prédication de la bonne nouvelle a débuté au Ghana. Cette filiale, installée à Accra, dirige maintenant l’activité de plus de 640 congrégations. Elle s’occupe aussi de la traduction et de l’impression de publications bibliques en éwé, en ga et en twi.
[Illustration, page 387]
Réunion dans la Salle du Royaume contiguë au bâtiment de la filiale.
KENYA
[Carte/Illustration, page 387]
En 1931, deux Témoins de Jéhovah sont venus d’Afrique du Sud pour prêcher au Kenya. Depuis 1963, la filiale du Kenya a dirigé par périodes l’œuvre d’évangélisation dans de nombreux autres pays d’Afrique orientale (voir la carte ci-dessous). Les assemblées internationales tenues au Kenya en 1973, en 1978 et en 1985 ont contribué au témoignage qui a été donné.
[Carte]
(Voir la publication)
KENYA
OUGANDA
SOUDAN
ÉTHIOPIE
DJIBOUTI
SOMALIE
YÉMEN
SEYCHELLES
TANZANIE
BURUNDI
RWANDA
[Illustrations, page 387]
Assemblée de Nairobi (1978).
NIGERIA
[Illustrations, pages 388, 389]
La bonne nouvelle est prêchée dans ce pays depuis le début des années 20. Des évangélisateurs originaires du Nigeria ont également été envoyés dans d’autres parties de l’Afrique occidentale, mais on continue d’imprimer ici des publications bibliques pour les pays voisins. Au Nigeria lui-même, les Témoins de Jéhovah ont mis plus de 28 000 000 d’écrits entre les mains des gens pour les aider à comprendre la Parole de Dieu.
[Illustration, page 388]
Le Bureau du service dirige l’activité des plus de 160 000 proclamateurs du Royaume au Nigeria.
[Illustration, page 389]
Assemblée de Calabar, au Nigeria (1990).
LIBERIA
[Illustration, page 388]
La foi des Libériens qui sont devenus Témoins de Jéhovah a subi de nombreuses épreuves: lors du rejet des superstitions locales, lors du renoncement à la polygamie, à l’occasion de persécutions infligées par les autorités qui avaient été mal informées à leur sujet, enfin quand ils se sont retrouvés au milieu de groupes ethniques et politiques en guerre. Malgré tout, le vrai culte continue à unir des gens de toutes origines dans ce pays.
MAURICE
[Illustrations, page 389]
Dès 1933, des Témoins zélés sont venus d’Afrique du Sud pour prêcher sur cette île de l’océan Indien. Il s’y trouve maintenant plus d’un millier de Témoins qui exhortent leurs semblables à rechercher Jéhovah pour qu’il les protège quand il détruira l’actuel système méchant. — Soph. 2:3.
AFRIQUE DU SUD
[Illustration, page 390]
La Société Watch Tower a une filiale en Afrique du Sud depuis plus de 80 ans. Des évangélisateurs zélés originaires de ce pays ont fait beaucoup pour répandre le message du Royaume en Afrique australe et orientale. Dans le territoire dont cette filiale s’occupait auparavant (où il y avait 14 674 proclamateurs du Royaume en 1945), on dénombre maintenant plus de 300 000 Témoins de Jéhovah actifs.
[Illustrations, page 391]
Plus de 110 traducteurs travaillent sous la direction de cette filiale pour préparer les publications bibliques en 16 langues africaines.
[Illustration, page 391]
On imprime ici des publications en plus de 40 langues.
SÉNÉGAL
[Illustrations, page 390]
Bien que ce pays compte peu de Témoins, la filiale fait tout pour que les habitants de chaque ville, les membres de chaque groupe ethnique et les fidèles de chaque religion aient la possibilité d’entendre le message réconfortant de la Bible, et ce non seulement au Sénégal mais aussi dans les pays voisins.
SIERRA LEONE
[Illustration, page 391]
C’est en 1915 que la prédication de la bonne nouvelle a débuté en Sierra Leone. À certains moments, l’accroissement a été lent. Mais lorsque ceux qui ne respectaient pas les normes élevées de Jéhovah ont été ôtés de son peuple et que ceux qui ne le servaient pas avec de bons mobiles s’en sont retirés, les serviteurs fidèles de Jéhovah ont alors prospéré sur le plan spirituel.
ZAMBIE
[Illustration, page 392]
Cette filiale dirige l’activité de plus de 110 000 Témoins dans le sud de l’Afrique centrale. C’est en 1936 que la Société a ouvert une filiale dans la région. Depuis, les Témoins de Jéhovah de Zambie ont effectué plus de 186 000 000 de nouvelles visites pour apporter une aide supplémentaire aux gens intéressés par le message. Ils ont aussi appris à lire à de nombreuses personnes afin qu’elles puissent étudier la Bible individuellement et la faire connaître à autrui.
[Illustration, page 392]
La série d’assemblées tenues en Zambie en 1992 a réuni 289 643 personnes.
ZIMBABWE
[Illustrations, page 392]
Les Témoins de Jéhovah prêchent au Zimbabwe depuis les années 20. Au cours des années suivantes, on a interdit leurs publications, on les a empêchés de tenir des assemblées et on a défendu aux missionnaires de prêcher à la population africaine. Petit à petit, ces obstacles ont été surmontés, et cette filiale s’occupe maintenant de plus de 20 000 Témoins.
EXTRÊME-ORIENT
HONG-KONG
[Illustrations, page 393]
On traduit ici les publications de la Société Watch Tower en chinois, langue parlée, avec ses nombreux dialectes, par plus d’un milliard d’humains. À Hong-Kong, la prédication de la bonne nouvelle a débuté en 1912, quand Charles Russell a prononcé un discours à l’hôtel de ville.
INDE
[Illustration, page 393]
Cette filiale veille à ce que le message du Royaume soit proclamé à plus d’un sixième de la population mondiale. À présent, cette filiale s’occupe de la traduction en 18 langues et de l’impression en 19 langues, dont les suivantes: hindi (langue parlée par 367 millions de personnes), assamais, bengali, goujrati, kannada, malayalam, marathe, népali, oriya, ourdou, pendjabi, tamoul et télougou (chacune étant parlée par des dizaines de millions de personnes).
[Illustrations, page 393]
Des Témoins prêchent en malayalam
... en népali
... en goujrati.
JAPON
[Illustrations, page 394]
Au Japon, comme ailleurs, les Témoins de Jéhovah proclament le Royaume de Dieu avec zèle. Rien qu’en 1992, ils ont consacré plus de 85 000 000 d’heures à la prédication de la bonne nouvelle. En moyenne, environ 45 % des Témoins japonais sont pionniers chaque mois.
[Illustration, page 394]
On imprime ici des publications bibliques en de nombreuses langues, dont le japonais, le chinois et les langues parlées aux Philippines.
[Illustration, page 394]
Un Bureau d’ingénierie régional apporte son concours à la construction de bâtiments pour les filiales dans divers pays.
[Graphique, page 394]
(Voir la publication)
Pionniers au Japon
75 000
50 000
25 000
1975 1980 1985 1992
CORÉE DU SUD
[Illustrations, page 395]
Chaque année, on produit ici quelque 16 millions de publications bibliques, sans compter les tracts, destinées à être utilisées par les plus de 70 000 Témoins vivant en Corée du Sud. Environ 40 % d’entre eux sont pionniers.
BIRMANIE (MYANMAR)
[Illustrations, page 395]
En 1947, lorsque la Société Watch Tower a ouvert une filiale dans ce pays, il ne s’y trouvait que 24 Témoins de Jéhovah. Les plus de 2 000 Témoins que compte maintenant la Birmanie s’efforcent de prêcher non seulement aux citadins, mais aussi aux habitants des campagnes, plus nombreux.
PHILIPPINES
[Illustration, page 396]
En 1912, Charles Russell a donné au Grand Opéra de Manille un discours intitulé “Où sont les morts?” Depuis cette époque, les Témoins de Jéhovah ont consacré plus de 483 000 000 d’heures à prêcher aux habitants des quelque 900 îles habitées des Philippines. Cette filiale dirige l’activité de plus de 110 000 Témoins répartis en 3200 congrégations. On imprime ici des publications en huit langues pour satisfaire leurs besoins.
[Illustrations, page 396]
Témoins appartenant aux principaux groupes linguistiques des Philippines.
SRI LANKA
[Illustrations, page 397]
On prêchait la bonne nouvelle à Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka), au sud de l’Inde, avant la Première Guerre mondiale. Très rapidement un groupe d’étude a été formé. En 1953, la Société a ouvert une filiale dans la capitale pour que les Cinghalais, les Tamouls et les autres groupes ethniques de ce pays aient la possibilité d’entendre le message du Royaume.
TAÏWAN
[Illustration, page 397]
Un témoignage avait déjà été donné dans les années 20, mais la prédication est devenue plus régulière dans les années 50. De ces nouveaux locaux actuellement en construction, la filiale pourra diriger une activité plus importante encore dans cette partie du monde.
[Illustration, page 397]
Congrégation à Taipei.
THAÏLANDE
[Illustration, page 397]
Durant les années 30, des pionniers sont venus de Grande-Bretagne, d’Allemagne, d’Australie et de Nouvelle-Zélande pour communiquer la vérité biblique aux habitants de la Thaïlande (appelée Siam à l’époque). Des délégués de nombreux pays ont assisté aux assemblées internationales qui se sont tenues ici en 1963, 1978, 1985 et 1991 pour encourager les Témoins thaïlandais et pour favoriser la propagation du message du Royaume.
[Illustration, page 397]
Assemblée de 1963.
[Illustration, page 397]
Délégués étrangers en 1991.
ÎLES DU PACIFIQUE
FIDJI
[Illustration, page 398]
La filiale des Fidji a été ouverte en 1958. Pendant un temps, elle dirigeait la proclamation du Royaume en 13 langues dans 12 pays. Maintenant, cette filiale concentre son attention sur la centaine d’îles habitées de l’archipel des Fidji.
[Illustration, page 398]
Les assemblées internationales organisées dans cet archipel en 1963, 1969, 1973 et 1978 ont aidé les Témoins fidjiens à se sentir plus proches de leurs frères d’autres pays.
GUAM
[Illustration, page 398]
La filiale de Guam dirige la prédication de la bonne nouvelle sur des îles disséminées sur près de 8 000 000 de kilomètres carrés dans l’océan Pacifique. Elle s’occupe de la traduction des publications bibliques en neuf langues.
[Illustration, page 398]
Le surveillant de circonscription se déplace souvent par avion d’une île à l’autre.
[Illustration, page 398]
Les Témoins qui habitent ces îles (ici, en Micronésie) se rendent parfois dans leur territoire en bateau.
HAWAII
[Illustration, page 399]
La Société Watch Tower a une filiale à Honolulu depuis 1934. Certains Hawaiiens ont participé à l’œuvre d’évangélisation non seulement sur les îles Hawaii, mais aussi au Japon, à Taïwan, à Guam et en Micronésie.
NOUVELLE-CALÉDONIE
[Illustration, page 399]
Malgré la vive opposition de leurs adversaires religieux, les Témoins de Jéhovah ont fait entendre le message du Royaume de Dieu en Nouvelle-Calédonie. Beaucoup lui ont fait bon accueil. La formation de la première congrégation remonte à 1956. Aujourd’hui, plus de 1 300 personnes louent Jéhovah sur cette île.
NOUVELLE-ZÉLANDE
[Illustration, page 399]
En 1947, la Société Watch Tower a ouvert une filiale en Nouvelle-Zélande en vue d’assurer une meilleure organisation de la prédication de la bonne nouvelle.
[Illustration, page 399]
Le travail de traduction effectué dans cette filiale permet aux habitants des Samoa, de Rarotonga et de Niue de recevoir régulièrement des publications qui les édifient sur le plan spirituel.
[Illustration, page 399]
Traducteurs et correcteurs coopèrent pour produire des publications de qualité.
AUSTRALIE
[Illustrations, page 400]
C’est en 1904 qu’une filiale de la Société Watch Tower a été ouverte en Australie. Dans le passé, cette filiale dirigeait la proclamation du Royaume dans une région représentant près d’un quart de la surface du globe, y compris la Chine, l’Asie du Sud-Est et les îles du Pacifique Sud.
[Illustration, page 400]
Le Bureau d’ingénierie régional collabore à la construction de bâtiments pour les filiales dans le Pacifique Sud et l’Asie du Sud-Est.
[Illustration, page 400]
À présent, cette filiale imprime des publications bibliques en plus de 25 langues. Elle contribue à fournir les publications nécessaires à environ 78 000 Témoins vivant dans des régions dont s’occupent huit filiales du Pacifique Sud.
[Carte/Illustration, page 400]
Pays qui reçoivent des publications de la filiale d’Australie.
[Carte]
(Voir la publication)
AUSTRALIE
PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE
NOUVELLE-CALÉDONIE
ÎLES SALOMON
FIDJI
SAMOA OCCIDENTALES
TAHITI
NOUVELLE-ZÉLANDE
PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE
[Illustrations, page 400]
Les Témoins de Jéhovah doivent relever le défi particulier que constituent les quelque 700 langues parlées dans ce pays. Des Témoins sont venus d’au moins dix autres pays pour participer à la prédication. Ils ont fait de grands efforts pour apprendre certaines de ces langues. Des personnes s’intéressant à la vérité leur servent d’interprètes auprès des populations parlant d’autres langues. Ils s’aident aussi efficacement de dessins pour enseigner.
ÎLES SALOMON
[Illustrations, page 401]
C’est grâce à une étude de la Bible dirigée par courrier depuis un autre pays que le message du Royaume est parvenu aux îles Salomon au début des années 50. Malgré de grands obstacles, la vérité biblique s’y est répandue. Ce bâtiment de la filiale et cette spacieuse Salle d’assemblées sont le fruit de l’ingéniosité des Témoins locaux, de la coopération internationale et de l’action de l’esprit de Jéhovah.
TAHITI
[Illustrations, page 401]
Au début des années 30, les Témoins de Jéhovah avaient commencé à proclamer le message du Royaume à Tahiti. Ici, en plein océan Pacifique, ils donnent un témoignage complet. Ne serait-ce que durant les quatre dernières années, ils ont prêché plus de cinq heures en moyenne à chaque homme, à chaque femme et à chaque enfant de l’île.
SAMOA OCCIDENTALES
[Illustration, page 401]
Les Samoa occidentales constituent l’une des plus petites nations du monde, mais là aussi les Témoins de Jéhovah ont une filiale. En 1992, ils travaillaient à la construction de ces locaux d’où sera dirigée l’activité accomplie sur ces îles et sur d’autres archipels proches, dont les Samoa américaines.
-
-
Partie 1 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terreLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 22
Partie 1 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
Ici s’ouvre un chapitre en cinq parties qui raconte comment l’activité des Témoins de Jéhovah s’est étendue autour du globe. La première partie, qui va des années 1870 à l’année 1914, occupe les pages 404 à 422. La société humaine ne s’est jamais remise des convulsions provoquées par la Première Guerre mondiale, qui a débuté en 1914. Les Étudiants de la Bible avaient depuis longtemps annoncé que cette année correspondrait à la fin des temps des Gentils.
AVANT de monter au ciel, Jésus Christ a confié à ses apôtres une mission: “Vous serez mes témoins (...) jusque dans la partie la plus lointaine de la terre.” (Actes 1:8). Il avait également annoncé: “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations.” (Mat. 24:14). Cette œuvre n’a pas été achevée au Ier siècle. C’est principalement à notre époque qu’elle s’est accomplie. L’historique de cette activité des années 1870 à nos jours est tout simplement passionnant.
Charles Russell s’est fait connaître du public par ses discours bibliques qui faisaient l’objet de campagnes d’annonce, mais en fait il n’était pas tant attiré par de larges auditoires que par les gens eux-mêmes. C’est ainsi que, peu après avoir lancé La Tour de Garde en 1879, il a entrepris de nombreux voyages pour rencontrer de petits groupes de lecteurs de ce périodique et pour discuter des Écritures avec eux.
Charles Russell pressait ceux qui croyaient aux précieuses promesses de la Parole de Dieu de les faire connaître à autrui. Ceux dont le cœur était profondément touché par ce qu’ils apprenaient s’y sont employés avec un zèle remarquable. Pour faciliter leur tâche, des imprimés étaient mis à leur disposition. Au début de 1881 ont été publiés plusieurs tracts. Leur contenu a ensuite été refondu, avec des renseignements plus détaillés, pour constituer la brochure Food for Thinking Christians (Nourriture pour les chrétiens réfléchis), dont 1 200 000 exemplaires ont été distribués. Mais comment cette poignée d’Étudiants de la Bible (peut-être une centaine à l’époque) a-t-elle pu en distribuer autant?
On s’intéresse aux pratiquants
Certaines brochures ont été remises à des proches ou à des amis. Des journaux ont accepté d’en envoyer un exemplaire à chacun de leurs abonnés (on a principalement sollicité les hebdomadaires et les mensuels, pour que de nombreux habitants des campagnes reçoivent Nourriture pour les chrétiens réfléchis). Mais la plupart des brochures ont été distribuées quelques dimanches de suite devant des églises aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Les Étudiants de la Bible n’étaient pas assez nombreux pour s’en charger seuls; ils ont donc loué les services d’autres personnes.
Frère Russell a envoyé deux de ses associés, J. Sunderlin et J. Bender, en Grande-Bretagne, pour y diriger la distribution de 300 000 exemplaires de la brochure. Frère Sunderlin s’est rendu à Londres, tandis que frère Bender s’est rendu plus au nord, en Écosse, puis est redescendu par étapes vers le sud. Les frères s’intéressaient surtout aux grandes villes. Ils recherchaient par petites annonces des hommes capables et les chargeaient par contrat de trouver suffisamment d’assistants pour distribuer la quantité de brochures qui leur était allouée. Près de 500 porteurs ont été recrutés sur la seule ville de Londres. En seulement deux dimanches consécutifs, la tâche était accomplie.
La même année, des dispositions ont été prises pour que des Étudiants de la Bible en mesure de consacrer la moitié de leur temps ou plus à l’œuvre du Seigneur soient colporteurs et distribuent des manuels d’étude biblique. Ces précurseurs des pionniers d’aujourd’hui ont assuré à la bonne nouvelle une diffusion extraordinaire.
Au cours de la décennie suivante, frère Russell a préparé un éventail de tracts permettant de diffuser facilement les remarquables vérités bibliques qui avaient déjà été comprises. Il a aussi écrit plusieurs tomes de L’Aurore du Millénium (ouvrage appelé plus tard Études des Écritures). Il a ensuite entrepris des voyages d’évangélisation à l’étranger.
Russell se rend à l’étranger
En 1891, il s’est rendu au Canada, où l’intérêt suscité à partir de 1880 a permis de rassembler 700 personnes à Toronto. Il est également allé en Europe en 1891 pour déterminer ce qui pouvait être fait en vue d’une plus grande diffusion de la vérité dans ces régions. Son voyage l’a conduit en Irlande, en Écosse, en Angleterre, dans de nombreux pays du continent européen, en Russie (dans l’actuelle Moldavie) et au Proche-Orient.
Quelles conclusions a-t-il tirées de ce voyage? Il a écrit: “Il semble n’y avoir aucune opportunité ou facilité pour la vérité en Russie (...) ni le moindre espoir d’une moisson en Italie, en Turquie, en Autriche ou en Allemagne. Mais la Norvège, la Suède, le Danemark, la Suisse et particulièrement l’Angleterre, l’Irlande et l’Écosse sont des champs mûrs qui attendent la moisson. Ces champs semblent crier: ‘Venez nous aider’!” À l’époque, l’Église catholique interdisait toujours de lire la Bible, de nombreux protestants délaissaient leurs temples et beaucoup de gens, déçus par les Églises, rejetaient complètement les Écritures.
Pour aider ces personnes affamées sur le plan spirituel, des efforts intensifs ont été déployés après le voyage de frère Russell en 1891 pour traduire les publications dans les langues parlées en Europe. Pour que les publications soient plus faciles à obtenir en Grande-Bretagne, des dispositions ont aussi été prises pour leur impression et leur stockage à Londres. Le “champ” britannique était effectivement mûr pour la moisson. Vers 1900, on y comptait déjà neuf congrégations et 138 Étudiants de la Bible, dont quelques colporteurs zélés. Quand frère Russell est retourné en Grande-Bretagne en 1903, un millier de personnes se sont réunies à Glasgow pour l’écouter parler des “Espérances et perspectives du Millénium”, 800 se sont rassemblées à Londres, et dans d’autres villes l’assistance a oscillé entre 500 et 600 personnes.
En Italie, par contre, et conformément aux remarques de frère Russell, ce n’est que 17 ans après sa visite que la première congrégation des Étudiants de la Bible a été formée à Pinerolo. Et en Turquie? À la fin des années 1880, Basil Stephanoff avait prêché en Macédoine, dans ce qui était à l’époque la Turquie européenne. Il avait apparemment suscité de l’intérêt, mais de soi-disant frères l’ont accusé faussement et il a été emprisonné. Ce n’est qu’en 1909 qu’un ressortissant grec habitant Smyrne (aujourd’hui Izmir), en Turquie, a indiqué dans une lettre qu’un groupe de cette ville appréciait l’étude des publications de la Watch Tower. Pour ce qui est de l’Autriche, frère Russell est retourné à Vienne en 1911 pour y prononcer un discours, mais la réunion a été interrompue par des manifestants. En Allemagne aussi, l’intérêt ne s’est manifesté que lentement. Les Scandinaves, par contre, semblaient plus conscients de leurs besoins spirituels.
Le message se répand parmi les Scandinaves
De nombreux Suédois vivaient en Amérique. En 1883, on a traduit à leur intention un numéro de La Tour de Garde en suédois. Très vite, des Suédois d’Amérique ont fait parvenir par la poste des exemplaires de ce périodique à leurs amis et à leurs proches en Suède. Aucune publication n’avait encore été imprimée en norvégien. Toutefois, en 1892, l’année suivant le voyage de frère Russell en Europe, Knud Pederson Hammer, Norvégien qui avait connu la vérité en Amérique, est retourné en Norvège pour donner le témoignage à sa famille.
Puis, en 1894, alors que l’on commençait à produire des publications en dano-norvégien, Sophus Winter, Américain d’origine danoise de 25 ans, a été envoyé au Danemark pour les y diffuser. Au printemps de l’année suivante, il avait distribué 500 tomes de L’Aurore du Millénium. Avant longtemps, quelques personnes qui avaient lu ces publications se sont jointes à lui dans l’activité. Malheureusement, il a plus tard perdu conscience de la valeur de son privilège; mais d’autres ont continué à faire briller leur lumière.
Néanmoins, avant d’abandonner son service, Winter a déployé pendant quelque temps l’activité de colporteur en Suède. Peu après, sur l’île de Sturkö, August Lundborg, jeune capitaine de l’Armée du Salut, a vu chez un ami deux tomes de L’Aurore du Millénium. Il les lui a empruntés, les a lus avec empressement, a quitté l’Église et s’est mis à parler de ce qu’il avait appris. Un autre jeune homme, P. Johansson, a eu les yeux dessillés par un tract trouvé sur un banc, dans un jardin public.
Le groupe suédois grossissait; certains se sont alors rendus en Norvège pour y diffuser des publications bibliques. Mais auparavant, des publications, envoyées par des résidents américains, étaient déjà entrées dans le pays. C’est par ce moyen que Rasmus Blindheim en est venu à servir Jéhovah. Entre autres Norvégiens, Theodor Simonsen, pasteur de la Mission libre, a connu la vérité dans les premières années de l’œuvre. Il s’est mis à réfuter l’enseignement de l’enfer de feu dans ses sermons de la Mission libre. Les paroissiens étaient tout excités, tant ces explications leur semblaient merveilleuses, mais quand il est devenu notoire qu’il avait pris connaissance de “L’Aurore du Millénium”, il a été destitué. Il a toutefois continué à parler des bonnes choses qu’il avait apprises. Un jeune homme, Andreas Øiseth, est entré en possession de publications. Lorsqu’il a acquis la certitude d’avoir trouvé la vérité, il a quitté l’exploitation familiale et il est devenu colporteur. Il prêchait avec méthode, n’oubliant aucune localité en montant vers le nord, puis redescendait le long des fjords. En hiver, il transportait nourriture, vêtements et publications sur un traîneau, et des gens hospitaliers lui offraient un toit. En huit ans de voyage, il a prêché la bonne nouvelle dans presque tout le pays.
En 1906, Ebba, la femme d’August Lundborg, s’est rendue de Suède en Finlande pour y accomplir l’activité de colporteur. À peu près à la même époque, des hommes qui revenaient des États-Unis ont apporté dans leurs bagages des publications de la Société Watch Tower et se sont mis à parler de ce qu’ils apprenaient. C’est ainsi que quelques années plus tard Emil Österman, qui n’était pas satisfait de l’enseignement des Églises, a eu entre les mains Le divin Plan des Âges. Il en a parlé à son ami Kaarlo Harteva, qui lui aussi cherchait la vérité. Conscient de la valeur de cet ouvrage, Harteva l’a traduit en finnois et, avec le soutien financier d’Österman, il l’a fait publier. Ils ont alors tous deux entrepris de le diffuser. Animés par un authentique esprit d’évangélisation, ils s’adressaient aux gens dans les lieux publics, se rendaient de maison en maison et prononçaient des discours devant des salles combles. À Helsinki, après avoir dénoncé les fausses doctrines de la chrétienté, frère Harteva a mis au défi les auditeurs de défendre la croyance en l’immortalité de l’âme à l’aide de la Bible. Tous les regards se sont tournés vers un ecclésiastique qui était présent. Personne n’a répondu; pas un n’a su réfuter la déclaration explicite d’Ézéchiel 18:4. Certains ont raconté qu’ils ont eu du mal à dormir cette nuit-là à cause de ce qu’ils avaient entendu.
Un humble jardinier devient évangélisateur en Europe
Entre-temps, Adolf Weber, sur le conseil d’une amie anabaptiste déjà âgée, a quitté la Suisse pour les États-Unis dans l’espoir d’y trouver une meilleure compréhension des Écritures. C’est là qu’il a répondu à une petite annonce et est devenu le jardinier de frère Russell. Grâce au Divin Plan des Âges (déjà traduit en allemand) et aux réunions tenues par frère Russell, Adolf a acquis la connaissance biblique qu’il recherchait, et il s’est fait baptiser en 1890. Les ‘yeux de son cœur ont été éclairés’ et il a pleinement compris quelles perspectives s’offraient à lui (Éph. 1:18). Après avoir donné avec zèle le témoignage pendant quelque temps aux États-Unis, il est retourné dans sa terre natale pour travailler “dans la vigne du Seigneur”. C’est ainsi qu’au milieu des années 1890 il était de retour en Suisse et communiquait la vérité biblique aux personnes réceptives.
Adolf gagnait sa vie en travaillant comme jardinier et forestier, mais ce qui comptait le plus pour lui, c’était l’œuvre d’évangélisation. Il prêchait à ses collègues de travail ainsi qu’aux habitants des villes et villages suisses des environs. Il parlait plusieurs langues et en a profité pour traduire en français des publications de la Société. À l’approche de l’hiver, il remplissait son sac à dos de publications bibliques et partait à pied pour la France, poussant parfois vers le nord jusqu’en Belgique et vers le sud jusqu’en Italie.
Afin de toucher les gens qu’il ne pouvait rencontrer personnellement, il faisait paraître des annonces dans des journaux et des périodiques pour proposer les manuels d’étude biblique disponibles. Élie Thérond, qui habitait le centre de la France, a répondu à une de ces annonces, a reconnu l’accent de la vérité et s’est rapidement mis à propager le message. De même, en Belgique, Jean-Baptiste Tilmant père a lu une annonce en 1901 et a commandé deux tomes de L’Aurore du Millénium. Il a été émerveillé de découvrir la vérité biblique exposée si clairement! Il n’a pas pu s’empêcher d’en parler à ses amis. L’année suivante, un groupe d’étude se réunissait régulièrement chez lui. Peu après, l’activité de ce petit groupe portait du fruit, même dans le nord de la France. Frère Weber a gardé le contact avec ces chrétiens et a rendu périodiquement des visites aux différents groupes qui se formaient pour les édifier sur le plan spirituel et leur donner des instructions sur la façon de communiquer la bonne nouvelle à autrui.
La bonne nouvelle parvient en Allemagne
Quelque temps après la parution de publications en allemand, dans le milieu des années 1880, des Américains d’origine allemande qui appréciaient ces ouvrages ont commencé à en envoyer à leurs proches restés au pays. Une infirmière de l’hôpital de Hambourg a remis des exemplaires de L’Aurore du Millénium à des personnes qu’elle côtoyait dans l’établissement. En 1896, en Suisse, Adolf Weber a fait paraître des annonces dans des journaux publiés en allemand et a envoyé par la poste des tracts en Allemagne. L’année suivante, un dépôt de publications a été ouvert en Allemagne pour faciliter la diffusion de l’édition allemande de La Tour de Garde, mais il n’y avait que peu de résultat. Toutefois, en 1902, Margarethe Demut, qui avait connu la vérité en Suisse, s’est installée à Tailfingen, à l’est de la Forêt-Noire. Sa prédication zélée a permis de jeter les bases d’un des premiers groupes d’Étudiants de la Bible en Allemagne. Samuel Lauper, un autre Suisse, s’est installé dans le Bergisches Land, au nord-est de Cologne, pour y propager la bonne nouvelle. En 1904, des réunions se tenaient dans cette région à Wermelskirchen. À ces réunions assistait un homme de 80 ans, Gottlieb Paas, qui cherchait la vérité. Peu de temps après la mise en place de ces réunions, sur son lit de mort Paas a brandi La Tour de Garde en disant: “Voici la vérité, restez-y attachés.”
Le nombre de personnes qui s’intéressaient aux vérités bibliques augmentait régulièrement. On a alors fait insérer des exemplaires gratuits de La Tour de Garde dans des journaux allemands, malgré le coût élevé de l’opération. Un rapport publié en 1905 indique que plus de 1 500 000 exemplaires de La Tour de Garde avaient été distribués. Cela constituait un véritable tour de force pour ce très petit groupe de chrétiens.
Tous les Étudiants de la Bible n’étaient pas d’avis qu’il suffisait de s’adresser à leur entourage. Dès 1907, frère Erler, un Allemand, a entrepris des voyages en Bohême, dans l’Autriche-Hongrie d’alors (plus tard en Tchécoslovaquie). Il a distribué des publications qui annonçaient Harmaguédon et parlaient des bénédictions que connaîtrait ensuite l’humanité. En 1912, un autre Étudiant de la Bible avait diffusé des publications bibliques dans la région de Memel, aujourd’hui en Lituanie. De nombreuses personnes réagissaient avec enthousiasme au message, et plusieurs groupes assez importants d’Étudiants de la Bible ont rapidement été constitués. Toutefois, quand ces personnes ont appris que les véritables chrétiens doivent aussi être des témoins, leurs rangs se sont clairsemés. Il n’empêche que quelques-uns sont devenus d’authentiques imitateurs de Christ, “le témoin fidèle et vrai”. — Rév. 3:14.
Quand Nikolaus von Tornow, baron allemand qui possédait de grandes propriétés en Russie, est allé en Suisse aux environs de 1907, il s’est vu remettre un des tracts de la Société Watch Tower. Deux années plus tard, il s’est présenté à une réunion de la congrégation de Berlin, en Allemagne, paré de son plus bel habit d’apparat et accompagné de son domestique personnel. Il lui a fallu du temps pour se faire à l’idée que Dieu confie de précieuses vérités à des gens modestes, mais ce qu’il a lu en 1 Corinthiens 1:26-29 l’y a aidé: “Vous voyez votre appel, frères: il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair qui ont été appelés, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de gens de haute naissance, (...) afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu.” Convaincu d’avoir trouvé la vérité, von Tornow a vendu ses propriétés en Russie et a voué sa personne et ses biens à la cause du culte pur.
C’est en 1911 que se sont mariés les Herkendell, deux jeunes Allemands. La jeune mariée a demandé à son père, en quelque sorte comme dot, de l’argent pour financer un voyage de noces inhabituel. Elle projetait avec son mari un voyage très actif qui durerait de longs mois. Durant leur lune de miel, ils ont effectué une tournée de prédication en Russie afin d’y rencontrer les habitants d’expression allemande. Ainsi donc, de diverses manières, des gens de toute condition communiquaient ce qu’ils avaient appris du dessein plein d’amour de Dieu.
Accroissement en Grande-Bretagne
À la suite de la distribution massive de publications qui s’était effectuée en 1881 en Grande-Bretagne, quelques personnes pratiquantes ont compris qu’elles devaient agir conformément à ce qu’elles venaient d’apprendre. Tom Hart, qui habitait le quartier d’Islington, à Londres, a été de ceux qui ont pris au sérieux le conseil biblique repris par La Tour de Garde, “Sortez d’elle, mon peuple”, autrement dit de sortir des Églises de la chrétienté, d’origine babylonienne, et de se conformer à l’enseignement de la Bible (Rév. 18:4). Il s’est retiré de son Église en 1884, et d’autres l’ont imité.
De nombreuses personnes qui se réunissaient avec les groupes d’étude sont devenues des évangélisateurs efficaces. Certains proposaient les publications bibliques dans les parcs londoniens et dans des endroits où les gens venaient se détendre. D’autres concentraient leur activité dans les quartiers d’affaires. Mais la méthode classique consistait à se rendre de maison en maison.
Sarah Ferrie, abonnée à La Tour de Garde, a écrit à frère Russell pour lui signaler qu’elle se portait volontaire avec quelques amis pour se rendre à Glasgow et y distribuer des tracts. Quelle n’a pas été sa surprise de voir un camion déposer devant sa porte 30 000 tracts gratuits à distribuer! Minnie Greenlees, accompagnée par ses trois jeunes fils, se sont mis à l’œuvre: ils ont parcouru la campagne écossaise en carriole pour y distribuer des publications bibliques. Plus tard, Alfred Greenlees et Alexander MacGillivray ont distribué à bicyclette des tracts dans une grande partie de l’Écosse. Cette tâche n’était plus confiée à des distributeurs rémunérés; des bénévoles voués à Dieu s’en chargeaient maintenant.
Leur cœur les poussait
Dans une de ses paraboles, Jésus a dit que les personnes qui ‘entendraient la parole avec un cœur excellent et bon’ porteraient du fruit. Leur profonde reconnaissance pour les dispositions pleines d’amour de Dieu les pousserait à communiquer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu à autrui (Luc 8:8, 11, 15). D’une manière ou d’une autre, elles y parviendraient.
Ainsi, un voyageur argentin a reçu d’un marin italien une partie de la publication Nourriture pour les chrétiens réfléchis. Lors d’une escale au Pérou, ce voyageur a écrit pour en savoir davantage, et comme son intérêt était de plus en plus vif, en 1885 il a de nouveau écrit d’Argentine à l’éditeur de La Tour de Garde pour commander des publications. La même année, un marine anglais, qui était envoyé à Singapour avec son unité, a emporté La Tour de Garde. Ce périodique l’a enchanté et il s’en est servi là-bas à loisir pour faire connaître la pensée des Écritures sur des sujets de conversation courants. En 1910, deux chrétiennes se trouvaient à bord d’un bateau qui a fait escale dans le port de Colombo, à Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka). Elles en ont profité pour donner le témoignage à M. Van Twest, officier de la capitainerie. Elles lui ont expliqué en détail les bonnes choses qu’elles avaient apprises dans le livre Le divin Plan des Âges. M. Van Twest est devenu Étudiant de la Bible, et la prédication a commencé à Sri Lanka.
Même ceux qui ne pouvaient voyager s’efforçaient de communiquer les vérités réconfortantes de la Bible à des habitants d’autres pays. Il ressort d’une lettre de remerciement publiée en 1905 qu’un habitant des États-Unis avait envoyé Le divin Plan des Âges à un correspondant de Saint-Thomas, dans ce qui était à l’époque les Antilles danoises. Après l’avoir lu, cet homme s’est agenouillé et a exprimé son profond désir de faire la volonté de Dieu. En 1911, Bellona Ferguson, du Brésil, a déclaré qu’elle était “une preuve vivante, indiscutable, que personne n’est trop éloigné pour être touché” par les eaux de la vérité. Il semble qu’elle recevait depuis 1899 les publications de la Société par la poste. Peu avant la Première Guerre mondiale, un immigrant allemand du Paraguay a trouvé un tract de la Société dans sa boîte aux lettres. Il a commandé d’autres publications et a rapidement voulu couper les ponts avec les Églises de la chrétienté. Personne sur place ne pouvait le baptiser; son beau-frère et lui ont donc décidé de se baptiser l’un l’autre. Ainsi, le témoignage était donné jusque dans les parties les plus lointaines de la terre et portait du fruit.
D’autres Étudiants de la Bible, par contre, se sont sentis poussés à retourner là où eux-mêmes ou leurs parents étaient nés pour entretenir leurs amis et leurs proches du merveilleux dessein de Jéhovah et leur montrer comment en bénéficier. C’est ainsi qu’en 1895 frère Oleszynski est retourné en Pologne porteur de la bonne nouvelle concernant “la rançon, le rétablissement et l’appel d’en haut”; malheureusement, il n’a pas persévéré dans ce service. En 1898, un ancien professeur d’origine hongroise a quitté le Canada pour répandre le message capital de la Bible dans son pays natal. En 1905, un homme qui était devenu Étudiant de la Bible en Amérique est retourné en Grèce pour y donner le témoignage. De même, en 1913, un jeune homme revenant de New York a rapporté les graines de la vérité biblique dans la ville dont était originaire sa famille, Ramallah, non loin de Jérusalem.
Les débuts de l’œuvre aux Antilles
Tandis que le nombre d’évangélisateurs augmentait aux États-Unis, au Canada et en Europe, la vérité biblique commençait aussi à s’implanter au Panama, au Costa Rica, en Guyane néerlandaise (aujourd’hui le Suriname) et en Guyane britannique (aujourd’hui la Guyana). Joseph Brathwaite a reçu de l’aide pour comprendre le dessein divin alors qu’il se trouvait en Guyane britannique. Il est ensuite parti pour la Barbade en 1905 afin d’y enseigner les gens à plein temps. Louis Facey et H. Clarke, qui ont entendu la bonne nouvelle alors qu’ils travaillaient au Costa Rica, sont retournés à la Jamaïque en 1897 pour communiquer leur nouvelle foi à leurs compatriotes. Les Jamaïquains qui ont embrassé la vérité étaient très zélés. En la seule année 1906, le groupe de la Jamaïque a distribué quelque 1 200 000 tracts et autres publications. Un autre émigrant qui avait connu la vérité au Panama a rapporté à la Grenade le message d’espoir de la Bible.
La révolution mexicaine de 1910-1911 a également permis de faire connaître le message du Royaume de Dieu à des personnes affamées de vérité. Beaucoup de Mexicains ont fui vers les États-Unis. Là, certains ont rencontré des Étudiants de la Bible, ont appris que Jéhovah se propose d’offrir aux humains une paix durable, et ont envoyé des publications au Mexique. Ce n’était cependant pas la première fois que le message parvenait dans ce pays. En 1893 déjà, La Tour de Garde avait publié une lettre de F. Stephenson, du Mexique, qui avait lu quelques-unes des publications de la Société Watch Tower et qui en demandait d’autres pour en faire profiter des amis au Mexique et en Europe.
Afin d’étendre la prédication des vérités bibliques à d’autres îles des Antilles et d’organiser régulièrement des réunions d’étude, frère Russell a envoyé en 1911 Evander Coward au Panama, puis dans les îles. Frère Coward était un orateur énergique et original, et il drainait souvent des foules de plusieurs centaines de personnes à l’occasion de ses discours dans lesquels il réfutait les doctrines de l’enfer de feu et de l’immortalité de l’âme humaine, et parlait de l’avenir magnifique de la terre. Pour toucher le plus grand nombre, il se déplaçait d’une ville à l’autre, et d’une île à l’autre: Sainte-Lucie, Dominique, Saint-Christophe, la Barbade, Grenade et la Trinité. Il a aussi pris la parole en public en Guyane britannique. Alors qu’il se trouvait au Panama, il a rencontré William Brown, un jeune frère jamaïquain très zélé, qui a ensuite servi à ses côtés dans plusieurs îles des Antilles. Frère Brown a plus tard participé à l’inauguration de l’œuvre dans d’autres territoires.
En 1913, frère Russell s’est lui-même rendu au Panama, à Cuba et en Jamaïque et y a prononcé des discours publics. À Kingston, en Jamaïque, l’un d’eux a été suivi par une foule rassemblée dans deux salles, mais il restait encore 2 000 personnes qui ne pouvaient entrer. La presse a fait remarquer que l’orateur n’avait pas parlé d’argent et que l’on n’avait pas fait de collecte.
La lumière de la vérité parvient en Afrique
À cette époque, la lumière de la vérité est également parvenue en Afrique. Dans une lettre postée en 1884 au Liberia, un homme qui aimait lire la Bible faisait savoir qu’il était entré en possession d’un exemplaire de Nourriture pour les chrétiens réfléchis, et en commandait d’autres pour les distribuer. Quelques années plus tard, un rapport signalait qu’un ecclésiastique libérien s’était défroqué pour être libre d’enseigner les vérités bibliques apprises dans La Tour de Garde et qu’un groupe d’Étudiants de la Bible tenaient régulièrement des réunions.
Un ministre de l’Église réformée hollandaise qui s’est rendu des Pays-Bas en Afrique du Sud en 1902 a emporté des publications de Charles Russell. Ce pasteur n’a pas vraiment tiré profit de ce livre, contrairement à Frans Ebersohn et à Stoffel Fourie, qui ont vu cette publication dans sa bibliothèque. Quelques années plus tard, deux Étudiantes de la Bible zélées sont venues d’Écosse s’installer à Durban pour y grossir les rangs des chrétiens locaux.
Malheureusement, parmi ceux qui ont reçu les publications écrites par frère Russell et en ont parlé à d’autres, quelques-uns, comme Joseph Booth et Elliott Kamwana, y ont mêlé des idées personnelles, invitant à militer en faveur d’un changement social. Cela tendait à donner une image faussée des authentiques Étudiants de la Bible en Afrique du Sud et au Nyassaland (appelé plus tard Malawi). Il n’empêche que beaucoup ont entendu le message qui présente le Royaume de Dieu comme l’unique solution aux problèmes de l’humanité, et ils l’ont apprécié.
Mais il allait falloir encore attendre des années avant que la prédication s’étende en Afrique.
L’Extrême-Orient et les îles du Pacifique
Les publications bibliques éditées par Charles Russell sont arrivées en Extrême-Orient peu après leur diffusion en Grande-Bretagne. En 1883, Mlle C. Downing, missionnaire presbytérienne à Tche-fou (Yantaï), en Chine, a reçu un numéro de La Tour de Garde. Elle a apprécié les explications sur la doctrine du rétablissement et a prêté le périodique à d’autres missionnaires, parmi lesquels Horace Randle, membre du Conseil des missions baptistes. L’intérêt de cet homme a été plus tard avivé quand il a vu dans le Times de Londres une publicité pour L’Aurore du Millénium dont il a ensuite reçu deux exemplaires, un de Mlle Downing, l’autre de sa mère qui habitait en Angleterre. De prime abord, il a été outré par son contenu. Mais quand il a acquis la conviction que la Trinité n’est pas un enseignement biblique, il s’est retiré de l’Église baptiste et s’est mis en devoir de faire profiter d’autres missionnaires de ce qu’il avait appris. En 1900, il a signalé qu’il avait envoyé 2 324 lettres et quelque 5 000 tracts à des missionnaires en Chine, au Japon, en Corée et au Siam (Thaïlande). En Extrême-Orient, en ce temps-là, le témoignage était surtout donné aux missionnaires de la chrétienté.
Dans la même période, des graines de vérité étaient aussi semées en Australie et en Nouvelle-Zélande. Les premières “graines” ont sans doute été apportées en Australie en 1884 ou peu après par un homme qui avait rencontré un Étudiant de la Bible dans un parc en Angleterre. D’autres “graines” ont été envoyées au gré des courriers entre amis et proches.
Quelques années seulement après la création du Commonwealth australien en 1901, La Tour de Garde y comptait des centaines d’abonnés. Certains ont saisi le privilège de communiquer la vérité à autrui et ont envoyé des milliers de tracts en s’aidant des listes électorales. On en distribuait d’autres dans les rues, et dans les régions reculées on en jetait des liasses depuis les trains pour atteindre les ouvriers et ceux qui habitaient le long des lignes de chemin de fer. On avertissait les gens que les temps des Gentils s’achèveraient en 1914. En Australie occidentale, Arthur Williams père en parlait à tous les clients de son magasin et invitait ceux qui étaient bien disposés à venir en discuter chez lui.
On ignore qui a introduit la vérité biblique en Nouvelle-Zélande. Toujours est-il qu’en 1898, Andrew Anderson, un résident, avait lu suffisamment de publications de la Société Watch Tower pour se dépenser dans le service de colporteur. Il a été épaulé en 1904 par d’autres colporteurs venus d’Amérique et de la filiale d’Australie, filiale qui avait été ouverte cette année-là. Mme Thomas Barry, de Christchurch, a accepté six tomes des Études des Écritures que lui a proposés l’un des colporteurs. En 1906, son fils Bill, embarqué pour l’Angleterre, a profité des six semaines de voyage pour les lire et a reconnu qu’ils disaient vrai. Le fils de Bill, Lloyd, est devenu des années plus tard membre du Collège central des Témoins de Jéhovah.
Ed Nelson faisait partie des prédicateurs zélés des débuts de l’œuvre. Le tact n’était pas son fort, mais il a consacré 50 années de sa vie à propager le message du Royaume du nord au sud de la Nouvelle-Zélande. Au bout de quelques années, il a été rejoint par Frank Grove, qui travaillait sa mémoire pour compenser sa mauvaise vue et qui a également été pionnier pendant plus de 50 ans, jusqu’à sa mort.
Un tour du monde pour étendre la prédication de la bonne nouvelle
Une nouvelle action de grande envergure a été menée en 1911-1912 pour aider les habitants des pays d’Orient. L’Association internationale des Étudiants de la Bible a dépêché un comité de sept hommes dirigé par Charles Russell pour évaluer la situation sur place. Tout au long de leur périple, ils ont expliqué que Dieu se propose de procurer des bénédictions à l’humanité par le moyen du Royaume messianique. Parfois, les auditeurs étaient peu nombreux, mais aux Philippines et en Inde, par exemple, ils étaient des milliers. Cette campagne n’avait pas pour but de collecter des fonds en vue de la conversion du monde, comme cela se pratiquait couramment à l’époque dans la chrétienté. Ces frères ont remarqué que les missionnaires de la chrétienté s’efforçaient surtout de promouvoir des systèmes éducatifs. Mais frère Russell était convaincu que les gens avaient par-dessus tout besoin de “la bonne nouvelle au sujet de Dieu qui, dans son amour, a prévu que vienne le Royaume messianique”. Loin d’espérer convertir le monde, les Étudiants de la Bible comprenaient grâce aux Écritures qu’il fallait donner un témoignage, et que cela permettrait le rassemblement de “quelques élus de toutes nations, peuples, tribus et langues, qui deviendraient membres de la classe de l’Épouse [du Christ], s’assiéraient avec lui sur son trône pendant les mille ans, et contribueraient à élever l’ensemble de la race humaine”a. — Rév. 5:9, 10; 14:1-5.
Après avoir passé du temps au Japon, en Chine, aux Philippines et en d’autres endroits, les frères composant ce comité ont parcouru 6 400 kilomètres de plus pour se rendre en Inde. Quelques résidents avaient lu des publications de la Société et avaient envoyé des lettres de remerciement dès 1887. Un jeune homme qui avait fait ses études en Amérique avait rencontré frère Russell et avait connu la vérité. À partir de 1905, il avait donné le témoignage parmi les habitants d’expression tamoule. Ce jeune homme a collaboré à la formation d’une quarantaine de groupes d’étude de la Bible dans le sud de l’Inde. Mais, après avoir prêché aux autres, il est lui-même devenu un homme désapprouvé pour avoir négligé les règles de conduite chrétiennes. — Voir 1 Corinthiens 9:26, 27.
Toutefois, à peu près à la même époque, dans le Travancore (Kerala), A. Joseph a écrit à un adventiste renommé pour demander certains éclaircissements et a reçu en guise de réponse un tome des Études des Écritures. Il y a trouvé des réponses bibliques satisfaisantes à ses questions concernant la Trinité. Bientôt, lui et des membres de sa famille ont parcouru les rizières et les plantations de cocotiers du sud de l’Inde pour communiquer les enseignements qu’ils venaient de découvrir. Après la visite de frère Russell en 1912, frère Joseph s’est engagé dans le service à plein temps. Il a voyagé en train, en char à bœufs, en bateau ou à pied pour distribuer des publications bibliques. Ses discours publics étaient souvent interrompus par des ecclésiastiques et leurs fidèles. À Kundara, alors qu’un membre du clergé “chrétien” poussait ses ouailles à perturber une réunion et à lancer de la boue sur frère Joseph, un hindou de haute naissance est venu voir quel était ce tumulte. Il a demandé à l’homme d’Église: “Est-ce là l’exemple laissé par Christ aux chrétiens, ou n’êtes-vous pas en train d’imiter les Pharisiens du temps de Jésus?” L’ecclésiastique a alors battu en retraite.
Avant que ne s’achève le voyage de quatre mois du comité de l’AIÉB, frère Russell a chargé frère Robert Hollister de représenter la Société en Orient et de veiller à ce que s’effectue l’annonce du Royaume messianique, une disposition divine pleine d’amour. Des tracts spéciaux ont été imprimés en dix langues et des millions d’exemplaires ont été distribués en Inde, en Chine, au Japon et en Corée par des autochtones. On a ensuite traduit des livres en quatre langues orientales pour procurer une nourriture spirituelle plus abondante aux personnes bien disposées. Le territoire était vaste et il restait beaucoup à faire. Il n’empêche qu’un travail extraordinaire avait déjà été réalisé à l’époque.
Un témoignage impressionnant a été donné
Avant que n’éclate la dévastatrice Première Guerre mondiale, un très grand témoignage avait été donné dans le monde entier. Frère Russell avait effectué des tournées pour prononcer des discours dans des centaines de villes aux États-Unis et au Canada, entrepris plusieurs voyages en Europe, pris la parole au Panama, à la Jamaïque, à Cuba, ainsi que dans les principales villes d’Orient. Des dizaines de milliers d’auditeurs avaient suivi ses discours vibrants et l’avaient vu répondre en public aux questions bibliques que posaient tant ses amis que ses détracteurs. Cela avait suscité beaucoup d’intérêt, et des milliers de journaux d’Amérique, d’Europe, d’Afrique du Sud et d’Australie publiaient régulièrement des sermons de frère Russell. Les Étudiants de la Bible avaient distribué des millions de livres, ainsi que des centaines de millions de tracts et autres imprimés en 35 langues.
Même s’il a joué un rôle de premier plan, frère Russell n’était pas le seul à prêcher. Des hommes et des femmes disséminés dans le monde entier unissaient leurs voix comme témoins de Jéhovah et de son Fils, Jésus Christ. Tous ne prononçaient pas des discours publics. Ils étaient issus de tous milieux et exploitaient toutes les possibilités qui s’offraient à eux pour répandre la bonne nouvelle.
En janvier 1914, à moins d’un an de la fin des temps des Gentils, un autre témoignage puissant a été rendu grâce au “Photo-Drame de la Création”, qui illustrait d’une manière nouvelle le dessein de Dieu à l’égard de la terre. Il consistait en belles vues fixes en couleurs peintes à la main et en films accompagnés d’un enregistrement sonore. Aux États-Unis, la presse a signalé que chaque semaine des centaines de milliers de personnes assistaient aux projections. Aux États-Unis et au Canada réunis, au bout d’un an, près de huit millions de spectateurs avaient vu le Photo-Drame. À Londres, les foules se sont massées à l’Opéra et au Royal Albert Hall pour assister à cette présentation qui consistait en quatre séances de deux heures. En six mois, plus de 1 226 000 personnes avaient pu la voir dans 98 villes de Grande-Bretagne. En Allemagne et en Suisse, les salles disponibles étaient combles. De larges auditoires se sont également rassemblés en Scandinavie et dans le Pacifique Sud.
Vraiment, dans le monde entier, un témoignage remarquable et puissant a été rendu dans les premières décennies de l’histoire moderne des Témoins de Jéhovah! Mais, à vrai dire, l’œuvre n’en était qu’à ses débuts.
Les prédicateurs qui répandaient la vérité biblique n’étaient que quelques centaines au début des années 1880. En 1914, d’après les chiffres disponibles, ils étaient environ 5 100 à prendre part à l’activité. D’autres distribuaient peut-être quelques tracts occasionnellement. Les ouvriers étaient relativement peu nombreux.
Ce petit groupe d’évangélisateurs avaient déjà, de diverses manières, étendu leur proclamation du Royaume de Dieu à 68 pays à la fin de 1914. Dans 30 de ces pays, l’organisation de leur activité de prédication et d’enseignement était déjà en bonne voie.
Des millions de livres et des centaines de millions de tracts ont été distribués avant la fin des temps des Gentils. Par ailleurs, en 1913, pas moins de 2 000 journaux publiaient régulièrement des sermons écrits par Charles Russell, et, en 1914, plus de 9 000 000 de personnes ont vu sur trois continents le “Photo-Drame de la Création”.
Vraiment, un témoignage extraordinaire a été donné! Mais la suite allait se révéler encore plus impressionnante.
[Note]
a Un récit détaillé de ce tour du monde a été publié dans La Tour de Garde du 15 avril 1912 (angl.).
[Carte/Illustration, page 405]
Charles Russell a prononcé des discours dans plus de 300 villes (dans les lieux signalés par des points) d’Amérique du Nord et des Antilles, souvent en 10 ou 15 occasions différentes.
[Carte]
(Voir la publication)
[Carte, page 407]
(Voir la publication)
Tournées de prédication de frère Russell en Europe, qui passaient généralement par l’Angleterre.
1891
1903
1908
1909
1910 (deux fois)
1911 (deux fois)
1912 (deux fois)
1913
1914
[Carte/Illustration, page 408]
Lorsqu’il a acquis la certitude d’avoir trouvé la vérité, Andreas Øiseth s’est mis à distribuer avec zèle des publications bibliques dans presque toute la Norvège.
[Carte]
(Voir la publication)
NORVÈGE
Cercle arctique
[Carte/Illustration, page 409]
Depuis la Suisse, Adolf Weber, humble jardinier, a répandu la bonne nouvelle dans d’autres pays d’Europe.
[Carte]
(Voir la publication)
BELGIQUE
ALLEMAGNE
SUISSE
ITALIE
FRANCE
[Carte/Illustration, page 413]
Bellona Ferguson, au Brésil: “Personne n’est trop éloigné pour être touché.”
[Carte]
(Voir la publication)
BRÉSIL
[Carte, page 415]
(Voir la publication)
ALASKA
CANADA
GROENLAND
SAINT-PIERRE ET MIQUELON
ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE
BERMUDES
BAHAMAS
ÎLES TURKS ET CAÏQUES
CUBA
MEXIQUE
BÉLIZE
JAMAÏQUE
HAÏTI
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
PORTO RICO
ÎLES CAÏMANES
GUATEMALA
SALVADOR
HONDURAS
NICARAGUA
COSTA RICA
PANAMA
VENEZUELA
GUYANA
SURINAME
GUYANE
COLOMBIE
ÉQUATEUR
PÉROU
BRÉSIL
BOLIVIE
PARAGUAY
CHILI
ARGENTINE
URUGUAY
MALOUINES
ÎLES VIERGES (USA)
ÎLES VIERGES (G.-B.)
ANGUILLA
SAINT-MARTIN
SABA
SAINT-EUSTACHE
SAINT-CHRISTOPHE
NIÉVÈS
ANTIGUA
MONTSERRAT
GUADELOUPE
DOMINIQUE
MARTINIQUE
SAINTE-LUCIE
SAINT-VINCENT
BARBADE
GRENADE
TRINITÉ
ARUBA
BONAIRE
CURAÇAO
OCÉAN ATLANTIQUE
MER DES ANTILLES
OCÉAN PACIFIQUE
[Carte, pages 416, 417]
(Voir la publication)
GROENLAND
SUÈDE
ISLANDE
NORVÈGE
ÎLES FÉROÉ
FINLANDE
RUSSIE
ESTONIE
LETTONIE
LITUANIE
BIÉLORUSSIE
UKRAINE
MOLDAVIE
GÉORGIE
ARMÉNIE
AZERBAÏDJAN
TURKMÉNISTAN
OUZBÉKISTAN
KAZAKHSTAN
TADJIKISTAN
KIRGHIZISTAN
POLOGNE
ALLEMAGNE
PAYS-BAS
DANEMARK
GRANDE-BRETAGNE
IRLANDE
BELGIQUE
LUXEMBOURG
LIECHTENSTEIN
SUISSE
TCHÉCOSLOVAQUIE
AUTRICHE
HONGRIE
ROUMANIE
YOUGOSLAVIE
SLOVÉNIE
CROATIE
BOSNIE-HERZÉGOVINE
BULGARIE
ALBANIE
ITALIE
GIBRALTAR
ESPAGNE
PORTUGAL
MADÈRE
MAROC
SAHARA OCCIDENTAL
SÉNÉGAL
ALGÉRIE
LIBYE
ÉGYPTE
LIBAN
ISRAËL
CHYPRE
SYRIE
TURQUIE
IRAQ
IRAN
BAHREÏN
KOWEÏT
JORDANIE
ARABIE SAOUDITE
QATAR
ÉMIRATS ARABES UNIS
OMAN
YÉMEN
DJIBOUTI
SOMALIE
ÉTHIOPIE
SOUDAN
TCHAD
NIGER
MALI
MAURITANIE
GAMBIE
GUINÉE-BISSAO
SIERRA LEONE
LIBERIA
CÔTE D’IVOIRE
GHANA
TOGO
BÉNIN
GUINÉE ÉQUATORIALE
SAINTE-HÉLÈNE
GUINÉE
BURKINA FASO
NIGERIA
RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
CAMEROUN
SAO TOMÉ
CONGO
GABON
ZAÏRE
ANGOLA
ZAMBIE
NAMIBIE
BOTSWANA
AFRIQUE DU SUD
LESOTHO
SWAZILAND
MOZAMBIQUE
MADAGASCAR
RÉUNION
MAURICE
RODRIGUES
ZIMBABWE
MAYOTTE
COMORES
SEYCHELLES
MALAWI
TANZANIE
BURUNDI
RWANDA
OUGANDA
FRANCE
PAKISTAN
AFGHANISTAN
NÉPAL
BHOUTAN
MYANMAR
BANGLADESH
INDE
SRI LANKA
GRÈCE
MALTE
TUNISIE
KENYA
OCÉAN ATLANTIQUE
OCÉAN INDIEN
ALASKA
MONGOLIE
RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE
JAPON
RÉPUBLIQUE DE CORÉE
CHINE
MACAO
TAÏWAN
HONG-KONG
LAOS
THAÏLANDE
VIÊT NAM
CAMBODGE
PHILIPPINES
BRUNÉI
MALAISIE
SINGAPOUR
INDONÉSIE
SAIPAN
ROTA
GUAM
YAP
BELAU
CHUUK
POHNPEI
KOSRAE
ÎLES MARSHALL
NAURU
PAPOUASIE-NOUVELLE-GUINÉE
AUSTRALIE
NOUVELLE-ZÉLANDE
ÎLE NORFOLK
NOUVELLE-CALÉDONIE
ÎLES WALLIS ET FUTUNA
VANUATU
TUVALU
FIDJI
KIRIBATI
TOKELAU
HAWAII
SAMOA OCCIDENTALES
SAMOA AMÉRICAINES
NIUE
TONGA
ÎLES COOK
TAHITI
ÎLES SALOMON
OCÉAN PACIFIQUE
OCÉAN INDIEN
[Carte/Illustration, page 421]
A. Joseph, originaire de l’Inde, et sa fille, Gracie, qui est plus tard devenue missionnaire de Galaad.
[Carte]
(Voir la publication)
INDE
[Illustration, page 411]
Hermann Herkendell a entrepris avec sa femme un voyage de noces de plusieurs mois pour prêcher aux personnes d’expression allemande en Russie.
[Illustrations, page 412]
Les colporteurs d’Angleterre et d’Écosse se sont efforcés de donner le témoignage à tout le monde; même leurs enfants aidaient à distribuer les tracts.
[Illustration, page 414]
Evander Coward a répandu la vérité biblique avec zèle aux Antilles.
[Illustration, page 418]
Frank Grove, à gauche, et Ed Nelson (ici avec leurs femmes) ont tous deux répandu le message du Royaume à plein temps dans toute la Nouvelle-Zélande pendant plus de 50 ans.
[Illustrations, page 420]
Charles Russell et six collaborateurs ont effectué un voyage autour du monde en 1911-1912 pour étendre la prédication de la bonne nouvelle.
-
-
Partie 2 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terreLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 22
Partie 2 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
Les pages 423 à 443 du présent ouvrage traitent de la proclamation du Royaume de 1914 à 1935. Pour les Témoins de Jéhovah, 1914 est l’année où Jésus Christ a été intronisé Roi dans le ciel et a reçu autorité sur les nations. Quand il était sur la terre, Jésus a annoncé que le message du Royaume serait prêché dans le monde entier en dépit d’une persécution virulente, ce qui constituerait l’un des éléments du signe de sa présence en tant que Roi. Que s’est-il effectivement passé durant les années qui ont suivi 1914?
EN 1914, l’Europe a rapidement sombré dans la Première Guerre mondiale. Puis ce conflit s’est étendu au point de toucher des pays dont le nombre d’habitants, estime-t-on, représentait en tout 90 % de la population mondiale. Quelle répercussion les événements liés à ce conflit ont-ils eue sur la prédication des serviteurs de Jéhovah?
Les sombres années de la Première Guerre mondiale
Pendant les premières années de cette guerre, la prédication a été peu entravée, sauf en Allemagne et en France. On distribuait librement des tracts un peu partout, et on a continué de présenter le “Photo-Drame”, quoique sur une échelle beaucoup plus réduite, après 1914. Aux Antilles britanniques, alors que la fièvre de la guerre gagnait les esprits, le clergé a fait courir le bruit qu’Evander Coward, le représentant de la Société Watch Tower, était un espion allemand; celui-ci a donc été expulsé. L’opposition s’est faite plus vive lorsqu’on a commencé à distribuer le livre Le mystère accompli, en 1917.
Ce livre a rencontré un grand succès auprès du public. En quelques mois seulement, la Société a dû plus que décupler la commande qu’elle avait passée initialement aux imprimeurs. Mais le clergé de la chrétienté était furieux, car ce livre dévoilait ses fausses doctrines. Les ecclésiastiques ont donc profité de l’hystérie provoquée par la guerre pour dénigrer les Étudiants de la Bible auprès des autorités. À travers tous les États-Unis, des hommes et des femmes ont été molestés par la foule, parfois enduits de goudron et recouverts de plumes, pour avoir distribué des publications éditées par les Étudiants de la Bible. Au Canada, des perquisitions ont eu lieu, et des personnes trouvées en possession de publications de l’Association internationale des Étudiants de la Bible ont été condamnées à de lourdes amendes ou à des peines de prison. Cependant, Thomas J. Sullivan, qui était alors à Port Arthur (Ontario), a relaté qu’en une certaine occasion, alors qu’il était incarcéré pour une nuit, les policiers ont emporté pour eux-mêmes et leurs amis des publications interdites, et ont ainsi distribué tout le stock dont ils disposaient — soit 500 ou 600 exemplaires environ.
Pas même le siège mondial de la Société Watch Tower n’a été épargné, et des membres du personnel administratif ont été condamnés à de longues peines de prison. Pour leurs ennemis, les Étudiants de la Bible avaient reçu un coup mortel. Ils avaient pour ainsi dire cessé d’accomplir toute œuvre de témoignage susceptible de retenir l’attention du public.
Néanmoins, même derrière les barreaux, les Étudiants de la Bible ont saisi des occasions de parler aux autres détenus des desseins divins. Quand les membres du bureau exécutif de la Société et leurs proches collaborateurs sont arrivés à la prison d’Atlanta (Géorgie), on leur a, dans un premier temps, interdit de prêcher. Toutefois, ils ont discuté de la Bible entre eux, et leur conduite a intrigué les autres détenus. Au bout de quelques mois, le sous-directeur leur a demandé de donner des cours d’instruction religieuse aux prisonniers. L’assistance à ces cours a fini par atteindre 90 personnes environ.
D’autres chrétiens fidèles ont également trouvé des moyens de donner le témoignage pendant ces années de guerre. Dans certains cas, ils ont pu ainsi proclamer le message du Royaume dans des pays où la bonne nouvelle n’avait jamais été prêchée. Ainsi, en 1915, à New York, un Étudiant de la Bible d’origine colombienne a envoyé un exemplaire en espagnol du livre Le divin Plan des Âges à un homme de Bogotá (Colombie). Au bout de six mois, il a reçu une réponse de cet homme, Ramón Salgar. Celui-ci avait étudié attentivement le livre, l’avait apprécié et désirait en recevoir 200 exemplaires en vue de les distribuer. De son côté, frère J. Mayer, de Brooklyn (New York), a posté de nombreux exemplaires en espagnol du tract mensuel L’Étudiant de la Bible. Un grand nombre de ces tracts sont parvenus en Espagne. Par ailleurs, lorsqu’Alfred Joseph a quitté la Barbade pour travailler en Sierra Leone (Afrique occidentale), il a saisi les occasions qui se sont offertes à lui d’y donner le témoignage concernant les vérités bibliques qu’il venait d’apprendre.
Les colporteurs, dont le ministère consistait à rendre visite aux gens à leur domicile et dans les quartiers d’affaires, rencontraient souvent davantage de difficultés. Mais plusieurs sont allés au Salvador, au Honduras et au Guatemala, où, dès 1916, ils ont activement communiqué à autrui les vérités salvatrices. Durant cette période, Fanny Mackenzie, une Anglaise qui était colporteur, s’est rendue deux fois en Extrême-Orient par bateau; elle a fait escale en Chine, au Japon et en Corée pour y distribuer des publications bibliques, puis elle a entretenu par courrier l’intérêt pour le message qu’elle avait suscité chez des personnes bien disposées.
Toutefois, selon les archives disponibles, le nombre d’Étudiants de la Bible qui prenaient part à la prédication de la bonne nouvelle en 1918 était de 20 % inférieur au nombre enregistré en 1914. Allaient-ils persister dans leur ministère malgré le dur traitement qui leur avait été infligé durant les années de guerre?
Revivifiés
Le 26 mars 1919, le président de la Société Watch Tower et ses collaborateurs, qui étaient injustement détenus, ont été relaxés. Des dispositions ont rapidement été prises pour promouvoir la proclamation de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu dans le monde entier.
En septembre de cette année-là, à l’assemblée générale de Cedar Point (Ohio), Joseph Rutherford, alors président de la Société, a prononcé un discours soulignant que la proclamation du glorieux Royaume messianique de Dieu constituait l’activité primordiale des serviteurs de Jéhovah.
À l’époque, cependant, ceux qui participaient à cette activité étaient peu nombreux. Certains qui, par crainte, avaient cessé de témoigner en 1918 sont redevenus actifs et quelques autres se sont joints à eux. Mais les archives disponibles montrent qu’en 1919 ils n’étaient que 5 700 environ à donner activement le témoignage dans 43 pays. Pourtant, Jésus avait annoncé ceci: “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations.” (Mat. 24:14). Comment cette prophétie pourrait-elle s’accomplir? Ils ne le savaient pas, pas plus qu’ils ne savaient pendant combien de temps encore la prédication se poursuivrait. Malgré tout, ceux d’entre eux qui étaient de fidèles serviteurs de Dieu étaient bien décidés à poursuivre l’œuvre. Ils étaient confiants que Jéhovah dirigerait les choses selon sa volonté.
Ils se sont donc mis au travail, remplis de zèle pour l’œuvre qu’ils voyaient esquissée dans la Parole de Dieu. Les rapports disponibles indiquent qu’en trois ans le nombre des prédicateurs du Royaume de Dieu a presque triplé, et en 1922 ils prêchaient diligemment dans 15 pays de plus qu’en 1919.
Un sujet étonnant
Ils proclamaient ce message galvanisant: “Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais.” Frère Rutherford avait présenté un discours sur ce thème en 1918. Tel était aussi le titre d’une brochure de 128 pages publiée en 1920 en anglais. De 1920 à 1925, ce même sujet a été traité à de nombreuses reprises dans le cadre de réunions publiques à travers le monde, partout où des orateurs étaient disponibles, et en plus de 30 langues. Au lieu de dire, comme la chrétienté, que tous les bons iraient au ciel, ce discours attirait l’attention sur l’espérance biblique offerte aux humains obéissants de vivre éternellement sur une terre transformée en paradis (És. 45:18; Rév. 21:1-5). D’autre part, il exprimait la conviction que la réalisation de cette espérance était très proche.
On annonçait ce discours au moyen d’avis dans les journaux et d’affiches. Son thème intriguait les gens. Le 26 février 1922, rien qu’en Allemagne, plus de 70 000 personnes l’ont écouté en 121 endroits. Il n’était pas rare que l’assistance s’élève à plusieurs milliers de personnes. Par exemple, au Cap (Afrique du Sud), 2 000 personnes se sont massées à l’Opéra pour écouter ce discours. Dans la capitale norvégienne, non seulement la salle de conférences de l’université était comble, mais on avait refusé tant de personnes qu’il a fallu redonner le discours une heure et demie après — à nouveau devant une salle comble.
À Klagenfurt (Autriche), Richard Heide a dit à son père: “Je vais aller écouter ce discours, peu importe ce qu’en disent les gens. Je veux savoir si ce n’est que du bluff ou s’il y a du vrai là-dedans!” Ce qu’il a entendu l’a profondément touché et, peu après, lui et sa sœur, ainsi que leurs parents, faisaient connaître à autrui ce qu’ils avaient appris.
Cependant, le message biblique n’était pas uniquement destiné à l’auditoire des discours publics. Il fallait le communiquer à d’autres encore, non seulement à la population en général, mais aussi aux dirigeants politiques et religieux. Comment y parviendrait-on?
De puissantes déclarations sont diffusées
Les imprimés ont permis de toucher des millions de personnes qui jusque-là avaient seulement entendu parler des Étudiants de la Bible et du message qu’ils proclamaient. De 1922 à 1928, on a donné un témoignage efficace au moyen de sept puissantes déclarations imprimées reprenant les résolutions adoptées lors des assemblées annuelles des Étudiants de la Bible. Le tirage total de la plupart de ces résolutions a atteint les 45 à 50 millions d’exemplaires — chiffre vraiment prodigieux pour le petit nombre de prédicateurs du Royaume de l’époque!
La résolution de 1922 s’intitulait “Un appel aux conducteurs des nations!” Elle les mettait au défi de justifier leur prétention de pouvoir apporter la paix, la prospérité et le bonheur aux humains, ou, s’ils n’y parvenaient pas, de reconnaître que seul le Royaume de Dieu dirigé par le Messie en était capable. En Allemagne, cette résolution a été envoyée en recommandé au kaiser allemand en exil, ainsi qu’au président et à tous les membres du Reichstag; en outre, on en a distribué quelque quatre millions et demi d’exemplaires au public. En Afrique du Sud, Edwin Scott, un sac d’imprimés sur le dos et un bâton à la main pour repousser les chiens méchants, a parcouru 64 villes et distribué à lui seul 50 000 exemplaires de la résolution. Par la suite, dans ce pays, quand les pasteurs de l’Église réformée hollandaise passaient chez les paroissiens pour une collecte, beaucoup leur mettaient un exemplaire de la résolution sous le nez et leur disaient: “Si vous lisiez ceci, vous ne reviendriez pas nous réclamer de l’argent!”
En 1924, on a adopté la résolution intitulée “Acte d’accusation contre le clergé”. Elle dénonçait les enseignements et les pratiques non bibliques du clergé, ainsi que le rôle qu’il avait joué durant la guerre mondiale, et elle exhortait les gens à étudier la Bible pour découvrir par eux-mêmes les merveilleuses dispositions prises par Dieu pour le bonheur de l’humanité. En Italie, à l’époque, les imprimeurs devaient apposer leur nom sur tous les ouvrages qu’ils éditaient, et ils étaient tenus pour responsables de leur contenu. L’Étudiant de la Bible qui dirigeait l’œuvre en Italie a remis une copie de la résolution aux autorités gouvernementales, qui l’ont examinée et ont aussitôt donné l’autorisation de la faire imprimer et distribuer. De leur côté, les imprimeurs ont accepté de la publier. C’est ainsi que les frères ont pu en distribuer 100 000 en Italie. Ils se sont assurés que le pape et les autres hauts dignitaires du Vatican en reçoivent un exemplaire.
En France, la distribution de cette résolution a entraîné une réaction véhémente et souvent violente du clergé. En Poméranie (Allemagne), un ecclésiastique a attaqué en justice la Société et son représentant, mais le tribunal a rendu un verdict qui lui était défavorable après avoir pris connaissance du texte intégral de la résolution. Au Canada, dans la province de Québec, afin que la distribution du texte de la résolution ne soit pas entravée par les opposants à la vérité, les Étudiants de la Bible l’ont effectuée de très bonne heure, à partir de 3 heures du matin. Quels moments exaltants!
Reconnaissance pour des réponses satisfaisantes
Pendant la Première Guerre mondiale, de nombreux Arméniens ont été chassés sans ménagement de leur foyer et de leur pays natal. À peine une vingtaine d’années plus tôt, des centaines de milliers de leurs compatriotes avaient déjà été massacrés et d’autres avaient dû fuir pour sauver leur vie. Quelques-uns avaient lu les publications de la Société Watch Tower dans leur pays natal, mais bien davantage ont reçu un témoignage dans les pays où ils se sont réfugiés.
Après tout ce qu’ils avaient subi, beaucoup se demandaient amèrement pourquoi Dieu permet le mal. Cette situation durerait-elle encore longtemps? Quand prendrait-elle fin? Certains ont été reconnaissants de découvrir les réponses satisfaisantes que la Bible donne à ces questions. Des groupes d’Étudiants de la Bible arméniens se sont rapidement formés dans diverses villes du Proche-Orient. Leur zèle pour la vérité biblique a touché certains de leurs compatriotes. En Éthiopie, en Argentine et aux États-Unis, d’autres Arméniens ont accepté la bonne nouvelle et ont endossé avec joie la responsabilité de la communiquer à autrui. L’un d’eux, Krikor Hatzakortzian, a répandu le message du Royaume comme pionnier isolé en Éthiopie au milieu des années 30. Un jour, ayant été l’objet d’une accusation mensongère, il a même eu la possibilité de donner le témoignage à l’empereur Hailé Sélassié.
Ils ramènent les précieuses vérités dans leur pays natal
L’ardent désir de communiquer à autrui les précieuses vérités bibliques en a incité beaucoup à retourner dans leur pays natal pour y participer à l’œuvre d’évangélisation. Ils ont réagi comme les personnes originaires de nombreux pays qui se trouvaient à Jérusalem en l’an 33 et qui sont devenues croyantes quand l’esprit saint a incité les apôtres et leurs compagnons à parler en de nombreuses langues “des choses magnifiques de Dieu”. (Actes 2:1-11.) Ces croyants du Ier siècle ont ramené la vérité dans leur pays d’origine, et c’est aussi ce qu’ont fait les disciples de notre époque.
Des Italiens et des Italiennes qui avaient connu la vérité en dehors de leur pays y sont retournés. Après leur retour d’Amérique, de Belgique ou de France, ils ont proclamé avec zèle le message du Royaume là où ils se sont installés. Des colporteurs du canton suisse du Tessin, où l’on parle italien, se sont également rendus en Italie pour y accomplir leur activité. Malgré leur faible nombre, en travaillant dans l’unité ils ont bientôt parcouru presque toutes les grandes villes et nombre de villages d’Italie. Ils ne comptaient pas les heures qu’ils consacraient à cette œuvre. Convaincus de prêcher les vérités que Dieu voulait faire connaître aux humains, ils se dépensaient souvent du matin au soir pour rencontrer le plus de personnes possible.
Des Grecs qui étaient devenus Étudiants de la Bible en Albanie, pays tout proche du leur, et aussi loin qu’en Amérique, ont eux aussi pensé à leur pays natal. Ils étaient transportés d’apprendre que le culte des images est contraire à la Bible (Ex. 20:4, 5; 1 Jean 5:21), que les pécheurs ne sont pas brûlés dans un enfer de feu (Eccl. 9:5, 10; Ézéch. 18:4; Rév. 21:8) et que le Royaume de Dieu est la seule espérance de l’humanité (Dan. 2:44; Mat. 6:9, 10). Ils étaient impatients de faire connaître ces vérités à leurs compatriotes — en personne ou par courrier. C’est ainsi que des groupes de Témoins de Jéhovah se sont constitués tant en Grèce continentale que dans les îles.
Après la Première Guerre mondiale, des milliers de Polonais sont arrivés en France pour travailler dans les mines de charbon. Les frères français ne les ont pas laissés de côté sous prétexte qu’ils parlaient une autre langue. Ils se sont arrangés pour communiquer les vérités bibliques à ces mineurs et à leurs familles, et le nombre de ceux qui ont accepté le message n’a pas tardé à dépasser celui des Témoins français. Quand, à la suite d’un arrêté d’expulsion gouvernemental, 280 d’entre eux ont dû retourner en Pologne en 1935, cela n’a fait que renforcer la prédication du message du Royaume dans ce pays. Ainsi, en 1935 il y avait 1 090 proclamateurs du Royaume qui participaient à l’œuvre de témoignage en Pologne.
D’autres ont accepté l’invitation de quitter leur terre natale pour aller prêcher à l’étranger.
Des évangélisateurs européens zélés apportent leur aide à l’étranger
Grâce à la coopération internationale, les pays baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) ont entendu parler des vérités réconfortantes relatives au Royaume de Dieu. Durant les années 20 et 30, des frères et sœurs zélés originaires d’Allemagne, d’Angleterre, du Danemark et de Finlande ont donné un grand témoignage dans cette région. Ils ont distribué de nombreuses publications, et des milliers de personnes ont entendu les discours bibliques présentés. On pouvait même capter dans ce qui était alors l’Union soviétique les exposés bibliques régulièrement radiodiffusés en plusieurs langues à partir de l’Estonie.
Durant les années 20 et 30, des prédicateurs ont volontairement accepté de quitter l’Allemagne pour aller prêcher en Autriche, en Belgique, en Bulgarie, en Espagne, en France, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Tchécoslovaquie et en Yougoslavie. Willy Unglaube était de leur nombre. Après avoir servi pendant un temps au Béthel de Magdeburg, en Allemagne, il est parti comme évangélisateur à plein temps en France, en Algérie, en Espagne, à Singapour, en Malaisie et en Thaïlande.
Quand les Témoins français ont sollicité de l’aide dans les années 30, des colporteurs britanniques ont montré qu’ils comprenaient que la mission de prêcher confiée aux chrétiens exigeait d’eux qu’ils évangélisent non seulement leur propre pays, mais aussi d’autres parties de la terre (Marc 13:10). John Cooke était l’un de ces prédicateurs zélés qui ont répondu à ‘l’appel macédonien’. (Voir Actes 16:9, 10.) Durant les six décennies suivantes, il a prêché en France, en Espagne, en Irlande, au Portugal, en Angola, au Mozambique et en Afrique du Sud. Son frère Eric a quitté son travail à la Barclay’s Bank et s’est joint à lui dans le ministère à plein temps en France; par la suite, il a prêché lui aussi en Espagne et en Irlande, et il a été missionnaire en Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe) et en Afrique du Sud.
En mai 1926, deux Anglais, George Wright et Edwin Skinner, ont accepté l’invitation de contribuer à l’expansion de l’œuvre du Royaume en Inde. Ils devaient s’occuper d’un territoire gigantesque comprenant les pays suivants: Afghanistan, Birmanie (Myanmar), Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka), Inde et Perse (aujourd’hui Iran). À leur arrivée à Bombay, ils ont découvert ce que sont les pluies de la mousson. Cependant, comme ils ne se souciaient pas outre mesure de leur confort, ils se sont bientôt mis à voyager partout dans le pays pour rencontrer et encourager les Étudiants de la Bible dont ils avaient l’adresse. Ils ont également distribué un grand nombre de publications pour stimuler l’intérêt d’autres personnes. L’œuvre allait bon train. Ainsi, en 1928, au Travancore (Kerala), dans le sud de l’Inde, les 54 proclamateurs du Royaume ont organisé 550 réunions publiques qui ont rassemblé environ 40 000 personnes. En 1929, quatre pionniers de plus ont été envoyés d’Angleterre en Inde pour y soutenir l’œuvre. Et en 1931, trois autres Anglais sont arrivés à Bombay. Ils se sont à maintes reprises efforcés d’atteindre les diverses régions de ce vaste pays, distribuant des publications non seulement en anglais, mais aussi dans les langues indiennes.
Mais que se passait-il en Europe de l’Est pendant ce temps?
Une moisson spirituelle
Avant la Première Guerre mondiale, des graines de vérité bibliques avaient été semées en Europe de l’Est, et certaines avaient pris racine. En 1908, Andrásné Benedek, une humble Hongroise, était retournée en Autriche-Hongrie pour communiquer à d’autres les bonnes choses qu’elle avait apprises. Deux ans après, Károly Szabó et József Kiss étaient également revenus dans ce pays et faisaient connaître la vérité biblique surtout dans les régions qui sont devenues plus tard la Roumanie et la Tchécoslovaquie. Malgré l’opposition violente du clergé, des groupes d’étude se sont formés et le témoignage a été largement donné. D’autres se sont joints à eux pour faire la déclaration publique de leur foi, et en 1935 le nombre des prédicateurs du Royaume en Hongrie s’élevait à 348.
La Roumanie a presque doublé de superficie quand la carte de l’Europe a été redessinée par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale. Les rapports montrent qu’en 1920 il y avait dans ce pays agrandi quelque 150 groupes d’Étudiants de la Bible auxquels s’associaient 1 700 personnes. L’année suivante, à la célébration du Repas du Seigneur, ce sont presque 2 000 personnes qui ont pris les emblèmes du Mémorial, se déclarant ainsi frères du Christ oints de l’esprit. Ce nombre s’est considérablement accru durant les quatre années suivantes. En 1925, il y a eu 4 185 assistants au Mémorial, et comme la coutume le voulait à l’époque, la plupart d’entre eux ont pris les emblèmes. Cependant, la foi de toutes ces personnes allait être mise à l’épreuve. Se révéleraient-elles être du “blé” authentique ou factice (Mat. 13:24-30, 36-43)? Accompliraient-elles vraiment l’œuvre de témoignage que Jésus a confiée à ses disciples? Persévéreraient-elles dans cette activité malgré l’opposition intense? Seraient-elles fidèles même lorsque d’autres manifesteraient un esprit semblable à celui de Judas Iscariote?
Le rapport pour 1935 montre que tous n’avaient pas la foi voulue pour endurer. Cette année-là, 1 188 personnes seulement ont pris part à l’œuvre de témoignage en Roumanie, alors qu’elles étaient deux fois plus nombreuses à prendre les emblèmes au Mémorial. Néanmoins, les fidèles continuaient à se dépenser au service du Maître. Ils communiquaient à d’autres personnes humbles les vérités bibliques qui réjouissaient tant leur cœur. Ils le faisaient notamment en distribuant des publications. De 1924 à 1935, ils avaient déjà laissé plus de 800 000 livres et brochures, sans compter les tracts, aux gens qui manifestaient de l’intérêt.
Qu’en était-il de la Tchécoslovaquie, qui était devenue une nation en 1918 après l’effondrement de l’Empire austro-hongrois? Un témoignage encore plus grand y était donné en vue de la moisson spirituelle. On y avait déjà prêché en hongrois, en russe, en roumain et en allemand. Puis, en 1922, plusieurs Étudiants de la Bible sont revenus d’Amérique pour prêcher à la population de langue slovaque, et l’année suivante un couple d’Allemands a commencé à concentrer ses efforts sur le territoire tchèque. Des assemblées régulières, quoique petites, ont contribué à encourager et à unir les frères. Grâce à une meilleure organisation des congrégations pour l’évangélisation de maison en maison mise en place en 1927, l’accroissement s’est fait plus rapide. En 1932, une puissante impulsion a été donnée à l’œuvre par une assemblée internationale tenue à Prague, assemblée qui a réuni environ 1 500 personnes venues de Tchécoslovaquie et de pays voisins. En outre, des foules importantes ont vu une version de quatre heures du “Photo-Drame de la Création” qui a été présentée à travers tout le pays. En une décennie seulement, plus de 2 700 000 publications ont été distribuées aux divers groupes linguistiques de ce pays. Toute cette activité consistant à planter, à cultiver et à arroser sur le plan spirituel a rendu possible la moisson à laquelle 1 198 prédicateurs du Royaume participaient en 1935.
La Yougoslavie (d’abord appelée royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes) était née du redécoupage de l’Europe consécutif à la Première Guerre mondiale. Les rapports montrent que dès 1923 un groupe d’Étudiants de la Bible prêchait à Belgrade. Par la suite, on a présenté le “Photo-Drame de la Création” devant de vastes assistances dans tout le pays. Quand les Témoins de Jéhovah ont été durement persécutés en Allemagne, des pionniers de ce pays sont venus grossir les rangs des prédicateurs en Yougoslavie. Sans se soucier de leur confort, ils sont allés prêcher jusque dans les parties les plus reculées de ce pays montagneux. D’autres pionniers allemands se sont rendus en Bulgarie. Ils ont également fait des efforts pour prêcher la bonne nouvelle en Albanie. Dans tous ces pays, des graines de la vérité du Royaume ont été semées, et certaines ont produit du fruit. Mais il allait falloir attendre des années pour engranger une moisson importante dans ces pays.
Plus au sud, sur le continent africain, la bonne nouvelle était également répandue par ceux qui appréciaient profondément le privilège d’être témoins du Très-Haut.
La lumière spirituelle brille en Afrique occidentale
Environ sept ans après avoir quitté la Barbade pour aller en Afrique occidentale, où il avait un contrat de travail, un Étudiant de la Bible a écrit au bureau de la Société Watch Tower à New York pour l’informer qu’un bon nombre de personnes s’intéressaient à la Bible. Quelques mois après, le 14 avril 1923, à la demande de frère Rutherford, William Brown, qui prêchait à la Trinité, est arrivé à Freetown (Sierra Leone) avec sa famille.
Des dispositions ont rapidement été prises pour que frère Brown prononce un discours au Wilberforce Memorial Hall. Le 19 avril, environ 500 personnes, pour la plupart des ecclésiastiques de Freetown, se sont réunies dans cette salle. Le dimanche suivant, frère Brown a présenté un autre discours, l’un de ceux que Charles Russell avait souvent donnés: “Voyage en enfer, aller et retour. Qui s’y trouve?” Les discours de frère Brown étaient émaillés de textes bibliques qu’il projetait devant l’auditoire au moyen d’une lanterne magique. Au cours de ses exposés, il répétait souvent: “Ce n’est pas Brown qui le dit, c’est la Bible.” C’est pourquoi il a été surnommé “Brown la Bible”. Après avoir suivi son exposé logique fondé sur les Écritures, quelques paroissiens éminents se sont retirés de l’Église et ont commencé à servir Jéhovah.
Frère Brown a beaucoup voyagé pour inaugurer l’œuvre du Royaume dans d’autres régions. À cette fin, il a prononcé de nombreux discours bibliques, distribué beaucoup de publications et encouragé les autres à faire de même. Son œuvre d’évangélisation l’a amené à parcourir la Côte de l’Or (aujourd’hui le Ghana), le Liberia, la Gambie et le Nigeria. Du Nigeria, d’autres ont emporté le message du Royaume au Bénin (appelé Dahomey à l’époque) et au Cameroun. Frère Brown savait que les gens avaient peu de considération pour ce qu’ils appelaient “la religion de l’homme blanc”. C’est pourquoi au Glover Memorial Hall, à Lagos, il a parlé de l’échec de la chrétienté. Après la réunion, les assistants enthousiastes se sont procuré 3 900 livres pour les lire et les distribuer.
Lorsque frère Brown est arrivé en Afrique occidentale, seulement une poignée de personnes y avaient entendu le message du Royaume. Quand il en est parti 27 ans plus tard, on y dénombrait plus de 11 000 Témoins de Jéhovah. Les mensonges religieux étaient dévoilés; le vrai culte avait pris racine et s’étendait rapidement.
En remontant la côte orientale de l’Afrique
Dès le début du XXe siècle, certaines des publications de Charles Russell avaient été distribuées dans le sud-est de l’Afrique par des personnes qui avaient accepté quelques-unes des idées développées dans ces livres, idées qu’elles avaient ensuite mélangées à leurs propres conceptions. Il en est résulté des “mouvements Watchtower”, qui n’avaient aucun lien avec les Témoins de Jéhovah. Certains de ces mouvements poursuivaient des fins politiques et suscitaient des soulèvements parmi les Africains. Pendant de nombreuses années, la mauvaise réputation de ces groupes a entravé l’œuvre des Témoins de Jéhovah.
Cependant, bon nombre d’Africains ont discerné le vrai du faux. Des travailleurs itinérants ont apporté la bonne nouvelle du Royaume de Dieu aux pays voisins et l’ont communiquée aux personnes qui parlaient les langues africaines. Dans le sud-est de l’Afrique, la population anglophone a entendu le message principalement grâce aux contacts avec l’Afrique du Sud. Toutefois, dans certains pays, en raison de l’opposition virulente des autorités, opposition entretenue par le clergé de la chrétienté, les Témoins européens ne pouvaient pas prêcher parmi les populations de langues africaines. La vérité s’est malgré tout répandue, même si de nombreuses personnes qui s’intéressaient au message de la Bible avaient besoin d’aide pour bien appliquer ce qu’elles apprenaient.
Certains hauts fonctionnaires n’ont pas pris pour argent comptant les accusations malveillantes portées par le clergé de la chrétienté contre les Témoins. Tel a été le cas d’un préfet de police du Nyassaland (aujourd’hui le Malawi) qui s’est rendu incognito aux réunions tenues par les Témoins indigènes pour voir par lui-même de quel genre de personnes il s’agissait. Il a été favorablement impressionné. Le gouvernement ayant donné son accord pour qu’un représentant européen s’installe dans le pays, Bert McLuckie, puis son frère Bill, y ont été envoyés au milieu des années 30. Ils sont restés en contact avec les policiers et les préfets de telle sorte que ces fonctionnaires soient bien au courant de ce qu’ils faisaient et ne confondent pas les Témoins de Jéhovah avec les mouvements appelés à tort “mouvements Watchtower”. Dans le même temps, avec Gresham Kwazizirah, un Témoin mûr natif du pays, ils ont aidé patiemment les centaines de personnes désireuses de s’associer aux congrégations à comprendre que l’impureté sexuelle, l’abus de boissons alcooliques et la superstition n’ont pas de place dans la vie des Témoins de Jéhovah. — 1 Cor. 5:9-13; 2 Cor. 7:1; Rév. 22:15.
En 1930, il n’y avait qu’une centaine de Témoins de Jéhovah dans toute l’Afrique australe. Pourtant, leur territoire comprenait en gros toute la partie de l’Afrique située au sud de l’équateur et quelques régions au nord. Il fallait de véritables pionniers pour prêcher le message du Royaume dans un territoire aussi vaste. Frank et Gray Smith étaient des prédicateurs de cette trempe.
Partant du Cap, ils ont remonté en bateau la côte est sur 4 800 kilomètres, puis ont poursuivi leur voyage en automobile pendant quatre jours sur des routes cahoteuses jusqu’à Nairobi, au Kenya (alors l’Afrique-Orientale anglaise). En moins d’un mois, ils ont distribué 40 cartons de publications bibliques. Mais malheureusement, pendant leur retour, Frank est mort du paludisme. Malgré cela, peu après, Robert Nisbet et David Norman se sont mis en route — cette fois avec 200 cartons de publications — pour prêcher au plus grand nombre possible de personnes au Kenya et en Ouganda, ainsi qu’au Tanganyika et à Zanzibar (qui forment maintenant la Tanzanie). D’autres expéditions semblables ont permis de répandre le message du Royaume à l’île Maurice et à Madagascar, dans l’océan Indien, ainsi qu’à Sainte-Hélène, dans l’Atlantique. Des graines de vérité ont été semées, mais elles n’ont pas immédiatement germé et poussé partout.
D’Afrique du Sud, la prédication de la bonne nouvelle s’est également étendue jusqu’au Basutoland (aujourd’hui le Lesotho), au Bechuanaland (aujourd’hui le Botswana) et au Swaziland, et ce dès 1925. Environ huit ans plus tard, quand des pionniers ont de nouveau prêché au Swaziland, Sobhuza II leur a réservé un accueil royal. Il a rassemblé sa garde personnelle composée d’une centaine de soldats, a écouté un témoignage complet, puis s’est procuré toutes les publications de la Société que les frères avaient sur eux.
Petit à petit, le nombre des Témoins de Jéhovah s’est accru dans cette partie du monde. D’autres prédicateurs se sont joints au petit groupe de ceux qui avaient inauguré l’œuvre en Afrique au début du siècle, et en 1935, sur le continent africain, 1 407 prédicateurs du Royaume de Dieu remettaient des rapports d’activité. Un bon nombre d’entre eux se trouvaient en Afrique du Sud et au Nigeria. On trouvait d’autres groupes importants de personnes qui se disaient Témoins de Jéhovah au Nyassaland (aujourd’hui le Malawi), en Rhodésie du Nord (aujourd’hui la Zambie) et en Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe).
Durant cette période, on a aussi prêté attention aux pays de langues espagnole et portugaise.
La prédication en espagnol et en portugais
C’est pendant la Première Guerre mondiale que La Tour de Garde a commencé de paraître en espagnol. Elle portait l’adresse d’un bureau situé à Los Angeles (Californie, États-Unis) qui avait été ouvert pour s’occuper tout particulièrement de la prédication aux hispanophones. Les membres de ce bureau se dépensaient beaucoup afin d’aider ces personnes qui manifestaient de l’intérêt pour le message, tant aux États-Unis que dans les pays situés plus au sud.
Juan Muñiz, qui était devenu un serviteur de Jéhovah en 1917, a été encouragé par frère Rutherford en 1920 à quitter les États-Unis et à retourner en Espagne, son pays natal, pour y organiser la prédication du Royaume. Cependant, il n’a obtenu que des résultats limités, non pas à cause d’un manque de zèle de sa part, mais parce que la police ne cessait de le suivre. Au bout de quelques années, il a donc été envoyé en Argentine.
Au Brésil, quelques adorateurs de Jéhovah prêchaient déjà. Huit humbles marins avaient connu la vérité pendant une escale à New York. Quand ils ont été de retour au Brésil début 1920, ils communiquaient avec zèle le message biblique à autrui.
George Young, un Canadien, a été envoyé au Brésil en 1923. Il a beaucoup contribué à ce que l’œuvre prenne de l’essor. En donnant de nombreux discours publics à l’aide d’interprètes, il a montré ce que la Bible dit sur la condition des morts, il a dévoilé que le spiritisme est une forme de démonisme, et il a expliqué ce que Dieu se propose de faire pour le bonheur de toutes les familles de la terre. Ses exposés étaient des plus persuasifs, car, parfois, il projetait sur un écran les textes bibliques examinés pour que ses auditeurs puissent les lire dans leur propre langue. Pendant le séjour de frère Young au Brésil, Bellona Ferguson, de São Paulo, a pu finalement se faire baptiser, ainsi que quatre de ses enfants. Elle attendait ce moment depuis 25 ans. Parmi ceux qui ont embrassé la vérité, certains se sont rendus disponibles pour participer à la traduction de publications en portugais, si bien qu’avant longtemps il y avait un large éventail de publications dans cette langue.
En 1924, frère Young a quitté le Brésil pour se rendre en Argentine, où il a fait distribuer gratuitement 300 000 publications en espagnol dans 25 grandes villes. Au cours de la même année, il s’est rendu au Chili, au Pérou et en Bolivie pour distribuer des tracts.
George Young n’a pas tardé à s’en aller vers d’autres pays. Cette fois, il s’agissait de l’Espagne et du Portugal. Après avoir été présenté par l’ambassadeur britannique aux autorités espagnoles, il a pu prendre des dispositions pour que frère Rutherford s’exprime en public à Barcelone et à Madrid, ainsi que dans la capitale du Portugal. Après ces discours, plus de 2 350 personnes ont donné leurs nom et adresse pour obtenir davantage de renseignements. Par la suite, le texte de l’exposé a été publié dans l’un des plus grands journaux d’Espagne, et il a été envoyé sous forme de tract par la poste un peu partout dans le pays. Il a également été publié dans la presse portugaise.
Ainsi, le message s’est répandu bien au delà des frontières de l’Espagne et du Portugal. À la fin de 1925, on entendait parler de la bonne nouvelle aux îles du Cap-Vert (aujourd’hui la République du Cap-Vert), à Madère, en Afrique-Orientale portugaise (aujourd’hui le Mozambique), en Afrique-Occidentale portugaise (aujourd’hui l’Angola), et sur certaines îles de l’océan Indien.
L’année suivante, on a fait publier la puissante résolution intitulée “Un témoignage aux conducteurs des peuples” dans le journal espagnol La Libertad. On a intensifié le témoignage au moyen d’émissions radiophoniques, en distribuant des livres, des brochures et des tracts, et en présentant le “Photo-Drame de la Création”. En 1932, plusieurs pionniers anglais ont répondu à l’invitation d’apporter leur aide dans ce territoire, et ils ont parcouru systématiquement de grandes régions du pays pour distribuer des publications bibliques jusqu’à ce que la guerre civile espagnole les contraigne à partir.
Pendant ce temps, dès son arrivée en Argentine, frère Muñiz s’était mis à prêcher, tout en exerçant le métier d’horloger pour subvenir à ses besoins. Il n’a pas seulement prêché en Argentine, mais aussi au Chili, au Paraguay et en Uruguay. À sa demande, quelques frères sont venus d’Europe pour donner le témoignage à la population d’expression allemande. Des années plus tard, Carlos Ott a rapporté qu’ils commençaient leur journée de service à 4 heures du matin en glissant des tracts sous chaque porte dans un certain territoire. Plus tard dans la journée, ils rendaient visite aux gens pour leur donner le témoignage de façon plus détaillée et proposer davantage de publications bibliques à ceux qui manifestaient de l’intérêt pour le message. De Buenos Aires, ceux qui étaient ministres à plein temps se sont disséminés dans le pays, d’abord en suivant les lignes de chemin de fer qui rayonnaient à partir de la capitale, puis en utilisant tout moyen de transport disponible. Ils avaient très peu sur le plan matériel et rencontraient bien des difficultés, mais ils étaient riches sur le plan spirituel.
L’un de ces prédicateurs zélés d’Argentine était un Grec du nom de Nicolás Argyrós. Au début des années 30, quand il a obtenu quelques publications de la Société Watch Tower, il a été particulièrement impressionné par une brochure intitulée Enfer, dans laquelle les questions suivantes servaient d’intertitres: “De quoi s’agit-il? Qui s’y trouve? Peut-on en sortir?” Il a été étonné de voir que cette brochure ne décrivait pas les pécheurs en train de rôtir sur un gril. Quelle surprise pour lui d’apprendre que l’enfer de feu était un mensonge religieux destiné à effrayer les gens, comme cela avait été son cas! Il n’a pas tardé à communiquer la vérité, d’abord aux Grecs, puis, maîtrisant mieux l’espagnol, aux autres. Chaque mois, il consacrait entre 200 et 300 heures à parler de la bonne nouvelle. À pied et par toutes sortes de moyens de transport, il a répandu les vérités bibliques dans 14 des 22 provinces de l’Argentine. Au cours de ses déplacements, il dormait dans un lit quand on lui offrait l’hospitalité, mais souvent à la belle étoile, voire dans une étable où un âne lui servait de réveil!
Un autre prédicateur qui avait le véritable esprit pionnier était Richard Traub, qui avait connu la vérité à Buenos Aires. Il était impatient de proclamer la bonne nouvelle de l’autre côté des Andes, au Chili. En 1930, cinq ans après son baptême, il est arrivé dans ce pays où il était le seul Témoin parmi 4 000 000 d’habitants. Au début, il n’avait qu’une Bible pour prêcher, mais cela ne l’a pas empêché de commencer à aller de maison en maison. Il n’y avait pas de réunions auxquelles il aurait pu assister; c’est pourquoi, le dimanche, à l’heure habituelle de la réunion, il gravissait le mont San Cristóbal, s’asseyait à l’ombre d’un arbre, et se plongeait dans l’étude individuelle et la prière. Quand il a trouvé un appartement, il a commencé à y inviter les gens pour les réunions. Il n’y a eu qu’un seul assistant à la première, Juan Flores, qui lui a demandé: “Et les autres, quand viendront-ils?” Frère Traub a simplement répondu: “Ils viendront.” Et ils sont effectivement venus. En moins d’un an, 13 personnes se sont fait baptiser.
Quatre ans après, deux chrétiennes Témoins de Jéhovah qui ne s’étaient jamais rencontrées se sont organisées pour prêcher ensemble la bonne nouvelle en Colombie. Après une année d’activité productive dans ce pays, Hilma Sjoberg a dû retourner aux États-Unis. Kathe Palm, quant à elle, a embarqué pour le Chili, et elle a profité des 17 jours de mer pour donner le témoignage à l’équipage et aux passagers. Durant la décennie suivante, elle a prêché d’Arica, la ville portuaire la plus septentrionale du Chili, jusqu’à sa région la plus méridionale, en Terre de Feu. Elle s’est rendue dans les quartiers d’affaires et a donné le témoignage à des membres du gouvernement. Un sac plein de publications sur le dos et quelques articles indispensables sous le bras, comme une couverture pour la nuit, elle a atteint les camps miniers et les fermes les plus reculées. Elle menait une authentique existence de pionnière. Et d’autres encore, célibataires, mariés, jeunes et moins jeunes, avaient ce même esprit.
En 1932, on s’est particulièrement efforcé de répandre le message du Royaume dans les pays d’Amérique latine où l’on avait encore peu prêché. Cette année-là, on a largement distribué la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde. Elle contenait le texte d’un discours qui avait déjà été diffusé par un réseau international de stations de radio. Maintenant, environ 40 000 exemplaires de ce texte étaient distribués au Chili, 25 000 en Bolivie, 25 000 au Pérou, 15 000 en Équateur, 20 000 en Colombie, 10 000 à Saint-Domingue (aujourd’hui la République dominicaine), et 10 000 à Porto Rico. Sans conteste, le message du Royaume était proclamé avec force.
En 1935, dans toute l’Amérique du Sud, les Témoins n’étaient que 247 à proclamer à l’unisson que seul le Royaume de Dieu apportera le bonheur véritable aux humains. Mais quel témoignage ils donnaient!
Ils prêchent même dans les régions les plus reculées
Les Témoins de Jéhovah ne pensaient en aucun cas qu’il suffisait de parler à leurs voisins immédiats pour assumer leur responsabilité devant Dieu. Ils s’efforçaient de communiquer la bonne nouvelle à tous.
Les gens qui vivaient dans des lieux inaccessibles aux Témoins ont été touchés autrement. Ainsi, à la fin des années 20, les Témoins du Cap (Afrique du Sud) ont envoyé 50 000 brochures à tous les fermiers, gardiens de phare, gardes forestiers et autres personnes habitant dans des lieux difficiles d’accès. On s’est aussi procuré un annuaire postal à jour de tout le Sud-Ouest africain (aujourd’hui la Namibie), et on a envoyé un exemplaire de la brochure Le Bienfaiteur de l’homme à chaque personne dont le nom y figurait.
En 1929, la Société Watch Tower a confié la goélette Morton à Frank Franske et l’a envoyé, avec Jimmy James, prêcher au Labrador et dans tous les ports de Terre-Neuve. Pendant l’hiver, frère Franske se déplaçait souvent le long de la côte en traîneau tiré par des chiens. Pour couvrir le coût des publications qu’il leur laissait, les Esquimaux et les Terre-Neuviens lui donnaient des articles de cuir et du poisson, par exemple. Quelques années plus tard, il s’est efforcé de rencontrer les mineurs, les bûcherons, les trappeurs, les propriétaires de ranch et les Indiens en Colombie britannique, dans la région accidentée du Cariboo. Au cours de ses déplacements, il chassait pour se procurer de la viande, ramassait des baies sauvages et faisait cuire son pain dans une poêle sur un feu de camp. Un jour, un autre pionnier et lui ont embarqué à bord d’un bateau pour la pêche au saumon et ils ont prêché le message du Royaume dans chaque île, crique, camp de bûcherons, phare et petit village le long de la côte occidentale du Canada. Il n’a été que l’un des nombreux prédicateurs qui ont fait des efforts particuliers pour toucher les personnes vivant dans les parties reculées de la terre.
À partir de la fin des années 20, Frank Day est remonté vers le nord en prêchant et en laissant des publications dans les villages de l’Alaska; il vendait des lunettes pour subvenir à ses besoins. Bien que boitant sur une jambe artificielle, il a parcouru une région qui s’étendait de Ketchikan à Nome, villes distantes d’environ 1 900 kilomètres. Dès 1897, un ouvrier d’une mine d’or avait obtenu des exemplaires de L’Aurore du Millénium et de La Tour de Garde en Californie et il s’était proposé de les rapporter en Alaska. Et en 1910, le capitaine Beams, patron d’un baleinier, avait distribué des publications dans ses ports d’escale en Alaska. Mais la prédication n’a commencé à s’étendre que lorsque frère Day a effectué ses nombreuses tournées d’été en Alaska pendant plus de 12 ans.
À l’aide d’un bateau à moteur de 12 mètres nommé Esther, deux autres Témoins ont remonté la côte norvégienne en prêchant jusque dans l’arctique. Ils ont donné le témoignage dans les îles, les phares, les villages côtiers et les localités isolées perdues dans les montagnes. De nombreuses personnes leur ont fait bon accueil, et en un an ils ont pu distribuer entre 10 000 et 15 000 livres et brochures expliquant ce que Dieu se propose de faire pour les humains.
Les îles entendent les louanges de Jéhovah
Le témoignage n’a pas été donné seulement sur ces îles proches des continents. En plein milieu de l’océan Pacifique, au début des années 30, Sydney Shepherd a navigué deux ans pour prêcher sur les îles Cook et à Tahiti. Plus à l’ouest, George Winton proclamait la bonne nouvelle aux Nouvelles-Hébrides (aujourd’hui Vanuatu).
Vers la même époque, Joseph Dos Santos, un Américain d’origine portugaise, est parti vers des territoires vierges. Il a tout d’abord prêché sur les îles Hawaii; puis il a entrepris une tournée de prédication autour du monde. Quand il est arrivé aux Philippines, cependant, il a reçu une lettre de frère Rutherford lui demandant d’y demeurer pour établir et organiser l’activité de prédication du Royaume. C’est ce à quoi il s’est attaché pendant les 15 années suivantes.
C’était alors la filiale d’Australie qui s’occupait de l’œuvre dans la région du Pacifique Sud. Elle a envoyé deux pionniers qui ont donné un grand témoignage aux Fidji en 1930-1931. Les Samoa ont reçu le témoignage en 1931. La Nouvelle-Calédonie a été atteinte en 1932. Un couple de pionniers d’Australie s’est même rendu en Chine en 1933, et il a prêché dans 13 grandes villes de ce pays en quelques années.
Les Témoins australiens ont compris qu’ils pourraient faire davantage s’ils disposaient d’un bateau. Ils ont donc armé un ketch de 16 mètres qu’ils ont baptisé Lightbearer (Porteur de lumière) et qui, à partir du début de 1935, a servi de base arrière pendant plusieurs années à un groupe de frères zélés qui ont prêché aux Indes néerlandaises (aujourd’hui l’Indonésie), à Singapour et en Malaisie. L’arrivée de ce bateau était toujours remarquée, ce qui permettait souvent aux frères de commencer à prêcher et de distribuer de nombreuses publications.
À la même époque, en 1935, de l’autre côté de la terre deux pionnières danoises avaient décidé de passer des vacances aux îles Féroé, dans l’Atlantique Nord. Toutefois, elles n’avaient pas seulement l’intention d’admirer le paysage. Elles ont emporté des milliers de publications et en ont fait bon usage. Affrontant le vent, la pluie et l’hostilité du clergé, elles ont parcouru le maximum d’îles habitées pendant leur séjour.
Plus à l’ouest, Georg Lindal, un Canadien d’origine islandaise, s’est rendu dans un territoire pour une durée bien plus longue. Sur le conseil de frère Rutherford, il s’est installé en Islande pour y faire œuvre de pionnier en 1929. De quelle endurance il a fait preuve! Pendant la plus grande partie des 18 années suivantes, il y a prêché seul, parcourant les villes et les villages encore et encore. Il a distribué des dizaines de milliers de publications, mais pendant tout ce temps aucun Islandais ne s’est joint à lui dans le service de Jéhovah. Excepté pendant une période d’un an, pas un Témoin ne s’est joint à lui en Islande. Cela a duré jusqu’en 1947, date à laquelle sont arrivés deux missionnaires formés à Galaad.
Quand les hommes interdisent ce que Dieu ordonne
Quand les Témoins effectuaient leur ministère public, il n’était pas rare, surtout des années 20 aux années 40 comprises, qu’ils rencontrent de l’opposition, laquelle était généralement suscitée par les ecclésiastiques de l’endroit et parfois par les autorités.
Dans une région au nord de Vienne (Autriche), les Témoins se sont retrouvés face à une foule hostile de villageois excités par un prêtre de la localité, qui était lui-même soutenu par la police. Les prêtres étaient résolus à ne pas laisser les Témoins de Jéhovah prêcher dans leurs villages. Mais les Témoins, déterminés à remplir la mission que Dieu leur avait confiée, changeaient d’itinéraire et revenaient un autre jour et par des chemins détournés.
Quelles que soient les menaces et les exigences des hommes, les Témoins de Jéhovah savaient qu’ils avaient l’obligation devant Dieu de proclamer son Royaume. Ils voulaient obéir à Dieu comme à un chef plutôt qu’aux hommes (Actes 5:29). Là où les autorités essayaient de les priver de la liberté religieuse, ils envoyaient tout simplement des renforts.
En 1929, à la suite d’arrestations répétées dans une région de Bavière (Allemagne), ils ont loué deux trains spéciaux — l’un au départ de Berlin, l’autre de Dresde. Ces deux convois se sont rejoints à Reichenbach, et à 2 heures du matin un train unique est entré dans la région de Regensburg avec 1 200 passagers impatients de donner le témoignage. Le prix du billet était élevé, mais chacun avait payé le sien. À chaque gare, un groupe descendait. Beaucoup avaient emporté leur bicyclette pour s’enfoncer dans la campagne. Toute la région a été parcourue en un seul jour. En voyant le résultat de leurs efforts concertés, ils n’ont pas pu s’empêcher de penser à cette promesse que Dieu a faite à ses serviteurs: “Toute arme qui sera formée contre toi sera vouée à l’insuccès.” — És. 54:17.
Les Témoins allemands étaient si zélés qu’entre 1919 et 1933 ils ont distribué, estime-t-on, au moins 125 000 000 de livres, brochures et périodiques, ainsi que des millions de tracts. Pourtant, il n’y avait qu’environ 15 000 000 de familles en Allemagne à l’époque. Durant cette période, l’Allemagne a reçu un témoignage aussi complet que tout autre pays. C’est dans cette partie de la terre qu’on a trouvé l’une des plus fortes proportions de personnes qui se déclaraient disciples du Christ oints de l’esprit. Mais pendant les années suivantes, ils ont également subi certaines des épreuves les plus dures visant à briser leur intégrité. — Rév. 14:12.
En 1933, l’opposition des autorités allemandes à l’œuvre des Témoins de Jéhovah s’est beaucoup intensifiée. La Gestapo a perquisitionné à plusieurs reprises dans des foyers de Témoins de Jéhovah et au bureau de la filiale. Dans la plupart des États allemands, l’activité des Témoins a été interdite et certains ont été arrêtés. On a brûlé publiquement des tonnes de leurs Bibles et de leurs publications bibliques. Le 1er avril 1935, une loi nationale interdisant les Ernste Bibelforscher (Étudiants sincères de la Bible, ou Témoins de Jéhovah) est entrée en vigueur. On s’est efforcé de leur ôter systématiquement leurs moyens de subsistance. En conséquence, les Témoins se sont mis à tenir toutes leurs réunions par petits groupes, se sont organisés pour reproduire leurs manuels d’étude biblique sous des formes que la Gestapo ne reconnaîtrait pas facilement, et ont adopté des méthodes de prédication plus discrètes.
Avant même ces événements, depuis 1925, les frères d’Italie vivaient sous une dictature fasciste et, en 1929, un concordat avait été signé entre l’Église catholique et l’État fasciste. Les vrais chrétiens étaient pourchassés sans pitié. Certains se réunissaient dans des granges et des greniers pour ne pas être arrêtés. Les Témoins de Jéhovah étaient très peu nombreux en Italie à cette époque; cependant, ils ont reçu de l’aide pour répandre le message du Royaume quand, en 1932, 20 Témoins sont venus de Suisse pour une distribution éclair de 300 000 exemplaires de la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde.
En Extrême-Orient également la tension montait. Au Japon, des Témoins de Jéhovah ont été arrêtés. À Séoul (dans ce qui est aujourd’hui la République de Corée) et à Pyongyang (l’actuelle République démocratique populaire de Corée), les autorités ont détruit un grand nombre de leurs publications bibliques.
Alors que les difficultés augmentaient, en 1935 les Témoins de Jéhovah ont clairement compris grâce à la Bible l’identité de la “grande multitude”, ou “grande foule”, dont il est question en Révélation 7:9-17 (Sy, MN). Cette compréhension leur a montré qu’ils devaient accomplir une œuvre urgente à laquelle ils n’avaient pas songé (És. 55:5). Ils ont cessé de penser que tous ceux qui ne faisaient pas partie du “petit troupeau” des héritiers du Royaume céleste auraient plus tard la possibilité de conformer leur vie aux exigences de Jéhovah (Luc 12:32). Ils ont compris que le moment était venu de faire de ces personnes des disciples, afin qu’elles survivent et entrent dans le monde nouveau promis par Dieu. Ils ne savaient pas combien de temps durerait le rassemblement de cette grande foule dont les membres viendraient de toutes les nations, mais ils pensaient que la fin du système méchant était très proche. Ils ignoraient aussi comment ils pourraient effectuer l’œuvre face à la persécution qui s’étendait et se faisait plus virulente. Mais ce dont ils étaient sûrs, c’est que ‘la main de Jéhovah n’étant pas trop courte’, il leur donnerait les moyens d’accomplir sa volonté. — És. 59:1.
En 1935, les Témoins de Jéhovah étaient relativement peu nombreux: 56 153 seulement dans le monde entier.
Ils prêchaient dans 115 pays cette année-là; mais dans près de la moitié de ces pays, il y avait moins de dix Témoins. Deux pays seulement comptaient plus de 10 000 Témoins de Jéhovah actifs (les États-Unis, 23 808; l’Allemagne, 10 000, estime-t-on sur la base des 19 268 rapports qui avaient pu être remis deux ans auparavant). Sept autres pays (Australie, Canada, France, Grande-Bretagne, Pologne, Roumanie et Tchécoslovaquie) signalaient entre 1 000 et 6 000 Témoins. Les rapports d’activité de 21 autres pays montrent qu’il s’y trouvait entre 100 et 1 000 Témoins. Cependant, durant cette seule année, ce groupe de Témoins zélés a consacré 8 161 424 heures à proclamer que le Royaume de Dieu est la seule espérance de l’humanité.
En plus des pays où ils prêchaient en 1935, ils avaient déjà fait connaître la bonne nouvelle en d’autres lieux, si bien qu’à cette date 149 pays et groupes d’îles avaient entendu le message du Royaume.
[Entrefilet, page 424]
Même en prison, ils ont saisi des occasions de prêcher.
[Entrefilet, page 425]
Bien décidés à poursuivre l’œuvre!
[Entrefilet, page 441]
Elles ont affronté le vent, la pluie et l’hostilité du clergé.
[Entrefilet, page 442]
Un témoignage a été donné sur une échelle extraordinaire en Allemagne avant que l’œuvre des “Ernste Bibelforscher” n’y soit interdite.
[Carte/Illustrations, page 423]
Tandis que le monde sombrait dans la guerre, Robert Hollister et Fanny Mackenzie communiquaient sans relâche un message de paix aux habitants de la Chine, de la Corée et du Japon.
[Carte]
(Voir la publication)
CORÉE
JAPON
CHINE
OCÉAN PACIFIQUE
[Carte, page 428]
(Voir la publication)
Quand des émigrés originaires des pays indiqués sur cette carte ont appris les merveilleux bienfaits que Dieu a prévu de procurer aux humains, ils se sont sentis poussés à retourner dans ces pays pour y proclamer cette nouvelle.
↓ ↓
LES AMÉRIQUES
AUTRICHE
BULGARIE
CHYPRE
TCHÉCOSLOVAQUIE
DANEMARK
FINLANDE
ALLEMAGNE
GRÈCE
HONGRIE
ITALIE
PAYS-BAS
NORVÈGE
POLOGNE
PORTUGAL
ROUMANIE
ESPAGNE
SUÈDE
SUISSE
TURQUIE
YOUGOSLAVIE
[Carte, page 432]
(Voir la publication)
Durant les années 20 et 30, des évangélisateurs ont quitté l’Allemagne pour donner le témoignage dans de nombreux pays.
ALLEMAGNE
↓ ↓
AMÉRIQUE DU SUD
AFRIQUE DU NORD
ASIE
[Carte/Illustrations, page 435]
Des pionniers zélés comme Frank Smith et son frère Gray (photographie du haut) ont fait connaître la bonne nouvelle en remontant la côte orientale de l’Afrique.
[Carte]
(Voir la publication)
OUGANDA
KENYA
TANZANIE
AFRIQUE DU SUD
[Carte/Illustration, page 439]
Dans tout le Sud-Ouest africain (aujourd’hui la Namibie), des personnes ont reçu cette brochure par la poste en 1928.
[Carte]
(Voir la publication)
NAMIBIE
[Carte/Illustrations, page 440]
Avec le “Lightbearer”, des pionniers zélés ont proclamé le message du Royaume dans l’Asie du Sud-Est.
[Carte]
(Voir la publication)
MALAISIE
BORNÉO
CÉLÈBES
SUMATRA
JAVA
TIMOR
NOUVELLE-GUINÉE
AUSTRALIE
OCÉAN PACIFIQUE
[Illustrations, page 426]
Dans de nombreux pays, le discours intitulé “Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais” a attiré de vastes auditoires.
[Illustrations, page 427]
À lui seul, Edwin Scott a distribué 50 000 exemplaires de la résolution intitulée “Un appel aux conducteurs des nations!” en Afrique du Sud.
[Illustration, page 429]
En réponse à l’appel pour des évangélisateurs, Willy Unglaube est allé prêcher en Europe, en Afrique et en Extrême-Orient.
[Illustrations, page 430]
En 1992, Eric Cooke et son frère John (assis) avaient passé chacun plus de 60 ans dans le service à plein temps; ils ont vécu des moments exaltants en Europe et en Afrique.
[Illustration, page 431]
Quand il s’est rendu en Inde en 1926, Edwin Skinner s’est vu confier un territoire qui comprenait cinq pays; il a fidèlement continué d’y prêcher pendant 64 ans.
[Illustration, page 433]
Alfred et Frieda Tuček, munis de leurs effets personnels et de publications pour la prédication, ont été pionniers dans l’ancienne Yougoslavie.
[Illustrations, page 434]
Dans toute l’Afrique occidentale, “Brown la Bible” a vigoureusement contribué à dévoiler le faux culte.
[Illustration, page 436]
George Young a contribué à la proclamation du Royaume de Dieu en Amérique du Sud, en Espagne et au Portugal.
[Illustration, page 437]
Juan Muñiz (à gauche), qui prêchait en Amérique du Sud depuis 1924, était là pour accueillir Nathan Knorr lors de sa première visite en Argentine, plus de 20 ans après.
[Illustration, page 438]
Nicolás Argyrós a fait connaître la vérité libératrice de la Bible dans 14 provinces d’Argentine.
[Illustrations, page 439]
Par la route et par la mer, Frank Franske s’est efforcé d’atteindre les petits villages isolés pour y faire connaître la vérité biblique.
-
-
Partie 3 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terreLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 22
Partie 3 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
Les pages 444 à 461 du présent ouvrage traitent de la prédication du Royaume dans le monde de 1935 à 1945. L’année 1935 est marquante, car on a compris alors qui constitue la grande multitude, ou grande foule, dont il est question en Révélation 7:9. En rapport avec le rassemblement de ce groupe, les Témoins de Jéhovah ont commencé à discerner que la Bible plaçait devant eux une œuvre d’une envergure sans précédent. Comment l’ont-ils effectuée quand les nations se sont précipitées dans la Seconde Guerre mondiale et que la plupart des pays ont interdit leur organisation ou leurs publications bibliques?
DURANT les années 30, par leur ministère, les Témoins de Jéhovah cherchaient à communiquer le message du Royaume au plus grand nombre de gens possible. Quand ils rencontraient une personne qui manifestait un intérêt exceptionnel, certains d’entre eux passaient parfois une bonne partie de la nuit à lui expliquer les vérités bibliques et à répondre à ses questions. Mais, dans la plupart des cas, les Témoins se contentaient de brèves présentations destinées à éveiller l’intérêt de leurs interlocuteurs, après quoi ils laissaient les publications ou les discours publics faire le reste. Leur œuvre consistait à informer les gens, à semer les graines de la vérité du Royaume.
De grands efforts pour communiquer la bonne nouvelle à de nombreuses personnes
Les prédicateurs comprenaient que l’œuvre était urgente. Par exemple, au début des années 30, après avoir lu les claires explications des brochures Enfer et Où sont les morts?, Armando Menazzi, qui habitait à Córdoba (Argentine), a agi avec détermination (Ps. 145:20; Eccl. 9:5; Actes 24:15). Ce qu’il avait lu, ainsi que le zèle de Nicolás Argyrós, l’a incité à vendre son garage pour se consacrer à la prédication de la vérité comme pionnier. Puis, au début des années 40, il a encouragé les Témoins de Córdoba à acheter un vieil autobus et à l’équiper de lits, et des groupes de dix proclamateurs ou plus se sont servis de ce véhicule pour effectuer des tournées de prédication d’une ou deux semaines, parfois même de trois mois. On organisait ces expéditions à l’avance, et on donnait à différents frères et sœurs de la congrégation la possibilité d’y participer. Chaque membre d’une équipe avait une tâche à effectuer: faire le ménage, cuisiner, ou bien pêcher et chasser pour avoir de quoi manger. Ce groupe de prédicateurs zélés a prêché de maison en maison dans au moins dix provinces d’Argentine, parcourant villes et villages, et atteignant même les fermes isolées.
En Australie, les prédicateurs manifestaient un état d’esprit semblable. Ils prêchaient beaucoup dans les villes côtières très peuplées. Mais ils ont aussi cherché à donner le témoignage aux habitants des régions reculées. C’est ainsi que le 31 mars 1936, en vue de rencontrer les éleveurs de moutons et de bovins disséminés dans l’intérieur du pays, Arthur Willis et Bill Newlands ont entrepris un voyage de 19 700 kilomètres. Sur la plus grande partie de leur itinéraire, il n’y avait pas de routes, seulement des pistes à travers le désert dénué d’arbres, un désert brûlant et tourmenté par de furieuses tempêtes de poussière. Mais ils sont allés résolument de l’avant. Quand ils rencontraient une personne bien disposée, ils lui faisaient écouter des discours bibliques enregistrés et lui laissaient des publications. Ils ont fait d’autres voyages accompagnés de John (Ted) Sewell qui, par la suite, s’est porté volontaire pour aller prêcher en Asie du Sud-Est.
Le territoire dont s’occupait la filiale d’Australie était loin de se limiter à ce seul continent. Il comprenait la Chine, ainsi que les archipels et les pays s’étendant de Tahiti, à l’est, jusqu’à la Birmanie (le Myanmar), à l’ouest, soit sur une distance de 13 700 kilomètres. Il incluait notamment Hong-Kong, l’Indochine (aujourd’hui le Cambodge, le Laos et le Viêt Nam), les Indes néerlandaises (incluant des îles comme Sumatra, Java et Bornéo), la Nouvelle-Zélande, le Siam (aujourd’hui la Thaïlande), et la Malaisie. Il n’était pas rare que le surveillant de filiale, Alexander MacGillivray, un Écossais, invite un jeune pionnier zélé dans son bureau, lui montre une carte du territoire de la filiale, et lui demande: ‘Aimerais-tu être missionnaire?’ Puis, montrant du doigt une région peu ou jamais parcourue en prédication, il demandait: ‘Que dirais-tu d’inaugurer l’œuvre dans ce territoire?’
Au début des années 30, certains de ces pionniers avaient déjà accompli une grande activité aux Indes néerlandaises (aujourd’hui l’Indonésie) et à Singapour. En 1935, Frank Dewar, un Néo-Zélandais, a accompagné un groupe de ces pionniers sur le Lightbearer jusqu’à Singapour. Puis, juste avant de mettre le cap sur la côte nord-ouest de la Malaisie, Eric Ewins, le capitaine, lui a dit: “Voilà, nous y sommes, Frank. Nous ne pouvons pas t’emmener plus loin. Tu voulais aller au Siam, eh bien, c’est là que tu dois débarquer!” Mais Frank ne pensait pour ainsi dire plus au Siam tellement il appréciait de prêcher avec cet équipage. Désormais, il allait devoir se débrouiller tout seul.
Il s’est arrêté à Kuala Lumpur en attendant d’avoir assez d’argent pour finir le voyage, mais pendant cette halte il a eu un accident: il s’est fait renverser par un camion alors qu’il roulait à vélo. Une fois rétabli, il a pris un train bondé pour Bangkok avec seulement cinq dollars en poche. Mais, confiant que Jéhovah pouvait subvenir à ses besoins, il s’est mis à prêcher. Claude Goodman y avait déjà prêché un peu en 1931; mais quand Frank est arrivé en juillet 1936, il n’y avait aucun Témoin pour l’accueillir. Toutefois, durant les quelques années suivantes, d’autres ont pris part à l’œuvre: Willy Unglaube, Hans Thomas et Kurt Gruber, des Allemands, ainsi que Ted Sewell, un Australien. Ils ont distribué de nombreuses publications, mais la plupart étaient en anglais, en chinois et en japonais.
Quand les Témoins ont écrit au siège de la Société pour signaler qu’ils avaient besoin de publications en thaï, mais ne disposaient d’aucun traducteur, frère Rutherford leur a répondu: “Je ne suis pas en Thaïlande; vous, vous y êtes. Ayez foi en Jéhovah, prêchez avec diligence, et vous trouverez un traducteur.” C’est ce qu’ils ont fait. Chomchai Inthaphan, ancienne directrice d’une école presbytérienne de jeunes filles à ChiangMai, a accepté la vérité, et en 1941 elle a commencé à traduire les publications bibliques en thaï.
Une semaine après s’être mis à prêcher à Bangkok, Frank Dewar a eu la visite de Frank Rice, qui avait inauguré l’œuvre du Royaume à Java (aujourd’hui une partie de l’Indonésie), et se rendait dans ce qui était alors l’Indochine française. Une fois sur place, comme il l’avait fait dans son territoire précédent, Frank Rice a prêché aux anglophones tout en apprenant la langue locale. Après avoir parcouru Saïgon (aujourd’hui Hô Chi Minh-Ville), il a donné quelques cours d’anglais et s’est acheté une vieille voiture en vue de se rendre dans le nord du pays. Il ne se souciait pas de son confort, mais des intérêts du Royaume (Héb. 13:5). Grâce à ce véhicule, il a pu donner le témoignage dans les villes, les villages et les maisons isolées tout le long de la route menant à Hanoï.
Une publicité hardie
Afin d’éveiller l’intérêt des gens pour le message du Royaume et de leur montrer la nécessité d’agir avec détermination, les Témoins ont utilisé dans de nombreux pays des méthodes qui attiraient l’attention. À partir de 1936, à Glasgow (Écosse), ils ont annoncé les discours d’assemblée en portant des pancartes et en distribuant des feuilles d’invitation dans les quartiers commerçants. Deux ans plus tard, en 1938, à l’occasion d’une assemblée organisée à Londres (Angleterre), ils ont fait une autre chose marquante: Nathan Knorr et Albert Schroeder, qui sont par la suite devenus tous deux membres du Collège central, ont mené un défilé d’un millier de Témoins à travers le quartier d’affaires de Londres. Dans cette marche, un participant sur deux portait une pancarte annonçant le discours public intitulé “Face aux réalités”, qui allait être donné par Joseph Rutherford au Royal Albert Hall; les autres tenaient des écriteaux portant cette inscription: “La religion est un piège et une escroquerie.” (À l’époque, ils entendaient par religion tout culte qui n’était pas en accord avec la Parole de Dieu, la Bible.) Plus tard dans la semaine, pour neutraliser la réaction hostile de certains observateurs, on a intercalé des écriteaux portant l’inscription “Servez Dieu et Christ, le Roi” entre les précédents. Beaucoup de Témoins de Jéhovah trouvaient difficile de participer à cette activité, mais ils la considéraient comme une occasion supplémentaire de servir Jéhovah, une épreuve de plus pour leur fidélité.
Tout le monde n’appréciait pas la publicité hardie que les Témoins de Jéhovah donnaient à leur message. En Australie et en Nouvelle-Zélande, le clergé a usé de son influence sur les directeurs de stations de radio pour faire supprimer toutes les émissions produites par les Témoins de Jéhovah. En avril 1938, alors que frère Rutherford se rendait en Australie pour y prononcer un discours radiodiffusé, les pouvoirs publics ont cédé à ceux qui voulaient l’empêcher de prendre la parole à l’hôtel de ville de Sydney et à la radio. On a donc rapidement loué les Sports Grounds de Sydney, et en raison du tapage qu’a provoqué dans les médias la visite de frère Rutherford une foule plus nombreuse encore est venue écouter son discours. Dans d’autres circonstances où ils se sont vu refuser l’utilisation de la radio, les Témoins ont réagi en donnant une grande publicité à des réunions au cours desquelles les discours de frère Rutherford étaient passés sur phonographe.
En Belgique, les ecclésiastiques envoyaient des enfants jeter des pierres aux Témoins, et ils passaient personnellement dans les foyers pour se faire remettre les publications qui avaient été distribuées. Toutefois, certains villageois appréciaient ce qu’ils apprenaient des Témoins de Jéhovah. Ils disaient souvent: “Donnez-moi plusieurs de vos brochures; quand monsieur le curé viendra, je lui en donnerai une pour le contenter et je garderai les autres pour les lire.”
Cependant, au cours des années suivantes, une opposition encore plus forte s’est manifestée contre les Témoins de Jéhovah et le message du Royaume qu’ils proclamaient.
L’Europe en guerre: prédication malgré la persécution
Comme ils ne voulaient pas renier leur foi ni cesser de prêcher, des milliers de Témoins de Jéhovah d’Autriche, de Belgique, de France, d’Allemagne et des Pays-Bas ont été jetés en prison ou envoyés dans les camps de concentration nazis. Là, les brutalités étaient monnaie courante. Ceux qui n’étaient pas encore incarcérés poursuivaient leur ministère avec prudence. Ils prêchaient souvent avec la Bible uniquement et ne proposaient d’autres publications que lors des nouvelles visites chez les personnes bien disposées. Pour éviter de se faire arrêter, les Témoins rendaient visite à un foyer dans une cage d’escalier, puis allaient dans un autre bâtiment, ou bien après s’être entretenus avec les occupants d’une seule maison, ils changeaient de rue avant de se présenter à une autre porte. Mais ils n’avaient nullement peur de donner le témoignage.
En Allemagne, le 12 décembre 1936, quelques mois seulement après que la Gestapo eut arrêté des milliers de Témoins et d’autres personnes bien disposées dans le cadre d’une action nationale visant à mettre un terme à leur œuvre, les Témoins ont eux aussi organisé une campagne. À la vitesse de l’éclair, dans tout le pays, ils ont distribué des dizaines de milliers d’exemplaires d’une résolution dans les boîtes aux lettres et sous les portes. Ces imprimés protestaient contre le traitement cruel qui était infligé à leurs frères et sœurs chrétiens. Dans l’heure qui a suivi le début de la distribution, la police était sur les dents pour essayer d’arrêter les distributeurs, mais elle n’en a attrapé qu’une douzaine dans l’ensemble du pays.
Les autorités étaient stupéfaites qu’une telle campagne ait pu être menée à bien après tous les efforts du gouvernement nazi pour mettre un terme à l’œuvre. De plus, elles ont commencé à avoir peur de la population. Pour quelle raison? Eh bien, quand les policiers et autres fonctionnaires en uniforme ont demandé aux gens s’ils avaient reçu un tract, la plupart ont répondu par la négative. La grande majorité d’entre eux n’en avaient effectivement pas reçu, car on n’avait laissé un exemplaire qu’à deux ou trois foyers par bâtiment. Mais la police l’ignorait. Elle pensait qu’on avait laissé un tract à chaque porte.
Durant les mois qui ont suivi, les chefs nazis ont récusé haut et fort les accusations lancées dans cette résolution imprimée. C’est pourquoi, le 20 juin 1937, les Témoins encore libres ont distribué un autre message, une lettre ouverte qui donnait de nombreux détails sur la persécution, citait des noms de fonctionnaires, et précisait les dates et les lieux. La Gestapo a été consternée de constater que ses agissements étaient dévoilés et que les Témoins étaient en mesure d’effectuer une telle distribution.
La famille Kusserow, de Bad Lippspringe (Allemagne), a manifesté à de nombreuses reprises cette même détermination à donner le témoignage. Par exemple, aussitôt après que Wilhelm Kusserow a été exécuté publiquement à Münster par le régime nazi pour avoir refusé de renier sa foi, Hilda, sa mère, est allée à la prison réclamer la dépouille pour l’enterrement. Elle a dit aux siens: “Nous allons donner un grand témoignage à ceux qui le connaissaient.” Aux funérailles, Franz, le père de Wilhelm, a prononcé une prière exprimant la foi dans les dispositions pleines d’amour de Jéhovah. Karl-Heinz, le frère de Wilhelm, a exprimé des pensées réconfortantes tirées de la Bible. Ils ne sont pas restés impunis pour cela, mais l’important à leurs yeux était d’honorer Jéhovah en donnant un témoignage sur son nom et son Royaume.
Aux Pays-Bas, comme les conditions empiraient à cause de la guerre, les Témoins ont fait preuve de sagesse en modifiant la façon dont ils tenaient leurs réunions. Ils ont décidé de se retrouver par groupes de dix au maximum et dans des foyers privés. Ils changeaient fréquemment de lieux de réunion. Chaque Témoin ne fréquentait que son groupe, et personne ne divulguait l’adresse où avait lieu l’étude, pas même à un ami de confiance. À cette époque où la guerre entraînait la déportation de populations entières, les Témoins de Jéhovah savaient que les gens avaient désespérément besoin du message réconfortant que seule la Parole de Dieu apporte, et ils le leur communiquaient sans crainte. Toutefois, le bureau de la filiale a, par une lettre, rappelé aux frères la prudence dont Jésus avait fait preuve en diverses circonstances face à ses adversaires (Mat. 10:16; 22:15-22). Par la suite, quand ils rencontraient une personne hostile, ils notaient précisément son adresse afin que des précautions spéciales soient prises lorsque son quartier serait de nouveau parcouru.
En Grèce, la population a beaucoup souffert sous l’occupation allemande. Cependant, les traitements les plus cruels infligés aux Témoins de Jéhovah ont été dus à la fausse image qu’a donnée d’eux le clergé de l’Église orthodoxe grecque. Celui-ci a tout fait pour que la police et les tribunaux s’en prennent à eux. De nombreux Témoins ont été incarcérés, chassés de chez eux et envoyés dans des villages éloignés, ou exilés dans des conditions pénibles sur des îles désertes. Ils n’en ont pas moins continué à témoigner (voir Actes 8:1, 4). Ils le faisaient souvent en parlant aux gens dans les parcs et les jardins publics; ils s’asseyaient à côté d’eux sur les bancs et leur parlaient du Royaume de Dieu. Quand quelqu’un manifestait un intérêt sincère, ils lui prêtaient une publication biblique qui leur était rendue ultérieurement et servait maintes et maintes fois. De nombreuses personnes éprises de vérité ont ainsi accepté avec gratitude l’aide des Témoins et se sont même jointes à eux pour communiquer la bonne nouvelle à autrui, quoique cela leur ait valu de cruelles persécutions.
Si les Témoins ont pu faire preuve de courage et de persévérance, c’est notamment parce qu’ils étaient bien nourris sur le plan spirituel. Certes, pendant la guerre, dans certaines parties de l’Europe le manque de publications ne permettait pas d’en distribuer, mais ils sont parvenus à faire circuler entre eux des écrits édités par la Société pour fortifier la foi des Témoins de Jéhovah du monde entier. August Kraft, Peter Gölles, Ludwig Cyranek, Therese Schreiber et bien d’autres ont risqué leur vie en participant à la duplication et à la distribution de ces imprimés bibliques qui étaient introduits subrepticement en Autriche par l’Italie, la Suisse et la Tchécoslovaquie. Aux Pays-Bas, c’est un aimable surveillant de prison qui a aidé Arthur Winkler en lui procurant une Bible. Malgré toutes les précautions de l’ennemi, les eaux rafraîchissantes de la vérité biblique déversées par La Tour de Garde ont pénétré jusque dans les camps de concentration allemands et ont circulé parmi les frères qui s’y trouvaient.
Même durant leur détention dans les prisons et les camps de concentration, les Témoins de Jéhovah n’ont pas cessé de donner le témoignage. Alors qu’il était en prison à Rome, l’apôtre Paul a écrit: “J’endure le mal jusqu’à porter des liens (...). Mais la parole de Dieu n’est pas liée.” (2 Tim. 2:9). Cela s’est vérifié dans le cas des Témoins de Jéhovah d’Europe durant la Seconde Guerre mondiale. Les gardiens observaient leur conduite; certains posaient des questions et quelques-uns sont devenus croyants comme eux, bien que cela leur ait coûté la liberté. De nombreux prisonniers détenus avec les Témoins venaient de pays comme la Russie, où la bonne nouvelle avait été très peu prêchée. Après la guerre, certains de ces prisonniers devenus Témoins de Jéhovah sont retournés dans leur pays, impatients d’y répandre le message du Royaume.
La persécution brutale et les conséquences de la guerre totale n’ont pas pu empêcher que, comme prédit, des gens soient rassemblés dans la grande maison spirituelle de Jéhovah pour l’adorer (És. 2:2-4). De 1938 à 1945, la plupart des pays d’Europe ont signalé un accroissement important du nombre de ceux qui participaient publiquement à ce culte en proclamant le Royaume de Dieu. En Grande-Bretagne, en Finlande, en France et en Suisse, les Témoins ont enregistré un accroissement d’environ 100 %. En Grèce, le nombre des prédicateurs a été multiplié presque par sept, aux Pays-Bas par douze. Mais fin 1945, on n’avait pas encore de détails sur les résultats obtenus en Allemagne et en Roumanie, et on ne disposait que de rapports incomplets en provenance d’un bon nombre d’autres pays.
Sur d’autres continents que l’Europe, pendant la guerre
En Extrême-Orient aussi, la guerre mondiale a entraîné d’énormes difficultés pour les Témoins de Jéhovah. Au Japon et en Corée, on les a arrêtés, battus et torturés parce qu’ils soutenaient le Royaume de Dieu et refusaient de rendre un culte à l’empereur japonais. Finalement, ils n’ont plus eu aucun contact avec les Témoins d’autres pays. Beaucoup d’entre eux n’avaient la possibilité de donner un témoignage que lors de leurs interrogatoires ou de leur jugement. À la fin de la guerre, dans ces pays la prédication publique des Témoins de Jéhovah avait pour ainsi dire cessé.
Quand la guerre a gagné les Philippines, les Témoins ont été maltraités par les deux camps parce qu’ils ne voulaient soutenir ni les Japonais ni la résistance. Pour ne pas être pris, beaucoup se sont enfuis de chez eux. Mais tout en se déplaçant de lieu en lieu, ils prêchaient; ils prêtaient des publications lorsqu’ils en avaient quelques-unes, et par la suite ils se sont servis uniquement de la Bible. Quand le front a reculé, plusieurs bateaux ont été équipés pour transporter d’importants groupes de Témoins sur des îles où le témoignage avait été peu donné jusque-là, voire pas du tout.
En Birmanie (Myanmar), ce n’est pas l’invasion japonaise, mais l’influence exercée sur les autorités coloniales par le clergé des Églises anglicane, méthodiste, catholique et baptiste américaine qui a entraîné l’interdiction des publications des Témoins de Jéhovah en mai 1941. Deux Témoins qui travaillaient à la poste ont vu arriver un télégramme annonçant cette décision; les frères ont donc rapidement retiré les publications du dépôt de la Société pour qu’elles ne soient pas confisquées. Ils ont ensuite cherché un moyen d’en acheminer une bonne partie par voie de terre jusqu’en Chine.
À l’époque, le gouvernement américain envoyait de grandes quantités de matériel de guerre au gouvernement nationaliste chinois par des camions qui empruntaient la route de la Birmanie. Les Témoins ont tenté de retenir de la place dans un de ces camions, mais ils ont essuyé un refus. Leurs efforts pour se procurer un véhicule à Singapour se sont également soldés par un échec. Toutefois, quand Mick Engel, qui était responsable du dépôt de la Société à Rangoun, s’est adressé à un haut fonctionnaire américain, il a obtenu l’autorisation de transporter les publications dans des camions de l’armée.
Néanmoins, par la suite, lorsque Fred Paton et Hector Oates sont allés demander à l’officier responsable du convoi à destination de la Chine de réserver de la place dans un camion, il a failli avoir une attaque. “Quoi? a-t-il hurlé, est-ce que vous vous imaginez que je vais vous donner une place précieuse dans mes camions pour vos misérables tracts quand je ne peux même pas loger le matériel militaire et médical dont il y a un besoin urgent et qui est en train de pourrir ici en plein air?” Fred a marqué une pause, a ouvert sa serviette et lui a montré l’autorisation écrite en lui faisant remarquer qu’il serait très grave de sa part de ne pas suivre les directives données par les autorités de Rangoun. Sur ce, non seulement le responsable des convois a assuré le transport de deux tonnes de livres, mais il a mis une camionnette tout équipée, avec chauffeur, à la disposition des frères. Ils se sont dirigés avec leur précieux chargement vers le nord-est, sur la dangereuse route de montagne menant en Chine. Après avoir donné le témoignage à Baoshan, ils se sont rendus sans tarder à Chongqing. Ils ont distribué des milliers de publications traitant du Royaume de Jéhovah durant l’année qu’ils ont passée en Chine. Parmi les personnes à qui ils ont personnellement donné le témoignage figurait Tchang Kaï-chek, le président du gouvernement nationaliste chinois.
Pendant ce temps, comme les bombardements s’intensifiaient en Birmanie, tous les Témoins sauf trois ont quitté le pays, la plupart pour se réfugier en Inde. Les trois qui sont restés ont dû, par la force des choses, limiter leur activité. Malgré tout, ils ont continué à donner le témoignage de façon informelle, et leurs efforts ont produit du fruit après la guerre.
En Amérique du Nord aussi, les Témoins de Jéhovah ont rencontré de grands obstacles durant la guerre. La violence de foules déchaînées et l’application de lois locales au mépris de la Constitution ont beaucoup entravé la prédication. Des milliers de Témoins ont été incarcérés à cause de leur neutralité chrétienne. Malgré tout, cela n’a pas diminué leur ministère de maison en maison. De plus, à partir de février 1940, il est devenu courant de les voir dans les quartiers commerçants proposer La Tour de Garde et Consolation (aujourd’hui Réveillez-vous!). Leur zèle s’est même accru. Bien qu’ils aient connu une des plus dures persécutions qui leur aient été infligées dans cette partie du monde, leur nombre a plus que doublé aux États-Unis et au Canada de 1938 à 1945, et ils ont consacré trois fois plus de temps au ministère public.
Dans de nombreux pays membres du Commonwealth britannique (en Amérique du Nord, en Afrique, en Asie et dans les îles des Antilles et du Pacifique), les Témoins de Jéhovah ou leurs écrits ont été officiellement interdits. L’un de ces pays a été l’Australie. Un décret officiel publié le 17 janvier 1941 sur l’ordre du gouverneur général stipulait qu’il était désormais illégal pour les Témoins de Jéhovah de se réunir afin de pratiquer leur culte, de distribuer l’une quelconque de leurs publications, ou même d’en posséder. Comme la loi permettait de faire appel de cette décision, une action a été rapidement intentée. Mais c’est plus de deux ans après que le juge Starke, membre de la Haute Cour, a déclaré que les arrêtés sur lesquels reposait cette interdiction étaient “arbitraires, fantasques et tyranniques”. Par la suite, la Haute Cour a décidé la levée de l’interdiction. Mais qu’avaient fait les Témoins de Jéhovah dans l’intervalle?
À l’exemple des apôtres de Jésus Christ, ils ‘avaient obéi à Dieu comme à un chef plutôt qu’aux hommes’. (Actes 4:19, 20; 5:29.) Ils ont continué à prêcher. Malgré les multiples obstacles, ils ont même organisé une assemblée à Hargrave Park, près de Sydney, du 25 au 29 décembre 1941. Le gouvernement ayant refusé l’accès au chemin de fer à certains, un groupe de Témoins d’Australie occidentale a équipé au gazogène des véhicules et a entamé un voyage de 14 jours à travers le pays, dont une semaine éprouvante pour franchir la redoutable plaine de Nullarbor. Ces Témoins sont arrivés à bon port pour profiter du programme avec six mille autres assistants. L’année suivante, une autre assemblée a été organisée, mais cette fois l’assistance a été divisée en 150 groupes plus petits qui se sont réunis dans sept grandes villes à travers le pays, les orateurs se rendant de l’une à l’autre.
En 1939, les conditions se détériorant en Europe, certains ministres à plein temps Témoins de Jéhovah se sont portés volontaires pour aller prêcher dans d’autres territoires (voir Matthieu 10:23; Actes 8:4). Trois pionniers allemands ont été envoyés de Suisse à Shanghaï (Chine). Un certain nombre sont partis en Amérique du Sud. Parmi ceux qui ont été nommés au Brésil se trouvaient Otto Estelmann, qui visitait et aidait les congrégations de Tchécoslovaquie, et Erich Kattner, qui avait travaillé au bureau de la Société Watch Tower à Prague. Leur nouveau territoire n’était pas facile. Ils ont constaté que, dans certaines régions rurales, les Témoins se levaient de bonne heure, prêchaient jusqu’à 7 heures, puis tard dans la soirée. Frère Kattner se rappelle que lorsqu’il se déplaçait de lieu en lieu il dormait souvent à la belle étoile, sa sacoche de publications lui servant d’oreiller. — Voir Matthieu 8:20.
Frères Estelmann et Kattner avaient tous deux été pourchassés par la police secrète nazie en Europe. Avaient-ils échappé à la persécution en partant au Brésil? Au contraire, au bout d’un an seulement, ils ont été condamnés à une longue période de résidence surveillée et de réclusion à l’instigation d’autorités qui semblaient favorables aux nazis! Là aussi, il était courant que le clergé catholique s’oppose aux Témoins, mais ceux-ci persévéraient dans l’œuvre que Dieu leur avait confiée. Ils ne cessaient d’atteindre des villes du Brésil où le message du Royaume n’avait pas encore été prêché.
Un examen de la situation mondiale montre que dans la majorité des pays où les Témoins de Jéhovah se trouvaient durant la Seconde Guerre mondiale, les autorités ont interdit leur organisation ou leurs publications. Certes, ils prêchaient dans 117 pays en 1938, mais pendant la guerre (1939-1945) leur organisation ou leurs écrits ont été interdits, ou leurs ministres expulsés, dans plus d’une soixantaine de ces pays. Même là où leur œuvre n’a pas été interdite, ils ont eu à subir la violence de la foule et de fréquentes arrestations. Mais la prédication de la bonne nouvelle n’a pas cessé pour autant.
La grande foule commence à se manifester en Amérique latine
En pleine guerre, en février 1943, la Société Watch Tower a ouvert l’École de Galaad aux États-Unis, dans l’État de New York, pour former des missionnaires appelés à aller prêcher à l’étranger, en prévision de l’œuvre qu’il allait falloir accomplir après le conflit. Avant la fin de cette année-là, 12 de ces missionnaires avaient déjà commencé à prêcher à Cuba. Ce pays s’est révélé être un territoire très productif.
Dès 1910, des graines de la vérité biblique avaient été semées à Cuba. Charles Russell y avait prononcé un discours en 1913. Joseph Rutherford avait présenté une allocution radiophonique à La Havane en 1932, allocution qui avait été rediffusée en espagnol. Mais l’accroissement était lent. L’analphabétisme était répandu et les préjugés religieux très puissants. Dans un premier temps, l’intérêt s’est surtout manifesté parmi les anglophones originaires de la Jamaïque et d’autres pays. En 1936, on comptait seulement 40 prédicateurs du Royaume à Cuba. Mais ensuite l’œuvre consistant à planter et à arroser les graines de la vérité du Royaume a commencé à porter davantage de fruit.
C’est en 1934 que, pour la première fois, des Cubains se sont fait baptiser; d’autres ont suivi leur exemple par la suite. À partir de 1940, des émissions radiophoniques quotidiennes alliées à un témoignage hardi dans les rues se sont ajoutées au ministère de maison en maison dans ce pays. Avant même que des missionnaires formés à Galaad n’arrivent en 1943, 950 personnes avaient accepté la bonne nouvelle et la communiquaient à autrui, bien que de façon irrégulière pour certaines. Pendant les deux années qui ont suivi l’arrivée des missionnaires, le nombre des prédicateurs s’est accru encore plus rapidement. En 1945, il y avait 1 894 Témoins de Jéhovah à Cuba. La plupart d’entre eux appartenaient auparavant à une religion qui enseignait que tous ses fidèles iraient au ciel, et pourtant la grande majorité d’entre eux se réjouissaient maintenant à la perspective de vivre éternellement sur la terre dans un paradis rétabli (Gen. 1:28; 2:15; Ps. 37:9, 29; Rév. 21:3, 4). Seulement 1,4 % d’entre eux se disaient frères du Christ oints de l’esprit.
Le siège mondial de la Société a apporté de l’aide à l’Amérique latine d’une autre manière encore. Au début de 1944, Nathan Knorr, Frederick Franz, William Van Amburgh et Milton Henschel ont passé dix jours à Cuba pour y affermir les frères. À cette occasion, une assemblée s’est tenue à La Havane, et on a annoncé des dispositions pour assurer une meilleure coordination de l’œuvre de prédication. Ce voyage a également amené frères Knorr et Henschel à se rendre au Costa Rica, au Guatemala et au Mexique pour aider les Témoins de ces pays.
En 1945 et 1946, Nathan Knorr et Frederick Franz ont effectué des voyages qui leur ont permis de parler et de collaborer avec les Témoins de 24 pays situés entre le Mexique et la pointe sud de l’Amérique du Sud, ainsi qu’aux Antilles. Ils ont passé cinq mois dans cette partie du monde, apportant avec amour aide et direction. Dans certains endroits, ils se sont réunis avec seulement une poignée de personnes bien disposées. Afin que les réunions et la prédication soient régulièrement organisées, ils ont personnellement participé à la formation des premières congrégations de Lima (Pérou) et de Caracas (Venezuela). Partout où des réunions se tenaient déjà, ils y assistaient et, à l’occasion, montraient comment y inclure davantage de conseils pratiques en vue de l’œuvre d’évangélisation.
Dans la mesure du possible, il était prévu que des discours publics soient prononcés durant ces visites. Les Témoins ont donné une grande publicité à ces discours en portant des pancartes et en distribuant des feuilles d’invitation dans les rues. Grâce à ces efforts, les 394 Témoins du Brésil ont eu la joie de dénombrer 765 assistants à l’assemblée qu’ils ont tenue à São Paulo. Au Chili, où il y avait 83 proclamateurs du Royaume, 340 personnes sont venues écouter le discours qui avait reçu une large publicité. Au Costa Rica, les 253 Témoins ont eu le plaisir d’accueillir 849 personnes en tout à leurs deux assemblées. Ces rassemblements étaient pour eux autant d’occasions de goûter leur chaleureuse fraternité.
Cependant, l’objectif n’était pas simplement de tenir des assemblées mémorables. Durant ces voyages, les représentants du siège mondial de la Société mettaient l’accent sur l’importance de faire des nouvelles visites chez les personnes bien disposées et d’étudier la Bible avec elles à leur domicile, car, pour qu’elles deviennent de véritables disciples, il fallait qu’elles soient régulièrement instruites de la Parole de Dieu. Il en est résulté un accroissement rapide du nombre des études bibliques à domicile dans cette partie du monde.
Pendant que frères Knorr et Franz effectuaient ces tournées de service, d’autres missionnaires formés à Galaad rejoignaient leurs territoires. Fin 1944, il s’en trouvait quelques-uns au Costa Rica, au Mexique et à Porto Rico. En 1945, d’autres missionnaires ont contribué à mieux organiser la prédication dans les pays suivants: Barbade, Brésil, Chili, Colombie, Guatemala, Haïti, Honduras britannique (aujourd’hui Bélize), Jamaïque, Nicaragua, Panama, Salvador et Uruguay. Quand les deux premiers missionnaires sont arrivés en République dominicaine en 1945, ils étaient les seuls Témoins dans ce pays. Le ministère de ces missionnaires de la première heure n’a pas tardé à porter du fruit. Trinidad Paniagua a déclaré au sujet des missionnaires envoyés au Guatemala: “C’était exactement ce qu’il nous fallait: des enseignants de la Parole de Dieu qui nous aident à comprendre comment nous y prendre pour accomplir l’œuvre.”
C’est ainsi que le fondement de l’expansion a été posé dans cette partie du monde. Aux Antilles, il y avait 3 394 proclamateurs du Royaume à la fin de 1945. Il y en avait 3 276 au Mexique, 404 en Amérique centrale et 1 042 en Amérique du Sud. Pour cette partie du monde, ces chiffres représentaient un accroissement de 386 % en sept années très troublées de l’histoire humaine. Mais ce n’était qu’un commencement. Un accroissement d’une ampleur vraiment extraordinaire était encore à venir! En effet, la Bible avait annoncé qu’“une grande foule” d’adorateurs de Jéhovah venant “de toutes nations et tribus et peuples et langues” serait rassemblée avant la grande tribulation. — Rév. 7:9, 10, 14.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, en 1939, il n’y avait que 72 475 Témoins de Jéhovah dans 115 pays (selon les divisions de la carte politique du monde au début des années 90). Malgré la persécution virulente qu’ils ont subie dans le monde entier, leur nombre avait plus que doublé à la fin de la guerre. Ainsi, le rapport pour 1945 montrait qu’il y avait 156 299 Témoins actifs dans les 107 pays pour lesquels on a pu compiler les rapports. Mais en fait, à cette époque, 163 pays avaient entendu le message du Royaume.
Le témoignage donné de 1936 à 1945 a été vraiment prodigieux. Durant cette décennie tourmentée, ces Témoins de Jéhovah zélés ont consacré en tout 212 069 285 heures à proclamer à la face du monde que le Royaume est la seule espérance de l’humanité. Ils ont aussi distribué 343 054 579 livres, brochures et périodiques pour aider autrui à discerner le fondement biblique de cette espérance. Pour aider les personnes qui s’intéressaient sincèrement à ce message, en 1945 ils ont dirigé en moyenne 104 814 études bibliques gratuites à domicile.
[Entrefilet, page 455]
Bien qu’ils aient dû fuir à cause de la guerre, ils ont continué à prêcher.
[Encadré/Illustrations, pages 451-453]
Ils ont refusé de cesser leur prédication, même au prix de leur liberté
Ce ne sont là que quelques-uns des milliers de Témoins qui ont souffert pour leur foi dans les prisons et les camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale.
1. Adrian Thompson, Nouvelle-Zélande. Incarcéré en 1941 en Australie; sa demande d’exemption du service militaire a été rejetée à l’époque où l’œuvre des Témoins de Jéhovah était interdite en Australie. Après sa libération, en qualité de surveillant itinérant, il a fortifié les congrégations dans leur service public. Missionnaire et premier surveillant itinérant au Japon après la guerre; il a continué de prêcher avec zèle jusqu’à sa mort, en 1976.
2. Alois Moser, Autriche. Détenu dans sept prisons et camps de concentration. À l’âge de 92 ans, il était toujours actif en 1992.
3. Franz Wohlfahrt, Autriche. L’exécution de son père et celle de son frère ne l’ont pas fait renoncer. Détenu au camp de Rollwald (Allemagne) pendant cinq ans. En 1992, il prêchait toujours, à l’âge de 70 ans.
4. Thomas Jones, Canada. Emprisonné en 1944, puis détenu dans deux camps de travail. En 1977, après 34 ans de service à plein temps, il a été nommé membre du Comité de la filiale qui dirige la prédication au Canada.
5. Maria Hombach, Allemagne. Arrêtée à de multiples reprises; elle est restée au secret pendant trois ans et demi. Elle a risqué sa vie pour transmettre des publications bibliques à d’autres Témoins. En 1992, à 90 ans, elle sert fidèlement comme membre de la famille du Béthel.
6. Max et Konrad Franke, Allemagne. Père et fils, tous deux incarcérés plusieurs fois et pendant de nombreuses années. (La femme de Konrad, Gertrud, a également été emprisonnée.) Ils sont restés fidèles et zélés dans le service de Jéhovah, et Konrad a joué un grand rôle dans la réorganisation de l’œuvre de prédication des Témoins dans l’Allemagne d’après-guerre.
7. Pryce Hughes, Angleterre. Condamné à purger deux peines de réclusion à Wormwood Scrubs (Londres); il avait aussi été incarcéré à cause de sa foi durant la Première Guerre mondiale. Il a joué un rôle de premier plan dans l’œuvre de prédication du Royaume jusqu’à sa mort, en 1978.
8. Adolphe et Emma Arnold, et leur fille Simone, France. Après l’emprisonnement d’Adolphe, Emma et Simone ont continué à prêcher et à distribuer des publications aux autres Témoins. En prison, Emma a été mise au secret parce qu’elle persistait à prêcher aux autres détenues. Simone a été envoyée dans un centre d’éducation surveillée. Tous trois sont demeurés des Témoins zélés.
9. Ernst et Hildegard Seliger, Allemagne. À eux deux, ils ont passé plus de 40 ans en prison et en camp de concentration pour leur foi. Même derrière les barreaux, ils ont continué à communiquer les vérités bibliques à autrui. Après leur libération, ils ont consacré tout leur temps à la prédication de la bonne nouvelle. Frère Seliger est mort fidèle à Dieu en 1985; sœur Seliger, en 1992.
10. Carl Johnson, États-Unis. Deux ans après son baptême, il a été emprisonné avec des centaines d’autres Témoins à Ashland (Kentucky). Il a été pionnier et surveillant de circonscription; en 1992, il sert toujours comme ancien et donne l’exemple dans la prédication.
11. August Peters, Allemagne. Séparé de sa femme et de ses quatre enfants, il a été incarcéré de 1936 à 1937, puis de 1937 à 1945. Après sa libération, au lieu de prêcher moins, il a accru son activité en entreprenant le service à plein temps. En 1992, à 99 ans, il était toujours membre de la famille du Béthel et avait vu le nombre des Témoins de Jéhovah en Allemagne s’élever à 163 095.
12. Gertrud Ott, Allemagne. Détenue à Lodz (Pologne), puis au camp de concentration d’Auschwitz; ensuite à Gross-Rosen et à Bergen-Belsen (Allemagne). Après la guerre, elle a servi avec zèle comme missionnaire en Indonésie, en Iran et au Luxembourg.
13. Katsuo Miura, Japon. Sept ans après son arrestation et son incarcération à Hiroshima, la prison dans laquelle il était détenu a été presque entièrement détruite par la bombe atomique qui a ravagé la ville. Les médecins n’ont toutefois trouvé sur lui aucune lésion due aux radiations. Il a consacré les dernières années de sa vie au service de pionnier.
14. Martin et Gertrud Poetzinger, Allemagne. Quelques mois après leur mariage, ils ont été arrêtés et tenus séparés pendant neuf ans. Martin a été envoyé à Dachau et à Mauthausen; Gertrud, à Ravensbrück. Malgré les sévices qu’ils ont subis, leur foi n’a pas défailli. Après leur libération, ils ont consacré toute leur énergie au service de Jéhovah. Pendant 29 ans, Martin a été surveillant itinérant dans toute l’Allemagne; puis il a été membre du Collège central jusqu’à sa mort, en 1988. En 1992, Gertrud était toujours une évangélisatrice zélée.
15. Jizo et Matsue Ishii, Japon. Après avoir distribué des publications bibliques pendant une décennie un peu partout au Japon, ils ont été emprisonnés. L’œuvre des Témoins de Jéhovah au Japon a été brisée pendant la guerre, mais après cela frère et sœur Ishii se sont remis à prêcher avec zèle. En 1992, Matsue Ishii avait vu le nombre des Témoins actifs au Japon s’élever à plus de 171 000.
16. Victor Bruch, Luxembourg. Détenu à Buchenwald, Lublin, Auschwitz et Ravensbrück. À 90 ans, il sert toujours comme ancien dans une congrégation de Témoins de Jéhovah.
17. Karl Schurstein, Allemagne. Surveillant itinérant avant que Hitler ne vienne au pouvoir. Incarcéré pendant huit ans, puis tué par les SS à Dachau en 1944. Même dans le camp, il a continué à édifier les autres sur le plan spirituel.
18. Kim Bong-nyu, Corée. Emprisonnée pendant six ans. À 72 ans, elle parle toujours du Royaume de Dieu dans son entourage.
19. Pamfil Albu, Roumanie. Après avoir été sauvagement maltraité, il a été envoyé dans un camp de travail en Yougoslavie pendant deux ans et demi. Après la guerre, il a été incarcéré deux autres fois, en tout pendant 12 ans. Il n’a pas cessé de parler de ce que Dieu se propose de faire. Avant sa mort, il a aidé des milliers de Roumains à servir Dieu avec l’organisation mondiale des Témoins de Jéhovah.
20. Wilhelm Scheider, Pologne. Détenu dans les camps de concentration nazis de 1939 à 1945, dans les prisons communistes de 1950 à 1956, et de 1960 à 1964. Jusqu’à sa mort, en 1971, il a résolument consacré ses forces à la proclamation du Royaume de Dieu.
21. Harald et Elsa Abt, Pologne. Pendant et après la guerre, Harald a passé 14 ans en prison et dans des camps de concentration à cause de sa foi, mais cela ne l’a pas empêché de continuer à prêcher. Elsa a été séparée de sa fillette et a ensuite été détenue dans six camps en Pologne, en Allemagne et en Autriche. Ils ont continué à servir Jéhovah avec zèle, bien que l’organisation des Témoins de Jéhovah ait été interdite pendant 40 ans en Pologne après la guerre.
22. Adám Szinger, Hongrie. Il est passé six fois en jugement, a été condamné à 23 ans de réclusion, et a passé 8 ans et demi en prison et dans des camps de travail. Après sa libération, il a été surveillant itinérant pendant 30 ans. À 69 ans, il sert toujours fidèlement comme ancien d’une congrégation.
23. Joseph Dos Santos, Philippines. Il était proclamateur à plein temps du message du Royaume depuis 12 ans quand il a été incarcéré en 1942. Il a relancé l’activité des Témoins de Jéhovah aux Philippines après la guerre et a personnellement persévéré dans le service de pionnier jusqu’à sa mort, en 1983.
24. Rudolph Sunal, États-Unis. Emprisonné à Mill Point (Virginie occidentale). Après sa libération, il a consacré tout son temps à faire connaître le Royaume de Dieu — comme pionnier, membre de la famille du Béthel et surveillant de circonscription. Il est toujours pionnier en 1992, à 78 ans.
25. Martin Magyarosi, Roumanie. En prison, de 1942 à 1944, il a continué à diriger la prédication de la bonne nouvelle en Transylvanie. Après sa libération, il a beaucoup voyagé pour encourager les autres Témoins à prêcher, ce qu’il faisait lui-même avec courage. De nouveau incarcéré en 1950, il est mort en fidèle serviteur de Jéhovah dans un camp de travail en 1953.
26. Arthur Winkler, Allemagne et Pays-Bas. D’abord envoyé au camp de concentration d’Esterwegen; il a continué à prêcher dans ce camp. Par la suite, aux Pays-Bas, il a été battu par la Gestapo au point d’être méconnaissable. Finalement, il a été envoyé à Sachsenhausen. Il a continué à témoigner avec fidélité et zèle jusqu’à sa mort, en 1972.
27. Park Ock-hi, Corée. Elle a passé trois ans dans la prison de Sodaemun, à Séoul, où elle a subi des tortures indescriptibles. À 91 ans, en 1992, elle prêche toujours avec zèle comme pionnière spéciale.
[Carte/Illustration, page 446]
Alexander MacGillivray, surveillant de la filiale d’Australie, a contribué à mettre sur pied des expéditions de prédication dans un grand nombre de pays et d’îles.
[Carte]
(Voir la publication)
AUSTRALIE
NOUVELLE-ZÉLANDE
TAHITI
TONGA
FIDJI
NOUVELLE-GUINÉE
JAVA
BORNÉO
SUMATRA
BIRMANIE
HONG-KONG
MALAISIE
SIAM
INDOCHINE
CHINE
OCÉAN PACIFIQUE
Les noms de pays sont ceux qui étaient en usage dans les années 30.
[Carte/Illustrations, page 460]
Fin 1945, des missionnaires de l’École de Galaad prêchaient déjà dans 18 pays de cette partie du monde.
Charles et Lorene Eisenhower
Cuba
John et Adda Parker
Guatemala
Emil Van Daalen
Porto Rico
Olaf Olson
Colombie
Don Burt
Costa Rica
Gladys Wilson
Salvador
Hazel Burford
Panama
Louise Stubbs
Chili
[Carte]
(Voir la publication)
CUBA
COSTA RICA
MEXIQUE
PORTO RICO
BARBADE
BÉLIZE
BRÉSIL
CHILI
COLOMBIE
RÉPUBLIQUE DOMINICAINE
SALVADOR
GUATEMALA
HAÏTI
JAMAÏQUE
NICARAGUA
PANAMA
URUGUAY
BOLIVIE
[Illustration, page 444]
Certains colporteurs ont distribué une grande quantité de cartons de publications; dans chaque livre, les gens trouvaient de nombreux sermons bibliques.
[Illustration, page 445]
Armando Menazzi (au centre au premier plan) et ses joyeux compagnons de voyage pendant une tournée de prédication dans leur “maison de pionniers roulante”.
[Illustration, page 445]
Arthur Willis, Ted Sewell et Bill Newlands — trois prédicateurs qui ont apporté le message du Royaume dans l’intérieur de l’Australie.
[Illustration, page 447]
Frank Dewar (ici avec sa femme et leurs deux filles) s’est rendu en Thaïlande comme pionnier isolé en 1936, et il était toujours pionnier spécial en 1992.
[Illustration, page 447]
Chomchai Inthaphan a mis à profit ses compétences de traductrice pour communiquer la bonne nouvelle de la Bible aux Thaïlandais.
[Illustration, page 448]
En Allemagne, les Témoins de Jéhovah ont largement distribué cette lettre ouverte en 1937, alors que leur culte était officiellement interdit.
[Illustration, page 449]
Franz et Hilda Kusserow et leur famille — tous sont restés de fidèles Témoins de Jéhovah, bien qu’à l’exception d’un fils mort accidentellement ils aient tous été jetés dans des camps de concentration, des prisons ou des centres d’éducation surveillée à cause de leur foi.
[Illustrations, page 450]
Quelques-uns de ceux qui, en Autriche et en Allemagne, ont risqué leur vie pour reproduire ou distribuer des écrits bibliques, comme celui que l’on voit à l’arrière-plan.
Therese Schreiber
Peter Gölles
Elfriede Löhr
Albert Wandres
August Kraft
Ilse Unterdörfer
[Illustration, page 454]
Groupe de Témoins à l’assemblée de Shanghaï (Chine), en 1936; neuf d’entre eux se sont fait baptiser à cette occasion.
[Illustration, page 456]
Malgré l’interdiction de leur culte, ces Témoins ont tenu une assemblée à Hargrave Park, près de Sydney (Australie), en 1941.
[Illustration, page 458]
Témoins cubains réunis en assemblée à Cienfuegos en 1939.
[Illustration, page 459]
Nathan Knorr (à gauche) et Erich Kattner, qui lui servait d’interprète, à l’assemblée de São Paulo en 1945.
-
-
Partie 4 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terreLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 22
Partie 4 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
Alors que la Seconde Guerre mondiale faisait rage, les Témoins de Jéhovah se sont préparés à accomplir une activité accrue dès la fin du conflit. Le compte rendu des pages 462 à 501 donne des détails captivants sur ce qui s’est passé de 1945 à 1975 tandis que le nombre des Témoins augmentait, qu’ils atteignaient beaucoup plus de pays, et qu’ils prêchaient et enseignaient la Parole de Dieu plus à fond que jamais.
EN 1945, la plupart des îles des Antilles avaient déjà entendu dans une certaine mesure le message du Royaume. Mais le témoignage devait y être donné plus à fond. Les missionnaires formés à l’École de Galaad allaient beaucoup y contribuer.
Les missionnaires intensifient le témoignage donné aux Antilles
En 1960, ces missionnaires avaient prêché sur 27 îles ou archipels des Antilles. À leur arrivée, il n’y avait aucune congrégation de Témoins de Jéhovah sur la moitié de ces terres. Ils se sont mis à diriger des études bibliques au domicile des personnes bien disposées, et ils ont organisé des réunions régulières. Là où des congrégations étaient déjà établies, ils ont apporté une formation précieuse aux proclamateurs qui ont ainsi pu améliorer la qualité des réunions et l’efficacité de leur ministère.
Les Étudiants de la Bible avaient commencé à prêcher à la Trinité avant la Première Guerre mondiale, mais après la venue des missionnaires de Galaad en 1946, l’activité des études bibliques à domicile a reçu une forte impulsion. À la Jamaïque, la bonne nouvelle était prêchée depuis près d’un demi-siècle et les Témoins étaient un millier quand les premiers missionnaires sont arrivés. Toutefois, ils ont apprécié d’être aidés à parler aux gens plus instruits, notamment dans la banlieue de la capitale. Sur l’île d’Aruba, par contre, comme la population anglophone avait déjà souvent reçu le témoignage, les missionnaires ont dirigé leur attention sur les autochtones. Tout le monde devait entendre la bonne nouvelle.
Pour que les habitants de toutes les îles de cette région du globe puissent entendre parler du Royaume de Dieu, en 1948 la Société Watch Tower a équipé une goélette de 18 mètres, le Sibia, pour en faire une maison de missionnaires. L’équipage a été chargé de diffuser le message du Royaume sur chaque île des Antilles où personne ne prêchait la bonne nouvelle. Cet équipage se composait de Gust Maki, le capitaine, de Stanley Carter, de Ronald Parkin et d’Arthur Worsley. Ils se sont tout d’abord rendus sur les îles isolées de l’archipel des Bahamas, puis ont mis le cap au sud-est tout en parcourant les îles Sous-le-Vent et les îles du Vent. Leur prédication a-t-elle produit du fruit? Sur l’île de Saint-Martin, un commerçant leur a dit: “Les gens ne discutaient jamais de la Bible ici, mais depuis que vous êtes arrivés tout le monde en parle.” Par la suite, le Sibia a été remplacé par un bateau plus grand, le Light. On a également modifié la composition de l’équipage. En une dizaine d’années, l’activité spéciale accomplie avec ces bateaux a été menée à bon terme, et des proclamateurs de la bonne nouvelle résidant sur les îles l’ont poursuivie.
Ils prêchent tout d’abord dans les grandes villes
Comme aux Antilles, dans de nombreuses régions d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, certains habitants possédaient déjà des publications de la Société Watch Tower avant l’arrivée de missionnaires de l’École de Galaad. Cependant, pour faire connaître la bonne nouvelle à tout le monde et aider les gens sincères à devenir des disciples authentiques, la prédication devait être mieux organisée.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, il y avait quelques centaines de Témoins de Jéhovah en Argentine et au Brésil; trois mille environ au Mexique; quelques congrégations minuscules en Guyane britannique (aujourd’hui la Guyana), au Chili, en Guyane néerlandaise (aujourd’hui le Suriname), au Paraguay et en Uruguay; une poignée de prédicateurs en Colombie, au Guatemala et au Venezuela. Par contre, en Bolivie, en Équateur, au Honduras, au Nicaragua et au Salvador, il a fallu attendre l’arrivée de missionnaires formés à l’École de Galaad pour que l’activité des Témoins de Jéhovah prenne pied.
Dans un premier temps, les missionnaires ont accordé une attention spéciale aux principales agglomérations. Il est intéressant de noter qu’au Ier siècle, l’apôtre Paul a effectué une bonne partie de sa prédication dans les villes situées sur les grandes routes d’Asie Mineure et de Grèce. Il a passé 18 mois à enseigner la Parole de Dieu à Corinthe, l’une des plus grandes villes de la Grèce antique (Actes 18:1-11). Il a également proclamé le Royaume de Dieu pendant plus de deux ans à Éphèse, carrefour et pôle commercial du monde antique. — Actes 19:8-10; 20:31.
Pareillement, quand Edward Michalec et Harold Morris, missionnaires diplômés de Galaad, sont arrivés en Bolivie en 1945, ils n’ont pas cherché un endroit où le climat était le plus agréable. Dans un premier temps, ils ont plutôt accordé leur attention à La Paz, la capitale, située dans les Andes à environ 3 700 mètres d’altitude. Il est exténuant pour les nouveaux venus de remonter les rues escarpées à cette altitude; leur cœur bat souvent la chamade. Mais les missionnaires ont trouvé de nombreuses personnes intéressées par le message de la Bible. Il n’était pas rare qu’on leur dise: “Je suis catholique, mais je n’aime pas les prêtres.” Au bout de deux mois seulement, les deux missionnaires dirigeaient 41 études bibliques à domicile.
Au cours de la décennie suivante, comme d’autres missionnaires arrivaient et que le nombre de Témoins locaux augmentait, il a été possible de prêcher dans d’autres villes boliviennes: Cochabamba, Oruro, Santa Cruz, Sucre, Potosí et Tarija. Par la suite, l’intérêt a été dirigé sur des localités plus petites ainsi que sur les campagnes.
De même, en Colombie, les missionnaires ont commencé à prêcher de manière organisée dans la capitale, Bogotá, en 1945, et dans la ville côtière de Barranquilla l’année suivante. Après cela, Carthagène, Santa Marta, Cali et Medellín ont progressivement reçu le témoignage. Il était possible de rencontrer davantage de personnes en peu de temps en parcourant d’abord les grandes villes. Puis, avec l’aide de celles qui y découvraient la vérité, le message pouvait être transmis dans les régions avoisinantes.
Si les habitants d’une ville manifestaient très peu d’intérêt, les missionnaires étaient envoyés ailleurs. Ainsi, en Équateur, au milieu des années 50, alors que Carl Dochow prêchait depuis trois ans à Cuenca, dont les habitants se caractérisaient par leur fanatisme religieux, personne n’avait le courage d’y prendre position pour la vérité. Ce missionnaire a donc été déplacé à Machala, ville peuplée de gens tolérants et ouverts d’esprit. Dix ans plus tard, toutefois, les habitants de Cuenca se sont vu offrir une autre chance. Un état d’esprit différent y régnait, on a surmonté les obstacles, et en 1992 plus de 1 200 habitants étaient devenus Témoins de Jéhovah à Cuenca et dans ses environs, où ils étaient organisés en 25 congrégations.
Recherche patiente des “brebis”
Il a fallu beaucoup de patience pour rechercher les authentiques “brebis”. Au Suriname, pour les trouver les Témoins de Jéhovah ont prêché aux Amérindiens, aux Chinois, aux Indonésiens, aux Juifs, aux Libanais, aux descendants des colons néerlandais et aux tribus de Bosnegers, qui vivent dans la jungle et descendent d’esclaves fugitifs. Parmi ces gens, des centaines avaient vraiment faim de vérité. Certains ont dû s’affranchir de l’animisme et du spiritisme. Tel a été le cas de Paitu, un sorcier qui a pris à cœur le message de la Bible: il a jeté au fleuve ses idoles, ses amulettes et ses philtres (voir Deutéronome 7:25; 18:9-14; Actes 19:19, 20). En 1975, il s’est voué à Jéhovah, le vrai Dieu.
Beaucoup de Péruviens vivent dans de petits villages éparpillés dans les Andes et dans la jungle que traverse le cours supérieur de l’Amazone. Comment allait-on les atteindre? En 1971, des Témoins sont venus des États-Unis au Pérou pour voir leur fils missionnaire, Joe Leydig. Quand ils ont appris combien étaient nombreux les villages disséminés ici et là dans les vallées, l’intérêt qu’ils portaient à ces gens les a incités à faire quelque chose. Ils ont participé à l’achat d’un petit camping-car, puis de deux autres, ainsi que de motos tout terrain qui serviraient à aller prêcher dans ces régions reculées.
Malgré les efforts des prédicateurs, dans de nombreux endroits il semblait n’y avoir qu’un très petit nombre de personnes sensibles au message de la Bible. On imagine sans peine les sentiments des six jeunes missionnaires qui ont été envoyés à Barquisimeto (Venezuela) au début des années 50 quand, après avoir prêché diligemment pendant toute une année, ils n’ont observé pour ainsi dire aucun progrès. Certes, les gens étaient assez amicaux, mais la plupart étaient aussi très superstitieux et pensaient que c’était un péché de lire ne serait-ce qu’un verset de la Bible. Quiconque manifestait de l’intérêt était rapidement dissuadé par sa famille ou ses voisins (Mat. 13:19-21). Cependant, confiants qu’il se trouvait certainement quelques personnes comparables à des brebis à Barquisimeto et que Jéhovah les rassemblerait à son heure, les missionnaires ont continué d’aller de maison en maison. Quelle n’a pas été la joie de Penny Gavette quand, un jour, après l’avoir écoutée une femme aux cheveux gris lui a dit:
“Madame, depuis mon enfance, j’attends que quelqu’un se présente à ma porte pour m’expliquer les choses que vous venez de me dire. Vous savez, quand j’étais jeune, je faisais le ménage chez le prêtre, et il avait une Bible dans sa bibliothèque. Je savais que nous n’avions pas le droit de la lire, mais j’étais si curieuse de savoir pourquoi qu’un jour où personne n’était là je l’ai emportée chez moi et je l’ai parcourue en cachette. Ce que j’ai lu m’a fait comprendre que l’Église catholique ne nous avait pas enseigné la vérité et n’était donc pas la vraie religion. J’avais peur d’en parler à qui que ce soit, mais j’étais sûre qu’un jour ou l’autre ceux qui enseignent la vraie religion viendraient dans notre ville. Quand les protestants sont arrivés, au début j’ai cru que ce devait être eux, mais je me suis vite aperçue qu’ils enseignaient la plupart des mensonges de l’Église catholique. Par contre, ce que vous venez de me dire correspond à ce que j’ai lu dans la Bible il y a de nombreuses années.” Cette femme a accepté avec empressement d’étudier la Bible et elle est devenue Témoin de Jéhovah. Malgré l’opposition de sa famille, elle a servi Jéhovah fidèlement jusqu’à sa mort.
Il a fallu déployer beaucoup d’efforts pour rassembler en congrégations de telles personnes comparables à des brebis et pour les former afin qu’elles servent elles aussi Jéhovah. Par exemple, en Argentine, Rosendo Ojeda, de General San Martín, dans la province du Chaco, parcourait régulièrement une soixantaine de kilomètres pour diriger une réunion chez Alejandro Sozoñiuk, une personne bien disposée. Ce voyage, qui lui prenait souvent dix heures, il le faisait en partie à vélo et en partie à pied, parfois avec de l’eau jusqu’aux aisselles. Il a parcouru ce trajet une fois par mois pendant cinq ans, et restait une semaine à chaque fois pour prêcher dans la région. Ses efforts ont-ils été récompensés? Cela ne fait aucun doute pour lui, car ils ont permis la formation d’une congrégation dont les membres louent Jéhovah avec joie.
Une instruction en vue de la vie
Au Mexique, les Témoins de Jéhovah poursuivaient leur œuvre en respectant les lois sur les organisations culturelles dans ce pays. Leur objectif n’était pas simplement de tenir des réunions et d’y prononcer des discours. Ils voulaient qu’à l’exemple des Béréens du temps de l’apôtre Paul les personnes qu’ils enseignaient soient capables de ‘scruter les Écritures pour voir s’il en était bien ainsi’. (Actes 17:11.) Au Mexique, comme dans beaucoup d’autres pays, pour y parvenir, il fallait souvent apporter une aide particulière aux gens qui n’avaient pas été à l’école, mais qui aspiraient à lire eux-mêmes la Parole inspirée de Dieu.
Des cours dirigés par les Témoins de Jéhovah au Mexique ont aidé des dizaines de milliers de personnes à apprendre à lire et à écrire. Cette activité est appréciée par le ministère de l’Éducation et, en 1974, un directeur du Bureau général pour la formation des adultes a adressé à La Torre del Vigía de México, association civile utilisée par les Témoins de Jéhovah, une lettre où on pouvait lire ceci: “Je profite de l’occasion pour vous féliciter chaleureusement (...) de la coopération louable que votre association apporte année après année pour le bien de notre peuple.”
Tout en préparant les gens à vivre éternellement sous la domination du Royaume de Dieu, l’enseignement dispensé par les Témoins améliore également leur vie de famille dès à présent. En 1952, après avoir célébré plusieurs mariages de Témoins de Jéhovah, un juge d’El Salto, dans l’État de Durango, a déclaré: “Nous disons être de bons patriotes et de bons citoyens, mais nous n’arrivons pas à la cheville des Témoins de Jéhovah. Ils sont des exemples pour nous, car ils n’acceptent dans leur organisation personne qui vive maritalement, sans avoir fait légaliser son union. Quant à vous, qui êtes catholiques, vous menez presque tous une vie immorale et vous n’avez pas fait légaliser votre mariage.”
Ce programme d’enseignement aide également les gens à vivre ensemble en paix, à s’aimer les uns les autres au lieu de se haïr et de s’entre-tuer. Quand un Témoin a commencé à prêcher à Venado, dans l’État de Guanajuato, il s’est aperçu que les gens possédaient tous des fusils et des pistolets. Les querelles entraînaient la disparition de familles entières. Mais l’instruction biblique a entraîné de grands changements. Beaucoup ont vendu leurs armes pour s’acheter des Bibles. Dans la région, plus de 150 personnes sont bientôt devenues Témoins de Jéhovah. Figurément, elles ‘ont forgé leurs épées en socs de charrue’ et se sont mises à favoriser la paix. — Michée 4:3.
De nombreux Mexicains pieux ont pris à cœur ce que les Témoins de Jéhovah leur ont enseigné à partir de la Parole de Dieu. Ainsi, après la Seconde Guerre mondiale, le nombre des proclamateurs dans ce pays est passé de quelques milliers à 10 000, puis à 20 000, à 40 000, à 80 000 et davantage au fur et à mesure que les Témoins montraient à leurs semblables comment appliquer les conseils de la Parole de Dieu et l’enseigner à autrui.
Ils se réunissent malgré l’adversité
Alors que leur nombre augmentait, dans un pays après l’autre les Témoins de Jéhovah ont dû surmonter de grands obstacles pour tenir des assemblées en vue de dispenser l’instruction chrétienne. En Argentine, le gouvernement a interdit l’œuvre en 1950. Cependant, par obéissance à Dieu, ils n’ont pas cessé de prêcher ni de se rassembler. L’organisation des assemblées était nettement plus compliquée, mais elles avaient lieu.
Par exemple, fin 1953, frères Knorr et Henschel se sont rendus en Argentine pour desservir une série d’assemblées tenues à travers tout le pays. Frère Knorr y est entré par l’ouest, frère Henschel par le sud. Ils ont parlé à des groupes réunis dans des fermes, dans un verger, en pique-nique près d’un torrent de montagne et dans des foyers privés. Ils ont souvent dû parcourir de longues distances pour aller d’un endroit à l’autre. Une fois arrivés à Buenos Aires, ils ont pris l’un après l’autre la parole dans neuf endroits un certain jour, et dans onze foyers le lendemain. À tous les deux, ils s’étaient adressés à 56 groupes, soit à une assistance totale de 2 505 personnes. C’était un programme exténuant, mais ils étaient heureux de servir leurs frères de cette façon.
En vue de tenir une assemblée en Colombie en 1955, les Témoins ont réservé une salle à Barranquilla. Mais, sous l’influence de l’évêque, le maire et le gouverneur ont fait en sorte que la réservation soit annulée. Bien qu’ils n’en aient été informés que la veille de l’assemblée, les Témoins ont pris des dispositions pour tenir celle-ci dans la propriété de la filiale de la Société. Mais, le premier jour, alors que la session du soir débutait, des policiers armés qui avaient reçu l’ordre de disperser l’assemblée sont arrivés sur les lieux. Les Témoins ont agi avec détermination. Ils ont fait appel auprès du maire le lendemain matin; le secrétaire de ce dernier a présenté des excuses, et près de 1 000 personnes se sont serrées sur le terrain de la Société pour le dernier jour de cette assemblée “Le Royaume triomphant”. Malgré l’opposition, les frères ont ainsi pu être fortifiés par les conseils d’ordre spirituel dont ils avaient besoin.
Ils servent là où le besoin est particulièrement grand
La moisson était grande, et il y avait un besoin considérable d’ouvriers en Amérique latine, comme en de nombreux autres lieux. En 1957, lors des assemblées tenues dans le monde entier, les Témoins de Jéhovah mûrs sur le plan spirituel, avec ou sans famille à charge, ont été encouragés à se déplacer dans des régions où le besoin était particulièrement grand en vue de s’y installer et d’y effectuer leur ministère. Le même encouragement a été redonné de diverses façons par la suite. Cette invitation rappelait celle que Dieu a adressée à l’apôtre Paul en lui montrant en vision un homme qui lui faisait cette supplication: “Passe en Macédoine et viens à notre aide.” (Actes 16:9, 10). Quelle réponse les serviteurs de Jéhovah ont-ils donnée à l’invitation faite à notre époque? Ils se sont offerts volontairement. — Ps. 110:3.
Quand on a de jeunes enfants, il faut beaucoup de foi pour se déraciner, quitter ses proches, son foyer et son emploi afin de se rendre dans un environnement complètement nouveau. Un tel déplacement oblige parfois à accepter un niveau de vie très différent et, dans certains cas, à apprendre une nouvelle langue. Pourtant, des milliers de Témoins, seuls ou chargés de famille, se sont déplacés pour aider autrui à découvrir les dispositions empreintes d’amour que Jéhovah a prises en vue de la vie éternelle.
Sans tarder, un certain nombre de Témoins de Jéhovah ont déménagé à la fin des années 50; d’autres l’ont fait dans les années 60; davantage encore dans les années 70. Et ce déplacement de Témoins vers des régions où le besoin est particulièrement grand s’est poursuivi jusqu’à aujourd’hui.
D’où étaient-ils originaires? Un grand nombre d’Australie, du Canada, des États-Unis et de Nouvelle-Zélande. Beaucoup d’Allemagne, de France et de Grande-Bretagne. D’autres également d’Autriche, de Belgique, de la République de Corée, du Danemark, d’Espagne, de Finlande, d’Italie, du Japon, de Norvège, de Suède et de Suisse, pour ne citer que ces pays-là. Au fur et à mesure que le nombre des Témoins de Jéhovah a augmenté en Argentine, au Brésil, au Mexique et dans d’autres pays d’Amérique latine, eux aussi ont fourni des ouvriers désireux de se rendre dans d’autres pays où le besoin est grand. Pareillement, en Afrique, des ouvriers zélés se sont déplacés d’un pays à l’autre pour participer à la diffusion du témoignage.
Où sont-ils allés? Dans des pays comme l’Afghanistan, la Malaisie, le Sénégal et sur des îles comme la Réunion et Sainte-Lucie. Un millier de prédicateurs sont allés s’installer en Irlande, où ils sont restés pendant des périodes plus ou moins longues. Un nombre considérable se sont rendus en Islande, malgré ses hivers longs et ténébreux, et certains y sont demeurés, sont devenus des piliers dans les congrégations et ont aidé les nouveaux avec amour. En Amérique centrale et en Amérique du Sud notamment, un grand soutien a été apporté. Plus de 1 000 Témoins se sont déplacés en Colombie, plus de 870 en Équateur et plus de 110 au Salvador.
Harold et Anne Zimmerman figurent au nombre de ceux qui se sont déplacés. Ils avaient déjà été enseignants-missionnaires en Éthiopie. Pourtant, en 1959, quand ils ont fait leurs derniers préparatifs en vue de se rendre des États-Unis en Colombie pour participer à la proclamation du message du Royaume, ils élevaient quatre enfants, âgés de cinq mois à cinq ans. Harold est parti le premier pour chercher du travail. À son arrivée, les nouvelles locales l’ont préoccupé. Une guerre civile ignorée du reste du monde était en cours, et des massacres se perpétraient à l’intérieur du pays. ‘Est-ce que je veux vraiment amener ma famille ici pour vivre dans de telles conditions?’ s’est-il demandé. Il a essayé de se rappeler des exemples ou des principes bibliques susceptibles de le guider. C’est alors qu’il a repensé au récit biblique concernant les espions craintifs qui, à leur retour dans le camp d’Israël, ont fait un rapport défaitiste concernant la Terre promise (Nomb. 13:25 à 14:4, 11). Cette réflexion l’a aidé à prendre une décision; il ne voulait pas leur ressembler. Il s’est rapidement arrangé pour que sa famille le rejoigne. C’est seulement lorsqu’il ne lui restait plus que trois dollars qu’il a trouvé l’emploi dont il avait besoin, mais sa famille a toujours eu les choses indispensables pour vivre. Le temps qu’il a dû consacrer à son travail pour subvenir aux besoins de sa famille a varié au fil des ans, mais il s’est toujours efforcé d’accorder la première place à la cause du Royaume. Quand ils sont arrivés en Colombie, il y avait environ 1 400 Témoins dans ce pays. Quel accroissement prodigieux ils ont vu depuis lors!
Il n’est pas toujours nécessaire de s’expatrier pour servir là où le besoin est particulièrement grand. Des milliers de Témoins seuls ou avec une famille sont allés s’installer dans d’autres régions de leur propre pays. Au Brésil, une famille de l’État de Bahia s’est installée à Prado, ville où il n’y avait aucun Témoin. Malgré l’opposition du clergé, ils ont vécu et prêché dans cette ville et ses alentours pendant trois ans. Un bâtiment abandonné a été racheté à l’Église et transformé en Salle du Royaume. Peu après, il y avait plus de cent Témoins actifs dans la région. Et ce n’était qu’un début.
En Amérique latine, un nombre toujours plus grand de personnes éprises de justice acceptaient cette invitation consignée au Psaume 148: ‘Louez Jah! Louez Jéhovah depuis la terre, vous tous, groupements nationaux.’ (Vv. Ps 148:1, 7-11). Ainsi, en 1975, il y avait dans tous les pays d’Amérique latine des personnes qui louaient Jéhovah. Le rapport pour cette année-là montrait qu’elles étaient 80 481 organisées en 2 998 congrégations à le servir au Mexique. En Amérique centrale, 24 703 prédicateurs constitués en 462 congrégations parlaient de sa royauté. Et en Amérique du Sud, ils étaient 206 457 répartis en 3 620 congrégations à le louer publiquement.
La bonne nouvelle atteint les îles du Pacifique
Tandis qu’ils enregistraient un accroissement rapide en Amérique du Sud, les Témoins de Jéhovah dirigeaient aussi leur attention vers les îles du Pacifique. Il en existe des centaines, dispersées entre l’Australie et les Amériques, dont beaucoup émergent tout juste de l’océan. Certaines ne sont peuplées que par quelques familles; d’autres, par des dizaines de milliers de personnes. Au début des années 50, à cause des préjugés des autorités, la Société Watch Tower ne pouvait pas envoyer de missionnaires dans nombre de ces îles. Pourtant, leurs habitants avaient eux aussi besoin d’entendre parler de Jéhovah et de son Royaume, conformément à cette prophétie consignée en Ésaïe 42:10-12: “Chantez à Jéhovah un chant nouveau, sa louange, depuis l’extrémité de la terre, (...) que dans les îles on annonce sa louange!” C’est pourquoi, en 1951, à l’assemblée de Sydney (Australie), les pionniers et les surveillants de circonscription qui étaient prêts à participer à la proclamation du message du Royaume sur les îles ont été invités à se réunir avec frère Knorr. Une trentaine de prédicateurs se sont portés volontaires pour aller prêcher sur ces îles des tropiques.
Parmi eux se trouvaient Tom et Rowena Kitto, qui se sont vite retrouvés en Papouasie, où il n’y avait aucun Témoin à l’époque. Ils ont commencé à prêcher aux Européens de Port Moresby. Peu après, ils passaient des soirées à Hanuabada, le “Grand Village”, avec un groupe de 30 à 40 Papous affamés de vérité. Par leur intermédiaire, le message a atteint d’autres villages. Sans tarder, les Kerema ont envoyé une délégation pour demander que quelqu’un vienne étudier la Bible avec eux. Puis c’est un chef de Haima qui est arrivé pour faire cette requête: “Venez, s’il vous plaît, enseigner la vérité à mon peuple.” Et c’est ainsi qu’elle s’est répandue dans le pays.
John et Ellen Hubler, un autre couple, sont allés en Nouvelle-Calédonie pour y inaugurer l’œuvre. À leur arrivée, en 1954, ils n’avaient que des visas de tourisme valables un mois. Mais John a trouvé un emploi, et cela l’a aidé à obtenir une prolongation. Avec le temps, d’autres Témoins — 31 en tout — les ont rejoints. Au début, ils ont accompli leur ministère dans des régions reculées, afin de ne pas trop attirer l’attention. Par la suite, ils ont commencé à prêcher dans la capitale, Nouméa, et une congrégation a vu le jour. Puis, en 1959, un membre de l’Action catholique a été nommé à un poste clé dans l’administration, et plus aucun renouvellement de visa n’a été accordé aux Témoins. Les Hubler ont dû partir. Les publications de la Société Watch Tower ont été interdites. Malgré tout, la bonne nouvelle du Royaume avait pris pied, et le nombre des Témoins a continué d’augmenter.
À Tahiti, de nombreuses personnes avaient manifesté de l’intérêt pour l’œuvre des Témoins de Jéhovah quand des prédicateurs y étaient passés. Toutefois, en 1957 il n’y avait aucun Témoin sur cette île, leur œuvre y était interdite et les missionnaires de la Société Watch Tower n’y étaient pas acceptés. Cependant, Agnes Schenck, une Tahitienne qui vivait alors aux États-Unis, était devenue Témoin de Jéhovah et lorsqu’elle a appris qu’il y avait besoin de prédicateurs du Royaume à Tahiti, elle, son mari et leur fils ont décidé de s’y rendre. Ils ont pris le bateau en Californie en mai 1958. Peu après, deux autres familles les ont rejoints, quoiqu’elles n’aient pu obtenir que des visas de tourisme de trois mois. L’année suivante, une congrégation a été formée à Papeete, et en 1960 le gouvernement du territoire a reconnu une association locale des Témoins de Jéhovah.
Deux sœurs missionnaires qui retournaient dans leur territoire se sont arrêtées chez une parente sur l’île de Niue afin d’y faire connaître le message du Royaume. Le mois qu’elles ont passé sur cette île a été très fructueux; elles y ont rencontré de nombreuses personnes bien disposées. Mais quand le bateau qui assurait la liaison entre les îles est arrivé, elles ont dû repartir. Cependant, peu après, Seremaia Raibe, un Fidjien, a obtenu un contrat de travail avec le ministère des Travaux publics à Niue, et il a profité de son temps libre pour prêcher. Malheureusement, à l’instigation du clergé, le permis de séjour de frère Raibe a été annulé au bout de quelques mois, et en septembre 1961 l’Assemblée législative a décidé de ne plus autoriser aucun Témoin de Jéhovah à entrer dans le pays. Malgré tout, la bonne nouvelle a continué d’y être prêchée. Par quel moyen? Les Témoins locaux, bien qu’ils aient appris la vérité depuis peu, ont persévéré dans le service de Jéhovah. De plus, le gouvernement avait déjà accepté d’embaucher William Lovini, un natif du pays, qui vivait en Nouvelle-Zélande. Pourquoi tenait-il à retourner à Niue? Parce qu’il était devenu Témoin de Jéhovah et voulait servir là où le besoin était grand. En 1964, le nombre des Témoins s’élevait à 34 sur cette île.
En 1973, David Wolfgramm, un Tongan, sa femme et leurs huit enfants vivaient dans une maison confortable en Nouvelle-Zélande. Mais ils ont abandonné ces conditions agréables et se sont rendus sur l’archipel Tonga pour y promouvoir les intérêts du Royaume. Ils ont contribué à étendre l’œuvre sur ces îles, dont une trentaine sont habitées.
Il a fallu beaucoup de temps, d’énergie et d’argent pour atteindre les îles. Mais les Témoins de Jéhovah accordent un grand prix à la vie de leurs semblables et ne sont pas chiches de leurs efforts pour les aider à profiter des dispositions que Jéhovah a prises avec amour afin que les humains puissent vivre éternellement dans le monde nouveau.
Une famille qui a vendu sa ferme en Australie pour aller s’installer sur une île du Pacifique a exprimé ses sentiments en ces termes: “Entendre ces insulaires dire qu’ils en sont venus à connaître Jéhovah et appeler nos enfants leurs enfants parce qu’ils les aiment à cause de la vérité, constater que l’intérêt pour le Royaume s’accroît et que le nombre d’assistants aux réunions augmente, entendre ces gens charmants dire: ‘Mes enfants se marieront seulement dans le Seigneur’, alors qu’ils ont hérité de traditions séculaires et que les mariages se font habituellement à la mode orientale, les voir régulariser leur situation conjugale et dénouer les embrouillaminis familiaux, (...) s’apercevoir qu’ils étudient tout en gardant le bétail sur le bord de la route ou après avoir effectué un travail éreintant dans les rizières, apprendre qu’ils dévoilent la fausseté de l’idolâtrie et parlent de la beauté du nom de Jéhovah à la boutique du village et en d’autres endroits, entendre une mère de famille indienne assez âgée vous appeler frère et sœur et demander à vous accompagner pour parler aux gens du vrai Dieu (...) — tout cela représente une inestimable récompense que nous avons reçue pour avoir répondu à l’appel venu du Pacifique Sud.”
Ces insulaires du Pacifique n’ont toutefois pas été les seuls à recevoir de l’aide. À partir de 1964, on a invité des pionniers philippins expérimentés à prêter main-forte aux missionnaires zélés qui étaient déjà à l’œuvre en République de Corée, à Hong-Kong, en Indonésie, au Laos, en Malaisie, à Taïwan, en Thaïlande et au Viêt Nam.
L’opposition de la famille et de l’entourage
Quand quelqu’un décide de devenir Témoin de Jéhovah, sa décision n’est pas toujours considérée par sa famille et son entourage comme une simple question de choix personnel. — Mat. 10:34-36; 1 Pierre 4:4.
La plupart de ceux qui sont devenus Témoins de Jéhovah à Hong-Kong étaient jeunes. Mais ils ont été mis à rude épreuve dans un système où les hautes études et les emplois bien rémunérés sont une priorité. Les parents voient en leurs enfants un investissement qui leur assurera de vieux jours tranquilles. Ainsi, quand les parents d’un jeune homme habitant Kwuntong ont compris que leur fils gagnerait moins d’argent parce qu’il étudiait la Bible, assistait aux réunions et prêchait, ils se sont farouchement opposés à lui. Son père l’a poursuivi avec un couperet; sa mère lui a craché dessus en public. Ils n’ont pour ainsi dire pas cessé de l’insulter pendant des mois. Un jour, il leur a posé cette question: “Ne m’avez-vous pas élevé par amour?” “Non, pour l’argent!” telle a été leur réponse. Malgré tout, le jeune homme a continué de mettre le culte de Jéhovah à la première place dans sa vie; mais quand il a quitté la maison, il n’a pas pour autant cessé d’aider financièrement ses parents au mieux de ses possibilités, car il savait que cela ne manquerait pas de plaire à Jéhovah. — Mat. 15:3-9; 19:19.
Dans les sociétés très soudées, les difficultés ne viennent pas uniquement de la famille proche. C’est ce qu’a constaté Fuaiupolu Pele, aux Samoa occidentales. Il était impensable pour les gens qu’un Samoan rejette les coutumes et la religion de ses ancêtres, et Pele savait qu’on lui demanderait des comptes. Il a donc étudié assidûment et prié Jéhovah avec ferveur. Quand il a été convoqué par le grand chef de la famille à une réunion tenue à Faleasiu, il s’est retrouvé en face de six chefs, de trois hommes de loi, de dix pasteurs, de deux enseignants en théologie, du grand chef qui présidait, ainsi que d’hommes et de femmes âgés de la famille. Ils l’ont maudit et dénigré, lui et un autre membre de la famille qui s’intéressait au message des Témoins de Jéhovah. Un débat a suivi; il a duré jusqu’à 4 heures du matin. Certains étaient irrités de voir Pele utiliser la Bible, et ils hurlaient: “Ne t’occupe pas de la Bible! Laisse cette Bible de côté!” Mais, à la fin, le grand chef a dit d’une voix faible: “Tu as gagné, Pele.” Mais celui-ci a répondu: “Veuillez m’excuser, Monsieur, mais je n’ai pas gagné. Cette nuit, vous avez entendu le message du Royaume. J’espère sincèrement que vous lui obéirez.”
Quand le clergé s’oppose farouchement
Les missionnaires de la chrétienté étaient arrivés dans les îles du Pacifique dans les années 1800. En de nombreux endroits, cette arrivée s’était faite pacifiquement; ailleurs, ils avaient été soutenus militairement. Dans certaines régions, ils s’étaient partagé les îles entre eux dans le cadre d’un “accord à l’amiable”. Mais il y avait eu aussi des guerres de religion, dans lesquelles catholiques et protestants s’étaient battus pour avoir la mainmise sur des territoires. Ces “bergers” religieux, les ecclésiastiques, cherchaient maintenant par tous les moyens à empêcher les Témoins de Jéhovah de pénétrer dans ce qu’ils considéraient comme leur domaine réservé. Dans certains cas, ils ont incité les autorités à expulser les Témoins de quelques îles. Dans d’autres, ils ont fait eux-mêmes la loi.
Sur l’île de Nouvelle-Bretagne, dans le village de Vunabal, plusieurs membres de la tribu Sulka ont manifesté un grand intérêt pour la vérité biblique. Mais un dimanche de 1959, alors que John Davison étudiait la Bible avec eux, une foule de catholiques, sous la direction du catéchiste, a fait irruption dans la maison et a interrompu l’étude en recourant à des violences verbales et physiques. Les faits ont été signalés à la police à Kokopo.
Au lieu d’abandonner les “brebis”, les Témoins sont revenus la semaine suivante pour continuer à fournir une aide spirituelle aux personnes qui appréciaient la vérité à Vunabal. Le prêtre était là lui aussi, quoique les villageois ne l’aient pas invité, accompagné de plusieurs centaines de catholiques d’une autre tribu. Après avoir été excités par cet ecclésiastique, ceux-ci ont insulté les Témoins, leur ont craché dessus, les ont menacés du poing et ont déchiré les Bibles des villageois sous les yeux du prêtre qui restait les bras croisés et souriait. Les policiers, qui s’efforçaient de rétablir l’ordre, étaient visiblement outrés, et de nombreux villageois ont eu peur également. Mais au moins l’un d’entre eux s’est montré courageux et a pris position pour ce qu’il savait être la vérité. Depuis, des centaines de personnes ont fait de même sur cette île.
Il ne faut toutefois pas en déduire que tous les enseignants religieux ont conçu de l’inimitié pour les Témoins de Jéhovah. Aux îles Salomon, Shem Irofaʼalu s’est senti redevable envers ceux qui le considéraient comme leur guide religieux. Après avoir lu le livre Du paradis perdu au paradis reconquis, publié par la Société Watch Tower, il a compris qu’on lui avait menti. Lui et les chefs religieux placés sous son autorité ont eu des discussions avec les Témoins, ont posé des questions et ont consulté les versets cités dans la Bible. Ils ont ensuite tous décidé de devenir Témoins de Jéhovah, si bien qu’ils ont transformé les églises de 28 villages en Salles du Royaume.
Un torrent de vérité inonde l’Afrique
En particulier, dès le début des années 20, de grands efforts ont été fournis pour que dans toute l’Afrique les gens aient la possibilité de connaître Jéhovah, le vrai Dieu, et de bénéficier ainsi de ses dispositions empreintes d’amour. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y avait des Témoins de Jéhovah actifs dans 14 pays de ce continent. Le message du Royaume en avait atteint 14 autres, mais aucun Témoin n’y remettait de rapport d’activité en 1945. Au cours des 30 années suivantes, jusqu’en 1975, la prédication de la bonne nouvelle s’est étendue à 19 pays supplémentaires. Dans presque tous ces pays, ainsi que sur les îles qui entourent l’Afrique, des congrégations ont commencé à voir le jour — dans certains pays quelques-unes, plus d’un millier en Zambie et près de deux mille au Nigeria. Comment ce résultat a-t-il été atteint?
Le message du Royaume ressemble aux eaux impétueuses d’un torrent. Elles coulent essentiellement dans le lit du cours d’eau, bien qu’une partie puisse déborder sur les rives; et si un obstacle obstrue leur passage, elles en trouvent un autre, ou bien elles s’accumulent jusqu’à déferler par-dessus.
Selon ses méthodes, la Société Watch Tower a envoyé des ministres à plein temps — pionniers, pionniers spéciaux et missionnaires — dans les pays où la prédication était à ses débuts, voire inexistante. Partout où ils sont allés, ces prédicateurs ont invité les gens à “prendre l’eau de la vie, gratuitement”. (Rév. 22:17.) Par exemple, en Afrique du Nord, quatre pionniers spéciaux français ont lancé cette invitation en Algérie, en 1952. Une diseuse de bonne aventure n’a pas tardé à accepter la vérité; elle a compris qu’il lui fallait abandonner son activité professionnelle pour plaire à Jéhovah, et elle s’est mise à prêcher à ses anciens clients (Deut. 18:10-12). Les pionniers ont utilisé efficacement le livre “Que Dieu soit reconnu pour vrai!” pour aider les gens sincères à discerner la différence entre la Sainte Bible et la tradition religieuse. Il s’agissait d’un instrument si puissant pour affranchir les gens des pratiques de la fausse religion qu’un jour un ecclésiastique a brandi ce livre en chaire et a prononcé une malédiction sur lui, sur ceux qui le distribuaient et sur ceux qui le lisaient.
En 1954, un missionnaire a été expulsé d’Espagne, pays catholique, parce qu’il enseignait la Bible sans avoir reçu l’aval du clergé; l’année suivante, lui et son compagnon de service sont donc partis prêcher au Maroc. Ils n’ont pas tardé à être rejoints par une famille de cinq Témoins de Jéhovah qui avait été expulsée de Tunisie, où de graves troubles s’étaient produits parce qu’un couple juif avait accepté Jésus comme le Messie et s’était rapidement mis à parler à autrui de sa nouvelle foi. Plus au sud, des pionniers ghanéens ont été envoyés au Mali en 1962. Par la suite, on a invité également des pionniers français qui prêchaient en Algérie à apporter leur aide au Mali. Nombre de ceux qui sont devenus Témoins ont à leur tour entrepris le service à plein temps. En 1966, huit pionniers spéciaux du Nigeria se sont rendus au Niger, pays à la population clairsemée qui comprend une partie du Sahara. Le Burundi a aussi eu l’occasion d’entendre le message du Royaume, car deux pionniers spéciaux originaires de Rhodésie du Nord (aujourd’hui la Zambie) y ont été envoyés en 1963, après quoi quatre missionnaires formés à l’École de Galaad les ont rejoints.
Au début des années 50, il y avait aussi des missionnaires en Éthiopie. Le gouvernement éthiopien exigeait qu’ils ouvrent une mission officielle et donnent des cours, ce qu’ils ont fait. Mais, en plus, ils ont diligemment enseigné la Bible, et des gens n’ont pas tardé à affluer chaque jour à la maison de missionnaires pour demander que quelqu’un les aide à comprendre la Bible. Durant les trois décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, 39 pays du continent africain ont bénéficié de l’aide de missionnaires formés à Galaad.
Dans le même temps, les eaux de la vérité se déversaient dans les régions desséchées sur le plan spirituel grâce aux Témoins de Jéhovah qui côtoyaient d’autres personnes dans le cadre de leur travail. Ainsi, des Témoins égyptiens qui ont dû se rendre en Libye pour des raisons professionnelles en 1950 ont prêché avec zèle pendant leur temps libre. Cette même année, un Témoin, marchand de laine, a quitté l’Égypte avec sa famille pour s’installer à Khartoum, au Soudan. Il prêchait à ses clients avant de leur parler affaires. L’un des premiers Témoins qui aient prêché au Sénégal (à l’époque une partie de l’Afrique-Occidentale française) y est arrivé en 1951 comme représentant d’une société commerciale. Il était en même temps conscient des responsabilités qui lui incombaient en qualité de Témoin du Très-Haut. En 1959, pour des raisons professionnelles, un Témoin est allé à Fort-Lamy (aujourd’hui Ndjamena), dans ce qui est devenu plus tard le Tchad, et il en a profité pour faire connaître le message du Royaume dans ce pays. Dans les pays limitrophes du Niger se trouvaient des commerçants Témoins de Jéhovah; ainsi, tandis que des pionniers spéciaux se dépensaient au Niger après 1966, ces commerçants prêchaient aux Nigériens avec qui ils étaient en affaires. Par ailleurs, deux sœurs dont les maris sont allés travailler en Mauritanie en 1966 ont saisi l’occasion de prêcher dans ce pays.
Les gens qui étaient désaltérés par “l’eau de la vie” en faisaient profiter d’autres. Ainsi, en 1947, un homme qui avait assisté à quelques réunions, mais qui n’était pas lui-même Témoin de Jéhovah, a déménagé du Cameroun en Oubangui-Chari (aujourd’hui la République centrafricaine). Quand il a entendu parler d’un habitant de Bangui qui s’intéressait beaucoup à la Bible, il a aimablement fait en sorte que le bureau suisse de la Société Watch Tower lui envoie un livre. Il s’agissait d’Étienne Nkounkou, qui s’est alors délecté de l’excellente nourriture spirituelle contenue dans cet ouvrage, et chaque semaine il en lisait une partie à un groupe de personnes qui s’intéressaient également à la Bible. Ils ont pris contact avec le siège mondial de la Société et, leur connaissance augmentant, ce groupe d’étude est devenu également un groupe de prédicateurs. Bien que le gouvernement ait, à l’instigation du clergé, interdit les publications de la Société Watch Tower, ces nouveaux Témoins ont continué à prêcher avec la Bible uniquement. Comme les habitants de ce pays aiment discuter de ce livre, lorsque l’interdiction de certaines des publications de la Société a été levée en 1957, les Témoins étaient déjà plus de 500.
Face aux obstacles
Quand des obstacles ont entravé le cours de l’eau vivifiante, elle s’est rapidement frayé un autre chemin. En 1949, Ayité Sessi, un pionnier originaire du Dahomey (aujourd’hui le Bénin), prêchait depuis peu au Togo français (aujourd’hui le Togo) lorsque le gouvernement l’a obligé à partir. Mais l’année suivante, Akakpo Agbetor, un ancien boxeur originaire du Togo, y est retourné avec son frère. Comme il s’agissait de son pays natal, il a pu prêcher assez librement, et même tenir des réunions. Bien que les pionniers qui avaient été envoyés sur l’île Fernando Poo (aujourd’hui rattachée à la Guinée équatoriale) vers 1950 aient été expulsés rapidement à cause de l’intolérance religieuse, par la suite d’autres Témoins sont parvenus à obtenir des contrats de travail qui leur ont permis de vivre sur cette île. Et, bien sûr, en obéissance au commandement de Jésus, ils y ont prêché. — Marc 13:10.
Emmanuel Mama, surveillant de circonscription ghanéen, a été envoyé en Haute-Volta (aujourd’hui le Burkina Faso) pour quelques semaines en 1959 et il lui a été possible de prêcher intensément à Ouagadougou, la capitale. Il n’y avait cependant aucun Témoin dans le pays. Quatre ans plus tard, sept Témoins originaires du Togo, du Dahomey (aujourd’hui le Bénin) et du Congo se sont installés à Ouagadougou et y ont cherché du travail, afin de pouvoir prêcher dans le pays. Quelques mois plus tard, ils ont été rejoints par plusieurs pionniers spéciaux ghanéens. En 1964 cependant, à l’instigation du clergé, alors que les Témoins étaient dans le pays depuis moins d’un an, les autorités les ont arrêtés, détenus pendant 13 jours, puis expulsés du pays. Les efforts de ces Témoins avaient-ils été vains? Emmanuel Johnson, un habitant du pays, avait appris où trouver la vérité biblique. Il a continué à étudier avec les Témoins de Jéhovah par courrier, et s’est fait baptiser en 1969. Oui, l’œuvre du Royaume avait pris pied dans un pays de plus.
Quand une demande de visas a été déposée pour que des missionnaires formés à Galaad puissent entrer en Côte d’Ivoire, les autorités françaises ont refusé de les accorder. C’est pourquoi, en 1950, Alfred Shooter, de la Côte de l’Or (aujourd’hui le Ghana), a été envoyé dans la capitale de la Côte d’Ivoire comme pionnier. Lorsqu’il y a été installé, sa femme l’a rejoint, et quelques mois plus tard un couple de missionnaires, Gabriel et Florence Paterson, sont arrivés. Mais des difficultés ont surgi. Leurs publications ont été saisies parce qu’elles n’avaient pas été approuvées par le gouvernement, et ils se sont vu infliger une amende. Toutefois, par la suite, ils ont vu leurs livres sur la place du marché. Ils les ont donc rachetés et en ont fait bon usage.
Dans le même temps, ces Témoins se sont rendus dans de nombreuses administrations pour essayer d’obtenir des visas permanents. M. Houphouët-Boigny, qui est devenu plus tard président de la Côte d’Ivoire, leur a offert son aide. “La vérité, a-t-il observé, ne connaît pas de frontières. Elle ressemble à un torrent; endiguez-le et il submergera ses digues.” Quand un prêtre catholique et un pasteur méthodiste ont essayé de nuire aux Témoins, Ouezzin Coulibaly, un député, a dit: “Je représente le peuple de ce pays. Nous sommes le peuple et nous aimons les Témoins de Jéhovah. Nous souhaitons donc qu’ils restent dans notre pays.”
Des disciples clairvoyants
Lorsqu’il a ordonné de ‘faire des disciples de gens de toutes les nations’, Jésus Christ a également dit qu’il faudrait baptiser ceux qui deviendraient ses disciples — qui croiraient à ses enseignements et les mettraient en pratique (Mat. 28:19, 20). Conformément à ce commandement, des dispositions sont prises pour que les nouveaux disciples puissent se faire baptiser lors des assemblées que les Témoins de Jéhovah tiennent périodiquement. Le nombre des baptisés à chacun de ces rassemblements est parfois relativement réduit. Mais, à une assemblée organisée au Nigeria en 1970, 3 775 nouveaux Témoins ont été immergés dans l’eau. L’objectif, toutefois, n’est pas de baptiser les masses.
Quand, en 1956, on s’est aperçu que certains se faisaient baptiser en Côte de l’Or alors qu’ils n’avaient pas édifié leur foi sur un bon fondement, on a décidé de s’intéresser de plus près aux candidats au baptême. Les surveillants des congrégations de ce pays ont été chargés de s’entretenir personnellement avec chaque candidat au baptême pour s’assurer qu’il comprenait bien les vérités fondamentales de la Bible, qu’il menait une vie conforme aux normes bibliques et qu’il comprenait clairement les obligations qui sont celles d’un Témoin de Jéhovah voué et baptisé. Par la suite, une disposition semblable a pris effet dans le monde entier. Une liste détaillée des enseignements fondamentaux de la Bible à examiner avec les candidats au baptême est parue en 1967 dans le livre “Ta Parole est une lampe pour mon pied”. Après des années d’expérience, une liste affinée a été publiée en 1983 dans le livre Organisés pour bien remplir notre ministère.
Ces dispositions prenaient-elles en compte les besoins des gens qui n’avaient que peu ou pas d’instruction scolaire?
Lutte contre l’analphabétisme
En 1957, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture estimait que, dans le monde entier, environ 44 % des personnes de plus de 15 ans ne savaient ni lire ni écrire. Selon un rapport, dans 42 pays d’Afrique, 2 pays des Amériques, 28 pays d’Asie et 4 pays de l’Océanie, 75 % des adultes étaient analphabètes. Pourtant, eux aussi devaient avoir la possibilité d’apprendre les lois divines en vue de se préparer à être des sujets de son Royaume. Beaucoup d’illettrés avaient l’esprit vif et étaient capables de mémoriser la plus grande partie de ce qu’ils entendaient, mais ils n’étaient pas en mesure de lire eux-mêmes la précieuse Parole de Dieu ni d’utiliser les manuels d’étude biblique.
Depuis des années, les Témoins apportaient une aide personnelle aux gens qui voulaient apprendre à lire. Toutefois, en 1949 et en 1950, ils ont inauguré dans de nombreux pays d’Afrique des classes de lecture dans chaque congrégation. Ces cours étaient généralement donnés dans les Salles du Royaume, et, dans certains endroits, tout le village y était invité.
Là où les autorités avaient mis en place un programme d’alphabétisation, les Témoins de Jéhovah ont été heureux de soutenir cette disposition. Mais dans de nombreuses régions, ils ont dû rédiger et utiliser leurs propres manuels d’enseignement. Les cours dirigés par les Témoins de Jéhovah ont aidé des dizaines de milliers de gens, dont des milliers de femmes et de personnes âgées, à apprendre à lire et à écrire. En raison de la conception des cours, non seulement ils ont appris à lire et à écrire, mais dans le même temps ils se sont familiarisés avec les vérités fondamentales de la Sainte Parole de Dieu. Cet enseignement les a formés pour participer à l’œuvre consistant à faire des disciples, œuvre ordonnée par Jésus. Le désir de prendre part efficacement à cette œuvre en a incité beaucoup à faire de vigoureux efforts pour apprendre à lire.
Au Dahomey (aujourd’hui le Bénin), pays d’Afrique occidentale, un Témoin baptisé depuis peu qui s’était fait éconduire par un homme parce qu’il ne savait pas lire a pris la résolution de surmonter cette difficulté. En plus d’assister aux cours d’alphabétisation, il a beaucoup travaillé personnellement. Six semaines plus tard, il a rendu visite au même homme; celui-ci a été tellement étonné de l’entendre, lui qui était peu auparavant analphabète, lire des passages de la Parole de Dieu qu’il s’est intéressé au message. Certains de ceux qui ont été instruits dans ces classes d’alphabétisation sont même devenus par la suite surveillants itinérants, et ont donc reçu la responsabilité d’enseigner plusieurs congrégations. C’est le cas d’Ezekiel Ovbiagele, au Nigeria.
Enseignement au moyen de projections de films et de diapositives
Afin d’aider les personnes qui manifestaient de l’intérêt pour la Bible à discerner l’envergure de l’organisation visible de Jéhovah, un film est sorti en 1954. Ce documentaire intitulé La Société du Monde Nouveau en action a contribué à briser les préjugés dans certaines localités.
Dans ce qui est aujourd’hui la Zambie, il fallait souvent un groupe électrogène pour projeter le film. Un morceau de tissu blanc tendu entre deux arbres faisait office d’écran. Dans la province de Barotse, après avoir regardé le film avec sa famille royale, le chef suprême a voulu que le public le voie. C’est ainsi que le lendemain soir ce film a été projeté devant 2 500 personnes. Sur une période de plus de 17 ans, l’assistance totale aux projections en Zambie a dépassé le million. Les assistants étaient émerveillés de ce qu’ils voyaient. Non loin de là, au Tanganyika (aujourd’hui une partie de la Tanzanie), des “Ndaka, ndaka” (Merci, merci) fusaient de partout après la projection.
Après La Société du Monde Nouveau en action, d’autres films sont sortis: Le bonheur de la société du Monde Nouveau, La Proclamation de la ‘bonne nouvelle éternelle’ autour du monde, Dieu ne peut mentir et Héritage. Des séries de diapositives, avec commentaire, ont aussi été produites. Certaines montraient la valeur pratique de la Bible à notre époque, les origines païennes des doctrines et pratiques de la chrétienté, et la signification des conditions mondiales à la lumière des prophéties bibliques; d’autres avaient trait à l’organisation des Témoins de Jéhovah: elles étaient consacrées à la visite de leur siège mondial, aux assemblées exaltantes qu’ils ont tenues dans des pays où leur œuvre était auparavant interdite et à leur histoire moderne. Toutes ces projections ont aidé les gens à comprendre que Jéhovah a bel et bien un peuple sur la terre et que la Bible est Sa Parole inspirée.
L’identification des véritables “brebis”
Dans certains pays, des gens qui possédaient simplement quelques publications de la Société Watch Tower se disaient Témoins de Jéhovah ou utilisaient le nom Watch Tower. Mais avaient-ils rejeté leurs anciennes croyances et changé de mode de vie pour le conformer aux normes de la Bible? Après avoir reçu un enseignement approprié, se révéleraient-ils être des personnes véritablement comparables à des brebis qui écoutent la voix du Maître, Jésus Christ? — Jean 10:4, 5.
En 1954, la filiale sud-africaine de la Société Watch Tower a reçu une lettre surprenante d’un groupe d’Africains de Baía dos Tigres, colonie pénitentiaire située dans le sud de l’Angola. Son auteur, João Mancoca, écrivait: “Le groupe des Témoins de Jéhovah d’Angola comprend 1 000 membres. Leur conducteur se nomme Simão Gonçalves Toco.” Qui était ce Toco? Ceux qui le suivaient étaient-ils vraiment Témoins de Jéhovah?
Des dispositions ont été prises pour que John Cooke, un missionnaire qui parlait portugais, se rende en Angola. Au terme d’une longue conversation avec un responsable de la colonie, frère Cooke a été autorisé à rencontrer Mancoca. Il a appris que dans les années 40, alors que Toco appartenait à une mission baptiste au Congo belge (aujourd’hui le Zaïre), il était entré en possession de quelques publications de la Société Watch Tower et avait fait part à ses collaborateurs de ce qu’il apprenait. Cependant, des pratiquants du spiritisme avaient alors influencé ce groupe, et avec le temps Toco avait complètement cessé d’utiliser les publications de la Société Watch Tower et la Bible. Il s’était plutôt tourné vers les médiums pour recevoir une direction. Ses disciples avaient été rapatriés en Angola par le gouvernement et s’étaient trouvés dispersés un peu partout dans le pays.
Mancoca avait été un des compagnons de Toco, mais il avait essayé de persuader les autres de ne plus pratiquer le spiritisme et de respecter la Bible. Cela n’était pas du goût de certains disciples de Toco, et ils avaient lancé de fausses accusations contre lui auprès des autorités portugaises. C’est pourquoi Mancoca et ceux qui partageaient ses vues avaient été déportés dans une colonie pénitentiaire. De là, il avait pris contact avec la Société Watch Tower et avait reçu d’autres publications bibliques. Il était humble, appréciait les choses spirituelles et avait un désir sincère de collaborer étroitement avec l’organisation qui lui avait permis de découvrir la vérité. Après avoir discuté des vérités bibliques pendant de nombreuses heures avec ce groupe, frère Cooke a acquis la conviction que João Mancoca était vraiment l’une des brebis du Seigneur. Cet homme le prouvait dans des circonstances on ne peut plus difficiles depuis de nombreuses années maintenant.
Frère Cooke a également eu des conversations avec Toco et certains de ceux qui le suivaient. Cependant, à quelques exceptions près, ces hommes ne manifestaient pas les qualités propres aux “brebis”, qualités qui caractérisent les disciples du Christ. Il n’y avait donc pas 1 000 Témoins de Jéhovah en Angola, mais seulement 25 environ.
À la même époque, au Congo belge (aujourd’hui le Zaïre), il existait une autre confusion d’identités. Il s’y trouvait un mouvement politico-religieux appelé Kitawala, qui se servait aussi parfois du nom Watch Tower. Certains de ses membres avaient chez eux des publications éditées par les Témoins de Jéhovah, publications qu’ils avaient reçues par la poste. Mais les croyances et les pratiques du Kitawala (entre autres, actes racistes, subversion de l’autorité en vue de provoquer un changement politique ou social, et immoralité sexuelle choquante au nom du culte) ne correspondaient en rien à celles des Témoins de Jéhovah. Pourtant, certains rapports écrits cherchaient à établir un lien entre le Kitawala et la Société Watch Tower utilisée par les Témoins de Jéhovah.
Les Témoins de Jéhovah ont tenté à plusieurs reprises de faire entrer des surveillants compétents dans le pays, mais à chaque fois ils se sont heurtés à un refus des autorités belges. Les groupements catholiques et protestants s’en réjouissaient. À partir de 1949 particulièrement, de cruelles mesures répressives ont été prises à l’encontre des personnes qui s’efforçaient d’étudier la Bible à l’aide des publications de la Société Watch Tower au Congo belge. Cependant, un des fidèles Témoins habitant ce pays a fait cette déclaration judicieuse: “Nous sommes comme un sac de maïs africain. Où qu’ils nous emmènent, la Parole tombera, grain à grain, jusqu’au jour où la pluie arrivera, et ils nous verront pousser partout.” Et c’est ainsi que de 1949 à 1960, malgré les difficultés, le nombre des Témoins de Jéhovah qui remettaient un rapport d’activité est passé de 48 à 1 528.
Petit à petit, les autorités se sont rendu compte que les Témoins de Jéhovah n’avaient rien à voir avec le Kitawala. Quand les Témoins ont obtenu dans une certaine mesure la liberté de se réunir, des fonctionnaires gouvernementaux ont souvent fait remarquer leur bonne conduite et leur respect de l’ordre. Lorsque des manifestations violentes ont éclaté pour réclamer l’indépendance, il était de notoriété publique que les Témoins de Jéhovah n’y étaient pas mêlés. En 1961, Ernest Heuse fils, un surveillant chrétien expérimenté originaire de Belgique, a finalement pu entrer dans le pays. Des efforts diligents ont permis d’aider progressivement les Témoins à conformer davantage le fonctionnement des congrégations et leur vie personnelle à la Parole de Dieu. Ils avaient beaucoup à apprendre, et il a fallu faire preuve d’une grande patience.
Dans le but d’asseoir sa position, le Kitawala a envoyé de certaines régions de longues listes de membres qui voulaient être reconnus comme Témoins de Jéhovah. Avec sagesse, frère Heuse a demandé à des Témoins expérimentés de se rendre dans ces régions pour déterminer de quel genre de personnes il s’agissait. Ces frères n’ont pas accepté de s’occuper de groupes importants, mais ont dirigé des études bibliques individuelles.
Avec le temps, l’identité des authentiques “brebis”, c’est-à-dire des personnes qui considéraient Jésus Christ comme leur Berger, est devenue manifeste. Et il y en avait beaucoup. À leur tour, elles en ont enseigné d’autres. Au fil des ans, la Société Watch Tower a envoyé de l’étranger des dizaines de missionnaires pour qu’ils collaborent avec ces personnes, les aident à acquérir une connaissance plus exacte de la Parole de Dieu et leur donnent la formation voulue. En 1975, il y avait au Zaïre 17 477 Témoins de Jéhovah, organisés en 526 congrégations, qui prêchaient et enseignaient avec zèle la Parole de Dieu à leurs semblables.
Ils brisent le pouvoir du fétichisme
À l’ouest du Nigeria se trouve le Bénin (autrefois appelé le Dahomey), dont la population est divisée en 60 groupes ethniques parlant une cinquantaine de langues et dialectes. Dans ce pays, comme dans la majeure partie de l’Afrique, l’animisme est la religion traditionnelle, et il va de pair avec le culte des ancêtres. Cet environnement religieux jette sur l’existence des gens un voile de superstition et de crainte. Beaucoup de prétendus chrétiens aussi pratiquent l’animisme.
Depuis la fin des années 20 jusque dans les années 40, les Témoins de Jéhovah nigérians ont semé de nombreuses graines de vérité biblique au Dahomey en s’y rendant de temps en temps pour distribuer des publications. Nombre de ces graines avaient simplement besoin d’un peu d’eau pour germer. Elles ont été arrosées en 1948 quand Nouru Akintoundé, un natif du Dahomey qui vivait au Nigeria, est retourné dans son pays comme pionnier. En quatre mois, 300 personnes ont embrassé la vérité et se sont mises à participer à la prédication à ses côtés. Cet accueil dépassait toutes les espérances raisonnables.
Cette activité n’a pas tardé à provoquer des remous non seulement parmi le clergé de la chrétienté, mais aussi parmi les animistes. À Porto-Novo, quand la secrétaire d’une communauté fétichiste s’est intéressée à la vérité, le féticheur en chef a proclamé qu’elle mourrait dans les sept jours. Mais elle a déclaré sans crainte: “Si c’est le fétiche qui a fait Jéhovah, je mourrai; mais si Jéhovah est le Dieu suprême, alors il vaincra le fétiche.” (Voir Deutéronome 4:35; Jean 17:3). Pour que sa prédiction se réalise, le soir du sixième jour le féticheur s’est livré à toutes sortes de rites spirites, puis a déclaré que cette ancienne secrétaire était morte. Quelle n’a pas été la consternation des fétichistes quand, le lendemain, elle est allée au marché de Cotonou, bien vivante! Plus tard, l’un des Témoins a loué une voiture et a conduit cette personne dans Porto-Novo pour que tous puissent voir de leurs propres yeux qu’elle était en vie. Après cela, de nombreux autres fétichistes ont pris fermement position pour la vérité. — Voir Jérémie 10:5.
Peu après, les chefs religieux ont réussi à faire interdire les publications de la Société Watch Tower au Dahomey. Mais, en obéissance à Jéhovah Dieu, les Témoins ont continué à prêcher, souvent avec la Bible uniquement. Ils allaient parfois de porte en porte comme des “vendeurs”, en proposant toutes sortes d’articles. Si la conversation s’engageait bien, ils en venaient à parler de la Bible, et il leur arrivait même de sortir une précieuse publication biblique d’une grande poche intérieure de leur vêtement.
Quand la police leur suscitait beaucoup de difficultés dans les villes, ils prêchaient dans les campagnes (voir Matthieu 10:23). Et lorsqu’ils étaient jetés en prison, ils prêchaient derrière les barreaux. En 1955, les Témoins incarcérés à Abomey ont trouvé au moins 18 personnes qui s’intéressaient à la vérité parmi les détenus et le personnel pénitentiaire.
Dix ans seulement après que le pionnier mentionné plus haut était retourné au Dahomey, son pays natal, pour y prêcher, 1 426 personnes participaient à la prédication, et ce malgré l’interdiction officielle de leur activité.
Davantage d’ouvriers prennent part à la moisson
À l’évidence, beaucoup avaient faim de vérité et cela partout en Afrique. La moisson était grande, mais les ouvriers peu nombreux. Les Témoins ont donc été encouragés de voir le Maître de la moisson, Jéhovah, répondre aux prières qu’ils faisaient pour que davantage d’ouvriers prennent part à la récolte spirituelle. — Mat. 9:37, 38.
Des pionniers itinérants avaient distribué de nombreuses publications au Kenya dans les années 30, mais l’intérêt suscité n’avait pas vraiment été entretenu. Toutefois, en 1949, Mary Whittington a émigré de Grande-Bretagne avec ses trois jeunes enfants pour vivre à Nairobi avec son mari, qui y travaillait. Sœur Whittington était baptisée depuis à peine un an, mais elle avait l’attitude d’esprit d’un pionnier. Bien qu’elle ne connût aucun Témoin au Kenya, elle s’est mise à aider d’autres personnes à découvrir la vérité dans ce vaste pays. Malgré les obstacles, elle n’a pas baissé les bras. D’autres Témoins aussi — d’Afrique du Sud, d’Australie, du Canada, des États-Unis, de Grande-Bretagne, de Suède et de Zambie — se sont organisés pour venir dans ce pays afin d’y communiquer à autrui l’espérance du Royaume.
De plus, des couples de missionnaires ont été envoyés pour prendre part à la moisson. Au début, les maris étaient obligés d’avoir un emploi pour rester dans le pays, ce qui limitait leur participation au ministère. Leurs femmes, par contre, étaient libres d’être pionnières. Avec le temps, plus d’une centaine de missionnaires formés à Galaad sont venus au Kenya. Quand l’heure de l’indépendance a approché pour ce pays, et avec elle l’abolition de la ségrégation qu’avaient imposée les autorités coloniales britanniques, les Témoins européens ont appris le swahili et ont rapidement étendu leur activité pour prêcher aux Africains. Le nombre des Témoins s’est accru rapidement dans cette partie du champ immense qu’est le monde.
En 1972, le Botswana aussi a reçu de l’aide; des Témoins venus d’Afrique du Sud, de Grande-Bretagne et du Kenya sont venus s’installer dans les grandes villes de ce pays pour participer à la moisson spirituelle. Trois ans après, des missionnaires formés à Galaad sont également arrivés. Une grande partie de la population, toutefois, est éparpillée dans la campagne. Afin de toucher ces gens, des Témoins sud-africains ont traversé le désert du Kalahari. Dans ces endroits isolés, ils ont prêché aux anciens des villages, aux instituteurs et souvent à des groupes de 10 ou 20 auditeurs attentifs. Un jour, un vieil homme leur a dit: “Vous avez fait tout ce chemin pour venir nous parler de ces choses? C’est très gentil à vous, très gentil.”
“Brown la Bible” avait présenté de puissants discours bibliques au Liberia dans les années 20, mais l’opposition était vive dans ce pays. La moisson spirituelle n’y a pas vraiment avancé jusqu’à la venue de missionnaires formés à l’École de Galaad. Harry Behannan, arrivé en 1946, a été le premier d’entre eux. Beaucoup d’autres l’ont rejoint dans les années qui ont suivi. Petit à petit, des Libériens ont participé avec eux à l’œuvre, et en 1975 plus de mille personnes louaient Jéhovah dans ce pays.
“Brown la Bible” avait prêché davantage encore au Nigeria. Cette nation était divisée en plusieurs royaumes, cités-États et groupes sociaux; ses habitants parlent plus de 250 langues et dialectes. La religion était un facteur de division supplémentaire. Avec peu de tact, certes, mais munis de puissants arguments bibliques, les Témoins de la première heure ont démasqué le clergé et dévoilé ses faux enseignements. Quand leurs publications ont été interdites pendant la Seconde Guerre mondiale, les Témoins ont prêché uniquement avec la Bible, et les gens épris de vérité leur ont prêté une oreille attentive. Ils ont quitté les Églises, puis ont renoncé à la polygamie et se sont débarrassés de leurs gris-gris, autant de choses que les Églises avaient tolérées. En 1950, les Témoins de Jéhovah étaient 8 370 à proclamer le message du Royaume au Nigeria. En 1970, ce nombre avait plus que décuplé.
En Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe), il a fallu surmonter l’opposition continuelle des autorités pour aider les personnes qui s’intéressaient au message. On a tenté d’obtenir la reconnaissance officielle de l’œuvre dès le milieu des années 20. En 1932, des pionniers sud-africains ont reçu l’ordre de quitter le pays et on leur a dit de façon péremptoire qu’ils ne pouvaient pas faire appel de cette décision. Ils l’ont fait malgré tout. Il a fallu se défendre en justice contre des accusations selon lesquelles les publications de la Société Watch Tower étaient séditieuses. Au début des années 40, des Témoins ont été emprisonnés parce qu’ils distribuaient des publications qui expliquaient la Bible. C’est seulement en 1966 que les Témoins de Jéhovah ont été pleinement reconnus comme une organisation religieuse au Zimbabwe. Pendant plus de 40 ans, la moisson spirituelle s’était effectuée dans des conditions très pénibles, mais au cours de cette période de courageux ouvriers avaient amené plus de 11 000 personnes à devenir des serviteurs de Jéhovah Dieu.
Ils témoignent devant des gouverneurs et des rois
Jésus savait que ses disciples rencontreraient de l’opposition dans leur ministère. Il leur a dit qu’ils seraient livrés “aux tribunaux locaux”, et même traînés “devant des gouverneurs et des rois”, et que ce serait “en témoignage pour eux et pour les nations”. (Mat. 10:17, 18.) Les Témoins de Jéhovah ont été traités exactement comme Jésus l’avait prédit, et conformément à ses paroles ils se sont efforcés d’en profiter pour donner le témoignage.
Des hommes politiques ont permis à la crainte de les retenir de faire du bien aux disciples du Christ (Jean 12:42, 43). C’est ce que Llewelyn Phillips a constaté en 1948 lors d’entretiens privés avec un certain nombre d’hommes politiques au Congo belge, dans l’espoir d’améliorer le sort des Témoins persécutés dans ce pays. Il a expliqué les croyances et les activités des Témoins de Jéhovah à ces hommes. Mais, durant la conversation, le gouverneur général a demandé d’un air songeur: “Et si je vous aide, que va-t-il m’arriver?” Il savait que l’Église catholique exerçait une grande influence dans le pays.
Par contre, le chef suprême de la nation swazi, le roi Sobhuza II, ne se souciait pas trop de ce que pensait le clergé. Il avait souvent discuté avec les Témoins de Jéhovah, possédait nombre de leurs publications et était bien disposé envers eux. Chaque année, le “Vendredi saint”, il invitait les ecclésiastiques africains à son kraal royal. Il les laissait parler, mais faisait également venir un Témoin de Jéhovah pour qu’il s’exprime. En 1956, le Témoin a parlé dans son exposé de la doctrine de l’immortalité de l’âme et des titres honorifiques des chefs religieux. Quand il a eu fini, le chef suprême a demandé aux ecclésiastiques: “Les affirmations des Témoins de Jéhovah sont-elles vraies ou fausses? Si elles sont fausses, prouvez-le.” Ils n’ont pas pu les réfuter. Un jour, le chef suprême a même éclaté de rire en voyant la mine consternée des chefs religieux qui écoutaient le Témoin.
C’était souvent la police que l’on faisait intervenir pour demander aux Témoins de justifier leur activité. Des Témoins de la congrégation de Tanger (Maroc) se rendaient régulièrement à Ceuta, un port appartenant à l’Espagne, mais situé sur la côte marocaine. En 1967, ils ont été arrêtés par la police et ont subi un interrogatoire de deux heures pendant lequel ils ont donné un excellent témoignage. À un certain moment, deux inspecteurs de police leur ont demandé s’ils croyaient en la “Vierge Marie”. Quand les Témoins leur ont répondu que d’après les Évangiles Marie a eu d’autres enfants après la naissance virginale de Jésus, des demi-frères et des demi-sœurs de Jésus, les policiers n’ont pas pu cacher leur surprise et ont dit qu’une telle chose ne pouvait pas être marquée dans la Bible. Quand les prédicateurs leur ont montré le passage de Jean 7:3-5, l’un d’eux l’a lu entièrement, sans un mot; l’autre a donc dit: “Donne-moi cette Bible. Je vais l’expliquer, moi, ce texte!” Le premier lui a répondu: “Ne te fatigue pas. Ce texte est trop clair.” De nombreuses autres questions ont été examinées dans une atmosphère détendue. Après cet entretien, les autorités se sont rarement interposées lorsque les Témoins ont prêché dans cette région.
De hauts responsables politiques ont fini par bien connaître les Témoins de Jéhovah et leur ministère. Certains d’entre eux discernent que l’œuvre accomplie par les Témoins est vraiment utile aux gens. Fin 1959, durant les préparatifs de l’indépendance du Nigeria, Nnamdi Azikiwe, le gouverneur général, a demandé que William Brown soit présent en qualité de représentant des Témoins de Jéhovah. Il a déclaré au Conseil des ministres: “Si toutes les dénominations religieuses ressemblaient aux Témoins de Jéhovah, nous ne verrions ni meurtres, ni cambriolages, ni délinquance, ni détenus, ni bombes atomiques. Les portes ne seraient pas fermées à clé du matin au soir.”
Une moisson spirituelle de grande envergure était en cours en Afrique. En 1975, 312 754 Témoins prêchaient la bonne nouvelle dans 44 pays de ce continent. Dans neuf de ces pays, moins de 50 personnes avaient pris position pour la vérité biblique et participaient à l’œuvre d’évangélisation. Mais la vie de chaque individu est précieuse aux yeux des Témoins. Dans 19 de ces pays, les prédicateurs qui prenaient part au ministère de maison en maison en qualité de Témoins de Jéhovah se comptaient par milliers. Certains pays signalaient un accroissement spectaculaire. En Angola, par exemple, entre 1970 et 1975, le nombre des Témoins était passé de 355 à 3 055. Au Nigeria, en 1975, il y avait 112 164 Témoins de Jéhovah. Et il ne s’agissait pas simplement de personnes qui appréciaient la lecture des publications de la Société Watch Tower ou qui assistaient de temps à autre aux réunions dans une Salle du Royaume. Tous étaient d’actifs prédicateurs du Royaume de Dieu.
L’Extrême-Orient produit des adorateurs de Jéhovah
Tout comme cela a été le cas dans de nombreuses autres régions de la terre, aux Philippines l’activité des Témoins de Jéhovah s’est rapidement développée après la Seconde Guerre mondiale. Après sa libération de prison le 13 mars 1945, Joseph Dos Santos est entré en contact au plus vite avec le bureau de la Société Watch Tower à New York. Il a demandé tous les manuels d’étude biblique et toutes les instructions concernant l’organisation de l’œuvre que les frères philippins n’avaient pu obtenir durant les hostilités. Puis il a visité les congrégations pour les unifier et les fortifier. La même année s’est tenue une assemblée pour l’ensemble du pays à Lingayen, dans la province de Pangasinan. Au cours de cette assemblée, on a donné des instructions sur la façon d’enseigner les personnes affamées de vérité au moyen d’études bibliques à domicile. Dans les années qui ont suivi, on s’est efforcé de traduire et de publier davantage d’ouvrages dans les langues vernaculaires: tagalog, iloko et cebuano. Les fondements étaient jetés en vue de l’expansion, qui s’est produite rapidement.
Dix ans après la guerre, le nombre de Témoins aux Philippines était passé d’environ 2 000 à plus de 24 000. Trente ans après la guerre, ils étaient plus de 78 000 à louer Jéhovah dans ce pays.
Un des premiers pays d’Extrême-Orient à avoir accueilli des missionnaires formés à Galaad a été la Chine. Harold King et Stanley Jones sont arrivés à Shanghaï en 1947, Lew Ti Himm en 1949. Les trois pionniers allemands qui avaient commencé à prêcher en Chine en 1939 étaient là pour les recevoir. Dans ce pays, les gens étaient en majorité bouddhistes, et les discussions bibliques n’éveillaient pas rapidement d’écho chez eux. On trouvait dans les foyers des sanctuaires et des autels. Des miroirs placés au-dessus des portes étaient censés éloigner les mauvais esprits. L’entrée des maisons était décorée d’affichettes rouges portant des inscriptions souhaitant “bonne chance” et d’effrayantes représentations de dieux bouddhiques. Mais la Chine était à l’époque le théâtre de grands changements. Sous la férule communiste, tout le monde était obligé d’étudier “la pensée de Mao Tsê-tung”. Après le travail, les gens devaient assister à de longues réunions où l’on dissertait sur le communisme. C’est dans ce contexte que nos frères ont continué à prêcher activement la bonne nouvelle du Royaume de Dieu.
Nombre de personnes désireuses d’étudier avec les Témoins de Jéhovah avaient entendu parler de la Bible par les Églises de la chrétienté. C’était le cas de Nancy Yuen, permanente de l’Église et mère de famille, qui a apprécié les enseignements que les Témoins lui ont fait découvrir dans la Bible. Avant longtemps, elle prêchait avec zèle de maison en maison et dirigeait elle-même des études bibliques. Les Témoins prêchaient aussi à des personnes qui avaient reçu une éducation chinoise et bouddhique traditionnelle et ne connaissaient pas la Bible auparavant. En 1956, on a atteint un maximum de 57 proclamateurs. Toutefois, la même année, après avoir été arrêtée six fois parce qu’elle prêchait, Nancy Yuen a été emprisonnée. D’autres Témoins ont été appréhendés ou contraints de quitter le pays. Stanley Jones et Harold King ont été placés en détention le 14 octobre 1958. Ils ont été détenus deux ans avant de passer en jugement. Pendant cette période, ils ont subi d’incessants interrogatoires. Lorsqu’ils ont finalement comparu devant le tribunal en 1960, ils ont été condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement. L’activité publique des Témoins de Jéhovah en Chine a ainsi reçu un coup d’arrêt en octobre 1958. Mais leur prédication n’a jamais été interrompue totalement. Même dans les prisons et dans les camps de travail, ils trouvaient toujours moyen de rendre témoignage. Un plus grand travail allait-il s’effectuer à l’avenir dans cet immense pays? La réponse serait apportée en temps voulu.
Mais que se passait-il au Japon à l’époque? Avant la Seconde Guerre mondiale, seuls une centaine de Témoins de Jéhovah y prêchaient. Beaucoup ont transigé avec leur foi pendant le conflit quand ils ont subi une répression sévère. Quelques-uns sont restés fidèles, mais la prédication organisée a cessé. Néanmoins, la proclamation du Royaume de Jéhovah a pris un nouveau départ dans cette partie du monde avec l’arrivée à Tokyo de Don Haslett, missionnaire formé à Galaad, en janvier 1949. Mabel, sa femme, a pu le rejoindre deux mois plus tard. De nombreuses personnes de ce territoire avaient faim de vérité. L’empereur avait renoncé à sa prétendue divinité. Le shinto, le bouddhisme, le catholicisme et le kyodan (formé de divers groupes protestants japonais) qui avaient tous soutenu l’effort de guerre du Japon, avaient perdu leur crédit à la suite de la défaite.
À la fin de 1949, 13 missionnaires formés à l’École de Galaad étaient à l’œuvre au Japon. D’autres les ont rejoints, plus de 160 en tout. Ils disposaient de très peu de publications en japonais. Certains missionnaires venaient d’Hawaii, où ils avaient parlé un japonais archaïque, mais il leur fallait maintenant se mettre au langage moderne. Les autres avaient appris les rudiments de la langue, mais ont dû recourir souvent au dictionnaire anglais-japonais, jusqu’à ce qu’ils la possèdent mieux. Avant longtemps, les familles Ishii et Miura, qui n’avaient pas renoncé à leur foi durant la guerre, ont renoué avec l’organisation et ont de nouveau pris part au ministère public.
Progressivement, des maisons de missionnaires ont été ouvertes à Kobe, Nagoya, Osaka, Yokohama, Kyōto et Sendai. De 1949 à 1957, on s’est avant tout efforcé d’organiser l’œuvre du Royaume dans les grandes villes de l’île principale du Japon. Puis les prédicateurs se sont déplacés dans d’autres villes. Le territoire était immense. Il était clair que s’il fallait donner le témoignage à fond à tous les Japonais, il faudrait beaucoup de pionniers. On a mis l’accent sur cette idée, beaucoup se sont portés volontaires, et les efforts unis de ces ministres courageux ont été merveilleusement récompensés! La première décennie a été marquée par une “moisson” de 1 390 adorateurs de Jéhovah. Au milieu des années 70, on comptait 33 480 proclamateurs qui louaient Jéhovah avec zèle dans tout le Japon. Et l’œuvre de rassemblement s’accélérait.
En 1949, l’année où Don Haslett est arrivé au Japon, l’œuvre du Royaume a aussi reçu une impulsion vigoureuse en République de Corée. La Corée avait été sous la domination du Japon pendant la guerre mondiale, et les Témoins avaient été cruellement persécutés. Après la guerre, un petit groupe se réunissait pour étudier; mais il n’avait aucune nouvelle de l’organisation internationale des Témoins, jusqu’à ce qu’un jour de 1948, Choi Young-won lise un article sur les Témoins de Jéhovah dans un journal de l’armée américaine, Stars and Stripes. L’année suivante, une congrégation composée de 12 proclamateurs a été formée à Séoul. Quelque temps après, la même année, sont arrivés les premiers missionnaires de l’École de Galaad, Don et Earlene Steele. Sept mois plus tard, six autres missionnaires ont suivi.
Ils enregistraient d’excellents résultats: en moyenne 20 études bibliques chacun, et une assistance aux réunions qui s’élevait parfois à 336 personnes. Puis la guerre de Corée a éclaté. À peine trois mois après l’arrivée du dernier groupe de missionnaires, ils ont tous dû partir au Japon. Don Steele n’a pu revenir à Séoul que plus d’un an après, et Earlene a dû attendre encore un an avant de pouvoir le rejoindre. Dans l’intervalle, les Témoins coréens étaient restés fermes et avaient prêché avec zèle, bien que certains aient perdu leur maison et que beaucoup aient dû fuir. Les hostilités étant maintenant terminées, on s’est attaché à produire davantage de publications en coréen. On a organisé des assemblées, et fait venir d’autres missionnaires pour imprimer de l’élan à l’œuvre. En 1975, il y avait 32 693 Témoins de Jéhovah en République de Corée, presque autant qu’au Japon, et on pouvait s’attendre à un fort accroissement, car ils dirigeaient plus de 32 000 études bibliques.
Quelle était la situation en Europe?
En Europe, une fois la Seconde Guerre mondiale terminée, les Témoins de Jéhovah n’ont pas pour autant été totalement libres d’accomplir leur œuvre d’enseignement biblique sans rencontrer d’opposition. En certains endroits, les autorités les respectaient à cause de la position ferme qu’ils avaient adoptée durant le conflit. Mais ailleurs, les persécutions se sont poursuivies en raison d’un nationalisme exacerbé et de l’animosité religieuse.
Parmi les Témoins qui servaient en Belgique, certains étaient venus d’Allemagne pour prêcher la bonne nouvelle. Comme ils n’avaient pas voulu soutenir le régime nazi, la Gestapo les avait traqués comme des bêtes. Mais ensuite, des fonctionnaires belges ont accusé quelques-uns de ces mêmes Témoins d’être des nazis, et les ont fait incarcérer ou expulser. Cela n’a pas empêché le nombre des Témoins qui participaient au ministère en Belgique de tripler largement dans les cinq années qui ont suivi la guerre.
Qui était la plupart du temps l’instigatrice des persécutions? L’Église catholique. Là où elle avait assez d’influence, elle s’efforçait constamment d’enrayer l’œuvre des Témoins de Jéhovah.
Comme beaucoup d’Occidentaux craignaient le communisme, en 1948, le clergé catholique de Cork, en Irlande, a suscité de l’opposition aux Témoins de Jéhovah en les qualifiant de “diables communistes”. Fred Metcalfe a fait les frais de cette campagne: un jour qu’il prêchait, il a eu affaire à une foule qui l’a frappé à coups de poing et de pied et a éparpillé dans la rue ses publications bibliques. Heureusement, un policier est arrivé et a dispersé la populace. Malgré ces attaques, les Témoins ont persévéré dans leur activité. Tous les Irlandais n’approuvaient pas la violence. Par la suite, même certains de ceux qui s’y étaient livrés l’ont regretté. La plupart des catholiques irlandais n’avaient jamais vu de Bible. Mais, avec patience et bienveillance, les Témoins en ont aidé quelques-uns à se saisir de la vérité qui libère. — Jean 8:32.
Les Témoins italiens n’étaient qu’une centaine en 1946, mais trois ans plus tard, ils étaient déjà répartis en 64 congrégations, petites certes, mais très actives. Le clergé s’en est inquiété. Incapable de réfuter les vérités bibliques prêchées par les Témoins de Jéhovah, le clergé catholique a talonné les autorités gouvernementales dans le but de se débarrasser d’eux. C’est pourquoi, en 1949, les missionnaires Témoins de Jéhovah ont été expulsés d’Italie.
Les ecclésiastiques catholiques ont très souvent cherché à interrompre les assemblées des Témoins en Italie ou à empêcher qu’elles se tiennent. À Sulmona, en 1948, ils ont envoyé des perturbateurs pour tenter de mettre fin à une assemblée. En 1950, à Milan, ils ont usé de pressions sur le chef de la police pour faire annuler une assemblée prévue au Teatro dell’Arte. En 1951, de nouveau, ils ont demandé à la police d’annuler l’assemblée de Cerignola. Mais en 1957, quand la police a interdit une assemblée des Témoins à Milan, la presse s’en est offusquée, et des questions ont été soulevées au Parlement. L’hebdomadaire romain Il Mondo du 30 juillet 1957 n’a pas hésité à écrire que cette décision avait été prise “pour satisfaire l’archevêque”, Giovanni Battista Montini, qui est devenu plus tard le pape Paul VI. L’Église catholique était connue pour avoir interdit pendant des siècles la diffusion de la Bible dans les langues communes. En revanche, les Témoins de Jéhovah persistaient à faire voir aux catholiques sincères ce que dit la Bible. Le contraste entre la Bible et le dogme de l’Église était flagrant. Les efforts intenses de l’Église catholique n’ont pas empêché des milliers de personnes de la quitter, et, en 1975, on comptait 51 248 Témoins de Jéhovah en Italie. Tous étaient des évangélisateurs actifs, et leur nombre augmentait rapidement.
En Espagne, pays catholique, lorsque l’activité organisée des Témoins de Jéhovah a progressivement repris en 1946, le clergé a, comme il fallait s’y attendre, usé de son influence sur les autorités pour tenter de les réduire au silence. Les réunions étaient perturbées. Les missionnaires ont été contraints de quitter le pays. Des Témoins ont été arrêtés pour le seul motif qu’ils possédaient la Bible ou des publications bibliques. Ils étaient souvent détenus jusqu’à trois jours dans des prisons répugnantes de saleté, puis relâchés, avant d’être de nouveau arrêtés, interrogés et emprisonnés. Beaucoup ont été condamnés à des peines d’emprisonnement d’un mois ou plus. Les prêtres ont demandé aux autorités de traquer sans merci quiconque étudierait la Bible avec les Témoins de Jéhovah. Même quand la loi garantissant la liberté religieuse a été adoptée en 1967, la situation ne s’est améliorée que lentement. Il n’empêche qu’en 1970, lorsque les Témoins de Jéhovah ont finalement obtenu la reconnaissance officielle de leur œuvre en Espagne, ils étaient déjà plus de 11 000. Et cinq ans plus tard, ils étaient plus de 30 000, tous des évangélisateurs actifs.
Quelle était la situation au Portugal? Ce pays a également expulsé les missionnaires. Poussée par le clergé catholique, la police perquisitionnait au domicile des Témoins de Jéhovah, saisissait leurs publications bibliques, et interrompait leurs réunions. En janvier 1963, à Caldas da Rainha, le commandant de la police de sûreté publique a même publié un arrêté leur interdisant ‘d’exercer leurs activités de lecture de la Bible’. Mais les Témoins n’ont pas cessé de servir Dieu pour autant. Quand l’œuvre a été reconnue officiellement au Portugal en 1974, ils étaient plus de 13 000.
Dans d’autres pays d’Europe, les autorités ont fait obstacle à la prédication de la bonne nouvelle en assimilant la distribution de publications bibliques à une activité commerciale, tombant sous le coup des lois relatives au commerce. Dans plusieurs cantons suisses, on a appliqué la réglementation sur la mendicité à la distribution de publications en échange de contributions volontaires. Comme les Témoins de Jéhovah poursuivaient leur activité, ils ont connu de multiples arrestations et procès. Néanmoins, quand les affaires ont été portées devant la justice, certaines instances, dont la Haute Cour du canton de Vaud, en 1953, ont estimé que l’activité des Témoins de Jéhovah ne pouvait raisonnablement être assimilée à de la mendicité. Pendant ce temps, au Danemark, certaines autorités cherchaient à restreindre la diffusion des publications en la limitant aux heures légales d’ouverture des magasins. Là aussi, les Témoins ont dû faire valoir leurs droits devant les tribunaux. Malgré les obstacles, les Témoins de Jéhovah ont continué à proclamer que le Royaume de Dieu est le seul espoir de l’humanité.
En Europe, tout comme dans d’autres parties de la terre, les Témoins de Jéhovah ont rencontré d’autres difficultés, dues cette fois à la neutralité chrétienne. Leur conscience de chrétiens ne leur permettant pas de participer aux conflits du monde, ils ont été emprisonnés dans un pays après l’autre (És. 2:2-4). Cela a empêché de jeunes hommes de prêcher régulièrement de maison en maison. Mais la situation a aussi eu des effets positifs, car un grand témoignage a été donné à des avocats, à des juges, à des officiers et à des gardiens de prison. Même derrière les barreaux, les Témoins ont trouvé moyen de prêcher. Si dans certaines prisons les frères étaient traités durement, ils ont connu un meilleur sort dans d’autres: à la prison de Santa Catalina, à Cadix (Espagne), il leur était possible de consacrer une partie de leur temps à la prédication par courrier. En Suède, on a beaucoup parlé de la façon dont la justice traitait les affaires concernant la neutralité des Témoins de Jéhovah. Ainsi, de diverses façons, il était devenu notoire que Jéhovah a bien des Témoins sur la terre et que ceux-ci adhèrent fermement aux principes bibliques.
Mais il est une autre chose qui a largement contribué à faire connaître les Témoins, et a communiqué une impulsion supplémentaire à leur œuvre d’évangélisation.
Les assemblées contribuent au témoignage
À l’occasion de l’assemblée internationale des Témoins de Jéhovah organisée en France, à Paris, en 1955, les journaux télévisés ont informé toute la nation de l’événement. En 1969, une autre assemblée s’est tenue près de Paris, durant laquelle il a été manifeste que le ministère des Témoins portait du fruit. En cette occasion, 3 619 personnes se sont fait baptiser, soit environ 10 % des assistants. À ce propos, voici ce que l’on pouvait lire dans le quotidien France-Soir du 6 août 1969: “Plus que leurs spectaculaires moyens de diffusion, c’est le prosélytisme des Témoins de Jéhovah qui inquiète les clergés des autres religions; chaque Témoin de Jéhovah se doit en effet de ‘témoigner’ sa foi en faisant du ‘porte-à-porte biblique’.”
Ce même été de 1969, en l’espace de trois semaines, quatre autres grandes assemblées se sont tenues en Europe: à Londres, à Copenhague, à Rome et à Nuremberg. L’assemblée de Nuremberg a réuni 150 645 personnes venues de 78 pays. Outre les avions et les bateaux, il a fallu environ 20 000 voitures, 250 autobus et 40 trains spéciaux pour les amener sur les lieux de cette assemblée.
Non seulement ces assemblées ont fortifié et équipé les Témoins de Jéhovah en vue de leur ministère, mais elles ont aussi donné aux gens l’occasion de constater par eux-mêmes qui sont réellement les Témoins de Jéhovah. En 1965, alors qu’une assemblée internationale était prévue à Dublin (Irlande), de fortes pressions religieuses ont été exercées pour tenter de faire obstacle au projet. Malgré tout, elle s’est déroulée comme prévu, et de nombreux habitants de Dublin ont logé ceux qui y assistaient. Quelles en ont été les répercussions? “On ne nous a pas dit la vérité sur vous”, a fait observer une des logeuses à l’issue de l’assemblée. “Les prêtres nous ont menti, mais maintenant que nous vous connaissons, nous serons toujours heureux de vous accueillir.”
Quand les gens parlent une autre langue
Ces dernières décennies, les Témoins de Jéhovah d’Europe ont dû relever un défi, celui de communiquer avec les ressortissants d’autres pays. La quête de travail entraîne d’importants déplacements de population d’un pays à l’autre. Certaines villes d’Europe sont le siège de grandes institutions internationales dont le personnel ne parle pas forcément la langue du pays.
Bien sûr, dans certains pays, le multilinguisme est une réalité plus que séculaire. L’Inde, par exemple, compte 14 langues principales et peut-être un millier de langues secondaires et de dialectes. Plus de 700 langues seraient parlées en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Mais au Luxembourg, c’est particulièrement dans les années 60 et 70 que les Témoins ont noté qu’ils rencontraient dans leur territoire des ressortissants de plus de 30 pays, suivis avec le temps par au moins 70 autres nationalités. En Suède, un pays où à l’origine presque tout le monde parlait la même langue, on en parle aujourd’hui une centaine. Comment les Témoins de Jéhovah ont-ils fait face à cette situation?
En premier lieu, il s’agissait souvent de s’enquérir simplement des origines de l’interlocuteur et d’essayer ensuite de lui procurer quelque publication dans sa langue. Au Danemark, on a produit des cassettes qui permettaient aux Turcs bien disposés d’entendre le message dans leur langue. La Suisse comptait de nombreux travailleurs immigrés italiens et espagnols. Au début, pour les aider, on avait habituellement recours à la méthode illustrée par le fait suivant: Rudolf Wiederkehr a essayé de donner le témoignage à un Italien, mais ils avaient du mal à se comprendre. Que faire? Notre frère a laissé à l’homme une Tour de Garde en italien. Malgré la barrière de la langue, frère Wiederkehr est retourné le voir. Il a commencé une étude biblique avec cet homme, sa femme, et leur fils âgé de 12 ans. Le manuel d’étude de frère Wiederkehr était en allemand, mais pour la famille il en avait apporté des exemplaires en italien. Quand son vocabulaire était insuffisant, il s’expliquait par gestes. Parfois, le garçon, qui apprenait l’allemand à l’école, servait d’interprète. Toute la famille a embrassé la vérité et s’est bientôt mise à la communiquer à autrui.
Des millions d’Espagnols, de Grecs, d’Italiens, de Portugais, de Turcs et de Yougoslaves se sont installés en Allemagne et dans d’autres pays. Pour les aider sur le plan spirituel, le plus efficace était d’employer leur langue maternelle. Rapidement, des Témoins se sont mis à apprendre les langues de ces travailleurs immigrés. En Allemagne, la filiale a organisé des cours de turc. Dans d’autres pays, les Témoins qui parlaient certaines langues ont été invités à s’installer dans des villes où l’on avait spécialement besoin de leurs services.
Certains de ces travailleurs venus de l’étranger n’avaient jamais rencontré de Témoins de Jéhovah, et exprimaient un vif intérêt pour les choses spirituelles. Ils étaient heureux que l’on s’efforce de leur venir en aide. On a formé de nombreuses congrégations d’expression étrangère. Par la suite, quelques-uns de ces travailleurs immigrés sont retournés dans leur pays pour déployer leur activité de prédication dans des régions où le message du Royaume de Dieu n’avait pas été très répandu.
Une moisson abondante malgré les obstacles
Sur toute la terre, les Témoins de Jéhovah utilisent les mêmes méthodes pour prêcher. En Amérique du Nord, leur intense activité d’évangélisation dure depuis plus d’un siècle. Il n’est donc pas étonnant que cette partie du monde soit le théâtre d’une abondante moisson spirituelle. En 1975, on y dénombrait 624 097 Témoins de Jéhovah actifs, métropole des États-Unis et Canada confondus. Toutefois, la prédication en Amérique du Nord n’a pas été sans susciter d’opposition.
Bien que le gouvernement canadien ait levé l’interdiction qui pesait sur les Témoins de Jéhovah et leurs associations déclarées en 1945, cette décision n’a pas été suivie d’effets immédiats dans la province de Québec. En septembre 1945, des foules composées de catholiques s’en sont prises aux Témoins de Jéhovah à Châteauguay et à Lachine. Des Témoins ont été arrêtés et accusés de sédition pour avoir distribué des publications condamnant l’Église catholique. D’autres ont été emprisonnés pour avoir diffusé des publications bibliques qui n’avaient pas été approuvées par le chef de police. En 1947, 1 700 affaires impliquant des Témoins étaient instruites par les tribunaux du Québec.
Alors qu’on instruisait plusieurs affaires qui allaient faire jurisprudence, on a conseillé aux Témoins de prêcher l’Évangile sans publications, à l’aide de la Bible seule, une traduction catholique dans la mesure du possible. Des ministres à plein temps d’autres provinces du Canada se sont portés volontaires pour apprendre le français et s’installer au Québec afin d’y favoriser l’extension du vrai culte.
De nombreux catholiques sincères invitaient les Témoins à entrer chez eux et leur posaient des questions, tout en précisant souvent: “Je suis catholique et je ne changerai jamais de religion.” Mais des dizaines de milliers ont bel et bien changé de religion après avoir vu par eux-mêmes ce que dit la Bible, et en raison de leur amour de la vérité et de leur désir de plaire à Dieu.
De même aux États-Unis, les Témoins de Jéhovah ont dû faire valoir devant les tribunaux leur droit de prêcher en public et de maison en maison. Entre 1937 et 1953, 59 affaires impliquant les Témoins ont été portées jusque devant la Cour suprême, à Washington.
On s’intéresse aux territoires non attribués
L’objectif des Témoins de Jéhovah n’est pas simplement de prêcher la bonne nouvelle au petit bonheur, mais de faire connaître le message du Royaume au plus grand nombre. À cette fin, le Collège central des Témoins de Jéhovah a attribué à chaque filiale un territoire composé d’un ou plusieurs pays. Au fur et à mesure que des congrégations sont formées dans les pays confiés à une filiale, elles se voient à leur tour confier la responsabilité de prêcher dans une partie de ces pays. Ces congrégations divisent alors cette région en territoires qui peuvent être confiés à l’un ou à plusieurs des ministres chrétiens qui les composent. Ces derniers s’efforcent de rencontrer régulièrement chaque habitant. Mais qu’en est-il des régions qui ne sont pas encore attribuées à une congrégation?
En 1951, on a recensé les comtés des États-Unis pour déterminer où les Témoins de Jéhovah ne passaient pas régulièrement. À l’époque, près de la moitié des comtés n’étaient parcourus qu’en partie, si ce n’est pas du tout. On a fait en sorte que des Témoins aillent prêcher dans ces régions durant les mois d’été ou à d’autres périodes favorables, avec l’objectif d’y former des congrégations. Quand les personnes n’étaient pas chez elles, ils laissaient parfois un feuillet exposant le message, ainsi qu’une publication biblique. Les études bibliques se faisaient par correspondance. Par la suite, on a envoyé des pionniers spéciaux dans ces territoires pour entretenir l’intérêt qui y avait été suscité.
Cette activité ne s’est pas limitée aux années 50. Partout dans le monde, dans des pays où l’on prêchait dans les grandes villes mais où certains territoires n’étaient pas attribués, on s’est appliqué à rencontrer les personnes qui n’entendaient pas régulièrement le message. En Alaska, dans les années 70, environ 20 % de la population vivait dans des villages difficiles d’accès. C’était en hiver, lorsque les activités de pêche étaient pour ainsi dire interrompues, qu’on y rencontrait le plus de personnes. Mais en cette saison il est risqué de se déplacer en avion, en raison du froid et du blizzard. Pourtant, il fallait offrir aux Esquimaux, aux Indiens et aux Aléoutes la possibilité de découvrir l’espérance de la vie éternelle sous la domination du Royaume de Dieu. Pour les rencontrer, un groupe de 11 Témoins s’est servi de petits avions pour atteindre, sur une période de deux ans, quelque 200 villages dispersés sur plus de 844 000 kilomètres carrés. Cette opération a été entièrement financée par les offrandes volontaires des Témoins de cette région.
Outre ces expéditions de prédication, on a encouragé les Témoins mûrs à s’installer dans des régions de leur pays où il y avait particulièrement besoin de prédicateurs du Royaume. Des milliers ont répondu à l’appel. Parmi ceux qui l’ont fait aux États-Unis, citons Eugene et Delia Shuster, qui ont quitté l’Illinois en 1958 pour servir à Hope, dans l’Arkansas. Ils y sont restés plus de 30 ans pour rechercher les personnes bien disposées envers la vérité, les organiser en congrégation et les aider à croître vers la maturité chrétienne.
En réponse aux encouragements d’un surveillant de circonscription, Alexander Green et sa femme ont quitté en 1957 Dayton, dans l’Ohio, pour servir dans le Mississippi. Ils ont d’abord été nommés à Jackson, puis, deux ans plus tard, à Clarksdale. Par la suite, frère Green a servi dans cinq autres localités. Dans toutes se trouvaient de petites congrégations qui avaient besoin de soutien. Frère Green a subvenu à ses besoins en travaillant comme concierge, jardinier, restaurateur de meubles, mécanicien auto, etc. Mais sa principale occupation était la prédication de la bonne nouvelle. Il a encouragé les Témoins des villes où il s’est installé à progresser sur le plan spirituel, avec eux il a rencontré les habitants de leur territoire, et il les a souvent aidés à bâtir une Salle du Royaume avant de repartir.
En 1967, dans l’ouest des États-Unis, lorsque Gerald Cain est devenu Témoin, les membres de sa famille et lui ont compris que l’œuvre d’évangélisation était prioritaire. Avant même que l’un d’entre eux ne soit baptisé, ils sont partis servir là où il y avait particulièrement besoin de proclamateurs. Pendant quatre ans, ils ont collaboré avec la congrégation de Needles, en Californie, dont le territoire s’étendait sur trois États de l’Ouest américain. Quand, pour des raisons de santé, ils ont dû déménager, de nouveau ils ont élu domicile dans une région où il y avait grand besoin d’aide, et ont aménagé une partie de leur maison en Salle du Royaume. D’autres déménagements ont suivi, mais chaque fois ils ont avant tout regardé où leur contribution à la prédication serait la plus utile.
Les congrégations étant de plus en plus nombreuses, il était des régions où le manque d’anciens expérimentés se manifestait particulièrement. Pour faire face à ce besoin, des milliers d’anciens ont accepté de se déplacer régulièrement (et à leurs propres frais) dans des congrégations voisines. Ils étaient ainsi amenés à faire chaque semaine la navette trois, quatre ou cinq fois, si ce n’est plus, pour participer aux réunions de ces congrégations et à la prédication, de même que pour ‘faire paître le troupeau’. Cela ne s’est pas fait qu’aux États-Unis, mais aussi en Espagne, au Japon, aux Pays-Bas, au Salvador et dans de nombreux autres pays. Quelques anciens ont déménagé avec leur famille afin d’apporter ainsi leur concours.
Quels résultats ont été enregistrés? Considérons un pays en particulier. Aux États-Unis, en 1951, quand des dispositions ont été annoncées en vue de la prédication dans les territoires non attribués, il y avait quelque 3 000 congrégations comprenant en moyenne 45 proclamateurs. En 1975, on comptait 7 117 congrégations, et la moyenne de proclamateurs par congrégation était montée à près de 80.
Le témoignage rendu au nom de Jéhovah et à son Royaume de 1945 à 1975 a atteint une ampleur inégalée jusqu’alors.
Le nombre des Témoins dans le monde est passé de 156 299 en 1945 à 2 179 256 en 1975. Chacun d’eux participait personnellement à la proclamation publique du Royaume de Dieu.
En 1975, les Témoins de Jéhovah étaient à l’œuvre dans 212 pays et territoires (selon la carte politique du monde au début des années 90). Aux États-Unis (métropole) et au Canada, ils étaient 624 097 à se dépenser dans le ministère. Venaient s’ajouter à ce chiffre 614 826 proclamateurs en Europe, ex-Union soviétique non comprise. Les 312 754 Témoins d’Afrique faisaient entendre le message biblique sur ce continent. Le Mexique, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud comptaient en tout 311 641 Témoins; l’Asie en comptait 161 598; l’Australie et les nombreuses îles du globe, 131 707.
Jusqu’en 1975, en l’espace de 30 ans, les Témoins de Jéhovah ont consacré 4 635 265 939 heures à prêcher en public et à enseigner. Ils ont distribué 3 914 971 158 livres, brochures et périodiques pour expliquer aux gens qui s’intéressaient au message comment bénéficier du dessein plein d’amour de Jéhovah. Conformément au commandement de Jésus enjoignant de faire des disciples, ils ont effectué 1 788 147 329 nouvelles visites chez des personnes bien disposées et, en 1975, ils ont dirigé en moyenne 1 411 256 études bibliques gratuites à domicile, avec des personnes en particulier ou avec des familles entières.
En 1975, la prédication de la bonne nouvelle avait atteint 225 pays et territoires. Des congrégations de Témoins zélés prospéraient notamment dans plus de 80 pays où la bonne nouvelle avait été entendue en 1945, mais où il n’existait pas de congrégations à l’époque. Parmi ces pays figuraient: la République de Corée, avec 470 congrégations; l’Espagne, avec 513; le Zaïre, avec 526; le Japon, avec 787; et l’Italie, avec 1 031.
Entre 1945 et 1975, l’immense majorité des personnes qui sont devenues Témoins de Jéhovah ne se disaient pas ointes de l’esprit de Dieu en vue de la vie céleste. Au printemps de 1935, le nombre des participants aux emblèmes lors du Repas du Seigneur représentait 93 % des proclamateurs (plus tard, la même année, on a compris que la “grande multitude” de Révélation 7:9 était une classe de personnes qui vivraient éternellement sur la terre). En 1945, le nombre des Témoins qui espéraient vivre sur une terre paradisiaque avait augmenté au point de représenter 86 % des proclamateurs de la bonne nouvelle. En 1975, ceux qui se disaient chrétiens oints de l’esprit représentaient moins de 0,5 % des Témoins de Jéhovah du monde. Bien que dispersés dans quelque 115 pays à l’époque, ces oints ont continué de servir unis comme un seul corps sous l’autorité de Jésus Christ.
[Entrefilet, page 463]
‘Depuis que vous êtes arrivés, tout le monde parle de la Bible.’
[Entrefilet, page 466]
“Ce que vous venez de me dire correspond à ce que j’ai lu dans la Bible il y a de nombreuses années.”
[Entrefilet, page 470]
Des milliers de Témoins sont allés s’installer dans d’autres régions de leur propre pays où le besoin était particulièrement grand.
[Entrefilet, page 472]
“Une inestimable récompense.”
[Entrefilet, page 475]
Des Témoins expérimentés ont été envoyés dans les pays où le besoin en prédicateurs était particulièrement grand.
[Entrefilet, page 486]
Au Nigeria, munis de puissants arguments bibliques, les Témoins de la première heure ont démasqué le clergé et dévoilé ses faux enseignements.
[Entrefilet, page 497]
Quand le vocabulaire était insuffisant, on s’expliquait par gestes.
[Entrefilet, page 499]
L’objectif? Faire connaître le message du Royaume au plus grand nombre.
[Encadré/Illustration, page 489]
On a déployé de grands efforts pour faire connaître la bonne nouvelle du Royaume de Jéhovah aux habitants de la Chine.
De Tche-fou, on a envoyé des milliers de lettres, de tracts et de livres entre 1891 et 1900.
En 1912, Charles Russell a pris la parole à Shanghaï, et s’est rendu dans 15 villes et villages.
Des colporteurs ont distribué de nombreuses publications au cours de leur activité le long de la côte chinoise et à l’intérieur du pays, de 1912 à 1918.
Des colporteurs japonais ont prêché ici, en 1930 et 1931.
Dans les années 30, à la suite d’émissions radiodiffusées en chinois à partir de Shanghaï, de Pékin et de Tientsin, des gens de nombreuses régions de Chine ont écrit pour demander des publications.
Dans les années 30 et 40, des pionniers originaires d’Australie et d’Europe ont prêché dans les villes suivantes: Shanghaï, Pékin, Tientsin, Qingdao, Beihaï, Tche-fou, Weihaï, Canton, Shantou, Amoy, Foutchéou, Wouhan et Nankin. D’autres sont venus par la route de Birmanie et ont prêché à Baoshan, à Tchoungking et à Tchengtou. Des pionniers chinois ont accompli leur activité au Chansi et à Ningbo.
[Illustration]
Des missionnaires de Galaad, comme Stanley Jones (à gauche) et Harold King (à droite), ont prêché ici de 1947 à 1958 aux côtés de Témoins chinois pleins de zèle.
[Carte]
CHINE
[Carte/Illustrations, page 462]
Le “Sibia” a servi de maison de missionnaires flottante aux Antilles.
G. Maki
S. Carter
R. Parkin
A. Worsley
[Carte]
(Voir la publication)
BAHAMAS
ÎLES SOUS-LE-VENT
ÎLES VIERGES (U.S.A.)
ÎLES VIERGES(G.-B.)
ÎLES DU VENT
[Carte, page 477]
(Voir la publication)
En Afrique, les eaux salvatrices de la vérité ont débordé des frontières et se sont répandues dans de nombreuses directions.
AFRIQUE DU SUD
GHANA
KENYA
MALAWI
NIGERIA
SIERRA LEONE
ZAMBIE
[Illustrations, page 464]
Quand ils sont arrivés comme missionnaires en Bolivie, Edward Michalec (à gauche) et Harold Morris (à droite) ont tout d’abord prêché ici, à La Paz.
[Illustration, page 465]
Le bateau “El Refugio”, construit par des Témoins du Pérou, a servi à communiquer le message du Royaume sur les rives du cours supérieur de l’Amazone.
[Illustration, page 467]
Au Mexique, les cours d’alphabétisation donnés par les Témoins ont permis à des dizaines de milliers de personnes de lire la Parole de Dieu.
[Illustration, page 468]
Frère Knorr (au premier plan à droite) a tenu de petites assemblées dans des fermes et dans les montagnes avec les Témoins argentins à l’époque où ils n’étaient pas libres de se réunir plus ouvertement.
[Illustration, page 469]
Parmi les milliers de Témoins qui sont partis à l’étranger pour servir là où le besoin était particulièrement grand, certains avaient une famille; c’est le cas de Harold et Anne Zimmerman, photographiés ici avec leurs quatre jeunes enfants (en Colombie).
[Illustration, page 471]
En réponse à un appel de volontaires, Tom et Rowena Kitto sont allés en Papouasie pour y enseigner la vérité biblique.
[Illustration, page 471]
John et Ellen Hubler, suivis de 31 autres Témoins, se sont rendus en Nouvelle-Calédonie. Quand ils ont dû quitter cette île, une congrégation y avait été solidement établie.
[Illustration, page 473]
Dans sa jeunesse, aux Samoa occidentales, Fuaiupolu Pele a été mis à rude épreuve par sa famille et son entourage quand il a décidé de devenir Témoin de Jéhovah.
[Illustration, page 474]
Quand Shem Irofaʼalu et ses collaborateurs ont acquis la conviction que l’enseignement des Témoins est réellement véridique, ils ont transformé en Salles du Royaume les églises de 28 villages des îles Salomon.
[Illustrations, page 476]
Pour pouvoir prêcher en Éthiopie au début des années 50, les Témoins ont dû ouvrir une mission et donner des cours.
[Illustration, page 478]
Alors qu’il était menacé d’expulsion, Gabriel Paterson (ici en photo) a été rassuré en ces termes par une haute personnalité: ‘La vérité ressemble à un torrent; endiguez-le et il submergera ses digues.’
[Illustrations, page 479]
En 1970, à une assemblée tenue au Nigeria, 3 775 nouveaux Témoins ont été baptisés; on a pris des dispositions pour s’assurer que chacun remplissait bien les conditions requises.
[Illustrations, page 481]
Des projections de films (en Afrique, et dans le monde entier) ont donné aux gens un aperçu de l’organisation visible de Jéhovah et de son envergure.
[Illustration, page 482]
João Mancoca (ici avec sa femme, Mary) a servi fidèlement Jéhovah pendant des dizaines d’années dans des conditions très pénibles.
[Illustration, page 483]
En 1961, Ernest Heuse et sa famille ont pu entrer au Zaïre (appelé Congo à l’époque) pour contribuer à l’édification spirituelle des personnes sincèrement désireuses de servir Jéhovah.
[Illustrations, page 485]
Alors qu’elle était baptisée depuis un an seulement et qu’elle ne connaissait pas d’autres Témoins au Kenya, Mary Whittington s’est mise à aider autrui à découvrir la vérité.
[Illustration, page 487]
Mary Nisbet (au milieu au premier plan), entre ses fils Robert et George, qui ont été pionniers en Afrique orientale dans les années 30, et (à l’arrière-plan) son fils William et sa femme Muriel, qui ont prêché en Afrique orientale de 1956 à 1973.
[Illustrations, page 488]
Au cours d’une assemblée tenue aux Philippines en 1945, on a donné des conseils sur la façon d’enseigner par le moyen d’études bibliques à domicile.
[Illustrations, page 490]
Don et Mabel Haslett, premiers missionnaires au Japon après la guerre, en train de donner le témoignage dans les rues.
[Illustration, page 491]
Lloyd Barry (à droite) a été au Japon pendant 25 ans, d’abord comme missionnaire, puis comme surveillant de la filiale.
[Illustration, page 491]
Don et Earlene Steele, premiers d’une longue liste de missionnaires qui ont été envoyés en République de Corée.
[Illustration, page 492]
Par le passé, il est arrivé que des foules prennent à partie Fred Metcalfe quand il essayait de prêcher la Bible en Irlande; mais à partir du moment où les Irlandais se sont donné la peine d’écouter, des milliers sont devenus Témoins de Jéhovah.
[Illustration, page 493]
Malgré l’opposition du clergé, des milliers de personnes se sont retrouvées lors des assemblées tenues par les Témoins en Italie (Rome, 1969).
[Illustration, page 494]
Quand l’œuvre était interdite, les réunions avaient souvent lieu dans la campagne, sous la forme de pique-niques, comme ici au Portugal.
[Illustrations, page 495]
Les Témoins emprisonnés à Cadix, en Espagne, ont continué de prêcher par courrier.
[Illustrations, page 496]
De grandes assemblées ont donné aux gens l’occasion de constater par eux-mêmes qui sont réellement les Témoins de Jéhovah.
Paris, France (1955).
Nuremberg, Allemagne (1955).
[Illustrations, page 498]
Pour permettre à tous les habitants du Luxembourg d’entendre la bonne nouvelle, les Témoins ont dû utiliser des publications dans les langues parlées dans une centaine de pays.
-
-
Partie 5 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terreLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 22
Partie 5 — Témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre
En 1975, d’importantes décisions ont été prises concernant la façon dont l’activité des Témoins de Jéhovah serait dirigée depuis le siège mondial. À l’époque, ils ignoraient quels territoires pourraient encore être le théâtre d’une intense activité de témoignage avant la fin du système mondial actuel, quelle ampleur la prédication allait encore prendre dans les pays où ils prêchaient sans entraves depuis de nombreuses années. Mais ils voulaient exploiter au mieux toutes les possibilités qui s’offraient à eux. Les pages 502 à 520 relatent quelques faits illustrant l’extraordinaire expansion de l’œuvre.
DES changements de taille sont intervenus en Amérique du Sud. Quelques années auparavant, en Équateur, des foules de catholiques s’en prenaient encore aux Témoins de Jéhovah; au Mexique, les prêtres catholiques régnaient en maîtres sur de nombreux villages; en Argentine et au Brésil, les Témoins de Jéhovah étaient hors la loi. Mais les conditions ont grandement évolué. Beaucoup de personnes à qui on avait appris à craindre ou à haïr les Témoins sont maintenant elles-mêmes Témoins de Jéhovah. D’autres écoutent avec plaisir les Témoins quand ils viennent leur parler du message de paix que contient la Bible. Les Témoins de Jéhovah sont connus et généralement respectés.
L’importance de leurs rassemblements et la conduite chrétienne des personnes qui y assistaient ont attiré l’attention. En 1985, deux assemblées, tenues simultanément à São Paulo et à Rio de Janeiro, au Brésil, ont réuni en tout 249 351 personnes. Par la suite, 23 autres assemblées, qui ont permis d’accueillir les personnes bien disposées d’autres régions du Brésil, ont réuni au total 389 387 assistants. Lors de cette série d’assemblées, 4 825 personnes ont symbolisé l’offrande de leur personne à Jéhovah en se faisant baptiser dans l’eau, ce qui atteste que les Témoins de Jéhovah du Brésil avaient enseigné la Parole de Dieu d’une excellente manière. Seulement cinq ans plus tard, en 1990, ce sont 110 assemblées qu’il a fallu organiser dans tout le Brésil pour accueillir les 548 517 assistants. Cette année-là, 13 448 personnes se sont présentées pour l’immersion. Dans tout le pays, des centaines de milliers de personnes, seules ou en famille, recevaient les Témoins de Jéhovah pour qu’ils leur enseignent la Parole de Dieu.
Que se passait-il en Argentine? Après des décennies de restrictions officielles, les Témoins de Jéhovah de ce pays ont de nouveau pu se rassembler librement en 1985. Quelle joie pour les 97 167 assistants qui se sont retrouvés lors de leur première série d’assemblées! Sous le titre “Un Royaume en pleine expansion: celui des Témoins de Jéhovah”, le journal local Ahora s’est émerveillé de l’ordre qui régnait parmi les assistants à Buenos Aires, de l’absence de toute discrimination sociale ou raciale, du calme et de l’amour qu’ils manifestaient. L’article tirait cette conclusion: “Que nous partagions ou non leurs idées et leurs doctrines, tous ces gens méritent notre plus grand respect.” Mais de nombreux Argentins sont allés plus loin dans leurs conclusions: ils ont commencé à étudier la Bible en compagnie des Témoins de Jéhovah et ont assisté à leurs réunions dans les Salles du Royaume pour observer comment les Témoins appliquent les principes bibliques dans leur vie. Ces observateurs ont ensuite pris une décision. Dans les sept années qui ont suivi, des dizaines de milliers de personnes ont voué leur vie à Jéhovah, et le nombre des Témoins en Argentine a augmenté de 71 %!
La bonne nouvelle du Royaume de Dieu a provoqué une réaction plus extraordinaire encore au Mexique. Par le passé, les Témoins de Jéhovah avaient souvent eu maille à partir avec des foules excitées par les prêtres. Mais les Témoins n’ont jamais riposté ou cherché à se venger, et cela a fait grande impression chez les personnes sincères (Rom. 12:17-19). Ces mêmes personnes ont aussi remarqué que les Témoins fondent toutes leurs croyances sur la Bible, la Parole inspirée de Dieu, et non sur des traditions humaines (Mat. 15:7-9; 2 Tim. 3:16, 17). Elles ont constaté que la foi des Témoins les avait vraiment soutenus dans l’adversité. De plus en plus de familles ont accepté l’étude biblique gratuite à domicile que leur proposaient les Témoins de Jéhovah. À tel point qu’en 1992 les études bibliques dirigées au Mexique représentaient 12 % du chiffre mondial. Par ailleurs, un nombre important de ces études regroupent des familles nombreuses. En conséquence, les Témoins de Jéhovah du Mexique, à savoir des chrétiens qui participent à la proclamation du Royaume de Dieu, et pas simplement des personnes qui assistent aux réunions, sont passés de 80 481 en 1975 à 354 023 en 1992!
En Europe également, des événements extraordinaires ont contribué à la propagation du message du Royaume.
Des changements stupéfiants en Pologne
En Pologne, bien que l’œuvre des Témoins de Jéhovah ait été interdite de 1939 à 1945 (sous les dominations nazie et soviétique), puis de nouveau à partir de juillet 1950 (tandis que le pays était sous influence soviétique), les Témoins de Jéhovah n’ont jamais cessé de prêcher. Alors que les prédicateurs du Royaume n’étaient que 1 039 en 1939, en 1950 ils étaient 18 116, et ils ont continué à évangéliser avec zèle, mais aussi avec prudence (Mat. 10:16). Quant aux assemblées, ils les tenaient dans des endroits discrets: en pleine campagne, dans des granges, dans les forêts. Mais, au début de 1982, le gouvernement polonais a permis aux Témoins d’organiser de petites assemblées d’un jour dans des salles louées.
Puis, en 1985, les Témoins de Jéhovah ont pu louer les plus grands stades de Pologne pour organiser quatre grandes assemblées au cours du mois d’août. Un délégué qui arrivait d’Autriche a été surpris d’entendre à l’aéroport une annonce qui souhaitait la bienvenue aux Témoins de Jéhovah venus en Pologne pour leur assemblée. Devant un tel changement d’attitude de la part du gouvernement, un Témoin polonais déjà âgé qui était là pour accueillir le visiteur n’a pu s’empêcher de pleurer de joie. Ces assemblées ont réuni 94 134 personnes, dont des groupes de délégués venus de 16 pays. Le grand public a-t-il été informé de l’événement? Effectivement. Pendant et après ces assemblées, les principaux journaux en ont parlé, la télévision a montré les foules réunies pour l’occasion et la radio nationale a retransmis des extraits de discours. Beaucoup de Polonais ont apprécié ce qu’ils ont vu et entendu.
On prévoyait des assemblées de plus grande ampleur encore quand, le 12 mai 1989, le gouvernement a reconnu officiellement aux Témoins de Jéhovah le statut d’association religieuse. En l’espace de trois mois, trois assemblées internationales ont été organisées, à Chorzów, à Poznań et à Varsovie, et elles ont rassemblé 166 518 personnes en tout. Fait surprenant, des milliers de Témoins de ce qui était à l’époque l’Union soviétique (URSS) et la Tchécoslovaquie ont obtenu les autorisations nécessaires pour venir y assister. Les Témoins de Jéhovah réussissaient-ils à faire des disciples dans ces pays où l’athéisme était prôné par l’État depuis des décennies? La réponse a été fournie par les 6 093 assistants, dont beaucoup de jeunes, qui se sont présentés pour se faire baptiser lors de ces assemblées.
Il était flagrant pour l’opinion que les Témoins sont des gens différents, et cela dans le bon sens du terme. On a pu lire dans la presse des déclarations comme celle-ci: “Ceux qui adorent Jéhovah Dieu — pour reprendre leurs propres termes — font grand cas de leurs rassemblements, qui sont à coup sûr une manifestation de leur unité. (...) Sous le rapport de l’ordre, de la paix et de la propreté, ceux qui assistent à l’assemblée sont des exemples à suivre.” (Życie Warszawy). Certains Polonais ont décidé de faire plus que d’observer simplement les Témoins ainsi rassemblés. Ils ont demandé aux Témoins de Jéhovah d’étudier la Bible avec eux. Ils ont été instruits de la Parole de Dieu, et le nombre des Témoins de Jéhovah en Pologne est passé de 72 887 en 1985 à 107 876 en 1992; et durant cette année-là, ils ont consacré plus de 16 800 000 heures à faire connaître la merveilleuse espérance qu’offrent les Écritures.
Toutefois, la Pologne n’était pas le seul pays à connaître des changements remarquables.
D’autres portes s’ouvrent en Europe de l’Est
La Hongrie a reconnu officiellement les Témoins de Jéhovah en 1989. Ce qui était à l’époque la République démocratique allemande (RDA) a levé l’interdiction qui pesait sur les Témoins depuis 40 ans en 1990, juste quatre mois après la chute du Mur de Berlin. Le mois suivant, le nouveau gouvernement roumain a officiellement reconnu l’Association chrétienne des Témoins de Jéhovah de Roumanie. En 1991, à Moscou, le ministère de la Justice a enregistré officiellement les statuts de l’“Organisation religieuse des Témoins de Jéhovah d’URSS.” La même année, l’œuvre des Témoins de Jéhovah a été autorisée officiellement en Bulgarie. En 1992, les Témoins de Jéhovah ont obtenu la reconnaissance officielle en Albanie.
Comment les Témoins de Jéhovah ont-ils employé la liberté qui leur a été accordée? “Allez-vous vous lancer dans la politique?” a demandé un journaliste à frère Helmut Martin, coordinateur de l’activité des Témoins de Jéhovah en RDA. Après tout, c’est ce que faisaient de nombreux ecclésiastiques. “Non, a répondu frère Martin. Jésus a confié à ses disciples une mission dans les Écritures, et nous la considérons comme notre tâche principale.” — Mat. 24:14; 28:19, 20.
Ce n’est toutefois pas à cette époque-là que les Témoins de Jéhovah ont commencé à assumer cette responsabilité dans cette partie du monde. Pendant de longues années, ils ont été obligés d’accomplir leur activité dans des conditions extrêmement pénibles, mais dans la plupart de ces pays ils étaient organisés en congrégations (qui se réunissaient par petits groupes), et ils donnaient le témoignage. Maintenant, par contre, de nouvelles possibilités s’offraient à eux. Leurs réunions étaient autorisées, et ils pouvaient librement y inviter le public. Ils pouvaient ouvertement prêcher de maison en maison, sans craindre la prison. Ces pays comptent à eux tous une population de plus de 390 000 000 d’habitants; le travail ne manquait donc pas. Conscients que nous vivons les derniers jours du système de choses actuel, les Témoins de Jéhovah ont agi rapidement.
Avant même que l’œuvre ne soit reconnue officiellement, des membres du Collège central s’étaient rendus dans un bon nombre de ces pays afin de déterminer ce qui pouvait être fait pour aider leurs frères chrétiens. Une fois les interdictions levées, ils sont allés dans d’autres pays encore pour aider les frères à organiser l’œuvre. En l’espace de quelques années, ils ont rencontré personnellement des Témoins en Pologne, en Hongrie, en Roumanie, en Tchécoslovaquie, en Russie, en Ukraine, en Estonie et en Biélorussie.
On a organisé des assemblées pour fortifier les Témoins de ces pays et faire connaître plus largement le message du Royaume de Dieu. Moins de cinq mois après que l’interdiction a été levée dans ce qui était alors la RDA, une de ces assemblées s’est tenue au stade olympique de Berlin. Des Témoins de 64 pays, outre l’Allemagne, ont répondu à l’invitation de venir y assister. C’était pour eux un privilège de vivre cet événement joyeux aux côtés de leurs frères et sœurs chrétiens qui étaient restés fidèles à Jéhovah durant des décennies face à une persécution virulente.
En 1990 et 1991, d’autres assemblées se sont tenues en Europe de l’Est. En 1990, quatre assemblées à caractère local en Hongrie; puis, en 1991, une assemblée internationale au Népstadion de Budapest, avec une assistance de 40 601 personnes venues de 35 pays. En Roumanie, pour la première fois depuis plus de 40 ans, les Témoins de Jéhovah ont pu tenir des assemblées publiques en 1990. Cette année-là ont eu lieu une série d’assemblées à travers tout le pays, suivies de deux rassemblements plus importants. En 1991, huit autres assemblées, qui ont réuni 34 808 personnes. En 1990, dans ce qui était alors la Yougoslavie, on a organisé une assemblée dans chacune des républiques qui composaient à l’époque le pays. L’année suivante, bien que le pays fût au bord de la guerre civile, 14 684 Témoins de Jéhovah ont assisté à une assemblée internationale à Zagreb, la capitale de la Croatie. Les policiers étaient étonnés à la vue de Croates, de Monténégrins, de Serbes, de Slovènes et d’autres réunis paisiblement pour écouter les discours.
Dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie, on a de même organisé rapidement des assemblées. En 1990, une assemblée à caractère national a réuni 23 876 personnes à Prague. Les gérants du stade ont été si impressionnés qu’ils ont mis à la disposition des Témoins les plus vastes installations disponibles dans le pays pour l’assemblée suivante. Cette dernière, en 1991, a été un événement mémorable pour lequel 74 587 auditeurs enthousiastes ont rempli le stade Strahov de Prague. Les assistants tchèques et slovaques ont été ravis et ont longuement applaudi quand a été annoncée la parution de l’intégralité des Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau dans leurs langues respectives, Bible qui leur servirait aussi bien dans leur ministère public que pour l’étude individuelle ou au sein des congrégations.
Toujours en 1991, pour la première fois de leur histoire, les Témoins de Jéhovah ont pu tenir ouvertement des assemblées dans des villes situées à l’époque en Union soviétique. L’assemblée de Tallinn, en Estonie, a été suivie d’une autre en Sibérie. Quatre assemblées ont eu lieu dans de grandes villes d’Ukraine, et une au Kazakhstan. L’assistance totale s’est élevée à 74 252 personnes. L’activité des Témoins de Jéhovah a porté du fruit dans ces régions, car ils ont fait de nombreux disciples:7 820 assistants se sont présentés pour le baptême. Ils n’avaient pas pris cette décision sous le coup de l’émotion parce que l’assemblée les enthousiasmait. Les candidats au baptême y avaient été préparés avec attention durant des mois, dans certains cas des années.
D’où venaient tous ces gens? Il était manifeste que l’œuvre des Témoins de Jéhovah ne venait pas tout juste de commencer dans cette région du globe. Dès 1887, des publications de la Société Watch Tower avaient été envoyées par la poste en Russie à une personne qui s’intéressait à la vérité. Le premier président de la Société Watch Tower s’était personnellement rendu à Chisinau (aujourd’hui en Moldavie) en 1891. Des Étudiants de la Bible étaient allés prêcher en Russie dans les années 20; mais ils avaient rencontré une vive opposition du gouvernement, et les rares groupes qui s’intéressaient au message biblique ne comptaient que quelques personnes. Toutefois, la situation a évolué pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Les frontières ont été redessinées et d’importants groupes de population ont changé de nationalité. En conséquence, plus d’un millier de Témoins d’expression ukrainienne qui vivaient dans l’est de la Pologne se sont retrouvés sur le territoire de l’Union soviétique. De même, des Témoins roumains ou tchécoslovaques sont devenus citoyens soviétiques. Par ailleurs, des Russes qui étaient devenus Témoins de Jéhovah dans les camps de concentration en Allemagne sont retournés dans leur pays et y ont emporté la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. En 1946, l’Union soviétique comptait 4 797 Témoins actifs. Bon nombre d’entre eux ont été déplacés çà et là par le gouvernement au fil des années. Certains ont été confinés dans des camps. Partout où ils passaient, ils donnaient le témoignage. Leur nombre a augmenté. Même avant que le gouvernement ne les reconnaisse officiellement, des groupes de Témoins étaient actifs depuis Lviv, à l’ouest, jusqu’à Vladivostok, à la frontière orientale de l’Union soviétique, au bord de la mer du Japon.
Beaucoup sont maintenant disposés à écouter
En 1991, lorsque les Témoins ont tenu leurs assemblées dans ce qui était à l’époque l’URSS, les gens ont eu l’occasion de mieux les connaître. Quelles ont été leurs impressions? À Lviv, en Ukraine, un responsable de la police a dit à un congressiste: “Vous savez remarquablement enseigner le bien. Vous parlez de Dieu et vous ne donnez pas dans la violence. Nous nous sommes demandé pourquoi nous vous avons persécutés par le passé, et nous sommes arrivés à la conclusion que c’est parce que nous n’avions pas écouté votre message et que nous ne savions rien de vous.” Mais à présent, de nombreuses personnes écoutaient, et les Témoins de Jéhovah avaient le désir de les aider.
Pour poursuivre leur œuvre de façon plus efficace dans ces pays, les Témoins avaient besoin de publications bibliques. On a déployé de grands efforts pour leur en fournir rapidement. À Selters/Taunus, en Allemagne, les Témoins de Jéhovah ont presque doublé la taille de leur imprimerie. Alors que les travaux d’agrandissement n’étaient pas encore achevés, environ deux semaines après la reconnaissance officielle de l’œuvre dans ce qui était alors l’Allemagne de l’Est, l’imprimerie de Selters a envoyé 25 tonnes de publications dans ce pays. Depuis la levée de l’interdiction dans les pays d’Europe de l’Est jusqu’en 1992, ce sont près de 10 000 tonnes de publications en 14 langues qui ont été expédiées dans ces différents pays depuis l’Allemagne, 633 tonnes depuis l’Italie, la Finlande participant également à cet effort.
Dans certains pays, les Témoins ont été pour ainsi dire coupés de l’organisation pendant de longues années; ils avaient donc aussi besoin de conseils sur la surveillance des congrégations et les questions d’organisation. Pour pallier rapidement ces lacunes, on s’est adressé à des anciens expérimentés en Allemagne, aux États-Unis, au Canada, etc., de préférence des frères parlant la langue de ces pays de l’Est. Étaient-ils disposés à se déplacer dans un de ces pays d’Europe de l’Est pour y apporter leur aide? Leur réaction a été vraiment remarquable. De plus, là où cela s’avérait pratique, on a également envoyé des anciens qui avaient reçu une formation à l’École de Galaad ou à l’École de formation ministérielle.
Puis, en 1992, on a tenu une assemblée internationale mémorable à Saint-Pétersbourg, la deuxième ville de Russie. Dans l’auditoire se trouvaient quelque 17 000 délégués venus de 27 pays. Cette assemblée a connu un grand retentissement. Elle a attiré des personnes qui n’avaient jamais entendu parler des Témoins de Jéhovah. L’assistance maximum a été de 46 214 personnes. Des Témoins de toute la Russie étaient présents; il en était venu d’aussi loin que l’île de Sakhaline, dans l’extrémité est du pays, près du Japon. D’importants groupes venaient d’Ukraine, de Moldavie, et d’autres pays qui faisaient auparavant partie de l’URSS. Tous ces Témoins venaient porteurs de bonnes nouvelles. Des rapports ont indiqué que dans des congrégations de villes comme Kiev, Moscou ou Saint-Pétersbourg, l’assistance moyenne aux réunions représentait parfois plus de deux fois le nombre de Témoins. De nombreuses personnes qui voulaient étudier la Bible en compagnie des Témoins de Jéhovah étaient inscrites sur listes d’attente. De Lettonie sont venus quelque 600 délégués, et ils étaient encore plus nombreux à venir d’Estonie. Une congrégation de Saint-Pétersbourg comptait plus d’une centaine de candidats au baptême à cette assemblée. Beaucoup de jeunes gens et de personnes instruites s’intéressent au message. Vraiment, une moisson spirituelle de grande ampleur se déroule actuellement dans ce vaste territoire que le monde a longtemps considéré comme un bastion de l’athéisme.
Des champs blancs pour la moisson
D’autres pays ont adopté une nouvelle attitude quant à la liberté religieuse et ont eux aussi levé les restrictions qui frappaient les Témoins de Jéhovah ou ont enfin reconnu légalement leur œuvre. Dans nombre de ces nations, une abondante moisson spirituelle attendait d’être rentrée. La situation correspondait à celle que Jésus a décrite ainsi à ses disciples: “Levez les yeux et voyez les champs: ils sont blancs pour la moisson.” (Jean 4:35). Considérons quelques régions d’Afrique où il en était ainsi.
Le ministère de maison en maison des Témoins de Jéhovah était interdit en Zambie depuis 1969. Les Témoins ont donc davantage consacré de temps à diriger des études bibliques à domicile avec les personnes bien disposées. D’autres personnes ont cherché à rencontrer les Témoins pour bénéficier elles aussi d’une étude. Progressivement, les restrictions ont été levées, et l’assistance aux réunions a augmenté. En 1992, le Repas du Seigneur a rassemblé 365 828 assistants en Zambie, soit 1 habitant sur 23!
Au nord de la Zambie, au Zaïre, des milliers de personnes voulaient savoir ce que les Témoins de Jéhovah enseignent sur le mode de vie chrétien et concernant le dessein de Dieu à l’égard des humains. En 1990, quand les Témoins ont pu rouvrir leurs Salles du Royaume, dans certaines régions jusqu’à 500 personnes affluaient lors des réunions. Moins de deux ans après, les 67 917 Témoins du Zaïre dirigeaient 141 859 études bibliques à domicile.
L’œuvre a été officiellement reconnue dans un nombre étonnant de pays. En 1990, les missionnaires qui avaient été expulsés du Bénin 14 ans auparavant ont été autorisés à y revenir, et la porte restait ouverte pour d’autres. La même année, le ministre de la Justice de la République du Cap-Vert a signé un décret approuvant les statuts de l’Association locale des Témoins de Jéhovah, lui accordant ainsi la reconnaissance officielle. Ensuite, en 1991, les Témoins de Jéhovah ont bénéficié de mesures d’apaisement au Mozambique (où le gouvernement précédent les avait cruellement persécutés), au Ghana (où leur activité était sous restrictions) et en Éthiopie (où ils n’avaient pu prêcher ouvertement ni tenir d’assemblée pendant 34 ans). Avant la fin de l’année, le Niger et le Congo reconnaissaient l’œuvre des Témoins de Jéhovah. Au début de 1992, d’autres pays ont levé les restrictions ou ont reconnu l’œuvre: le Tchad, le Kenya, le Rwanda, le Togo et l’Angola.
Ces pays représentaient autant de champs prêts pour une moisson spirituelle. En Angola, par exemple, les Témoins ont rapidement enregistré un accroissement de 31 %; par ailleurs, les près de 19 000 prédicateurs du Royaume dirigeaient environ 53 000 études bibliques à domicile. Pour assurer un soutien administratif à ce vaste programme d’enseignement biblique en Angola et au Mozambique (où beaucoup parlent portugais), on a invité des anciens expérimentés du Portugal et du Brésil à s’installer en Afrique pour y accomplir leur ministère. Des missionnaires parlant portugais ont été envoyés en Guinée-Bissao, territoire accessible depuis peu. De même, des Témoins qualifiés de France et d’autres pays ont été invités à soutenir l’œuvre urgente consistant à prêcher et à faire des disciples au Bénin, au Tchad et au Togo, où le français est communément parlé.
Parmi ces pays qui ont produit une récolte remarquable, certains étaient par le passé des bastions du catholicisme. Cela a été le cas non seulement en Amérique latine, mais aussi en France (où le rapport de 1992 signalait 119 674 évangélisateurs), en Espagne (où ils étaient 92 282), aux Philippines (114 335), en Irlande (avec un accroissement de 8 à 10 % par an) et au Portugal.
En 1978, à propos de l’assemblée qui a réuni 37 567 personnes à Lisbonne (Portugal), le magazine Opção a écrit: “Quiconque s’est trouvé à Fátima au moment du pèlerinage sait que c’est tout à fait différent. (...) Ici [à l’assemblée des Témoins de Jéhovah], le mysticisme disparaît, cédant la place à une réunion où les croyants discutent dans le calme de leurs problèmes, de leur foi et de leur perspective spirituelle. La façon dont ils se traitent les uns les autres porte l’empreinte de relations pleines de sollicitude.” Dans les décennies qui ont suivi, le nombre des Témoins du Portugal a augmenté de près de 70 %.
Que se passait-il en Italie? Des séminaires ont dû fermer leurs portes en raison d’une forte baisse des vocations. De multiples paroisses se retrouvent sans prêtre. De nombreux bâtiments appartenant à l’Église sont maintenant reconvertis en magasins ou en bureaux. Cela n’a pas empêché l’Église de combattre avec virulence les Témoins de Jéhovah. Par le passé, le clergé a talonné les autorités pour qu’elles expulsent les missionnaires et donnent comme consigne à la police d’interrompre les réunions. Dans les années 80, dans certaines régions les prêtres ont fait apposer sur toutes les portes d’entrée (parfois même sur celles de Témoins de Jéhovah) des autocollants portant cette inscription: “Ne sonnez pas. Nous sommes catholiques.” On a pu lire dans les journaux des manchettes telles que “Cri d’alarme de l’Église contre les Témoins de Jéhovah” et “‘Guerre sainte’ contre les Témoins de Jéhovah”.
Lorsqu’au Ier siècle les prêtres juifs ont essayé de réduire au silence les apôtres, Gamaliel, enseignant de la Loi, fit cette sage observation: “Si ce dessein ou cette œuvre vient des hommes, elle sera renversée; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les renverser.” (Actes 5:38, 39). Quel effet ont eu les intimidations de la prêtrise catholique du XXe siècle? L’activité des 120 Témoins que comptait l’Italie en 1946 n’a pas été renversée. Au contraire, en 1992, 194 013 Témoins actifs étaient associés aux 2 462 congrégations réparties dans tout le pays. Ils ont littéralement rempli l’Italie de leur enseignement biblique. Depuis 1946, ils ont consacré plus de 550 millions d’heures à parler du Royaume de Dieu à leurs compatriotes. Ils ont par la même occasion remis entre les mains du public plusieurs millions d’exemplaires de la Bible elle-même, ainsi que plus de 400 millions de livres, brochures et périodiques qui expliquent les Écritures. Ils veulent que le peuple italien se voie sans faute offrir la possibilité de prendre position pour Jéhovah avant Harmaguédon. Poursuivant leur activité, ils se souviennent de la déclaration de l’apôtre Paul en 2 Corinthiens 10:4, 5: “Les armes de notre guerre, en effet, ne sont pas charnelles, mais puissantes du fait de Dieu pour renverser des forteresses. Car nous renversons des raisonnements et tout ce qui est altier et se dresse contre la connaissance de Dieu.”
Les Témoins de Jéhovah ne portent pas exclusivement leur attention sur les anciens bastions du catholicisme. Ils se remémorent ces paroles de Jésus Christ: “Il faut d’abord que la bonne nouvelle soit prêchée dans toutes les nations.” (Marc 13:10). Les Témoins s’y emploient. En 1992, 12 168 d’entre eux s’activaient à parler du Royaume de Dieu en Inde. Ils étaient 71 428 à prêcher en République de Corée. Au Japon, ils étaient 171 438, et leur nombre augmente mois après mois. Ils ont également continué de s’intéresser aux pays où la prédication avait été très limitée, voire inexistante.
C’est ainsi que dans la fin des années 70, ils ont pu pour la première fois communiquer le message du Royaume aux habitants des îles Marquises et de Kosrae, dans l’océan Pacifique. Ils se sont aussi rendus au Bhoutan, à la frontière sud de la Chine, et aux Comores, au large de la côte orientale de l’Afrique. Dans les années 80, on a signalé pour la première fois que des Témoins de Jéhovah prêchaient dans les îles Wallis et Futuna ainsi que dans les îles Nauru et Rota, toutes situées dans le sud-ouest du Pacifique. Certaines de ces îles sont relativement petites, mais elles sont habitées, et les vies sont précieuses. Les Témoins de Jéhovah font grand cas de la prophétie de Jésus annonçant qu’avant la fin le message du Royaume doit être prêché “par toute la terre habitée”. — Mat. 24:14.
Rencontrer les gens partout et en toutes circonstances
La prédication de maison en maison reste la principale méthode employée par les Témoins de Jéhovah pour rencontrer leur prochain, mais ils se rendent compte que même cette recherche méthodique ne permet pas de voir tout le monde. Conscients du caractère vital de leur œuvre, ils s’efforcent de parler aux gens où qu’ils se trouvent. — Voir Jean 4:5-42; Actes 16:13, 14.
Quand un bateau fait une escale, même brève, dans un port d’Allemagne ou des Pays-Bas, les Témoins de Jéhovah se font un devoir de monter à bord; ils commencent par donner le témoignage au capitaine, puis à l’équipage. Ils emportent des publications en de nombreuses langues. Sur les marchés populaires du Tchad, en Afrique centrale, il est courant de voir 15 à 20 personnes attroupées autour d’un Témoin de Jéhovah qui leur parle de l’espérance du Royaume de Dieu. À Auckland, en Nouvelle-Zélande, les Témoins se relaient par équipes pour parler le samedi matin aux marchands et aux milliers de clients du marché aux puces. Les voyageurs qui passent par les gares routières de Guayaquil, en Équateur, et dont beaucoup viennent des confins du pays, sont abordés par des Témoins qui leur proposent une brochure appropriée ou les périodiques La Atalaya et ¡Despertad! Des Témoins vont voir les employés qui travaillent de nuit dans les supermarchés “non-stop” de New York, pour qu’ils aient eux aussi l’occasion d’entendre la bonne nouvelle.
Beaucoup de Témoins de Jéhovah profitent de trajets en avion, en train, en bus ou en métro pour faire connaître les précieuses vérités bibliques aux autres voyageurs. Pendant les repas, sur le lieu de travail ou avec leurs camarades, mais aussi quand un représentant vient chez eux, ils saisissent l’occasion de donner le témoignage. Ils savent que nombre de ces personnes sont absentes quand ils passent à leur domicile.
Tout en donnant le témoignage à autrui, ils n’oublient pas les membres de leur famille et leurs proches. Mais quand Maria Caamano, une Argentine Témoin de Jéhovah, a voulu expliquer à ses proches combien elle avait été touchée par la vérité biblique, ils se sont moqués d’elle ou sont restés indifférents. Elle n’a pas renoncé pour autant et a fait 1 900 kilomètres pour donner le témoignage à d’autres membres de sa famille. Certains ont fait bon accueil à son message. Petit à petit, d’autres ont prêté une oreille attentive. En fin de compte, ce sont à présent plus de 80 adultes et de 40 enfants de son entourage qui ont adhéré aux vérités bibliques et qui les communiquent à autrui.
Dans le but d’aider ses proches, Michael Regan est retourné dans sa ville natale, Boyle, dans le Comté de Roscommon, en Irlande. Il leur a donné le témoignage à tous. Sa nièce a été impressionnée par le mode de vie heureux et sain des enfants de Michael. Rapidement, elle et son mari ont accepté une étude biblique. Quand ils se sont fait baptiser, le père de cette femme n’a plus voulu les voir. Il s’est adouci avec le temps, et il a accepté quelques publications — dans le but, a-t-il dit, de dénoncer l’“hérésie” des Témoins. Mais il a vite compris qu’il lisait la vérité, et il a fini par se faire baptiser. Plus de 20 membres de cette famille assistent maintenant aux réunions de la congrégation, et la plupart sont déjà baptisés.
Qu’en est-il de la population carcérale? Les bienfaits du message du Royaume sont-ils à sa portée? Les Témoins de Jéhovah n’oublient pas les prisonniers. Dans une prison d’Amérique du Nord, les études bibliques avec les détenus ainsi que les réunions régulières organisées par les Témoins de Jéhovah dans l’établissement ont eu de si bons résultats que la direction a permis que s’y tienne une assemblée. Des détenus y ont naturellement assisté, mais aussi des milliers de Témoins venus de l’extérieur. Dans d’autres pays aussi, on déploie de grands efforts pour donner le témoignage aux hommes et aux femmes en prison.
Les Témoins de Jéhovah ne pensent pas que l’étude de la Bible réformera tous les détenus. Mais ils savent par expérience que certains peuvent changer, et ils veulent leur donner l’occasion de se saisir de l’espérance du Royaume de Dieu.
Des efforts répétés pour toucher les cœurs
Toujours et encore, les Témoins de Jéhovah rendent visite à leur prochain. À l’exemple des premiers disciples de Jésus, ils ‘vont continuellement’ trouver les gens dans les territoires qui leur sont confiés et s’efforcent de susciter en eux de l’intérêt pour le Royaume de Dieu (Mat. 10:6, 7). Dans certaines régions, ils ne peuvent rencontrer les habitants qu’une fois par an; ailleurs, quelques mois seulement séparent leurs visites. Au Portugal, dans la région de Lisbonne, où l’on compte 1 Témoin pour 160 habitants, les gens reçoivent la visite des Témoins toutes les semaines ou presque. Au Venezuela, certains territoires de villes sont parcourus plus d’une fois par semaine.
Les visites répétées des Témoins de Jéhovah n’ont pas pour but d’imposer le message de la Bible. Elles donnent simplement l’occasion aux auditeurs de prendre une décision en connaissance de cause. Aujourd’hui, des personnes diront peut-être que cela ne les intéresse pas; mais un bouleversement dans leur vie ou l’évolution de la situation mondiale peut les rendre plus réceptives à l’avenir. Beaucoup n’ont jamais vraiment entendu ce que les Témoins enseignent, en raison de préjugés ou tout bonnement parce qu’ils sont trop affairés. Mais des visites amicales répétées peuvent éveiller leur curiosité. L’honnêteté et la probité des Témoins de Jéhovah impressionnent souvent leurs voisins ou collègues de travail. Et c’est ainsi qu’avec le temps, certains manifestent assez d’intérêt pour découvrir quelle est vraiment la teneur du message. Une Vénézuélienne qui était dans ce cas et a ensuite accepté volontiers les publications et une étude biblique gratuite a déclaré: “Auparavant, personne ne m’avait jamais expliqué ces choses.”
Avec gentillesse, les Témoins s’efforcent de toucher le cœur de leurs interlocuteurs. En Guadeloupe, où en 1992 on comptait 1 Témoin pour 57 habitants, les gens disent souvent: “Ça ne m’intéresse pas.” Dans ce cas, Éric Dodote répond: “Je vous comprends, et je me mets à votre place.” Puis il ajoute: “Mais je voudrais vous demander: Aimeriez-vous vivre dans de meilleures conditions que celles qui existent aujourd’hui?” Après avoir écouté son interlocuteur, il montre à l’aide de la Bible que Dieu établira de telles conditions dans le monde nouveau.
Des territoires parcourus plus minutieusement encore
Ces dernières années, il est devenu de plus en plus ardu dans certains pays de rencontrer les gens chez eux. Souvent, les conjoints travaillent tous deux, et le week-end ils sont partis se détendre. Pour s’accommoder de la situation, dans de nombreux pays les Témoins de Jéhovah prêchent de plus en plus en soirée. En Grande-Bretagne, certains Témoins essaient de retrouver les absents entre 18 et 20 heures, tandis que d’autres effectuent ces visites le matin avant 8 heures, afin de voir les habitants avant qu’ils ne partent au travail.
Même quand les gens sont chez eux, il peut être pratiquement impossible de leur parler sans rendez-vous, parce que la criminalité impose des dispositifs de protection incontournables. À Copacabana (Brésil), des personnes difficiles à rencontrer sont parfois abordées lors de leur promenade matinale le long de la plage par un Témoin zélé qui désire leur montrer comment Dieu va résoudre les problèmes de l’humanité. À Paris, les gens qui rejoignent leur logement en fin d’après-midi rencontrent parfois à l’entrée de leur immeuble deux Témoins amicaux avec qui ils peuvent, s’ils le désirent, discuter quelques minutes de la façon dont Dieu apportera la sécurité véritable. À Honolulu, à New York, et dans de nombreuses autres villes, on s’efforce de joindre par téléphone les occupants des immeubles inaccessibles.
Les Témoins veillent à rencontrer quelqu’un dans chaque foyer, mais ils n’estiment pas que leur mission s’arrête là. Leur désir est de parler au plus de personnes possible dans chaque foyer. Parfois ils y parviennent en passant à des heures et à des jours différents. À Porto Rico, à une personne qui lui disait que sa démarche la laissait indifférente, une proclamatrice a demandé s’il y avait quelqu’un d’autre dans la maison avec qui elle pourrait discuter. Elle a ainsi pu parler avec le mari, malade depuis 14 ans et le plus souvent alité. Son cœur a été touché par l’espérance que présente la Parole de Dieu. Il a repris goût à la vie, a bientôt pu quitter le lit pour assister aux réunions à la Salle du Royaume et pour partager sa nouvelle foi avec autrui.
Le témoignage s’intensifie tandis que la fin approche
Il est un autre facteur qui a contribué à un témoignage plus intensif ces dernières années. Il s’agit de l’extraordinaire accroissement du nombre des Témoins qui sont pionniers. Ce sont des proclamateurs poussés par le profond désir de consacrer un maximum de temps à Dieu, et, par amour pour leur prochain, ils s’organisent pour consacrer 60, 90, 140 heures ou plus au ministère chaque mois. À l’image de l’apôtre Paul alors qu’il prêchait à Corinthe (Grèce), ceux qui entreprennent le service de pionnier sont “extrêmement pris par la parole”; ils cherchent à rendre témoignage au Royaume messianique devant le plus grand nombre possible de personnes. — Actes 18:5.
En 1975, on dénombrait 130 225 pionniers dans le monde. En 1992, ils étaient 605 610 en moyenne chaque mois (pionniers auxiliaires, permanents et spéciaux confondus). Sur cette période où le nombre des Témoins dans le monde a augmenté de 105 %, celui des ministres qui se sont organisés pour servir à plein temps a augmenté de 365 %! Une des conséquences de ce phénomène est que le nombre d’heures consacrées chaque année au témoignage est passé de quelque 382 millions à plus d’un milliard!
‘Le petit est devenu un millier’
Jésus Christ a chargé ses disciples d’être ses témoins jusque dans la partie la plus lointaine de la terre (Actes 1:8). Par le prophète Ésaïe, Jéhovah avait annoncé: “Le petit deviendra un millier, et celui qui est infime une nation forte. Moi, Jéhovah, j’accélérerai cela en son temps.” (És. 60:22). L’histoire des Témoins de Jéhovah montre à l’évidence qu’ils accomplissent l’œuvre que Jésus a annoncée, et ils connaissent le genre de croissance dont Dieu lui-même a parlé.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, on les rencontrait surtout en Amérique du Nord et en Europe; il s’en trouvait en Afrique, mais dans le reste du monde ils étaient disséminés en petits groupes. Ils étaient loin d’avoir fait connaître le message du Royaume dans chaque pays de la terre, et n’avaient pas pu atteindre toutes les régions des pays où ils prêchaient. La situation a toutefois évolué à une rapidité stupéfiante.
Prenons l’exemple de l’Amérique du Nord, du Canada, au nord, jusqu’au Panama, avec neuf pays situés entre les deux. En 1945, cette vaste étendue comptait 81 410 Témoins. Quatre de ces pays signalaient moins de 20 Témoins chacun, et dans un pays, on n’effectuait pas encore de prédication organisée. Depuis lors, un témoignage puissant et soutenu a été donné dans tous. En 1992, il y avait 1 440 165 Témoins de Jéhovah dans cette partie du globe. Dans la plupart de ces pays, pour chaque Témoin, il y a en moyenne seulement quelques centaines de concitoyens à qui donner le témoignage. Une grande partie de la population reçoit la visite des Témoins à intervalles de quelques mois, beaucoup les voient chaque semaine. Plus de 1 240 000 études bibliques, individuelles ou en groupe, sont dirigées régulièrement avec des personnes bien disposées.
Que se passe-t-il en Europe? Cette partie du globe s’étend de la Scandinavie jusqu’à la Méditerranée. À l’exception de la plupart du territoire de l’ex-Union soviétique, un témoignage intensif avait été donné avant la Seconde Guerre mondiale. Depuis ce conflit, de nouvelles générations ont vu le jour, et il a également fallu leur montrer à l’aide des Écritures que le Royaume de Dieu allait bientôt remplacer tous les gouvernements humains (Dan. 2:44). De quelques milliers de Témoins qui prêchaient pendant la guerre malgré les sévères restrictions, on était passé à 1 176 259 prédicateurs du Royaume en 1992 dans les 47 pays dont les rapports ont été publiés. Ce chiffre comprend les pays qui faisaient auparavant partie de l’URSS, que ce soit en Europe ou en Asie. Cinq pays signalaient plus de 100 000 Témoins zélés: l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et la Pologne. Et quelle activité tous ces Témoins accomplissaient-ils? Le rapport pour 1992 montre que durant cette année, ils ont consacré plus de 230 000 000 d’heures à la prédication en public et de maison en maison, et aux études bibliques. Dans cette œuvre d’évangélisation, la petite République de Saint-Marin ou des principautés comme Andorre et le Liechtenstein, ou encore Gibraltar n’ont pas été oubliées. Vraiment, le témoignage a bien été donné selon ce qui avait été prédit.
L’Afrique a aussi été le théâtre d’une activité de témoignage étendue. Il ressort des rapports qu’en 1945 la bonne nouvelle avait déjà atteint 28 pays de ce continent, mais peu de prédication de porte en porte y avait été effectuée. Depuis lors, toutefois, une grande activité y a été accomplie. En 1992, 545 044 Témoins zélés prêchaient la bonne nouvelle dans 45 pays d’Afrique. On a dénombré 1 834 863 assistants à la commémoration du Repas du Seigneur en 1992. Ainsi, on a constaté un accroissement phénoménal, mais de plus les perspectives d’avenir sont extraordinaires!
Le rapport de l’Amérique du Sud n’est pas moins remarquable. Bien qu’avant la Seconde Guerre mondiale un seul des 13 pays de ce continent n’avait pas entendu parler du message biblique, il ne s’y trouvait que 29 congrégations, et dans certains, l’œuvre de prédication n’était pas encore organisée. Le plus gros de l’œuvre de prédication restait encore à effectuer. Depuis cette époque, les Témoins ont déployé des efforts intenses. Ceux qui ont été rafraîchis par l’eau de la vie lancent joyeusement cette invitation à autrui: ‘Venez, et prenez l’eau de la vie, gratuitement!’ (Rév. 22:17). En 1992, 683 782 serviteurs de Jéhovah d’Amérique du Sud répartis en 10 399 congrégations étaient heureux de participer avec joie à cette activité. Certains se rendaient dans des régions où le témoignage n’avait pas été donné à fond. D’autres retournaient inlassablement dans les territoires où l’on avait déjà prêché pour encourager les gens à ‘goûter et à voir que Jéhovah est bon’. (Ps. 34:8.) Ils dirigeaient 905 132 études bibliques régulières pour aider les personnes sincères à faire des voies de Jéhovah leur mode de vie.
Intéressons-nous aussi à l’Asie et aux nombreux archipels et îles disséminés autour du globe. Quel travail a été accompli dans ces régions? À la fin de la guerre, beaucoup n’avaient été que peu touchées par la proclamation du Royaume. Mais Jésus Christ a annoncé que cette bonne nouvelle du Royaume serait prêchée “par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations”. (Mat. 24:14.) Conformément à ces paroles, dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, la prédication de la bonne nouvelle, qui avait jusque-là atteint 76 de ces pays, îles et archipels, s’est étendue à 40 autres et s’est intensifiée dans les régions atteintes précédemment. En 1992, ce vaste territoire comptait plus de 627 537 Témoins dévoués qui trouvaient leurs délices à faire connaître ‘les actes de puissance et la gloire de la splendeur de la royauté de Jéhovah’. (Ps. 145:11, 12.) Leur ministère n’était pas aisé. En certains endroits, il leur fallait voyager plusieurs heures en bateau ou en avion pour atteindre les îles éloignées de leur territoire. Mais en 1992, ils ont consacré plus de 200 000 000 d’heures à prêcher et ont dirigé 685 211 études bibliques à domicile.
La promesse que le ‘petit deviendrait un millier’ s’est assurément accomplie, et même amplement! Dans plus de 50 pays où il ne se trouvait même pas un ‘petit’ (où il n’y avait aucun Témoin de Jéhovah en 1919, où personne n’avait encore prêché), on compte aujourd’hui plus d’un millier d’adorateurs de Jéhovah. Dans certains cas, ce sont même des dizaines de milliers, voire plus d’une centaine de milliers de Témoins de Jéhovah qui proclament avec zèle le Royaume de Dieu! À l’échelle du globe, les Témoins de Jéhovah sont devenus “une nation forte”, plus nombreux en tout que la population d’au moins 80 États souverains du monde.
Quels résultats dans les ‘autres pays’?
De tous les pays évoqués plus haut, en 1992, 24 ‘autres pays’ imposaient de sévères restrictions officielles aux Témoins de Jéhovah, et on ne publiait pas de rapport détaillé. Dans certains de ces pays, un grand témoignage est donné. Néanmoins, dans quelques-uns, le nombre des Témoins est relativement faible. Il est encore des personnes qui n’ont pas entendu le message du Royaume. Mais les Témoins de Jéhovah sont persuadés que le témoignage sera donné de façon satisfaisante. Pourquoi?
Parce que les Écritures montrent que Jésus Christ dirige lui-même l’œuvre depuis son trône céleste. Sous sa direction, un ‘ange volant au milieu du ciel’ est chargé d’annoncer une bonne nouvelle éternelle et d’inviter “toute nation et tribu et langue et peuple” à ‘craindre Dieu et à lui donner gloire’. (Rév. 14:6, 7.) Aucune puissance au ciel ou sur la terre ne peut empêcher Jéhovah d’attirer à lui ceux qui sont “dans la disposition voulue pour la vie éternelle”. — Actes 13:48; Jean 6:44.
Aucune région du globe n’est trop isolée pour que le message du Royaume ne l’atteigne. Les amis se rendent visite. Le téléphone et le courrier transmettent les nouvelles. Les personnes qui sont dans les affaires, les ouvriers, les étudiants et les touristes rencontrent des gens d’autres nations. Comme dans le passé, le message capital qui annonce que Jéhovah a donné autorité sur les nations au Roi céleste qu’il a établi continue d’être répandu par ces moyens. Les anges peuvent s’assurer que les personnes qui ont faim et soif de vérité et de justice en soient informées.
Si le Seigneur veut que la prédication directe du message du Royaume se développe dans certains pays dont les dirigeants l’ont entravée jusqu’à présent, Dieu peut susciter des situations qui amèneront ces gouvernements à changer d’attitude (Prov. 21:1). Dans les pays où des portes s’ouvriront encore, les Témoins de Jéhovah donneront avec joie de leur personne pour aider autant que possible les habitants à découvrir le dessein plein d’amour de Jéhovah. Ils sont déterminés à prêcher sans relâche jusqu’à ce que Jéhovah décrète par l’intermédiaire de Jésus Christ que l’œuvre est accomplie.
En 1992, les Témoins de Jéhovah prêchaient avec zèle dans 229 pays et territoires. La bonne nouvelle du Royaume de Dieu avait alors atteint, par divers moyens, 235 pays et territoires. Dix de ces pays n’ont été touchés qu’après 1975.
Dans quelle mesure le témoignage a-t-il été donné? Dans les 30 années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, les Témoins de Jéhovah ont consacré 4 635 265 939 heures à prêcher et à faire connaître le nom et le Royaume de Jéhovah. Le nombre de Témoins a continué à augmenter, ainsi que la proportion des serviteurs à plein temps: dans les 15 années suivantes (soit en deux fois moins de temps), ils ont passé 7 858 677 940 heures à prêcher en public et de maison en maison et à diriger des études bibliques à domicile. Et l’œuvre prenait toujours plus d’ampleur, puisqu’en 1990-1991, ils ont consacré 951 870 021 heures à cette activité, et plus d’un milliard l’année suivante.
La quantité de publications bibliques distribuées par les Témoins pour faire connaître le Royaume, ainsi que le nombre de langues dans lesquelles elles sont éditées, n’a d’équivalent dans aucune œuvre entreprise par l’homme. Les rapports sont incomplets; mais ceux qui sont disponibles montrent que 10 107 565 269 livres, brochures petit ou grand format et périodiques, ainsi que des milliards de tracts, en 294 langues, ont été remis entre les mains de personnes bien disposées entre 1920 et 1992.
Au moment où ces lignes sont rédigées, l’œuvre mondiale de témoignage n’est pas encore achevée. Mais l’activité accomplie et les conditions dans lesquelles elle l’a été témoignent de l’action de l’esprit de Dieu.
[Entrefilet, page 502]
Les grandes assemblées et la conduite chrétienne des assistants ont attiré l’attention du public.
[Entrefilet, page 505]
“Sous le rapport de l’ordre, de la paix et de la propreté, ceux qui assistent à l’assemblée sont des exemples à suivre.”
[Entrefilet, page 507]
Des assemblées historiques ont eu lieu dans des régions où les Témoins avaient été frappés d’interdit pendant des dizaines d’années.
[Entrefilet, page 508]
Des centaines de tonnes de publications bibliques ont été envoyées dans les pays d’Europe de l’Est.
[Entrefilet, page 509]
Des anciens expérimentés se sont portés volontaires pour se rendre dans des pays où il y avait grand besoin d’aide.
[Entrefilet, page 516]
Leur désir est de parler au plus de personnes possible dans chaque foyer.
[Entrefilet, page 518]
Un accroissement remarquable et des perspectives passionnantes.
[Graphiques/Illustrations, page 513]
(Voir la publication)
Accroissement du nombre des prédicateurs du Royaume en Orient
Inde
10 000
5 000
1950 1960 1970 1980 1992
République de Corée
60 000
30 000
1950 1960 1970 1980 1992
Japon
150 000
100 000
50 000
1950 1960 1970 1980 1992
[Illustration, page 503]
Au Brésil, il a fallu le stade Morumbi de São Paulo (ci-dessous) et le stade Maracanã de Rio de Janeiro en 1985 pour accueillir les foules lors de l’assemblée des Témoins de Jéhovah.
[Illustrations, page 504]
Quelques-uns des candidats au baptême à Chorzów (Pologne) en 1989.
[Illustrations, page 506]
Quelques assemblées qui ont fait date en 1991
Prague, Tchécoslovaquie
Tallinn, Estonie (à droite)
Zagreb, Croatie (à droite)
Budapest, Hongrie (ci-dessus)
Baia Mare, Roumanie (à droite)
Usolye-Sibirskoye, Russie (ci-dessous)
Alma-Ata, Kazakhstan (ci-dessus)
Kiev, Ukraine (à gauche)
[Illustrations, page 511]
Assemblée internationale des Témoins de Jéhovah à Saint-Pétersbourg (Russie) en 1992.
Une ambiance internationale et chaleureuse.
Ils venaient de Russie...
de Moldavie...
d’Ukraine.
De nombreux jeunes étaient présents.
Milton Henschel (à gauche) s’entretient du programme avec Stepan Kozhemba (au centre) par l’intermédiaire d’un interprète.
Des délégués étrangers ont apporté des Bibles en russe pour les Témoins de Russie.
[Illustration, page 512]
Dans les années 80, l’Église catholique a déclaré la guerre aux Témoins, comme le montrent ces coupures de journaux italiens.
[Illustration, page 514]
Quand des bateaux accostent à Rotterdam (Pays-Bas), des Témoins sont là pour parler du Royaume de Dieu à l’équipage.
[Illustration, page 515]
Même dans les territoires souvent parcourus, comme ici en Guadeloupe, les Témoins poursuivent leurs efforts en vue de toucher le cœur de leurs semblables avec la bonne nouvelle.
-
-
Les missionnaires étendent l’œuvre au monde entierLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 23
Les missionnaires étendent l’œuvre au monde entier
L’ACTIVITÉ zélée de missionnaires disposés à se rendre où que l’on ait besoin d’eux a beaucoup contribué à ce que le Royaume de Dieu soit proclamé dans le monde entier.
La Watch Tower Bible and Tract Society a envoyé des missionnaires hors de leur pays d’origine bien avant d’ouvrir une école dans ce but. Le premier président de la Société, Charles Russell, était conscient de la nécessité d’inviter des prédicateurs compétents à aller à l’étranger afin d’y inaugurer et d’y organiser la prédication de la bonne nouvelle. Il a donc demandé à des hommes de se rendre dans diverses parties du monde: Adolf Weber en Europe, Evander Coward aux Antilles, Robert Hollister en Orient, et Joseph Booth en Afrique australe. Malheureusement, ce dernier s’est surtout montré désireux de poursuivre ses propres objectifs; c’est pourquoi, en 1910, on a invité William Johnston, qui se trouvait en Écosse, à se rendre au Nyassaland (aujourd’hui le Malawi), où la mauvaise influence de Booth se faisait particulièrement sentir. Par la suite, frère Johnston a été chargé d’ouvrir une filiale de la Société Watch Tower à Durban (Afrique du Sud), puis a été nommé surveillant de filiale en Australie.
Après la Première Guerre mondiale, Joseph Rutherford a invité davantage de frères encore à partir comme missionnaires; par exemple, Thomas Walder et George Phillips ont quitté la Grande-Bretagne pour l’Afrique du Sud; William Brown, l’île de la Trinité, où il avait été envoyé, pour l’Afrique occidentale; George Young le Canada pour l’Amérique du Sud et l’Europe; Juan Muñiz, lui, s’est rendu en Espagne, puis en Argentine; George Wright et Edwin Skinner en Inde, comme plus tard Claude Goodman, Ron Tippin, et d’autres. Tous ont vraiment fait œuvre de pionniers en se rendant dans des régions où l’on n’avait que peu prêché la bonne nouvelle, voire pas du tout, et en posant un solide fondement en vue de l’accroissement futur de l’organisation.
L’esprit missionnaire en a incité d’autres également à aller prêcher à l’étranger. Citons Kate Goas et sa fille, Marion, qui se sont dépensées avec zèle pendant des années en Colombie et au Venezuela; Joseph Dos Santos, qui a quitté Hawaii pour entreprendre un voyage qui l’a amené à accomplir son ministère pendant 15 ans aux Philippines; également Frank Rice, qui est parti d’Australie à bord d’un cargo pour inaugurer la prédication de la bonne nouvelle sur l’île de Java (aujourd’hui en Indonésie).
Cependant, en 1942 la Société a pris des dispositions pour ouvrir une école spécialement destinée à former des hommes et des femmes disposés à partir comme missionnaires quel que soit l’endroit où l’on ait besoin d’eux dans le monde.
L’École de Galaad
En pleine guerre mondiale, d’un point de vue humain, il pouvait sembler irréaliste de prendre des dispositions en vue d’étendre la prédication du Royaume à d’autres pays que les États-Unis. Pourtant, en septembre 1942, avec une confiance totale en Jéhovah, les administrateurs de deux des principales associations qu’utilisent les Témoins de Jéhovah ont approuvé la proposition de Nathan Knorr d’ouvrir une école destinée à former des missionnaires et d’autres chrétiens appelés à assurer certaines formes de service. Cette école devait s’appeler Galaad, l’Université biblique de la Société Watchtower. Par la suite, ce nom a été changé en Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower. Les cours seraient gratuits et les étudiants logés et nourris par la Société pendant la durée de leur formation.
Au nombre de ceux qui ont été invités à préparer les cours se trouvait Albert Schroeder, qui avait déjà acquis une grande expérience comme membre du Bureau du service, au siège mondial de la Société, à Brooklyn, et comme surveillant de filiale en Grande-Bretagne. Son optimisme, son abnégation et l’intérêt sincère qu’il portait aux étudiants l’ont rendu cher à tous ceux qu’il a enseignés les 17 années durant lesquelles il a été secrétaire de cette école et instructeur. En 1974, il est devenu membre du Collège central, et l’année suivante il a été appelé à faire partie du Comité pour l’enseignement, comité qui dépend de ce collège.
Frère Schroeder et ses collaborateurs (Maxwell Friend, Eduardo Keller et Victor Blackwell) ont préparé un cours de cinq mois consacré à l’étude de la Bible elle-même et de l’organisation théocratique; ce cours portait aussi sur les doctrines bibliques, l’art oratoire, la prédication, le service missionnaire, l’histoire religieuse, la loi divine, les relations avec les autorités, le droit international, la tenue des dossiers et l’étude d’une langue étrangère. Le programme a subi des modifications au fil des ans, mais l’étude de la Bible elle-même et l’importance de l’œuvre d’évangélisation sont restées la préoccupation première. Le but de ce cours est d’affermir la foi des étudiants, de les aider à développer les qualités spirituelles nécessaires pour vaincre les difficultés propres au service missionnaire. L’accent est mis sur l’importance de compter entièrement sur Jéhovah et de lui être fidèle (Ps. 146:1-6; Prov. 3:5, 6; Éph. 4:24). Les étudiants ne sont pas instruits pour avoir réponse à tout, mais on leur apprend à faire des recherches et on les aide à comprendre pourquoi les Témoins de Jéhovah croient telle ou telle chose et pourquoi ils tiennent à agir de telle ou telle façon. Ils apprennent à discerner les principes dont il faut tenir compte. C’est ainsi qu’est posé le fondement de leurs progrès futurs.
Les invitations pour la première classe ont été envoyées le 14 décembre 1942, et c’est en plein hiver que les 100 étudiants la composant sont entrés dans les locaux de l’école, à South Lansing, dans le nord de l’État de New York. Ils étaient pleins de bonne volonté, empressés, mais aussi quelque peu nerveux. Bien que le cours fût leur préoccupation immédiate, ils ne pouvaient s’empêcher de se demander dans quelle partie du monde ils allaient être envoyés après la remise des diplômes.
Dans un discours qu’il a prononcé devant cette première classe le 1er février 1943, le jour de l’ouverture de l’école, frère Knorr a déclaré: “Vous allez recevoir une formation particulière en vue d’accomplir une œuvre semblable à celle de l’apôtre Paul, de Marc, de Timothée et d’autres évangélisateurs qui ont voyagé dans toutes les parties de l’Empire romain pour proclamer le message du Royaume. Ils devaient puiser de la force dans la Parole de Dieu. Ils devaient bien connaître Ses desseins. En de nombreux endroits, ils ont dû comparaître seuls devant des personnages haut placés et des puissants du monde. Il vous arrivera peut-être la même chose; et Dieu sera votre force dans cette situation.
“Il y a de nombreux endroits où le témoignage du Royaume n’a pas été beaucoup donné. Les habitants de ces territoires vivent dans les ténèbres où les maintient la fausse religion. Dans certains de ces pays où il n’y a que peu de Témoins, on a remarqué que les personnes bien disposées écoutent attentivement le message et se joindraient à l’organisation du Seigneur si elles étaient convenablement enseignées. S’il y avait plus d’ouvriers dans le champ, il serait à coup sûr possible de toucher des centaines, voire des milliers de ces gens. Mais par la grâce du Seigneur, il y aura davantage d’ouvriers.
“Cette université NE FERA PAS de vous des ministres ordonnés, car vous êtes déjà des ministres actifs depuis des années (...). Le programme d’étude établi par cette université a uniquement pour but de vous préparer à devenir des ministres plus capables dans les territoires où vous serez envoyés. (...)
“Votre tâche principale consiste à prêcher l’évangile du Royaume de maison en maison à l’exemple de Jésus et de ses apôtres. Quand vous aurez trouvé une oreille attentive, prenez des dispositions pour faire une nouvelle visite; commencez une étude biblique à domicile et organisez dans la ville un groupe [une congrégation] qui sera composé de ces personnes bien disposées. Non seulement il vous appartient de former un groupe, mais vous devez encore aider ceux qui en sont membres à comprendre la Parole, les affermir, leur parler personnellement de temps à autre, les aider au cours des réunions de service et sur le plan de l’organisation. Quand ils seront forts et pourront se diriger seuls et s’occuper du territoire, vous pourrez alors vous rendre dans une autre ville, afin d’y prêcher le Royaume. De temps en temps, il vous faudra peut-être revenir pour les affermir dans la très sainte foi et pour les redresser sur le plan doctrinal; vous serez donc chargés de veiller sur les ‘autres brebis’ du Seigneur, et de ne pas les abandonner (Jean 10:16). En fait, votre tâche consiste à aider les personnes bien disposées. Vous devrez faire preuve d’initiative, tout en recherchant la direction divinea.”
Cinq mois plus tard, les étudiants de cette première classe avaient reçu leur formation spéciale. Une fois les visas obtenus et leur voyage organisé, ils ont commencé à se rendre dans neuf pays d’Amérique latine. Trois mois après la remise des diplômes, les premiers missionnaires de Galaad quittaient les États-Unis pour se rendre à Cuba. En 1992, plus de 6 500 étudiants originaires d’au moins 110 pays avaient été formés puis envoyés dans plus de 200 pays et archipels.
Jusqu’à sa mort, survenue 34 ans après l’inauguration de l’École de Galaad, frère Knorr s’est personnellement beaucoup intéressé à l’activité des missionnaires. Dans toute la mesure du possible, il rendait visite plusieurs fois à chacune des classes en formation, prononçait des discours et emmenait avec lui d’autres membres du siège mondial pour qu’ils s’adressent aux étudiants. Après que les diplômés de Galaad eurent commencé leur service à l’étranger, il a lui-même rendu visite aux groupes de missionnaires, les a aidés à résoudre les difficultés et leur a prodigué les encouragements voulus. Quand les groupes de missionnaires se sont multipliés, il a pris des dispositions pour que d’autres frères compétents effectuent ce genre de visites, afin que tous les missionnaires, où qu’ils se trouvent, soient régulièrement l’objet d’une attention personnelle.
Des missionnaires différents
Les missionnaires de la chrétienté ont ouvert des hôpitaux, des centres de réfugiés et des orphelinats pour combler les besoins matériels des gens. Se présentant comme les défenseurs des pauvres, ils ont également fomenté des révolutions et participé à des guérillas. Par contre, les missionnaires diplômés de l’École de Galaad enseignent aux gens la Bible. Au lieu de construire des églises et d’attendre que les gens viennent à eux, ils vont de maison en maison pour trouver et enseigner ceux qui ont faim et soif de justice.
S’en tenant strictement à la Parole de Dieu, les missionnaires Témoins de Jéhovah expliquent à autrui pourquoi c’est le Royaume de Dieu qui apportera une solution complète et durable aux difficultés de l’humanité (Mat. 24:14; Luc 4:43). Le contraste entre cette activité et celle des missionnaires de la chrétienté a sauté aux yeux de Peter Vanderhaegen en 1951 quand il s’est rendu en Indonésie, où il avait été nommé. Le seul autre passager du cargo sur lequel il voyageait était un missionnaire baptiste. Frère Vanderhaegen a bien essayé de lui parler de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, mais ce baptiste lui a clairement fait comprendre que ce qui lui tenait à cœur, c’était d’aller à Taïwan soutenir Tchang Kaï-chek dans ses efforts pour reprendre le pouvoir en Chine.
Malgré tout, beaucoup de personnes en sont venues à apprécier la valeur des déclarations de la Parole de Dieu. À Barranquilla (Colombie), quand Olaf Olson a donné le témoignage à Antonio Carvajalino, qui soutenait activement un certain parti politique, il ne s’est pas rangé de son côté ni n’a défendu une quelconque autre idéologie politique. Non, il lui a proposé, ainsi qu’à ses sœurs, d’étudier gratuitement la Bible en sa compagnie. Antonio n’a pas tardé à comprendre que le Royaume de Dieu est vraiment le seul espoir pour les pauvres, aussi bien en Colombie que dans le reste du monde (Ps. 72:1-4, 12-14; Dan. 2:44). Ses sœurs et lui sont devenus des serviteurs de Dieu zélés.
Un autre incident qui s’est produit en Rhodésie (aujourd’hui le Zimbabwe) souligne d’une autre manière que les missionnaires Témoins de Jéhovah n’ont absolument rien à voir avec les religions de la chrétienté. Lorsque Donald Morrison s’est présenté chez l’un des missionnaires établis dans ce pays, cet homme a déploré que les Témoins ne respectent pas les limites fixées. De quelles limites parlait-il? Eh bien, les religions de la chrétienté avaient divisé le pays en régions dans lesquelles chacune avait une sorte de monopole. Les Témoins de Jéhovah ne pouvaient pas se conformer à un tel accord. Jésus avait dit qu’il fallait prêcher le message du Royaume sur toute la terre habitée. À l’évidence, la chrétienté ne le faisait pas. Par contre, les missionnaires formés à Galaad étaient résolus à le faire à fond, par obéissance au Christ.
Ces missionnaires étaient envoyés, non pour être servis, mais pour servir. Sous bien des rapports, il était manifeste que c’était bien leur objectif. Certes, il n’est pas mal d’accepter des dons matériels faits spontanément (et non sollicités) par reconnaissance pour l’aide spirituelle. Toutefois, pour toucher le cœur des gens en Alaska, John Errichetti et Hermon Woodard se sont aperçus qu’il était utile de consacrer ne serait-ce qu’un peu de temps à travailler de leurs mains pour subvenir à leurs besoins, comme l’apôtre Paul l’avait fait (1 Cor. 9:11, 12; 2 Thess. 3:7, 8). Leur activité principale était la prédication de la bonne nouvelle, mais quand on leur offrait l’hospitalité, ils apportaient leur aide en effectuant certaines tâches nécessaires — par exemple, ils ont bitumé le toit de la maison d’un homme qui avait manifestement besoin d’aide. Et quand ils se déplaçaient de lieu en lieu en bateau, ils prêtaient main-forte au déchargement du fret. Les gens se rendaient vite compte que ces missionnaires ne ressemblaient en rien aux ecclésiastiques de la chrétienté.
Dans certains pays, les missionnaires Témoins de Jéhovah ont dû occuper un emploi pendant quelque temps simplement pour pouvoir s’y établir et y accomplir leur ministère. Ainsi, quand Jesse Cantwell est allé en Colombie, il a enseigné l’anglais à la faculté de médecine d’une université jusqu’à ce que la situation politique change et que les restrictions touchant les activités religieuses soient levées. Il a pu ensuite faire profiter les Témoins de Jéhovah de son expérience en servant à plein temps comme surveillant itinérant.
Pour se rendre dans de nombreux pays, les missionnaires ont dû dans un premier temps se contenter de visas de tourisme qui ne les autorisaient à y demeurer qu’un ou plusieurs mois. À la fin de cette période, il leur fallait sortir du pays et y entrer de nouveau. Mais ils n’ont pas renoncé, jusqu’à obtenir les documents voulus pour être résidents dans le pays. Ils avaient à cœur d’aider les habitants des pays où ils avaient été envoyés.
Ces missionnaires ne se croyaient pas supérieurs aux autochtones. Tel était le cas d’un surveillant itinérant, John Cutforth, qui avait été enseignant au Canada. Il rendait visite aux congrégations ainsi qu’à des Témoins isolés en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il s’asseyait par terre avec eux, mangeait avec eux et acceptait de dormir chez eux sur une natte, à même le sol. Il appréciait leur compagnie lorsqu’il prêchait à pied avec eux. Mais son attitude étonnait les gens, car les pasteurs européens des missions de la chrétienté avaient la réputation de se tenir à l’écart des indigènes, de ne fréquenter leurs paroissiens que brièvement à certaines de leurs réunions, et de ne jamais manger avec eux.
Les gens parmi lesquels les Témoins prêchaient ressentaient l’amour que les missionnaires et l’organisation qui les avait envoyés éprouvaient pour eux. En réponse à un courrier de João Mancoca, un humble Africain détenu dans une colonie pénitentiaire en Afrique-Occidentale portugaise (aujourd’hui l’Angola), la Société Watch Tower a envoyé un missionnaire pour lui fournir de l’aide sur le plan spirituel. Par la suite, repensant à cette visite, Mancoca a déclaré: “Je n’avais plus aucun doute. J’étais persuadé que cette organisation avait le soutien de Dieu. À mon avis, aucune autre Église n’aurait fait cela: envoyer à ses frais un missionnaire dans un pays lointain pour qu’il rende visite à un illustre inconnu pour la simple raison qu’il lui avait adressé un courrier.”
Conditions de vie et coutumes
Bien souvent, les missionnaires étaient envoyés dans des pays où le niveau de vie était loin d’être celui de leur pays d’origine. Quand Robert Kirk est arrivé en Birmanie (le Myanmar) début 1947, les cicatrices de la guerre y étaient toujours visibles, et peu de foyers avaient l’électricité. Dans de nombreux pays, les missionnaires ont découvert que la lessive se faisait à la main sur une planche ou sur des pierres au bord d’une rivière, et non à la machine à laver. Mais étant venus pour enseigner aux gens la vérité biblique, ils se sont adaptés aux conditions locales et se sont dépensés dans le ministère.
Souvent, personne n’était là pour accueillir les missionnaires. C’était à eux de trouver un logement. Quand Charles Eisenhower et 11 autres missionnaires sont arrivés à Cuba en 1943, ils ont dormi à même le sol la première nuit. Le lendemain, ils ont acheté des lits et se sont fabriqué des placards et des meubles de rangement avec des caisses à pommes. Chaque groupe de missionnaires demandait à Jéhovah sa bénédiction pour parvenir à payer le loyer, à s’acheter de la nourriture et à couvrir toutes les autres dépenses indispensables grâce aux contributions reçues en échange de publications et à la modique allocation que la Société Watch Tower accordait aux pionniers spéciaux.
Ils devaient parfois changer leurs habitudes dans le domaine culinaire. Là où il n’y avait pas de réfrigérateurs, ils devaient faire leur marché tous les jours. Dans de nombreux pays, on cuisinait au charbon ou au bois, et non sur une cuisinière électrique ou à gaz. Ainsi, quand ils sont arrivés au Liberia, George et Willa Mae Watkins ont eu la surprise de constater que leur cuisinière consistait en trois malheureuses pierres servant à soutenir un chaudron.
Et l’eau? Voici ce que Ruth McKay a dit concernant sa nouvelle habitation en Inde: ‘C’est une maison comme je n’en ai jamais vu. La cuisine est dépourvue d’évier; il y a simplement un robinet dans un coin et un rebord en béton pour empêcher l’eau de se répandre dans la pièce. L’eau étant souvent coupée dans la journée, il faut en avoir une réserve.’
Certains missionnaires sont tombés malades durant les premiers mois suivant leur arrivée dans le pays, car ils n’étaient pas habitués aux conditions qui y régnaient. Russell Yeatts a eu crise de dysenterie sur crise de dysenterie après son arrivée à Curaçao en 1946. Cependant, un Témoin local avait prononcé une prière si fervente pour remercier Jéhovah de la présence des missionnaires que l’idée de partir ne leur effleurait même pas l’esprit. À leur arrivée en Haute-Volta (aujourd’hui le Burkina Faso), Brian et Elke Wise se sont retrouvés sous un climat délétère et difficile à supporter. Ils ont dû s’habituer à des températures de l’ordre de 43 °C durant la journée. Au cours de leur première année dans ce pays, Elke a été malade pendant plusieurs semaines à cause de la chaleur et du paludisme. L’année suivante, Brian a été alité cinq mois à cause d’une grave hépatite. Mais en peu de temps, ils ont dirigé d’excellentes études bibliques, autant qu’ils pouvaient en diriger — et par la suite plus qu’ils ne le pouvaient. Ce qui les a aidés à persévérer, c’est leur amour pour les autochtones, ainsi que le fait de considérer leur activité comme un privilège et une bonne formation en vue de tout ce que Jéhovah leur réservait pour l’avenir.
Au fil des ans, davantage de missionnaires ont été accueillis par leurs prédécesseurs ou par des Témoins indigènes. Certains ont été envoyés dans des pays où les grandes villes étaient assez modernes. À partir de 1946, la Société Watch Tower s’est aussi efforcée de fournir à chaque groupe de missionnaires un logement convenable, un minimum de meubles et de quoi s’acheter à manger, les libérant ainsi de ce souci et leur permettant de diriger davantage leur attention sur l’œuvre de prédication.
Dans bon nombre d’endroits, leur endurance était mise à l’épreuve quand ils devaient se déplacer. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, après la pluie, plus d’une sœur missionnaire s’est retrouvée obligée de transporter ses affaires dans un sac à dos et de marcher dans la brousse sur un sentier si détrempé que ses chaussures restaient parfois collées dans la boue. En Amérique du Sud, plus d’un missionnaire a senti ses cheveux se dresser sur sa tête en voyageant en autocar sur les étroites routes de montagne des Andes. C’est une expérience inoubliable d’être dans un autocar qui roule tout au bord de la route pour croiser un autre véhicule dans un virage sans rambarde et de sentir qu’il commence à pencher vers le précipice!
Les révolutions semblaient faire partie du paysage politique dans certains pays, mais les missionnaires Témoins de Jéhovah ont gardé présente à l’esprit la déclaration de Jésus selon laquelle ses disciples ne feraient “pas partie du monde”; ils sont donc restés neutres dans ce genre de conflits (Jean 15:19). Ils ont appris à réprimer toute curiosité susceptible de leur faire courir un danger inutile. Souvent, le mieux était tout simplement de rester à l’abri chez soi jusqu’à ce que la situation se calme. Au Viêt Nam, neuf missionnaires habitaient en plein cœur de Saïgon (aujourd’hui Hô Chi Minh-Ville) quand la guerre s’est abattue sur cette ville. Ils ont vu les bombes tomber, la ville s’embraser et des milliers de gens fuir pour sauver leur vie. Mais sachant que Jéhovah les avait envoyés là pour communiquer une connaissance vivifiante aux gens affamés de vérité, ils se sont tournés vers lui pour recevoir protection.
Même lorsque la situation était relativement calme, les missionnaires avaient du mal à accomplir leur ministère dans certains quartiers de villes asiatiques. La simple arrivée d’un étranger dans les ruelles d’un quartier pauvre de Lahore (Pakistan) suffisait à attirer une ribambelle d’enfants en loques de tous âges. Ils suivaient le missionnaire de maison en maison en criant et en se bousculant et s’introduisaient souvent dans les maisons derrière lui. Bientôt, toute la rue connaissait la contribution suggérée pour les périodiques et avait entendu dire que l’étranger ‘faisait des chrétiens’. Dans ces conditions, il lui fallait généralement quitter l’endroit. Son départ était fréquemment accompagné de huées, d’applaudissements et, parfois, d’une pluie de pierres.
Les coutumes locales obligeaient souvent les missionnaires à changer certaines habitudes. Au Japon, ils ont appris à se déchausser avant d’entrer chez quelqu’un. Ils ont dû aussi s’habituer, dans la mesure du possible, à s’asseoir par terre devant une table basse lors des études de la Bible. Dans certaines régions d’Afrique, ils ont découvert qu’il était insultant de donner quelque chose de la main gauche. Et ils ont constaté que, dans cette partie du monde, il est contraire aux bonnes manières de révéler le but de sa visite avant d’avoir un peu discuté de choses et d’autres — de s’être mutuellement enquis de sa santé, d’avoir indiqué d’où l’on vient, combien d’enfants l’on a, etc. Au Brésil, les missionnaires ont remarqué qu’au lieu de frapper à la porte il fallait généralement frapper dans ses mains devant l’entrée, afin d’appeler l’occupant de la maison.
Au Liban, les missionnaires ont découvert des coutumes d’une autre sorte. Peu de frères emmenaient leur femme et leurs filles aux réunions. Celles qui y assistaient s’asseyaient toujours au fond, jamais parmi les hommes. Les missionnaires, qui ne connaissaient pas cette coutume, ont jeté le trouble lorsqu’ils ont assisté à leur première réunion. Un couple s’est assis vers l’avant, et les sœurs célibataires là où il y avait une place libre. Mais après la réunion, une discussion des principes chrétiens a permis d’éclaircir la question (voir Deutéronome 31:12; Galates 3:28). La ségrégation a pris fin. Davantage de femmes et de filles de Témoins sont venues aux réunions. Elles ont également prêché de maison en maison avec les sœurs missionnaires.
Apprendre une langue: un défi
Les quelques missionnaires arrivés en Martinique en 1949 avaient une connaissance très limitée du français, mais ils savaient que les insulaires avaient besoin d’entendre le message du Royaume. Avec une foi authentique, ils se sont mis à aller de porte en porte, essayant de lire quelques versets de la Bible ou un passage de la publication qu’ils proposaient. Petit à petit, leur français s’est amélioré.
Certes, les missionnaires désiraient aider les Témoins et les personnes bien disposées de l’endroit où ils étaient envoyés, mais c’était souvent eux qui devaient d’abord être aidés — pour apprendre la langue. Ceux qui ont été envoyés au Togo ont constaté que la grammaire de l’éwé, langue dominante dans ce pays, était tout à fait différente de celle des langues européennes, et que le ton sur lequel un mot est prononcé peut en changer le sens. Ainsi, le mot de deux lettres to, quand on le prononce sur un ton montant, peut signifier oreille, montagne, beau-père ou tribu; sur un ton descendant, il signifie buffle. Les missionnaires qui ont été envoyés au Viêt Nam ont dû apprendre une langue qui emploie six tons différents pour n’importe quel mot, chaque ton conférant à ce terme un sens particulier.
Edna Waterfall, qui a été envoyée au Pérou, n’est pas prête d’oublier la première personne à qui elle a essayé de prêcher en espagnol. Prise d’une sueur froide, elle a récité tant bien que mal la présentation qu’elle avait apprise, a proposé une publication et a pris rendez-vous pour étudier la Bible avec cette dame âgée. Celle-ci lui a dit alors dans un anglais parfait: “Très bien! tout cela est excellent. J’étudierai avec vous et nous ne parlerons qu’en espagnol pour vous aider à apprendre cette langue.” Interloquée, Edna lui a répondu: “Vous parlez anglais? Et vous m’avez laissée vous expliquer tout cela dans mon espagnol écorché?” “C’était un bon exercice pour vous”, lui a fait remarquer son interlocutrice. Et de fait, c’en était un! Comme Edna s’en est vite rendu compte, il est important de s’exprimer dans une langue pour l’apprendre.
En Italie, quand George Fredianelli a essayé de parler la langue du pays, il a remarqué que les gens ne comprenaient pas ce qu’il pensait être des expressions italiennes (mais qui, en fait, étaient des mots anglais italianisés). Pour surmonter cette difficulté, il a décidé de rédiger entièrement ses discours, et de les prononcer devant les congrégations à l’aide d’un manuscrit. Mais nombre de ses auditeurs s’endormaient. Il a donc mis de côté ses manuscrits, s’est exprimé librement et a demandé à l’assistance de l’aider quand il n’arrivait pas à finir une phrase. Cela a tenu ses auditeurs éveillés et l’a aidé à progresser.
Pour que les missionnaires connaissent les premiers rudiments d’une langue qu’ils allaient devoir parler, on a donné aux premières classes de Galaad des cours de langues comme l’espagnol, le français, l’italien, le portugais, le japonais, l’arabe et l’ourdou. Avec le temps, plus de 30 langues ont été enseignées. Mais comme les diplômés d’une classe donnée n’allaient pas tous dans des pays où l’on parlait la même langue, par la suite ces cours de langue ont été remplacés par une période d’étude intensive sous la direction d’un enseignant à leur arrivée dans leur territoire. Pendant le premier mois, les nouveaux venus se plongeaient complètement dans l’étude de la langue 11 heures par jour; le mois suivant, ils passaient la moitié de leur temps à apprendre cette langue chez eux, et l’autre moitié à utiliser en prédication ce qu’ils savaient.
On s’est toutefois rendu compte que l’emploi effectif de la langue dans la prédication est un facteur majeur de progrès; on a donc apporté une modification: pendant les trois premiers mois suivant leur arrivée, les nouveaux missionnaires qui ne connaissaient pas la langue du pays passeraient quatre heures par jour à l’apprendre avec un enseignant compétent et appliqueraient aussitôt leurs nouvelles connaissances en prêchant le Royaume de Dieu aux gens du territoire.
De nombreux missionnaires ont travaillé en groupe pour améliorer leur connaissance de la langue. Chaque jour au petit déjeuner, ils discutaient de quelques mots nouveaux, parfois jusqu’à une vingtaine, puis ils s’efforçaient de les utiliser dans le ministère.
Leur apprentissage de la langue du pays les a beaucoup aidés à gagner la confiance des gens. Les habitants de certains pays ont une certaine méfiance envers les étrangers. Hugh et Carol Cormican, qui ont été missionnaires dans cinq pays d’Afrique avant et depuis leur mariage, sont bien conscients de la méfiance qui existe souvent entre Africains et Européens. Malgré tout, ils déclarent: “Ce sentiment se dissipe rapidement quand on parle la langue locale. De plus, des personnes qui n’ont pas envie d’écouter la bonne nouvelle quand elle leur est présentée par des compatriotes acceptent de nous écouter, de prendre des publications et d’étudier, parce que nous avons fait l’effort de parler avec eux dans leur langue.” Pour parvenir à ce résultat, frère Cormican a appris cinq langues, en plus de l’anglais, et sœur Cormican six.
Bien sûr, tout ne va pas toujours comme on le voudrait quand on apprend une langue. À Porto Rico, un Témoin qui proposait de faire écouter l’enregistrement d’un sermon biblique à des gens fermait son phonographe et se rendait à la porte suivante quand la personne lui répondait: “¡Cómo no!” Pour lui, cela voulait dire “non”. Il lui a fallu un certain temps pour découvrir qu’en réalité cette expression signifie “Pourquoi pas?” D’un autre côté, les missionnaires ne comprenaient pas toujours leurs interlocuteurs quand ceux-ci disaient que le message ne les intéressait pas, et ils continuaient donc à leur donner le témoignage. Ce genre de quiproquos a valu des bienfaits à quelques personnes sympathiques.
Il survenait également des situations cocasses. À Singapour, Leslie Franks a appris qu’il devait veiller à ne pas dire “noix de coco” (kelapa) quand il voulait dire “tête” (kepala), ni “herbe” (rumput) quand il voulait dire “cheveu” (rambut). Aux Samoa, à cause d’une erreur de prononciation, un missionnaire a demandé à un autochtone: “Comment va votre barbe?” (cet homme n’en portait d’ailleurs pas), alors qu’il voulait poliment s’enquérir de la femme de cet homme. En Équateur, un conducteur d’autobus ayant démarré un peu sèchement, Zola Hoffman, qui était debout, a perdu l’équilibre et a atterri sur les genoux d’un passager. Embarrassée, elle a essayé de s’excuser, mais ce sont les mots “Con su permiso” (Avec votre permission) qui lui sont venus à l’esprit. Quand, sans sourciller, l’homme lui a répondu: “Je vous en prie, Madame”, il y a eu un éclat de rire général dans l’autobus.
Malgré tout, les efforts des missionnaires ne tardaient pas à produire du fruit. Lois Dyer, qui est arrivée au Japon en 1950, se rappelle le conseil que lui a donné frère Knorr: “Fais de ton mieux; même si tu commets des erreurs, fais quelque chose!” C’est ce qu’elle a fait, comme beaucoup d’autres. Au cours des 42 années suivantes, les missionnaires envoyés au Japon ont vu le nombre des proclamateurs du Royaume dans ce pays passer de quelques-uns à plus de 170 000, et l’accroissement n’a pas cessé. Quelle récompense pour avoir accepté de relever le défi, après s’être tournés vers Jéhovah pour bénéficier de sa direction!
Ils inaugurent l’œuvre dans certains territoires, lui font prendre son essor dans d’autres
Dans quantité de pays et d’archipels, ce sont des missionnaires formés à Galaad qui ont inauguré l’œuvre du Royaume ou qui lui ont donné l’impulsion nécessaire pour se développer là où d’autres avaient déjà prêché un peu. Ils ont été, semble-t-il, les premiers Témoins de Jéhovah à annoncer la bonne nouvelle en Somalie, au Soudan, au Laos et dans quantité d’archipels à travers le globe.
Des prédicateurs avaient déjà quelque peu prêché en Bolivie, en République dominicaine, en Équateur, au Salvador, au Honduras, au Nicaragua, en Éthiopie, en Gambie, au Liberia, au Cambodge, à Hong-Kong, au Japon et au Viêt Nam. Toutefois, aucun Témoin de Jéhovah ne remettait de rapport d’activité dans ces pays quand les premiers missionnaires diplômés de l’École de Galaad sont arrivés. Là où ils l’ont pu, les missionnaires ont entrepris de parcourir le pays de façon systématique, en concentrant d’abord leurs efforts sur les grandes villes. Ils ne se sont pas contentés de distribuer des publications puis de s’en aller, comme les colporteurs du passé. Non, ils sont revenus voir avec patience les personnes qui manifestaient de l’intérêt, ont étudié la Bible avec elles et les ont formées dans le ministère.
Ailleurs, il n’y avait qu’une dizaine de proclamateurs du Royaume (souvent même moins) avant l’arrivée des missionnaires diplômés de l’École de Galaad. C’était le cas en Colombie, au Guatemala, en Haïti, à Porto Rico, au Venezuela, au Burundi, en Côte d’Ivoire, au Kenya, à l’île Maurice, au Sénégal, au Sud-Ouest Africain (aujourd’hui la Namibie), à Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka), en Chine, à Singapour et dans de nombreux archipels. Par leur zèle, les missionnaires ont donné l’exemple dans le ministère, ont aidé les Témoins indigènes du pays à devenir plus efficaces, ont organisé des congrégations et ont soutenu leurs frères pour qu’ils se qualifient et donnent l’exemple dans l’activité. Dans de nombreux cas, ils ont aussi inauguré l’œuvre de prédication dans des régions où personne n’avait encore jamais prêché.
Grâce à leur aide, le nombre des Témoins a commencé à augmenter. La plupart de ces pays comptent maintenant des milliers de Témoins de Jéhovah actifs. Dans certains, ils sont des dizaines de milliers, voire plus de cent mille, à louer Jéhovah.
Des gens avides de connaissance
En certains lieux, les missionnaires ont trouvé des gens avides de connaissance. Quand Ted et Doris Klein, diplômés de la première classe de Galaad, sont arrivés aux îles Vierges en 1947, il y avait tant de personnes désireuses d’étudier la Bible qu’il leur arrivait souvent de ne pas terminer leur journée de prédication avant minuit. Quand frère Klein a prononcé son premier discours à Charlotte Amalie, sur la Place du Marché, on a dénombré une assistance d’un millier de personnes.
Joseph McGrath et Cyril Charles ont été envoyés à Taïwan, dans le territoire de la tribu Amis, en 1949. Ils ont habité dans des maisons au toit de chaume et au sol de terre battue. Mais ils étaient là pour aider les gens. Certains membres de la tribu s’étaient procuré des publications de la Société Watch Tower, avaient beaucoup apprécié leur lecture et parlaient de la bonne nouvelle autour d’eux. Maintenant, les missionnaires étaient là pour les aider à progresser sur le plan spirituel. On leur avait dit que 600 personnes s’intéressaient à la vérité, mais en tout 1 600 personnes ont assisté aux réunions qu’ils ont tenues dans un village après l’autre. Ces gens humbles étaient désireux d’apprendre, mais ils n’avaient pas la connaissance exacte sur de nombreux sujets. Avec patience, les missionnaires ont commencé à les enseigner, en ne traitant qu’un point à la fois. Il leur est souvent arrivé de consacrer huit heures ou plus à l’examen d’un thème par questions et réponses dans chaque village. Ils ont aussi formé les 140 personnes qui ont exprimé le désir de participer à la prédication de maison en maison. Quels moments joyeux pour les missionnaires! Il restait toutefois beaucoup à faire pour consolider ces progrès spirituels.
Une douzaine d’années plus tard, Harvey et Kathleen Logan, missionnaires formés à Galaad qui prêchaient au Japon, ont été chargés d’apporter une aide supplémentaire aux Témoins appartenant à la tribu Amis. Frère Logan a passé beaucoup de temps à les aider à comprendre les doctrines et les principes bibliques fondamentaux, ainsi que des questions d’organisation. Quant à sœur Logan, tous les jours elle prêchait avec les sœurs Amis, après quoi elle s’efforçait d’étudier les principales vérités bibliques avec elles. Puis, en 1963, dans le cadre d’une assemblée tenue dans le monde entier, la Société Watch Tower a prévu que des délégués originaires de 28 pays se rassemblent avec les Témoins de cette région à Shou Feng. Toutes ces dispositions ont jeté les premières bases de l’accroissement à venir.
En 1948, deux missionnaires, Harry Arnott et Ian Fergusson, sont arrivés en Rhodésie du Nord (aujourd’hui la Zambie). À l’époque, il y avait déjà 252 congrégations de Témoins africains dans ce pays, mais on allait désormais s’occuper aussi des Européens qui s’y étaient installés pour travailler dans les mines de cuivre. Les résultats ont été très encourageants. On a distribué de nombreuses publications, et les personnes qui ont accepté d’étudier la Bible ont progressé rapidement. Cette année-là, le nombre des Témoins participant à la prédication s’est accru de 61 %.
Dans de nombreux endroits, il n’était pas rare que les missionnaires doivent inscrire sur une liste d’attente les gens désireux d’étudier la Bible. Il arrivait que des parents, des voisins et autres amis assistent aussi aux études. Avant même de bénéficier de leur propre étude biblique, certains assistaient régulièrement aux réunions tenues à la Salle du Royaume.
Dans d’autres pays, par contre, la moisson était minime malgré les efforts soutenus des missionnaires. Dès 1953, la Société Watch Tower a envoyé des missionnaires au Pakistan oriental (aujourd’hui le Bangladesh), où la population, qui dépasse maintenant les 115 000 000 d’âmes, se compose principalement de musulmans et d’hindous. On a fait beaucoup pour aider ces gens. Pourtant, en 1992, il n’y avait que 42 adorateurs de Jéhovah dans ce pays. Toutefois, aux yeux des missionnaires qui prêchent dans de tels pays, les personnes qui embrassent le vrai culte sont toutes particulièrement précieuses, tant elles sont rares.
Ils aident avec amour les autres Témoins
L’activité principale des missionnaires consiste à évangéliser, à prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Cependant, tout en participant à cette activité, il leur est également possible d’apporter une grande aide aux Témoins de l’endroit. Les missionnaires les invitent à prêcher avec eux et leur offrent des suggestions sur la manière de faire face aux situations difficiles. En les observant, leurs compagnons ont souvent appris à accomplir leur ministère de façon plus organisée et à enseigner plus efficacement. De leur côté, les missionnaires ont été aidés par ces Témoins à s’adapter aux coutumes du pays.
À son arrivée au Portugal en 1948, John Cooke a organisé la prédication systématique de maison en maison. Les Témoins portugais étaient pleins de bonne volonté, mais beaucoup avaient besoin d’être formés. Voici ce qu’il a relaté par la suite: “Je n’oublierai jamais l’une des premières fois où j’ai prêché en compagnie des sœurs de la ville d’Almada. En effet, six d’entre elles se sont dirigées vers une seule et même porte. Imaginez-vous six femmes devant une porte pendant que l’une d’elles prononce un sermon! Mais heureusement, peu à peu les choses ont commencé à prendre tournure et à progresser.”
Aux îles Sous-le-Vent, l’exemple de courage des missionnaires a incité les Témoins à faire preuve de hardiesse, à ne pas se laisser intimider par ceux qui essayaient d’entraver l’œuvre. La foi dont un missionnaire a fait preuve en Espagne a aidé les Témoins de ce pays à participer au ministère de maison en maison malgré la dictature fasciste soutenue à l’époque par le catholicisme. Les missionnaires qui ont été envoyés au Japon après la Seconde Guerre mondiale ont épuisé des trésors de tact; ils n’ont pas ressassé l’échec essuyé par la religion d’État, l’empereur japonais ayant renoncé à sa divinité, mais ont plutôt apporté des preuves convaincantes de l’existence du Créateur.
Les Témoins du pays observaient les missionnaires et étaient souvent profondément touchés par des choses dont les missionnaires n’avaient pas toujours conscience sur le moment. À la Trinité, des années plus tard, on parle encore de faits qui ont mis en évidence l’humilité des missionnaires, leur volonté de surmonter les difficultés et leur zèle dans le service de Jéhovah malgré la chaleur. En Corée, les Témoins ont été grandement impressionnés par l’abnégation des missionnaires qui, pendant dix ans, n’ont pas quitté le pays pour rendre visite à leur famille parce que le gouvernement coréen ne laissait revenir les étrangers qu’exceptionnellement, pour des raisons “humanitaires”.
Pendant et après leur formation à Galaad, la plupart des missionnaires avaient vu de près le fonctionnement du siège mondial de l’organisation visible de Jéhovah. Ils avaient souvent eu l’occasion de discuter avec des membres du Collège central. Par la suite, là où ils étaient envoyés comme missionnaires, ils pouvaient transmettre aux Témoins et aux personnes qui s’intéressaient au message ce qu’ils avaient appris sur l’organisation en la voyant fonctionner et leur dire combien ils l’appréciaient. Souvent, ils insufflaient une profonde reconnaissance pour le fonctionnement théocratique de l’organisation et cela contribuait beaucoup à l’accroissement.
Dans la plupart des endroits où les missionnaires étaient envoyés, aucune réunion chrétienne n’était encore organisée. Ils prenaient donc les dispositions voulues, dirigeaient les réunions et présentaient la plupart des exposés jusqu’à ce que d’autres soient en mesure de recevoir ces privilèges. Ils formaient constamment leurs frères pour qu’ils puissent endosser des responsabilités (2 Tim. 2:2). Au départ, c’était généralement la maison de missionnaires qui servait de lieu de réunion, puis des Salles du Royaume ont ouvert leurs portes.
Là où il y avait déjà des congrégations, les missionnaires contribuaient à rendre les réunions plus intéressantes et instructives. Leurs commentaires soigneusement préparés étaient appréciés et servaient bientôt de modèle que les autres assistants essayaient d’imiter. Tirant profit de la formation reçue à Galaad, les frères donnaient un excellent exemple pour ce qui est de s’exprimer et d’enseigner en public, et ils étaient heureux de consacrer du temps à leurs frères pour les aider à progresser dans ce domaine. Dans les pays où les gens étaient par nature insouciants et peu ponctuels, les missionnaires leur ont aussi patiemment fait comprendre l’importance de commencer les réunions à l’heure et ont encouragé chacun à arriver à temps.
En certains endroits, ils ont découvert des situations qui soulignaient la nécessité d’amener les Témoins à discerner l’importance de respecter les normes de justice de Jéhovah. Au Botswana, par exemple, ils ont remarqué que les sœurs mettaient toujours à leurs bébés des chaînettes ou des bracelets censés les protéger, ne discernant pas pleinement que cette coutume plongeait ses racines dans la superstition et la sorcellerie. Au Portugal, ils ont été confrontés à des situations qui causaient la désunion. Grâce à l’aide qu’ils ont apportée avec patience, amour, et fermeté au besoin, ils ont contribué au rétablissement spirituel de leurs compagnons.
Les missionnaires à qui ont été confiées des fonctions de surveillance en Finlande ont consacré beaucoup de temps et d’énergie à apprendre à leurs frères comment analyser les problèmes à la lumière des principes bibliques pour parvenir à une conclusion conforme à la pensée de Dieu. En Argentine, ils ont également montré à leurs frères l’intérêt d’avoir un programme, ainsi que la façon et l’importance de tenir les dossiers. En Allemagne, ils ont aidé des frères fidèles, mais qui étaient rigides à certains égards parce qu’ils avaient dû lutter pour survivre dans les camps de concentration, à imiter plus pleinement la douceur avec laquelle Jésus Christ a fait paître le troupeau de Dieu. — Mat. 11:28-30; Actes 20:28.
Certains missionnaires ont été amenés à rencontrer des représentants du gouvernement, à répondre à leurs questions et à solliciter la reconnaissance officielle de l’œuvre des Témoins de Jéhovah. Par exemple, sur une période de près de quatre années, frère Joly, qui a été envoyé au Cameroun avec sa femme, a essayé à plusieurs reprises d’obtenir la reconnaissance officielle de l’œuvre. Il s’est souvent entretenu avec de hauts responsables français et africains. Finalement, à la suite d’un changement de gouvernement, l’œuvre a été officiellement reconnue. À ce moment-là, les Témoins prêchaient au Cameroun depuis 27 ans et étaient déjà plus de 6 000.
Les difficultés du service itinérant
Certains missionnaires ont été invités à être surveillants itinérants. Il en manquait particulièrement en Australie, où les efforts de certains Témoins avaient été malheureusement détournés de la cause du Royaume vers la poursuite d’objectifs profanes pendant la Seconde Guerre mondiale. Avec le temps, les choses ont été redressées, et en 1947, lors d’une visite, frère Knorr a souligné l’importance de toujours accorder la priorité à la prédication du Royaume. Par la suite, l’enthousiasme, le bel exemple et les méthodes d’enseignement des diplômés de Galaad qui servaient comme surveillants de circonscription et de district ont contribué à l’édification spirituelle des Témoins australiens.
Il fallait souvent être prêt à déployer de grands efforts et à braver le danger pour prendre part au service itinérant. Wallace Liverance a constaté que la seule façon d’atteindre une famille de proclamateurs isolés à Volcán (Bolivie) était de parcourir à pied 90 kilomètres sur un terrain rocailleux et aride, sous un soleil de plomb à une altitude d’environ 3 400 mètres, tout en portant sac de couchage, nourriture, eau et publications. Pour visiter certaines congrégations des Philippines, Neal Callaway prenait souvent des autobus de campagne pleins de voyageurs, mais aussi d’animaux et de bagages divers. Richard Cotterill a commencé son activité de surveillant itinérant en Inde à une époque où des milliers de gens étaient tués à cause de la haine religieuse. Un jour qu’il devait rendre visite à des Témoins vivant dans un endroit où avaient lieu des émeutes, l’employé de la gare a essayé de le dissuader d’entreprendre le voyage, qui a d’ailleurs été un cauchemar pour la plupart des passagers. Mais frère Cotterill avait un profond amour pour ses frères, où qu’ils vivent et quelle que soit leur langue. Plaçant sa confiance en Jéhovah, il s’est dit: “Si c’est la volonté de Jéhovah, je m’efforcerai d’aller là-bas.” — Jacq. 4:15.
Ils encouragent le service à plein temps
Par leur zèle, les missionnaires ont incité beaucoup de ceux qu’ils ont enseignés à suivre leur exemple en entreprenant le service à plein temps. Au Japon, où 168 missionnaires ont été envoyés, il y avait 75 956 pionniers en 1992; plus de 40 % des proclamateurs japonais étaient dans une forme ou une autre du service à plein temps. En République de Corée, la proportion était du même ordre.
Beaucoup de ministres à plein temps originaires de pays où la proportion des Témoins par rapport à la population est assez élevée ont été invités à suivre les cours de l’École de Galaad, puis ont été envoyés dans d’autres pays. Un grand nombre de missionnaires sont originaires des États-Unis et du Canada; environ 400 de Grande-Bretagne; plus de 240 d’Allemagne; plus de 150 d’Australie; plus de 100 de Suède, outre les groupes relativement importants provenant du Danemark, de Finlande, d’Hawaii, de Nouvelle-Zélande, des Pays-Bas, etc. Certains pays qui ont reçu l’aide de missionnaires en ont eux-mêmes fourni par la suite.
Ils comblent les besoins au sein d’une organisation en expansion
Au fur et à mesure que l’organisation a grandi, les missionnaires ont endossé davantage de responsabilités. Un nombre considérable d’entre eux sont anciens ou serviteurs ministériels dans les congrégations qu’ils ont contribué à former. Dans beaucoup de pays, ils ont été les premiers surveillants de circonscription et de district. Quand la Société a jugé utile d’ouvrir de nouvelles filiales, un bon nombre de missionnaires ont été chargés d’assurer leur fonctionnement. Dans certains cas, ceux qui ont acquis une connaissance suffisante de la langue ont été invités à participer à la traduction et à la correction de publications bibliques.
Mais leur plus grande récompense a été de voir ceux avec qui ils avaient étudié la Parole de Dieu, ou des Témoins qu’ils avaient aidés à progresser sur le plan spirituel, se qualifier pour assumer de telles responsabilités. Ainsi, au Pérou, un couple de missionnaires a eu la joie de voir certains de ceux avec qui ils avaient étudié devenir pionniers spéciaux, contribuer à l’affermissement de nouvelles congrégations et inaugurer de nouveaux territoires. À Sri Lanka, l’un des membres du Comité de la filiale vient d’une famille qui a étudié avec un missionnaire. Beaucoup d’autres missionnaires ont connu les mêmes joies.
Mais ils ont aussi rencontré de l’opposition.
Face à l’opposition
Jésus a prévenu ses disciples qu’ils seraient persécutés, tout comme lui (Jean 15:20). Les missionnaires venant généralement de l’étranger, lorsqu’une persécution virulente se déclenchait dans un pays, cela signifiait souvent leur expulsion.
En 1967, Sona Haidostian et ses parents ont été arrêtés à Alep, en Syrie. Ils ont été détenus pendant cinq mois, puis expulsés du pays sans leurs biens. Margarita Königer, originaire d’Allemagne, a été envoyée à Madagascar; mais en raison de multiples expulsions, elle a été envoyée au Kenya, au Dahomey (le Bénin), et en Haute-Volta (le Burkina Faso). Domenick Piccone et sa femme, Elsa, ont été expulsés d’Espagne en 1957 parce qu’ils y prêchaient, puis du Portugal en 1962, et du Maroc en 1969. Toutefois, dans chacun de ces pays, tout en essayant de prévenir les arrêts d’expulsion, ils ont fait œuvre utile. Ils ont donné le témoignage aux autorités. Au Maroc, par exemple, ils ont eu la possibilité de prêcher aux responsables de la Sécurité nationale, à un juge de la Cour suprême, au chef de la police de Tanger et aux consuls américains en place à Tanger et à Rabat.
L’expulsion des missionnaires ne signifiait pas la fin de l’œuvre des Témoins de Jéhovah, comme certains hauts fonctionnaires le pensaient. Les graines de vérité déjà semées ont souvent continué à germer. Ainsi, au Burundi, le gouvernement a expulsé en 1964 quatre missionnaires qui prêchaient depuis seulement quelques mois dans le pays. Cependant, l’un d’eux a gardé contact par courrier avec un homme qui s’intéressait au message. Celui-ci lui a écrit qu’il étudiait la Bible avec 26 personnes. Un Témoin tanzanien qui s’était installé depuis peu au Burundi a également continué de prêcher avec zèle. Petit à petit, le nombre des proclamateurs a augmenté jusqu’à ce qu’ils soient des centaines à communiquer le message du Royaume à d’autres personnes encore.
Ailleurs, avant de décréter l’expulsion, les autorités ont recouru à des brutalités pour essayer de plier tout le monde à leurs exigences. À Gbarnga (Liberia), en 1963, les soldats ont entouré 400 hommes, femmes et enfants réunis pour une assemblée chrétienne. Ils les ont fait marcher jusqu’à la caserne où ils les ont menacés, battus, et leur ont ordonné à tous — quelles que soient leur nationalité ou leurs croyances religieuses — de saluer le drapeau libérien. Dans le groupe se trouvait Milton Henschel, des États-Unis, ainsi que quelques missionnaires, dont John Charuk, du Canada. L’un des diplômés de Galaad a transigé avec sa conscience, comme il l’avait déjà fait en une autre circonstance (mais en secret), ce qui a sans nul doute contribué à ce que d’autres cèdent également. Il est devenu facile de distinguer ceux qui craignaient vraiment Dieu de ceux qui avaient la crainte de l’homme (Prov. 29:25). Après cela, le gouvernement a ordonné à tous les Témoins missionnaires venus de l’étranger de quitter le pays; cependant, plus tard la même année, un décret présidentiel les a autorisés à y revenir.
C’était souvent à l’instigation du clergé que les autorités décidaient l’expulsion des missionnaires. Les ecclésiastiques manœuvraient parfois dans l’ombre pour parvenir à leurs fins. À d’autres moments, leurs agissements étaient de notoriété publique. George Koivisto n’oubliera jamais sa première matinée de prédication à Medellín (Colombie). Une foule d’écoliers ont surgi en criant et lui ont jeté des pierres et des morceaux d’argile. Son interlocutrice, qui ne l’avait jamais vu auparavant, l’a vite entraîné à l’intérieur de sa maison et a fermé les volets en bois tout en déplorant la conduite de ces enfants. Quand la police est arrivée, certains ont accusé l’instituteur d’avoir laissé sortir ses élèves de l’école. Mais quelqu’un s’est écrié: “Non, non! C’est le prêtre! Il a dit par les haut-parleurs de laisser sortir les écoliers pour ‘jeter des pierres aux Protestantes’.”
Il fallait un courage conforme à la volonté de Dieu et de l’amour pour les “brebis” dans de telles situations. Elfriede Löhr et Ilse Unterdörfer ont été envoyées dans la vallée de Gastein, en Autriche. Elles y ont rapidement distribué de nombreuses publications bibliques parmi les personnes affamées sur le plan spirituel. Mais les ecclésiastiques ont décidé de contrer leur activité. Ils ont encouragé les écoliers à crier après les missionnaires dans les rues et à passer en avant d’elles pour dire aux gens de ne pas les écouter. Cela a effrayé la population. Mais grâce à leur amour et à leur persévérance, les missionnaires ont pu commencer quelques bonnes études de la Bible. Le jour où un discours biblique a été prévu, le curé s’est posté d’un air provocant devant le lieu de réunion. Cependant, lorsque les missionnaires sont sorties dans la rue pour accueillir les gens, il a disparu. Il est revenu avec un policier dans l’espoir d’interrompre la réunion. Mais ses efforts ont été vains. Avec le temps, une belle congrégation a vu le jour à cet endroit.
Dans les villes proches d’Ibarra (Équateur), Unn Raunholm et Julia Parsons ont eu maintes fois affaire à des foules excitées par un prêtre. Comme celui-ci provoquait un tumulte à chaque fois qu’elles arrivaient à San Antonio, ces missionnaires ont décidé de concentrer leurs efforts sur une autre ville, Atuntaqui. Mais un jour, tout affolé, le chef de la police a demandé à sœur Raunholm de quitter la ville au plus vite. “Le prêtre est en train d’organiser une manifestation contre vous, et mes hommes ne sont pas suffisamment nombreux pour vous protéger”, lui a-t-il dit. Elle a un souvenir très net de ce qui s’est passé: “La foule était à nos trousses! Le drapeau blanc et jaune du Vatican flottait en avant du groupe tandis que le prêtre criait des slogans, tels que: ‘Vive l’Église catholique!’ ‘À bas les protestants!’ ‘Vive la virginité de Marie!’ ‘Vive la confession!’ La foule répétait mot pour mot chaque slogan après l’ecclésiastique.” Juste à ce moment-là, deux hommes ont invité les Témoins à se réfugier dans la Maison des syndicats. Les missionnaires y ont donné le témoignage à des curieux qui entraient pour savoir ce qui se passait. Elles ont pu leur laisser toutes les publications dont elles disposaient.
Des cours conçus pour des besoins particuliers
Depuis l’époque où les premiers missionnaires sont sortis de l’École de Galaad, l’organisation des Témoins de Jéhovah s’est développée à un rythme prodigieux. En 1943, quand l’école a été inaugurée, il n’y avait que 129 070 Témoins dans 54 pays (mais 103 selon les divisions de la carte politique du monde au début des années 90). En 1992, ils étaient en tout 4 472 787 dans 229 pays et archipels. Au fur et à mesure que cet accroissement s’est produit, les besoins de l’organisation ont changé. Des filiales qui s’occupaient à une certaine époque de moins d’une centaine de Témoins répartis en quelques congrégations dirigent maintenant l’activité de dizaines de milliers de Témoins. D’autre part, nombre de ces filiales ont jugé nécessaire d’imprimer des publications sur place pour équiper ceux qui participent à l’œuvre d’évangélisation.
Pour faire face aux nouveaux besoins, 18 ans après l’ouverture de l’École de Galaad, les frères qui devaient assumer de lourdes responsabilités dans les filiales de la Société Watch Tower ont reçu une formation de dix mois au siège mondial de la Société. Certains d’entre eux avaient déjà suivi le cours de cinq mois à Galaad; d’autres pas. Tous allaient pouvoir bénéficier d’une formation spécialement adaptée à leur activité. Les discussions sur la façon d’agir en diverses situations et de régler les questions d’organisation suivant les principes bibliques ont eu un effet unificateur. Le programme incluait une analyse verset par verset de toute la Bible. Il comprenait aussi une étude de l’histoire de la religion, un examen détaillé de la façon de diriger une filiale, un Béthel et une imprimerie; des instructions sur la manière d’organiser la prédication, de former des congrégations et d’inaugurer de nouveaux territoires. Ces cours (dont la dernière session a été réduite à huit mois) ont été donnés au siège mondial, à Brooklyn (New York), de 1961 à 1965. La plupart de ceux qui les ont suivis sont retournés dans les pays où ils accomplissaient leur activité; certains ont été envoyés dans d’autres pays où ils allaient être d’un précieux soutien dans l’œuvre.
Le 1er février 1976, une nouvelle disposition a été mise en place dans les filiales de la Société pour les préparer à l’accroissement auquel on s’attendait en accord avec les prophéties bibliques (És. 60:8, 22). Au lieu d’un seul surveillant de filiale et de son adjoint pour chaque filiale, le Collège central a nommé trois frères qualifiés, ou plus, comme membres d’un Comité de filiale. Dans les grandes filiales, le comité pourrait compter jusqu’à sept membres. Une formation spéciale de cinq semaines dans le cadre de l’École de Galaad, à Brooklyn (New York), a été prévue pour ces frères. Quatorze classes formées de membres des Comités de filiale du monde entier ont reçu cette formation spéciale au siège mondial de fin 1977 à 1980. Cette excellente disposition a permis d’uniformiser et d’affiner les méthodes d’organisation.
L’École de Galaad continuait de former des ministres à plein temps qui avaient des années d’expérience et qui étaient désireux et en mesure de se rendre à l’étranger; cependant, un plus grand nombre pouvaient être employés. Pour accélérer la formation, on a ouvert des annexes de l’École de Galaad en dehors des États-Unis. Ainsi, les étudiants qui y seraient invités n’auraient pas à apprendre l’anglais pour suivre les cours. En 1980-1981, l’École culturelle de Galaad au Mexique a formé des étudiants d’expression espagnole qui ont contribué à combler un besoin urgent de ministres qualifiés en Amérique centrale et en Amérique du Sud. En 1981-1982, en 1984, puis de nouveau en 1992, des classes d’une annexe de l’École de Galaad ont également été instruites en Allemagne. De là, les diplômés ont été envoyés en Afrique, en Amérique du Sud, en Europe de l’Est et dans diverses îles. On a organisé d’autres classes en Inde en 1983.
Les Témoins autochtones pleins de zèle se joignant aux missionnaires pour étendre le témoignage relatif au Royaume, le nombre des Témoins de Jéhovah s’est rapidement accru, et il en est résulté la formation de nouvelles congrégations. Entre 1980 et 1987, le nombre des congrégations dans le monde a augmenté de 27 %, pour atteindre le chiffre total de 54 911. Dans certains pays, beaucoup assistaient aux réunions et participaient à la prédication, mais la plupart des frères étaient baptisés depuis peu. Il y avait un grand besoin de chrétiens expérimentés pour diriger l’œuvre d’évangélisation. C’est pourquoi, en 1987, dans le cadre du programme d’enseignement de l’École de Galaad, le Collège central a ouvert l’École de formation ministérielle. Le cours de huit semaines comprend une étude approfondie de la Bible, et une attention personnelle est accordée aux progrès spirituels de chaque élève. On y examine les questions d’organisation et les questions judiciaires, ainsi que les responsabilités des anciens et des serviteurs ministériels. Les étudiants reçoivent une formation spéciale dans le domaine de l’art oratoire. Cette école ne perturbe pas les cours normaux de formation des missionnaires, car elle utilise d’autres locaux, dans divers pays. Les diplômés de cette école apportent maintenant une aide fort appréciée en de nombreux endroits du monde.
La formation étendue fournie par Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower, s’est donc adaptée aux besoins changeants de l’organisation internationale qui s’accroît rapidement.
“Me voici! Envoie-moi”
Les missionnaires manifestent un état d’esprit semblable à celui du prophète Ésaïe qui, lorsque Jéhovah lui a offert la possibilité d’accomplir un service spécial, a déclaré: “Me voici! Envoie-moi.” (Ésaïe 6:8). Leur bonne volonté a incité des milliers de jeunes hommes et de jeunes femmes à quitter leur cadre de vie habituel et leurs proches pour promouvoir l’œuvre divine où que l’on ait besoin d’eux.
La situation familiale de nombreux missionnaires a changé avec le temps. Bon nombre de ceux qui ont eu des enfants après être devenus missionnaires ont pu rester dans le pays où ils se trouvaient, y occuper un emploi et collaborer avec les congrégations. Certains, après des années de service, ont dû rentrer dans leur pays d’origine pour s’occuper de leurs parents âgés, ou pour d’autres raisons. Mais à leurs yeux c’était un privilège d’avoir pu effectuer le service missionnaire le plus longtemps possible.
D’autres ont pu faire du service missionnaire la carrière de leur vie. Pour y parvenir, ils ont dû surmonter des situations éprouvantes. Olaf Olson, qui est missionnaire depuis de nombreuses années en Colombie, a fait cet aveu: “La première année fut la plus pénible.” S’il en a été ainsi, c’est surtout parce qu’il ne pouvait s’exprimer correctement dans sa nouvelle langue. “Si j’avais continué à penser au pays que j’avais quitté, je n’aurais pas été heureux, mais j’avais préparé mon esprit à vivre physiquement et mentalement en Colombie, à faire de mes frères et sœurs dans la vérité des amis, à veiller à ce que ma vie soit entièrement occupée par le ministère. Je me suis bientôt senti chez moi dans le territoire qui m’a été attribué.”
Ce n’est pas forcément parce qu’ils estimaient avoir un cadre de vie idéal que les missionnaires ont persévéré là où ils ont été envoyés. Norman Barber, qui a servi en Birmanie (le Myanmar) et en Inde de 1947 jusqu’à sa mort, survenue en 1986, a dit un jour: “Quand quelqu’un se réjouit d’être employé par Jéhovah, alors n’importe quel endroit est bon pour lui. (...) Pour parler franchement, le climat tropical n’est pas pour moi le climat idéal. La manière de vivre des gens des tropiques n’est pas non plus le genre de vie que je choisirais. Mais il y a des choses plus importantes que de telles banalités. Aider des gens qui vivent réellement dans l’indigence spirituelle est un privilège si grand que nul ne saurait le décrire.”
Beaucoup partagent cette opinion, et cet esprit d’abnégation a grandement contribué à l’accomplissement de la prophétie de Jésus selon laquelle la bonne nouvelle du Royaume doit être prêchée par toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations, avant que vienne la fin. — Mat. 24:14.
[Note]
a La Tour de Garde (angl.), 15 février 1943, pp. 60-64.
[Entrefilet, page 523]
L’accent est mis sur l’importance de compter entièrement sur Jéhovah et de lui être fidèle.
[Entrefilet, page 534]
Un solide sens de l’humour était un atout précieux!
[Entrefilet, page 539]
Patience, aide empreinte d’amour, et fermeté au besoin.
[Entrefilet, page 546]
“Aider des gens qui vivent réellement dans l’indigence spirituelle est un privilège si grand que nul ne saurait le décrire.”
[Encadré, page 533]
Les classes de Galaad
1943-1960: École à South Lansing (New York). En 35 classes, 3 639 étudiants originaires de 95 pays ont été diplômés, et la plupart ont été envoyés dans le service missionnaire. Des surveillants de circonscription et de district des États-Unis ont également fait partie de ces classes.
1961-1965: École à Brooklyn (New York). En 5 classes, 514 étudiants ont été diplômés; ils ont été envoyés dans des pays où la Société Watch Tower avait des filiales; la plupart se sont vu confier des tâches administratives. Pour 4 de ces classes, les cours ont duré 10 mois; pour une, ils ont duré 8 mois.
1965-1988: École à Brooklyn (New York). En 45 classes, qui ont suivi chacune 20 semaines de cours, 2 198 étudiants ont été formés, la plupart pour le service missionnaire.
1977-1980: École à Brooklyn (New York). Cours de 5 semaines pour les membres des Comités de filiale. Quatorze classes ont été instruites.
1980-1981: École culturelle de Galaad du Mexique; cours de 10 semaines; 3 classes; 72 diplômés d’expression espagnole ont été préparés en vue d’accomplir leur service en Amérique latine.
1981-1982, 1984, 1992: Annexe de l’École de Galaad en Allemagne; cours de 10 semaines; 4 classes; 98 étudiants d’expression allemande originaires de différents pays d’Europe.
1983: Classes en Inde; cours de 10 semaines donnés en anglais; 3 groupes; 70 étudiants.
1987- : École de formation ministérielle; cours de 8 semaines qui sont donnés en des endroits choisis dans diverses parties du monde. En 1992, des diplômés de cette école accomplissaient déjà leur activité dans plus de 35 pays autres que leur pays d’origine.
1988- : École à Wallkill (État de New York). Des cours de 20 semaines préparant au service missionnaire y sont actuellement donnés. Il est prévu de transférer cette école au Centre d’enseignement de la Société Watchtower à Patterson (New York), après l’achèvement des travaux.
[Encadré, page 538]
Des étudiants venus du monde entier
Les étudiants qui ont suivi les cours de l’École de Galaad représentent un grand nombre de nationalités et sont venus de plus de 110 pays.
La première classe internationale a été la sixième, en 1945-1946.
On a demandé aux autorités américaines d’autoriser l’admission d’élèves étrangers en leur accordant un visa d’étudiant non immigrant. Cette demande a amené le ministère de l’Éducation des États-Unis à reconnaître que l’École de Galaad dispense une instruction comparable à celle des grandes écoles professionnelles et des établissements d’enseignement. Ainsi, depuis 1953, Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower, figure sur la liste des établissements d’enseignement agréés fournie aux consuls américains du monde entier. Le 30 avril 1954, le nom de cette école a été inclus dans la publication de langue anglaise “Établissements d’enseignement agréés par le ministère de la Justice”.
[Illustrations, page 522]
Première classe de l’École de Galaad.
[Illustration, page 524]
Albert Schroeder examine les caractéristiques du tabernacle avec des étudiants de Galaad.
[Illustration, page 525]
Maxwell Friend donne un cours dans l’amphithéâtre de l’École de Galaad.
[Illustrations, page 526]
Les remises des diplômes aux étudiants de Galaad ont été des moments spirituels marquants
... lors de grandes assemblées (New York, 1950).
... sur le campus de l’école (où l’on voit Nathan Knorr faire un discours devant la bibliothèque de l’école, en 1956).
[Illustrations, page 527]
Campus de l’École de Galaad, à South Lansing (New York), dans les années 50.
[Illustration, page 528]
Hermon Woodard (à gauche) et John Errichetti (à droite) en prédication en Alaska.
[Illustration, page 529]
John Cutforth se servant de supports visuels pour enseigner en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
[Illustration, page 530]
Missionnaires en Irlande avec un surveillant de district, en 1950.
[Illustration, page 530]
Diplômés en route vers leurs territoires en Extrême-Orient, en 1947.
[Illustration, page 530]
Quelques missionnaires et d’autres prédicateurs au Japon, en 1969.
[Illustrations, page 530]
Missionnaires au Brésil, en 1956
... en Uruguay, en 1954
... en Italie, en 1950.
[Illustration, page 530]
Les quatre premiers missionnaires formés à Galaad envoyés à la Jamaïque.
[Illustration, page 530]
Première maison de missionnaires à Salisbury (aujourd’hui Harare, Zimbabwe), en 1950.
[Illustration, page 530]
Malcolm Vigo (Galaad, 1956-1957) et sa femme Linda Louise; ensemble, ils ont prêché au Malawi, au Kenya et au Nigeria.
[Illustration, page 530]
Robert Tracy (à gauche) et Jesse Cantwell (à droite), avec leurs femmes — missionnaires dans le service itinérant en Colombie, en 1960.
[Illustration, page 532]
Cours de langue dans une maison de missionnaires en Côte d’Ivoire.
[Illustration, page 535]
Ted et Doris Klein, qui ont rencontré de nombreuses personnes désireuses d’entendre la vérité biblique aux îles Vierges américaines en 1947.
[Illustration, page 536]
Harvey Logan (devant au centre), avec des Témoins de la tribu Amis devant une Salle du Royaume dans les années 60.
[Illustration, page 540]
Victor White, surveillant de district formé à Galaad, donne un discours aux Philippines en 1949.
[Illustration, page 542]
Margarita Königer dirige une étude biblique à domicile au Burkina Faso.
[Illustration, page 543]
Unn Raunholm, qui est missionnaire depuis 1958, a dû faire face à des foules excitées par un prêtre en Équateur.
[Illustrations, page 545]
École de formation ministérielle
Première classe, Coraopolis (Pennsylvanie, États-Unis), en 1987 (ci-dessus).
Troisième classe en Grande-Bretagne, à Manchester, en 1991 (à droite).
-
-
Par la puissance humaine ou par l’esprit de Dieu?Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 24
Par la puissance humaine ou par l’esprit de Dieu?
JÉSUS CHRIST a chargé ses disciples d’une mission qui semblait impossible à remplir. Bien que peu nombreux, ils devaient prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu sur toute la terre habitée (Mat. 24:14; Actes 1:8). Non seulement c’était une tâche colossale, mais elle devait être accomplie en dépit d’obstacles apparemment insurmontables. En effet, comme Jésus le leur a dit sans ambages, ses disciples seraient haïs et persécutés dans toutes les nations. — Mat. 24:9; Jean 15:19, 20.
Malgré l’opposition qu’ils rencontrent partout, les Témoins de Jéhovah se sont énergiquement appliqués à accomplir l’œuvre annoncée par Jésus. L’ampleur spectaculaire du témoignage déjà donné n’est plus à démontrer. Mais comment cela a-t-il été possible? Est-ce dû à la puissance et à l’ingéniosité humaines, ou bien à l’action de l’esprit de Dieu?
Le récit biblique relatif au rétablissement du vrai culte à Jérusalem, au VIe siècle avant notre ère, rappelle qu’il ne faut pas sous-estimer le rôle joué par Dieu dans l’accomplissement de sa volonté. Les commentateurs profanes peuvent rechercher d’autres explications à ce qui s’est passé, toutefois, quand il a parlé de la façon dont il réaliserait son dessein, Dieu a poussé le prophète Zacharie à déclarer: “‘Ni par des forces militaires, ni par la puissance, mais par mon esprit’, a dit Jéhovah des armées.” (Zach. 4:6). Les Témoins de Jéhovah n’hésitent pas à dire que c’est ainsi que le message du Royaume est prêché aujourd’hui — ni par la force militaire, ni par l’influence ou le pouvoir d’un éminent groupe d’hommes, mais par l’action de l’esprit de Jéhovah. Est-ce ce que corroborent les faits?
“Pas beaucoup de sages selon la chair”
Lorsqu’il a écrit aux premiers chrétiens de Grèce, l’apôtre Paul a reconnu: “Car vous voyez votre appel, frères: il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair qui ont été appelés, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de gens de haute naissance; mais Dieu a choisi les choses sottes du monde pour faire honte aux hommes sages; et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour faire honte aux choses fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont pas, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu.” — 1 Cor. 1:26-29.
Les apôtres de Jésus eux-mêmes étaient issus de la classe ouvrière. Quatre d’entre eux étaient pêcheurs de métier. Un autre était collecteur d’impôts, profession que les Juifs méprisaient. Les chefs religieux juifs considéraient les apôtres comme des hommes “non lettrés et des gens ordinaires”, montrant par là que ceux-ci n’avaient pas été instruits dans de grandes écoles (Actes 4:13). Cela ne signifie pas pour autant qu’aucun de ceux qui avaient reçu une plus grande instruction profane ou religieuse n’est devenu chrétien. L’apôtre Paul avait été instruit aux pieds de l’éminent Gamaliel, membre du Sanhédrin (Actes 22:3). Cependant, comme le dit le verset, il n’y en avait “pas beaucoup”.
D’après l’Histoire, Celse, philosophe romain du IIe siècle de notre ère, tournait en ridicule le fait que ‘des ouvriers, des cordonniers, des cultivateurs, bref, les moins instruits et les plus grossiers, soient prédicateurs de l’Évangile’. (Allgemeine Geschichte der christlichen Religion und Kirche [Histoire générale de la religion chrétienne et de l’Église], Auguste Neander.) Qu’est-ce qui a encouragé les véritables chrétiens à demeurer des prédicateurs de la bonne nouvelle, en dépit du mépris dont ils étaient l’objet et de la violente persécution qu’ils subissaient sous l’Empire romain? Jésus avait dit que ce serait l’esprit saint de Dieu. — Actes 1:8.
De même, plus récemment, on a reproché aux Témoins de Jéhovah d’être, pour la plupart, des gens ordinaires dont la position sociale n’en impose à personne. Parmi les premiers serviteurs de Jéhovah des temps modernes à communiquer le message du Royaume, il y eut un cordonnier, au Danemark, ainsi qu’un jardinier, en Suisse et en France. Dans de nombreux pays d’Afrique, le message a été répandu par des ouvriers saisonniers. Ce sont des marins qui l’ont introduit au Brésil. Nombre de Témoins polonais, qui vivaient dans le nord de la France, étaient des mineurs de fond.
Profondément touchés par ce qu’ils avaient appris sur la Parole de Dieu grâce aux publications de la Société, ils ont voulu démontrer leur amour pour Jéhovah par leur obéissance. Ils ont donc entrepris l’œuvre que, selon la Bible, les véritables chrétiens devaient accomplir. Depuis lors, des millions de gens se sont joints à eux dans cette activité. Tous sont des évangélisateurs.
Les Témoins de Jéhovah forment la seule organisation religieuse au monde dont tous les membres donnent le témoignage aux non-croyants en s’efforçant de répondre à leurs questions à l’aide de la Bible, et en les incitant à exercer la foi en la Parole de Dieu. D’autres organisations religieuses reconnaissent que c’est là une responsabilité qui incombe à tous les chrétiens. Certaines ont essayé d’encourager leurs adeptes à s’en acquitter. Cependant, seuls les Témoins de Jéhovah le font sans relâche. Qui les dirige, leur donne des conseils, leur accorde son soutien empreint d’amour et leur fait des promesses qui les incitent à accomplir cette tâche que d’autres refusent? Posez-leur la question. Quel que soit l’endroit où ils vivent, tous vous répondront: “Jéhovah!” À qui le mérite en revient-il?
Le rôle joué par les anges a été annoncé
Lorsqu’il a prédit les événements qui se produiraient pendant la conclusion du système de choses, Jésus a montré que ses disciples, sur la terre, ne seraient pas seuls à participer au rassemblement des amis de la justice. En Matthieu chapitre 13, parlant du rassemblement des derniers humains à avoir part avec lui au Royaume céleste, Jésus a déclaré: “Les moissonneurs, ce sont des anges.” Et quelle étendue aurait le champ dans lequel ils rassembleraient ces “fils du royaume”? “Le champ, c’est le monde”, a expliqué Jésus. Ainsi, ces humains rassemblés viendraient des quatre coins du monde. Cela s’est-il vraiment réalisé? — Mat. 13:24-30, 36-43.
Effectivement! Certes, les Étudiants de la Bible n’étaient que quelques milliers lorsque le monde est entré dans ses derniers jours en 1914, mais le message du Royaume qu’ils prêchaient s’est rapidement répandu sur toute la terre. En Orient, dans différents pays d’Europe, d’Afrique et d’Amérique, ainsi que dans les îles, des gens ont saisi l’occasion qui leur était offerte de servir la cause du Royaume de Dieu et se sont rassemblés en une organisation unifiée.
En Australie occidentale, par exemple, Bert Horton a entendu parler du message du Royaume. La religion, telle qu’il la connaissait, ne l’intéressait pas; il était engagé dans des activités politiques et syndicales. Cependant, quand sa mère lui a donné Le divin Plan des Âges, livre publié par la Société Watch Tower, et qu’il a commencé à le lire ainsi que la Bible, il a compris qu’il avait trouvé la vérité. Spontanément, il en a parlé à ses collègues de travail. Lorsqu’il a réussi à prendre contact avec les Étudiants de la Bible, il s’est joint à eux avec plaisir. Il s’est fait baptiser en 1922, a entrepris le ministère à plein temps et s’est proposé de servir là où l’organisation de Jéhovah le lui demanderait.
À l’autre bout de la terre, en 1923, William Brown, qui prêchait déjà aux Antilles, s’est rendu en Afrique pour y faire connaître le message du Royaume. Il n’était pas un prédicateur indépendant qui s’acquittait d’une mission à titre personnel. Il collaborait avec le peuple organisé de Jéhovah. Il s’était offert à servir là où il serait utile, et, à la demande du siège mondial de la Société, il a accepté de se rendre en Afrique occidentale. Ceux qui ont personnellement tiré profit de son ministère ont aussi compris l’importance de collaborer étroitement avec l’organisation de Jéhovah.
La bonne nouvelle du Royaume a également été prêchée en Amérique du Sud. Hermán Seegelken, qui vivait dans la province de Mendoza, en Argentine, était depuis longtemps conscient de l’hypocrisie existante au sein des Églises catholique et protestantes. Cependant, en 1929, il a entendu le message relatif au Royaume, l’a accepté avec enthousiasme et, uni aux serviteurs de Jéhovah du monde entier, a commencé à en faire part à autrui. Des faits semblables se sont produits partout dans le monde. Bien que dispersés sur le plan géographique et poursuivant des voies différentes, des gens “de toute tribu, et langue, et peuple, et nation” ont entendu et se sont offerts à servir Dieu. Ils se sont rassemblés en une organisation unifiée pour accomplir l’œuvre qui, selon ce qu’avait annoncé Jésus, aurait lieu à cette époque (Rév. 5:9, 10). Comment se fait-il que ce message soit si répandu?
La Bible dit que les anges de Dieu joueraient un rôle capital dans ce domaine. C’est pourquoi la bonne nouvelle du Royaume se propagerait dans le monde comme une sonnerie de trompette d’une origine suprahumaine. En fait, dès 1935, elle avait pénétré dans 149 pays — au nord, au sud, à l’est et à l’ouest, d’une extrémité de la terre à l’autre.
Au début, seul un “petit troupeau” a vraiment attaché de la valeur au Royaume de Dieu et a désiré servir sa cause. C’est ce que la Bible avait annoncé. À présent, “une grande foule” toujours plus nombreuse, des millions de personnes issues de toutes nations, se joint à lui. C’est aussi ce que la Parole de Dieu avait prédit (Luc 12:32; Jean 10:16; Rév. 7:9, 10). Les membres de cette grande foule ne professent pas la même religion, tout en permettant aux idées et aux philosophies qui divisent le monde actuel d’être pour eux une cause de désunion. Non, les Témoins de Jéhovah ne se contentent pas de parler du Royaume de Dieu tout en plaçant leur confiance dans les dirigeants humains. Ils obéissent à Dieu comme à un chef, même au prix de leur vie. La Bible montre clairement que le rassemblement des personnes qui ‘craignent Dieu et lui donnent gloire’ devait se faire sous la direction des anges (Rév. 14:6, 7). Les Témoins sont fermement convaincus que cela s’accomplit aujourd’hui.
À maintes reprises, ils ont eu la preuve qu’ils étaient guidés par les cieux dans l’exercice de leur ministère. Par exemple, un dimanche matin, à Rio de Janeiro (Brésil), un groupe de Témoins s’apprêtait à cesser son activité de prédication de porte en porte, lorsqu’une chrétienne a dit: “Je vais continuer encore un peu. Je ne sais pas pourquoi, mais je tiens à aller à cette maison.” Le Témoin qui dirigeait le groupe lui a suggéré d’y aller un autre jour, mais la proclamatrice a insisté. À la porte, elle a trouvé une femme en larmes qui lui a dit qu’elle venait juste de prier afin de recevoir de l’aide. Cette femme avait déjà reçu la visite des Témoins, mais elle n’avait manifesté aucun intérêt pour le message biblique. C’est la perte soudaine de son mari qui lui avait fait prendre conscience de ses besoins spirituels. Elle avait cherché la Salle du Royaume, mais sans succès. Avec sincérité, elle priait Dieu de l’aider, et voici qu’elle trouvait cette aide à sa porte. Peu de temps après, elle s’est fait baptiser. Elle était sûre que Dieu avait entendu sa prière et accompli ce qu’il fallait pour l’exaucer. — Ps. 65:2.
Une Allemande Témoin de Jéhovah, qui vivait à New York, avait l’habitude de demander à Dieu sa direction lorsqu’elle participait au ministère. Depuis des semaines, elle cherchait dans la rue une femme qui avait manifesté de l’intérêt pour la Bible, mais dont elle ne connaissait pas l’adresse. Puis un jour, en 1987, au moment où elle commençait son ministère, cette proclamatrice a adressé à Dieu cette prière: “Jéhovah, tu sais où elle est. S’il te plaît, aide-moi à la trouver.” Quelques minutes plus tard, elle a vu la femme assise dans un restaurant.
N’était-ce qu’une coïncidence? La Bible dit que les véritables chrétiens sont les “collaborateurs de Dieu” et que les anges sont envoyés “pour servir ceux qui vont hériter du salut”. (1 Cor. 3:9; Héb. 1:14.) Après que la proclamatrice lui eut expliqué comment elle l’avait retrouvée, la femme a immédiatement accepté son invitation à prendre le temps d’examiner la Bible.
La bonne nouvelle atteint des ‘territoires inaccessibles’
Les Témoins de Jéhovah sont déterminés à prêcher le message du Royaume dans tous les pays. Cependant, leurs seuls efforts n’expliquent pas ce qu’ils ont réussi à faire. Ils ont vu le message du Royaume se répandre dans des régions où, dans un premier temps, leurs efforts attentifs avaient été battus en brèche.
Par exemple, dans les années 20 et 30, des démarches officielles ont été faites à plusieurs reprises auprès des hauts fonctionnaires de ce qui était alors l’Union soviétique, afin d’obtenir l’autorisation d’y expédier des publications bibliques ou de les imprimer sur place. À l’époque, la réponse était toujours négative. Le pays comptait bien quelques Témoins de Jéhovah, mais ils avaient grand besoin d’aide pour s’acquitter de l’œuvre de prédication annoncée par la Parole de Dieu. Quelque chose pouvait-il être fait?
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Polonais, dont un millier de Témoins de Jéhovah, qui vivaient dans l’est du pays, se sont retrouvés en Union soviétique. Dans le camp de concentration de Ravensbrück, des centaines de jeunes femmes russes ont fait connaissance avec des détenues Témoins de Jéhovah. Certaines se sont vouées à Jéhovah durant cette période et, plus tard, sont retournées dans différentes régions d’Union soviétique. Des centaines d’autres se sont retrouvées dans ce pays parce que les frontières nationales avaient changé pendant la guerre. Ce n’était pas ce que souhaitait le gouvernement soviétique. Le Collège central des Témoins de Jéhovah ne l’avait pas prévu. Cependant, cette situation a permis l’accomplissement de ce que la Parole inspirée de Dieu avait annoncé. À ce sujet, La Tour de Garde a dit: “Ainsi, on voit que dans sa providence le Seigneur peut susciter des témoins dans n’importe quel pays pour tenir bien haut l’étendard de la vérité et faire connaître le nom de Jéhovah.” — 1er février 1946 (en anglais).
Ce pays n’est pas le seul à avoir dit aux Témoins de Jéhovah: ‘Vous ne pouvez pas venir ici’ ou ‘vous ne pouvez pas prêcher ici’. Cela s’est produit maintes et maintes fois sur toute la terre, dans des dizaines de pays, souvent à la suite des pressions exercées par le clergé sur les fonctionnaires de l’État. Certains de ces pays ont plus tard accordé un statut juridique aux Témoins de Jéhovah. Cependant, avant même qu’ils ne le fassent, des milliers de leurs habitants avaient déjà embrassé le culte de Jéhovah, le Créateur des cieux et de la terre. Comment cela a-t-il été possible?
La Bible explique clairement que les anges jouent un rôle capital en lançant à des gens de toutes nations cet appel urgent: “Craignez Dieu et donnez-lui gloire, car elle est venue l’heure de son jugement, et adorez Celui qui a fait le ciel et la terre et la mer et les sources d’eaux.” — Rév. 14:6, 7.
Du succès en dépit d’obstacles apparemment insurmontables
Dans certains pays, les Témoins de Jéhovah ne se sont pas simplement heurtés à l’interdiction de leur ministère public, mais aussi à des tentatives visant à les éliminer complètement.
Au cours de la Première Guerre mondiale, le clergé a engagé une action de grande envergure aux États-Unis et au Canada en vue de mettre fin à l’œuvre des Étudiants de la Bible, comme on appelait alors les Témoins de Jéhovah. Ce fait est de notoriété publique. Bien que la liberté de parole et de culte fût accordée par la loi, le clergé a poussé les autorités à interdire les publications des Étudiants de la Bible. Beaucoup ont été arrêtés et détenus sans pouvoir verser de caution; d’autres ont été cruellement battus. Les administrateurs de la Société Watch Tower et leurs proches collaborateurs ont été condamnés à de longues peines de prison à la suite de procès qui, plus tard, se sont révélés entachés d’irrégularités. Dans son livre Preachers Present Arms (Les prédicateurs présentent les armes), Ray Abrams a déclaré: “Quand on analyse toute l’affaire, on arrive à la conclusion que les Églises et le clergé étaient les auteurs du mouvement visant à supprimer les Russellistes.” Cependant, après la guerre, les Étudiants de la Bible ont ressurgi avec plus de force que jamais pour proclamer Jésus Christ, le Roi établi par Jéhovah, et son Royaume. D’où leur venait cette force renouvelée? La Bible avait annoncé cette situation et avait dit qu’elle résulterait de l’action de ‘l’esprit de vie qui vient de Dieu’. — Rév. 11:7-11.
Après l’accession au pouvoir des nazis en Allemagne, la persécution des Témoins de Jéhovah s’est intensifiée dans les pays qui sont tombés sous leur domination. Les arrestations et les mauvais traitements se sont succédé. L’œuvre des Témoins a été interdite. Finalement, en octobre 1934, les congrégations des Témoins de Jéhovah de toute l’Allemagne ont envoyé au gouvernement des lettres recommandées expliquant clairement qu’ils ne poursuivaient aucun dessein politique, mais qu’ils étaient déterminés à obéir à Dieu comme à un chef. En même temps, des congrégations de Témoins de Jéhovah du monde entier ont envoyé des télégrammes pour soutenir leurs frères chrétiens d’Allemagne.
Ce jour-là, le 7 octobre 1934, dans le bureau de Wilhelm Frick, à Berlin, les poings serrés, Hitler a déclaré à propos des Témoins de Jéhovah: “Cette engeance sera exterminée en Allemagne!” Ce n’était pas une menace en l’air. Des arrestations massives ont eu lieu. D’après une note confidentielle de la police secrète de l’État prussien, datée du 24 juin 1936, une “Section spéciale de la Gestapo” a été formée afin de lutter contre les Témoins. Après une préparation intensive, la Gestapo a déclenché sa campagne visant à arrêter tous les Témoins de Jéhovah et tous les gens soupçonnés de l’être. Durant cette offensive, tous les services de police ont été mobilisés, laissant les criminels agir impunément.
D’après les rapports, quelque 6 262 Témoins allemands ont été arrêtés. Karl Wittig, ancien fonctionnaire de l’État allemand qui a lui-même été incarcéré dans plusieurs camps de concentration, a écrit plus tard: “Aucune catégorie de détenus n’a été exposée (...) au sadisme de la soldatesque SS comme le furent les Étudiants de la Bible; un sadisme caractérisé par une suite ininterrompue de tortures physiques et morales qu’aucune langue du monde ne saurait décrire.”
Quel en a été le résultat? Dans un livre publié en 1982, Christine King tire cette conclusion: “Seuls les Témoins [à l’inverse des autres groupes religieux] ont infligé un échec au gouvernement.” Hitler avait juré qu’il les exterminerait, et des centaines ont été tués. Néanmoins, Christine King écrit: “L’œuvre [la prédication du Royaume de Dieu] s’est poursuivie et, en mai 1945, le mouvement des Témoins de Jéhovah existait encore, alors que le national-socialisme n’était plus.” Et de souligner: “Cela sans compromis.” (The Nazi State and the New Religions: Five Case Studies in Non-Conformity [L’État nazi et les nouvelles religions: Étude portant sur cinq cas de non-conformisme]). Pourquoi Hitler, avec son armée bien équipée, sa police extrêmement entraînée et ses nombreux camps d’extermination, n’a-t-il pas réussi à mettre à exécution sa menace de détruire ce groupe, relativement petit et inoffensif, de gens que le monde considère comme ordinaires? Pourquoi d’autres nations n’ont-elles pu mettre un terme à leur activité? Pourquoi l’ensemble des Témoins de Jéhovah en tant que groupe, et pas seulement quelques-uns individuellement, sont-ils restés inébranlables face à une violente persécution?
La réponse se trouve dans le sage conseil que Gamaliel, un enseignant de la Loi, a donné aux autres membres du Sanhédrin qui traitaient une affaire semblable concernant les apôtres de Jésus Christ. Il a dit: “Ne vous occupez pas de ces hommes, mais laissez-les aller (car si ce dessein ou cette œuvre vient des hommes, elle sera renversée; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les renverser); autrement, on vous trouvera peut-être en train de combattre contre Dieu.” — Actes 5:38, 39.
Ainsi, l’Histoire révèle que l’œuvre apparemment impossible que Jésus a confiée à ses disciples s’accomplit en dépit d’obstacles qui semblaient insurmontables, non par la puissance humaine mais par l’esprit de Dieu. De fait, dans une prière adressée à Dieu, Jésus a dit: “Père, toutes choses te sont possibles.” — Marc 14:36.
[Entrefilet, page 547]
“‘Par mon esprit’, a dit Jéhovah des armées.”
[Entrefilet, page 548]
Qu’est-ce qui les a encouragés à demeurer des prédicateurs en dépit de la persécution sous forme de railleries ou de violence?
[Entrefilet, page 549]
Preuve d’une direction angélique
[Entrefilet, page 551]
“Le Seigneur peut susciter des témoins dans n’importe quel pays.”
[Entrefilet, page 553]
Un peuple uni qui a démontré une foi solide face à des obstacles apparemment insurmontables.
-
-
La prédication en public et de maison en maisonLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 25
La prédication en public et de maison en maison
QUAND Jésus Christ a envoyé ses disciples en mission, il leur a donné cette instruction: “Chemin faisant, prêchez en disant: ‘Le royaume des cieux s’est approché.’” (Mat. 10:7). Il a également donné un ordre prophétique pour les vrais chrétiens qui vivraient pendant la conclusion du système de choses quand il a déclaré: “Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée par toute la terre habitée, en témoignage.” (Mat. 24:14). Qu’entendait-il par là?
Il ne voulait pas dire que ses disciples devraient bâtir des églises, sonner une cloche et attendre qu’une assemblée de fidèles se réunisse une fois par semaine pour les écouter prononcer un sermon. Le verbe grec traduit ici par ‘prêcher’ (kêrussô) a pour sens premier “faire une proclamation en qualité de héraut”. Ce mot ne signifie pas prononcer des sermons devant un petit groupe de disciples, mais plutôt faire une déclaration publique.
Par son exemple, Jésus a montré comment il fallait prêcher. Il s’est rendu dans des lieux où il pouvait rencontrer du monde. Au Ier siècle, les gens se réunissaient régulièrement dans les synagogues pour écouter la lecture des Écritures. À plusieurs reprises, Jésus a saisi l’occasion de leur prêcher en ces lieux, non pas dans une ville seulement, mais dans les villes et les villages de toute la Galilée et de la Judée (Mat. 4:23; Luc 4:43, 44; Jean 18:20). Les Évangiles rapportent qu’il a prêché plus souvent encore au bord de la mer, à flanc de montagne, sur la route, dans les villages et chez ceux qui le recevaient. Partout où il trouvait des gens, il parlait des dispositions prises par Dieu en faveur de l’humanité (Luc 5:3; 6:17-49; 7:36-50; 9:11, 57-62; 10:38-42; Jean 4:4-26, 39-42). Et quand il a envoyé ses disciples prêcher, il leur a dit d’aller dans les foyers afin de chercher les personnes qui étaient dignes du message et de leur donner le témoignage au sujet du Royaume de Dieu. — Mat. 10:7, 11-13.
À notre époque, les Témoins de Jéhovah s’efforcent de suivre le modèle laissé par Jésus et ses disciples du Ier siècle.
L’annonce de la présence du Christ
Lorsque Charles Russell et ses compagnons ont commencé à discerner l’harmonieux modèle de vérité exposé dans la Parole de Dieu, ils ont été profondément touchés par ce qu’ils apprenaient sur le but et la manière du retour du Christ. Frère Russell a compris, et la nécessité de faire connaître ces choses, et la grande urgence de cette œuvre. C’est pourquoi il s’est organisé pour se déplacer là où il pourrait exprimer ces vérités bibliques devant des groupes d’auditeurs. Il a assisté à des rassemblements religieux en plein air où il a pu prendre la parole, tout comme Jésus avait prêché dans les synagogues. Cependant, il s’est vite rendu compte qu’il était possible de donner un plus grand témoignage d’autres façons encore. Son étude des Écritures lui a fait comprendre que Jésus et ses apôtres avaient accompli la majeure partie de leur prédication en ayant des conversations particulières avec les gens et en allant de maison en maison. Il a aussi discerné l’importance de faire suivre l’entretien par la remise d’un écrit à l’interlocuteur.
Déjà en 1877, il avait publié la brochure The Object and Manner of Our Lord’s Return (Le but et la manière du retour de notre Seigneur). Deux ans plus tard, il a entrepris de publier régulièrement le périodique Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ. En effet, son objectif était de prêcher des nouvelles capitales concernant la présence du Christ, d’en être le messager.
Dès 1881, les Étudiants de la Bible ont distribué gratuitement leurs publications près des églises — pas devant l’entrée, mais à proximité, de telle sorte que les gens portés sur les questions religieuses en reçoivent. Beaucoup d’Étudiants de la Bible remettaient ces publications à leurs connaissances ou les expédiaient par la poste. En 1903, La Tour de Garde leur a recommandé de distribuer les tracts à tout le monde, de maison en maison, plutôt que de concentrer leurs efforts sur les gens qui assistaient aux offices. Si tous les Étudiants de la Bible ne l’ont pas fait, beaucoup ont néanmoins suivi cette exhortation avec un zèle véritable. Ainsi, on a signalé que le témoignage a été donné dans presque chaque foyer d’un certain nombre de grandes villes des États-Unis et de leur banlieue, dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres ou plus. Des millions et des millions de tracts ou de brochures ont ainsi été distribués. À l’époque, la plupart des Étudiants de la Bible qui proclamaient la bonne nouvelle le faisaient en participant d’une façon ou d’une autre à la distribution gratuite de tracts et de divers imprimés.
D’autres Étudiants de la Bible, en nombre plus restreint, étaient des évangélisateurs-colporteurs; ils consacraient une grande partie de leur temps à cette œuvre.
Des colporteurs zélés donnent l’exemple
C’est en avril 1881 qu’a été lancé le premier appel invitant des hommes et des femmes voués à Dieu à utiliser une bonne partie de leur temps à ce service. Ils proposaient aux gens, chez eux, dans les commerces et dans les bureaux, un petit livre expliquant les vérités bibliques, ainsi que l’abonnement à La Tour de Garde. Leur objectif était de rechercher les personnes affamées de vérité et de les éclairer. Dans un premier temps, ils essayaient d’en dire juste assez pour stimuler l’intérêt, laissaient dans chaque foyer une série de publications pour que la personne les examine, puis revenaient quelques jours plus tard. Certains leur rendaient les ouvrages; d’autres voulaient les acquérir; quoi qu’il en soit, il était souvent possible de converser. La Tour de Garde définissait ainsi l’objectif de ces évangélisateurs: “Le but n’est pas de vendre des séries de livres ni d’obtenir des abonnements, mais de faire connaître la vérité en amenant les gens à lire.”
Les colporteurs étaient relativement peu nombreux. Durant les 30 premières années, leur nombre a varié entre une poignée et 600 environ. Ces colporteurs étaient des pionniers au vrai sens du terme; ils ouvraient de nouveaux territoires. Anna Andersen a persévéré dans ce service pendant des dizaines d’années; se déplaçant généralement à bicyclette, elle a annoncé la bonne nouvelle dans presque toutes les villes de Norvège. D’autres colporteurs se sont expatriés et ont été les premiers à proclamer le message dans des pays comme la Finlande, la Barbade, le Salvador, le Guatemala, le Honduras et la Birmanie (le Myanmar). Il en est aussi qui n’étaient pas libres de se déplacer, mais qui ont été des évangélisateurs-colporteurs dans leur région.
Les colporteurs ont accompli une activité remarquable. En 1898, l’un d’eux, qui prêchait sur la côte ouest des États-Unis, a écrit que durant les 33 mois précédents il avait parcouru presque 13 000 kilomètres en voiture à cheval, donné le témoignage dans 72 villes, eu 18 000 entretiens, laissé 4 500 livres, obtenu 125 abonnements, distribué 40 000 tracts et vu 40 personnes non pas simplement accepter le message, mais aussi commencer à le communiquer à autrui. En Australie, un couple de prédicateurs a réussi en seulement deux ans et demi à remettre 20 000 livres à des personnes bien disposées.
Était-il exceptionnel de distribuer beaucoup de publications? Le rapport pour 1909 montre qu’environ 625 colporteurs (leur nombre total à l’époque) ont reçu de la Société cette année-là 626 981 livres à distribuer (soit une moyenne de plus de mille par colporteur), outre un grand nombre d’imprimés gratuits. Souvent, ils ne pouvaient pas transporter assez de livres de maison en maison; ils prenaient donc des commandes et revenaient les livrer ultérieurement.
Néanmoins, certains objectaient: “Ce n’est pas cela, prêcher!” Mais en fait, comme frère Russell l’a expliqué, il s’agissait d’une prédication des plus efficaces. Au lieu d’entendre un seul sermon, les gens en recevaient de nombreux sous forme écrite et ils pouvaient ainsi les lire et les relire tout en vérifiant leur contenu dans leur propre exemplaire de la Bible. Il s’agissait d’une méthode d’évangélisation qui prenait en compte le niveau d’instruction qui permettait désormais au public de lire. À ce sujet, voici ce que déclarait le livre La Nouvelle Création: “Le fait que ces [évangélisateurs] travaillent dans des conditions adaptées à notre époque, au lieu de le faire comme on le faisait dans le passé, n’est pas un argument contre ce travail, pas plus que le fait de voyager aujourd’hui par la vapeur ou l’électricité au lieu de voyager à pied ou à cheval. L’évangélisation se fait par la présentation de la Vérité, (...) de la Parole de Dieu.”
Les Étudiants de la Bible désiraient sincèrement aider leurs semblables, comme en témoigne la minutie avec laquelle ils en sont venus à effectuer leur prédication. La Tour de Garde du 1er mars 1917 (en anglais) décrivait leur activité comme suit: Dans un premier temps, les colporteurs rendaient visite aux habitants d’une certaine région et leur proposaient des tomes des Études des Écritures. Ensuite, des ouvriers pastorauxa rendaient visite aux gens qui avaient décliné leur identité aux colporteurs ou lors de réunions publiques. Ils essayaient de stimuler en eux le désir de lire la publication, encourageaient ceux qui manifestaient de l’intérêt à assister à des discours prévus spécialement, et s’efforçaient d’organiser des classes d’étude béréenne de la Bible. Ensuite, dans la mesure du possible, les colporteurs parcouraient de nouveau la même région; ils étaient suivis par les ouvriers pastoraux qui restaient en relation avec les personnes intéressées par le message. Par la suite, d’autres ouvriers d’ecclésia rendaient visite aux mêmes personnes pour leur remettre de la “littérature gratuite”, comme ils appelaient les tracts et autres écrits qu’ils distribuaient gracieusement. Ainsi, chacun pouvait obtenir au moins un imprimé susceptible de lui donner envie d’en apprendre davantage sur le dessein de Dieu.
Quand il n’y avait qu’un ou deux colporteurs dans une région où ne se trouvait aucune congrégation, ils entretenaient souvent eux-mêmes l’intérêt suscité. Ainsi, en 1908, quand Hermann Herkendell et son compagnon sont allés faire œuvre de colporteurs à Bielefeld (Allemagne), ils avaient pour instruction de mettre en relation entre elles les personnes bien disposées de l’endroit et de former une congrégation. Quelques années plus tard, La Tour de Garde a signalé que d’autres colporteurs accordaient une telle attention individuelle aux gens intéressés par le message que, dans toutes les villes où ils passaient, ils laissaient derrière eux une classe d’Étudiants de la Bible.
En 1921 est paru un ouvrage fort utile pour accomplir cette activité: La Harpe de Dieu. Ce livre spécialement conçu pour les débutants dans l’étude de la Bible a été publié à 5 819 037 exemplaires, en 22 langues. Pour aider ceux qui entraient en possession de cette publication, la Société a préparé un cours par correspondance permettant d’étudier la Bible par sujets. Il consistait en 12 questionnaires, qui étaient expédiés sur une période de 12 semaines. Étaient également prévues des discussions bibliques en groupe sur la base de ce livre au domicile des personnes qui manifestaient de l’intérêt. Généralement, plusieurs Étudiants de la Bible assistaient à ce genre d’étude.
Les Témoins étaient bien conscients que le champ était immense, mais qu’ils étaient peu nombreux. — Luc 10:2.
Beaucoup entendent le message alors que les prédicateurs sont peu nombreux
La Tour de Garde a montré que les authentiques chrétiens oints de l’esprit avaient reçu de Dieu la responsabilité de trouver et d’aider tous les gens qui étaient des chrétiens sincères, pratiquants ou non (És. 61:1, 2). Comment y parviendraient-ils?
Les deux Étudiants de la Bible (J. Sunderlin et J. Bender) qui ont été envoyés en Angleterre en 1881 n’auraient pas pu faire grand-chose tout seuls; mais avec l’aide de centaines de jeunes hommes dont on avait loué les services, ils ont fait en sorte que 300 000 exemplaires de Food for Thinking Christians (Nourriture pour les chrétiens réfléchis) soient rapidement distribués. Adolf Weber, qui est retourné en Suisse au milieu des années 1890 pour y prêcher la bonne nouvelle, devait s’occuper d’un vaste territoire s’étendant sur plusieurs pays. Comment a-t-il fait pour le parcourir entièrement? Il a lui-même voyagé comme colporteur, mais a aussi fait paraître des annonces dans les journaux et pris des dispositions pour que des libraires incluent des publications de la Société Watch Tower dans leurs collections. En 1907, le petit groupe d’Étudiants de la Bible allemands a fait en sorte que 4 850 000 tracts de quatre pages soient expédiés avec des journaux. Peu après la Première Guerre mondiale, un frère letton qui faisait partie des volontaires travaillant au siège mondial de la Société, à New York, a fait insérer à ses frais des annonces dans les journaux de son pays natal. C’est un homme ayant répondu à l’une de ces annonces qui est devenu le premier Étudiant de la Bible en Lettonie. Cependant, l’utilisation de telles méthodes publicitaires ne remplaçait pas le témoignage donné à titre individuel et la recherche de maison en maison de ceux qui étaient dignes du message. Elle servait plutôt à amplifier l’effet de la proclamation.
Toutefois, on ne faisait pas paraître que des annonces dans les journaux. Durant les années qui ont précédé la Première Guerre mondiale, les sermons de frère Russell ont été publiés régulièrement, sous sa direction, dans la presse. En peu de temps, le nombre des journaux qui les reproduisaient s’est accru de façon spectaculaire: il s’est élevé à plus de 2 000. Ces journaux représentaient en tout 15 000 000 de lecteurs aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie et en Afrique du Sud. Était-il possible de faire plus? Frère Russell le pensait.
En janvier 1914, au bout de deux ans de préparatifs, est sorti le “Photo-Drame de la Création”. Il était présenté en quatre parties. Ce spectacle de huit heures consistait en une projection de films et de vues fixes synchronisée avec des commentaires enregistrés. C’était vraiment une production extraordinaire destinée à faire prendre conscience aux spectateurs de la valeur inestimable de la Bible et du dessein divin expliqué dans ses pages. Les séances étaient programmées de telle sorte qu’il pouvait y en avoir dans 80 villes chaque jour. Elles étaient annoncées au moyen des journaux, d’une profusion d’affiches apposées dans les vitrines et aux fenêtres, et d’un grand nombre d’écrits distribués gratuitement dans le but de susciter l’intérêt pour le “Photo-Drame”. Partout où il a été présenté, des foules se sont déplacées pour le voir. En un an, il a été vu par plus de 8 000 000 de personnes aux États-Unis et au Canada, et on signalait qu’il était projeté devant des salles combles en Grande-Bretagne et sur le continent européen, ainsi qu’en Australie et en Nouvelle-Zélande. Par la suite, une version abrégée du “Photo-Drame” (sans les films) a été utilisée dans les petites villes et les régions rurales. Le Drame a continué d’être présenté en diverses langues pendant une vingtaine d’années au moins. Il a suscité un grand intérêt; de nombreuses personnes bien disposées ont laissé leur adresse et ont reçu une visite par la suite.
Puis, dans les années 20, un autre instrument qui allait permettre de donner une très large diffusion au message du Royaume a vu le jour. Frère Rutherford était convaincu que la main du Seigneur était pour quelque chose dans son apparition. De quoi s’agissait-il? De la radio. Moins de deux ans après que les premières stations radiophoniques commerciales eurent commencé à émettre régulièrement (en 1920), Joseph Rutherford, le président de la Société Watch Tower, a pris la parole à la radio pour répandre la vérité biblique. C’était là un moyen de toucher simultanément des millions de personnes. Deux ans plus tard, en 1924, la Société disposait de sa propre station de radio, la WBBR, à New York. En 1933, 408 stations, un nombre record, étaient utilisées pour diffuser le message sur tous les continents. Outre les émissions en direct, on diffusait des programmes préenregistrés traitant de quantité de sujets. On donnait une grande publicité à ces émissions en distribuant des annonces imprimées afin que les gens soient informés de leur existence et les écoutent. Elles ont renversé de nombreux préjugés et ont ouvert les yeux des personnes sincères. Beaucoup, par crainte de leurs voisins et du clergé, n’osaient pas assister aux réunions organisées par les Étudiants de la Bible, mais cela ne les empêchait pas d’écouter la radio chez elles. Les émissions radiophoniques ne rendaient pas superflue la prédication de maison en maison; mais elles ont fait pénétrer la vérité biblique en des endroits difficiles d’accès, et elles fournissaient d’excellentes entrées en matière aux Témoins quand ils rendaient personnellement visite aux gens.
Chacun a la responsabilité de témoigner
La Tour de Garde soulignait depuis des dizaines d’années que chacun avait la responsabilité de prendre individuellement part à l’œuvre de témoignage. Mais à partir de 1919, ce point a été constamment rappelé dans les publications et aux assemblées. Malgré tout, beaucoup trouvaient difficile d’engager la conversation avec des inconnus à leur porte, et au début seul un nombre limité d’Étudiants de la Bible participaient régulièrement à la prédication de maison en maison.
Des encouragements chaleureux tirés des Écritures ont été donnés. Dans ses numéros de mars et d’avril 1920 (1er et 15 août 1919 en anglais), La Tour de Garde contenait l’article intitulé “Heureux ceux qui ne craignent pas”. Elle mettait ses lecteurs en garde contre la crainte de l’homme, attirait leur attention sur les 300 courageux soldats de Gédéon qui s’étaient montrés vigilants, prêts à servir de la façon préconisée par le Seigneur, quelle qu’elle soit, et ce alors que tout semblait les désavantager. Elle louait également la confiance totale qu’Élisée avait placée en Jéhovah (Juges 7:1-25; 2 Rois 6:11-19; Prov. 29:25). En 1921, l’article “Ayez bon courage” soulignait que servir du côté du Seigneur contre les forces sataniques des ténèbres en participant à l’œuvre annoncée en Matthieu 24:14 est non seulement un devoir, mais un privilège. Ceux qui, en raison de leur situation, ne pouvaient participer que dans une mesure limitée à cette activité étaient exhortés à ne pas se décourager et, dans le même temps, à ne pas se retenir de faire tout ce qu’ils pouvaient.
Au moyen d’articles bibliques directs, La Tour de Garde amenait tous ceux qui disaient être des serviteurs de Dieu oints à prendre conscience de leur responsabilité d’être des prédicateurs du Royaume de Dieu. L’édition anglaise du 15 août 1922 contenait un article concis et précis intitulé “Le service est essentiel”. Il y était question du service consistant, comme celui du Christ, à rendre visite à d’autres personnes à leur domicile pour leur parler du Royaume de Dieu. Plus tard au cours de la même année, il a été montré que, pour avoir de la valeur aux yeux de Dieu, ce service doit être motivé par l’amour (1 Jean 5:3). Un article publié dans le numéro d’octobre 1926 déclarait que Dieu ne se laisse pas impressionner par un culte formaliste; ce qu’il demande, c’est qu’on lui obéisse, et notamment qu’on fasse grand cas de tous les moyens qu’il utilise pour accomplir son dessein (1 Sam. 15:22). Environ un an après, à l’examen du sujet “Mission des chrétiens sur la terre”, l’attention des lecteurs a été attirée sur le rôle que Jésus joue en tant que “témoin fidèle et vrai” et sur le fait que l’apôtre Paul a prêché “en public et de maison en maison”. — Rév. 3:14; Actes 20:20.
Les prédicateurs étaient invités à apprendre par cœur les présentations détaillées suggérées dans le Bulletin, leur feuillet mensuel d’instructions pour le service. Ils étaient encouragés à participer à la prédication régulièrement chaque semaine. Au début, toutefois, ceux qui témoignaient vraiment en allant de maison en maison étaient peu nombreux, et certains de ceux qui ont commencé à le faire n’ont pas persévéré. Aux États-Unis, par exemple, la moyenne hebdomadaire des prédicateurs s’élevait à 2 712 en 1922. Mais en 1924, ce chiffre était tombé à 2 034. En 1926, la moyenne était de 2 261, avec un maximum de 5 937 durant une semaine d’activité spéciale.
Puis, fin 1926, la Société a commencé à encourager les congrégations à réserver une partie du dimanche pour la prédication en groupe et à présenter ce jour-là non seulement des tracts, mais aussi des livres d’étude biblique. En 1927, La Tour de Garde a exhorté les membres fidèles des congrégations à retirer la charge d’ancien à tous ceux dont les paroles ou les actions montraient qu’ils n’acceptaient pas la responsabilité de prêcher en public et de maison en maison. Ainsi, les sarments qui ne portaient pas de fruit ont été enlevés, en quelque sorte, et les autres ont été taillés de manière à produire plus de fruit à la louange de Dieu (voir l’illustration de Jésus consignée en Jean 15:1-10). Y a-t-il eu effectivement davantage de louanges adressées à Jéhovah en public? En 1928, la moyenne hebdomadaire des prédicateurs s’est accrue de 53 % aux États-Unis.
Les Témoins ne se contentaient plus de remettre un écrit gratuit et de poursuivre leur chemin. Un plus grand nombre d’entre eux parlaient brièvement aux personnes, s’efforçaient de susciter leur intérêt pour le message de la Bible, puis proposaient des livres.
Indéniablement, ces premiers Témoins étaient courageux; certes, tous ne faisaient pas preuve de tact, mais ils se démarquaient des autres groupements religieux. Ils ne se bornaient pas à dire que chacun devait témoigner de sa foi. Ils étaient de plus en plus nombreux à le faire.
Cartes de témoignage et phonographes
Fin 1933, les Témoins ont inauguré une autre méthode de prédication. En guise d’entrée en matière, ils tendaient aux gens une carte de témoignage sur laquelle était imprimé un bref message qu’ils les invitaient à lire. Cette carte était surtout d’une grande aide pour les nouveaux prédicateurs, qui ne recevaient pas une grande formation à l’époque. Généralement, quand la personne avait lu la carte, ils ne lui adressaient que quelques paroles; certains parlaient davantage, en se servant de la Bible. Cette méthode a continué d’être utilisée pendant une bonne partie des années 40. Elle permettait aux Témoins de parcourir rapidement le territoire, de toucher davantage de gens, de distribuer un grand nombre de précieuses publications bibliques, de donner un témoignage uniforme, et même de présenter le message à des gens dont ils ne parlaient pas la langue. Cette méthode a aussi donné lieu à des situations embarrassantes: il arrivait que les personnes conservent la carte et referment leur porte, ce qui obligeait le Témoin à frapper de nouveau pour la récupérer.
Les discours bibliques phonographiques ont également joué un grand rôle dans les années 30 et au début des années 40. En 1934, certains Témoins ont commencé à prêcher avec un phonographe portatif. Comme cet appareil était assez lourd, ils le laissaient dans leur voiture ou à un endroit approprié jusqu’à ce qu’ils trouvent des gens désireux d’écouter un discours biblique phonographique. Puis, en 1937, on a commencé à utiliser un phonographe portatif à la porte même des maisons. C’était simple. Après avoir dit qu’il était porteur d’un message biblique important, le Témoin posait l’aiguille sur le disque et attendait pendant que la personne écoutait. Kasper Keim, un pionnier allemand qui prêchait aux Pays-Bas, appréciait au plus haut point son “Aaron”, comme il appelait le phonographe, car il avait du mal à prêcher en néerlandais (voir Exode 4:14-16). C’était parfois par simple curiosité que des familles entières écoutaient les disques.
En 1940, plus de 40 000 phonographes étaient en service. Cette année-là, un nouveau modèle vertical conçu et fabriqué par les Témoins est sorti. Il a surtout été utilisé aux Amériques. Il excitait encore plus la curiosité des gens, car on ne voyait pas le disque. Il s’agissait de 78 tours d’une durée de quatre minutes et demie. Les titres étaient courts et précis: “Royaume”, “Prière”, “Le chemin de la vie”, “Trinité”, “Purgatoire”, “Pourquoi le clergé s’oppose à la vérité”. On a enregistré plus de 90 discours différents, et mis en circulation plus d’un million de disques. Ces discours étaient clairs et faciles à suivre. Beaucoup les écoutaient avec respect; quelques-uns se mettaient en colère. Quoi qu’il en soit, un témoignage efficace et harmonieux était donné.
Proclamation hardie de la bonne nouvelle dans les lieux publics
Si on laissait surtout “parler” les cartes de témoignage et les phonographes, il fallait néanmoins beaucoup de courage pour être un Témoin à l’époque. La nature même de l’œuvre attirait l’attention du public sur les Témoins.
Après l’assemblée organisée à Columbus (Ohio) en 1931, les Témoins de Jéhovah ont distribué la brochure Le Royaume, l’Espérance du Monde dans laquelle était repris le texte d’une résolution intitulée “Avertissement de Jéhovah” adressé “Aux gouvernants et aux peuples”. Ils comprenaient qu’en qualité de Témoins pour Jéhovah ils avaient la lourde responsabilité de publier l’avertissement contenu dans sa Parole (Ézéch. 3:17-21). Ils ne se contentaient pas d’envoyer cette brochure par la poste ni de la glisser sous les portes. Non, ils la remettaient aux gens en main propre. Ils ont rendu visite à tous les membres du clergé et, dans la mesure du possible, aux hommes politiques, aux officiers de l’armée et aux directeurs des grandes entreprises. De plus, ils l’ont présentée au public dans la centaine de pays où ils prêchaient de façon organisée à l’époque.
En 1933, ils ont utilisé de puissants appareils de sonorisation pour faire entendre dans des lieux publics des enregistrements sur disques de discours bibliques très francs. Frère Smets et frère Poelmans ont installé leur équipement sur un tricycle à côté duquel ils se tenaient pendant qu’ils faisaient retentir le message sur les places de marché et près des églises à Liège (Belgique). Ils effectuaient souvent cette activité dix heures par jour. À la Jamaïque, comme les gens se rassemblaient dès qu’ils entendaient de la musique, les frères commençaient par passer un enregistrement musical. Des foules de gens affluaient sur la route pour voir ce qui se passait, et ils trouvaient les Témoins de Jéhovah en train de diffuser le message du Royaume.
On a installé certains de ces appareils de sonorisation sur des automobiles et des bateaux; les haut-parleurs étaient placés sur le toit pour que le son porte plus loin. En Australie, Bert et Vi Horton se sont servis d’une camionnette surmontée d’un énorme haut-parleur sur lequel étaient inscrits les mots “Kingdom Message” (Message du Royaume). Au cours d’une seule année, ils ont fait retentir dans la plupart des rues de Melbourne les discours démasquant sans ambages la fausse religion et décrivant avec enthousiasme les bienfaits qu’apportera le Royaume de Dieu. Ces années-là, Claude Goodman était pionnier en Inde. Avec une voiture munie de haut-parleurs, il faisait entendre des discours phonographiques dans les langues du pays, ce qui lui a permis de toucher des foules nombreuses dans les bazars, dans les parcs publics, sur les routes, bref partout où il y avait du monde.
Au Liban, quand des Témoins arrêtaient leur voiture à haut-parleurs sur une colline et passaient des discours bibliques phonographiques, le son portait loin dans les vallées. Ne voyant pas d’où venait la voix, les gens des villages étaient parfois effrayés, pensant que c’était Dieu qui leur parlait depuis les cieux.
Les Témoins ont toutefois connu des moments d’angoisse. Un jour, en Syrie, le prêtre d’un village a abandonné son repas sur la table, a saisi sa grosse canne et s’est frayé un chemin à travers la foule rassemblée autour de la voiture à haut-parleurs pour entendre un discours biblique. Brandissant sa canne avec colère et proférant des menaces, il a ordonné: “Arrêtez! je vous ordonne d’arrêter!” Mais les Témoins ont remarqué que tout le monde n’était pas de son avis; certains voulaient écouter le discours. Peu après, quelques hommes se sont saisis du prêtre, l’ont ramené chez lui et l’ont déposé devant son repas qui l’attendait. Malgré l’opposition du clergé, les Témoins ont veillé courageusement à ce que les gens aient la possibilité d’entendre le message.
À la même époque, les Témoins ont également utilisé dans les quartiers commerçants beaucoup de pancartes qu’ils portaient tout en distribuant des invitations aux discours spéciaux. Ils l’ont fait pour la première fois en 1936, à Glasgow (Écosse). Cette année-là, ils ont aussi utilisé cette méthode à Londres (Angleterre), puis aux États-Unis. Deux ans après, on a attiré davantage encore l’attention en portant des pancartes fixées à l’extrémité de perches. On pouvait y lire: “La religion est un piège et une escroquerieb” et “Servez Dieu et Christ, le Roi”. À l’occasion d’une assemblée, la colonne de Témoins portant ces pancartes faisait parfois plusieurs kilomètres de long. Lorsqu’ils défilaient en silence l’un derrière l’autre dans des rues très fréquentées, ils produisaient un effet rappelant celui de l’armée de l’Israël antique quand elle faisait le tour de Jéricho avant la chute de la muraille (Josué 6:10, 15-21). Cette méthode hardie de témoignage a été utilisée de Londres (Angleterre) à Manille (Philippines).
On a inauguré une autre méthode de témoignage public en 1940. En février de cette année-là, conformément au verset selon lequel ‘la vraie sagesse crie avec force dans la rue’, les Témoins de Jéhovah ont commencé à distribuer La Tour de Garde et Consolation (maintenant Réveillez-vous!) au coin des ruesc (Prov. 1:20). Ils lançaient des slogans attirant l’attention sur les périodiques et sur le message qu’ils contenaient. Dans les villes, grandes et petites, de toutes les parties du monde, il est devenu courant de voir des Témoins de Jéhovah en train de proposer leurs périodiques. Mais il faut du courage pour participer à cette activité, et c’était d’autant plus vrai quand elle a commencé, car à l’époque la persécution faisait rage et le nationalisme était exacerbé par la guerre.
Quand ils ont été invités à participer à ce témoignage public, les Témoins ont réagi avec foi. Le nombre de ceux qui se sont engagés dans cette œuvre n’a cessé d’augmenter. À leurs yeux, c’était un privilège de démontrer leur fidélité à Jéhovah de cette façon. Mais ils avaient d’autres choses à apprendre.
Chacun doit être en mesure d’expliquer sa foi
Un extraordinaire programme d’enseignement a été inauguré en 1942, au siège mondial des Témoins de Jéhovah. L’année suivante, il a débuté dans les congrégations de Témoins disséminées sur toute la terre. Confiants que l’esprit de Dieu était sur eux et qu’Il avait mis sa parole dans leur bouche, ils étaient résolus à prêcher cette parole même si leurs persécuteurs les privaient des publications de la Société Watch Tower, voire de la Bible (És. 59:21). Il y avait déjà des pays, comme le Nigeria, où les Témoins ne disposaient que de la Bible quand ils prêchaient, puisque le gouvernement avait interdit toutes les publications de la Société Watch Tower et avait même confisqué celles que les Témoins possédaient dans leur bibliothèque personnelle.
C’est le 16 février 1942 que frère Knorr a inauguré un “cours supérieur de ministère théocratique” au Béthel de Brooklyn (New York). Ce cours montrait comment faire des recherches, s’exprimer clairement et correctement, préparer des discours à l’aide d’un plan, présenter des exposés efficaces, développer des idées de façon persuasive et faire preuve de tact. Les frères comme les sœurs étaient les bienvenus à ce cours, mais seuls les hommes étaient invités à s’y inscrire et à prononcer des exposés d’élèves sur lesquels ils seraient conseillés. Les bienfaits de ce cours sont rapidement devenus manifestes non seulement dans la qualité des discours présentés du haut de l’estrade, mais aussi dans l’efficacité accrue des prédicateurs dans l’activité de maison en maison.
L’année suivante, ce programme de formation a commencé à être appliqué dans les congrégations des Témoins de Jéhovah du monde entier, d’abord en anglais, puis en d’autres langues. Le but déclaré de l’école était d’aider chaque Témoin de Jéhovah à être en mesure d’enseigner autrui quand il prêchait de maison en maison, faisait des nouvelles visites et dirigeait des études bibliques. Il recevrait de l’aide pour devenir un ministre qualifié (2 Tim. 2:2). En 1959, les sœurs aussi se sont vu offrir la possibilité de s’inscrire à cette école et de présenter des exposés dans un cadre rappelant une situation susceptible de se présenter au cours de leur prédication — en s’adressant, non pas à tout l’auditoire, mais à la personne désignée pour remplir le rôle d’interlocutrice. Et ce n’était pas tout.
Depuis 1926, les représentants itinérants de la Société accompagnaient les Témoins dans leur prédication afin de les aider à améliorer leurs capacités. Toutefois, lors d’une assemblée internationale tenue à New York en 1953, devant les surveillants de circonscription et de district assis face à l’estrade, frère Knorr a déclaré que la tâche principale de tous les serviteurs, ou surveillants, devait être d’aider chaque Témoin à participer régulièrement au ministère de maison en maison. “Tout Témoin, a-t-il dit, doit être en mesure de prêcher la bonne nouvelle de maison en maison.” Un programme mondial a été lancé pour parvenir à ce but.
Pourquoi cette idée a-t-elle été accentuée? Considérons par exemple la situation aux États-Unis. À l’époque, 28 % des Témoins limitaient leur activité à distribuer des feuilles d’invitation ou à se tenir dans les rues avec les périodiques. Et plus de 40 % ne participaient à la prédication qu’irrégulièrement, laissant parfois passer des mois sans prêcher. Ils avaient besoin qu’on les aide avec amour en les formant personnellement. On a pris des dispositions pour que tous les Témoins de Jéhovah qui ne prêchaient pas encore de maison en maison puissent recevoir de l’aide pour aborder les gens aux portes, pour leur parler en se servant de la Bible et pour répondre à leurs questions. Ils apprendraient à préparer des sermons bibliques de trois minutes pour les gens pressés, ou d’environ huit minutes pour les autres. L’objectif était d’aider chaque Témoin à devenir un évangélisateur chrétien mûr.
Les surveillants itinérants n’ont pas été les seuls à dispenser cet enseignement. Les serviteurs, ou surveillants, des congrégations l’ont fait aussi; et au cours des années suivantes, d’autres Témoins expérimentés ont été chargés de former certains de leurs compagnons. Depuis des années, lors de la réunion de service hebdomadaire organisée dans les congrégations, on faisait des démonstrations sur la façon d’accomplir l’œuvre. Mais maintenant, on accordait en plus une importance accrue à la formation personnelle dans la prédication.
Les résultats ont été remarquables. Le nombre des Témoins participant à l’activité de maison en maison a augmenté, de même que le nombre de ceux qui participaient régulièrement au ministère. En dix ans, le nombre total des Témoins dans le monde s’est accru de 100 %, le nombre des nouvelles visites qu’ils effectuaient pour répondre aux questions bibliques des personnes bien disposées de 126 %, et celui des études bibliques régulières qu’ils dirigeaient au domicile des personnes affamées de vérité biblique de 150 %. Ils se sont vraiment montrés des ministres compétents.
Étant donné que les Témoins ont divers degrés d’instruction et des origines culturelles variées, et qu’en plus ils sont dispersés en petits groupes sur toute la terre, on comprend aisément pourquoi ils attribuent à Jéhovah Dieu, et non à un homme quel qu’il soit, le mérite de la formation qu’ils ont reçue pour proclamer la bonne nouvelle. — Jean 14:15-17.
La prédication de maison en maison: une marque distinctive
À diverses époques, d’autres groupements religieux ont encouragé leurs membres à rendre visite aux gens de leur localité pour leur parler de religion. Quelques-uns ont essayé de le faire. Certains sont même missionnaires pendant quelques années, puis s’arrêtent là. C’est uniquement parmi les Témoins de Jéhovah que pour ainsi dire tous, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, participent au ministère de maison en maison, année après année. Eux seuls s’efforcent vraiment de prêcher le message du Royaume par toute la terre habitée, en obéissance à l’ordre prophétique consigné en Matthieu 24:14.
Non pas que tous les Témoins de Jéhovah trouvent facile cette activitéd. Au contraire, beaucoup d’entre eux, quand ils ont commencé à étudier la Bible, ont dit: ‘S’il y a une chose que je ne ferai jamais, c’est bien d’aller de maison en maison.’ Pourtant, tous les Témoins de Jéhovah ou presque participent à cette activité s’ils sont physiquement en mesure de le faire. Et beaucoup de ceux qui ne sont pas en possession de tous leurs moyens physiques le font quand même — en fauteuil roulant, avec des cannes, etc. D’autres donnent le témoignage par téléphone ou par courrier, parce qu’ils sont dans l’incapacité totale de sortir de chez eux, sont temporairement confinés à la maison ou veulent toucher des gens qui ne peuvent l’être autrement. Pourquoi une telle détermination?
Lorsqu’ils apprennent à connaître Jéhovah, leur amour pour lui modifie complètement leur conception de la vie. Ils veulent parler de lui. Les choses prodigieuses qu’il prévoit de faire en faveur de ceux qui l’aiment sont tout simplement trop belles pour qu’ils les gardent pour eux-mêmes. Et ils sont conscients qu’ils ont devant Dieu la responsabilité d’avertir les gens de la grande tribulation imminente (Mat. 24:21; voir aussi Ézéchiel 3:17-19). Mais pourquoi le faire en allant de maison en maison?
Ils savent que Jésus a appris à ses disciples à aller chez les gens pour prêcher et enseigner (Mat. 10:11-14). Ils n’ignorent pas qu’après l’effusion de l’esprit saint à la Pentecôte de l’an 33, les apôtres ont continué sans arrêt à annoncer la bonne nouvelle “dans le temple [de Jérusalem] et de maison en maison”. (Actes 5:42.) Tous les Témoins connaissent Actes 20:20, où il est écrit que l’apôtre Paul enseignait “en public et de maison en maison”. Et ils constatent que Jéhovah bénit manifestement cette œuvre à notre époque. Ainsi, comme ils acquièrent de l’expérience dans le ministère de maison en maison, bien souvent cette activité qu’ils ont redoutée jadis leur procure une grande joie.
De plus, ils l’accomplissent consciencieusement. Ils prennent des notes précises afin de pouvoir revenir chez les personnes qui sont absentes de chez elles. En outre, ils rendent des visites répétées dans chaque foyer.
Le ministère de maison en maison étant efficace, les opposants ont essayé de le faire cesser dans de nombreux pays. Afin de faire respecter leur droit de prêcher de porte en porte, les Témoins de Jéhovah se sont tournés vers les autorités. Là où cela s’est avéré nécessaire, ils sont allés en justice pour affermir légalement le droit de répandre la bonne nouvelle de cette manière (Phil. 1:7). Et là où des gouvernements répressifs ont persisté à interdire leur activité, les Témoins de Jéhovah l’ont parfois simplement accomplie de façon plus discrète ou, au besoin, ont utilisé d’autres moyens pour communiquer aux gens le message du Royaume.
Bien qu’ils aient utilisé la radio et la télévision pour diffuser le message du Royaume, les Témoins de Jéhovah savent que le contact personnel rendu possible par des visites de maison en maison est bien plus efficace. Il permet de répondre aux questions de chaque personne et de rechercher celles qui sont dignes d’entendre le message (Mat. 10:11). C’est une des raisons pour lesquelles en 1957 la Société Watch Tower a vendu la station radiophonique WBBR qu’elle possédait à New York.
Cependant, après avoir personnellement donné le témoignage à quelqu’un, les Témoins de Jéhovah n’ont pas pour autant le sentiment d’avoir accompli leur tâche. Ce n’est là qu’un début.
‘Faites des disciples, les enseignant’
Jésus a ordonné à ses disciples non seulement de prêcher, mais aussi, à son exemple, d’enseigner (Mat. 11:1). Avant son ascension, il leur a donné cette instruction: “Allez donc et faites des disciples des gens de toutes les nations, (...) leur enseignant à observer toutes les choses que je vous ai commandées.” (Mat. 28:19, 20). Enseigner (en grec, didaskô), ce n’est pas simplement prêcher, ou proclamer; c’est instruire, expliquer et donner des preuves.
Dès avril 1881, La Tour de Garde (en anglais) a donné quelques brèves suggestions sur la manière d’enseigner. Certains des colporteurs de la première heure se faisaient un devoir de revenir voir les gens qui manifestaient de l’intérêt pour les encourager à lire les livres de la Société et à se réunir régulièrement avec d’autres pour étudier la Parole de Dieu. Ils utilisaient souvent à cette fin le livre La Harpe de Dieu (publié en 1921 en anglais). Mais, par la suite, on a fait plus encore pour accorder une attention personnelle aux personnes bien disposées. On s’est servi notamment de discours bibliques phonographiques et de manuels d’étude dans cette activité. Comment en est-on arrivé là?
À partir du début de 1933, en plus d’émettre des programmes radiophoniques, la Société a produit des disques qu’on passait au moyen d’un matériel de sonorisation transportable dans des salles de réunion, des parcs, aux entrées des usines, etc. Peu après, lorsqu’ils rencontraient des personnes intéressées par le message au cours de leur prédication de maison en maison, les Témoins ont pris des dispositions pour revenir leur faire écouter certains de ces disques chez elles. Quand le livre Richesses est paru en 1936, on s’en est servi comme base de discussion après l’écoute des disques pour établir des études auxquelles étaient invitées les personnes bien disposées du voisinage. On a mis l’accent sur cette activité en vue d’aider les futurs membres de la “grande multitude” à apprendre la vérité. — Rév. 7:9, Sy.
Vers la même époque, le clergé catholique s’est fait plus pressant encore auprès des propriétaires et des gérants de stations de radio, ainsi que des services gouvernementaux, pour faire cesser les émissions de la Société Watch Tower. Aux États-Unis, 2 630 000 personnes ont signé une pétition réclamant un débat public entre Joseph Rutherford et un haut dignitaire de l’Église catholique. Aucun ecclésiastique n’a accepté de relever le défi. C’est pourquoi, en 1937, frère Rutherford a enregistré des disques intitulés “Démasqué” et “Religion et christianisme”, qui présentaient les enseignements bibliques fondamentaux, notamment pour réfuter les doctrines catholiques contraires aux Écritures. Le texte de ces discours a été publié dans les brochures Protection et Dévoilées. On a d’ailleurs remis un exemplaire de la brochure Dévoilées à tous les signataires de la pétition afin qu’ils puissent prendre connaissance des vérités bibliques dont le clergé catholique voulait empêcher la diffusion.
Pour aider les gens à comprendre clairement ces vérités et à examiner leur fondement biblique, la Société a publié la brochure Étude modèle no 1, dont les Témoins se sont servis dans le cadre de réunions organisées pour les personnes qui s’intéressaient au message. Cette brochure contenait des questions et des réponses étayées de versets bibliques. Pour commencer, celui qui dirigeait l’étude faisait passer un ou plusieurs des discours phonographiques mentionnés plus haut afin que chacun puisse entendre l’ensemble des idées présentées. Ensuite débutait une discussion basée sur les matières de la brochure Étude modèle, discussion au cours de laquelle on examinait les versets bibliques. L’Étude modèle no 1 a été suivie par les nos 2 et 3, qui s’accompagnaient d’autres discours phonographiques. Au début, ces études étaient prévues en des lieux pouvant accueillir des groupes de personnes bien disposées, mais les Témoins de Jéhovah n’ont pas tardé à les organiser sur les plans individuel et familial.
Depuis lors, la Société a publié quantité de livres excellents destinés à être utilisés par les Témoins de Jéhovah lorsqu’ils dirigent des études bibliques à domicile. Ceux qui ont eu le plus fort tirage sont “Que Dieu soit reconnu pour vrai!”, La vérité qui conduit à la vie éternelle et Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis. Elle a aussi fait paraître des brochures petit format de 32 pages: “Cette bonne nouvelle du Royaume”, La voie de Dieu est une voie d’amour, “Voici, je fais toutes choses nouvelles” et bien d’autres encore. Elles ont été suivies par des brochures grand format comme Vivez éternellement heureux sur la terre! qui présentent de façon très simple et claire les enseignements bibliques fondamentaux.
L’utilisation de ces instruments, alliée au vaste programme de formation sur le plan des congrégations et sur le plan individuel, a entraîné un accroissement remarquable du nombre des études bibliques à domicile. En 1950, les Témoins de Jéhovah en dirigeaient 234 952 en moyenne, généralement chaque semaine. Si l’étudiant ne progressait pas suffisamment, son étude était interrompue. Nombreux sont ceux qui ont progressé au point de devenir à leur tour des enseignants. Malgré la constante rotation des études, leur nombre n’a cessé d’augmenter, souvent assez rapidement. En 1992, les Témoins dirigeaient 4 278 127 études bibliques à domicile dans le monde.
Afin d’accomplir cette gigantesque œuvre de prédication et d’enseignement dans les langues parlées sur toute la terre, les Témoins de Jéhovah ont fait une large utilisation d’imprimés. Cela a nécessité un travail d’édition considérable.
[Notes]
a L’œuvre pastorale a été mise sur pied en 1915-1916 dans les quelque 500 congrégations qui avaient élu frère Russell pour être leur pasteur. À ce titre, celui-ci leur avait écrit une lettre définissant cette œuvre, qui au départ était réservée aux sœurs. L’année suivante, les frères aussi ont pu participer à cette activité. Cette œuvre pastorale, effectuée par un groupe de prédicateurs choisis, s’est poursuivie jusqu’en 1921.
b On entendait par religion tout culte reposant sur des traditions humaines, et non sur la Parole de Dieu, la Bible. Toutefois, en 1950, quand Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau ont été publiées (en anglais), on a compris par les notes sur Actes 26:5, Colossiens 2:18 et Jacques 1:26, 27 que le terme religion pouvait s’appliquer au vrai culte comme au faux. Ce point a été davantage encore élucidé dans La Tour de Garde du 15 mars 1951, page 191 (angl.), et dans le livre La religion a-t-elle servi l’humanité?, pages 8 à 10.
c L’année précédente, à titre expérimental, on avait présenté les périodiques dans les rues en Californie (États-Unis). Déjà en 1926, les Étudiants de la Bible avaient distribué dans les rues un grand nombre de brochures contenant des messages importants. Et bien avant, en 1881, ils avaient distribué des imprimés le dimanche à proximité des églises.
[Entrefilet, page 556]
Partout où il trouvait des gens, Jésus parlait des dispositions prises par Dieu en faveur de l’humanité.
[Encadré, page 559]
La prédication de porte en porte: une activité particulièrement bénie
“Comme lors du premier avènement, c’est la prédication de porte en porte, et non en chaire, qui semble être particulièrement bénie par le Seigneur.” — “La Tour de Garde”, 15 juillet 1892 (en anglais).
[Encadré, page 570]
Pourquoi les Témoins reviennent-ils souvent?
Expliquant pourquoi les Témoins de Jéhovah font des visites répétées dans chaque foyer, “La Tour de Garde” du 1er février 1963 déclarait ceci: “Les circonstances changent constamment. Aujourd’hui, l’homme n’est pas à la maison, demain, il y sera. Aujourd’hui, il est trop occupé pour écouter, demain, il ne le sera pas. Aujourd’hui, c’est un membre de la famille qui vient ouvrir la porte, demain, ce sera un autre; et les Témoins se préoccupent, non seulement de visiter chaque foyer dans le territoire qui leur est attribué, mais encore cherchent-ils à atteindre, si possible, chaque personne mûre de chaque foyer. Les familles sont souvent divisées pour ce qui touche à la religion; aussi n’est-il pas toujours possible à un de leurs membres de parler au nom de tous. De plus, il y a sans cesse des gens qui déménagent et les Témoins ne sont jamais sûrs de la personne qu’ils trouveront à une porte.
“Il n’y a pas que les circonstances qui changent, mais les gens eux-mêmes. (...) Pour une simple vétille, un homme a pu être de mauvaise humeur et peu disposé à parler de religion ou de toute autre chose, peu importait la personne qui se présentait à sa porte; aussi ne faut-il pas en conclure qu’il aura la même attitude mentale une autre fois. Ou bien, le simple fait qu’un homme ne prenait aucun intérêt, le mois dernier, à une discussion religieuse, ne veut pas dire qu’il ne s’y intéressera pas ce mois-ci. Depuis la dernière visite du Témoin, il a pu faire une pénible expérience ou apprendre de toute autre manière une chose qui l’a rendu humble plutôt qu’enorgueilli, qui lui a donné faim et l’a rendu conscient de son besoin spirituel plutôt que content de soi.
“De plus, le message des Témoins semble étrange à nombre de personnes qui ne comprennent pas son caractère d’urgence. En l’entendant à maintes reprises, et seulement ainsi, un peu à la fois elles finiront par en saisir toute l’importance.”
[Encadré/Illustration, page 574]
“Par tous les moyens possibles”
“Nous, qui sommes dans l’organisation du Seigneur, nous nous sommes efforcés d’attirer [l’]attention [du monde] vers le message de vie par tous les moyens possibles: des slogans, des pages entières de publicité, la radio, les voitures à haut-parleurs, les phonographes, d’immenses rassemblements, des défilés à pied avec des panneaux publicitaires, et une armée toujours plus grande de prédicateurs qui vont de porte en porte. Grâce à cette activité, il y a eu une séparation parmi les hommes: d’un côté ceux qui soutiennent le Royaume de Dieu établi, de l’autre ceux qui s’y opposent. C’était là ce que Jésus avait annoncé pour ma génération!” — Lignes écrites en 1987 par Melvin Sargent, à l’âge de 91 ans.
[Illustration]
Melvin Sargent
[Graphique, page 574]
(Voir la publication)
Accroissement du nombre d’études bibliques à domicile
4 000 000
3 000 000
2 000 000
1 000 000
1950 1960 1970 1980 1992
[Illustrations, page 557]
Des dizaines de millions de ces tracts ont été diffusés gratuitement près des églises, de maison en maison et par la poste.
[Illustrations, page 558]
Des évangélisateurs-colporteurs proposaient des livres expliquant la Bible.
[Illustration, page 559]
Anna Andersen a distribué des publications bibliques dans presque toutes les villes de Norvège.
[Illustrations, page 560]
Les annonces publiées dans les journaux ont permis de toucher des gens qui ne pouvaient l’être autrement.
[Illustrations, page 561]
À une certaine époque, plus de 2 000 journaux reproduisaient les sermons de frère Russell sur quatre continents.
[Illustrations, page 562]
Le “Photo-Drame de la Création” a donné un puissant témoignage à des millions de gens dans de nombreux pays.
[Illustration, page 563]
Grâce à la radio, Joseph Rutherford a pu donner le témoignage à des millions de foyers du monde entier.
[Illustration, page 564]
Groupe de proclamateurs anglais prêts à partir prêcher à bicyclette.
[Illustration, page 565]
À partir de 1933, on s’est servi de cartes de témoignage.
[Illustration, page 566]
Les discours bibliques phonographiques ont donné un puissant témoignage dans les années 30 et 40.
[Illustration, page 567]
On s’est servi de voitures à haut-parleurs, parfois en grand nombre (ici en Australie), pour diffuser la vérité biblique dans les lieux publics.
[Illustration, page 568]
Des enseignes lumineuses mises aux fenêtres des habitations de Témoins de Jéhovah donnaient un témoignage jour et nuit.
[Illustration, page 568]
Un témoignage courageux a été donné au public (ici en Écosse) à l’aide de pancartes et d’affiches.
[Illustration, page 569]
En 1940, on a commencé à proposer “La Tour de Garde” et “Consolation” dans les rues (ici aux États-Unis).
[Illustration, page 569]
À partir de 1943, les membres masculins des congrégations ont reçu une formation dans l’art oratoire.
[Illustrations, page 571]
Les Témoins étudient la Bible avec les personnes qui le souhaitent, à domicile. Les publications ci-dessous ont été éditées dans ce but (d’abord en anglais, puis en de nombreuses autres langues).
[Illustrations, pages 572, 573]
Dans le monde entier, tous les Témoins, jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, participent à la prédication de maison en maison.
Roumanie
Bolivie
Zimbabwe
Hong-Kong
Belgique
Uruguay
Fidji
-
-
Des écrits bibliques pour la prédicationLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 26
Des écrits bibliques pour la prédication
LES écrits ont toujours joué un rôle de premier plan dans le vrai culte. Jéhovah a donné à Israël les Dix Commandements, d’abord oralement, puis sous forme écrite (Ex. 20:1-17; 31:18; Gal. 3:19). Pour garantir une transmission fidèle de sa Parole, Dieu a ordonné à Moïse, et après lui à une longue lignée de prophètes et d’apôtres, de la mettre par écrit. — Ex. 34:27; Jér. 30:2; Hab. 2:2; Rév. 1:11.
La plupart de ces premiers écrits se présentaient sous forme de rouleaux. Au IIe siècle de notre ère, toutefois, le codex, livre à feuilles, a fait son apparition. Il revenait moins cher et était plus maniable. Les chrétiens ont figuré parmi ses premiers utilisateurs, car ils ont compris qu’il serait très précieux pour diffuser la bonne nouvelle du Royaume messianique de Dieu. Dans son livre Christianity Goes To Press (Le christianisme et l’imprimerie), le professeur Edgar Goodspeed parle de ces premiers chrétiens dans leur rôle d’éditeurs: “Non seulement ils marchaient avec leur temps, mais ils étaient en avance sur leur temps, et les éditeurs des siècles suivants n’ont fait que suivre leurs traces.” — 1940, p. 78.
Aujourd’hui, il n’est donc pas étonnant que les Témoins de Jéhovah, en qualité de prédicateurs du Royaume de Dieu, se soient à certains égards trouvés à l’avant-garde dans le domaine de l’imprimerie.
Des publications pour les premiers Étudiants de la Bible
L’un des premiers articles rédigés par Charles Russell est paru en 1876 dans Bible Examiner (Le scrutateur de la Bible), publié par George Storrs, de Brooklyn (État de New York). Durant sa collaboration avec Nelson Barbour de Rochester (État de New York), frère Russell a contribué financièrement à la publication du livre Three Worlds (Les trois mondes) et du journal intitulé Herald of the Morning (Le messager du matin). Il était coéditeur de ce journal et, en 1877, il a fait publier par l’imprimerie du Herald la brochure The Object and Manner of Our Lord’s Return (Le but et la manière du retour de notre Seigneur). Frère Russell avait un sens aigu des questions spirituelles et il était bon gestionnaire, tandis que Barbour avait de l’expérience dans la composition typographique.
Toutefois, lorsque Barbour a nié la valeur propitiatoire du sacrifice de Jésus Christ, frère Russell a rompu les ponts avec lui. C’est pourquoi Russell a fait appel à des imprimeries commerciales lorsqu’il a lancé en 1879 Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ (en anglais).
L’année suivante, on a préparé le premier d’une longue série de tracts destinés à éveiller l’intérêt des gens pour les vérités bibliques. Ce travail a pris rapidement des proportions monumentales. Pour mieux le diriger, on a fondé le 16 février 1881 la Zion’s Watch Tower Tract Society, dont le président était W. Conley, Charles Russell assurant la fonction de secrétaire-trésorier. Des dispositions ont été prises pour confier les travaux d’impression à des sociétés commerciales de différentes villes des États de Pennsylvanie, de New York et de l’Ohio, ainsi qu’en Grande-Bretagne. En 1884, la Zion’s Watch Tower Tract Societya a été enregistrée légalement, et Charles Russell en est devenu le président. Ses statuts montraient que l’objet de la Société ne se limitait pas au domaine de l’édition, mais que son objectif véritable avait un caractère religieux; elle avait pour but “la diffusion des vérités bibliques en différentes langues”.
Cet objectif a été poursuivi avec un zèle remarquable. En 1881, en l’espace de quatre mois, on a publié 1 200 000 tracts totalisant 200 000 000 de pages (nombre de ces “tracts” ou “traités” étaient en réalité de petits livres). Par la suite, on a produit chaque année des dizaines de millions de tracts bibliques destinés à être distribués gratuitement. Ces tracts ont été imprimés en une trentaine de langues, et ont été distribués non seulement en Amérique, mais aussi en Europe, en Afrique du Sud, en Australie, et dans d’autres régions du globe.
Un autre aspect de l’œuvre a pris forme lorsqu’en 1886 frère Russell a achevé la rédaction du livre Le divin Plan des Âges, le premier d’une série de six tomes écrits de sa propre plume. Pour la publication des quatre premiers tomes de cette série (1886-1897), ainsi que pour celle des tracts et de La Tour de Garde de 1887 à 1898, il s’est servi de la Tower Publishing Companyb. Par la suite, le travail de typographie a été effectué par des frères à la Maison de la Bible à Pittsburgh. Par ailleurs, afin de réduire les coûts, ils achetaient eux-mêmes le papier à imprimer. Pour l’impression et la reliure, frère Russell passait souvent commande auprès de plusieurs entreprises. Il planifiait soigneusement l’édition et faisait ses commandes suffisamment tôt pour obtenir des tarifs intéressants. De la sortie du premier livre écrit par Charles Russell jusqu’en 1916, ce sont 9 384 000 volumes de cette série de six qui ont été imprimés et distribués.
La mort de frère Russell n’a pas mis fin à la publication d’ouvrages bibliques. L’année suivante était imprimé le septième tome des Études des Écritures. Il a été présenté à la famille du Béthel le 17 juillet 1917. Ce livre a rencontré un tel succès qu’à la fin de cette même année, la Société avait passé commande de 850 000 exemplaires en langue anglaise auprès d’imprimeries et d’ateliers de reliure commerciaux. Des éditions en d’autres langues ont été imprimées en Europe. De plus, cette année-là, quelque 38 millions de tracts sont sortis des presses.
Mais ensuite, pendant la farouche persécution de 1918, quand les responsables de la Société ont été injustement emprisonnés, le siège (situé à Brooklyn) a été fermé. Les clichés d’imprimerie ont été détruits. Le personnel très réduit du bureau est retourné à Pittsburgh au deuxième étage d’un bâtiment situé au 119 Federal Street. Cela signifierait-il la fin de la production d’écrits bibliques?
Devaient-ils imprimer eux-mêmes?
Après la libération de Joseph Rutherford, président de la Société, et de ses collaborateurs, les Étudiants de la Bible ont tenu une assemblée à Cedar Point (Ohio) en 1919. Ils ont réfléchi sur les événements que Dieu avait permis l’année précédente, et sur l’action à entreprendre au vu des indications fournies dans sa Parole. On a annoncé la parution d’un nouveau périodique, L’Âge d’Or, dans le but d’attirer l’attention du public sur le Royaume de Dieu, seul espoir de l’humanité.
Comme par le passé, la Société a demandé à une entreprise commerciale d’en assurer l’impression. Mais la situation avait évolué. Le secteur de l’édition était en proie à l’agitation sociale et le marché du papier était en difficulté. Il fallait adopter une méthode plus sûre. Les frères ont examiné la question dans la prière et ont recherché la direction du Seigneur.
La première question qui se posait concernait l’emplacement des bureaux de la Société. Fallait-il de nouveau transférer le siège à Brooklyn? Le conseil d’administration de la Société a examiné la question, et un comité a été désigné pour analyser la situation.
Frère Rutherford a demandé à Charles Wise, vice-président de la Société, de se rendre à Brooklyn pour voir s’il était possible de rouvrir le Béthel et de louer des locaux où la Société pourrait commencer à imprimer. Désireux de savoir quelles dispositions auraient la bénédiction divine, frère Rutherford lui a dit: “Va voir si c’est la volonté du Seigneur que nous retournions à Brooklyn.”
“Comment saurais-je si c’est la volonté du Seigneur que nous y retournions?” a demandé frère Wise.
Et frère Rutherford de répondre: “C’est parce qu’en 1918 nous n’avons pu nous approvisionner en charbon que nous avons dû quitter Brooklyn et revenir à Pittsburghc. Que le charbon soit donc un signe. Va commander du charbon.”
“À ton avis, combien de tonnes dois-je commander pour qu’on puisse y voir un signe?”
“Eh bien, fais qu’il n’y ait pas de doute sur ce signe; commande 500 tonnes”, lui a conseillé frère Rutherford.
Frère Wise s’est exécuté. Qu’en est-il résulté? Il a fait une demande auprès des autorités et a obtenu un bon pour 500 tonnes de charbon, de quoi couvrir leurs besoins pendant des années! Mais où mettre tout ce charbon? Une grande partie du sous-sol du Béthel a été transformée en cave à charbon.
Le résultat de cette expérience a été interprété comme une indication sûre de la volonté divine. Le 1er octobre 1919, les frères ont repris leurs activités à Brooklyn.
Restait à savoir s’ils devaient imprimer eux-mêmes. Ils ont voulu acheter une rotative pour produire les périodiques, mais on leur a répondu qu’il n’en existait que quelques-unes aux États-Unis, et qu’ils avaient peu de chances d’en obtenir une avant bien des mois. Les frères restaient néanmoins persuadés que, si c’était la volonté du Seigneur, il saurait balayer les obstacles. Et c’est ce qu’il a fait!
Quelques mois seulement après leur retour à Brooklyn, les frères ont réussi à acheter une rotative. Huit pâtés de maisons plus loin que le Béthel, au 35 Myrtle Avenue, ils ont loué trois niveaux dans un bâtiment. Au début de 1920, la Société disposait de sa propre imprimerie, petite mais bien équipée. Des frères qui avaient assez d’expérience pour travailler sur ces machines ont offert leurs services.
Cette année-là, l’édition anglaise du 1er février de La Tour de Garde est sortie de la presse de la Société. En avril, L’Âge d’Or a également été imprimé par la Société. À la fin de la même année, La Tour de Garde déclarait avec satisfaction: “Pendant la plus grande partie de l’année, tout le travail sur LA TOUR DE GARDE, L’ÂGE D’OR et de nombreuses brochures a été réalisé par des travailleurs consacrés, mais leurs actions étaient uniquement motivées par l’amour pour le Seigneur et pour la cause de la justice. (...) Alors que la parution d’autres journaux et publications a dû être suspendue en raison de la pénurie de papier et des troubles sociaux, nos publications ont continué de paraître sans incidents.”
Les ateliers n’étaient pas très grands, mais la quantité de publications qui en sortait était impressionnante. L’édition de La Tour de Garde était souvent tirée à 60 000 exemplaires. Mais on y imprimait aussi L’Âge d’Or, et la première année, la livraison du 29 septembre a été une édition spéciale. Elle révélait en détail qui étaient les responsables des persécutions subies par les Étudiants de la Bible de 1917 à 1920. On en a imprimé 4 000 000 d’exemplaires! Un des conducteurs de presse a raconté plus tard: “Pour sortir cette édition, on a mobilisé tout le personnel, excepté le cuisinier.”
La première année où les frères utilisaient la rotative pour imprimer les périodiques, frère Rutherford leur a demandé s’ils pourraient aussi imprimer des brochures sur cette presse. De prime abord, cela paraissait impossible. Le fabricant de la presse a affirmé que ce n’était pas envisageable. Mais les frères ont essayé, et leur tentative a été couronnée de succès. Ils ont également conçu une plieuse, ce qui a permis de réduire de 12 à 2 le nombre d’opérateurs nécessaires pour ce travail. Quel était le secret de leur succès? Le responsable de l’imprimerie l’a résumé en ces mots: “L’expérience et la bénédiction du Seigneur.”
Toutefois, la Société n’imprimait pas uniquement à Brooklyn. Certaines éditions en langues étrangères dépendaient d’un bureau établi dans le Michigan. Pour faire face aux besoins de ce secteur, en 1921 la Société a installé une linotype, des presses et d’autres équipements annexes à Detroit (Michigan). On y imprimait en polonais, en russe, en ukrainien, etc.
La même année, la Société a publié le livre La Harpe de Dieu, écrit spécialement à l’intention des personnes qui commençaient tout juste à étudier la Bible. Avant 1921, la Société n’avait pas essayé d’imprimer et de relier elle-même des livres. Fallait-il aussi se lancer dans ce genre de travail? Une fois de plus, les frères ont recherché la direction du Seigneur.
Des livres imprimés et reliés par les frères
En 1920, La Tour de Garde a signalé que de nombreux colporteurs avaient dû abandonner leur service parce que les imprimeries et les ateliers de reliure n’arrivaient pas à honorer les commandes de la Société. Les frères du siège en ont conclu que la Société pourrait mieux rendre témoignage au dessein divin à l’égard de l’humanité si elle n’était pas dépendante d’entreprises commerciales, et à la merci de tous les conflits sociaux. Si la Société imprimait et reliait elle-même ses livres, il serait moins facile aux opposants d’entraver l’œuvre. Et à terme, on espérait réduire le prix des ouvrages et les rendre ainsi encore plus accessibles au public.
Mais pour cela, il fallait davantage de place et de machines; de plus, il faudrait acquérir de nouvelles compétences. Était-ce possible? Frère Robert Martin, surveillant de l’imprimerie, a rappelé qu’aux jours de Moïse Jéhovah avait ‘rempli de sagesse de cœur Bézalel et Oholiab pour faire tout travail’ nécessaire à la construction du saint tabernacle (Ex. 35:30-35). Au vu de ce récit biblique, frère Martin était convaincu que Jéhovah apporterait de même à ses serviteurs toute l’aide nécessaire pour imprimer les publications qui annoncent le Royaume.
Après avoir longuement réfléchi et prié, les frères ont commencé à dégager des projets précis. Faisant la rétrospective de ce qui s’était passé à l’époque, frère Martin écrira plus tard à frère Rutherford: “Le jour le plus mémorable reste celui où tu as demandé si nous avions une raison sérieuse pour ne pas imprimer et relier nous-mêmes tous nos livres. C’était une idée exaltante, car elle signifiait l’installation d’un atelier complet de typographie, de galvanoplastie, d’impression et de reliure, avec toute une série de machines qui nous étaient peu familières, dont pour la plupart nous ignorions jusqu’à l’existence. Cela signifiait aussi apprendre plus d’une dizaine de nouveaux métiers. Mais il nous semblait que c’était le meilleur moyen de remédier à la flambée des prix qu’avaient connue les livres après la guerre.
“Tu as loué le bâtiment de cinq étages du 18 Concord Street (dont deux niveaux étaient occupés par des locataires), et le 1er mars 1922 nous avons pris possession de nos nouveaux locaux. Tu nous as acheté toutes les machines nécessaires à la typographie, à la galvanoplastie, à l’impression et à la reliure, la plupart étaient neuves, les autres d’occasion, et nous nous sommes mis au travail.
“Une importante entreprise qui avait beaucoup travaillé pour la Société a eu vent de ce que nous faisions, et son président est venu visiter nos installations. Il a vu le nouveau matériel et a déclaré d’un ton grave: ‘Vous avez entre les mains une imprimerie de premier ordre, mais personne ici ne sait comment la faire tourner. Dans six mois vous aurez tout mis en pièces; vous apprendrez par l’expérience que vous ne pouvez faire imprimer que par des gens qui ont toujours fait cela, dont c’est le métier.’
“Cela semblait frappé au coin du bon sens, mais c’était sans compter avec le Seigneur, qui nous a toujours soutenus. Quand l’atelier de reliure est devenu opérationnel, Il nous a envoyé un frère qui avait travaillé toute sa vie dans ce domaine. Ce frère est arrivé à point nommé. Avec son aide, et avec le soutien de l’esprit du Seigneur qui agissait sur les frères qui s’efforçaient d’apprendre, il ne nous a pas fallu longtemps pour commencer à produire des livres.”
Comme l’imprimerie de Concord Street était très vaste, on a transféré à Brooklyn les travaux effectués jusqu’alors à Detroit. La deuxième année de leur installation dans ces locaux, les frères ont imprimé 70 % des livres et des brochures nécessaires à la diffusion, sans compter les périodiques, les tracts et les feuilles d’invitation. L’année d’après, l’augmentation du volume de travail les a obligés à utiliser les deux derniers niveaux disponibles du bâtiment.
Seraient-ils en mesure d’augmenter la production de livres? Ils disposaient d’une presse fabriquée en Allemagne qui avait été expédiée en Amérique et mise en service tout spécialement à cet effet. À leur connaissance, il s’agissait de la première rotative utilisée en Amérique pour l’impression de livres.
Toutefois, les travaux d’impression dirigés par les Étudiants de la Bible s’effectuaient aussi sur d’autres continents.
Premiers travaux d’impression hors Amérique
Dès 1881, frère Russell avait fait imprimer des publications en Grande-Bretagne par des firmes commerciales. Ce fut ensuite le cas en Allemagne en 1903, en Grèce en 1906, en Finlande en 1910 et même au Japon en 1913. Dans les années qui ont suivi la Première Guerre mondiale, d’importantes commandes de livres, de brochures, de périodiques et de tracts ont été passées en Grande-Bretagne, dans les pays scandinaves, en Allemagne et en Pologne, et d’autres plus limitées au Brésil et en Inde.
Puis, en 1920, l’année où la Société a commencé à imprimer elle-même des périodiques à Brooklyn, on a pris des mesures pour que les frères d’Europe effectuent également quelques travaux d’impression. Un groupe de frères suisses a ouvert une imprimerie à Berne. Il s’agissait d’une entreprise à caractère commercial, mais tous les employés étaient Étudiants de la Bible. Ils ont imprimé pour la Société, et à des tarifs très avantageux, des publications dans des langues parlées en Europe. Par la suite, la Société a racheté cette imprimerie et l’a agrandie. On a produit d’énormes quantités de publications destinées à être distribuées gratuitement dans des pays d’Europe frappés de plein fouet par la récession économique. À la fin des années 20, cette imprimerie expédiait des publications en plus d’une dizaine de langues.
À la même époque, le message du Royaume suscitait beaucoup d’intérêt en Roumanie. Malgré l’opposition farouche que l’œuvre rencontrait dans ce pays, la Société a implanté une imprimerie à Cluj, afin de réduire le prix des publications, et pour qu’en Roumanie et dans les pays environnants les gens épris de vérité puissent se les procurer plus facilement. En 1924, cette imprimerie a mis en circulation près de 250 000 livres, sans parler des périodiques et des brochures, en roumain et en hongrois. Mais l’un des frères qui dirigeaient l’œuvre est devenu infidèle, et par ses agissements il a fait perdre à la Société ses locaux et son matériel. Cela n’a pas empêché les frères roumains fidèles de poursuivre leurs efforts pour communiquer les vérités bibliques à autrui.
En Allemagne, après la Première Guerre mondiale, de nombreuses personnes assistaient aux réunions des Étudiants de la Bible. Mais les Allemands connaissaient de graves difficultés économiques. Pour maintenir à un bas niveau le prix de revient des publications, la Société a également mis en œuvre ses propres moyens d’impression dans ce pays. En 1922, au Béthel de Barmen, on imprimait à l’aide de deux presses à plat, l’une installée sur un palier d’escalier et l’autre dans une remise à bois. L’année suivante, les frères se sont établis dans des locaux plus adéquats à Magdeburg. Ils disposaient là de bâtiments assez spacieux, et d’autres ont été ajoutés par la suite; par ailleurs, on y a installé du matériel d’imprimerie et de reliure. Il était prévu qu’à la fin de 1925 la capacité de production de cette unité soit au moins équivalente à celle qu’avait à l’époque le siège à Brooklyn.
Dans la plupart des cas, les frères n’ont commencé à imprimer eux-mêmes que sur une petite échelle. Cela a été le cas en Corée, où en 1922 la Société a installé une petite imprimerie pour produire des publications en coréen, en japonais et en chinois. Après quelques années, ce matériel a été transféré au Japon.
En 1924, on a commencé à imprimer de petits ouvrages au Canada et en Afrique du Sud. En 1925, on a installé une petite presse en Australie et une au Brésil. Les frères brésiliens ont rapidement utilisé leur matériel pour imprimer l’édition portugaise de La Tour de Garde. La filiale d’Angleterre a reçu pour la première fois du matériel d’imprimerie en 1926. En 1929, on s’est occupé des besoins spirituels des personnes humbles en Espagne en y imprimant La Tour de Garde sur une petite presse. Deux ans plus tard, on a mis en service une presse dans les sous-sols de la filiale de Finlande.
Toutefois, au siège mondial également, des agrandissements étaient en cours.
Le siège mondial acquiert sa propre imprimerie
Depuis 1920, l’imprimerie de la Société se trouvait dans un bâtiment en location qui n’était pas en très bon état; il tremblait de haut en bas quand la rotative tournait au rez-de-chaussée. D’autre part, il fallait plus d’espace, car la production augmentait sans cesse. Les frères sont arrivés à la conclusion qu’ils emploieraient mieux les fonds disponibles s’ils étaient propriétaires de leur imprimerie.
Un terrain situé à quelques pâtés de maisons du Béthel semblait parfaitement convenir; la Société a donc fait une proposition d’achat. En fin de compte, ce sont les laboratoires pharmaceutiques Squibb qui ont acquis la parcelle, mais quand ils ont voulu construire, il leur a fallu enfoncer 1 167 pieux de fondation pour assurer la stabilité des bâtiments. (Des années plus tard, la Société Watch Tower a racheté à la Société Squibb ces bâtiments, solidement assis sur leurs fondations!) Par contre, le terrain que la Société a acheté en 1926 présentait un sous-sol stable sur lequel on pouvait construire sans difficulté.
En février 1927, la Société a déménagé dans le bâtiment flambant neuf du 117 Adams Street, à Brooklyn. Elle disposait à présent d’une surface deux fois plus importante que précédemment. Ce bâtiment était bien conçu: le travail commencé dans les étages supérieurs descendait par les différents services pour aboutir au rez-de-chaussée à l’expédition.
L’accroissement n’allait néanmoins pas s’arrêter. Moins de dix ans plus tard, il a fallu agrandir cette imprimerie, et d’autres extensions ont suivi. En plus des millions de périodiques et de brochures qui sortaient de presse chaque année, l’imprimerie produisait jusqu’à 10 000 livres par jour. En 1942, la Société Watch Tower a commencé à inclure dans sa production des Bibles complètes, et là encore elle a fait œuvre de pionnier dans le domaine de l’imprimerie. En effet, les frères ont procédé à des essais et ont finalement réussi à imprimer sur du papier bible en se servant de rotatives, une technique que d’autres imprimeurs n’ont expérimentée que des années après.
Tandis que l’on imprimait en grande série, on n’a pas négligé les besoins particuliers de certaines communautés. Dès 1910, un Étudiant de la Bible de Boston (Massachusetts) et un autre établi au Canada coopéraient pour reproduire en braille des publications de la Société. En 1924, depuis un bureau installé à Logansport (Indiana), la Société expédiait des publications destinées aux aveugles. Mais elles n’ont rencontré qu’un intérêt limité à l’époque, et en 1936 la production d’écrits en braille a été interrompue. On a alors préféré aider les aveugles à l’aide de discours phonographiques et en leur accordant une attention personnalisée. En 1960, on a recommencé à produire des publications en braille, cette fois avec une gamme plus large, et elles ont progressivement rencontré davantage d’intérêt.
Une opposition acharnée
Dans un certain nombre de pays, la Société s’occupait de l’impression dans un contexte extrêmement tendu. Mais nos frères ont persévéré parce qu’ils comprenaient que c’est Jéhovah Dieu qui avait ordonné, par l’entremise de son Fils, de proclamer la bonne nouvelle du Royaume (És. 61:1, 2; Marc 13:10). En Grèce, par exemple, les Témoins avaient installé leur imprimerie en 1936 et s’en étaient servis pendant quelques mois seulement quand, à la suite d’un changement de gouvernement, les autorités l’ont fait fermer. De même, en Inde, en 1940, Claude Goodman a passé plusieurs mois à installer une presse et s’est familiarisé avec son fonctionnement. Mais sur l’ordre du maharadja, la police a investi les lieux, a saisi la presse et a versé en vrac dans de grandes boîtes les caractères soigneusement triés.
Dans bon nombre de pays, la réglementation sur l’importation des imprimés obligeait les frères à confier l’impression de leurs écrits à des imprimeries commerciales du pays, alors que la Société possédait dans un pays voisin une imprimerie qui aurait été à même d’en assurer la production. Au milieu des années 30, c’était le cas pour le Danemark, la Lettonie et la Hongrie.
En 1933, à l’instigation du clergé, le gouvernement allemand a mis un terme aux travaux d’impression réalisés par les Témoins de Jéhovah du pays. La police a occupé l’imprimerie de la Société Watch Tower à Magdeburg et l’a fermée en avril. Mais comme elle n’a rien trouvé qui puisse être retenu à charge, elle a quitté les lieux. Elle est cependant revenue en juin. Pour que la bonne nouvelle continue à être répandue, la Société a ouvert une imprimerie à Prague (Tchécoslovaquie) et y a fait transférer une grande partie du matériel qui se trouvait à Magdeburg. C’est ainsi que, dans les quelques années qui ont suivi, on y a imprimé des périodiques en deux langues et des brochures en six langues.
Puis, en 1939, les troupes de Hitler ont marché sur Prague. Les Témoins ont donc rapidement démonté le matériel qui s’y trouvait et l’ont sorti du pays. Une partie a été envoyée aux Pays-Bas. Ce transfert venait à point nommé: les Témoins néerlandais avaient de plus en plus de mal à communiquer avec la Suisse. Ils ont loué des locaux, et ont imprimé eux-mêmes à l’aide de leurs nouvelles presses. Mais quelque temps plus tard, l’imprimerie a été saisie par l’envahisseur nazi. Les frères avaient néanmoins utilisé ce matériel aussi longtemps que possible.
En Finlande, durant la guerre, la publication de La Tour de Garde a été interrompue par une décision arbitraire du gouvernement. Les Témoins se sont alors mis à polycopier les articles principaux et à les envoyer par la poste. En Autriche, quand le pays est passé sous la férule des nazis en 1938, La Tour de Garde a été imprimée sur une machine à polycopier que l’on déplaçait régulièrement pour qu’elle ne tombe pas entre les mains de la Gestapo. De même, au Canada, alors qu’ils étaient frappés d’interdiction pendant la guerre, les Témoins ont dû transférer leur matériel d’un endroit à l’autre pour continuer à fournir la nourriture spirituelle à leurs frères.
En Australie, durant la période où leur œuvre était prohibée, les Témoins de Jéhovah ont imprimé eux-mêmes leurs périodiques, et parfois même des livres, ce qu’ils n’avaient pas fait auparavant, alors que les conditions étaient plus favorables. Ils ont dû déplacer l’atelier de reliure 16 fois pour éviter qu’il ne soit saisi, mais ils ont réussi à produire 20 000 livres reliés à temps pour les mettre en circulation lors d’une assemblée qui a eu lieu en 1941 malgré d’énormes obstacles!
Expansion après la Seconde Guerre mondiale
Après la guerre, les Témoins de Jéhovah se sont réunis en assemblée internationale à Cleveland (Ohio) en 1946. Nathan Knorr, devenu président de la Société Watch Tower, y a parlé de reconstruction et d’expansion. Depuis le début de la Seconde Guerre mondiale, le nombre des Témoins avait augmenté de 157 %, et des missionnaires inauguraient rapidement l’œuvre dans de nouveaux territoires. Frère Knorr a présenté un projet visant à agrandir les locaux du siège mondial, afin de faire face à la demande de publications dans le monde entier. Lorsque ce projet serait réalisé, la surface de l’imprimerie serait plus de deux fois supérieure à celle des locaux installés en 1927, et le Béthel serait agrandi pour loger davantage de volontaires. Ces extensions ont été achevées et mises en service au début de 1950.
L’imprimerie et les bureaux du siège mondial à Brooklyn ont dû être agrandis maintes fois depuis 1950. En 1992, ils occupaient environ huit pâtés de maisons et offraient 230 071 mètres carrés de surface de plancher. Il ne s’agit pas simplement de bâtiments où l’on fabrique des livres. Dédiés à Jéhovah, ils sont destinés à la production de publications qui informent les humains sur les exigences divines pour obtenir la vie.
Dans certains pays, la Société a eu du mal à reprendre les travaux d’impression après la Seconde Guerre mondiale. L’imprimerie et les bureaux qui appartenaient à la Société à Magdeburg (Allemagne) se trouvaient en zone communiste. Les Témoins allemands ont réintégré les lieux, mais n’ont pu y travailler que peu de temps, après quoi les locaux ont de nouveau été saisis. Pour parer aux besoins de l’Allemagne de l’Ouest, il fallait y installer une imprimerie. Les villes avaient été réduites en ruines par les bombardements. Cependant, les Témoins ont rapidement pu utiliser une petite imprimerie qui avait servi aux nazis, à Karlsruhe. En 1948, deux presses à plat fonctionnaient jour et nuit dans un bâtiment mis à leur disposition à Wiesbaden. L’année suivante, ils ont agrandi les locaux de Wiesbaden et ont quadruplé le nombre de presses pour répondre aux besoins des prédicateurs du Royaume dont le nombre augmentait rapidement dans ce pays.
Quand la Société s’est remise à imprimer ouvertement en Grèce en 1946, l’alimentation en électricité était des plus sporadiques. Le courant était parfois coupé pendant des heures. Au Nigeria, en 1977, les frères ont rencontré le même problème. Avant que la filiale ne dispose d’un groupe électrogène, les volontaires qui travaillaient à l’imprimerie devaient retourner au travail quand le courant revenait, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Grâce au bel esprit qu’ils manifestaient, pas une seule édition de La Tour de Garde n’a manqué.
À la suite d’une visite de frère Knorr en Afrique du Sud en 1948, la Société a acheté un terrain à Elandsfontein; au début de 1952, la filiale s’est installée dans ses nouveaux locaux, les premiers construits par la Société en Afrique du Sud. À l’aide d’une presse à plat neuve, les frères ont commencé à imprimer les périodiques en huit langues africaines. En 1954, la filiale de Suède a été équipée pour imprimer ses périodiques sur une presse à plat, suivie en cela par le Danemark en 1957.
La demande en publications étant toujours plus forte, on s’est équipé de rotatives typographiques rapides, d’abord dans une filiale, puis dans d’autres. Au Canada, la première a été installée en 1958; en Angleterre, en 1959. En 1975, la Société Watch Tower faisait tourner 70 grandes rotatives réparties dans ses différentes imprimeries du monde.
Un réseau mondial pour publier la vérité de la Bible
À partir de la fin des années 60, on a fait de grands efforts pour décentraliser encore plus les travaux d’impression de la Société Watch Tower. Le nombre des Témoins de Jéhovah augmentait rapidement. Afin de leur fournir les publications bibliques dont ils avaient besoin pour leur usage personnel et aussi pour les offrir au public, il fallait disposer de plus grandes surfaces de travail. Mais, à Brooklyn, on ne pouvait pas étendre les locaux à un rythme rapide, à cause de la rareté des terrains et des difficultés administratives. On a donc envisagé d’imprimer davantage ailleurs.
C’est pourquoi, en 1969, on a commencé à tracer les plans pour la construction d’une nouvelle imprimerie près de Wallkill (État de New York), à environ 150 kilomètres au nord-ouest de Brooklyn. Il était prévu que la plupart des périodiques La Tour de Garde et Réveillez-vous! diffusés aux États-Unis seraient imprimés à Wallkill, dans cette extension du siège mondial. Trois ans plus tard, on préparait les plans d’une deuxième imprimerie à Wallkill, bien plus grande que la première. En 1977, les rotatives typographiques qui y étaient installées produisaient chaque mois plus de 18 millions de périodiques. En 1992, d’imposantes presses offset de marques MAN-Roland et Hantscho (4 presses offset seulement contre 15 presses typographiques auparavant) y tournaient, et la capacité de production journalière était de plus d’un million de périodiques.
Quand on a envisagé d’installer une imprimerie à Wallkill, La Tour de Garde était disponible en 72 langues; 32 de ces éditions étaient publiées à Brooklyn. On y imprimait aussi 14 des 26 éditions de Réveillez-vous! Environ 60 % des périodiques produits dans le monde l’étaient au siège mondial. Il apparaissait intéressant d’en faire imprimer davantage en dehors des États-Unis, par des Témoins plutôt que par des entreprises commerciales. Si à l’avenir des tensions mondiales ou des mesures de restriction gouvernementales devaient entraver l’œuvre des Témoins de Jéhovah quelque part dans le monde, il serait toujours possible de produire la nourriture spirituelle indispensable.
C’est ainsi qu’en 1971, quelque deux ans avant que la nouvelle imprimerie de Wallkill ne soit opérationnelle, on a entrepris la construction d’une nouvelle imprimerie, bien conçue, à Numazu, au Japon. Le nombre des prédicateurs du Royaume avait plus que quintuplé au Japon dans les dix années précédentes; cela laissait présager un grand besoin en publications bibliques. À la même époque, on a agrandi les locaux de la filiale du Brésil. On a fait de même en Afrique du Sud, où l’on produisait des publications bibliques en plus d’une vingtaine de langues. L’année suivante, en 1972, on a multiplié par quatre la superficie de la filiale d’Australie, pour éviter les longs délais d’acheminement dont souffrait chaque édition de La Tour de Garde ou de Réveillez-vous! dans cette partie du globe. D’autres imprimeries ont également été construites en France et aux Philippines.
Au début de 1972, Nathan Knorr et Max Larson, le surveillant de l’imprimerie de Brooklyn, ont effectué un voyage dans différents pays pour examiner le travail qui s’y effectuait, pour organiser les choses de manière à ce que les diverses installations soient utilisées au mieux et pour se préparer en vue de l’accroissement à venir. Ils se sont rendus dans 16 pays d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Extrême-Orient.
Peu de temps après, la filiale du Japon imprimait l’édition japonaise des périodiques nécessaires dans cette partie du territoire, ce qui lui a permis de se passer des services d’une imprimerie commerciale. Toujours en 1972, la filiale du Ghana a commencé à imprimer La Tour de Garde dans trois des langues du pays, ce qui lui évitait désormais d’attendre que les périodiques arrivent des États-Unis ou du Nigeria. Puis c’est la filiale des Philippines qui s’est mise à composer et à imprimer La Tour de Garde et Réveillez-vous! en huit langues locales (en plus des éditions anglaises dont elle avait besoin). Ces changements constituaient une nouvelle étape essentielle dans la décentralisation des travaux d’impression de la Société Watch Tower.
À la fin de 1975, la Société produisait des publications bibliques dans ses propres installations, dans 23 pays répartis un peu partout dans le monde: des livres dans trois d’entre eux; des brochures, des périodiques ou les deux dans les 23 pays. Dans 25 autres pays, la Société imprimait des documents de petit format sur des machines lui appartenant.
On a aussi augmenté la capacité de production de livres. Dès le milieu des années 20, on avait effectué des travaux de reliure en Suisse et en Allemagne. Après la Seconde Guerre mondiale, en 1948, les Témoins de Finlande se sont mis à relier des livres (au début, surtout manuellement), principalement pour faire face aux besoins de leur pays. Deux ans plus tard, la filiale d’Allemagne a de nouveau mis en service un atelier de reliure, et, avec le temps, elle a effectué le travail de reliure qui se faisait précédemment en Suisse.
Puis, en 1967, alors que les Témoins étaient plus d’un million dans le monde, on a commencé à imprimer des livres en format de poche destinés au ministère. La demande pour ce genre de publications a été phénoménale. En l’espace de neuf ans, on a multiplié par plus de six la capacité de production des chaînes de reliure à Brooklyn. En 1992, la Société Watch Tower disposait de 28 chaînes de reliure dans huit pays.
Toujours en 1992, la Société Watch Tower imprimait aux États-Unis des publications bibliques en 180 langues, et quatre de ses imprimeries principales situées en Amérique latine produisaient l’essentiel des publications dont avaient besoin la filiale de l’endroit ainsi que les pays d’alentour. Onze autres imprimeries assuraient la production de publications en Europe, et toutes préparaient des publications destinées à d’autres pays. L’imprimerie située en France envoyait régulièrement des publications dans 14 pays. Celle d’Allemagne, qui imprimait en plus de 40 langues, envoyait des publications par grandes quantités dans 20 pays et effectuait des envois plus restreints dans d’autres pays encore. En Afrique, six imprimeries de la Société Watch Tower produisaient des publications bibliques en 46 langues au total. Onze autres imprimeries, petites ou grandes, fournissaient pour le Proche-Orient et l’Extrême-Orient, pour les îles du Pacifique, le Canada et d’autres pays, les publications qui permettent de répandre le message vital concernant le Royaume de Dieu. Dans 27 autres pays, la Société tirait les imprimés destinés au bon fonctionnement des congrégations.
Nouvelles méthodes, nouveaux matériels
Dans les années 60 et 70, l’imprimerie a été secouée par une révolution technologique. Avec une rapidité prodigieuse, l’impression typographique a été abandonnée au profit de l’impression offsetd. La Société Watch Tower n’a pas donné dans la précipitation. Les plaques offset disponibles à l’époque n’étaient pas adaptées aux grands tirages de la Société. De plus, un changement de cette ampleur impliquait des méthodes de composition complètement différentes. Il fallait également s’équiper de nouvelles presses et se familiariser avec une nouvelle technologie. Pour ainsi dire, toutes les installations des imprimeries de la Société devaient être remplacées. Le coût en était exorbitant.
Cependant, par la suite, on s’est rendu compte que les fournitures pour l’impression typographique ne seraient plus disponibles bien longtemps. Les plaques offset ont rapidement gagné en résistance. Il fallait donc changer de technologie.
Dès 1972, trois membres de la famille du Béthel d’Afrique du Sud qui s’intéressaient de près à l’évolution de l’impression en offset ont acheté d’occasion une petite presse offset à feuilles. Ils ont acquis un peu d’expérience en effectuant de petits travaux à l’aide de cette machine. Puis, en 1974, cette presse a servi à imprimer l’édition en ronga du livre format de poche La vérité qui conduit à la vie éternelle. La rapidité d’exécution leur a permis de procurer à temps ce précieux manuel d’enseignement biblique à des milliers de personnes éprises de vérité, avant que l’œuvre des Témoins de Jéhovah ne soit interdite de nouveau dans la région où elles habitaient. Une autre presse à feuilles, qui avait été donnée à la filiale d’Afrique du Sud peu après que nos frères eurent acheté la première, a été envoyée en Zambie où elle a été mise en service.
L’imprimerie de la Société en Allemagne a également commencé très tôt à imprimer en offset. En avril 1975, les frères se sont mis à utiliser une presse à feuilles pour imprimer sur papier bible des périodiques pour les Témoins de Jéhovah d’Allemagne de l’Est, où l’œuvre était interdite. L’année d’après, ils sont allés plus loin en imprimant sur cette même presse des livres pour ces frères persécutés.
En Argentine, à peu près à la même époque (1975), la Société Watch Tower a mis en service sa première presse offset à bobines pour imprimer des périodiques. Elle n’a cependant tourné qu’un peu plus d’un an, car le gouvernement argentin a interdit l’œuvre des Témoins de Jéhovah et a fermé leur imprimerie. Mais l’impression offset a continué de se développer dans d’autres pays. Au début de 1978, dans les locaux du siège de la Société Watch Tower à Brooklyn, on a commencé à imprimer des livres en trichromie sur une presse offset à bobinese. Une deuxième presse a été achetée la même année. Néanmoins, le changement de méthode d’impression allait encore nécessiter l’achat de beaucoup de matériel.
Le Collège central était persuadé que Jéhovah doterait ses serviteurs de tout ce dont ils auraient besoin pour accomplir l’œuvre qu’Il voulait les voir accomplir. En avril 1979 et en janvier 1980, des lettres ont été envoyées à toutes les congrégations des États-Unis pour expliquer la situation. Des offrandes sont parvenues à la Société, d’abord limitées, mais, avec le temps, elles ont permis d’équiper en matériel offset les imprimeries de la Société Watch Tower dans le monde entier.
Dans l’intervalle, pour bien utiliser les équipements existants et pour accélérer le changement de procédé, la Société Watch Tower a fait reconvertir en offset ses plus récentes presses MAN. Ces presses ont été envoyées à 12 filiales, dont six n’imprimaient pas jusque-là leurs périodiques.
L’impression en quatre couleurs
La filiale de Finlande a été la première à imprimer toutes les éditions de ses périodiques en quatre couleurs par le procédé offset. Elle a commencé avec les éditions de janvier 1981 par une méthode simple, qui a été régulièrement affinée par la suite. Puis la filiale du Japon a imprimé un livre en quatre couleurs. D’autres filiales leur ont emboîté le pas à mesure qu’elles ont disposé de l’équipement nécessaire. Certaines presses ont été achetées et expédiées par le siège mondial. D’autres ont été financées par les Témoins de Jéhovah du pays concerné. Il est aussi arrivé que les Témoins d’un certain pays fassent don du matériel voulu à leurs frères d’un autre pays.
Après la Seconde Guerre mondiale, le monde est entré dans l’ère de l’image et l’emploi de couleurs réalistes a fortement contribué à rendre le livre plus plaisant à l’œil. La couleur a ajouté à l’attrait des imprimés et a de la sorte encouragé la lecture. Dans beaucoup d’endroits, on a remarqué que la diffusion de La Tour de Garde et de Réveillez-vous! a connu un essor considérable après que leur présentation a été améliorée par la couleur.
Mise au point de systèmes informatiques adéquats
Parallèlement au changement de matériel d’imprimerie, il a fallu mettre au point un système de pré-presse informatique, et la décision en a été prise en 1977. Des Témoins spécialisés dans ce domaine se sont portés volontaires pour travailler au siège mondial de la Société, afin de l’aider à combler rapidement ce besoin. (Peu de temps après, au Japon, a été constituée une équipe qui a compté jusqu’à 50 Témoins pour concevoir des programmes adaptés à la langue japonaise.) Les Témoins se sont servis du matériel informatique disponible dans le commerce, et ont préparé des programmes qui convenaient aux besoins de la Société, tant dans le domaine administratif que pour l’édition multilingue. Pour assurer un haut niveau de qualité et la flexibilité voulue, il a fallu concevoir des programmes spécialisés de photocomposition. Pour la plupart des 167 langues dans lesquelles la Société Watch Tower imprimait alors, il n’existait pas de programmes de saisie et de photocomposition. Les Témoins ont donc dû les élaborer eux-mêmes.
Les langues parlées par de petits groupes de population ou par des gens aux revenus très limités ne représentaient pas à l’époque un créneau porteur pour les entreprises commerciales; mais les Témoins de Jéhovah, eux, ont pour préoccupation la vie des gens. Dans un délai relativement court, les programmes de composition qu’ils avaient mis au point ont été utilisés pour produire des publications en plus de 90 langues. Voici ce qu’on pouvait lire dans la très sérieuse revue Seybold Report on Publishing Systems à propos de leur travail: “Nous ne pouvons que faire l’éloge du personnel de la Watchtower pour son esprit d’initiative et sa perspicacité. De nos jours, rares sont ceux qui ont assez d’ambition et de courage pour entreprendre une telle tâche, surtout en partant de zéro.” — Volume 12, no 1, 13 septembre 1982.
Il était manifeste que les travaux d’impression et l’entretien seraient grandement facilités si les installations utilisées dans le monde entier étaient entièrement compatibles. C’est pourquoi, en 1979, on a décidé que la Société Watch Tower concevrait son propre système de photocomposition. L’équipe qui allait s’atteler à cette tâche devait élaborer l’essentiel du matériel plutôt que de trop tabler sur les systèmes déjà existants sur le marché.
C’est ainsi qu’en 1979 une équipe de Témoins de Jéhovah, installée à la Ferme de la Société Watchtower à Wallkill (État de New York), a commencé à élaborer le système électronique de photocomposition multilingue (Multilanguage Electronic Phototypesetting System — MEPS). En mai 1986, l’équipe travaillant sur ce projet non seulement avait conçu et fabriqué les ordinateurs, les photocomposeuses et les terminaux graphiques du MEPS, mais, plus important encore, elle avait mis au point les logiciels permettant de traiter les textes à imprimer en 186 langues.
Parallèlement à l’élaboration de ces logiciels, il a fallu accomplir un imposant travail de digitalisation des polices de caractères. Cela demandait d’étudier en détail les particularités de chaque langue, de dessiner les caractères (par exemple, chaque lettre en majuscule et en minuscule, les signes diacritiques et la ponctuation, le tout en différents corps) selon chaque attribut (maigre, italique, gras, extra-gras), et autant que possible dans différentes polices de caractères. Les polices de l’écriture romaine ont demandé chacune 202 caractères. Les 369 polices du romain ont donc nécessité en tout 74 538 caractères. Pour préparer les polices du chinois, il a fallu dessiner 8 364 caractères pour chacune, et d’autres caractères allaient être ajoutés par la suite.
Ce travail graphique achevé, on a conçu des logiciels qui permettraient d’imprimer ces caractères de façon propre et nette. Les logiciels devaient pouvoir traiter non seulement l’alphabet romain, mais aussi le bengali, le cambodgien, le cyrillique, le grec, l’hindi et le coréen, sans parler de l’arabe et de l’hébreu (qui se lisent de droite à gauche), ainsi que le japonais et le chinois (qui n’utilisent pas un alphabet). En 1992, on disposait de logiciels capables de traiter des textes en plus de 200 langues, et des programmes pour d’autres langues parlées par des millions de gens étaient à l’étude.
Le changement intervenu dans les filiales a obligé les opérateurs à adopter de nouvelles procédures et à apprendre de nouvelles techniques. Certains ont été envoyés au siège mondial pour apprendre à installer, à conduire et à entretenir de grandes presses offset à bobines. Certains ont appris la séparation des couleurs sur scanner à laser. D’autres ont été formés pour utiliser et entretenir le matériel informatique. Cela permettrait de résoudre rapidement d’éventuelles difficultés de production, n’importe où dans le monde, pour que le travail puisse se poursuivre.
Le Collège central a estimé que si les Témoins de Jéhovah du monde entier pouvaient étudier simultanément les mêmes articles au cours de leurs réunions, semaine après semaine, et proposer les mêmes publications au cours de leur prédication, cela aurait un puissant effet unificateur. Par le passé, les publications éditées en langue anglaise n’étaient généralement pas disponibles dans d’autres langues avant quatre mois; pour beaucoup de langues il fallait compter une, voire plusieurs années. Mais il était maintenant possible de remédier à la situation. Les différentes filiales qui imprimaient des publications disposaient d’un matériel entièrement compatible; c’était un atout précieux pour imprimer simultanément les publications en de nombreuses langues. En 1984, on a réussi à publier simultanément La Tour de Garde en 20 langues. En 1989, quand le puissant message contenu dans le livre La Révélation: le grand dénouement est proche! a été répandu dans le public quelques mois seulement après la parution de cet ouvrage, celui-ci était disponible en 25 langues. En 1992, la parution en simultané de La Tour de Garde concernait déjà 66 langues, parlées par une forte proportion de la population mondiale.
Depuis que le projet MEPS a été lancé en 1979, l’informatique a progressé à pas de géant. Il existe à présent de puissants ordinateurs individuels d’une grande souplesse d’utilisation, dont le coût est de loin inférieur à celui des premiers matériels. Pour faire face aux besoins de l’œuvre d’édition, la Société Watch Tower a décidé de s’en équiper tout en conservant ses propres logiciels. Cela a fortement réduit les délais de production et a également permis de faire profiter davantage de filiales de la Société des programmes d’édition. Avant longtemps, c’étaient 83 filiales qui les utilisaient. En 1992, la Société Watch Tower disposait dans le monde entier de plus de 3 800 terminaux fonctionnant avec ses propres programmes. Toutes les filiales qui disposent de tels appareils n’ont pas d’imprimerie, mais avec un petit ordinateur, les logiciels de la Société et une petite imprimante laser, elles ont toutes la possibilité de faire du pré-presse sur les tracts, les périodiques, les livres et tout autre imprimé dont elles ont besoin.
L’informatique au service de la traduction
L’option informatique pourrait-elle aussi faciliter le travail des traducteurs? La plupart des traducteurs des publications de la Société Watch Tower travaillent à présent sur des terminaux informatiques. Beaucoup sont installés dans des filiales de la Société. D’autres, qui traduisaient chez eux et qui travaillaient depuis de longues années sur une machine à écrire, voire à la main, ont appris à saisir leur texte sur un terminal ou sur un ordinateur portable fourni par la Société. Le texte traduit peut être facilement corrigé, directement à l’écran. Si la traduction n’est pas effectuée dans la filiale où la publication sera imprimée, il suffit de copier le texte sur une disquette et de l’envoyer à cette filiale, qui l’exploitera.
En 1989-1990, presque d’un jour sur l’autre, les gouvernements de nombreux pays ont changé, ce qui a rendu plus faciles les communications internationales. Les Témoins de Jéhovah ont rapidement réuni en séminaire leurs traducteurs d’Europe de l’Est. Ce séminaire leur a montré comment améliorer la qualité de leur travail, comment tirer parti de l’équipement informatique mis à leur disposition, et comment faire en sorte que La Tour de Garde paraisse dans leur langue en même temps que l’édition anglaise. Les traducteurs de l’Asie du Sud-Est ont bénéficié d’une aide semblable.
Mais l’ordinateur pouvait-il accélérer le travail de traduction ou en améliorer la qualité? Effectivement. En 1989, les Témoins de Jéhovah ont mis en œuvre de puissants moyens informatiques pour faciliter la traduction de la Bible. Un imposant travail de préparation a permis de créer des fichiers informatiques grâce auxquels le traducteur peut faire apparaître à l’écran n’importe quel mot de la Bible dans la langue originale accompagné d’une liste de toutes les expressions par lesquelles il a été traduit, selon le contexte, dans la Traduction du monde nouveau en anglais. Le traducteur peut aussi sélectionner un mot-clé anglais et obtenir la liste de tous les mots, dans les langues bibliques, que ce terme (éventuellement ses synonymes) traduit. Cette technique révèle souvent qu’il a fallu un groupe de mots anglais pour restituer l’idée exprimée par un seul mot dans la langue originale. Elle permet au traducteur d’analyser rapidement toutes les particularités du texte qu’il traduit. Elle l’aide à mieux saisir le sens précis de l’expression de base de l’original, ainsi que sa signification exacte dictée par le contexte, et donc de l’exprimer avec précision dans sa propre langue.
Grâce à ces documents informatiques, les traducteurs expérimentés peuvent examiner toutes les occurrences d’un mot quelconque dans la Bible et leur assigner, selon les exigences du contexte, des équivalents dans leur traduction. Cette méthode assure un haut degré de cohérence de la traduction. Le travail de chaque traducteur est révisé par d’autres membres de l’équipe pour que les recherches faites par chacun, ainsi que leur expérience, profitent au texte traduit. On peut ensuite, grâce à l’ordinateur, afficher un certain passage des Écritures, avec chaque mot du texte anglais, son numéro d’ordre qui renvoie au mot dans la langue originale, ainsi que le mot retenu dans la langue d’arrivée. Mais le travail ne s’arrête pas là. Le traducteur doit alors remanier la structure de la phrase pour qu’elle se lise bien dans sa langue. Par ailleurs, tout au long de ces diverses étapes, il est indispensable que le traducteur sache avec précision quel est le sens du passage en question. Pour l’aider dans sa tâche, il a instantanément accès aux commentaires publiés par la Société Watch Tower sur ce verset biblique ou sur les expressions qu’il contient.
Cette méthode réduit le temps consacré aux recherches et permet d’atteindre un haut degré de cohérence. On espère, par la généralisation de ces techniques, favoriser la publication rapide d’ouvrages de meilleure qualité, même dans des langues pour lesquelles on ne dispose que d’une petite équipe de traducteurs. Le recours à l’informatique offre d’extraordinaires perspectives dans le domaine de l’édition des publications qui favorisent la proclamation du message du Royaume.
C’est pourquoi, à l’image de leurs prédécesseurs chrétiens du Ier siècle, les Témoins de Jéhovah de notre époque emploient les moyens les plus modernes pour propager la Parole de Dieu. Pour communiquer la bonne nouvelle au plus de gens possible, ils n’ont pas hésité à relever de nouveaux défis dans le domaine de l’édition.
[Notes]
a En 1896, le nom de cette société a été changé officiellement en Watch Tower Bible and Tract Society (La Tour de Garde, Société de Bibles et de traités).
b Il s’agissait d’une entreprise appartenant à Charles Russell. En 1898, il a transféré par donation les biens de la Tower Publishing Company à la Watch Tower Bible and Tract Society.
c Cette difficulté à s’approvisionner en charbon n’était pas imputable à la seule pénurie due à la guerre. Hugo Riemer, qui faisait à l’époque partie du personnel du siège, a écrit par la suite que c’était surtout à cause de la haine dont étaient alors l’objet les Étudiants de la Bible à New York.
d L’impression typographique est obtenue à partir d’une surface en relief où apparaît l’image inversée de ce qui doit être imprimé. Cette surface en relief est encrée et pressée contre le papier. L’impression offset découle d’un report d’une zone d’impression encrée d’une plaque sur un cylindre recouvert de caoutchouc, qui le transfère sur le papier.
e De 1959 à 1971, la Société s’était servie à Brooklyn d’une presse offset à feuilles pour imprimer en quadrichromie des calendriers qui présentaient des scènes ayant trait à la prédication de la bonne nouvelle.
[Entrefilet, page 578]
“Que le charbon soit donc un signe.”
[Entrefilet, page 595]
Les imprimeries de la Société Watch Tower dans le monde entier ont reçu du matériel offset.
[Entrefilet, page 596]
“Nous ne pouvons que faire l’éloge du personnel de la Watchtower.”
[Encadré/Illustrations, page 581]
Composition
Au début, tout se faisait à la main, caractère par caractère.
Afrique du Sud
De 1920 jusque dans les années 80, on s’est servi de linotypes.
États-Unis
Dans certains pays, la composition était réalisée sur monotypes.
Japon
On emploie aujourd’hui un procédé de photocomposition informatisé.
Allemagne
[Encadré/Illustrations, page 582]
La fabrication des clichés
Des années 20 aux années 80, on fabriquait des clichés en plomb destinés à l’impression typographique.
[Illustrations]
1. Les lignes-blocs de caractères qui composaient les pages de la publication étaient assemblées dans des cadres métalliques ou châssis.
2. On pressait les caractères contre un matériau qui acceptait l’empreinte et servait ensuite de moule.
3. On appliquait alors du plomb fondu contre ce flan (ou moule) pour former un cliché métallique incurvé.
4. On ôtait les bavures apparaissant sur le cliché.
5. On nickelait les clichés pour augmenter leur résistance à l’usure.
Plus récemment, on positionnait les négatifs des pages obtenues par photocomposition et on insérait les illustrations. Ces pages étaient copiées par procédé photographique sur des plaques offset souples.
[Encadré/Illustration, page 585]
‘La preuve de l’action de l’esprit de Jéhovah’
“Que des personnes qui avaient peu d’expérience, voire aucune, aient réussi à imprimer des livres et des Bibles sur des rotatives [à une époque où les autres imprimeurs ne le faisaient pas encore] est la preuve que Jéhovah dirigeait les choses par son esprit.” Ainsi s’est exprimé Charles Fekel, qui savait de quoi il parlait: il avait contribué pendant plus de 50 ans à l’évolution des travaux d’impression au siège de la Société. Durant les dernières années de sa vie, il a été membre du Collège central.
[Illustration]
Charles Fekel
[Encadré/Illustration, page 586]
Ils faisaient confiance au Dieu Tout-Puissant
Un fait raconté par Hugo Riemer, ancien acheteur de la Société Watch Tower, illustre la manière dont la Société aborde ses transactions.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le papier d’imprimerie était rationné aux États-Unis. Les commandes devaient être présentées à une commission nommée par le gouvernement. En une certaine occasion, une des plus célèbres sociétés bibliques avait délégué des juristes, des hommes d’affaires, des prédicateurs, etc., pour la représenter devant cette commission. Ils ont obtenu bien moins qu’ils ne demandaient. Après avoir écouté leurs requêtes, la commission a fait appeler la Watchtower Bible and Tract Society. Quand Hugo Riemer et Max Larson se sont avancés, le président a demandé: “Vous n’êtes que deux?” Ils ont répondu: “Oui; nous espérons que le Dieu Tout-Puissant est aussi avec nous.” Ils ont obtenu les quantités dont ils avaient besoin.
[Illustration]
Hugo Riemer
[Encadré/Illustrations, page 587]
Les presses
La Société Watch Tower effectue ses travaux d’impression sur de nombreux modèles de presses.
[Illustrations]
Durant de longues années, on a utilisé de nombreux modèles de presses à plat (Allemagne).
Des presses pour petits tirages ont servi à imprimer des formules et des feuilles d’invitation, mais aussi des périodiques (États-Unis).
Dans ses imprimeries, la Société possédait 58 de ces rotatives typographiques MAN de fabrication allemande (Canada).
À l’heure actuelle, dans ses grandes imprimeries la Société utilise des rotatives offset quatre couleurs à grande vitesse fabriquées dans différents pays.
Italie
Allemagne
[Illustrations, pages 588, 589]
La reliure
Au début, dans les imprimeries de la Société Watch Tower, certains travaux de reliure étaient effectués à la main (Suisse).
Aux États-Unis, les grandes séries exigeaient de nombreuses opérations successives.
1. Assemblage des cahiers.
2. Couture des cahiers.
3. Collage des pages de garde.
4. Massicotage.
5. Impression des couvertures.
6. Emboîtage des couvertures sur les blocs.
7. Pressage des livres jusqu’à parfaite adhésion.
Actuellement, la couture des cahiers est le plus souvent remplacée par un encollage, et des machines rapides peuvent produire 20 000 livres ou plus par jour.
[Encadré/Illustrations, page 594]
Pour faire connaître le Royaume de Dieu
La Société Watch Tower a produit au fil du temps des publications en plus de 290 langues. En 1992, elle publiait des ouvrages en quelque 210 langues. Tous ces efforts avaient pour but d’aider les gens à connaître le Royaume de Dieu et ce qu’il signifiera pour eux. Voici quelques-uns de leurs manuels d’étude biblique les plus répandus:
“La vérité qui conduit à la vie éternelle” (1968): 107 553 888 exemplaires en 117 langues.
“Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradis” (1982): 62 428 231 exemplaires en 115 langues.
“Vivez éternellement heureux sur la terre!” (1982): 76 203 646 exemplaires en 200 langues.
Les chiffres donnés ci-dessus sont ceux de 1992.
[Encadré/Illustrations, page 598]
Enregistrements sur cassettes
En plus des imprimés qu’elle utilise dans son œuvre d’évangélisation, la Société Watch Tower produit depuis 1978 des cassettes audio (déjà plus de 65 millions) sur ses propres installations aux États-Unis et en Allemagne.
La “Traduction du monde nouveau” intégrale existe sur cassettes audio en allemand, en anglais, en espagnol, en français, en italien et en japonais. En 1992, des parties plus ou moins importantes de cette traduction étaient également disponibles sur cassettes en huit autres langues.
On a produit des cassettes destinées à l’enseignement des enfants, des enregistrements du “Recueil d’histoires bibliques” et du livre “Écoutez le grand Enseignant”, publications qui s’adressent spécialement aux jeunes.
Par ailleurs, dans certains pays, on prépare des enregistrements destinés à être radiodiffusés.
Des enregistrements musicaux sont produits par un orchestre composé exclusivement de Témoins. Ces enregistrements servent de musique d’accompagnement pour le chant des cantiques lors des assemblées des Témoins de Jéhovah. Il en existe également de magnifiques adaptations pour orchestre destinées à un usage privé.
Des drames enregistrés (mettant en scène des situations de notre époque ou des récits bibliques) sont utilisés lors des assemblées. Des Témoins jouent les scènes pour aider les assistants à se représenter les événements. Certains de ces enregistrements procurent par la suite une détente instructive aux familles.
Les périodiques “La Tour de Garde” et “Réveillez-vous!” sont tous deux disponibles sur cassettes audio en anglais et en finnois. “La Tour de Garde” est aussi disponible en allemand, en danois, en français et en norvégien. Destinées à l’origine aux personnes qui voient mal, ces cassettes sont tout aussi appréciées par des milliers d’autres.
[Illustration]
John Barr au studio d’enregistrement.
[Encadré/Illustrations, pages 600, 601]
Utilisation de cassettes vidéo dans la proclamation du Royaume
En 1990, la Société Watch Tower a franchi une nouvelle étape en sortant sa première cassette vidéo destinée au public.
On a estimé que cette année-là plus de 200 000 000 de foyers dans le monde étaient équipés de magnétoscopes de divers types. Même dans des pays où n’existaient pas de chaînes de télévision, les gens possédaient des magnétoscopes. Les cassettes vidéo se présentaient donc comme un nouvel instrument d’enseignement, permettant de toucher un large public.
Dès 1985, on avait commencé à préparer une présentation vidéo de certaines activités du siège mondial de la Société à l’intention des visiteurs. Ensuite, grâce aux films vidéo, on a gagné du temps pour expliquer le fonctionnement du Béthel lors de l’accueil des nouveaux membres. Cet outil de formation pouvait-il trouver d’autres applications pour concourir à l’œuvre mondiale d’évangélisation? Certains Témoins en étaient persuadés.
C’est ainsi qu’en octobre 1990 est sortie en anglais la cassette “Les Témoins de Jéhovah: un nom, une organisation”. L’accueil fut remarquable. La Société a reçu un flot de lettres souhaitant que d’autres films de ce genre soient préparés. Pour répondre à cette demande, le Collège central a créé un nouveau service: le Service vidéo.
Des Témoins expérimentés dans ce domaine ont été heureux d’apporter leur aide. On a acquis du matériel et monté des studios. Une équipe de cadreurs a commencé à se rendre dans divers pays pour y filmer des personnages et des objets qui pourraient servir dans des films destinés à affermir la foi des spectateurs. Pour rehausser la qualité des films vidéo, on a fait enregistrer des fonds musicaux par un orchestre international composé exclusivement de Témoins, orchestre qui avait déjà collaboré à d’autres réalisations spéciales.
On s’est fixé l’objectif de toucher davantage de groupes linguistiques. Au milieu de 1992, on a mis en circulation la cassette “Les Témoins de Jéhovah: un nom, une organisation” dans plus d’une dizaine de langues. Cette cassette a été doublée en 25 langues, dont certaines pour l’Europe de l’Est. Par ailleurs, il était prévu d’en produire des versions en mandarin et en cantonais destinées aux Chinois. La Société a également acquis les droits de reproduction et de distribution du film “Les triangles violets” (en anglais), qui relate l’intégrité d’une famille de Témoins allemands durant la période nazie. En l’espace de deux ans, plus d’un million de cassettes vidéo ont été produites à l’usage des Témoins de Jéhovah lors de leur ministère.
Une attention particulière a été accordée aux besoins des non-entendants. On a produit une version de la cassette “Les Témoins de Jéhovah: un nom, une organisation” en langage gestuel américain. On a entamé des études en vue de produire des films vidéo adaptés aux non-entendants d’autres pays.
Dans le même temps, on travaillait sur une série de films qui aiderait les gens à avoir confiance dans le livre qui est le fondement même de la foi chrétienne: la Bible. En septembre 1992, on avait achevé en anglais la première partie de la série, “La Bible: un récit historique exact, des prophéties dignes de foi”, et des versions en d’autres langues étaient en préparation.
Les cassettes vidéo ne sont en aucune manière appelées à remplacer les imprimés ou le témoignage individuel. Les imprimés de la Société continuent de jouer un rôle essentiel dans la diffusion de la bonne nouvelle. L’activité de maison en maison des Témoins de Jéhovah reste un aspect de leur ministère qui est puissamment attesté par les Écritures. Toutefois, les cassettes vidéo viennent à présent s’y ajouter et sont des instruments utiles pour affermir la foi des gens dans les précieuses promesses divines, et pour leur faire apprécier l’œuvre qui s’effectue à notre époque dans le monde entier.
[Illustrations]
1. Les grandes lignes du film définies, les prises de vues sont effectuées à mesure que le scénario est rédigé.
2. Les vues sont sélectionnées et leur ordre d’apparition est déterminé lors du montage.
3. L’orchestre enregistre la musique spécialement composée pour le film.
4. La musique électronique et les bruitages sont synchronisés avec le commentaire et les images.
5. Le son et l’image sont assemblés lors du montage final.
[Illustrations, page 576]
L’impression de ces anciennes publications a été assurée par des imprimeries commerciales.
[Illustration, page 577]
Charles Wise a fait un test pour voir si les Étudiants de la Bible devaient réinstaller leur siège à Brooklyn.
[Illustrations, page 579]
La première rotative de la Société a servi à imprimer 4 000 000 d’exemplaires du cinglant no 27 de “L’Âge d’Or”.
[Illustration, page 580]
Robert Martin (à droite), premier surveillant de l’imprimerie de la Société à Brooklyn, s’entretient avec frère Rutherford.
[Illustration, page 583]
Une des premières imprimeries de la Société en Europe (Berne, Suisse).
[Illustrations, page 584]
Dans les années 20, la Société a installé une imprimerie à Magdeburg (Allemagne).
[Illustration, pages 590, 591]
Elandsfontein, Afrique du Sud (1972).
[Illustration, page 590]
Numazu, Japon (1972).
[Illustration, page 590]
Strathfield, Australie (1972).
[Illustration, page 590]
São Paulo, Brésil (1973).
[Illustration, page 591]
Lagos, Nigeria (1974).
[Illustration, page 591]
Wiesbaden, Allemagne (1975).
[Illustration, page 591]
Toronto, Canada (1975).
[Illustration, page 597]
Les Témoins ont réalisé un énorme travail de digitalisation des polices de caractères nécessaires à la réalisation d’ouvrages bibliques en de nombreuses langues (Brooklyn).
[Illustration, page 599]
Des terminaux graphiques couleur permettent aux maquettistes de positionner, de recadrer et de retoucher les illustrations par procédé électronique.
[Illustration, page 602]
Les Témoins de Jéhovah se servent de l’ordinateur pour accélérer et améliorer la traduction de la Bible (Corée).
-
-
Impression et diffusion de la Parole sacrée de DieuLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 27
Impression et diffusion de la Parole sacrée de Dieu
SUR la façade de la principale imprimerie de leur siège mondial, les Témoins de Jéhovah ont fait figurer, depuis plusieurs décennies, cette invitation: “Lisez chaque jour la Sainte Bible, la Parole de Dieu.”
Étant eux-mêmes des étudiants assidus de la Parole de Dieu, au fil des années ils ont utilisé des dizaines de traductions de la Bible afin de s’assurer du sens exact du texte original des Écritures inspirées. Tous les Témoins sont encouragés à avoir un programme personnel de lecture quotidienne de la Bible. Non seulement ils l’étudient par sujet, mais ils la lisent et l’examinent progressivement lors des réunions de leur congrégation. Ils ne cherchent pas des textes qui soutiennent leurs idées. Ils reconnaissent en la Bible la Parole inspirée de Dieu. Ils ont conscience qu’elle reprend et discipline, et ils s’efforcent sincèrement d’y conformer leurs pensées et leur conduite. — 2 Tim. 3:16, 17; voir aussi 1 Thessaloniciens 2:13.
Convaincus que la Bible est la Parole sacrée de Dieu, et connaissant la glorieuse bonne nouvelle qu’elle contient, les Témoins de Jéhovah l’éditent et la diffusent avec zèle.
Une Société d’édition de la Bible
C’est en 1896 que le mot Bible a officiellement été introduit dans le nom de l’association déclarée dont se servaient les Étudiants de la Bible pour accomplir leur œuvre. À cette époque, la Zion’s Watch Tower Tract Society a été légalement enregistrée sous le nom de Watch Tower Bible and Tract Societya. La Société n’a pas tout de suite imprimé et relié la Bible, mais elle a participé activement à son édition en faisant accompagner le texte d’indications et d’informations précieuses, et en passant des contrats avec des sociétés commerciales pour les travaux d’impression et de reliure.
Toutefois, même avant 1896, la Société ne se contentait pas de diffuser la Bible. Pour rendre service à ses lecteurs, et non dans un but commercial, elle leur signalait diverses traductions disponibles, les achetait en grande quantité à un bon prix, et les proposait parfois pour une contribution inférieure de 65 % au prix publié. Parmi ces traductions figuraient de nombreuses éditions de la King James Version (Bible du roi Jacques), faciles à manier et à utiliser, ainsi que de grosses ‘Bibles de l’instructeur’ (la King James Version à laquelle étaient ajoutées une concordance, des cartes et des références marginales); The Emphatic Diaglott, traduction interlinéaire du grec en anglais; la traduction de Leeser où le texte anglais figurait à côté de l’hébreu; celle de Murdock, tirée de la version syriaque; The Newberry Bible dont les références marginales signalaient les occurrences du nom divin dans les langues originales, ainsi que d’autres détails précieux donnés par les textes hébreu et grec; le New Testament de Tischendorf dont les notes en bas de page indiquaient les variantes de trois des manuscrits bibliques les plus complets en grec ancien (Sinaiticus, Vaticanus et Alexandrinus); la Bible variorum qui, dans ses notes en bas de page, mentionnait non seulement les variantes des manuscrits anciens, mais aussi différentes traductions du texte par d’éminents exégètes; et la version littérale de Young. La Société a également proposé des auxiliaires comme la Cruden’s Concordance et l’Analytical Concordance de Young, qui commentait les mots hébreux et grecs. Les années suivantes, dans le monde entier, les Témoins de Jéhovah ont souvent acquis auprès d’autres sociétés bibliques des milliers de Bibles dans toutes les langues disponibles et les ont ensuite diffusées.
Selon les documents disponibles, la Société a fait imprimer dès 1890, à son nom, une édition spéciale de la seconde édition du New Testament Newly Translated and Critically Emphasised préparée par le traducteur anglais Joseph Rotherham. Pourquoi cette traduction? En raison de sa littéralité, des efforts du traducteur visant à tirer pleinement profit des recherches faites en vue d’établir un texte grec plus exact et des moyens utilisés pour aider le lecteur à reconnaître les mots et les expressions particulièrement mis en valeur dans le texte.
En 1902, la Société a produit une édition spéciale de la version Holman à parallèles (en anglais). Elle comportait de larges marges dans lesquelles figuraient un index comportant des sujets, des versets bibliques ainsi que des références utiles à des publications de la Société. Cette Bible contenait le texte de deux traductions, celui de la King James Version étant reproduit au-dessus de celui de la Revised Version (Version révisée de la Bible du roi Jacques) partout où il y avait des différences. On y trouvait aussi une concordance détaillée qui renseignait le lecteur sur les différents sens des termes originaux.
La même année, la Société a acquis les clichés de The Emphatic Diaglott, qui reproduisait le texte des Écritures grecques chrétiennes de J. Griesbach (édition de 1796-1806) ainsi qu’une traduction interlinéaire en anglais. À côté figurait la version du traducteur britannique Benjamin Wilson, qui avait élu domicile à Geneva (Illinois), aux États-Unis. Ces clichés et les droits exclusifs de publication avaient été achetés puis offerts à la Société. Une fois le stock épuisé, celle-ci a pris des dispositions pour produire davantage d’exemplaires de cette version, lesquels ont été disponibles en 1903.
Quatre ans plus tard, en 1907, a été publiée une édition spéciale de la King James Version, dite Édition des Étudiants de la Bible. Elle était reliée avec le “Manuel des instructeurs bibliques de Bérée”. On y trouvait aussi de brefs commentaires sur des versets tirés de toutes les parties de la Bible, ainsi que des renvois aux publications de la Société qui offraient des explications plus détaillées. Une édition avec un appendice plus important est parue environ un an plus tard.
Afin d’en réduire le prix, ces Bibles étaient commandées aux imprimeurs et aux relieurs par lots de 5 000 à 10 000 exemplaires. La Société voulait mettre un choix de traductions et d’auxiliaires de recherche à la disposition du plus grand nombre possible de lecteurs.
Puis, en 1926, elle a franchi une étape importante dans le domaine de l’édition de la Bible.
La Bible imprimée sur ses propres presses
Trente-six ans après avoir commencé à éditer la Bible, la Société l’a imprimée et reliée elle-même dans sa propre imprimerie. The Emphatic Diaglott, dont les clichés avaient été acquis 24 ans plus tôt, a été la première ainsi produite. En décembre 1926, cette Bible a été imprimée sur une presse à plat, dans l’imprimerie de la Société, dans Concord Street, à Brooklyn. À ce jour, 427 924 exemplaires en ont été diffusés.
Seize ans plus tard, pendant la Seconde Guerre mondiale, la Société a entrepris l’impression de la Bible complète. Dans ce but, elle a acheté, en 1942, les clichés de la King James Version avec références marginales à la Société A. Holman de Philadelphie (Pennsylvanie). Cette Bible complète a été traduite non pas à partir de la Vulgate latine, mais par des érudits capables de comparer les versions précédentes aux textes originaux hébreu, araméen et grec. On y a adjoint une concordance préparée par plus de 150 collaborateurs, serviteurs de Jéhovah. Cette concordance a été spécialement conçue de manière à permettre aux Témoins de Jéhovah de trouver rapidement les textes appropriés en prédication et d’utiliser efficacement la Bible, “l’épée de l’esprit”, pour retrancher et dévoiler les faux enseignements religieux (Éph. 6:17). Afin que la Bible soit accessible à tous et partout à bas prix, cette édition a été imprimée sur une presse rotative, ce qu’aucun imprimeur n’avait encore tenté. En 1992, on en avait produit 1 858 368.
Le désir des Témoins de Jéhovah n’était pas seulement de remettre aux gens un exemplaire de la Bible. Ils voulaient les aider à connaître le nom et le dessein de son auteur divin, Jéhovah Dieu. Une version anglaise de 1901, l’American Standard Version, rétablissait le nom divin aux plus de 6 870 endroits où il figurait dans les textes auxquels les traducteurs s’étaient référés. En 1944, après plusieurs mois de négociations, la Société a acquis le droit de préparer un jeu de clichés de cette Bible, à partir de ceux que possédait l’entreprise Thomas Nelson et fils, de New York. Au cours des 48 années suivantes, 1 039 482 exemplaires ont été produits.
Steven Byington, de Ballard Vale (Massachusetts), avait également traduit la Bible en anglais courant, traduction dans laquelle le nom divin retrouvait sa place. La Société est entrée en possession de ce manuscrit inédit en 1951 et a acquis l’exclusivité de sa publication en 1961. Cette traduction complète a été imprimée en 1972. En 1992, son tirage avait atteint 262 573 exemplaires.
Toutefois, d’autres événements ont eu lieu pendant ce temps.
Production de la Traduction du monde nouveau
C’est au début d’octobre 1946 que Nathan Knorr, alors président de la Société, a proposé que la Société produise une nouvelle traduction des Écritures grecques chrétiennes. Le travail a véritablement commencé le 2 décembre 1947. Le texte complet a été soigneusement examiné par les membres du Comité de traduction, composé de chrétiens oints. Puis, le 3 septembre 1949, frère Knorr a convoqué une réunion des conseils d’administration des Associations de New York et de Pennsylvanie. Il leur a annoncé que le “Comité de traduction de la Bible du monde nouveau” venait d’achever une version moderne des Écritures grecques chrétiennes et qu’il proposait que la Société la publieb. C’était une traduction tout à fait nouvelle à partir du grec original.
Une nouvelle traduction était-elle vraiment nécessaire? À cette époque, la Bible complète avait déjà été publiée en 190 langues, et des parties de celle-ci en 928 autres langues et dialectes. Les Témoins de Jéhovah ont utilisé certaines de ces traductions à différentes époques. Cependant, la plupart d’entre elles ayant été faites par des ecclésiastiques et des missionnaires des différentes Églises de la chrétienté, elles étaient plus ou moins influencées par les philosophies païennes et les traditions non bibliques héritées du passé, ainsi que par les préventions de la haute critique. De plus, on disposait à présent de manuscrits bibliques plus anciens et plus sûrs. La compréhension de la langue grecque du Ier siècle s’était affinée grâce aux découvertes archéologiques. Enfin, les langues dans lesquelles la Bible avait été traduite avaient évolué avec le temps.
Les Témoins de Jéhovah voulaient une traduction qui prenne en compte les résultats des études les plus récentes; qui ne soit pas influencée par les credos et les traditions de la chrétienté; une traduction littérale qui soit le reflet fidèle des textes originaux et qui permette de croître continuellement dans la connaissance des vérités divines; une traduction claire qui soit compréhensible pour le lecteur moderne. Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau, publiées en 1950 (en anglais), remplissaient ces conditions, au moins pour cette partie de la Bible. Quand les Témoins de Jéhovah ont commencé à l’utiliser, beaucoup ont été enthousiasmés parce qu’ils ont trouvé son texte moderne plus facile à lire, mais aussi parce qu’ils se sont rendu compte qu’ils en retiraient une meilleure intelligence de la Parole de Dieu.
L’une des caractéristiques remarquables de cette version des Écritures grecques chrétiennes est que le nom divin, le nom personnel de Dieu, Jéhovah, y est rétabli 237 fois. Elle n’était pas la première traduction à rétablir ainsi le nom de Dieuc, mais elle était la première à le faire régulièrement dans tout le texte, de Matthieu à la Révélation. Dans la préface, un examen détaillé de cette question exposait les raisons valables de ce choix.
Par la suite, à partir de 1953, les Écritures hébraïques ont été traduites en anglais et publiées progressivement en cinq volumes séparés. Comme pour les Écritures grecques chrétiennes, on s’est efforcé de rendre le texte original aussi littéralement que possible. On a particulièrement veillé à faire une traduction harmonieuse, qui rende avec précision l’action ou l’état exprimé par les verbes, et qui utilise un langage simple, accessible au lecteur moderne. Au lieu de remplacer le Tétragramme par un autre terme, comme le faisaient souvent d’autres traductions, la Traduction du monde nouveau l’a rendu comme il convient par le nom personnel de Dieu partout où il figurait dans le texte hébreu. Les appendices et les notes en bas de page de ces volumes permettaient aux étudiants attentifs de connaître la raison des leçons adoptées.
Le 13 mars 1960, le Comité de traduction de la Bible du monde nouveau a achevé la lecture finale de la partie de la Bible qui constituait le cinquième volume. Douze ans, 3 mois et 11 jours s’étaient écoulés depuis le début de la traduction des Écritures grecques chrétiennes. Quelques mois plus tard est paru le dernier volume des Écritures hébraïques.
Au lieu de se dissoudre une fois ce projet réalisé, le Comité de traduction a continué son travail. Il a procédé à une révision complète de cette version. Puis, en 1961, la Société a publié une édition révisée en un seul volume des Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau (en anglais). Cette édition a été diffusée pour la très modique contribution d’un dollar (US) afin que chacun, quels que soient ses moyens, puisse se procurer un exemplaire de la Parole de Dieu.
Deux ans plus tard, une édition spéciale pour l’étude est sortie. Elle rassemblait en un seul livre les volumes de l’édition primitive non révisée, avec des milliers de notes en bas de page, ainsi qu’une préface et un appendice. Elle contenait aussi des renvois à des versets, pensées ou événements parallèles, à des informations biographiques, à des détails géographiques, à l’accomplissement des prophéties et à des citations directes d’autres parties de la Bible.
Depuis la publication de l’édition de 1961 en un seul volume, quatre autres éditions révisées ont été publiées. La plus récente est celle de 1984; il s’agit d’une édition à gros caractères comportant un appendice détaillé, 125 000 références marginales, 11 400 notes en bas de page et une concordance. L’appareil critique de cette édition permet aux étudiants de la Bible de comprendre pourquoi certains textes doivent être rendus d’une certaine manière pour être exacts, tandis que d’autres peuvent être traduits correctement de plusieurs façons. Les références marginales les aident aussi à se rendre compte de l’harmonie des livres de la Bible.
Dans le cadre de ses efforts sincères pour aider ceux qui aiment la Parole de Dieu à se familiariser avec le texte grec original, la koinè (grec commun) des Écritures chrétiennes, le Comité de traduction du monde nouveau a produit The Kingdom Interlinear Translation of the Greek Scriptures (Les Écritures grecques — Traduction interlinéaire du Royaume). Publiée pour la première fois en 1969, cette traduction a été révisée en 1985. Elle reproduit le texte grec du New Testament in the Original Greek, compilé par B. Westcott et F. Hort. À côté, dans la colonne de droite de chaque page, est imprimé le texte anglais de la Traduction du monde nouveau (celui de la révision de 1984 dans l’édition remise à jour). Puis, sous chaque ligne du texte grec, figure une autre traduction, très littérale, qui donne la signification fondamentale de chaque mot grec selon sa forme grammaticale. Cela permet au lecteur de savoir ce que dit vraiment le texte grec original, sans même connaître cette langue.
Le travail accompli sur la Traduction du monde nouveau n’allait-il profiter qu’aux lecteurs anglais? Dans maints endroits, les missionnaires de la Société Watch Tower avaient du mal à se procurer suffisamment de Bibles dans les langues indigènes pour les offrir aux gens qui voulaient avoir leur propre exemplaire de la Parole de Dieu. Dans certains pays, il n’était pas rare que ces missionnaires soient les principaux distributeurs des Bibles éditées par d’autres sociétés bibliques. Cependant, les représentants religieux de ces sociétés ne voyaient pas toujours cela d’un très bon œil. En outre, ces traductions n’étaient pas forcément les meilleures.
La traduction en d’autres langues
En 1961, quand la Traduction du monde nouveau est parue en anglais pour la première fois en un seul volume, un groupe de traducteurs expérimentés a été réuni pour rendre le texte en six autres langues très répandues: allemand, espagnol, français, italien, néerlandais et portugais. Étant donné le caractère littéral du texte anglais, il était possible de retraduire à partir de cette langue, tout en consultant l’hébreu et le grec. Les traducteurs ont formé un comité international qui a collaboré avec le Comité de traduction de la Bible du monde nouveau au siège mondial de la Société, à Brooklyn. Les Écritures grecques chrétiennes ont été imprimées et publiées dans ces six langues, en 1963.
En 1992, Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau, la Bible complète, étaient disponibles en 12 langues: allemand, anglais, danois, espagnol, français, italien, japonais, néerlandais, portugais, slovaque, suédois et tchèque. Les Écritures grecques chrétiennes existaient en deux autres langues. Ainsi, cette traduction était disponible dans les langues natales de quelque 1 400 000 000 de personnes, soit plus du quart de la population mondiale. D’autres lisaient dans La Tour de Garde des extraits de cette version en 97 autres langues. Toutefois, les lecteurs de ces 97 autres langues souhaitaient vivement que la Traduction du monde nouveau complète soit traduite dans la leur. En 1992, des dispositions ont déjà été prises pour produire cette version dans 16 autres langues et traduire les Écritures hébraïques dans les deux langues qui ne disposaient jusque-là que des Écritures grecques chrétiennes.
Comme la production de ces Bibles est assurée par des travailleurs volontaires dans les imprimeries de la Société, il a été possible de les imprimer à moindre coût. Lorsqu’en 1972 un Témoin autrichien a montré à un Allemand une édition reliée de la Traduction du monde nouveau et lui a demandé ce qu’elle coûtait d’après lui, ce dernier a été très surpris d’apprendre que la contribution suggérée ne représentait que 10 % du prix qu’il avait indiqué.
Voici quelques faits qui illustrent l’influence de cette traduction. En France, pendant des siècles, l’Église catholique a interdit aux laïcs de posséder une Bible. De plus, les traductions catholiques disponibles coûtaient relativement cher et n’avaient donc pas pénétré dans de nombreux foyers. Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau sont parues en français en 1963, et la Bible complète en 1974. En 1992, un total de 2 437 711 exemplaires de la Traduction du monde nouveau avaient été expédiés en France pour y être diffusés. Durant la même période, le nombre des Témoins de Jéhovah dans ce pays a augmenté de plus de 488 % pour atteindre le chiffre de 119 674.
La situation était identique en Italie. Pendant longtemps, les gens n’ont pas eu le droit de posséder la Bible. De l’année de la parution de la Traduction du monde nouveau en italien à 1992, 3 597 220 exemplaires ont été diffusés, dont la grande majorité étaient des Bibles complètes. Les gens voulaient examiner par eux-mêmes le contenu de la Parole de Dieu. On remarque avec intérêt qu’au cours de la même période le nombre des Témoins de Jéhovah a considérablement augmenté dans ce pays, passant de 7 801 à 194 013.
Lorsque Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau ont été publiées en portugais, on ne comptait que 30 118 Témoins de Jéhovah au Brésil et 1 798 au Portugal. Au cours des années suivantes jusqu’en 1992, un total de 213 438 exemplaires des Écritures grecques chrétiennes et 4 153 738 Bibles complètes en portugais ont été envoyés aux particuliers et aux congrégations de ces pays. Qu’en est-il résulté? Il y a aujourd’hui 11 fois plus d’adorateurs de Jéhovah au Brésil, et 22 fois plus au Portugal. Des dizaines de milliers de personnes qui n’avaient jamais eu de Bible étaient très heureuses d’en posséder une, et d’autres ont apprécié cette version écrite dans un langage qu’elles pouvaient comprendre. Lorsque la Tradução do Novo Mundo das Escrituras Sagradas — Com referências est parue au Brésil, les journaux en ont parlé comme de la version la plus complète (c’est-à-dire celle qui offrait le plus de références et de notes en bas de page) disponible dans le pays. Ils ont aussi souligné que le premier tirage de cette édition était dix fois supérieur à celui de la plupart des éditions nationales.
L’édition espagnole des Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau est également sortie en 1963, et la Bible complète en 1967. Plus de 527 451 exemplaires des Écritures grecques chrétiennes ont été publiés, et en 1992, 17 445 782 Bibles complètes avaient été produites. Cela a contribué à l’accroissement extraordinaire du nombre des adorateurs de Jéhovah dans les pays où l’on parle essentiellement l’espagnol. Ainsi, de 1963 à 1992, dans les pays hispanophones où les Témoins de Jéhovah accomplissent leur ministère, leur nombre est passé de 82 106 à 942 551. De plus, en 1992, on comptait 130 224 Témoins de Jéhovah d’expression espagnole aux États-Unis.
Ce n’est pas seulement dans les pays de la chrétienté que la Traduction du monde nouveau est accueillie avec enthousiasme. Durant la seule année où est parue cette Bible en japonais, plus d’un demi-million d’exemplaires ont été commandés à la filiale du Japon.
En 1992, 70 105 258 exemplaires de l’édition intégrale de cette traduction avaient été imprimés dans les 12 langues dans lesquelles elle était disponible, et 8 819 080 exemplaires de l’édition partielle.
Ils éditent la Bible sous différentes formes
L’informatisation des services de la Société Watch Tower commencée en 1977 a favorisé la production de Bibles ainsi que d’autres travaux d’édition. Ainsi, elle a permis aux traducteurs de faire un travail plus harmonieux; elle a également facilité l’impression de la Bible sous différentes formes.
Une fois le texte biblique complet saisi sur ordinateur, il n’était pas difficile de le photocomposer électroniquement en choisissant des caractères de formes et de tailles variables. En 1981, on a d’abord publié une édition courante en anglais, dotée d’une concordance et d’un appendice très utile. C’était la première Bible imprimée par la Société sur une offset à bobines. En 1984, après avoir apporté au texte mémorisé dans l’ordinateur les modifications découlant de sa révision, on a publié une édition anglaise à gros caractères; elle possédait de nombreuses caractéristiques utiles pour faire des recherches. Une édition courante du même texte anglais révisé est parue aussi en 1984, avec les références et une concordance, mais sans les notes en bas de page. L’appendice de cette édition était davantage destiné à la prédication qu’à l’étude approfondie. Par la suite, en 1987, afin de satisfaire ceux qui souhaitaient disposer d’une édition de poche, on a publié une Bible de ce format. Toutes ces éditions ont rapidement été produites dans d’autres langues.
En outre, on a accordé une grande attention aux personnes qui avaient des besoins particuliers. Pour aider celles qui ne pouvaient lire que les très gros caractères, une édition intégrale en quatre volumes de la Traduction du monde nouveau est parue en anglais en 1985. Cette nouvelle édition a été rapidement imprimée en allemand, en espagnol, en français et en japonais. Avant cela, en 1983, Les Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau, en braille anglais, étaient parues en quatre volumes. L’édition intégrale de la Bible de langue anglaise en braille, qui compte 18 volumes, a ensuite été publiée sur cinq ans.
Certaines personnes apprécieraient-elles d’écouter un enregistrement de la Bible? Assurément. La Société a donc entrepris de produire la Bible sur cassettes. Le premier enregistrement sur cassettes a été La bonne nouvelle selon Jean, sortie en anglais en 1978. Avec le temps, le texte intégral de la Traduction du monde nouveau a été enregistré sur 75 cassettes. Ce travail, commencé sur une petite échelle, a pris rapidement de l’ampleur. Très vite, ces enregistrements ont été disponibles en d’autres langues. En 1992, la Traduction du monde nouveau enregistrée sur cassettes était disponible, en totalité ou en partie, en 14 langues. Au début, certaines filiales avaient confié le travail de duplication à des entreprises commerciales. Mais, en 1992, la Société avait enregistré sur ses propres installations plus de 31 000 000 de cassettes.
Les avantages offerts par les enregistrements de la Bible sur cassettes et l’utilisation qui en est faite ont dépassé toute espérance. Partout dans le monde, les gens possèdent des lecteurs de cassettes. Beaucoup, qui ne savaient pas lire, ont ainsi pu tirer profit de la Parole sacrée de Dieu. Les femmes peuvent écouter les cassettes tout en effectuant leurs tâches ménagères. Les hommes les écoutent dans leur voiture en allant au travail. Les Témoins sont devenus de meilleurs enseignants en écoutant régulièrement la Parole de Dieu et en prêtant attention à la prononciation des noms bibliques et à la manière dont les passages des Écritures sont lus.
En 1992, différentes éditions de la Traduction du monde nouveau étaient en cours d’impression sur les presses de la Société en Amérique du Nord et du Sud, en Europe et en Orient. À cette date, plus de 78 924 338 volumes ont été produits et diffusés. À Brooklyn, trois énormes presses offset à grande vitesse sont essentiellement réservées à la production de Bibles. Ensemble, ces presses peuvent imprimer 7 900 Bibles par heure, mais il a parfois fallu prévoir plusieurs équipes pour les faire tourner davantage.
Cependant, les Témoins de Jéhovah n’offrent pas une Bible à leurs auditeurs afin de garnir leur bibliothèque. Ils proposent une étude biblique gratuite à domicile à quiconque s’intéresse à la Bible — qu’il leur en prenne ou non un exemplaire. Ces études ne durent pas indéfiniment. Certaines personnes qui étudient la Parole de Dieu prennent à cœur ce qu’elles apprennent, se font baptiser Témoins de Jéhovah et à leur tour en enseignent d’autres. Si, au bout de quelques mois, les gens ne font pas de progrès raisonnables dans l’application de ce qu’ils apprennent, les Témoins cessent d’étudier avec eux pour s’occuper d’autres personnes qui manifestent un intérêt sincère. En 1992, les Témoins de Jéhovah ont dirigé gratuitement, et en général chaque semaine, 4 278 127 études bibliques individuelles ou familiales à domicile.
Ainsi, d’une manière jamais égalée par aucune autre organisation, les Témoins de Jéhovah publient et diffusent la Bible, mais sont aussi des enseignants de la Parole sacrée de Dieu.
[Notes]
a Comme le montre La Tour de Garde du 15 juillet 1892 (angl.), le nom Watch Tower Bible and Tract Society a été utilisé plusieurs années avant d’être enregistré légalement. Un tract publié en 1890, dans la série Old Theology (Cahiers de théologie ancienne), donnait comme éditeur la Tower Bible and Tract Society.
b La publication de cette traduction a été confiée à la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania, avec la demande expresse que les noms des traducteurs ne soient jamais rendus publics. Tous voulaient que l’honneur en revienne à Jéhovah, l’Auteur de la Parole inspirée.
c Des traductions plus anciennes en hébreu, en allemand et en anglais ainsi que des traductions faites par des missionnaires avaient rétabli le nom divin dans les Écritures grecques chrétiennes.
[Encadré, page 609]
Une nouvelle traduction
Lorsqu’est paru le premier volume des “Écritures hébraïques — Traduction du monde nouveau” (en anglais), Alexander Thomson, bibliste anglais, a écrit: “Dans la langue anglaise, les traductions originales des Écritures hébraïques sont extrêmement rares. Nous accueillons avec d’autant plus de plaisir la première partie de la Traduction du monde nouveau [des Écritures hébraïques], de la Genèse à Ruth. (...) Manifestement, on a fourni un effort particulier pour que cette version puisse se lire couramment. Nul ne saurait prétendre qu’elle n’est pas nouvelle par son originalité. Sa terminologie ne se fonde en rien sur les versions qui l’ont précédée.” — “The Differentiator”, juin 1954, p. 131.
[Encadré/Illustration, page 610]
“Une transcription mot à mot”
Thomas Winter, de l’université du Nebraska, a publié dans “The Classical Journal” un compte rendu sur “The Kingdom Interlinear Translation of the Greek Scriptures” (Les Écritures grecques — Traduction interlinéaire du Royaume), dans lequel il dit: “Ce n’est pas une interlinéaire ordinaire: l’intégrité du texte est préservée et l’anglais qui figure au-dessous ne donne que le sens fondamental du mot grec. Il ne s’agit donc pas du tout d’une traduction. Il est plus exact de dire que c’est une transcription mot à mot. Une traduction harmonieuse en anglais figure dans une colonne étroite, en marge et à droite de chaque page. (...)
“Le texte est basé sur celui de Brooke Westcott et de Fenton Hort (1881, réimp.), mais la traduction du comité anonyme est tout à fait à jour et harmonieusement exacte.” — Numéro d’avril-mai 1974, pp. 375, 376.
[Illustration]
Éditions de 1969 et de 1985.
[Encadré/Illustration, page 611]
L’opinion d’un hébraïsant
À propos de la “Traduction du monde nouveau”, le professeur Benjamin Kedar, hébraïsant vivant en Israël, a déclaré en 1989: “Dans le cadre de mes recherches en rapport avec la Bible hébraïque et les traductions, je me suis souvent référé à l’édition anglaise connue sous le nom de ‘Traduction du monde nouveau’. Ce faisant, j’ai eu le sentiment, maintes fois confirmé, que cette œuvre reflète un effort sincère pour parvenir à une intelligence du texte aussi exacte que possible. Révélant une grande maîtrise de la langue de départ, elle traduit avec clarté les termes originaux dans la langue d’arrivée, sans s’écarter inutilement de la structure spécifique de l’hébreu. (...) Chaque expression linguistique permet une certaine latitude dans l’interprétation ou la traduction. C’est pourquoi, dans un cas donné, les options choisies peuvent être débattues. Cependant, je n’ai découvert dans la ‘Traduction du monde nouveau’ aucune intention de faire dire au texte autre chose que ce qu’il contient.”
[Graphiques, page 613]
(Voir la publication)
Accroissement du nombre des Témoins depuis la parution de la “Traduction du monde nouveau”
France
150 000
100 000
50 000
1963 1970 1980 1992
Italie
150 000
100 000
50 000
1963 1970 1980 1992
Portugal et Brésil
300 000
200 000
100 000
1963 1970 1980 1992
Pays hispanophones
900 000
600 000
300 000
1963 1970 1980 1992
[Illustrations, page 604]
Quelques traductions utilisées par les premiers Étudiants de la Bible
Version littérale de Young
Traduction de Leeser (hébreu accompagné de l’anglais)
“New Testament” de Tischendorf (avec les variantes des manuscrits grecs)
Traduction de Murdock (du syriaque)
“The Emphatic Diaglott” (du grec en anglais)
Bible variorum (avec différentes traductions en anglais)
“The Newberry Bible” (avec de précieuses notes marginales)
[Illustration, page 605]
Introduction à l’édition du “New Testament” de Rotherham imprimée par la Société Watch Tower en 1890.
[Illustration, page 606]
Version Holman à parallèles (en anglais), publiée par la Société en 1902.
[Illustration, page 606]
“King James Version” (Bible du roi Jacques), édition de la Société Watchtower, avec une concordance conçue spécialement (1942).
[Illustration, page 607]
“American Standard Version”, traduction qui utilise le nom divin, Jéhovah, plus de 6 870 fois; édition de la Société Watchtower (1944).
[Illustration, page 607]
Traduction de Byington (1972).
[Illustrations, page 608]
“Traduction du monde nouveau”, parue d’abord en anglais en six volumes, de 1950 à 1960, puis reliée en un seul volume spécialement prévu pour l’étude de la Bible.
Publiée en un seul volume de format normal en 1961 (en anglais).
Édition à gros caractères et à références pour l’étude, publiée en 1984 (en anglais).
[Illustration, page 612]
Peu à peu, la “Traduction du monde nouveau” a été disponible en davantage de langues.
[Illustrations, page 614]
“Traduction du monde nouveau” à très gros caractères
... en braille
... sur cassettes
... sur disquettes
-
-
Épreuves et criblage de l’intérieurLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 28
Épreuves et criblage de l’intérieur
AU COURS des années où l’organisation actuelle des Témoins de Jéhovah s’est mise en place et s’est agrandie, de nombreuses situations ont sérieusement mis à l’épreuve la foi de ses membres. De même que le battage et le vannage séparent le blé de la bale, de même ces situations ont permis de déterminer qui sont les vrais chrétiens (voir Luc 3:17). Les personnes qui faisaient partie de l’organisation ont dû montrer ce qu’elles avaient dans le cœur. Recherchaient-elles seulement leur intérêt personnel? Suivaient-elles simplement un humain imparfait? Ou bien étaient-elles humbles, désireuses de connaître et d’accomplir la volonté de Dieu, et vouées sans réserve à Jéhovah? — Voir 2 Chroniques 16:9.
Déjà au Ier siècle, les disciples de Jésus Christ ont vu leur foi éprouvée. Jésus leur a expliqué que s’ils restaient fidèles, ils auraient part avec lui à son Royaume (Mat. 5:3, 10; 7:21; 18:3; 19:28). Mais il ne leur a pas précisé quand ils recevraient ce prix. Lorsqu’en prêchant ils essuieraient l’indifférence des gens, voire leur hostilité, continueraient-ils fidèlement à mettre les intérêts du Royaume à la première place dans leur vie? Tous ne l’ont pas fait. — 2 Tim. 4:10.
La manière dont Jésus lui-même enseignait a constitué une épreuve pour certains. Les Pharisiens ont trébuché lorsqu’il a sans détour rejeté leurs traditions (Mat. 15:1-14). Même de nombreuses personnes qui affirmaient être disciples de Jésus se sont offusquées de sa façon d’enseigner. Un jour, alors qu’il parlait de l’importance d’exercer la foi dans la valeur de sa chair et de son sang qui allaient être offerts en sacrifice, beaucoup de ses disciples ont dit être choqués par le langage symbolique qu’il employait. Sans attendre d’autres explications, ils “s’en retournèrent vers les choses qui sont derrière, et ils ne marchaient plus avec lui”. — Jean 6:48-66.
Mais tous ne se sont pas détournés de Jésus. Simon Pierre a expliqué, en effet: “Seigneur, à qui irions-nous? Tu as des paroles de vie éternelle; aussi nous avons cru et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu.” (Jean 6:67-69). Ils en avaient suffisamment vu et entendu pour être convaincus que Jésus était celui par l’intermédiaire de qui Dieu rendait manifeste la vérité le concernant ainsi que son dessein (Jean 1:14; 14:6). Néanmoins, la foi des disciples a encore subi des épreuves.
Après sa mort et sa résurrection, Jésus a employé les apôtres et d’autres hommes comme bergers de la congrégation. Ces hommes étant imparfaits, leurs imperfections constituaient quelquefois une épreuve pour leur entourage (voir Actes 15:36-41; Galates 2:11-14). Par ailleurs, des individus se sont mis à aduler des chrétiens en vue; ils disaient: “Moi, j’appartiens à Paul!”, tandis que d’autres disaient: ‘Moi, j’appartiens à Apollos!’ (1 Cor. 3:4). Tous devaient être sur leurs gardes afin de ne pas oublier ce que signifiait être un disciple de Jésus Christ.
L’apôtre Paul a prédit d’autres graves difficultés; il a expliqué que même au sein de la congrégation chrétienne ‘se lèveraient des hommes qui proféreraient des choses tortueuses, afin d’entraîner les disciples à leur suite’. (Actes 20:29, 30.) Quant à l’apôtre Pierre, il a prévenu les serviteurs de Dieu que parmi eux de faux enseignants chercheraient à exploiter les autres avec “des paroles artificieuses”. (2 Pierre 2:1-3.) De toute évidence, la foi et la fidélité des disciples allaient passer par des épreuves qui mettraient leur cœur à nu.
Ainsi, les épreuves et le criblage qui sont survenus dans le cours de l’histoire moderne des Témoins de Jéhovah n’étaient pas surprenants. En revanche, plus d’un ont été surpris lorsqu’ils ont vu qui trébuchait et à propos de quoi.
Attachaient-ils vraiment un grand prix à la rançon?
Au début des années 1870, frère Russell et ses compagnons ont mieux compris le dessein de Dieu et y ont attaché davantage de prix. C’était pour eux une époque de réconfort spirituel. Mais en 1878, leur foi et leur fidélité envers la Parole de Dieu ont subi une grande épreuve. La valeur sacrificielle de la chair et du sang de Jésus était mise en question: l’enseignement même qui avait fait trébucher de nombreux disciples de Jésus au Ier siècle.
Seulement deux années auparavant, en 1876, Charles Russell avait noué des relations de travail avec Nelson Barbour, de Rochester (État de New York). Leurs groupes d’étude s’étaient associés. Charles Russell avait fourni des fonds pour relancer l’édition du périodique de Nelson Barbour, Herald of the Morning (Messager du matin). Nelson Barbour en était le rédacteur en chef et Charles Russell un rédacteur adjoint. Ils avaient aussi fait paraître conjointement un livre intitulé Three Worlds, and the Harvest of This World (Les trois mondes, et la moisson du monde d’à présent).
C’est alors qu’a eu lieu un incident qui a produit l’effet d’une bombe. Dans le numéro d’août 1878 du Herald of the Morning, Nelson Barbour a rédigé un article dans lequel il dénigrait des versets comme 1 Pierre 3:18 et Ésaïe 53:5, 6, ainsi que Hébreux 9:22, et déclarait que l’idée même que le Christ soit mort afin de faire propitiation pour nos péchés était outrageante. Charles Russell a écrit par la suite: “À notre douloureuse surprise, M. Barbour écrivit (...) un article pour le Herald dans lequel il rejetait la doctrine de la rédemption, niant que la mort du Christ fût le prix de rachat payé pour Adam et sa descendance. Il affirmait que la mort du Christ ne pouvait pas servir de paiement pour le châtiment des péchés du genre humain, pas plus que des parents terrestres ne considéreraient comme un règlement approprié pour un écart de conduite de leur enfant le fait de percer le corps d’une mouche avec une épingle pour la faire souffrir et mourira.”
C’était une question capitale. Frère Russell resterait-il fidèlement attaché à ce que la Bible enseigne sans ambiguïté au sujet des dispositions prises par Dieu pour le salut de l’humanité? Ou alors serait-il la proie de la philosophie humaine? Bien que Charles Russell n’eût que 26 ans à ce moment-là et que Nelson Barbour fût beaucoup plus âgé, il a courageusement écrit un article dans le numéro suivant du Herald, dans lequel il a défendu avec force la valeur propitiatoire du sang du Christ, qu’il a appelée “un des enseignements les plus importants de la Parole de Dieu”.
Après cela, il a invité J. Paton, l’autre rédacteur adjoint du Herald, à écrire un article qui confirmerait que la foi dans le sang du Christ est le fondement de la propitiation pour les péchés. J. Paton a écrit cet article, qui a été publié dans le numéro de décembre. Après avoir essayé à plusieurs reprises, mais en vain, de raisonner sur la question avec Nelson Barbour à partir des Écritures, Charles Russell a rompu ses relations avec lui et a cessé de soutenir financièrement son périodique. En juillet 1879, il a commencé à publier un nouveau périodique, Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ, qui dès le départ s’est fait l’ardent défenseur de la rançon. Mais l’affaire n’était pas close.
Deux ans plus tard, J. Paton, qui était alors représentant itinérant de La Tour de Garde, a également commencé à faire défection; il a ensuite publié un livre (le second de sa main qu’il intitulait Day Dawn [L’aurore du jour]), dans lequel il niait qu’Adam soit tombé dans le péché et par conséquent rejetait la nécessité d’un racheteur. Selon lui, le Seigneur lui-même était un homme imparfait qui avait simplement montré à ses semblables, par sa vie, comment crucifier leurs tendances pécheresses. En 1881, A. Jones, un autre collaborateur, a lancé un journal (Zion’s Day Star [L’astre du jour de Sion]) du même genre que La Tour de Garde, mais dans le but de traiter des aspects plus simples du dessein de Dieu. Au début, tout semblait en ordre. Mais au bout d’une seule année, le journal d’A. Jones avait répudié le sacrifice propitiatoire du Christ, et la deuxième année il avait mis au rebut tout le reste de la Bible. Qu’était-il arrivé à ces hommes? Ils s’étaient laissé détourner de la Parole de Dieu par des théories personnelles et par l’attrait des philosophies humaines en vogue (voir Colossiens 2:8). Le journal d’A. Jones a été publié quelque temps encore, puis a disparu. J. Paton a décidé de publier un périodique dans lequel il a exposé sa vision de l’Évangile, mais celui-ci n’a connu qu’une diffusion réduite.
Frère Russell se souciait énormément de l’effet que toutes ces dissensions avaient sur les lecteurs de La Tour de Garde. Il se rendait compte qu’elles mettaient la foi de chacun d’eux à l’épreuve. Il savait bien que certains interprétaient les critiques que lui, Charles Russell, formulait contre des enseignements non bibliques comme étant le fruit d’un esprit de rivalité. Mais frère Russell ne cherchait pas à s’attacher des adeptes. Il a écrit à propos de ce qui se tramait: “Le but de cette épreuve et de ce criblage est évidemment de faire un tri afin que soient choisis tous ceux dont les désirs du cœur sont dénués de tout égoïsme et qui se sont entièrement consacrés au Seigneur, sans réserve; étant tellement désireux de voir s’accomplir la volonté du Seigneur et étant animés d’une si grande confiance en sa sagesse, en ses voies et en sa Parole, ils ne permettent pas que les sophismes d’autres hommes ou leurs propres plans ou pensées les éloignent de la Parole du Seigneur.”
Dieu se servait-il d’un canal visible?
Il existe bien entendu de multiples organisations religieuses, et un nombre considérable d’enseignants recourent dans une certaine mesure à la Bible. Dieu se servait-il donc spécialement de Charles Russell? Si oui, n’a-t-il plus eu de canal visible à la mort de ce dernier? Ces questions, qui se sont posées avec acuité, ont provoqué de nouvelles épreuves et un nouveau criblage.
Naturellement, Dieu ne se serait pas servi de Charles Russell si celui-ci n’avait pas fidèlement adhéré à sa Parole (Jér. 23:28; 2 Tim. 3:16, 17). Dieu n’aurait pas employé les services d’un homme qui aurait eu peur de prêcher ce qu’il voyait noir sur blanc dans les Écritures (Ézéch. 2:6-8). Dieu n’aurait pas non plus utilisé une personne qui aurait tiré gloire de sa connaissance des Écritures (Jean 5:44). Alors, que montrent les faits?
Quand, aujourd’hui, les Témoins de Jéhovah considèrent l’œuvre que Charles Russell a accomplie, les choses qu’il a enseignées, les raisons qui l’ont poussé à les enseigner, et l’issue des événements, ils sont absolument certains que cet homme a été utilisé par Dieu d’une manière particulière et à une époque décisive.
Cette opinion ne tient pas seulement à la position ferme que frère Russell a adoptée en rapport avec la rançon. Elle prend aussi en compte son rejet courageux des credos sur lesquels reposaient certaines croyances fondamentales de la chrétienté, rejet motivé par leur incompatibilité avec les Écritures inspirées. Parmi ces croyances, citons la doctrine de la Trinité (qui remonte à la Babylone antique et qui n’a été embrassée par les soi-disant chrétiens que longtemps après l’achèvement de la rédaction de la Bible) ainsi que l’enseignement selon lequel l’immortalité est inhérente aux âmes humaines (enseignement auquel avaient souscrit des hommes impressionnés par la philosophie de Platon et qui les rendait réceptifs à des idées telles que le tourment éternel des âmes dans un enfer de feu). Bien des érudits de la chrétienté savent eux aussi que ces doctrines ne sont pas enseignées dans la Bibleb, mais ce n’est généralement pas ce que ses prédicateurs disent du haut de leur chaire. Frère Russell, lui, a entrepris une campagne intensive en vue de faire connaître à qui voulait bien l’entendre ce que la Bible déclare véritablement.
Il vaut également la peine de considérer l’attitude de frère Russell envers d’autres vérités de la plus haute importance qu’il a apprises dans la Parole de Dieu. Il a discerné que le Christ reviendrait en tant que personne spirituelle glorieuse, invisible aux yeux humains. Dès 1876, il s’est rendu compte que l’année 1914 marquerait la fin des temps des Gentils (Luc 21:24, Sa). D’autres biblistes avaient perçu certaines de ces vérités et les avaient défendues. Mais frère Russell a employé toutes ses ressources à les diffuser dans le monde entier, à une échelle qu’aucun individu ni aucun groupe n’avait égalée.
Il a invité les gens à confronter minutieusement ses écrits avec la Parole inspirée de Dieu afin d’être certains que ce qu’ils apprenaient était en complète harmonie avec elle. À un homme qui lui écrivait pour lui demander des renseignements, frère Russell a répondu: “S’il était juste pour les premiers chrétiens de s’assurer de la véracité de ce qu’ils recevaient des apôtres, qui étaient inspirés et qui affirmaient l’être, combien plus est-il important pour vous de vérifier soigneusement que ces enseignements restent bien dans la ligne de leurs instructions et de celles du Seigneur; d’autant que leur auteur ne prétend pas être inspiré, mais simplement guidé par le Seigneur, utilisé par celui-ci pour nourrir son troupeau.”
Frère Russell n’affirmait pas posséder un pouvoir surnaturel, ni avoir reçu des révélations divines. Il ne revendiquait pas le mérite de ce qu’il enseignait. C’était un étudiant de la Bible hors du commun. Mais il a expliqué que sa compréhension exceptionnelle des Écritures était due ‘au simple fait que le moment prévu par Dieu était arrivé’. Il a dit: “Si je ne parlais pas, et si on ne trouvait aucun autre instrument, les pierres mêmes crieraient.” Il disait de lui-même qu’il n’était qu’un index pointé sur le contenu de la Parole de Dieu.
Charles Russell ne voulait pas être glorifié par les hommes. Pour rectifier le point de vue de ceux qui auraient eu tendance à lui accorder trop d’honneur, frère Russell a écrit en 1896: “Étant donné que nous sommes dans une certaine mesure, par la grâce de Dieu, utilisé dans le ministère de l’Évangile, il n’est peut-être pas déplacé de dire ici ce que nous avons souvent dit en privé, et précédemment dans ces colonnes, à savoir que, tout en appréciant l’amour, la sympathie, la confiance et la compagnie d’autres serviteurs de Dieu et de la famille entière de la foi, nous ne voulons aucun hommage, aucune révérence, ni pour nous-même ni pour nos écrits; nous ne désirons pas non plus être appelé Révérend ou Rabbi. Nous ne voulons pas non plus que qui que ce soit se réclame de notre nom.”
À l’approche de sa mort, il ne pensait pas qu’il ne restait plus rien à apprendre, qu’il ne restait plus rien à faire. Il avait souvent évoqué la préparation d’un septième tome des Études des Écritures. Interrogé à ce sujet avant de mourir, il a dit à Menta Sturgeon, son compagnon de voyage: “Quelqu’un d’autre peut l’écrire.” Dans son testament, il a exprimé le désir que La Tour de Garde continue de paraître, sous la direction d’un comité d’hommes voués sans réserve au Seigneur. Il a déclaré que ceux qui en feraient partie devraient être des hommes “entièrement fidèles aux enseignements des Écritures et surtout à la doctrine de la rançon, aux doctrines selon lesquelles Dieu n’accepte quiconque, ne lui donne le salut et la vie éternelle, si ce n’est par la foi en Christ, l’obéissance à Sa Parole et à l’esprit de celle-ci”.
Frère Russell était conscient qu’il restait encore beaucoup à faire dans la prédication de la bonne nouvelle. En 1915, lors d’une séance de questions et réponses à Vancouver, au Canada, on lui a demandé quand les disciples du Christ oints de l’esprit qui vivaient alors pouvaient s’attendre à recevoir leur récompense céleste. Il a répondu: “Je ne sais pas, mais il y a une grande œuvre à accomplir. Et il faudra des milliers de frères et de l’argent par millions pour l’effectuer. D’où ils viendront, je l’ignore: le Seigneur connaît son affaire.” Puis, en 1916, peu avant de commencer la tournée de discours durant laquelle il est décédé, il a demandé à Alexander Macmillan, un de ses collaborateurs, de venir dans son bureau. Il lui a dit à cette occasion: “Je ne suis plus en état de diriger l’œuvre, et pourtant il reste un grand travail à faire.” Pendant trois heures, il a décrit à frère Macmillan l’immense œuvre de prédication qu’il entrevoyait, d’après les Écritures. Devant les objections de son interlocuteur, il a rétorqué: “L’œuvre que nous effectuons n’est pas celle d’un homme.”
Le changement d’administration suscite des épreuves
Nombre des compagnons de frère Russell étaient fermement convaincus que le Seigneur avait les choses bien en main. À l’enterrement de frère Russell, William Van Amburgh a dit: “Dieu a employé de nombreux serviteurs dans le passé, et sans doute fera-t-il appel à bien d’autres dans l’avenir. Nous ne nous sommes pas consacrés à un homme, ni à l’œuvre d’un homme, mais à l’accomplissement de la volonté de Dieu, telle qu’il nous la révèle par sa Parole et sa providence. Dieu est toujours à la barre.” Jusqu’à sa mort, frère Van Amburgh a gardé fermement cette conviction.
Mais malheureusement, certains de ceux qui disaient admirer Charles Russell manifestaient un autre état d’esprit, si bien que la situation nouvelle qui a résulté de sa mort a suscité des épreuves et un criblage. Des groupes apostats se sont détachés aux États-Unis, mais aussi à Belfast (Irlande), à Copenhague (Danemark), à Vancouver et à Victoria (Colombie-Britannique, Canada), et ailleurs encore. À Helsinki (Finlande), quelques-uns en sont venus à penser qu’après la mort de Charles Russell il n’existait plus de canal par lequel seraient transmises de nouvelles lumières spirituelles. Sur les instances de certains éléments en vue, 164 personnes ont quitté l’organisation dans cette ville. Leur dissidence a-t-elle été bénie par Dieu? Pendant un temps, ils ont publié un périodique de leur cru et tenu des réunions à part. Mais leur groupe a fini par se diviser, se disperser et a cessé d’exister; nombre d’entre eux sont alors revenus avec joie aux réunions des Étudiants de la Bible. Toutefois, tous ne l’ont pas fait.
La mort de frère Russell et les événements qui ont suivi ont également mis à l’épreuve R. Nicholson, le secrétaire de la filiale d’Australie, qui a alors montré ce qu’il avait dans le cœur. Après la mort de frère Russell, il a écrit: “Pendant plus d’un quart de siècle je l’ai aimé, non pas seulement en raison de son œuvre, mais aussi pour sa belle personnalité; je me suis réjoui des vérités qu’il a répandues et qui étaient la ‘nourriture au temps convenable’, ainsi que de ses conseils, admirant sa nature compatissante, bonne, pleine d’amour, si admirablement mêlée de force d’âme et de détermination à accomplir et à oser toute action qui réaliserait ce qui, selon sa conviction, était la volonté divine ou la révélation de sa Parole. (...) On se sent seul quand on se rend compte que ce puissant soutien a disparu.”
De l’avis de R. Nicholson, Joseph Rutherford, le nouveau président de la Société Watch Tower, n’était pas le genre d’homme qui aurait dû reprendre la fonction de surveillant que frère Russell avait occupée. R. Nicholson s’est mis à critiquer ouvertement la franchise extrême avec laquelle les nouveaux articles d’étude de la Bible dévoilaient la fausse religion. Il n’a pas tardé à quitter l’organisation, s’appropriant la plupart des biens de la Société (qu’il avait fait enregistrer à son nom) et entraînant les Étudiants de Melbourne qui avaient eu tendance à le mettre, lui, sur un piédestal. Comment expliquer cela? Apparemment, R. Nicholson s’était laissé aller à suivre un homme; cet homme disparu, son honnêteté et son zèle dans le service du Seigneur se sont refroidis. Aucun de ceux qui sont partis à l’époque n’a prospéré. Il est remarquable, par contre, que Jane Nicholson, bien que de constitution frêle, n’a pas fait défection avec son mari. C’est à Jéhovah Dieu en premier qu’allait son attachement, et elle a continué à le servir à plein temps jusqu’à sa mort survenue en 1951.
Beaucoup se sont rendu compte que ce qui se passait au cours des années qui ont suivi la mort de frère Russell accomplissait la volonté du Seigneur. Un serviteur de Jéhovah du Canada a écrit à ce sujet à frère Rutherford; il disait:
“Cher frère, ne te méprends pas sur moi à cause de ce que je t’écris. Ton tempérament et celui de notre cher frère Russell sont aussi différents que le jour l’est de la nuit. Beaucoup, hélas! vraiment beaucoup, aimaient frère Russell en raison de sa personnalité, de son tempérament, etc.; et très, très peu levaient le petit doigt contre lui. Beaucoup ont accepté la vérité simplement parce que frère Russell disait qu’il en était ainsi. Ensuite, beaucoup se sont mis à vouer un culte à l’homme (...). Tu te rappelles le jour où, à une assemblée, frère Russell a fait un discours très franc sur ce défaut de nombreux frères bien intentionnés, un discours sur Jean et l’ange (Révélation 22:8, 9). Quand il est mort, nous savons tous ce qui s’est passé.
“Mais toi, frère Rutherford, tu as un tempérament qui n’a rien à voir avec celui de frère Russell. Même vos apparences sont différentes. Ce n’est pas ta faute. C’est le lot qui t’est échu à ta naissance, et tu ne pouvais pas le refuser. (...) Depuis que tu as été placé à la tête des affaires de la SOCIÉTÉ, tu as été l’objet de critiques injustes et de calomnies de la pire espèce, tout cela de la part des frères. Pourtant, malgré tout cela, tu es fidèle et dévoué à notre cher Seigneur et à la mission qu’il a donnée et qui est mentionnée en Ésaïe 61:1-3. Le Seigneur savait-il ce qu’il faisait quand il t’a placé à la tête de ses affaires? Sûrement. Dans le passé, nous étions tous enclins à adorer davantage la créature que le Créateur. Le Seigneur le savait. Il a donc placé une créature d’un tempérament différent à la tête de ses affaires ou, devrais-je dire, il lui a confié l’œuvre, la moisson. Tu désires que personne ne te rende un culte. Je le sais, mais tu désires vraiment que tous ceux qui ont la même foi précieuse profitent de la lumière qui luit maintenant sur le sentier du juste, que le Seigneur juge bon de faire briller. Et c’est ce que veut le Seigneur.”
Identification du “serviteur fidèle et prudent”
Nombre de ceux que le criblage a écartés à l’époque ne démordaient pas de l’idée qu’une seule personne, Charles Russell, était le “serviteur fidèle et prudent” annoncé par Jésus en Matthieu 24:45-47 (Sg), lequel serviteur distribuait la nourriture spirituelle à la famille de la foi. Particulièrement après sa mort, La Tour de Garde elle-même a énoncé cette idée pendant des années. Étant donné le rôle éminent que frère Russell avait joué, il semblait alors aux Étudiants de la Bible que tel était le cas. Lui n’encourageait pas cette idée, mais il acceptait les arguments apparemment raisonnables de ceux qui la défendaientc. Néanmoins, il soulignait aussi que, quel que soit l’homme utilisé par le Seigneur dans ce rôle, il devait être humble et glorifier le Maître avec zèle, et que si cet humain choisi par le Seigneur chutait, il serait remplacé par un autre.
Cependant, comme la lumière de la vérité a brillé avec de plus en plus d’éclat après la mort de frère Russell et comme la prédication annoncée par Jésus a pris de l’ampleur, il est devenu évident que le “serviteur fidèle et prudent” (Sg), ou “esclave fidèle et avisé” (MN), n’avait pas disparu à la mort de frère Russell. En 1881, frère Russell lui-même avait avancé l’idée que cet “esclave” se composait de l’ensemble des chrétiens oints de l’esprit et fidèles. Il le voyait comme un serviteur collectif, une classe de personnes unies dans l’accomplissement de la volonté de Dieu (voir Ésaïe 43:10). Cette compréhension a été réaffirmée par les Étudiants de la Bible en 1927. Aujourd’hui, les Témoins de Jéhovah reconnaissent que La Tour de Garde et les publications apparentées sont employées par l’esclave fidèle et avisé pour donner la nourriture spirituelle. Ils ne prétendent pas que la classe de l’esclave est infaillible, mais ils la considèrent comme le seul canal utilisé par le Seigneur pendant les derniers jours de l’actuel système de choses.
Quand l’orgueil s’en mêle
Il y a toutefois eu des époques où des individus investis de responsabilités se sont considérés comme le canal diffusant la lumière spirituelle, si bien qu’ils refusaient ce que l’organisation fournissait. D’autres ont simplement cédé au désir d’exercer une plus grande influence. Ils ont cherché à amener leurs compagnons à les suivre, ou, pour reprendre les paroles de l’apôtre Paul, à “entraîner les disciples à leur suite”. (Actes 20:29, 30.) Cela a évidemment mis à l’épreuve les mobiles et la fermeté spirituelle de ceux qu’ils s’efforçaient d’attirer. Arrêtons-nous sur quelques exemples:
Des lettres spéciales ont été adressées aux Étudiants de la Bible d’Allegheny (Pennsylvanie) pour les inviter à une réunion le 5 avril 1894. Frère et sœur Russell n’y ont pas été invités et n’y ont pas assisté, mais une quarantaine d’autres étaient présents. La lettre, signée par E. Bryan, S. Rogers, J. Adamson et O. von Zech, disait que la réunion traiterait de choses qui concernaient leur “plus grand bien”. Il s’est avéré que ces conspirateurs cherchaient avec malveillance à empoisonner l’esprit de leurs auditeurs: pour parvenir à leurs fins, ils ont divulgué ce qu’ils présumaient être frauduleux dans les affaires de frère Russell (les faits prouvaient le contraire), ils ont affirmé que frère Russell avait trop d’autorité (qu’ils revendiquaient pour leur compte) et ils se sont plaints de ce qu’il favorisait l’emploi de la page imprimée pour répandre l’Évangile et l’organisation de réunions de classes bibliques au lieu de donner simplement des discours (ils pourraient ainsi plus facilement exposer leurs idées personnelles). La congrégation a été très perturbée par ces accusations, et beaucoup ont trébuché. Mais ceux qui sont partis ne sont pas devenus pour autant plus spirituels ni plus zélés dans l’œuvre du Seigneur.
Plus de 20 ans après, avant de mourir, frère Russell a exprimé son intention d’envoyer Paul S. L. Johnson, un orateur très capable, en Grande-Bretagne afin de fortifier les Étudiants de la Bible. Par respect pour le souhait de frère Russell, la Société y a dépêché Paul Johnson en novembre 1916. Mais une fois sur place, celui-ci a renvoyé deux responsables de la Société. Se prenant pour un personnage important, il affirmait dans ses discours et sa correspondance que son intervention était préfigurée dans les Écritures par ce qu’avaient fait Esdras, Néhémie et Mardochée. Il prétendait être l’intendant (ou gérant) mentionné par Jésus dans sa parabole de Matthieu 20:8. Il a cherché à s’approprier l’argent de la Société, et il a entamé un procès devant la Haute cour de Londres pour parvenir à ses fins.
Contrarié dans ses projets, il est retourné à New York. Il a alors recherché le soutien de certains membres du conseil d’administration de la Société. Ceux qu’il a persuadés de se ranger de son côté ont tenté d’atteindre leurs buts en essayant de faire adopter une résolution qui abrogerait les statuts de la Société autorisant le président à en diriger les affaires. Ils voulaient avoir autorité sur toutes les décisions. Frère Rutherford a entrepris une action en justice pour protéger les intérêts de la Société et on a demandé à ceux qui cherchaient à entraver les activités de celle-ci de partir du Béthel. Lors de l’assemblée générale annuelle des membres de la Société, au début de l’année suivante, quand les membres du conseil d’administration et du bureau exécutif ont été élus pour l’année à venir, ceux qui avaient provoqué des troubles ont été écartés à une majorité écrasante. Peut-être certains d’entre eux pensaient-ils avoir raison, mais la majeure partie de leurs frères spirituels ont montré clairement qu’ils n’étaient pas de leur avis. Allaient-ils accepter la réprimande?
Par la suite, Paul Johnson est venu aux réunions des Étudiants de la Bible et a donné l’impression d’être d’accord avec leurs croyances et leur activité. Mais une fois qu’il avait gagné la confiance de quelques-uns, il semait des graines de doute. Si quelqu’un suggérait de se détacher de la Société, il l’en décourageait hypocritement... jusqu’à ce que la fidélité du groupe soit complètement sapée. Au moyen de lettres et même en se déplaçant personnellement, il s’est évertué à influencer les frères non seulement aux États-Unis, mais aussi au Canada, à la Jamaïque, en Europe et en Australie. A-t-il réussi?
On aurait pu le croire lorsque la majeure partie des membres d’une congrégation a voté la rupture avec la Société. Mais ils ont été comme une branche coupée d’un arbre: verte un moment, puis fanée et sans vie. Quand les opposants ont tenu une assemblée en 1918, les divergences ont fait surface et une scission s’est produite. D’autres divisions ont eu lieu. Certains se sont organisés un temps en petites sectes dirigées par un homme qu’ils admiraient. Aucun ne se consacrait à l’œuvre consistant à donner un témoignage public sur toute la terre habitée au sujet du Royaume de Dieu, œuvre que Jésus a confiée à ses disciples.
Durant cette période, les frères se sont souvenus des paroles consignées en 1 Pierre 4:12: “Bien-aimés, ne vous laissez pas déconcerter par l’incendie qui est au milieu de vous et qui vous advient pour servir d’épreuve, comme s’il vous arrivait quelque chose d’étrange.”
Les individus cités plus haut n’ont pas été les seuls à laisser l’orgueil miner leur foi. D’autres ont succombé à ce travers, comme Alexandre Freytag, le responsable du bureau de la Société à Genève, en Suisse. Il aimait attirer l’attention sur lui; il ajoutait des idées personnelles lorsqu’il traduisait les publications de la Société en français et il est allé jusqu’à se servir du matériel et des locaux de la Société pour imprimer ses propres ouvrages. Au Canada, Walter Salter, un responsable de la filiale, s’est trouvé en désaccord avec les publications de la Société; il n’a pas caché qu’il comptait être le prochain président de la Société Watch Tower et, après avoir été renvoyé, il s’est malhonnêtement servi du papier à en-tête de la Société pour envoyer aux congrégations, au Canada et à l’étranger, l’instruction d’étudier des articles rédigés par ses soins. Au Nigeria, il y a eu notamment G. Ukoli, qui a été zélé pour la vérité au début, mais qui s’est aperçu par la suite qu’elle pouvait être une source de profit et un moyen de se mettre en avant. Quand ses desseins ont été contrecarrés, il s’est mis à critiquer les frères fidèles par voie de presse. D’autres encore ont pris le même chemin.
Plus récemment, des individus qui occupaient des positions importantes de surveillants ont trahi un esprit similaire.
Bien sûr, ces hommes avaient tout à fait le droit de choisir leurs croyances. Mais quiconque défend en public ou en privé des idées différentes de celles qui figurent dans les publications d’une organisation, tout en prétendant représenter l’organisation en question, cause des divisions. Comment les Témoins de Jéhovah ont-ils agi dans ces circonstances?
Ils n’ont pas déclenché de campagne de persécution à l’encontre de telles personnes (même si les apostats s’en prenaient souvent à leurs anciens frères spirituels), ni n’ont cherché à leur faire du mal sur le plan physique (ce qu’avait fait l’Église catholique avec l’Inquisition). Ils ont plutôt suivi ce conseil de l’apôtre Paul, écrit sous l’inspiration: “[Surveillez] ceux qui suscitent divisions et occasions d’achoppement à l’encontre de l’enseignement que vous avez appris, et évitez-les. Car ces sortes de gens sont esclaves, non pas de notre Seigneur Christ (...); et, par des paroles doucereuses et un langage flatteur, ils séduisent le cœur des gens sans malice.” — Rom. 16:17, 18.
En observant ce qui se passait, les autres ont eu aussi l’occasion de montrer ce qu’ils avaient dans le cœur.
Des doctrines nécessitant un affinage
Les Témoins de Jéhovah reconnaissent volontiers que leur compréhension du dessein de Dieu a subi de nombreuses modifications au fil des années. La connaissance du dessein de Dieu étant progressive, les changements sont inévitables. Ce n’est pas que le dessein divin change, mais les éclaircissements que Dieu accorde continuellement à ses serviteurs exigent que ceux-ci révisent leur point de vue.
Bible à l’appui, les Témoins font remarquer que c’était vrai également des fidèles serviteurs de Dieu dans le passé. Abraham entretenait des relations étroites avec Jéhovah; mais quand il a quitté Ur, cet homme de foi ne savait pas dans quel pays Dieu le conduisait et pendant des années il n’a eu aucune idée de la façon dont Dieu tiendrait sa promesse de faire de lui une grande nation (Gen. 12:1-3; 15:3; 17:15-21; Héb. 11:8). Dieu a révélé un grand nombre de vérités aux prophètes, mais d’autres choses leur échappaient (Dan. 12:8, 9; 1 Pierre 1:10-12). Pareillement, si Jésus a donné quantité d’explications à ses apôtres, à la fin de sa vie sur la terre il leur a répété qu’il leur restait beaucoup de choses à apprendre (Jean 16:12). Certaines de ces choses, par exemple le dessein divin de faire entrer les Gentils dans la congrégation, les apôtres ne les ont comprises que lorsqu’ils ont vu effectivement l’accomplissement des prophéties. — Actes 11:1-18.
Comme on pouvait s’y attendre, quand il a fallu abandonner des points de vue qui avaient auparavant la faveur de tous, les changements ont été une épreuve pour certains. En outre, toutes les modifications dans la compréhension de la vérité ne sont pas survenues avec simplicité, en une seule fois. À cause de l’imperfection, on a parfois tendance à aller d’un extrême à l’autre avant de discerner la position correcte. Cela peut prendre du temps. Quelques-uns, de nature critique, ont trébuché pour cette raison. Considérons un exemple:
Dès 1880, les publications de la Société Watch Tower ont abordé différents détails en rapport avec l’alliance abrahamique, l’alliance de la Loi et la nouvelle alliance. La chrétienté avait perdu de vue la promesse de Dieu selon laquelle, par l’intermédiaire de la postérité d’Abraham, toutes les familles de la terre se béniraient assurément (Gen. 22:18). Mais frère Russell désirait sincèrement comprendre comment Dieu accomplirait ces paroles. Il pensait avoir vu dans la description biblique du jour des Propitiations chez les Juifs des indications sur la façon dont s’accompliraient peut-être les déclarations divines relatives à la nouvelle alliance. En 1907, ces mêmes alliances ont de nouveau été examinées, l’accent étant mis sur le rôle des cohéritiers du Christ pour ce qui est de procurer à l’humanité les bienfaits annoncés dans l’alliance abrahamique; certains Étudiants de la Bible ont soulevé de vives objections.
À l’époque, des obstacles empêchaient une claire compréhension. Les Étudiants de la Bible ne comprenaient pas encore correctement la position occupée par l’Israël selon la chair par rapport au dessein de Dieu. Cet obstacle est demeuré jusqu’à ce qu’il devienne incontestable que les Juifs en tant que peuple ne cherchaient pas à être employés par Dieu dans la réalisation de sa parole prophétique. Un autre obstacle était l’incapacité des Étudiants de la Bible à identifier correctement la “grande foule” de Révélation 7:9, 10. L’identité de cette grande foule n’est devenue claire que lorsque celle-ci a commencé réellement à se manifester en accomplissement des prophéties. Ceux qui critiquaient durement frère Russell ne comprenaient pas non plus ces questions.
Néanmoins, certains soi-disant frères chrétiens ont accusé à tort La Tour de Garde d’avoir nié que Jésus est le Médiateur entre Dieu et les hommes, d’avoir rejeté la rançon et d’avoir contesté la nécessité ainsi que la réalité de la propitiation. Aucune de ces accusations n’était fondée. Mais quelques-uns de leurs auteurs étaient en vue, et ils faisaient des disciples qu’ils entraînaient à leur suite. Peut-être avaient-ils raison sur certains détails qu’ils enseignaient à propos de la nouvelle alliance, mais le Seigneur a-t-il béni leur façon d’agir? Pendant un temps, quelques-uns d’entre eux ont organisé des réunions, mais par la suite leurs groupes ont disparu.
En revanche, les Étudiants de la Bible ont continué de prêcher la bonne nouvelle, ainsi que Jésus l’avait ordonné à ses disciples. Dans le même temps, ils ont continué à étudier la Parole de Dieu et à observer les événements qui éclaireraient sa signification. Finalement, au cours des années 30, les principaux obstacles à une claire compréhension des alliances ont été écartés, à la suite de quoi des explications corrigées du sujet sont parues dans La Tour de Garde et des publications semblablesd. Quelle joie ont ressentie ceux qui avaient patiemment attendu!
Leurs espoirs étaient-ils fondés?
À certaines époques, les Étudiants de la Bible ont nourri des espoirs que des détracteurs ont tournés en ridicule. Pourtant, tous ces espoirs partaient du désir sincère de voir l’accomplissement de promesses que ces chrétiens zélés tenaient pour divines et infaillibles.
De par leur étude des Écritures inspirées, ils connaissaient les bénédictions promises par Jéhovah à toutes les nations de la terre grâce à la postérité d’Abraham (Gen. 12:1-3; 22:15-18). Ils avaient vu dans la Parole de Dieu la promesse que le Fils de l’homme dirigerait la terre entière en qualité de Roi céleste, qu’un petit troupeau de fidèles seraient pris de la terre afin d’avoir part avec lui à son Royaume et que ceux-ci régneraient pendant mille ans (Dan. 7:13, 14; Luc 12:32; Rév. 5:9, 10; 14:1-5; 20:6). Ils connaissaient la promesse faite par Jésus de revenir et d’emporter ceux à qui il avait préparé une place au ciel (Jean 14:1-3). Ils étaient au courant de la promesse selon laquelle le Messie choisirait également certains de ses ancêtres fidèles pour les établir princes par toute la terre (Ps. 45:16). Ils comprenaient que les Écritures prédisaient la fin du système de choses méchant et ils étaient conscients qu’elle allait de pair avec la guerre du grand jour de Dieu le Tout-Puissant à Harmaguédon (Mat. 24:3; Rév. 16:14, 16). Ils étaient profondément touchés par les versets montrant que la terre a été créée pour être habitée à jamais, que ses habitants connaîtraient la paix véritable et que tous ceux qui exerceraient la foi dans le sacrifice humain parfait de Jésus vivraient éternellement dans le Paradis. — És. 2:4; 45:18; Luc 23:42, 43; Jean 3:16.
Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’ils se soient demandé quand et comment cela s’accomplirait. Les Écritures inspirées renfermaient-elles des éléments de réponse?
S’appuyant sur la chronologie biblique établie par Christopher Bowen, un Anglais, les Étudiants de la Bible pensaient que 6 000 ans d’histoire humaine s’étaient achevés en 1873, que depuis ils vivaient le septième millénaire de cette histoire et qu’ils étaient à coup sûr proches de l’aurore du Millénium annoncé. La série de livres appelée L’Aurore du Millénium (et plus tard Études des Écritures), écrite par Charles Russell, mettait en évidence les implications de cette déduction d’après la compréhension que les Étudiants de la Bible avaient des Écritures.
Une autre disposition divine était tenue pour un indice temporel possible: le Jubilé, une année de libération instituée dans l’Israël antique toutes les 50e années. Il était observé au bout de sept périodes de 7 années, qui se terminaient chacune par une année sabbatique. L’année du Jubilé, les esclaves hébreux étaient affranchis et les possessions terriennes héréditaires qui avaient été vendues étaient rendues à leur propriétaire (Lév. 25:8-10). À partir de calculs fondés sur ce cycle d’années, on est arrivé à la conclusion qu’un grand Jubilé pour toute la terre avait peut-être commencé en automne 1874, que le Seigneur était, semble-t-il, revenu cette année-là et était présent invisiblement, et que les “temps du rétablissement de toutes choses” étaient arrivés. — Actes 3:19-21.
En posant pour prémisses que les événements du Ier siècle trouvaient des parallèles dans des événements postérieurs qui leur étaient liés, les Étudiants de la Bible sont aussi parvenus à la conclusion que si le baptême de Jésus et son onction en automne de l’an 29 de notre ère avaient pour parallèle le commencement d’une présence invisible en 1874, son entrée à Jérusalem sur un âne en tant que Roi au printemps de l’an 33 correspondrait au printemps 1878, où il prendrait le pouvoir en tant que Roi célestee. Ils pensaient également qu’ils recevraient leur récompense céleste à ce moment-là. Cela ne s’est pas produit; les disciples oints de Jésus devant avoir part avec lui au Royaume, ils en ont déduit que la résurrection pour la vie spirituelle de ceux qui dormaient déjà dans la mort avait commencé alors. Ils ont en outre émis l’idée que la fin de la faveur spéciale accordée par Dieu à l’Israël selon la chair, en 36 de notre ère, désignait peut-être 1881 comme l’année où la possibilité spéciale de devenir membre de l’Israël spirituel ne serait plus offertef.
Dans le discours intitulé “Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais”, qu’il a présenté le 21 mars 1920 à l’Hippodrome de New York, Joseph Rutherford a attiré l’attention sur l’année 1925. En fonction de quoi pensait-on que cette date était importante? Dans une brochure publiée la même année, 1920, il était expliqué que si on calculait 70 Jubilés entiers à partir de la date qu’on pensait être celle où la nation d’Israël était entrée en Terre promise (au lieu de commencer le décompte après le dernier Jubilé typique précédant l’exil à Babylone et de le poursuivre jusqu’au début de l’année du Jubilé qui achevait le 50e cycle), on pouvait aboutir à 1925. Se fondant sur ces paroles, beaucoup espéraient que les membres du reste du petit troupeau recevraient leur récompense céleste en 1925. On attendait également pour 1925 la résurrection des fidèles serviteurs préchrétiens de Dieu, qui seraient sur la terre les représentants princiers du Royaume céleste. Si ces espoirs devenaient réalité, cela signifierait que l’humanité était entrée dans une ère où la mort cesserait de régner, où des millions de personnes auraient l’espérance de ne jamais mourir. Quelle perspective réjouissante! Certes, ils se trompaient quant à la date, mais les Étudiants de la Bible ont fait connaître cette espérance avec empressement.
Par la suite, entre 1935 et 1944, un examen de l’ensemble de la chronologie biblique a révélé que la traduction inexacte d’Actes 13:19, 20 dans la King James Version (Bible du roi Jacques)g, ajoutée à certains autres facteurs, avait faussé cette chronologie de plus d’un siècleh. Cette découverte a par la suite fait germer une idée, quelquefois énoncée comme une possibilité, d’autres fois sur un ton plus affirmatif: étant donné que le septième millénaire de l’histoire de l’humanité commencerait en 1975, les événements relatifs au commencement du Règne millénaire du Christ débuteraient peut-être cette année-là.
Les croyances des Témoins de Jéhovah dans ces domaines se sont-elles révélées exactes? Incontestablement, ils ne se trompaient pas en croyant que Dieu réaliserait à coup sûr ses promesses. Mais certains de leurs calculs chronologiques et les espoirs qu’ils y rattachaient ont engendré de grandes déceptions.
Après 1925, l’assistance aux réunions a terriblement baissé dans certaines congrégations de France et de Suisse. La déception a de nouveau frappé en 1975, quand les espoirs relatifs au début du Millénium ne se sont pas concrétisés. Des éléments se sont pour cette raison retirés de l’organisation. D’autres ont été exclus parce qu’ils cherchaient à miner la foi de leurs compagnons. Indéniablement, la déception quant à la date y a été pour quelque chose; mais dans certains cas les causes étaient plus profondes. Des individus niaient la nécessité de prêcher de maison en maison. Certains ne se sont pas contentés de partir de leur côté; ils se sont mis à s’opposer avec agressivité à l’organisation à laquelle ils avaient appartenu, et ils ont répandu leurs idées dans la presse et à la télévision. Néanmoins, le nombre de ceux qui ont fait défection a été relativement peu élevé.
Bien que ces épreuves aient provoqué un criblage et que certains aient été emportés comme la bale quand on vanne le blé, d’autres sont demeurés fermes. Quelle en était la raison? À propos de ce que d’autres et lui ont vécu en 1925, Jules Feller a expliqué: “Ceux qui avaient mis leur confiance en Jéhovah restèrent fermes et poursuivirent leur activité dans la prédication.” Pour eux, une erreur avait été commise, mais en aucun cas la Parole de Dieu ne s’était trompée; ils n’avaient donc aucune raison de laisser leur espérance s’affaiblir ni de diminuer leur participation à l’œuvre consistant à dire aux gens que le Royaume de Dieu est le seul espoir de l’humanité.
Certains espoirs ne s’étaient pas réalisés, mais cela n’impliquait pas pour autant que la chronologie biblique n’avait aucune valeur. La prophétie rapportée par Daniel, selon laquelle le Messie apparaîtrait 69 semaines d’années après “la sortie de la parole de rétablir et de rebâtir Jérusalem”, s’est accomplie exactement au moment prévu, en 29 de notre èrei (Dan. 9:24-27). L’année 1914 était également prophétisée dans la Bible.
1914: Espoirs et réalité
En 1876, Charles Russell a écrit le premier de nombreux articles dans lesquels il a affirmé que l’année 1914 marquerait la fin des temps des Gentils dont Jésus Christ avait parlé (Luc 21:24, Sa). Dans le deuxième tome de L’Aurore du Millénium, publié en 1889, frère Russell a exposé avec logique des détails qui permettraient aux lecteurs de discerner le fondement biblique de ses affirmations et de les vérifier par eux-mêmes. Pendant presque quatre décennies jusqu’à 1914, les Étudiants de la Bible ont distribué des millions de publications qui attiraient l’attention sur la fin des temps des Gentils. Quelques journaux religieux se sont arrêtés sur la chronologie biblique qui aboutissait à 1914, mais, à l’exception des Étudiants de la Bible, quels croyants n’ont cessé de lui donner une publicité internationale et ont montré dans leur vie qu’ils étaient convaincus que les temps des Gentils prendraient fin cette année-là?
À mesure que 1914 approchait, les espoirs s’animaient. Qu’allait-il se passer? Dans L’Étudiant de la Bible (volume VI, no 1, publié au début de 1914 en anglais), frère Russell a écrit: “Si nous possédons la bonne date et la bonne chronologie, les temps des Gentils prendront fin cette année: 1914. Qu’est-ce à dire? Nous ne le savons pas avec certitude. Nous nous attendons à ce que le Messie commence à régner effectivement vers l’époque où le pouvoir ne sera plus laissé aux Gentils. Nous attendons, à tort ou à raison, de merveilleuses manifestations des jugements divins contre toute injustice, ce qui impliquera la dislocation de nombreuses institutions de l’époque actuelle, sinon de toutes.” Il a souligné qu’il n’escomptait pas la “fin du monde” en 1914 et que la terre demeure pour toujours, mais que le présent ordre de choses, dont Satan est le chef, doit passer.
Dans son numéro de janvier 1914 (15 octobre 1913 en anglais), La Tour de Garde a déclaré: “D’après les meilleurs calculs chronologiques que nous possédons, c’est approximativement le temps fixé, que ce soit octobre 1914 ou plus tard. Sans vouloir dogmatiser, nous attendons plusieurs événements: 1° la fin des temps des nations [Gentils] et de la domination des nations dans le monde — et 2° l’inauguration du Royaume du Messie dans le monde.”
Comment cela surviendrait-il? Il semblait alors logique aux Étudiants de la Bible qu’en même temps ait lieu la glorification des humains encore sur la terre que Dieu avait choisis pour avoir part au Royaume céleste avec le Christ. Mais qu’ont-ils pensé lorsqu’ils ont constaté que cela ne s’était pas produit en 1914? La Tour de Garde du 15 avril 1916 (en anglais) a dit: “Nous croyons que les dates se sont révélées tout à fait exactes. Nous croyons que les temps des Gentils ont pris fin.” Tout en ajoutant avec franchise: “Le Seigneur n’a pas dit que l’Église serait toute glorifiée en 1914. Nous l’avons simplement déduit et, manifestement, nous nous sommes trompés.”
En cela, ils ressemblaient un peu aux apôtres de Jésus. Ceux-ci connaissaient les prophéties concernant le Royaume de Dieu et ils pensaient y croire. Cela ne les a pas empêchés, à différentes reprises, de caresser des espoirs erronés sur la façon dont elles s’accompliraient et sur l’époque de leur accomplissement. Et quelques-uns en ont été déçus. — Luc 19:11; 24:19-24; Actes 1:6.
Octobre 1914 s’étant écoulé sans que le changement attendu pour la vie céleste se soit produit, frère Russell savait que les interrogations du cœur seraient grandes. Il a écrit dans La Tour de Garde de février 1915 (1er novembre 1914 en anglais): “Souvenons-nous que l’époque actuelle est un temps de mise à l’épreuve. Les apôtres eurent à subir des épreuves analogues entre la mort de notre Seigneur et la Pentecôte. Notre Sauveur, après sa résurrection, apparut quelques fois à ses disciples, puis ils ne le virent pas pendant un certain nombre de jours; ils se découragèrent alors et se dirent qu’il ne valait plus la peine d’attendre. L’un d’eux dit: ‘Je vais pêcher’; deux autres ajoutèrent: ‘Nous allons aussi avec toi.’ Ils étaient sur le point de reprendre leurs occupations de pêcheurs et d’abandonner la pêche des humains. Cela était une mise à l’épreuve des disciples; il y a aussi pour nous maintenant une épreuve analogue. Existe-t-il des motifs susceptibles de nous éloigner du Seigneur et de sa vérité, susceptibles de nous induire à renoncer à notre sacrifice au Seigneur et à sa cause, alors ce n’est pas vraiment l’amour de Dieu dans nos cœurs qui a éveillé en eux un certain intérêt pour le Seigneur, mais c’est un autre motif, probablement l’espérance que la durée du sacrifice serait courte, que notre consécration ne serait nécessaire que pendant un certain temps.”
C’était apparemment le cas de quelques-uns. Ils avaient axé leurs pensées et leurs désirs sur la perspective d’être changés pour la vie céleste. Cela n’ayant pas eu lieu au moment prévu, ils ont fermé leur esprit à la signification des événements étonnants qui se sont effectivement déroulés en 1914. Ils ont perdu de vue toutes les précieuses vérités qu’ils avaient apprises dans la Parole de Dieu, et ils ont commencé à tourner en dérision les personnes qui les avaient aidés à les apprendre.
Humblement, les Étudiants de la Bible ont réexaminé les Écritures afin que la Parole de Dieu rectifie leur point de vue. Ils sont restés convaincus que les temps des Gentils avaient pris fin en 1914. Peu à peu, ils ont discerné plus distinctement comment le Royaume messianique avait été mis en place: il avait été établi au ciel quand Jéhovah avait remis le pouvoir à son Fils, Jésus Christ; à cet effet, il n’avait pas été nécessaire d’attendre que les cohéritiers de Jésus soient relevés pour la vie céleste: ils seraient glorifiés avec lui par la suite. En outre, ils ont compris qu’il n’était pas indispensable, pour augmenter l’influence exercée par le Royaume, que les fidèles prophètes du passé soient d’abord ressuscités; le Roi ferait des chrétiens fidèles qui vivraient alors ses messagers pour proposer aux gens de toutes les nations de vivre éternellement comme sujets terrestres du Royaume.
Cette magnifique perspective qui s’offrait à eux a provoqué de nouvelles épreuves et un nouveau criblage. Toutefois, ceux qui aimaient vraiment Jéhovah et qui prenaient plaisir à le servir étaient très reconnaissants pour les privilèges de service qui s’ouvraient devant eux. — Rév. 3:7, 8.
L’un d’eux était Alexander Macmillan. Il a écrit par la suite: “Bien que notre espoir [d’être emportés] au ciel fût déçu en 1914, cette année-là a néanmoins été marquée par l’expiration des temps des Gentils (...). Le fait que tout ne se soit pas passé comme nous l’avions espéré ne nous troublait pas particulièrement, car nous avions de quoi nous occuper avec le Photo-Drame de la Création et les problèmes créés par la guerre.” Il a continué de se dépenser dans le service de Jéhovah et a eu la joie immense de voir le nombre des prédicateurs du Royaume dépasser largement le million au cours de sa vie.
Réfléchissant aux 66 années qu’il avait vécues avec l’organisation, il a dit: “J’ai vu l’organisation passer par de nombreuses et cruelles tribulations et la foi de ceux qui la composent sévèrement éprouvée. Grâce à l’esprit de Dieu, l’organisation a survécu et n’a cessé de progresser.” Il a ajouté à propos des ajustements effectués dans la compréhension de la vérité au fil des années: “Les vérités fondamentales que nous avions apprises dans la Bible restaient les mêmes. J’ai donc compris qu’il nous fallait reconnaître nos erreurs et continuer de sonder la Parole de Dieu pour obtenir une plus grande lumière. Quels que soient les ajustements qu’il nous faut faire de temps à autre, la bienveillante disposition divine de la rédemption et la promesse de la vie éternelle que Dieu nous a faite demeurent inchangées.”
Durant sa vie, frère Macmillan s’est rendu compte que, parmi les questions qui mettaient la foi à l’épreuve, deux révélaient ce que renfermaient les cœurs: le désir des serviteurs de Dieu de rendre témoignage et leur attachement à l’organisation théocratique. Comment cela?
La prédication et l’organisation mises en question
Dès son premier numéro, et de plus en plus par la suite, La Tour de Garde a exhorté chaque chrétien véritable à communiquer la vérité. Par la suite, les lecteurs de La Tour de Garde ont souvent été encouragés à attacher du prix à leur privilège et à leur responsabilité de prêcher la bonne nouvelle. Beaucoup l’ont fait dans une petite mesure, mais relativement peu étaient aux premières lignes, allaient de maison en maison pour donner à chacun l’occasion d’entendre le message du Royaume.
Cependant, à partir de 1919, on a davantage insisté sur la participation à la prédication. Frère Rutherford l’a mise en évidence avec force dans un discours à Cedar Point (Ohio) cette année-là. Dans chaque congrégation qui demandait à la Société de l’organiser en vue du service, des dispositions ont été prises pour qu’un directeur du service, nommé par la Société, s’occupe de l’activité. Il devait donner l’exemple et veiller à ce que la congrégation dispose des publications nécessaires.
En 1922, La Tour de Garde (en anglais) a publié un article intitulé “Le service est essentiel”. Il parlait du besoin impérieux qu’ont les gens d’entendre la bonne nouvelle du Royaume, il faisait ressortir l’ordre prophétique donné par Jésus en Matthieu 24:14 et il disait à l’intention des anciens dans les congrégations: “Qu’aucun ne pense que parce qu’il est ancien dans la classe tout son service doit consister à prêcher en paroles. Si la possibilité lui est donnée d’aller mettre entre les mains des personnes le message imprimé, c’est là un grand privilège; c’est prêcher l’Évangile, souvent plus efficacement que par n’importe quel autre moyen.” L’article posait ensuite cette question: “Quelqu’un qui est vraiment consacré au Seigneur et qui serait paresseux à notre époque pourrait-il se justifier?”
Certains ont rechigné. Ils ont soulevé toutes sortes d’objections. Ils ne trouvaient pas judicieux de “vendre des livres”, même si l’œuvre n’était pas effectuée dans un but lucratif et si c’était grâce à ces mêmes publications qu’ils avaient appris la vérité au sujet du Royaume de Dieu. Quand, à partir de 1926, on a encouragé le témoignage de maison en maison le dimanche à l’aide de livres, certains y ont trouvé à redire, alors que beaucoup de gens avaient l’habitude de réserver le dimanche au culte. Le fond du problème, c’est qu’ils estimaient indigne de leur personne de prêcher de maison en maison. Pourtant, la Bible atteste que Jésus envoyait ses disciples prêcher chez les gens et que l’apôtre Paul prêchait “en public et de maison en maison”. — Actes 20:20; Mat. 10:5-14.
À mesure qu’on insistait sur la prédication, ceux dont le cœur ne les incitait pas à imiter Jésus et ses apôtres en donnant le témoignage se retiraient de l’organisation. La congrégation de Skive, au Danemark, ainsi que quelques autres, ont diminué environ de moitié. Sur la centaine de personnes qui fréquentaient la congrégation de Dublin, en Irlande, quatre seulement sont restées. Aux États-Unis, au Canada, en Norvège et dans d’autres pays, les congrégations ont essuyé des épreuves et un criblage identiques. Cela les a purifiées.
Ceux qui désiraient réellement suivre l’exemple du Fils de Dieu ont répondu favorablement à l’encouragement venant des Écritures. Néanmoins, ce n’était pas parce qu’ils étaient disposés à aller de maison en maison qu’il leur était facile de commencer. Les débuts de certains ont été difficiles. Mais les dispositions prises pour le témoignage en groupe et des assemblées de service spéciales les ont encouragés. Deux sœurs du nord du Jutland, au Danemark, se sont longtemps rappelé leur première journée de prédication. Elles se sont réunies avec le groupe, ont écouté les instructions et sont parties dans leur territoire; mais là, elles ont fondu en larmes. Deux frères, voyant la scène, les ont invitées à prêcher avec eux. Rapidement, elles ont retrouvé le sourire. Après avoir goûté à la prédication, la plupart étaient remplis de joie et enthousiasmés à l’idée de la poursuivre.
Puis, en 1932, La Tour de Garde a proposé un article en deux parties intitulé “L’Organisation de Jéhovah”. (Numéros de novembre et de décembre.) Il montrait que la fonction élective d’ancien dans les congrégations n’était pas conforme aux Écritures. Les congrégations étaient invitées à n’utiliser à des positions de responsabilité que des hommes actifs dans la prédication, des hommes qui s’acquittaient de la responsabilité impliquée par le nom de Témoins de Jéhovah. Ces hommes devaient former un comité de service. L’un d’eux, proposé par la congrégation, était nommé directeur du service par la Société. À Belfast, en Irlande, cette disposition a passé au crible et écarté d’autres éléments encore qui voulaient détenir une position en vue plutôt que de servir humblement.
Au début des années 30, en Allemagne, la plupart de ceux qui s’efforçaient de mettre un frein à la prédication s’étaient retirés des congrégations. Quelques autres s’en sont retirés par crainte en 1933, quand l’œuvre a été interdite dans nombre des États allemands. Mais des milliers de Témoins ont enduré ces épreuves de leur foi et se sont montrés disposés à prêcher malgré le danger.
Partout sur la terre, la proclamation du Royaume s’est accélérée. La prédication a pris une place prépondérante dans la vie de tous les Témoins de Jéhovah. En Norvège, par exemple, la congrégation d’Oslo louait des autocars le week-end pour conduire des proclamateurs dans les villes voisines. Ils se retrouvaient tôt le matin, étaient dans leur territoire vers 9 ou 10 heures, prêchaient avec persévérance pendant sept ou huit heures, puis rejoignaient l’autocar pour rentrer chez eux. D’autres allaient dans les campagnes à bicyclette, munis de sacs pleins de livres et de cartons qui en contenaient d’autres en réserve. Les Témoins de Jéhovah étaient heureux, zélés et unis dans l’accomplissement de la volonté de Dieu.
En 1938, quand on a de nouveau examiné la façon de nommer les responsables dans les congrégationsj, l’élimination de toutes les élections locales de serviteurs a été dans l’ensemble bien accueillie. Les congrégations ont avec joie adopté des résolutions qui montraient le prix qu’elles attachaient à l’organisation théocratique et qui demandaient à “la Société” (nom qui, pour elles, désignait le reste oint ou esclave fidèle et avisé) de les organiser pour le service et d’établir tous les serviteurs. Ensuite, le Collège central a procédé aux nominations nécessaires et a organisé les congrégations en vue d’une activité unie et productive. Quelques groupes seulement n’ont pas coopéré et se sont alors retirés de l’organisation.
Voués uniquement à la diffusion du message du Royaume
Pour conserver l’approbation de Jéhovah, l’organisation doit se consacrer exclusivement à l’œuvre que sa Parole ordonne d’accomplir à notre époque. Cette œuvre est la prédication de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu (Mat. 24:14). Toutefois, il est arrivé à plusieurs reprises que des individus qui collaboraient avec beaucoup d’ardeur avec l’organisation ont cherché d’un autre côté à s’en servir pour promouvoir des activités qui avaient tendance à distraire leurs compagnons de l’œuvre. Quand on les a repris, cela a été une épreuve pour eux, surtout quand ils étaient persuadés de la noblesse de leurs mobiles.
C’est ce qui s’est produit en Finlande en 1915: des frères ont fondé une association coopérative appelée Ararat et ont invité, dans les pages de La Tour de Garde en finnois, les lecteurs à entrer dans leur affaire. Celui qui était à l’origine de cette activité a réagi humblement quand frère Russell a fait remarquer que ses associés et lui se laissaient “distraire de l’œuvre importante de l’Évangile”. Mais par orgueil, un autre frère, qui avait servi Jéhovah avec zèle pendant plus de dix ans en Norvège, a refusé le même conseil.
Au cours des années 30, aux États-Unis, un problème du même genre s’est posé. Un certain nombre de congrégations publiaient chaque mois leurs propres feuillets d’instructions pour le service, feuillets qui renfermaient des rappels tirés du Bulletin de la Société ainsi que des faits de prédication et le programme local des dispositions prises en vue de la prédication. L’un de ces feuillets, publié à Baltimore (Maryland), encourageait la prédication avec enthousiasme, mais il servait aussi à promouvoir des opérations commerciales. Au départ, certaines ont eu l’accord tacite de frère Rutherford. Mais quand on s’est aperçu des conséquences que risquaient d’avoir de telles opérations, La Tour de Garde a précisé que la Société ne les cautionnait pas. Cela a mis sérieusement à l’épreuve Anton Koerber, car il avait l’intention d’aider ses frères par ces moyens. Avec le temps, cependant, il a de nouveau mis toutes ses capacités au service de la prédication qu’accomplissent les Témoins de Jéhovah.
En Australie, un problème du même ordre a commencé à se manifester en 1938, puis a pris de l’ampleur durant la période où la Société a été interdite (de janvier 1941 à juin 1943). Voulant répondre à des besoins qui semblaient réels à l’époque, la filiale de la Société s’est trouvée directement mêlée à diverses activités commerciales. C’était commettre une grave erreur. La filiale possédait des scieries, plus de 20 “fermes du Royaume”, un bureau d’étude, une boulangerie et d’autres entreprises. Deux imprimeries commerciales servaient de couverture à l’impression clandestine des publications de la Société. Mais certaines opérations commerciales ont amené les frères à renoncer à leur neutralité chrétienne, le travail étant accompli sous prétexte de fournir des fonds et de soutenir les pionniers. Néanmoins, la conscience de certains était profondément troublée. Bien que la majorité de ces frères soient restés dans l’organisation, la prédication du Royaume en général stagnait. Qu’est-ce qui empêchait Jéhovah de la bénir?
Quand l’interdiction a été levée en juin 1943, les frères qui se trouvaient à la filiale ont compris qu’il fallait abandonner les entreprises et se concentrer sur la prédication du Royaume, qui passait avant tout. En l’espace de trois ans, c’était chose faite, et la famille du Béthel avait retrouvé une taille normale. Il était quand même toujours nécessaire de clarifier le problème, de faire renaître une confiance totale en l’organisation.
Nathan Knorr, le président de la Société, et son secrétaire, Milton Henschel, sont allés en Australie en 1947 spécialement pour régler cette situation. Dans un compte rendu de leur visite, La Tour de Garde du 15 octobre 1947 a dit au sujet des activités commerciales qui avaient été pratiquées: “Il ne s’agissait pas là d’un travail profane permettant à des frères et sœurs de gagner leur vie; en fait, la filiale de la Société avait acquis différentes entreprises et appelé, de toutes les régions du pays, des proclamateurs, des pionniers surtout, afin qu’ils travaillent dans ces entreprises au lieu de prêcher l’évangile.” Les frères avaient même indirectement participé à l’effort de guerre. À des assemblées tenues dans chacune des capitales des États, frère Knorr a parlé franchement de la situation. À chaque assemblée, une résolution a été adoptée, dans laquelle les frères australiens reconnaissaient leur erreur et demandaient à Jéhovah sa miséricorde et son pardon par l’intermédiaire de Jésus Christ. Ainsi, il a fallu faire montre de vigilance et traverser des épreuves pour que l’organisation continue à se vouer uniquement à la diffusion du message relatif au Royaume de Dieu.
Quand les Témoins de Jéhovah passent en revue leur histoire moderne, force leur est de constater que Dieu a affiné son peuple (Mal. 3:1-3). Petit à petit, les mauvais états d’esprit, les croyances et les pratiques erronées ont disparu, et tous ceux qui ont préféré y rester attachés sont partis avec eux. Ceux qui restent ne sont pas disposés à transiger avec la vérité biblique pour l’accommoder à la philosophie des hommes. Ils ne suivent pas des hommes, mais servent exclusivement Jéhovah Dieu. Ils obéissent avec joie aux directives de l’organisation parce que des preuves indiscutables leur montrent qu’elle appartient à Jéhovah. Ils se réjouissent de voir la lumière de la vérité briller toujours plus (Prov. 4:18). Individuellement, ils considèrent comme un privilège immense d’être des Témoins de Jéhovah actifs, des prédicateurs du Royaume de Dieu.
[Notes]
a Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ, édition spéciale, 25 avril 1894, pp. 102-104 (angl.).
b Au sujet de la Trinité, voir New Catholic Encyclopedia, vol. XIV, 1967, p. 299; Dictionary of the Bible, J. McKenzie, S.J., 1965, p. 899; The New International Dictionary of New Testament Theology, vol. 2, 1976, p. 84. Au sujet de l’âme, voir New Catholic Encyclopedia, vol. XIII, 1967, pp. 449, 450, 452, 454; The New Westminster Dictionary of the Bible, édité par H. Gehman, 1970, p. 901; The Interpreter’s Bible, vol. I, 1952, p. 230; Peake’s Commentary on the Bible, édité par M. Black et H. Rowley, 1962, p. 416.
c D’après frère Russell, sa femme, qui l’a quitté par la suite, a été la première à lui appliquer Matthieu 24:45-47. Voir les numéros (angl.) de La Tour de Garde du 15 juillet 1906, p. 215; du 1er mars 1896, p. 47; et du 15 juin 1896, pp. 139, 140.
d Justification, t. II, pp. 259, 260, 269, 270; La Tour de Garde, 1er juillet 1934, pp. 195-202; 15 juillet 1934, pp. 211-218; 1er novembre 1935, pp. 323-333.
e L’opinion selon laquelle 1878 était une année importante semblait confortée par la référence à Jérémie 16:18 (“double” de Jacob, Sa) assortie de calculs indiquant que 1 845 années s’étaient apparemment écoulées entre la mort de Jacob et l’an 33 de n. è., date à laquelle l’Israël selon la chair a été rejeté, et que le double de cette durée s’étendrait de 33 à 1878.
f Poussant plus loin les parallèles, les Étudiants de la Bible ont dit que la désolation de Jérusalem en 70 de n. è. (37 ans après que Jésus, entrant à Jérusalem à dos d’âne, avait été acclamé comme roi par ses disciples) préfigurait peut-être qu’en 1915 (37 ans après 1878) une période d’anarchie permise par Dieu atteindrait son point culminant, selon eux pour mettre un terme aux institutions du monde. Cette date a figuré dans les rééditions des Études des Écritures (voir t. II, pp. 79-99, 179, 234, 235, 247, 262, 263; comparer la réédition de 1914 à des éditions antérieures, comme celle de 1902 de L’Aurore du Millénium). Il leur semblait que cela coïncidait tout à fait avec ce qui avait été publié à propos de l’année 1914, qui devait marquer la fin des temps des Gentils.
g Voir la traduction dans La Sainte Bible, de J. Ostervald; voir aussi la note sur Actes 13:20 dans Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau à références.
h Voir “La vérité vous affranchira”, chapitre 11; “Le Royaume s’est approché”, pp. 167-173; ainsi que L’Âge d’Or, 27 mars 1935, pp. 391, 412 (angl.). Au vu de ces tables corrigées de la chronologie biblique, on constatait que les mentions antérieures des années 1873 et 1878, ainsi que d’autres dates déduites à partir de celles-ci en développant des parallèles avec les événements du Ier siècle, étaient basées sur une mauvaise compréhension.
i Voir La perspicacité grâce aux Écritures (angl.), vol. 2, pp. 899-904.
j Voir chapitre 15, “Formation progressive de l’organisation”.
[Entrefilet,page 619]
Les épreuves et le criblage qui sont survenus n’étaient pas surprenants.
[Entrefilet,page 621]
“Ils ne permettent pas [qu’on les éloigne] de la Parole du Seigneur.”
[Entrefilet,page 623]
“Nous ne voulons aucun hommage, aucune révérence, ni pour nous-même ni pour nos écrits.”
[Entrefilet,page 624]
“Dieu est toujours à la barre.”
[Entrefilet,page 626]
Le “serviteur fidèle et prudent” n’avait pas disparu à la mort de frère Russell.
[Entrefilet,page 627]
Ils cherchaient avec malveillance à empoisonner l’esprit des autres.
[Entrefilet,page 628]
Certains ont laissé l’orgueil miner leur foi.
[Entrefilet,page 629]
“[Surveillez] ceux qui suscitent [des] divisions (...) et évitez-les.”
[Entrefilet,page 630]
Certains ont accusé à tort “La Tour de Garde” d’avoir rejeté la rançon.
[Entrefilet,page 635]
“Nous l’avons simplement déduit et, manifestement, nous nous sommes trompés.”
[Entrefilet,page 636]
Ceux qui aimaient vraiment Jéhovah étaient reconnaissants pour les privilèges de service qui s’ouvraient devant eux.
[Entrefilet,page 638]
“Quelqu’un qui est vraiment consacré au Seigneur et qui serait paresseux à notre époque pourrait-il se justifier?”
[Entrefilet,page 641]
Petit à petit, les mauvais états d’esprit, les croyances et les pratiques erronées ont disparu.
[Encadré/Illustration, page 622]
William Van Amburgh
En 1916, William Van Amburgh a déclaré: “Cette œuvre mondiale n’est pas l’œuvre d’un seul homme. (...) C’est l’œuvre de Dieu.” Bien qu’il en ait vu d’autres faire défection, il a gardé fermement cette conviction jusqu’à sa mort à l’âge de 83 ans, en 1947.
[Encadré/Illustration, page 633]
Jules Feller
Quand il était jeune, Jules Feller a été témoin de grandes épreuves pour la foi. Dans certaines congrégations de Suisse, le nombre des membres a diminué de moitié, voire davantage. Mais il a écrit par la suite: “Ceux qui avaient mis leur confiance en Jéhovah restèrent fermes et poursuivirent leur activité dans la prédication.” Frère Feller a pris la même résolution, si bien qu’en 1992 il servait depuis 68 ans au Béthel.
[Encadré/Illustration page 634]
Clayton Woodworth
À un homme qui avait cessé de servir Jéhovah parce que les disciples oints de Jésus Christ n’avaient pas été emportés au ciel en 1914, Clayton Woodworth a écrit ce qui suit:
“Il y a vingt ans, toi et moi nous croyions au baptême des enfants; au droit divin du clergé d’administrer ce baptême; que le baptême était nécessaire pour échapper aux tourments éternels; que Dieu est amour; que Dieu a créé et continue de créer des milliards d’êtres à sa ressemblance qui passeront les âges innombrables de l’éternité dans les vapeurs étouffantes du soufre embrasé, implorant en vain une goutte d’eau pour soulager leurs souffrances (...).
“Nous croyions qu’après sa mort un homme est vivant; nous croyions que Jésus Christ n’est jamais mort; qu’il ne pouvait pas mourir; qu’aucune rançon n’a jamais été payée ni ne sera jamais payée; que Jéhovah Dieu et Christ Jésus, son Fils, sont une seule et même personne; que le Christ était son propre Père; que Jésus était son propre Fils; que l’Esprit saint est une personne; que un plus un, plus un, égale un; que lorsque Jésus était attaché à la croix et a dit: ‘Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?’, il se parlait simplement à lui-même; (...) que les royaumes actuels font partie du Royaume du Christ; que le Diable se trouve loin, quelque part dans un Enfer indéterminé, et n’exerce pas son emprise sur les royaumes de la terre (...).
“Je loue Dieu pour le jour qui a amené la présente Vérité à ma porte. Elle était si vivifiante, si réconfortante pour l’esprit et le cœur, que j’ai rapidement laissé le charlatanisme et les inepties du passé et que j’ai été utilisé par Dieu pour ouvrir également tes yeux aveuglés. Nous nous sommes réjouis ensemble dans la Vérité, œuvrant côte à côte pendant quinze ans. Le Seigneur t’a grandement honoré en faisant de toi un porte-parole; je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui était capable de montrer aussi bien l’aberration des errements de Babylone. Dans ta lettre, tu demandes: ‘Et maintenant?’ Ah! voilà ce qui est malheureux. C’est que, maintenant, tu laisses ton cœur s’aigrir contre celui dont les œuvres d’amour et la bénédiction venant d’en haut ont amené la vérité dans nos deux cœurs. Tu es parti et tu as emmené plusieurs brebis avec toi. (...)
“Tu me trouves probablement ridicule du fait que je ne suis pas monté au ciel le 1er octobre 1914, mais moi, je ne te trouve pas ridicule — oh non!
“Au moment où dix des plus grandes nations de la terre se débattent aussi dans les douleurs de l’agonie, il me semble particulièrement inopportun de chercher à me moquer de l’homme, le seul homme, qui depuis quarante ans enseigne que les temps des Gentils prendraient fin en 1914.”
La foi de frère Woodworth n’a pas été ébranlée par la tournure qu’ont prise les événements de 1914. Il a simplement discerné qu’il restait des choses à apprendre. Sa confiance dans le dessein de Dieu lui a valu de passer neuf mois en prison en 1918-1919. Plus tard, il a été rédacteur en chef du périodique “L’Âge d’Or”, devenu ensuite “Consolation”. Il est demeuré ferme dans la foi et fidèle à l’organisation de Jéhovah jusqu’à sa mort survenue en 1951, à 81 ans.
[Encadré/Illustration, page 637]
Alexander Macmillan
“J’ai pu voir combien il était sage d’attendre avec patience que Jéhovah augmente notre compréhension de la Bible plutôt que de nous laisser troubler par une pensée nouvelle. Parfois, nos prévisions touchant à une certaine date allaient trop loin, plus loin qu’elles ne devaient aller selon les Écritures. Même quand elles se révélaient inexactes, les desseins de Dieu n’en étaient pas pour autant changés.”
[Illustrations, page 620]
La foi des Étudiants de la Bible a été sérieusement mise à l’épreuve en rapport avec la valeur propitiatoire du sacrifice de Jésus.
[Illustrations, page 625]
La réaction de certains admirateurs de frère Russell face au tempérament de frère Rutherford a révélé qui ils servaient en réalité.
[Illustrations, page 639]
Quand on a davantage insisté sur la prédication, beaucoup ont cessé d’y participer; les autres ont montré plus de zèle.
“La Tour de Garde”, 1er avril 1928
“La Tour de Garde”, 15 juin 1927
“La Tour de Garde”, 15 août 1922
[Illustrations, page 640]
À mesure que l’organisation théocratique passait au premier plan, ceux qui cherchaient à être en vue étaient écartés par le crible.
-
-
“Objets de la haine de toutes les nations”Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 29
“Objets de la haine de toutes les nations”
AU COURS de la dernière soirée que Jésus a passée avec ses apôtres avant de mourir, il leur a rappelé ceci: “Un esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi; s’ils ont observé ma parole, ils observeront aussi la vôtre. Mais ils vous feront tout cela à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé.” — Jean 15:20, 21.
Jésus ne pensait pas simplement à des cas isolés d’intolérance. Il avait précisé seulement trois jours plus tôt: “Vous serez les objets de la haine de toutes les nations à cause de mon nom.” — Mat. 24:9.
Néanmoins, Jésus a conseillé à ses disciples de ne pas recourir à des armes charnelles quand ils seraient persécutés (Mat. 26:48-52). Ils ne devaient pas insulter leurs persécuteurs ni chercher à se venger (Rom. 12:14; 1 Pierre 2:21-23). Ces hommes eux-mêmes ne pouvaient-ils pas devenir croyants un jour (Actes 2:36-42; 7:58 à 8:1; 9:1-22)? Les disciples devaient laisser à Dieu le soin de régler les comptes. — Rom. 12:17-19.
Il est notoire que les premiers chrétiens ont été cruellement persécutés par le gouvernement romain. Mais il ne faut pas oublier non plus que les principaux persécuteurs de Jésus Christ ont été les chefs religieux, et que si Ponce Pilate, le gouverneur romain, a fait exécuter Jésus, c’est parce que ceux-ci l’ont réclamé (Luc 23:13-25). Après la mort de Jésus, ce sont de nouveau les chefs religieux qui ont été les persécuteurs les plus acharnés de ses disciples (Actes 4:1-22; 5:17-32; 9:1, 2). N’en a-t-il pas été encore ainsi à des époques plus récentes?
Le clergé demande des débats publics
Étant donné que les écrits de Charles Russell ont rapidement été diffusés à des dizaines de millions d’exemplaires en de nombreuses langues, les clergés catholique et protestants pouvaient difficilement ignorer ce que Russell disait. Bien des ecclésiastiques, irrités de ce qu’il dévoilait le caractère non biblique de leurs enseignements et contrariés par la perte de leurs ouailles, ont condamné ses écrits en chaire. Ils ont ordonné à leurs fidèles de ne pas accepter les publications proposées par les Étudiants de la Bible. Nombre d’entre eux ont essayé d’inciter des fonctionnaires à arrêter cette œuvre. Dans certaines villes des États-Unis, dont Tampa (Floride), Rock Island (Illinois), Winston-Salem (Caroline du Nord) et Scranton (Pennsylvanie), ils ont orchestré des autodafés d’ouvrages de Charles Russell.
Certains ecclésiastiques ont jugé nécessaire de démolir l’influence de Charles Russell en le confondant lors de débats publics. Près du siège de ses activités, un groupe d’ecclésiastiques a choisi pour porte-parole E. Eaton, pasteur de l’Église méthodiste épiscopale de North Avenue, à Allegheny (Pennsylvanie). En 1903, celui-ci a proposé de débattre en public, ce que frère Russell a accepté.
Les six sujets suivants devaient être examinés: Frère Russell affirmait, mais E. Eaton le niait, que les âmes des morts sont inconscientes; que la “seconde venue” du Christ précède le Millénium et que le but de sa “seconde venue” comme du Millénium est la bénédiction de toutes les familles de la terre; également que seuls les saints de l’“âge de l’Évangile” ont part à la première résurrection, mais que de grandes multitudes pourront connaître le salut grâce à la résurrection qui s’ensuivra. E. Eaton affirmait, mais frère Russell le niait, que personne ne serait mis à l’épreuve après la mort; que tous ceux qui sont sauvés iront au ciel; et que les méchants irréformables subiront des souffrances éternelles. Une série de six débats portant sur ces sujets ont eu lieu en 1903, chacun devant une salle comble au Carnegie Hall d’Allegheny.
Que cachait cette provocation à débattre? Considérant la question d’un point de vue historique, Albert Vandenberg a écrit par la suite: “Les débats ont été dirigés par un ministre d’une autre confession protestante qui a fait office de président pendant chaque discussion. En outre, des ministres de différentes Églises des environs étaient assis sur l’estrade de l’orateur avec le révérend Eaton, prétendument pour lui apporter un soutien textuel et moral. (...) Qu’une alliance, même officieuse, d’ecclésiastiques protestants soit formée, cela indiquait qu’ils redoutaient que Russell ne convertisse des membres de leurs confessions.” — “Charles Taze Russell: Pittsburgh Prophet, 1879-1909” (Charles Taze Russell: prophète de Pittsburgh, 1879-1909), publié dans The Western Pennsylvania Historical Magazine, janvier 1986, p. 14.
Les débats ont été relativement peu nombreux. Ils n’ont pas donné les résultats escomptés par l’alliance des ecclésiastiques. Certains éléments de la propre congrégation du pasteur Eaton, impressionnés par ce qu’ils ont entendu pendant la série de débats de 1903, ont quitté son Église pour se joindre aux Étudiants de la Bible. Même un ecclésiastique qui était présent a reconnu que Charles Russell avait ‘arrosé l’enfer pour en éteindre les flammes’. Toutefois, frère Russell lui-même pensait qu’on servirait mieux la cause de la vérité en employant son temps et ses efforts à d’autres activités qu’à des débats.
Le clergé n’a pas arrêté ses attaques. Quand frère Russell a pris la parole à Dublin (Irlande) et à Otley (Yorkshire, Angleterre), les ecclésiastiques ont envoyé des hommes dans l’auditoire afin qu’ils crient des objections et de fausses accusations contre sa personne. Frère Russell a su se sortir intelligemment de ces situations, en appuyant systématiquement ses réponses sur la Bible.
Les ecclésiastiques protestants, toutes confessions confondues, étaient associés dans ce qui est appelé l’Alliance évangélique. Leurs représentants dans de nombreux pays se sont mobilisés contre Charles Russell et contre ceux qui diffusaient ses ouvrages. Au Texas (États-Unis), par exemple, les Étudiants de la Bible ont découvert que chaque ecclésiastique, même dans les plus petites villes et dans les régions rurales, possédait la même panoplie de fausses accusations contre Charles Russell et ses enseignements.
Néanmoins, les attaques du clergé contre frère Russell ont parfois eu des conséquences inattendues. Au Nouveau-Brunswick (Canada), alors qu’un prédicateur clamait en chaire un sermon désobligeant sur frère Russell, parmi les assistants se trouvait un homme qui avait lu des publications de ce dernier. Cet homme a été dégoûté d’entendre le prédicateur mentir délibérément. Vers le milieu du sermon, il s’est levé, a pris sa femme par la main et a appelé ses sept filles qui chantaient dans la chorale: “Venez, mes filles, nous rentrons.” Tous les neuf sont sortis sous le regard du ministre, qui voyait s’en aller l’homme qui avait payé la construction du temple et qui était le principal soutien financier de la congrégation. Celle-ci s’est rapidement désagrégée, et le prédicateur est parti.
Moqueries et calomnies
Dans leurs efforts acharnés visant à détruire l’influence de Charles Russell et de ses compagnons, les ecclésiastiques lui ont dénié le droit de se dire ministre chrétien. Pour des raisons semblables, les chefs religieux juifs du Ier siècle avaient traité les apôtres Pierre et Jean d’‘hommes non lettrés et de gens ordinaires’. — Actes 4:13.
Frère Russell n’était pas diplômé d’une école théologique de la chrétienté. Mais il a dit courageusement: “Nous mettons [les ecclésiastiques] au défi de prouver qu’ils ont été ordonnés par Dieu ou qu’ils se soucient un tant soit peu de l’être. Ils se soucient seulement d’être ordonnés ou mandatés, chacun par son Église ou par son groupe. (...) L’ordination divine, ou mandat, d’un homme pour prêcher se fait par le don du Saint-Esprit à cet homme. Quiconque a reçu le Saint-Esprit a reçu le pouvoir et le mandat d’enseigner et de prêcher au nom de Dieu. Quiconque n’a pas reçu le Saint-Esprit n’a de Dieu ni autorité ni mandat pour sa prédication.” — És. 61:1, 2.
En vue d’attaquer la réputation de frère Russell, certains membres du clergé ont prêché et publié d’ignobles mensonges à son sujet. Un de ceux qu’ils ont souvent employés (et qu’ils emploient encore) concerne sa situation conjugale. Ils ont cherché à donner l’impression qu’il était immoral. Quels sont les faits?
En 1879, Charles Russell a épousé Maria Frances Ackley. Leur union a été heureuse pendant 13 années, au bout desquelles leurs relations se sont dégradées, quand certains ont commencé à flatter Maria et à exciter son orgueil; mais lorsque les manœuvres de ces flatteurs ont été révélées au grand jour, elle a semblé retrouver son équilibre. D’ailleurs, comme un ancien collaborateur avait répandu des mensonges sur le compte de son mari, elle a demandé à ce dernier la permission de se rendre dans un certain nombre de congrégations; elle désirait répondre aux accusations, car on avait prétendu qu’il la maltraitait. Cependant, l’excellent accueil qu’elle a reçu au cours de ce voyage en 1894 a, semble-t-il, contribué à un changement graduel dans l’opinion qu’elle se faisait d’elle-même. Elle a voulu obtenir un plus grand pouvoir de décision sur ce qui paraîtrait dans La Tour de Gardea. Quand elle a compris que rien de ce qu’elle écrivait ne serait publié (dans la mesure où cela s’accordait avec les Écritures) sans l’accord de son mari, qui était le rédacteur en chef du périodique, elle a été grandement contrariée. Frère Russell s’est efforcé sincèrement de l’aider, mais en novembre 1897 elle l’a quitté. Toutefois, il lui a fourni un logement et des moyens de subsistance. Des années plus tard, ayant entamé des poursuites judiciaires en 1903, elle a obtenu en 1908 un jugement, non de divorce proprement dit, mais de séparation de corps avec pension alimentaire.
N’ayant pas réussi à forcer son mari à céder à ses exigences, après l’avoir quitté elle a mis beaucoup d’ardeur à salir sa réputation. En 1903, elle a publié un tract qui, au lieu de contenir des vérités bibliques, présentait frère Russell sous un jour honteusement déformé. Elle a tenté d’enrôler des ministres de diverses confessions pour distribuer ce tract aux endroits où les Étudiants de la Bible tenaient des réunions spéciales. Peu ont accepté d’être ses instruments à l’époque, ce qui est tout à leur honneur. Mais depuis, d’autres ecclésiastiques ont trahi un autre état d’esprit.
Auparavant, Maria Russell avait condamné, verbalement et par écrit, ceux qui accusaient frère Russell du genre d’inconduite qu’elle-même invoquait à présent. Reprenant certaines allégations sans fondement faites au cours du procès en 1906 (déclarations qui du reste ont été effacées des minutes sur l’injonction du tribunal), certains adversaires religieux de frère Russell ont publié des accusations destinées à le faire passer pour un homme immoral, donc indigne d’être ministre de Dieu. Toutefois, les minutes du procès établissent la fausseté de ces accusations. Le propre avocat de Mme Russell lui a demandé si elle pensait que son mari était coupable d’adultère. “Non”, a-t-elle répondu. En outre, quand, en 1897, un comité d’anciens de la congrégation avait écouté les accusations que Mme Russell portait contre son mari, elle n’avait rien mentionné de ce qu’elle a plus tard déclaré au tribunal pour persuader le jury d’autoriser le divorce, alors que les faits qu’elle a invoqués étaient censés s’être passés avant cette audition.
Neuf ans après le début du procès intenté par Mme Russell, le juge James Macfarlane a répondu par courrier à un homme qui demandait une copie des minutes de l’audience afin qu’un de ses collaborateurs confonde Charles Russell. Le juge lui a expliqué franchement que ce qu’il voulait entreprendre lui ferait perdre son temps et son argent. Il a écrit: “Le motif de sa demande et de la décision prise suite au verdict du jury a été des ‘offenses’, non l’adultère; et le témoignage, tel que je le comprends, ne montre pas que Russell ‘vivait dans l’adultère avec un codéfendeur’. En fait, il n’y avait pas de codéfendeur.”
Maria Russell l’a elle-même reconnu plus tard, lors des funérailles de frère Russell au Carnegie Hall de Pittsburgh en 1916. Voilée, elle a descendu l’allée jusqu’au cercueil et a déposé un bouquet de muguet. Un ruban y était attaché, qui portait cette inscription: “À mon époux bien-aimé.”
À l’évidence, les ecclésiastiques ont utilisé la même tactique que leurs homologues du Ier siècle. Ceux-ci avaient essayé de salir la réputation de Jésus en l’accusant de manger avec les pécheurs et d’être lui-même un pécheur et un blasphémateur (Mat. 9:11; Jean 9:16-24; 10:33-37). Ces accusations n’ont pas changé la vérité concernant Jésus; par contre, elles ont démasqué ceux qui recouraient à la calomnie (tout comme elles démasquent ceux qui emploient des moyens similaires de nos jours): elles ont révélé qu’ils ont pour père spirituel le Diable, dont le nom signifie “Calomniateur”. — Jean 8:44.
Ils profitent de la fièvre de la guerre pour atteindre leurs buts
La fièvre nationaliste qui a embrasé le monde pendant la Première Guerre mondiale a fourni une nouvelle arme contre les Étudiants de la Bible. Les chefs religieux protestants et catholiques pouvaient désormais donner libre cours à leur haine derrière une façade de patriotisme. Profitant de l’hystérie provoquée par la guerre, ils ont fait passer les Étudiants de la Bible pour des séditieux: l’accusation même que les chefs religieux de la Jérusalem du Ier siècle avaient portée contre Jésus Christ et l’apôtre Paul (Luc 23:2, 4; Actes 24:1, 5). Évidemment, pour former une telle accusation, les ecclésiastiques devaient, de leur côté, soutenir activement l’effort de guerre; la majorité d’entre eux n’en ont pas semblé troublés, même si cela signifiait envoyer de jeunes hommes tuer des membres de leur propre religion dans un autre pays.
En juillet 1917, après la mort de frère Russell, la Société Watch Tower a édité le livre Le mystère accompli, un commentaire de la Révélation, d’Ézéchiel et du Cantique des cantiques. Ce livre révélait au grand jour l’hypocrisie du clergé de la chrétienté! Il a eu une large diffusion en relativement peu de temps. À la fin de décembre 1917 et au début de 1918, les Étudiants de la Bible des États-Unis et du Canada ont également distribué 10 000 000 d’exemplaires d’un message cinglant dans le tract L’Étudiant de la Bible. Ce tract de quatre pages, du format d’un petit journal, s’intitulait “La chute de Babylone” et il contenait le sous-titre “Pourquoi la chrétienté doit souffrir à présent — L’issue finale”. Il assimilait la Babylone moderne, qui doit sous peu tomber, aux organisations catholiques et protestantes réunies. À l’appui de cette affirmation, il reprenait les paroles du livre Le mystère accompli concernant les prophéties qui révélaient le jugement de Dieu contre la “Babylone mystique”. À la dernière page, un dessin évocateur représentait un mur en train de s’effondrer. De grosses pierres portaient des inscriptions comme “Doctrine de la Trinité (‘3 × 1 = 1’)”, “Immortalité de l’âme”, “Théorie des tourments éternels”, “Protestantisme: credos, clergé, etc.”, “Catholicisme: papes, cardinaux, etc., etc.”, et toutes étaient en train de tomber.
Le clergé a été furieux d’être ainsi démasqué, tout comme le clergé juif lorsque Jésus avait dénoncé son hypocrisie (Mat. 23:1-39; 26:3, 4). Au Canada, il a réagi sans attendre. En janvier 1918, plus de 600 ecclésiastiques canadiens ont signé une pétition qui demandait au gouvernement d’interdire les publications de l’Association internationale des Étudiants de la Bible. Selon le Winnipeg Evening Tribune, après que Charles Paterson, pasteur de l’Église St. Stephen de Winnipeg, a condamné en chaire L’Étudiant de la Bible qui contenait l’article “La chute de Babylone”, le procureur général Johnson lui en a demandé un exemplaire. Peu après, le 12 février 1918, un décret du gouvernement canadien rendait passible d’amende et d’emprisonnement quiconque était en possession du livre Le mystère accompli ou du tract qui figure à la page suivante.
Le même mois, le 24 février, aux États-Unis, frère Rutherford, le président de la Société Watch Tower nouvellement élu, a pris la parole au Temple Auditorium de Los Angeles (Californie). Il abordait un sujet captivant: “Le monde a pris fin! Des millions de personnes actuellement vivantes peuvent ne jamais mourir!” Pour attester que le monde connu jusqu’alors avait vraiment pris fin en 1914, il a invoqué la guerre en cours, la famine qui l’accompagnait, et a dit qu’elles faisaient partie du signe prédit par Jésus (Mat. 24:3-8). Il a ensuite dirigé l’attention sur le clergé, en ces termes:
“En tant que classe, d’après les Écritures, les ecclésiastiques sont les hommes les plus répréhensibles de la terre dans la terrible guerre qui afflige actuellement l’humanité. Depuis 1 500 ans, ils enseignent aux gens la doctrine satanique selon laquelle les rois gouvernent de droit divin. Ils mêlent politique et religion, Église et État; ils se montrent infidèles à leur privilège conféré par Dieu de proclamer le message du royaume messianique, et vont jusqu’à encourager les dirigeants à croire que le roi règne de droit divin, et que par conséquent tout ce qu’il fait est bien.” L’orateur a précisé quelles en ont été les conséquences: “Les rois ambitieux d’Europe se sont armés pour la guerre, parce qu’ils désiraient faire main basse sur le territoire d’autres peuples; et le clergé les a congratulés en disant: ‘Allez-y, vous ne pouvez mal agir; tout ce que vous faites est très bien.’” Mais le clergé européen n’était pas le seul à agir ainsi, et les prédicateurs américains le savaient.
Un compte rendu détaillé de ce discours est paru le lendemain dans le Morning Tribune de Los Angeles. Le clergé était tellement en colère que l’association des ministres religieux a tenu une séance le jour même et a envoyé son président trouver les administrateurs du journal pour exprimer leur grand mécontentement. Après quoi a débuté une période où les bureaux de la Société Watch Tower ont été l’objet d’investigations incessantes de la part des membres du service des renseignements du gouvernement.
Durant cette période de ferveur nationaliste, les ecclésiastiques ont organisé une conférence à Philadelphie (États-Unis), au cours de laquelle ils ont adopté une résolution demandant la révision de la loi sur l’espionnage: ils voulaient que les supposés contrevenants soient traduits devant une cour martiale et passibles de mort. John Lord O’Brian, substitut spécial du procureur général pour les questions touchant à la guerre, a été choisi pour présenter le projet au Sénat. Le président des États-Unis s’est opposé au vote de cette loi. Mais dans le feu de la colère, James Bell, général de division de l’armée américaine, a révélé à Joseph Rutherford et à William Van Amburgh ce qui s’était passé à la conférence et qu’il était prévu de se servir de la proposition de loi en question contre les membres du bureau exécutif de la Société Watch Tower.
Les archives officielles du gouvernement américain montrent qu’au moins à partir du 21 février 1918 John Lord O’Brian s’est employé personnellement à instruire un procès contre les Étudiants de la Bible. Le compte rendu des débats du Congrès des 24 avril et 4 mai contient des mémorandums de cet homme dans lesquels il affirmait avec force que si la loi autorisait à dire “ce qui est vrai, avec de bons mobiles et à des fins justifiables”, comme le stipulait l’amendement dit “France” à la loi sur l’espionnage, qui avait été ratifié par le Sénat américain, il ne pouvait aboutir dans ses poursuites contre les Étudiants de la Bible.
À Worcester (Massachusetts), le “révérend” B. Wyland a également profité de la fièvre de la guerre pour prétendre que les Étudiants de la Bible faisaient de la propagande en faveur de l’ennemi. Il a publié dans le Daily Telegram un article dans lequel il déclarait: “Un des devoirs patriotiques qui incombent aux citoyens est la suppression de l’Association internationale des Étudiants de la Bible, dont le siège se trouve à Brooklyn. Sous le couvert de la religion, ils répandent la propagande allemande à Worcester en vendant leur livre ‘Le mystère accompli’.” Il disait carrément aux autorités qu’il était de leur devoir d’arrêter les Étudiants de la Bible et de les empêcher de continuer à se réunir.
Au cours du printemps et de l’été 1918, la persécution contre les Étudiants de la Bible s’est intensifiée, tant en Amérique du Nord qu’en Europe. Au nombre de ses instigateurs figuraient des ecclésiastiques baptistes, méthodistes, épiscopaux, luthériens, catholiques, et d’autres Églises. Les publications bibliques étaient confisquées par des fonctionnaires sans mandat de perquisition, et nombre d’Étudiants de la Bible ont été jetés en prison. D’autres ont été poursuivis par des foules, battus, fouettés, enduits de goudron et recouverts de plumes, ont eu des côtes cassées ou la tête entaillée. Quelques-uns ont été estropiés à vie. Des chrétiens et des chrétiennes ont été retenus en prison sans accusation ni procès. Plus de cent cas précis de ce genre de traitements scandaleux ont été mentionnés dans L’Âge d’Or du 29 septembre 1920 (en anglais).
Accusés d’espionnage
Le coup de grâce a été porté le 7 mai 1918: ce jour-là, des mandats d’arrêt fédéraux ont été émis aux États-Unis à l’encontre de Joseph Rutherford, le président de la Watch Tower Bible and Tract Society, et de ses plus proches collaborateurs.
La veille, à Brooklyn (New York), deux inculpations avaient été enregistrées contre frère Rutherford et ses collaborateurs. Si le premier procès n’avait pas donné les résultats escomptés, la deuxième inculpation aurait été intentée. La première inculpation, qui mettait en cause le plus grand nombre de personnes, comprenait quatre chefs d’accusation: selon deux d’entre eux, les frères complotaient de transgresser la loi sur l’espionnage du 15 juin 1917; et selon les deux autres, ils cherchaient à réaliser leurs projets illégaux ou les réalisaient effectivement. On les taxait de vouloir inciter à la désobéissance et au refus d’accomplir son service dans les forces armées américaines, et de vouloir entraver le recrutement et de dissuader autrui de s’engager alors que la nation était en guerre; on prétendait aussi qu’ils avaient soit tenté de commettre, soit commis ces deux actions. L’inculpation mentionnait en particulier la publication et la diffusion du livre Le mystère accompli. La deuxième inculpation interprétait l’envoi d’un chèque en Europe (qui devait servir à l’œuvre d’enseignement de la Bible en Allemagne) comme une atteinte aux intérêts des États-Unis. Quand les inculpés ont été traduits en justice, c’est la première inculpation, celle qui comprenait quatre chefs d’accusation, qui a été intentée.
Une autre inculpation contre Clayton Woodworth et Joseph Rutherford en rapport avec la loi sur l’espionnage était alors en attente à Scranton (Pennsylvanie). Mais, à en croire une lettre de John Lord O’Brian datée du 20 mai 1918, des membres du ministère de la Justice craignaient que le juge Witmer, juge au tribunal fédéral de première instance, qui traiterait l’affaire, ne soit pas d’accord avec l’invocation de la loi sur l’espionnage pour mettre un terme à l’activité d’hommes qui, en raison de convictions religieuses sincères, tenaient des propos que d’autres pouvaient interpréter comme de la propagande antimilitariste. Le ministère de la Justice a donc suspendu l’affaire de Scranton en attendant l’issue de celle de Brooklyn. Le gouvernement s’est également arrangé pour que le juge Harland Howe, du Vermont, que John Lord O’Brian savait être du même avis que lui sur de telles questions, siège au tribunal fédéral de première instance pour l’arrondissement est de New York. L’affaire est passée en jugement le 5 juin, avec Isaac Oeland et Charles Buchner, un catholique, comme demandeurs. Pendant le procès, ainsi que l’a fait remarquer frère Rutherford, des prêtres catholiques se sont fréquemment entretenus avec MM. Buchner et Oeland.
Au cours du jugement, on a montré que les membres du bureau exécutif de la Société et les compilateurs du livre n’avaient nullement l’intention d’entraver l’effort de guerre fourni par le pays. Des preuves ont été présentées attestant que le projet d’écrire le livre (en réalité, la rédaction de la plus grande partie du manuscrit) avait été lancé avant que les États-Unis ne déclarent la guerre (le 6 avril 1917), et que le premier contrat pour l’impression avait été signé avant que les États-Unis ne votent (le 15 juin) la loi que ces chrétiens étaient censés avoir transgressée.
L’accusation a monté en épingle les ajouts faits au livre en avril et en juin 1917, pendant l’élaboration du manuscrit original et la correction des épreuves. Ces ajouts comprenaient une citation de John Holmes, un ecclésiastique qui avait affirmé avec force que la guerre constituait une violation du christianisme. Comme l’a fait remarquer un des avocats de la défense, le sermon de l’ecclésiastique publié sous le titre A Statement to My People on the Eve of War (Déclaration à mon peuple à la veille de la guerre) était toujours en vente aux États-Unis au moment du procès. Ni cet ecclésiastique ni son éditeur n’étaient traduits en justice pour autant. Par contre, les Étudiants de la Bible qui citaient son sermon étaient tenus pour responsables de l’opinion qu’il exprimait.
Le livre ne disait pas aux hommes du monde qu’ils n’avaient pas le droit de s’engager dans la guerre. Par contre, il est vrai, pour expliquer les prophéties, il reprenait des extraits de La Tour de Garde de 1915 qui montraient l’inconséquence des ecclésiastiques: ceux-ci se prétendaient en effet ministres du Christ tout en servant d’agents recruteurs aux nations en guerre.
Dès qu’on avait appris que le gouvernement trouvait à redire à ce livre, frère Rutherford avait envoyé un télégramme à l’imprimeur pour qu’il arrête de le produire et, dans le même temps, un représentant de la Société avait été dépêché auprès des services de renseignements de l’armée américaine pour savoir ce qu’ils reprochaient à l’ouvrage. Quand on avait appris que les pages 247 à 253 du livre (en anglais; 288 à 293 en français) étaient jugées inacceptables du fait de la guerre en cours, la Société avait demandé qu’on retire ces pages de tous les livres avant de les proposer au public. Et quand le gouvernement avait signifié aux avocats du tribunal fédéral de première instance que ce serait transgresser la loi sur l’espionnage que de continuer à le diffuser (bien qu’il ait refusé de dire à la Société ce qu’il pensait du livre modifié), la Société avait donné pour instruction d’en arrêter la distribution au public.
Pourquoi une peine aussi sévère?
Malgré tous ces faits, le 20 juin 1918 le jury a rendu un verdict jugeant chacun des inculpés coupable des quatre chefs d’accusation. Le lendemain, septb d’entre eux ont été condamnés à quatre peines de 20 ans chacune, avec cumul des peines. Le 10 juillet, le huitièmec a été condamné à quatre peines de 10 ans, avec cumul des peines. Quel était le degré de sévérité de ces condamnations? Dans une note qu’il a adressée au procureur général le 12 mars 1919, le président des États-Unis Woodrow Wilson a reconnu que ‘les peines d’emprisonnement étaient manifestement excessives’. À titre d’exemple, l’homme qui, à Sarajevo, avait assassiné le prince-héritier de l’Empire austro-hongrois (et cet assassinat avait déclenché les événements qui ont plongé les nations dans la Première Guerre mondiale) n’avait pas reçu une sentence aussi sévère. Il avait été condamné à 20 ans de prison, et non à quatre peines de 20 ans, comme les Étudiants de la Bible!
Qu’est-ce qui a poussé le tribunal à infliger des peines de prison aussi lourdes aux Étudiants de la Bible? Le juge Harland Howe a déclaré: “De l’avis de la Cour, la propagande religieuse que ces inculpés ont vigoureusement défendue et répandue dans toute la nation ainsi que chez nos alliés est plus dangereuse qu’une division de l’armée allemande. (...) Quelqu’un qui prêche la religion exerce généralement beaucoup d’influence, et s’il est sincère il est encore plus efficace. Cela aggrave le mal qu’ils ont fait plutôt que de l’atténuer. Par conséquent, puisqu’il s’agit de l’unique mesure sage à prendre avec de telles personnes, la Cour est arrivée à la conclusion que la peine doit être sévère.” Toutefois, on notera également qu’avant de prononcer la sentence le juge Howe a dit que les déclarations des avocats des inculpés avaient mis en cause et troublé non seulement les hommes de loi du gouvernement, mais “tous les ministres religieux du pays”.
On a immédiatement interjeté appel auprès de la cour d’appel itinérante. Mais la demande de maintien en liberté sous caution en attendant l’instruction de cet appel a été arbitrairement rejetée par le juge Howed, si bien que le 4 juillet, avant qu’un troisième et dernier appel pour leur mise en liberté sous caution n’ait pu être entendu, les sept premiers frères ont été transférés en hâte à la prison fédérale d’Atlanta (Géorgie). Par la suite, on a démontré que ce procès, entaché de nombreux préjugés, contenait 130 vices de forme. Il a fallu des mois de travail pour réunir les documents nécessaires à un jugement en appel. Dans l’intervalle, la guerre s’est terminée. Le 19 février 1919, les huit frères emprisonnés ont envoyé une demande d’amnistie à Woodrow Wilson, le président des États-Unis. D’autres lettres demandant la libération des frères ont été envoyées par de nombreux citoyens au nouveau procureur général. Puis, le 1er mars 1919, en réponse à une requête du procureur général, le juge Howe a recommandé la “commutation immédiate” des peines. Certes, cette mesure aurait réduit la durée des peines, mais elle aurait aussi confirmé la culpabilité des inculpés. Avant que les peines ne soient commuées, les avocats des frères ont déposé une injonction de tribunal auprès du procureur fédéral américain qui portait l’affaire devant la cour d’appel.
Neuf mois après la condamnation de Joseph Rutherford et de ses collaborateurs (et la guerre terminée), le 21 mars 1919, la cour d’appel a ordonné la mise en liberté sous caution des huit inculpés, et le 26 mars ils étaient libérés à Brooklyn contre une caution de 10 000 dollars chacun. Le 14 mai 1919, la cour d’appel itinérante de New York a rendu son jugement: “Dans cette affaire, les inculpés n’ont pas eu le jugement tempéré et impartial auquel ils avaient droit, et pour cette raison le verdict est réformé.” L’affaire devait repasser en jugemente. Cependant, le 5 mai 1920, après que les inculpés eurent comparu sur ordre du tribunal, le procureur du gouvernement a annoncé, par cinq fois, en audience publique à Brooklyn l’annulation des poursuites. Pour quelle raison? D’après la correspondance conservée dans les archives nationales américaines, le ministère de la Justice craignait de perdre le procès si, l’hystérie de la guerre évanouie, l’affaire était portée devant un jury impartial. Le procureur L. Ross a écrit dans une lettre au procureur général: “Il vaudrait mieux, à mon avis, pour nos relations avec le public, prendre l’initiative” d’annoncer la cessation des poursuites.
Le même jour, le 5 mai 1920, l’autre inculpation qui avait été enregistrée en mai 1918 contre Joseph Rutherford et quatre de ses collaborateurs a également été annulée.
Qui étaient les véritables instigateurs de ces attaques?
Les ecclésiastiques étaient-ils les véritables instigateurs de toutes ces attaques? John Lord O’Brian l’a nié. Mais les faits étaient bien connus des gens de l’époque. Le 22 mars 1919, Appeal to Reason (Appel à la raison), un journal publié à Girard (Kansas), a rédigé cette protestation: “Les disciples du pasteur Russell, poursuivis par la méchanceté du clergé ‘conservateur’, ont été condamnés et jetés en prison, et on a refusé de les libérer sous caution, alors qu’ils ont fourni tous les efforts possibles pour se plier aux dispositions prévues par la loi sur l’espionnage. (...) Nous déclarons que, peu importe si la loi sur l’espionnage était ou non techniquement constitutionnelle ou justifiable sur le plan éthique, ces disciples du pasteur Russell ont été condamnés à tort sous prétexte de ses dispositions. Un examen objectif des faits convaincra rapidement quiconque que non seulement ces hommes n’avaient aucune intention de transgresser la loi, mais encore qu’ils ne l’ont pas transgressée.”
Des années plus tard, dans le livre Preachers Present Arms (Les prédicateurs présentent les armes), Ray Abrams a fait cette remarque: “Il est significatif que tant d’ecclésiastiques aient cherché avec agressivité à se débarrasser des Russellistes [c’est ainsi que les Étudiants de la Bible étaient dénommés par dérision]. Des querelles et des haines religieuses anciennes, qui ne recevaient aucune attention dans les procès en temps de paix, ont alors imprégné le tribunal sous l’effet de l’hystérie de la guerre.” Il a déclaré aussi: “Quand on analyse toute l’affaire, on arrive à la conclusion que les Églises et le clergé étaient les instigateurs du mouvement visant la liquidation des Russellistes.” — Pp. 183-185.
Néanmoins, la fin de la guerre n’a pas mis un terme à la persécution des Étudiants de la Bible. Elle n’a fait qu’inaugurer un nouvel épisode de celle-ci.
Des prêtres font pression sur la police
La guerre terminée, le clergé a monté d’autres questions en épingle dans le but d’arrêter, si possible, l’activité des Étudiants de la Bible. En Bavière, région catholique, et dans d’autres régions d’Allemagne, les arrestations se sont multipliées dans les années 20 sous le couvert des lois régissant le colportage. Mais quand les affaires étaient portées devant les cours d’appel, les juges rendaient généralement des verdicts favorables aux Étudiants de la Bible. Finalement, les tribunaux ayant été submergés par des milliers d’affaires semblables, le ministère de l’Intérieur a adressé en 1930 une circulaire à tous les fonctionnaires de police leur enjoignant de cesser d’engager des poursuites contre les Étudiants de la Bible en invoquant les lois sur le colportage. Pendant une courte période, les pressions de cette origine se sont donc calmées, et les Témoins de Jéhovah ont poursuivi leur activité à une échelle extraordinaire en Allemagne.
À l’époque, le clergé exerçait également une puissante influence en Roumanie. Il a obtenu la publication de décrets qui interdisaient les publications et l’activité des Témoins de Jéhovah. Mais les prêtres craignaient que les gens ne continuent de lire les publications déjà en leur possession et ne découvrent ainsi les enseignements non bibliques et les affirmations mensongères de l’Église. Pour les en empêcher, ils sont allés de maison en maison en compagnie des gendarmes à la recherche de tout ouvrage remis par les Témoins de Jéhovah. Ils allaient jusqu’à demander aux jeunes enfants sans méfiance si leurs parents avaient accepté de telles publications. Quand ils en trouvaient, ils menaçaient les gens, leur disant qu’ils seraient roués de coups et emprisonnés si jamais ils en acceptaient de nouveau. Dans certains villages, le prêtre était également maire et juge de paix; ceux qui n’obtempéraient pas n’avaient alors pas grande justice à espérer.
Certains fonctionnaires américains n’ont pas mieux agi durant ces années-là, dans leur désir d’exécuter la volonté du clergé. Par exemple, après la visite de l’évêque catholique O’Hara à La Grange (Géorgie) en 1936, le maire et l’avocat de la municipalité ont fait arrêter des dizaines de Témoins de Jéhovah. Pendant leur incarcération, on les a fait dormir à côté d’un tas de fumier sur des matelas souillés d’urine de vache, on leur a donné de la nourriture qui grouillait de vers et on les a obligés à travailler dans des équipes de prisonniers qui construisaient des routes.
En Pologne également, le clergé catholique a recouru à tous les moyens imaginables pour entraver l’œuvre des Témoins de Jéhovah. Les ecclésiastiques ont incité les gens à la violence, ont brûlé en public les publications des Témoins, les ont accusés d’être communistes et les ont traînés en justice sous prétexte que leurs écrits étaient “sacrilèges”. Toutefois, tous les fonctionnaires n’ont pas accepté de faire leurs quatre volontés. Pour sa part, le procureur de la cour d’appel de Poznań a refusé de poursuivre un Témoin de Jéhovah que les ecclésiastiques avaient accusé d’avoir taxé le clergé catholique d’“organisation de Satan”. Le procureur a lui-même déclaré que l’immoralité qui s’est répandue dans la chrétienté depuis la cour du pape Alexandre VI (1492-1503) trahissait effectivement l’esprit d’une organisation satanique. Et quand le clergé a accusé un Témoin de Jéhovah de blasphème contre Dieu parce qu’il diffusait des publications de la Société Watch Tower, le procureur de la cour d’appel de Toruń a demandé son acquittement, en disant: ‘Les Témoins de Jéhovah adoptent exactement la même position que les premiers chrétiens. Calomniés et persécutés, ils soutiennent les idéaux les plus élevés qui soient dans une société mondiale corrompue et décadente.’
Les archives du gouvernement canadien révèlent que si les Témoins de Jéhovah ont été interdits au Canada en 1940, c’est à la suite d’une lettre émanant du palais archiépiscopal du cardinal Villeneuve, de Québec, et adressée au ministre de la Justice, Ernest Lapointe. D’autres fonctionnaires ont par la suite demandé une explication détaillée des raisons de cette mesure, mais les réponses de M. Lapointe n’ont pas du tout satisfait bien des membres du Parlement canadien.
De l’autre côté du globe, le clergé ourdissait des intrigues analogues. Les archives du gouvernement australien renferment une lettre envoyée par l’archevêque catholique de Sydney au procureur général W. Hughes dans laquelle il réclamait l’interdiction des Témoins de Jéhovah. Cette lettre a été rédigée le 20 août 1940, tout juste cinq mois avant qu’une interdiction ne soit décrétée. Par la suite, après avoir examiné le motif allégué, le juge Williams, membre de la Haute Cour d’Australie, a dit que ce motif avait pour “effet de rendre illégale la défense des principes et des doctrines de la religion chrétienne et de faire de tout service religieux célébré par des croyants en la naissance du Christ une assemblée illégale”. Le 14 juin 1943, la cour a décrété que l’interdiction n’était pas conforme à la loi australienne.
En Suisse, un journal catholique a sommé les autorités de confisquer les publications des Témoins que l’Église jugeait offensantes. Les ecclésiastiques ont menacé de passer aux actes si on n’accédait pas à leur requête. Et dans de nombreux endroits du monde, c’est précisément ce qu’ils ont fait.
Les chefs religieux recourent à la violence
En France, le clergé catholique pensait toujours exercer une emprise considérable sur les gens, et il était déterminé à ne partager son monopole avec personne. En 1924 et 1925, les Étudiants de la Bible de nombreux pays distribuaient le tract intitulé Acte d’accusation contre le clergé. En 1925, il était prévu que Joseph Rutherford prenne la parole à Paris sur le thème “Le clergé démasqué”. Un témoin oculaire a rapporté à propos du déroulement de la réunion: “La salle était comble. Frère Rutherford est apparu sur l’estrade, et il y a eu de chaleureux applaudissements. Il commençait à peine à parler qu’une cinquantaine de prêtres et de membres de l’Action catholique, armés de bâtons, se sont rués dans la salle en chantant La Marseillaise. Ils ont jeté des tracts du haut des escaliers. Un prêtre est monté sur l’estrade. Deux jeunes hommes l’en ont fait descendre. À trois reprises, frère Rutherford a quitté l’estrade et est revenu. Finalement, il est parti pour de bon. (...) Les tables sur lesquelles étaient exposées nos publications ont été retournées et les livres dispersés tout alentour. La plus grande confusion régnait!” Mais ce n’était pas là un incident isolé.
En Irlande, Jack Corr a fréquemment subi les foudres du clergé catholique quand il prêchait. Un jour, une foule poussée par le prêtre de la paroisse l’a sorti de son lit à minuit puis a brûlé toutes ses publications dans le jardin public. À Roscrea, dans le comté de Tipperary, Victor Gurd et Jim Corby se sont rendu compte, en arrivant à leur domicile, que des opposants avaient volé leurs publications et y avaient mis le feu après les avoir arrosées d’essence. La police locale, le clergé et des enfants du quartier assistaient à l’autodafé en chantant “Foi de nos pères”.
Avant que les Témoins de Jéhovah ne se réunissent au Madison Square Garden à New York en 1939, des disciples du prêtre catholique Charles Coughlin les ont menacés d’interrompre l’assemblée. La police en a été avertie. Le 25 juin, frère Rutherford a présenté le discours “Gouvernement et paix” devant une assistance d’au moins 18 000 personnes, ainsi que, par radio, à un vaste auditoire international. Peu après le début du discours, au moins 200 catholiques et nazis, conduits par plusieurs prêtres, ont envahi le balcon. À un signal convenu, ils se sont mis à hurler, scandant “Heil Hitler!” et “Viva Franco!” Ils ont employé toutes sortes de paroles ordurières et de menaces, et s’en sont pris à nombre de membres du service d’ordre qui essayaient de rétablir le calme. Les agitateurs n’ont pas réussi à interrompre la réunion. Frère Rutherford a continué de parler avec force et sans crainte. Au plus fort du tumulte, il a déclaré: “Les nazis et les catholiques aimeraient aujourd’hui interrompre cette réunion, mais grâce à Dieu, ils ne le pourront pas.” L’auditoire l’a soutenu par des applaudissements vigoureux et répétés. La perturbation a évidemment figuré dans l’enregistrement fait à cette occasion, et des gens de nombreux endroits de la terre l’ont entendue.
Où il le pouvait, toutefois, comme aux jours de l’Inquisition, le clergé catholique s’est servi de l’État pour supprimer ceux qui osaient mettre en question les enseignements et les pratiques de l’Église.
Traitements brutaux dans les camps de concentration
Le clergé a eu en Adolf Hitler un allié complaisant. En 1933, l’année même où un concordat a été signé entre le Vatican et l’Allemagne nazie, Hitler a lancé une campagne visant à exterminer les Témoins de Jéhovah du pays. En 1935, ils étaient proscrits dans toute la nation. Mais qui étaient les instigateurs de cette répression?
Un prêtre catholique a écrit dans Der Deutsche Weg (un journal allemand publié à Lodz, en Pologne) du 29 mai 1938: “Il y a maintenant un pays où la secte des prétendus Étudiants de la Bible [Témoins de Jéhovah] est proscrite. C’est l’Allemagne! (...) Lorsqu’Adolf Hitler eut pris le pouvoir et que l’épiscopat allemand lui eut formulé la même demande, le Führer répondit: ‘Ces Étudiants de la Bible [Témoins de Jéhovah] sont des fauteurs de troubles. (...) Je les tiens pour des charlatans et ne tolérerai pas que les catholiques allemands soient salis par ce juge américain Rutherford; je dissous [les Témoins de Jéhovah] en Allemagne.’” — C’est nous qui soulignons.
L’épiscopat allemand était-il le seul à désirer une telle intervention? Comme l’a rapporté l’Oschatzer Gemeinnützige du 21 avril 1933, le ministre luthérien Otto a parlé dans un discours radiodiffusé le 20 avril de “la coopération la plus étroite” entre l’Église luthérienne allemande de Saxe et les chefs politiques de la nation. Il a ajouté: “L’interdiction frappant aujourd’hui l’Association internationale des Étudiants sincères de la Bible [les Témoins de Jéhovah] et ses annexes en Saxe peut déjà être considérée comme une première manifestation de cette coopération.”
Après quoi l’État nazi a déclenché l’une des persécutions de chrétiens les plus barbares des annales de l’Histoire. Des milliers de Témoins de Jéhovah (d’Allemagne, d’Autriche, de Pologne, de Tchécoslovaquie, des Pays-Bas, de France et d’autres pays) ont été envoyés dans les camps de concentration. Là, ils ont été soumis aux traitements les plus cruels et les plus sadiques qu’il se puisse imaginer. Il n’était pas rare qu’on les maudisse et qu’on leur donne des coups de pied, puis qu’on les oblige à s’accroupir, à sauter et à ramper pendant des heures, jusqu’à ce qu’ils s’évanouissent ou s’effondrent d’épuisement, sous les rires goguenards des gardiens. On a forcé certains à rester debout, dans la cour, nus ou peu vêtus, en plein hiver. Beaucoup ont été fouettés jusqu’à l’inconscience, jusqu’à avoir le dos en sang. D’autres ont servi de cobayes dans le cadre d’expériences médicales. Certains, les bras attachés dans le dos, ont été pendus par les poignets. Ils étaient affaiblis par la faim, ils étaient mal vêtus malgré le froid; pourtant, on les forçait à effectuer des travaux pénibles, à travailler des heures durant, souvent avec leurs mains alors qu’il leur aurait fallu des pelles et d’autres outils. Les femmes comme les hommes subissaient ces mauvais traitements. Les plus jeunes étaient adolescents; les plus âgés avaient plus de 70 ans. Leurs persécuteurs défiaient Jéhovah haut et fort.
Voulant intimider les Témoins, le commandant du camp de Sachsenhausen a ordonné l’exécution d’August Dickmann, un jeune Témoin, en présence de tous les prisonniers, les Témoins de Jéhovah étant aux premiers rangs, là où l’exécution les marquerait le plus. Après l’exécution, les prisonniers ont été renvoyés dans leurs quartiers, sauf les Témoins. Avec beaucoup d’insistance, le commandant leur a demandé: ‘Qui est prêt maintenant à signer la déclaration?’ — une déclaration par laquelle un Témoin aurait renoncé à sa foi et aurait montré qu’il était disposé à devenir soldat. Aucun des plus de 400 Témoins n’a répondu. Puis deux d’entre eux se sont avancés! Mais pas pour signer: pour demander l’annulation de la signature qu’ils avaient donnée environ un an auparavant.
Dans le camp de Buchenwald, des pressions analogues ont été exercées sur les Témoins. L’officier nazi Rödl leur a dit: “Si l’un de vous refuse de se battre contre la France ou l’Angleterre, vous mourrez tous!” Deux compagnies de SS en armes se tenaient près de la grande porte. Pas un seul Témoin n’a cédé. On leur a infligé de cruels traitements, mais la menace de l’officier n’a pas été exécutée. Il est devenu notoire que si les Témoins, dans les camps, accomplissaient presque n’importe quelle tâche qu’on leur confiait, par contre ils refusaient fermement de faire quoi que ce soit pour soutenir la guerre ou pour nuire à un autre prisonnier, et ce malgré les privations de nourriture et le travail supplémentaire qu’on leur imposait systématiquement en représailles.
Les épreuves qu’ils ont traversées sont presque indescriptibles. Des centaines d’entre eux sont morts. Quand les survivants ont été libérés des camps à la fin de la guerre, un Témoin des Flandres a écrit: “Seuls le désir irrépressible de vivre, l’espérance et la confiance en Lui, Jéhovah, qui est tout-puissant, et l’amour de la Théocratie, ont permis d’endurer tout cela et de remporter la victoire. — Romains 8:37.”
Des enfants ont été arrachés à leurs parents. Des conjoints ont été séparés, dont certains n’ont plus jamais eu de nouvelles l’un de l’autre. Peu après son mariage, Martin Poetzinger a été arrêté et envoyé dans le camp tristement célèbre de Dachau, puis à Mauthausen. Gertrud, sa femme, a été incarcérée à Ravensbrück. Ils ne se sont pas vus pendant neuf ans. Se rappelant sa vie à Mauthausen, frère Poetzinger a écrit par la suite: “La Gestapo mettait tout en œuvre pour nous faire renier notre foi en Jéhovah. Régime de famine, amitiés trompeuses, brutalités, obligation de rester debout dans un encadrement pendant des journées entières ou suspendus par les poignets, les bras attachés dans le dos, à un poteau de trois mètres de haut, coups de fouet; tous ces mauvais traitements, et bien d’autres, trop dégradants pour être mentionnés, nous ont été infligés.” Il est malgré tout demeuré fidèle à Jéhovah. Il était au nombre des survivants, et a été plus tard membre du Collège central des Témoins de Jéhovah.
Emprisonnés en raison de leur foi
Les Témoins de Jéhovah ne se trouvaient pas dans les camps de concentration parce qu’ils étaient des criminels. Quand les officiers voulaient se faire raser, ils confiaient le rasoir à un Témoin, car ils savaient qu’aucun d’eux ne se servirait de cet instrument comme d’une arme pour nuire à un autre humain. Quand les officiers SS du camp d’extermination d’Auschwitz avaient besoin de quelqu’un pour entretenir leur maison ou s’occuper de leurs enfants, ils choisissaient des Témoins, car ils savaient que ceux-ci n’essaieraient pas de les empoisonner ni de s’échapper. Lorsque le camp de Sachsenhausen a été évacué à la fin de la guerre, les gardes ont mis un chariot dans lequel ils transportaient leur butin au milieu d’une colonne de Témoins. Pour quelle raison? Parce qu’ils savaient que les Témoins ne les voleraient pas.
C’est en raison de leur foi que les Témoins de Jéhovah ont été emprisonnés. Souvent on leur a promis de les relâcher des camps s’ils signaient simplement une déclaration par laquelle ils renonceraient à leurs croyances. Les SS ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour les inciter ou les forcer à signer cette déclaration. Rien ne leur tenait plus à cœur.
À quelques exceptions près, les Témoins ont prouvé que leur intégrité était inébranlable. Mais ils ont fait plus que souffrir à cause de leur fidélité à Jéhovah et de leur attachement au nom du Christ. Ils ont fait plus qu’endurer les tortures dignes de l’Inquisition qu’on leur infligeait. Ils ont gardé de puissants liens qui les unissaient sur le plan spirituel.
Ils ne cherchaient pas leur survie individuelle à tout prix. Ils se sont manifesté les uns envers les autres un amour désintéressé. Quand l’un d’eux s’affaiblissait, les autres partageaient leur maigre ration de nourriture avec lui. Privés de tous soins médicaux, ils s’occupaient les uns des autres avec amour.
Malgré tous les efforts déployés par leurs persécuteurs pour les en empêcher, les Témoins obtenaient de quoi étudier la Bible: des pensées que leur communiquaient les nouveaux prisonniers, des écrits cachés dans les colis qu’ils recevaient, voire dans la jambe de bois d’un nouvel arrivant, ou qui leur parvenaient par d’autres moyens, quand ils travaillaient à l’extérieur des camps. Des copies circulaient parmi eux; quelquefois, ils les dupliquaient subrepticement sur des machines dans les bureaux mêmes des officiers du camp. En dépit du grave danger que cela leur faisait courir, ils tenaient des réunions chrétiennes même dans les camps.
Les Témoins ont continué d’annoncer que le Royaume de Dieu est le seul espoir de l’humanité, et ils l’ont fait jusque dans les camps de concentration. À Buchenwald, grâce à l’activité organisée, des milliers de prisonniers ont entendu la bonne nouvelle. Dans le camp de Neuengamme, près de Hambourg, une campagne de témoignage intensif a été soigneusement préparée et effectuée au début de 1943. Des cartes de témoignage ont été rédigées dans les diverses langues parlées dans le camp. Les Témoins se sont efforcés de toucher chaque prisonnier. Ils ont pris des dispositions pour étudier régulièrement la Bible avec les personnes qui s’y intéressaient. Les Témoins prêchaient avec tant de zèle que des prisonniers politiques se sont plaints en ces termes: “Où qu’on aille, on n’entend parler que de Jéhovah!” Quand de Berlin est arrivé l’ordre de disperser les Témoins parmi les autres prisonniers dans le but de les affaiblir, cela leur a en réalité offert la possibilité de donner le témoignage à davantage de personnes.
À propos des plus de 500 sœurs fidèles de Ravensbrück, une nièce du général de Gaulle a écrit ce qui suit après sa libération: “J’ai pour elles une véritable admiration. Elles appartenaient à différentes nationalités: allemande, polonaise, russe ou tchèque et ont subi pour leurs croyances de très grandes souffrances. (...) Toutes faisaient preuve d’un très grand courage et finissaient par en imposer aux SS eux-mêmes. Elles auraient pu être libres sur-le-champ si elles avaient renoncé à leur foi. Au contraire, elles ne cessaient de résister, réussissant même à introduire dans le camp des livres et des tracts.”
À l’exemple de Jésus Christ, elles ont vaincu le monde qui cherchait à les couler dans son moule satanique (Jean 16:33). Christine King, dans le livre New Religious Movements: A Perspective for Understanding Society (Nouveaux mouvements religieux: pour une compréhension de la société), dit à leur sujet: “Les Témoins de Jéhovah lançaient un défi au concept totalitaire de cette nouvelle société, et ce défi, qui s’affirmait de jour en jour, dérangeait manifestement les architectes de l’ordre nouveau. (...) La persécution, la torture, l’emprisonnement et la moquerie, méthodes qui avaient pourtant fait leurs preuves, ne parvenaient pas à convertir un seul Témoin aux vues des nazis; au contraire, elles se retournaient contre leurs instigateurs. (...) Entre les deux parties adverses, chacune se réclamant de la fidélité à ses idées, la lutte était d’autant plus acharnée que les nazis, quoique disposant de la force physique, se trouvaient être à de nombreux égards moins sûrs d’eux, moins enracinés dans la fermeté de leur conviction, et moins certains que leur Reich durerait 1 000 ans. Les Témoins, quant à eux, ne doutaient pas de leurs origines, car leur foi était manifeste depuis l’époque d’Abel. Alors que les nazis devaient réprimer l’opposition et convaincre leurs partisans, empruntant fréquemment à la chrétienté sectaire son langage et son imagerie, les Témoins étaient assurés de la fidélité totale et inflexible de leurs membres, et ce jusqu’à la mort.” — Publié en 1982.
À la fin de la guerre, plus d’un millier de Témoins qui avaient survécu sont sortis des camps, avec une foi intacte et un profond amour les uns pour les autres. À l’approche de l’armée russe, les gardes ont vite évacué Sachsenhausen. Ils ont regroupé les prisonniers par nationalité. Mais les Témoins de Jéhovah sont restés ensemble (ils étaient 230 dans ce camp). Les Russes les talonnant, les gardes sont devenus nerveux. Il n’y avait pas de nourriture, les prisonniers étaient faibles; mais quiconque traînait ou tombait de fatigue était abattu. Des milliers de prisonniers ont ainsi été abandonnés le long du chemin. Les Témoins, quant à eux, se sont entraidés, si bien que même le plus faible d’entre eux n’est pas resté sur la route. Pourtant, certains avaient entre 65 et 72 ans. D’autres prisonniers ont essayé de voler de la nourriture sur le trajet, ce qui a valu à beaucoup d’être abattus. Par contre, les Témoins de Jéhovah profitaient de l’évacuation pour parler aux gens qu’ils rencontraient des desseins pleins d’amour de Jéhovah, et quelques-uns, par gratitude pour ce message réconfortant, leur ont donné de la nourriture pour eux et pour leurs frères chrétiens.
Le clergé continue la lutte
Après la Seconde Guerre mondiale, dans la partie orientale de ce qui était la Tchécoslovaquie, le clergé a continué de susciter la persécution des Témoins de Jéhovah. Sous la domination nazie, les ecclésiastiques avaient accusé les Témoins d’être communistes; à présent, ils prétendaient qu’ils étaient contre le gouvernement communiste. Parfois, quand des Témoins de Jéhovah prêchaient de maison en maison, les prêtres persuadaient des instituteurs de laisser des enfants par centaines sortir de l’école pour leur jeter des pierres.
Pareillement, des prêtres catholiques se sont opposés aux Témoins à Santa Ana (Salvador) en 1947. Pendant l’étude hebdomadaire de La Tour de Garde, de jeunes garçons ont jeté des pierres par la porte ouverte. Puis est arrivée la procession conduite par les prêtres. Certains tenaient des cierges; d’autres des images. Ils criaient: “Longue vie à la Vierge!”, “À mort Jéhovah!” Pendant environ deux heures, le bâtiment a été criblé de pierres.
Au milieu des années 40, les Témoins de Jéhovah du Québec (Canada) ont été victimes de traitements innommables, tant de la part de foules de catholiques que de fonctionnaires. Des délégations de l’évêché se rendaient jour après jour à la police pour demander d’être débarrassées des Témoins. Il était fréquent, avant une arrestation, de voir la police sortir par la porte de derrière l’église. En 1949, des missionnaires Témoins de Jéhovah ont été chassés de Joliette (Québec) par des émeutiers catholiques.
Mais tous les habitants du Québec n’approuvaient pas ces agissements. Aujourd’hui, une belle Salle du Royaume des Témoins de Jéhovah s’élève dans l’une des rues principales de Joliette. L’ancien séminaire a été fermé, acheté par l’État et transformé en école. Et à Montréal, les Témoins de Jéhovah ont tenu de grandes assemblées internationales, dont l’assistance a atteint jusqu’à 80 008 personnes en 1978.
Toutefois, l’Église catholique a essayé par tous les moyens de conserver son emprise sur les gens. En Italie, en faisant pression sur les fonctionnaires, elle a réussi à faire expulser les missionnaires Témoins en 1949 et, aussi souvent que possible, à faire annuler les autorisations que les Témoins obtenaient pour tenir des assemblées dans les années 50. Malgré cela, le nombre des Témoins de Jéhovah a continué d’augmenter, au point qu’en 1992 ce pays comptait plus de 190 000 évangélisateurs.
En Espagne, comme à l’époque de l’Inquisition, le clergé se chargeait des dénonciations, puis laissait la sale besogne à l’État. À Barcelone, par exemple, où l’archevêque est parti en croisade contre les Témoins en 1954, le clergé a conseillé aux gens, en chaire, dans les écoles et à la radio, d’inviter les Témoins à entrer quand ils leur rendaient visite et d’appeler immédiatement la police.
Les prêtres craignaient que les Espagnols n’apprennent ce que contenait la Bible et n’en parlent à d’autres. Quand Manuel Mula Giménez a été emprisonné en 1960 à Grenade pour avoir commis le “crime” d’enseigner la Bible, l’aumônier de la prison (un prêtre) a fait disparaître de la bibliothèque la seule Bible qui s’y trouvait. Et lorsqu’un autre prisonnier a prêté à Manuel un exemplaire des Évangiles, on le lui a confisqué. Néanmoins, la Bible a aujourd’hui touché le peuple espagnol, qui a eu l’occasion de voir par lui-même ce qu’elle dit, et en 1992 plus de 90 000 personnes adoraient Jéhovah en qualité de ses Témoins.
En République dominicaine, le clergé a collaboré avec le dictateur Trujillo: les ecclésiastiques se sont servis de lui pour aboutir à leurs fins, de même qu’il s’est servi d’eux. En 1950, des articles de journaux écrits par des prêtres ont incriminé les Témoins de Jéhovah; le surveillant de la filiale de la Société Watch Tower a aussitôt été convoqué par le secrétaire d’État à l’Intérieur et à la Police. Alors qu’il attendait devant le bureau, il a vu deux prêtres jésuites entrer puis sortir. Immédiatement après, il a été introduit dans le bureau du secrétaire d’État et celui-ci a lu nerveusement un décret qui prohibait l’activité des Témoins de Jéhovah. En 1956, après que l’interdiction a été levée pour un peu de temps, le clergé a de nouveau calomnié les Témoins, à la radio et dans la presse. Des congrégations entières ont été arrêtées; on a ordonné à leurs membres de signer une déclaration par laquelle ils renonçaient à leur foi et promettaient de revenir à l’Église catholique. Comme les Témoins ont refusé, on les a battus, on leur a donné des coups de pied, on les a fouettés, et on les a frappés au visage avec des crosses de fusil. Ils sont toutefois restés fermes, et leur nombre a augmenté.
À Sucre (Bolivie), l’opposition a été plus violente encore. Lors d’une assemblée des Témoins de Jéhovah en 1955, une bande de jeunes garçons de l’École catholique du Sacré-Cœur ont encerclé le lieu où elle se tenait et ils se sont mis à crier et à jeter des pierres. Depuis l’église, de l’autre côté de la rue, un puissant haut-parleur poussait tous les catholiques à défendre l’Église et la “Vierge” contre les “hérétiques protestants”. L’évêque et les prêtres ont personnellement tenté d’interrompre le rassemblement, mais la police leur a ordonné de quitter la salle.
L’année précédente, alors que les Témoins de Jéhovah tenaient une assemblée à Riobamba (Équateur), le programme prévoyait un discours public intitulé “L’amour, utile dans un monde égoïste?” Mais un prêtre jésuite avait ameuté la populace catholique afin d’empêcher ce rassemblement. C’est pourquoi, pendant le discours, on entendait une foule de gens qui vociférait: “Longue vie à l’Église catholique!” et: “À bas les protestants!” La police, ce qui est tout à son honneur, a tenu la foule à distance, sabres au clair. De dépit, la foule a lancé des pierres sur le bâtiment où avait lieu l’assemblée et, plus tard, sur celui où habitaient les missionnaires.
Si le clergé catholique était à l’avant-garde dans la persécution, il n’était pas seul pour autant. Le clergé orthodoxe grec était aussi acharné et employait les mêmes méthodes dans sa zone d’influence plus réduite. En outre, là où ils pensaient pouvoir y parvenir, nombre d’ecclésiastiques protestants ont manifesté le même état d’esprit. En Indonésie, par exemple, ils ont mené des foules qui ont interrompu des études bibliques dans des foyers et ont sauvagement battu les Témoins de Jéhovah qui s’y trouvaient. Dans certains pays d’Afrique, ils se sont efforcés d’amener les autorités à expulser les Témoins ou à les priver de la liberté de parler de la Parole de Dieu. Bien qu’en désaccord dans d’autres domaines, les clergés catholique et protestants dans leur ensemble s’entendent pour ce qui est de s’opposer aux Témoins de Jéhovah. Ils ont parfois conjugué leurs efforts pour inciter des fonctionnaires à mettre un terme à l’activité des Témoins. Également dans les endroits où des religions non chrétiennes prédominent, celles-ci se sont souvent servies du gouvernement pour empêcher que les gens ne soient exposés à des enseignements qui risqueraient de les amener à s’interroger sur la religion qu’ils ont reçue à leur naissance.
Parfois, ces groupes non chrétiens ont uni leurs forces avec de prétendus chrétiens dans le but de maintenir le statu quo religieux. À Dekin (Dahomey, aujourd’hui le Bénin), au début des années 50, un prêtre juju et un prêtre catholique ont comploté d’amener des fonctionnaires à interdire l’activité des Témoins de Jéhovah. Dans leur acharnement, ils ont inventé des accusations destinées à susciter toutes sortes de sentiments hostiles. Ils reprochaient aux Témoins de pousser le peuple à la révolte contre le gouvernement, de ne pas payer les impôts, d’empêcher les juju de donner la pluie et d’être responsables de l’inefficacité des prières du prêtre. Tous ces chefs religieux avaient peur que les gens n’acquièrent des connaissances qui les affranchiraient des croyances superstitieuses et d’une vie d’obéissance aveugle.
Peu à peu, cependant, le clergé a perdu de son influence en de nombreux endroits. À l’heure actuelle, quand il harcèle les Témoins, il n’a pas toujours le soutien de la police. Un jour de 1986, quand un prêtre orthodoxe grec a essayé d’interrompre une assemblée de Témoins de Jéhovah à Larissa (Grèce) en déchaînant la foule contre eux, le procureur de la République est intervenu avec d’importantes forces de police en faveur des Témoins. Parfois aussi, la presse dénonce assez vigoureusement des actes d’intolérance religieuse.
Il n’empêche que dans de multiples régions du monde, d’autres questions ont déclenché des vagues de persécution. L’une d’elles a trait à l’attitude des Témoins de Jéhovah vis-à-vis des emblèmes nationaux.
Parce qu’ils n’adorent que Jéhovah
Au XXe siècle, c’est dans l’Allemagne nazie que, pour la première fois, les Témoins de Jéhovah se sont sérieusement heurtés à des questions relatives aux cérémonies nationalistes. Hitler s’efforçait d’enrégimenter la nation en imposant le salut nazi, “Heil Hitler!” Comme l’a rapporté Björn Hallström, journaliste suédois et présentateur à la BBC, quand les Témoins de Jéhovah d’Allemagne étaient arrêtés à l’époque nazie, en général on les accusait entre autres de “refuser de saluer le drapeau et de faire le salut nazi”. Bientôt, d’autres nations ont commencé à exiger que chaque citoyen salue le drapeau. Les Témoins de Jéhovah refusaient, non par déloyauté, mais pour des motifs de conscience chrétienne. Ils respectent le drapeau, mais considèrent le salut au drapeau comme un acte d’adorationf.
Au début de l’époque nazie en Allemagne, quelque 1 200 Témoins ont été emprisonnés parce qu’ils refusaient de faire le salut nazi et de renoncer à leur neutralité chrétienne; peu après, des milliers d’autres ont été maltraités aux États-Unis parce qu’ils refusaient de saluer le drapeau américain. Au cours de la semaine du 4 novembre 1935, un certain nombre d’écoliers de Canonsburg (Pennsylvanie) ont été emmenés dans la chaufferie de l’école et fouettés parce qu’ils refusaient de saluer le drapeau. Grace Estep, une enseignante, a perdu son poste dans cette école pour la même raison. Le 6 novembre, William et Lillian Gobitas ont refusé de saluer le drapeau et ont été expulsés de l’école à Minersville (Pennsylvanie). Leur père a engagé des poursuites pour que ses enfants y soient de nouveau admis. Dans cette affaire, le tribunal fédéral de première instance puis la cour d’appel itinérante ont prononcé un jugement favorable aux Témoins de Jéhovah. Néanmoins, en 1940, la nation étant au bord de la guerre, la Cour suprême des États-Unis, dans l’affaire Secteur scolaire de Minersville contre Gobitis, a décidé par 8 voix contre 1 de rendre le salut au drapeau obligatoire dans les écoles publiques. Cette décision a provoqué un déchaînement de violence à l’échelle nationale contre les Témoins de Jéhovah.
Les attaques violentes perpétrées contre les Témoins ont été si nombreuses que Mme Eleanor Roosevelt (la femme du président Franklin Roosevelt) a supplié le public d’y mettre un terme. Le 16 juin 1940, Francis Biddle, substitut du ministre de la Justice des États-Unis, dans une intervention radiodiffusée d’un bout à l’autre du pays, a parlé précisément des atrocités commises contre les Témoins et a dit que celles-ci ne seraient pas tolérées. Mais cela n’a pas endigué le flot des persécutions.
Dans toutes les circonstances imaginables, dans les rues, au travail, quand les Témoins rendaient visite aux gens dans le cadre de leur ministère, on leur mettait des drapeaux devant les yeux et on exigeait qu’ils les saluent, sinon... À la fin de 1940, l’Annuaire des Témoins de Jéhovah (en anglais) a raconté: “La Hiérarchie et la Légion américaine, se servant de telles foules qui faisaient la loi, ont causé avec violence des ravages indescriptibles. Des Témoins de Jéhovah ont été attaqués, battus, kidnappés, expulsés des villes, des comtés et des États, enduits de goudron et recouverts de plumes, forcés à boire de l’huile de ricin, attachés ensemble et pourchassés comme des bêtes dans les rues, castrés et mutilés, raillés et insultés par des foules en proie aux démons, jetés en prison par centaines sans accusation, tenus au secret, privés du droit de parler à leur famille, à leurs amis ou à des avocats. Des centaines d’autres ont été incarcérés et gardés en prison, soi-disant pour les protéger; certains ont essuyé des coups de feu la nuit; certains ont été menacés d’être pendus et ont été battus jusqu’à perdre conscience. La foule s’est livrée à toutes sortes de violences. À beaucoup on a arraché leurs vêtements, confisqué leurs Bibles et leurs publications, qu’on a brûlées publiquement; leurs automobiles, leurs caravanes, leurs maisons et leurs lieux d’assemblées ont été saccagés et incendiés (...). Dans de nombreux cas de procès qui avaient lieu dans des localités où la foule dictait sa volonté, les avocats aussi bien que les témoins ont été assaillis et battus en plein tribunal. Dans presque tous les cas de violence populaire, les autorités n’ont pas bronché et ont refusé leur protection; dans des dizaines de cas, les représentants de l’ordre ont participé aux attaques et ont même parfois guidé les foules.” Aux États-Unis, entre 1940 et 1944, on a recensé plus de 2 500 cas d’agressions violentes par la foule visant les Témoins de Jéhovah.
Comme de très nombreux enfants de Témoins de Jéhovah avaient été expulsés des écoles, pendant un temps à la fin des années 30 et au début des années 40, il leur a fallu tenir leurs propres écoles aux États-Unis et au Canada afin d’instruire leurs enfants. On les appelait les Écoles du Royaume.
D’autres pays ont persécuté cruellement les Témoins parce qu’ils refusaient de saluer ou d’embrasser les emblèmes nationaux. En 1959, des enfants de Témoins de Jéhovah du Costa Rica qui ne pratiquaient pas ce que la loi appelait ‘l’adoration des emblèmes nationaux’ ont été renvoyés de l’école. Une mesure analogue a été appliquée à des enfants de Témoins au Paraguay en 1984. En 1959, la Cour suprême des Philippines a décrété que malgré leurs objections religieuses on pouvait obliger les enfants des Témoins de Jéhovah à saluer le drapeau. Néanmoins, les autorités scolaires de ce pays ont, dans la plupart des cas, coopéré avec les Témoins de façon que leurs enfants puissent assister aux cours sans transiger avec leur conscience. En 1963, des fonctionnaires du Liberia (Afrique occidentale) ont accusé les Témoins de déloyauté envers l’État; ils ont interrompu par la force une assemblée à Gbarnga et ont exigé que toutes les personnes présentes, tant les Libériens que les étrangers, fassent serment d’allégeance au drapeau de la nation. En 1976, un rapport intitulé “Les Témoins de Jéhovah à Cuba” stipulait qu’au cours des deux années précédentes un millier de parents, pères et mères, avaient été incarcérés parce que leurs enfants ne saluaient pas le drapeau.
Tout le monde n’a pas approuvé ces mesures répressives contre des gens qui, par motif de conscience, s’abstiennent avec respect de participer aux cérémonies patriotiques. The Open Forum, hebdomadaire publié par la filiale sud-californienne de l’Union pour les libertés civiles en Amérique, a déclaré en 1941: “Il est grand temps que nous reprenions nos esprits pour ce qui est de la question du salut au drapeau. Les Témoins de Jéhovah ne sont pas des Américains déloyaux. (...) Ils ne transgressent pas la loi en général, mais mènent une vie décente et réglée, contribuant ainsi au bien de tous.” En 1976, un journaliste d’Argentine a fait observer avec honnêteté dans le Herald de Buenos Aires que “les croyances des Témoins sont choquantes uniquement pour ceux qui pensent que le patriotisme est avant tout une question de salut au drapeau et de chants patriotiques, et non pas une question de cœur”. Il a ajouté: “Hitler et Staline les ont trouvés [les Témoins] indigestes et les ont traités d’une façon abominable. En voulant les imiter, de nombreux autres dictateurs ont essayé de supprimer [les Témoins], sans succès d’ailleurs.”
Il est notoire que certains groupes religieux ont soutenu la violence armée contre des gouvernements qu’ils désapprouvaient. Mais nulle part dans le monde les Témoins de Jéhovah ne se sont jamais livrés à la subversion politique. S’ils refusent de saluer un emblème national, ce n’est pas par déloyauté, parce qu’ils soutiendraient quelque autre gouvernement humain. Ils adoptent la même position quel que soit le pays où ils vivent. Leur attitude n’est pas irrespectueuse. Ils ne sifflent ni ne crient pour perturber les cérémonies patriotiques; ils ne crachent pas sur le drapeau, ni ne le piétinent, ni ne le brûlent. Ils ne sont pas contre les gouvernements. Leur position est fondée sur les paroles mêmes de Jésus Christ, consignées en Matthieu 4:10: “C’est Jéhovah, ton Dieu, que tu devras adorer, et c’est lui seul que tu devras servir par un service sacré.”
La position adoptée par les Témoins de Jéhovah est similaire à celle des premiers chrétiens sous l’Empire romain. À leur propos, le livre Essentials of Bible History (Rudiments d’histoire biblique) déclare: “Le culte de l’empereur consistait à jeter quelques grains d’encens ou quelques gouttes de vin sur un autel situé devant une image de l’empereur. Avec le recul du temps, il se peut que nous ne voyions dans cet acte rien de plus (...) qu’un geste de la main pour saluer le drapeau ou un chef d’État illustre, c’est-à-dire un signe de politesse, de respect ou de patriotisme. Cela devait aussi être l’avis d’un grand nombre de personnes au Ier siècle. Cependant, les chrétiens considéraient ce geste comme un acte d’adoration par lequel on reconnaissait la divinité de l’empereur, donc un acte d’infidélité à Dieu et à Christ. C’est pourquoi ils se refusaient à agir ainsi.” — Elmer Mould, 1951, page 563.
Haïs parce qu’ils ne font “pas partie du monde”
Étant donné que, selon les paroles de Jésus, ses disciples ne feraient “pas partie du monde”, les Témoins de Jéhovah ne se mêlent pas de politique (Jean 17:16; 6:15). En cela également, ils sont comme les premiers chrétiens. À leur sujet, les historiens rapportent:
“Les dirigeants du monde païen comprenaient mal et désapprouvaient le christianisme primitif. (...) Les chrétiens refusaient d’accomplir certains devoirs du citoyen romain. (...) Ils n’occupaient aucune charge politique.” (On the Road to Civilization — A World History [Sur le chemin de la civilisation: Histoire du monde], A. Heckel et J. Sigman, 1937, pages 237, 238). “Ils refusaient de prendre part à l’administration civile ou à la défense militaire de l’Empire. (...) À moins de renoncer à l’exercice d’un devoir plus sacré, ils ne pouvaient se soumettre aux fonctions de soldats, de magistrats ou de princes.” — History of Christianity (Histoire du christianisme), Edward Gibbon, 1891, pages 162, 163.
Cette position n’est pas du goût du monde, surtout dans les pays où les dirigeants exigent que tous les citoyens montrent leur soutien au système politique en participant à certaines activités. Il en résulte ce que Jésus a énoncé: “Si vous faisiez partie du monde, le monde chérirait ce qui est sien. Mais parce que vous ne faites pas partie du monde et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait.” — Jean 15:19.
Dans certains pays, le vote lors d’élections politiques est considéré comme obligatoire. Ceux qui ne votent pas sont condamnés à des amendes, à l’emprisonnement, voire à pire. Cependant, les Témoins de Jéhovah soutiennent le Royaume messianique de Dieu, qui, pour reprendre les termes de Jésus, “ne fait pas partie de ce monde”. En conséquence, ils ne participent pas aux affaires politiques des nations du monde actuel (Jean 18:36). La décision qu’ils prennent est personnelle; ils n’imposent pas leurs opinions aux autres. Dans des pays où la tolérance religieuse fait défaut, des autorités gouvernementales prennent le prétexte de la non-participation des Témoins pour les persécuter cruellement. À l’époque des nazis, par exemple, il en a été ainsi dans les pays qu’ils dominaient. Il en va de même à Cuba. Heureusement, dans de nombreux pays les autorités sont plus tolérantes.
Néanmoins, dans certains pays, les dirigeants exigent que tous les citoyens montrent leur soutien au parti politique au pouvoir en criant certains slogans. Comme leur conscience le leur interdisait, des milliers de Témoins de Jéhovah d’Afrique orientale ont été battus, privés de leur gagne-pain et chassés de chez eux dans les années 70 et 80. Mais les Témoins de Jéhovah de tous les pays, bien que travailleurs et respectueux des lois, restent neutres quant aux questions politiques.
Au Malawi, il y a un parti politique unique, et la possession d’une carte du parti indique qu’on en est membre. Bien que les Témoins aient une conduite exemplaire en ce qu’ils paient leurs impôts, ils refusent, conformément à leurs croyances religieuses, d’acheter la carte d’un parti politique. Cela reviendrait à renier leur foi dans le Royaume de Dieu. Pour cette raison, à la fin de 1967, des bandes de jeunes, encouragés par les autorités, ont déclenché dans tout le pays une attaque à outrance contre les Témoins de Jéhovah, attaque dont l’obscénité et la cruauté sadique étaient sans précédent. Plus de mille chrétiennes pieuses ont été violées. Certaines ont été déshabillées devant des foules nombreuses, battues à coups de bâton et de poing, puis violées par un homme après l’autre. On a transpercé les pieds des Témoins masculins avec des clous et leurs jambes avec des rayons de bicyclette, puis on leur a donné l’ordre de courir. D’un bout à l’autre du pays, on a détruit leurs maisons, leurs meubles, leurs vêtements et leurs réserves de nourriture.
En 1972, une nouvelle vague de brutalité a déferlé à la suite de l’assemblée annuelle du parti du Congrès du Malawi. À cette assemblée, on a décidé officiellement de priver les Témoins de Jéhovah de tout emploi et de les chasser de chez eux. Même les requêtes d’employeurs qui voulaient garder ces ouvriers dignes de confiance n’ont servi à rien. On a confisqué ou détruit les maisons des Témoins, leurs récoltes et leurs animaux domestiques. On leur a interdit de tirer de l’eau au puits du village. Nombre d’entre eux ont été battus, violés, estropiés ou assassinés. On se moquait également de leur foi. Finalement, au moins 34 000 Témoins ont fui le pays pour échapper à la mort.
Mais ils n’étaient pas au bout de leurs souffrances. D’un pays d’abord, puis d’un autre, on les a obligés à repasser la frontière et ils se sont retrouvés aux mains de leurs persécuteurs, qui les ont traités encore plus brutalement. Malgré tout cela, ils n’ont fait aucun compromis ni n’ont renié leur foi en Jéhovah. Ils ont suivi l’exemple des fidèles serviteurs de Dieu à propos desquels la Bible déclare: “D’autres ont subi l’épreuve des moqueries et des fouets, et même celle des liens et de la prison. Ils ont été lapidés, ils ont été éprouvés, ils ont été sciés, ils sont morts égorgés par l’épée, ils ont circulé couverts de peaux de mouton, de peaux de chèvre, étant dans le besoin, dans la tribulation, étant maltraités; et le monde n’était pas digne d’eux.” — Héb. 11:36-38.
Persécutés dans toutes les nations
Les nations qui ont trahi leurs prétentions à la liberté en se livrant à de telles persécutions religieuses sont-elles des exceptions? Loin s’en faut. Jésus Christ a lancé cet avertissement à ses disciples: “Vous serez les objets de la haine de toutes les nations à cause de mon nom.” — Mat. 24:9.
Dans les derniers jours de l’actuel système de choses, qui courent depuis 1914, cette haine s’est particulièrement intensifiée. Le Canada et les États-Unis ont déclenché l’offensive en interdisant les publications bibliques pendant la Première Guerre mondiale, bientôt suivis par l’Inde et le Nyassaland (aujourd’hui appelé Malawi). Au cours des années 20, on a astreint les Étudiants de la Bible à des restrictions arbitraires en Espagne, en Grèce, en Hongrie, en Italie et en Roumanie. Dans certains de ces pays, la diffusion de manuels bibliques a été interdite; parfois, même des réunions privées étaient déclarées illicites. D’autres pays se sont joints à l’attaque au cours des années 30, des interdictions (certaines portant sur les Témoins de Jéhovah, d’autres sur leurs publications) étant prononcées en Albanie, en Autriche, en Bulgarie, en Estonie, en Lettonie, en Lituanie, en Pologne, dans certains cantons de Suisse, dans ce qui était alors la Yougoslavie, en Côte de l’Or (aujourd’hui le Ghana), dans des territoires français d’Afrique, à la Trinité et aux Fidji.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, des interdictions ont pesé sur les Témoins de Jéhovah, sur leur ministère public et sur leurs publications dans maintes régions du globe. Cela valait non seulement en Allemagne, en Italie et au Japon (tous trois sous régime dictatorial), mais aussi dans les nombreux pays qui sont passés directement ou indirectement sous leur domination avant et pendant la guerre. Parmi ces pays figurent l’Albanie, l’Autriche, la Belgique, la Corée, les Indes orientales néerlandaises (aujourd’hui l’Indonésie), la Norvège, les Pays-Bas et la Tchécoslovaquie. Durant ces années de guerre, l’Argentine, le Brésil, la Finlande, la France et la Hongrie ont promulgué des décrets officiels contre les Témoins de Jéhovah ou leur activité.
La Grande-Bretagne n’a pas directement proscrit l’activité des Témoins de Jéhovah pendant la guerre, mais elle a expulsé le surveillant de la filiale de la Société Watch Tower, de nationalité américaine, et s’est évertuée à entraver l’activité des Témoins par un embargo pour la durée de la guerre sur les envois de publications bibliques. Dans tout l’Empire britannique et le Commonwealth des nations, des interdictions formelles des Témoins de Jéhovah ou de leurs publications ont été imposées. L’Afrique du Sud, l’Australie, les Bahamas, le Basutoland (aujourd’hui le Lesotho), le Bechuanaland (aujourd’hui le Botswana), la Birmanie (le Myanmar), le Canada, Ceylan (aujourd’hui Sri Lanka), Chypre, la Côte de l’Or (aujourd’hui le Ghana), la Dominique, les îles Fidji, la Guyane britannique (aujourd’hui la Guyana), les Îles Sous-le-Vent, l’Inde, la Jamaïque, le Nigeria, la Nouvelle-Zélande, le Nyassaland (aujourd’hui le Malawi), la Rhodésie du Nord (aujourd’hui la Zambie), la Rhodésie du Sud (aujourd’hui le Zimbabwe), Singapour et le Swaziland ont tous montré leur hostilité envers les serviteurs de Jéhovah en prenant des mesures à leur encontre.
À la fin de la guerre, la persécution a été un peu moins virulente dans certains pays, mais elle s’est intensifiée dans d’autres. Au cours des 45 années suivantes, outre qu’on a refusé de reconnaître officiellement les Témoins de Jéhovah dans de nombreux pays, des interdictions formelles les ont frappés, eux ou leurs activités, dans 23 pays d’Afrique, 9 pays d’Asie, 8 pays d’Europe, 3 pays d’Amérique latine et 4 nations insulaires. En 1992, les Témoins de Jéhovah étaient toujours soumis à des restrictions dans 24 pays.
Cela ne veut pas dire que tous les représentants de l’autorité s’opposent personnellement à l’œuvre des Témoins de Jéhovah. Nombre d’entre eux défendent la liberté de religion et reconnaissent que les Témoins sont un atout précieux pour la société. Ces hommes n’approuvent pas ceux qui poussent à prendre des mesures officielles à l’encontre des Témoins. Par exemple, avant l’indépendance de la Côte d’Ivoire, un prêtre catholique et un pasteur méthodiste ont essayé d’influencer un fonctionnaire de sorte que les Témoins de Jéhovah soient expulsés du pays; mais ils se sont rendu compte que les hommes auxquels ils s’adressaient n’étaient pas disposés à devenir des pions entre les mains du clergé. Quand, en 1990, un haut responsable a essayé de faire modifier la législation namibienne afin de traiter de façon discriminatoire les réfugiés qui étaient connus comme Témoins de Jéhovah, l’Assemblée constituante ne l’a pas laissé faire. Et dans de nombreux pays où les Témoins avaient été interdits, ils sont à présent reconnus officiellement.
Il n’empêche que, d’une façon ou d’une autre, dans toutes les parties de la terre, les Témoins de Jéhovah sont persécutés (2 Tim. 3:12). À certains endroits, la persécution est principalement le fait de gens grossiers, de parents opposés, de collègues ou de camarades de classe qui ne craignent pas Dieu. Mais quelle que soit l’identité des persécuteurs, quels que soient les arguments par lesquels ceux-ci s’évertuent à justifier leurs actions, les Témoins de Jéhovah comprennent ce que cache en réalité la persécution des vrais chrétiens.
La question en jeu
Depuis longtemps, les publications de la Société Watch Tower montrent que le premier livre de la Bible prédisait dans un langage symbolique l’inimitié ou haine que Satan le Diable et ceux qu’il domine éprouveraient à l’égard de l’organisation céleste de Jéhovah et de ses représentants sur la terre (Gen. 3:15; Jean 8:38, 44; Rév. 12:9, 17). Surtout à partir de 1925, La Tour de Garde a expliqué, en s’appuyant sur les Écritures, qu’il n’existe que deux organisations principales: celle de Jéhovah et celle de Satan. Et, comme le précise 1 Jean 5:19, “le monde entier [c’est-à-dire tous les humains qui ne font pas partie de l’organisation de Jéhovah] gît au pouvoir du méchant”. Voilà pourquoi tous les vrais chrétiens sont persécutés. — Jean 15:20.
Mais pourquoi Dieu permet-il qu’il en soit ainsi? En résulte-t-il quoi que ce soit de bon? Comme Jésus Christ l’a expliqué, avant qu’en qualité de Roi céleste il n’écrase Satan et son organisation méchante, les humains se verraient offrir la possibilité d’apprendre ce qu’est le Royaume de Dieu et de se ranger de son côté. Quand les prédicateurs de ce Royaume sont persécutés, la question suivante est davantage encore mise en évidence: Ceux qui en entendent parler feront-ils du bien aux “frères” du Christ et à leurs compagnons, manifestant ainsi de l’amour envers le Christ lui-même? Ou alors prendront-ils le parti de ceux qui n’arrêtent pas de maltraiter les représentants du Royaume de Dieu — ou encore, peut-être garderont-ils le silence devant ces mauvais traitements (Mat. 25:31-46; 10:40; 24:14)? Au Malawi, certains ont compris qui servait le vrai Dieu et ont uni leur sort à celui des Témoins persécutés. Plus d’un prisonnier et quelques gardes des camps de concentration allemands ont agi pareillement.
Même quand on profère des accusations mensongères contre eux et qu’on les maltraite, même quand on se moque d’eux à cause de leur foi, les Témoins de Jéhovah n’ont pas le sentiment que Dieu les abandonne. Ils savent que Jésus Christ a traversé des épreuves identiques (Mat. 27:43). Ils savent également qu’en demeurant fidèle à Jéhovah, Jésus a prouvé que le Diable est un menteur et a contribué à sanctifier le nom de son Père. Tous les Témoins de Jéhovah ont le désir de l’imiter. — Mat. 6:9.
La question en jeu n’est pas de savoir s’ils peuvent survivre à la torture et échapper à la mort. Jésus Christ a annoncé que certains de ses disciples seraient tués (Mat. 24:9). Lui-même l’a été. Mais il n’a jamais fait de compromis avec le principal Adversaire de Dieu, Satan le Diable, “le chef du monde”. Jésus a vaincu le monde (Jean 14:30; 16:33). La question en jeu est donc de savoir si les adorateurs du vrai Dieu lui resteront fidèles quelles que soient les difficultés. Les Témoins de Jéhovah des temps modernes ont largement prouvé qu’ils ont le même état d’esprit que l’apôtre Paul, qui a écrit: “Soit que nous vivions, nous vivons pour Jéhovah, soit que nous mourions, nous mourons pour Jéhovah. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous appartenons à Jéhovah.” — Rom. 14:8.
[Notes]
a À l’époque, les Étudiants de la Bible ne comprenaient pas clairement ce que les Témoins savent à présent sur le rôle d’enseignants, que la Bible attribue aux hommes dans la congrégation (1 Cor. 14:33, 34; 1 Tim. 2:11, 12). C’est pourquoi Maria Russell était co-rédactrice de La Tour de Garde; elle écrivait régulièrement dans ses pages.
b Joseph Rutherford, président de la Société Watch Tower; William Van Amburgh, secrétaire-trésorier de la Société; Robert Martin, responsable du bureau; Frederick Robison, membre du comité de rédaction de La Tour de Garde; Alexander Macmillan, un administrateur de la Société; George Fisher et Clayton Woodworth, compilateurs du livre Le mystère accompli.
c Giovanni DeCecca, qui travaillait dans le service qui s’occupait des congrégations italiennes au bureau de la Société Watch Tower.
d Le juge au tribunal itinérant Martin Manton, catholique fervent, a refusé une deuxième demande de mise en liberté sous caution le 1er juillet 1918. Quand le tribunal d’appel de première instance a ensuite réformé le jugement des inculpés, Martin Manton a été le seul à voter contre. Soit dit en passant, le 4 décembre 1939 une cour d’appel constituée spécialement a confirmé la condamnation de Martin Manton pour abus de pouvoir judiciaire, fraude et malhonnêteté.
e Ces hommes ont été condamnés injustement et leur culpabilité n’a pas été établie: la preuve en est que Joseph Rutherford est resté membre du barreau de la Cour suprême des États-Unis depuis son admission en mai 1909 jusqu’à sa mort en 1942. Dans 14 affaires portées devant la Cour suprême entre 1939 et 1942, Joseph Rutherford a fait partie des avocats. Dans les affaires Schneider contre État du New Jersey (en 1939) et Secteur scolaire de Minersville contre Gobitis (en 1940), il a plaidé en personne devant la Cour suprême. De plus, pendant la Seconde Guerre mondiale, le directeur du Bureau fédéral des prisons a accepté Alexander Macmillan, un des hommes emprisonnés injustement entre 1918 et 1919, comme visiteur attitré des prisons fédérales américaines, afin qu’il prenne soin des intérêts spirituels des jeunes hommes incarcérés à cause de leur neutralité chrétienne.
f The Encyclopedia Americana, vol. 11, 1942, p. 316, dit: “Le drapeau, comme la croix, est sacré. (...) Les règles et prescriptions relatives à l’attitude de l’homme envers les étendards de la nation sont énoncées en termes expressifs et forts, tels que ‘service du drapeau’, (...) ‘respect dû au drapeau’, ‘dévouement au drapeau’.” Au Brésil, Diário da Justiça du 16 février 1956, p. 1904, rapportait les propos suivants d’un officier militaire lors d’une cérémonie publique: “Le drapeau est devenu une divinité de la religion patriotique (...). Le drapeau est vénéré et adoré.”
[Entrefilet, page 642]
Les principaux persécuteurs de Jésus Christ ont été les chefs religieux.
[Entrefilet,page 645]
“L’ordination divine, ou mandat, d’un homme pour prêcher se fait par le don du Saint-Esprit à cet homme.”
[Entrefilet, page 647]
“Le mystère accompli” révélait au grand jour l’hypocrisie du clergé de la chrétienté.
[Entrefilet, page 650]
Des chrétiens et des chrétiennes ont été attaqués par des foules, incarcérés et retenus sans accusation ni procès.
[Entrefilet, page 652]
“Les peines d’emprisonnement sont manifestement excessives.” — Woodrow Wilson, président des États-Unis.
[Entrefilet, page 656]
Ceux qui n’obtempéraient pas aux ordres du prêtre n’avaient pas grande justice à espérer.
[Entrefilet, page 666]
Les prêtres persuadaient des instituteurs de laisser des enfants sortir de l’école pour jeter des pierres aux Témoins.
[Entrefilet, page 668]
Les ecclésiastiques conjuguaient leurs forces pour s’opposer aux Témoins.
[Entrefilet, page 671]
Des foules s’en prenaient aux Témoins aux États-Unis.
[Entrefilet, page 676]
Dans toutes les parties de la terre, les Témoins de Jéhovah sont persécutés.
[Encadré, page 655]
Le clergé se révèle
Les réactions de certains périodiques religieux à la condamnation de Joseph Rutherford et de ses collaborateurs en 1918 sont révélatrices:
◆ “The Christian Register”: “Ce que le gouvernement attaque dans ce cas avec une fermeté implacable, c’est la supposition que des idées religieuses, pourtant absurdes et pernicieuses, peuvent être propagées en toute impunité. C’est une vieille idée reçue, et jusqu’ici nous nous en sommes trop peu préoccupés. (...) Elle [la condamnation] semble sonner le glas du Russellisme.”
◆ “The Western Recorder”, une publication baptiste, a écrit: “Il n’est guère surprenant que le chef de ce culte hargneux soit incarcéré dans un établissement pour récalcitrants. (...) À cet égard, la question qui laisse perplexe en réalité est de savoir si les inculpés auraient dû être envoyés dans un asile d’aliénés ou en prison.”
◆ “The Fortnightly Review” a relevé le commentaire suivant, paru dans l’“Evening Post” de New York: “Nous sommes certains qu’en tout lieu les enseignants religieux prendront note de l’opinion de ce juge, selon laquelle l’enseignement d’une religion, sauf si elle est en accord absolu avec les lois établies, est un délit grave, qui l’est encore davantage si, en plus d’être ministre de l’évangile, on est sincère.”
◆ “The Continent” a qualifié les inculpés avec mépris de “disciples du défunt ‘pasteur’ Russell” et a déformé leurs croyances en disant que, selon eux, “tous, sauf les pécheurs, doivent être exemptés de combattre le kaiser allemand”. Il a prétendu qu’au dire du procureur général de Washington “quelque temps auparavant le gouvernement italien s’était plaint aux États-Unis de ce que Rutherford et ses collaborateurs (...) avaient fait circuler dans les armées italiennes une abondante propagande antimilitariste”.
◆ Une semaine plus tard, “The Christian Century” a publié in extenso la plupart de ces citations, ce qui montre que ses rédacteurs y adhéraient pleinement.
◆ “Truth”, revue catholique, a juste mentionné le verdict, puis a exprimé le sentiment de ses rédacteurs, par ces mots: “Les publications de cette association regorgent d’attaques virulentes contre l’Église catholique et sa prêtrise.” Voulant coller l’étiquette de “séditieux” à quiconque exprimerait publiquement son désaccord avec l’Église catholique, la revue ajoutait: “Il est de plus en plus évident qu’un esprit d’intolérance est étroitement lié à celui de sédition.”
◆ Ray Abrams, dans son livre “Preachers Present Arms” (Les prédicateurs présentent les armes), a fait cette remarque: “Lorsque les rédacteurs de journaux religieux reçurent la nouvelle concernant les peines de vingt ans, presque toutes ces publications, grandes et petites, s’en réjouirent. Je n’ai pas réussi à trouver une seule parole de sympathie dans les journaux des religions traditionnelles.”
[Encadré, page 660]
‘Persécutés pour des motifs religieux’
“Dans le camp de concentration de Mauthausen se trouvait un groupe de prisonniers qui n’étaient persécutés que pour des motifs religieux: les membres de la secte des ‘Étudiants sincères de la Bible’ ou ‘Témoins de Jéhovah’ (...). C’est parce qu’ils refusaient de prêter serment de fidélité à Hitler et d’effectuer un service militaire quel qu’il soit — conséquence politique de leurs croyances — qu’ils étaient persécutés.” — “Die Geschichte des Konzentrationslagers Mauthausen” (L’histoire du camp de concentration de Mauthausen), documenté par Hans Maršálek, Vienne (Autriche), 1974.
[Encadré/Illustration, page 661]
Traduction de la déclaration que les SS essayaient de forcer les Témoins à signer
Camp de concentration de..............................
Section no II
DÉCLARATION
Je soussigné(e) ...................................
né(e) le ..........................................
à .................................................
déclare par la présente ce qui suit:
1. Je reconnais que l’Union Internationale des Témoins de Jéhovah professe une doctrine erronée et poursuit, sous le couvert d’activités religieuses, des buts subversifs.
2. Je me suis, par conséquent, détourné totalement de cette organisation et je me suis aussi libéré intérieurement de cette secte.
3. J’affirme, par la présente, ne plus jamais participer aux activités de l’Union Internationale des Témoins de Jéhovah. Je dénoncerai sur-le-champ toute personne voulant me gagner à la doctrine erronée des Témoins de Jéhovah, ou témoignant d’une façon ou d’une autre de son appartenance à cette secte. Je remettrai immédiatement au poste de police le plus proche toute publication me parvenant de cette organisation.
4. Je veux observer dorénavant les lois de l’État, défendre ma patrie en cas de guerre, les armes à la main, et m’intégrer entièrement dans la communauté nationale.
5. Il m’a été spécifié que si j’agis contrairement aux termes de la présente déclaration, je serai replacé en détention administrative.
..........................., le ................ ...........................................................
Signature
[Encadré, page 662]
Lettres de condamnés à mort
De Franz Reiter (qui allait être guillotiné) à sa mère, le 6 janvier 1940, depuis le centre de détention de Berlin-Plötzensee:
“Je suis intimement convaincu d’avoir fait le bon choix. Je peux encore changer d’avis, mais ce serait être infidèle à Dieu. Tous ceux qui sont ici espèrent honorer Dieu en lui restant fidèles. (...) Avec la connaissance que j’ai acquise, si j’avais prêté serment [le serment militaire], je serais tombé dans un péché méritant la mort. J’aurais commis un grand mal et ne bénéficierais pas de la résurrection. Mais je reste attaché à ces paroles du Christ: ‘Quiconque veut sauver sa vie la perdra; mais celui qui perd sa vie à cause de moi la trouvera.’ Et maintenant, ma chère maman et tous mes frères et sœurs, ne soyez pas terrifiés, mais sachez qu’aujourd’hui j’ai appris ma condamnation à mort; je serai exécuté demain matin. Jéhovah me donne la force dont j’ai besoin, force qu’il a toujours donnée aux vrais chrétiens des temps passés. Les apôtres ont écrit que ‘quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché’. Il en est ainsi pour moi. Je l’ai démontré, vous pouvez l’attester. Ma chère maman, ne sois pas triste. Vous serez tous encouragés en connaissant toujours mieux les Saintes Écritures. Si vous restez fidèles jusqu’à la mort, nous nous reverrons à la résurrection. (...)
“Ton Franz
“À bientôt”
De Berthold Szabo, exécuté par un peloton à Körmend (Hongrie), le 2 mars 1945:
“Ma chère petite sœur, Marika!
“Au cours de l’heure et demie qui me reste, je vais essayer de t’écrire pour que tu informes nos parents de ma situation, que je suis près de mourir.
“Je leur souhaite la même paix de l’esprit que celle que j’éprouve durant les derniers instants que je suis en train de passer dans ce monde rempli de malheurs. Il est actuellement 10 heures, et je vais être exécuté à 11 heures et demie; mais je suis très calme. Je remets ma vie future entre les mains de Jéhovah et de son Fils bien-aimé, Jésus Christ, le Roi, qui n’oubliera jamais ceux qui l’aiment sincèrement. Je sais aussi qu’il y aura bientôt une résurrection de ceux qui sont morts, ou plutôt, de ceux qui se sont endormis, en Christ. Je tiens également à dire que je vous souhaite à tous les abondantes bénédictions de Jéhovah en raison de l’amour que vous m’avez manifesté. S’il te plaît, embrasse papa et maman pour moi, et aussi Anna. Il ne faut pas qu’ils s’inquiètent à mon sujet; nous allons nous revoir bientôt. Ma main est calme à présent, et je vais me reposer jusqu’à ce que Jéhovah me rappelle. Même en cette heure je serai fidèle au vœu que je lui ai fait.
“Le moment est maintenant venu. Que Dieu soit avec toi et avec moi.
“Avec tout mon amour, (...)
“Berthi”
[Encadré, page 663]
Remarqués pour leur courage et leurs convictions
◆ “Contre vents et marées, les Témoins détenus dans les camps se réunissaient et priaient ensemble, produisaient des brochures et faisaient des conversions. Se soutenant mutuellement par leur fraternité et, à la différence de beaucoup d’autres prisonniers, sachant bien pourquoi de tels lieux existaient et pourquoi ils devaient souffrir ainsi, ils se sont révélés un groupe de détenus remarquables quoique peu nombreux; on les identifiait à leur triangle violet et ils étaient connus pour leur courage et leurs convictions.” Ainsi s’est exprimée Christine King, dans “The Nazi State and the New Religions: Five Case Studies in Non-Conformity”. (L’État nazi et les nouvelles religions: Étude portant sur cinq cas de non-conformisme.)
◆ Le livre “Values and Violence in Auschwitz” (Valeurs et violence à Auschwitz), d’Anna Pawełczyńska, déclare: “Ce petit groupe de prisonniers constituaient une solide force idéologique et ils ont gagné leur bataille contre le nazisme. Le groupe allemand de cette secte était comme un minuscule îlot de résistance inébranlable au sein d’une nation terrorisée, et ce même esprit courageux se retrouvait parmi les Témoins du camp d’Auschwitz. Ils sont arrivés à gagner le respect des autres prisonniers (...), des détenus qui accomplissaient certaines tâches administratives et même des officiers SS. Tous savaient qu’aucun ‘Bibelforscher’ [Témoin de Jéhovah] n’obéirait à un ordre contraire à ses convictions religieuses.”
◆ Rudolf Hoess, dans son autobiographie, publiée dans le livre “Le commandant d’Auschwitz parle”, a rapporté l’exécution de certains Témoins de Jéhovah qui refusaient de renoncer à leur neutralité chrétienne. Il a dit: “C’est ainsi que je me représentais les premiers martyrs du christianisme, debout dans l’arène en attendant d’être dévorés par les bêtes fauves. Avec une expression de joie extatique, les yeux levés vers le ciel, les mains jointes pour la prière, ces hommes accueillirent la mort. Tous ceux qui avaient assisté à l’exécution — même les soldats du peloton — étaient profondément émus.” (Ce livre a été publié en Pologne sous le titre “Autobiografia Rudolfa Hössa-komendanta obozu oświęcimskiego”.)
[Encadré, page 673]
“Ils ne sont pas contre la patrie”
“Ils ne sont pas contre la patrie, mais tout simplement pour Jéhovah.” “Ils ne brûlent pas les ordres d’incorporation, ne se soulèvent pas (...) et ne participent à aucune forme de sédition.” “L’honnêteté et l’intégrité des Témoins ne font aucun doute. Quoi que l’on pense de ces gens — et beaucoup de personnes ont à leur sujet une opinion négative — on ne peut nier qu’ils mènent une vie exemplaire.” — Le “Telegram”, Toronto (Canada), juillet 1970.
[Encadré, page 674]
Qui est responsable?
Les Témoins de Jéhovah savent que leur responsabilité de prêcher ne dépend pas du fonctionnement de la Société Watch Tower ni d’une quelconque association déclarée. “Que la Société Watch Tower soit interdite, que ses filiales en différents pays soient fermées par la force et par l’intervention de l’État! Cela n’annule pas ni ne supprime la responsabilité imposée par Dieu aux hommes et aux femmes qui se sont voués à faire sa volonté et sur qui il a répandu son esprit. ‘Prêche!’ est-il clairement écrit dans sa Parole. Cet ordre l’emporte sur celui de n’importe quel homme.” (“La Tour de Garde”, 15 février 1950). Conscients de recevoir leurs ordres de Jéhovah Dieu et de Jésus Christ, les Témoins continuent à prêcher le message du Royaume malgré l’opposition qu’ils rencontrent.
[Encadré, page 677]
Comme les premiers chrétiens
◆ “Les Témoins de Jéhovah prennent leur religion beaucoup plus au sérieux que la plupart des autres personnes. Leurs principes nous rappellent ceux des premiers chrétiens qui étaient si impopulaires et que les Romains persécutaient si brutalement.” — “Akron Beacon Journal”, Akron (Ohio, États-Unis), 4 septembre 1951.
◆ “Ils [les premiers chrétiens] menaient une vie tranquille, morale, en un mot une vie modèle. (...) Dans tous les domaines, à la seule exception de l’encensement, ils étaient des citoyens exemplaires.” “Alors que le sacrifice au génie de l’empereur demeurait une façon de jauger le patriotisme, les autorités pouvaient-elles se permettre de fermer les yeux sur la désobéissance de ces chrétiens non patriotes? Les ennuis dans lesquels les chrétiens se sont retrouvés pour cette raison n’étaient pas très différents de ceux qu’a eus, durant les années de guerre, la secte entreprenante connue sous le nom de Témoins de Jéhovah aux États-Unis en rapport avec la question du salut au drapeau de la nation.” — “20 Centuries of Christianity” (20 siècles de christianisme), Paul Hutchinson et Winfred Garrison, 1959, page 31.
◆ “La chose la plus remarquable à propos des Témoins est peut-être leur insistance à faire passer l’obéissance à Dieu avant l’obéissance à toute autre puissance du monde.” — “These Also Believe” (Ceux-ci croient aussi), Charles Braden, 1949, page 380.
[Illustrations, page 644]
“The Pittsburgh Gazette” s’est longuement étendue sur les débats qui ont suivi le défi lancé par E. Eaton à Charles Russell.
[Illustration, page 646]
Des opposants ont répandu d’ignobles mensonges sur les relations conjugales de Charles et Maria Russell.
[Illustrations, page 648]
Le clergé a été furieux quand ont été diffusés 10 000 000 d’exemplaires de ce tract, qui exposait ses doctrines et ses pratiques à la lumière de la Parole de Dieu.
[Illustrations, page 649]
Les journaux ont attisé la persécution des Étudiants de la Bible en 1918.
[Illustrations, page 651]
Lors du jugement des membres du siège de la Société, on a beaucoup parlé du livre “Le mystère accompli”.
Tribunal de première instance et bureau de poste, Brooklyn (New York).
[Illustration, page 653]
Condamnés à une peine plus sévère que l’assassin qui a déclenché la Première Guerre mondiale. De gauche à droite: William Van Amburgh, Joseph Rutherford, Alexander Macmillan, Robert Martin, Frederick Robison, Clayton Woodworth, George Fisher, Giovanni DeCecca.
[Illustrations, page 657]
Lors de cette assemblée des Témoins à New York en 1939, environ 200 agitateurs, conduits par des prêtres, ont essayé de l’interrompre.
[Illustrations, page 659]
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, des milliers de Témoins de Jéhovah ont été envoyés dans ces camps de concentration.
Insigne en forme de crâne des gardes SS (à gauche).
[Illustration, page 664]
Extrait d’un manuel d’étude de la Bible réduit par un procédé photographique, mis dans une boîte d’allumettes et remis clandestinement aux Témoins dans un camp de concentration.
[Illustrations, page 665]
Quelques-uns des Témoins dont la foi est passée au creuset de l’épreuve dans les camps de concentration nazis.
Mauthausen
Wewelsburg
[Illustration, page 667]
Attaque d’une foule près de Montréal (Québec) en 1945. De tels actes de violence suscités par le clergé contre les Témoins étaient courants dans les années 40 et 50.
[Illustration, page 669]
Des milliers de Témoins de Jéhovah (dont John Booth, ici en photo) ont été arrêtés alors qu’ils diffusaient des publications bibliques.
[Illustrations, page 670]
À la suite d’une décision prise par la Cour suprême contre les Témoins en 1940, les foules se sont déchaînées contre eux dans tous les États-Unis: des réunions ont été interrompues, des Témoins ont été battus et leurs biens ont été saccagés.
[Illustrations, page 672]
En de nombreux endroits, les enfants des Témoins ayant été expulsés des écoles publiques, il a fallu ouvrir des Écoles du Royaume.
-
-
‘Défense et affermissement légal de la bonne nouvelle’Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 30
‘Défense et affermissement légal de la bonne nouvelle’
SOUMIS à une intense persécution, les Témoins de Jéhovah ont été traînés devant les autorités policières, judiciaires et gouvernementales du monde entier. Ils se sont trouvés au centre de milliers et de milliers de procès, dont plusieurs centaines ont été jugés en appel. Ces actions en justice ont exercé une profonde influence sur le droit lui-même et ont souvent consolidé les garanties attachées aux libertés individuelles fondamentales. Mais tel n’était pas l’objectif principal des Témoins de Jéhovah.
Le désir des Témoins de Jéhovah est, avant tout, de proclamer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. S’ils intentent des actions en justice, ce n’est pas parce qu’ils veulent faire de l’agitation sociale ou réformer les lois. Leur but, comme celui de l’apôtre Paul, est “la défense et l’affermissement légal de la bonne nouvelle”. (Phil. 1:7.) De même, leurs comparutions devant les autorités, qu’elles aient lieu à leur propre demande ou parce qu’ils ont été arrêtés en raison de leur activité chrétienne, sont pour eux l’occasion de donner un témoignage. Jésus Christ a dit à ses disciples: “Vous serez traînés devant des gouverneurs et des rois à cause de moi, en témoignage pour eux et pour les nations.” — Mat. 10:18.
Une avalanche de procès dans le monde
Bien avant la Première Guerre mondiale, le clergé, exerçant des pressions sur les autorités locales, essayait, dans ses zones d’influence, d’entraver la diffusion de publications par les Étudiants de la Bible. Cependant, après la Première Guerre mondiale cette opposition s’est intensifiée. Dans quantité de pays, ceux qui, obéissant au commandement prophétique du Christ, s’efforçaient de prêcher la bonne nouvelle et de témoigner au sujet du Royaume de Dieu, ont rencontré tous les obstacles juridiques possibles et imaginables. — Mat. 24:14.
Convaincus de l’accomplissement des prophéties bibliques, les Étudiants de la Bible ont quitté l’assemblée de Cedar Point (Ohio, 1922) enthousiasmés et résolus à faire savoir au monde que les temps des Gentils avaient pris fin, que le Seigneur avait été investi d’une grande autorité et qu’il régnait dans les cieux. Ils avaient pour devise: “Proclamez, proclamez, proclamez le Roi et son Royaume!” En cette même année, le clergé allemand est intervenu pour que la police arrête quelques-uns des Étudiants de la Bible lorsqu’ils diffusaient des publications bibliques. Il ne s’agissait pas là d’un incident isolé. En 1926, 897 affaires de ce genre étaient en instance devant les tribunaux allemands. Les litiges étaient si nombreux que la Société Watch Tower a dû créer cette année-là un service juridique à sa filiale de Magdeburg. Au cours de 1928, il y a eu pour la seule Allemagne 1 660 actions judiciaires intentées contre les Étudiants de la Bible, et, d’année en année, la pression se faisait de plus en plus forte. Le clergé était déterminé à mettre fin à l’œuvre des Étudiants de la Bible et il se réjouissait quand un jugement lui donnait gain de cause.
En 1928, à South Amboy (New Jersey), aux États-Unis, on a arrêté des Étudiants de la Bible qui prêchaient de maison en maison. En l’espace d’une décennie, toujours aux États-Unis, le nombre annuel d’arrestations pour ce même motif dépassait les 500. En 1936, il s’élevait à 1 149. Pour fournir une aide appropriée, la création d’un service juridique au siège de la Société s’est avérée nécessaire.
L’intense activité de prédication qui s’effectuait en Roumanie a, pareillement, rencontré une vive opposition de la part des autorités. Les Témoins de Jéhovah qui diffusaient des publications bibliques étaient souvent arrêtés et cruellement battus. De 1933 à 1939, les Témoins ont fait l’objet de 530 poursuites judiciaires. Cependant, la loi du pays garantissait l’exercice des libertés; aussi les appels auprès de la Cour suprême de Roumanie se sont-ils soldés par de nombreux arrêts favorables. Lorsque la police s’en est aperçue, elle a continué à saisir les publications et à maltraiter les Témoins, tout en faisant en sorte que la justice ne soit pas mêlée à ces opérations. Après que les Témoins eurent enfin obtenu l’enregistrement officiel de leur association, leurs adversaires se sont efforcés d’en neutraliser la portée dans le pays: ils ont obtenu une décision de justice interdisant la diffusion des publications de la Société Watch Tower. Cette décision a été annulée par une juridiction supérieure, mais le clergé a usé de son influence auprès du ministre des cultes pour qu’il prenne des mesures à l’encontre de ce jugement.
Comme en Roumanie, en Italie et en Hongrie la police nationale a saisi les publications bibliques qu’utilisaient les Témoins. Il en a été de même au Japon, en Corée et en Côte de l’Or (aujourd’hui le Ghana). Les ressortissants étrangers, Témoins de Jéhovah, ont reçu l’ordre de quitter la France. Pendant de nombreuses années, aucun Témoin de Jéhovah n’a eu l’autorisation d’entrer en Union soviétique pour y prêcher le Royaume de Dieu.
De 1933 jusque dans les années 40, alors que la fièvre du nationalisme gagnait le monde, les activités des Témoins de Jéhovah étaient interdites dans un pays après l’autre. Au cours de cette période, on a traduit des milliers de Témoins en justice parce que, pour motif de conscience, ils refusaient de faire le salut au drapeau et de se départir de leur neutralité chrétienne. En 1950, on a calculé que, durant les 15 années précédentes, les autorités américaines avaient procédé à plus de 10 000 arrestations de Témoins de Jéhovah.
En 1946, plus de 400 Témoins ont été déférés devant les tribunaux grecs en peu de temps, mais ce n’était pas là un fait nouveau. Cette situation durait depuis des années. Outre l’emprisonnement, les frères se voyaient infliger d’importantes amendes, qui grevaient leur budget. Cependant, leur vision de la situation leur a permis de dire: “Le Seigneur a ouvert la voie pour que l’œuvre de témoignage atteigne les hauts personnages de la Grèce, lesquels ont entendu parler de l’établissement du royaume de justice; des juges ont également eu cette possibilité.” Sans conteste, les Témoins de Jéhovah voyaient les choses comme, selon les paroles de Jésus, les chrétiens doivent les voir. — Luc 21:12, 13.
Une bataille qui semblait perdue d’avance
Dans les années 40 et 50, le Québec, province canadienne, est devenu un véritable champ de bataille. On y arrêtait les proclamateurs de la bonne nouvelle depuis 1924. De plus, au cours de l’hiver 1931, il est arrivé que certains Témoins soient incarcérés tous les jours, voire deux fois par jour. Les frais de justice devenaient une lourde charge pour les Témoins du Canada. Puis, début 1947, le nombre des affaires en attente dans les tribunaux du Québec et qui concernaient les Témoins s’est élevé à 1 300; pourtant, ces derniers n’étaient pas très nombreux dans la province.
En ce temps-là, l’Église catholique était puissante; tous les hommes politiques et tous les juges de la province devaient compter avec elle. Au Québec, le clergé était généralement tenu en haute estime et, dans les paroisses, chacun était prompt à obéir aux ordres du curé. Le livre State and Salvation (État et salut, 1989) décrit ainsi la situation: “Le cardinal de Québec avait un trône dans la salle où se réunissait l’Assemblée législative, juste à côté de celui qui était réservé au lieutenant-gouverneur. Une grande partie du Québec était en quelque sorte sous la coupe de l’Église. (...) En fait, la mission de l’Église consistait à rendre la vie politique du Québec conforme à la conception catholique selon laquelle la vérité, c’est le catholicisme, l’erreur tout ce qui n’est pas catholique, la liberté étant la liberté de dire et de vivre la vérité catholique.”
D’un point de vue humain, pour les Témoins du Québec comme pour ceux du monde entier, la bataille semblait perdue d’avance.
Toutes les accusations possibles et imaginables
Les adversaires des Témoins examinaient la documentation juridique à la loupe dans le but d’y trouver le moindre prétexte pour mettre fin à leurs activités. Ils les accusaient fréquemment de faire du colportage sans patente, prétendant ainsi que leur œuvre était commerciale. Paradoxalement, ailleurs quelques pionniers ont été accusés de vagabondage parce que, disait-on, ils n’avaient pas d’emploi rémunéré.
Pendant des dizaines d’années dans certains cantons suisses, des hommes en place ont fait des efforts persistants pour que la diffusion de publications bibliques par les Témoins de Jéhovah soit considérée comme du colportage. Le procureur général du canton francophone de Vaud, notamment, s’acharnait à faire annuler toute décision favorable aux Témoins prise par des juridictions inférieures.
En tous lieux, on disait aux Témoins de Jéhovah qu’il leur fallait une autorisation pour diffuser leurs publications ou organiser des réunions bibliques. Mais cette autorisation était-elle vraiment nécessaire? “Non!” répondaient les Témoins. Pourquoi?
Voici quelle était leur explication: ‘Jéhovah Dieu commande à ses témoins de prêcher la bonne nouvelle de son royaume, et les commandements de Dieu sont suprêmes: ses témoins doivent y obéir. Aucun pouvoir temporel, qu’il soit législatif ou exécutif, n’a le droit de s’opposer à la loi de Jéhovah. Puisqu’aucun gouvernement au monde n’a autorité pour interdire la prédication de l’Évangile, aucun gouvernement n’est habilité à délivrer une autorisation de prêcher l’Évangile. Dans ce domaine, les autorités gouvernementales n’ont aucun droit de statuer ni dans un sens ni dans l’autre. Ce serait insulter Dieu que de demander à des humains l’autorisation de faire ce qu’Il a commandé.’
Les accusations portées contre les Témoins étaient souvent très révélatrices de l’animosité religieuse dont ils étaient l’objet. Ainsi, lorsque les brochures Face aux réalités et Guérison ont été diffusées, le surveillant de la filiale de la Société aux Pays-Bas a dû comparaître devant le tribunal de Haarlem pour répondre de l’accusation d’insulte à une partie de la population néerlandaise. C’était en 1939. Selon les paroles du procureur, on lisait, par exemple, dans les publications de la Société Watch Tower que la hiérarchie catholique soutirait de l’argent à ses ouailles en prétendant libérer les morts d’un lieu où ils ne sont pas, le purgatoire, lieu dont l’Église, était-il dit, ne pouvait pas prouver l’existence.
À la barre, le témoin vedette de la hiérarchie catholique, le “père” Henri de Greeve, a formulé ce reproche: “Mon principal grief est que le lecteur non averti pourrait avoir l’impression que les prêtres ne sont qu’une bande de scélérats et d’escrocs.” Appelé ensuite à témoigner, le surveillant de la filiale de la Société a ouvert une Bible catholique et a montré au tribunal que ce que la brochure disait des enseignements catholiques était en accord avec cette Bible. L’avocat de la Société a alors demandé à Henri de Greeve s’il pouvait prouver les doctrines du feu de l’enfer et du purgatoire, et ce dernier a répondu: “Je ne peux pas les prouver; j’y crois, tout simplement.” Le juge a eu tôt fait de comprendre que c’était exactement ce qu’affirmait la brochure. L’affaire a été classée sans suite, et le prêtre, furieux, a quitté la salle.
Dans l’est de ce qui était alors la Tchécoslovaquie, le clergé, mis en émoi par l’activité accrue des Témoins de Jéhovah, les a accusés d’espionnage. La situation était semblable à celle qu’a connue l’apôtre Paul lorsque le clergé juif du Ier siècle l’a accusé de sédition (Actes 24:5). En 1933-1934, des centaines d’affaires ont été jugées, jusqu’à ce que le gouvernement soit convaincu que cette accusation ne reposait sur rien de solide. Dans les années 30 et 40, les Témoins du Québec ont, eux aussi, été accusés de sédition et jugés. Des ecclésiastiques — tant catholiques que protestants, mais surtout catholiques — ont même témoigné contre eux devant les tribunaux. Que reprochait-on aux Témoins de Jéhovah? Selon le clergé, ils avaient mis en danger l’unité de la nation en publiant des écrits qui pouvaient détacher la population de l’Église catholique. Cependant, les Témoins ont répondu qu’en réalité ils avaient diffusé des publications qui consolaient les humbles par le moyen de la Parole de Dieu, mais qui mettaient le clergé en colère parce qu’elles dénonçaient les enseignements et les pratiques contraires aux Écritures.
Qu’est-ce qui a permis aux Témoins de Jéhovah de poursuivre leurs activités malgré une opposition aussi tenace? Leur foi en Dieu et en sa Parole inspirée, leur attachement désintéressé à Jéhovah et à son Royaume, et la force que produit l’action de l’esprit de Dieu. Comme le déclarent les Écritures, “la puissance qui excède la puissance normale” est “celle de Dieu et non pas celle qui vient de nous”. — 2 Cor. 4:7.
Les Témoins de Jéhovah passent à l’offensive dans le domaine juridique
Pendant des dizaines d’années, avant la Première Guerre mondiale, les Étudiants de la Bible avaient diffusé gratuitement beaucoup de publications bibliques dans les rues qui se trouvaient à proximité des églises, et de maison en maison. Puis de nombreuses municipalités des États-Unis avaient pris des arrêtés qui opposaient un obstacle de taille à cette “activité bénévole”. Comment y remédier?
La Tour de Garde du 15 décembre 1919 (en anglais) donna cette explication: “Considérant qu’il était de notre devoir de faire tous les efforts possibles pour rendre témoignage au royaume du Seigneur et ne pas nous relâcher parce que nous voyions les portes se fermer, et étant donné qu’il y avait un tel effort systématique dirigé contre cette activité bénévole, des dispositions ont été prises pour que soit utilisé un périodique, (...) L’ÂGE D’ORa.”
Toutefois, si l’activité de maison en maison s’intensifiait, il en était de même des tentatives pour faire appliquer les lois visant à l’interdire ou à la limiter. Il n’existe pas dans tous les pays des dispositions juridiques permettant d’assurer les libertés des minorités face à l’opposition du pouvoir en place. Mais les Témoins de Jéhovah savaient que la Constitution des États-Unis garantit la liberté religieuse, la liberté d’expression et la liberté de la presse. Par conséquent, lorsque les juges interprétaient les arrêtés municipaux de façon à faire obstacle à la prédication de la Parole de Dieu, les Témoins portaient l’affaire devant des juridictions supérieuresb.
En examinant ce qui s’est passé, Hayden Covington, qui a joué un rôle important dans la gestion des affaires juridiques de la Société Watch Tower, a plus tard expliqué: “Si, à la suite des milliers de condamnations prononcées par les magistrats, les tribunaux de police et les autres juridictions inférieures, nous n’avions pas fait appel, une masse de précédents se seraient amoncelés, constituant pour notre culte un obstacle considérable. En faisant appel, nous avons empêché que ne se forme un tel obstacle. La façon dont nous pratiquons notre culte est inscrite dans le cadre légal aux États-Unis comme dans d’autres pays parce que nous avons inlassablement fait appel des décisions défavorables.” Aux États-Unis, des dizaines d’affaires sont allées jusqu’à la Cour suprême.
Ils œuvrent pour la défense des libertés
L’une des premières affaires ayant trait au ministère des Témoins de Jéhovah portée devant la Cour suprême des États-Unis fut jugée en première instance en Géorgie et examinée devant la Cour suprême le 4 février 1938. Alma Lovell avait été condamnée par le tribunal de Griffin pour avoir contrevenu à un arrêté municipal prohibant la diffusion de publications de quelque sorte que ce fût sans l’autorisation de l’administration communale. Entre autres choses, sœur Lovell avait proposé aux gens le périodique L’Âge d’Or. Le 28 mars 1938, la Cour suprême des États-Unis a jugé que cet arrêté n’était pas conforme aux dispositions constitutionnelles parce qu’il soumettait la liberté de la presse à l’obtention d’une licence et à la censurec.
L’année suivante, Joseph Rutherford, agissant en qualité d’avocat de la requérante, a plaidé devant la Cour suprême dans l’affaire Clara Schneider contre État du New Jerseyd. Puis, en 1940, a été jugée l’affaire Cantwell contre État du Connecticute, dont Joseph Rutherford a constitué le dossier avant que Hayden Covington ne le plaide devant la Cour suprême. L’issue favorable qu’ont connue ces affaires a permis de mieux garantir l’exercice des libertés religieuse, d’expression et de la presse. Mais il y a eu des revers.
De sévères défaites devant les tribunaux
La question du salut au drapeau à laquelle les enfants des Témoins de Jéhovah devaient faire face dans les écoles a été pour la première fois examinée par les tribunaux américains en 1935, dans l’affaire Carlton Nicholls contre maire et école de Lynn (Massachusetts)f. L’affaire a été portée devant la Cour suprême du Massachusetts. En 1937, ce tribunal a décidé que, indépendamment des croyances déclarées de Carleton Nichols et de ses parents, il n’y avait pas lieu de tenir compte de croyances religieuses, car, disait-il, “le salut au drapeau et le serment d’allégeance ici en question n’ont aucun lien avec la religion. (...) Ils ne concernent pas la conception qu’une personne peut avoir de son Créateur. Ils ne touchent pas à ses relations avec son Dieu”. Lorsque la question du salut obligatoire au drapeau a été portée devant la Cour suprême des États-Unis, en 1937 dans l’affaire Leoles contre Landersg, puis en 1938 dans l’affaire Hering contre Académieh, le pourvoi a été rejeté, les magistrats estimant qu’il n’y avait pas lieu de traiter ce contentieux à l’échelon fédéral. En 1939, la Cour suprême a rejeté un autre pourvoi concernant cette question; c’était dans l’affaire Gabrielli contre Knickerbockeri. Ce jour-là, elle a, sans entendre les parties, confirmé le jugement défavorable rendu par une juridiction inférieure dans l’affaire Johnson contre ville de Deerfieldj.
Finalement, en 1940 la Cour suprême a entendu les deux parties dans l’affaire appelée Secteur scolaire de Minersville contre Gobitisk. Une brochette d’avocats célèbres ont pris la parole. Joseph Rutherford défendait Walter Gobitas et ses enfants. Un membre de la faculté de droit de l’Université Harvard, représentant l’Association américaine des membres du barreau et l’Union pour les libertés civiles, a plaidé contre le salut obligatoire au drapeau. Cependant, la Cour suprême n’a pas été sensible à leurs arguments et, le 3 juin, à une seule voix contre, elle a décidé que les enfants qui refusaient de saluer le drapeau pouvaient être renvoyés des écoles publiques.
Au cours des trois années qui ont suivi, la Cour suprême a statué contre les Témoins de Jéhovah dans 19 procès. La décision défavorable la plus importante a été, en 1942, celle concernant l’affaire Jones contre ville d’Opelikal. Rosco Jones avait été condamné pour avoir diffusé des publications dans les rues d’Opelika (Alabama) sans avoir payé de patente. La Cour suprême a confirmé ce jugement et déclaré que les administrations locales ont le droit de taxer raisonnablement le démarchage sur la base d’arrêtés qui ne peuvent être contestés même si, à l’échelon inférieur, les autorités suppriment arbitrairement la patente. C’était un coup sévère, car désormais n’importe quel groupe de personnes pouvait, à l’instigation du clergé ou de tout autre adversaire, faire expulser légalement les Témoins et ainsi, en concluraient leurs ennemis, mettre un terme à leur activité de prédication. Mais il s’est produit une chose étrange.
La tendance s’inverse
Dans l’affaire Jones contre Opelika, dont le jugement porta un coup si terrible au ministère public des Témoins de Jéhovah, trois des juges exprimèrent, non seulement leur désaccord avec la majorité qui s’était dégagée dans cette affaire, mais encore leur sentiment qu’ils avaient posé le principe d’une telle décision lors de l’affaire Gobitis. “Puisque nous avons suivi la majorité dans l’affaire Gobitis, ont-ils déclaré, nous estimons qu’il convient de dire ce que nous pensons aujourd’hui: que ce jugement était lui aussi mauvais.” Les Témoins de Jéhovah ont alors estimé qu’il était temps de renvoyer ces affaires devant la Cour suprême.
Ils ont donc demandé la révision du procès Jones contre Opelika. Cette demande présentait de solides arguments juridiques. En outre, on pouvait y lire cette déclaration d’une grande fermeté: “La Cour ne devrait pas négliger un fait d’une importance capitale: elle traite d’une affaire qui concerne des serviteurs du Dieu Tout-Puissant.” Suivait un examen des précédents bibliques qui en montrait les implications. Puis on s’arrêtait sur le conseil donné par Gamaliel, enseignant de la Loi, à la cour suprême juive du Ier siècle: “Ne vous occupez pas de ces hommes, mais laissez-les aller; (...) autrement, on vous trouvera peut-être en train de combattre contre Dieu.” — Actes 5:34-39.
Finalement, le 3 mai 1943, lors du procès historique Murdock contre État de Pennsylvaniea, la Cour suprême est revenue sur la décision qu’elle avait rendue lors du procès Jones contre Opelika. Elle a statué qu’il est anticonstitutionnel d’exiger une patente comme condition préalable à l’exercice de la liberté de religion par la diffusion de publications. Ce procès a ouvert une voie nouvelle aux Témoins de Jéhovah des États-Unis et a, depuis lors, fait jurisprudence dans des centaines d’affaires. Le 3 mai 1943 a véritablement été un jour mémorable pour les Témoins de Jéhovah dans leurs actions en justice devant la Cour suprême des États-Unis. Ce seul jour, dans 12 affaires sur 13 (groupées en quatre jugements pour ce qui est des auditions et des avis), la Cour s’est prononcée en leur faveurb.
Environ un mois après — le 14 juin, jour de la fête nationale commémorant l’adoption du drapeau américain (Flag Day) — la Cour suprême a de nouveau réformé sa décision, cette fois dans l’affaire Gobitis, et ce à l’occasion du procès Académie de Virginie occidentale contre Barnettec. Elle a décidé qu’“aucun fonctionnaire, supérieur ou subalterne, n’a le droit de prescrire ce qui sera orthodoxe en matière de politique, de nationalisme, de religion ou dans d’autres questions, ou de contraindre des citoyens à confesser leur foi en ces choses par la parole ou par des actes”. Les grandes lignes du raisonnement qui a conduit à cet arrêt de la Cour suprême ont, par la suite, été adoptées au Canada par la cour d’appel de l’Ontario dans l’affaire Donald contre Conseil de l’éducation de Hamilton, et la Cour suprême du Canada a refusé d’annuler la décision rendue à cette occasion.
Conformément à l’arrêt qu’elle avait rendu dans l’affaire Barnette et, le même jour, dans l’affaire Taylor contre État du Mississippid, la Cour suprême des États-Unis a jugé qu’on ne pouvait légitimement accuser les Témoins de Jéhovah de sédition parce qu’ils expliquaient les raisons pour lesquelles ils ne saluaient pas le drapeau et parce qu’ils enseignaient que toutes les nations étaient perdantes en raison de leur opposition au Royaume de Dieu. Ces décisions ont permis que d’autres tribunaux rendent, par la suite, des jugements favorables dans des affaires concernant des Témoins de Jéhovah dont les enfants avaient refusé de saluer le drapeau à l’école, ainsi que dans des affaires ayant trait à l’emploi, et à la garde des enfants. La tendance s’était bel et bien inverséee.
Début d’une nouvelle ère de liberté au Québec
Au Canada, les Témoins de Jéhovah faisaient également tout ce qu’ils pouvaient pour promouvoir la liberté de culte. De 1944 à 1946, des centaines de Témoins avaient été arrêtés au Québec alors qu’ils prenaient part à leur ministère public. La loi canadienne garantissait la liberté de culte, mais des foules venaient perturber leurs réunions consacrées à l’examen de la Bible. La police cédait aux pressions du clergé catholique visant à faire obstacle aux Témoins de Jéhovah. Dans les tribunaux locaux, des juges mettaient les Témoins plus bas que terre, alors qu’ils laissaient repartir les fauteurs d’émeutes sans les inquiéter. Que pouvait-on faire?
La Société a organisé une assemblée spéciale à Montréal les 2 et 3 novembre 1946. Les différents orateurs ont donné un aperçu de la position des Témoins de Jéhovah à la lumière tant des Écritures que de la loi du pays. Ensuite, on a annoncé une campagne de diffusion, en 16 jours et dans tout le pays, du tract La haine ardente du Québec pour Dieu, pour Christ et pour la liberté, est un sujet de honte pour tout le Canada, et cela en anglais, en français et en ukrainien. Ce tract relatait en détail les violences exercées par les foules et les autres atrocités commises à l’encontre des Témoins de Jéhovah du Québec. Un deuxième tract intitulé Québec, tu as trahi ton peuple! a ensuite été publié.
Au Québec, le nombre des arrestations est monté en flèche. Pour remédier à la situation, la filiale de la Société Watch Tower au Canada a créé un service juridique avec des représentants à la fois à Toronto et à Montréal. Le public canadien a protesté avec vigueur lorsqu’il a appris par voie de presse que Maurice Duplessis, premier ministre du Québec, avait volontairement provoqué la faillite du restaurant tenu par un Témoin de Jéhovah, Frank Roncarelli, pour la simple raison qu’il payait la caution de ses compagnons dans la foi. Puis, le 2 mars 1947, les Témoins de Jéhovah ont lancé une pétition nationale invitant les Canadiens à demander au gouvernement l’adoption d’une Déclaration des droits. Ils ont recueilli plus de 500 000 signatures. C’était la pétition la plus importante jamais présentée au Parlement canadien. L’année suivante, une autre pétition, qui a eu encore plus de succès, est venue appuyer la première.
Pendant ce temps, la Société a choisi deux affaires qui pourraient faire jurisprudence pour interjeter appel devant la Cour suprême du Canada. L’une d’elles, l’affaire Aimé Boucher contre Sa Majesté le Roi, avait pour objet l’accusation de sédition qui avait été maintes fois lancée contre les Témoins.
L’affaire Boucher avait trait à la participation d’Aimé Boucher, paisible agriculteur, à la diffusion du tract La haine ardente du Québec. Était-ce séditieux de sa part de faire connaître les violences exercées par les foules contre les Témoins du Québec, de montrer le peu de respect que les personnalités auxquelles les Témoins avaient affaire manifestaient pour la loi, et d’apporter la preuve que ces actions étaient menées à l’instigation des évêques et d’autres membres du clergé catholique?
Un juge de la Cour suprême qui a analysé le tract diffusé a déclaré: “Le document était intitulé ‘La haine ardente du Québec pour Dieu, pour Christ et pour la liberté, est un sujet de honte pour tout le Canada’. Il consistait d’abord en un appel au calme et à la raison lancé à ceux qui allaient examiner les questions annoncées par ce titre; ensuite, en un aperçu de la vive persécution dont les Témoins, en tant que frères du Christ, sont victimes au Québec; puis en une relation plus détaillée de cas précis de persécution; enfin, en un appel aux habitants de la province, pour protester contre la loi de la rue et les méthodes dignes de la Gestapo, afin que, grâce à l’étude de la Parole de Dieu et à l’obéissance à ses commandements, puisse se produire une ‘abondante moisson de bons fruits d’amour pour Lui, pour le Christ et pour la liberté humaine’.”
La Cour suprême a cassé la sentence rendue contre Aimé Boucher, mais trois des cinq juges ont simplement ordonné un nouveau procès. Les juridictions inférieures allaient-elles rendre un jugement impartial? L’avocat des Témoins de Jéhovah a alors demandé que la Cour suprême entende elle-même l’affaire une deuxième fois. Aussi étonnant que cela puisse paraître, la Cour a accepté. Or, durant la période d’instruction du dossier, le nombre des juges de la Cour suprême a augmenté, et l’un des juges a changé d’avis. C’est ainsi qu’en décembre 1950 frère Boucher a été acquitté par cinq voix contre quatre.
Au début, cet arrêt a été contesté tant par l’avocat général que par le premier ministre (qui était aussi ministre de la Justice) de la province de Québec, mais peu à peu il a été confirmé par les tribunaux. Ainsi disparaissait l’accusation de sédition qui avait si souvent été lancée contre les Témoins de Jéhovah du Canada.
Cependant, une autre affaire (dont la décision allait être à l’origine d’une jurisprudence) a été jugée en appel devant la Cour suprême du Canada; il s’agit de l’affaire Laurier Saumur contre ville de Québec. On s’attaquait là aux règlements relatifs aux permis qui avaient entraîné de nombreuses condamnations devant des juridictions inférieures. Dans l’affaire Saumur, la Société désirait qu’une décision définitive soit rendue à l’encontre de la ville de Québec pour empêcher les autorités de faire obstacle à la diffusion de publications religieuses par les Témoins de Jéhovah. Le 6 octobre 1953, la Cour suprême a rendu son arrêt. La réponse était “oui” aux Témoins de Jéhovah, “non” à la province de Québec. Cette décision a permis de gagner un millier d’autres procès où le principe de la liberté religieuse était en jeu. C’était le début d’une nouvelle ère dans l’œuvre des Témoins de Jéhovah du Québec.
Informés des droits et des procédures juridiques
Comme, vers la fin des années 20 et par la suite, le nombre des procès s’est mis à augmenter, il est devenu nécessaire pour les Témoins de Jéhovah de recevoir une formation relative aux procédures judiciaires. Joseph Rutherford étant juriste et ayant lui-même jugé certaines affaires, il a compris que les Témoins avaient besoin de directives dans ce domaine. Notamment depuis 1926, ces derniers mettaient l’accent sur la prédication de maison en maison le dimanche, à l’aide d’ouvrages qui expliquaient la Bible. Devant l’opposition rencontrée par la diffusion de publications bibliques le dimanche, frère Rutherford a préparé une brochure, Liberty to Preach (La liberté de prêcher), destinée à aider les proclamateurs des États-Unis à comprendre leurs droits au regard de la loi. Cependant, il ne pouvait accomplir à lui seul tout ce travail juridique; aussi a-t-il pris des dispositions pour que d’autres avocats viennent travailler au siège de la Société. Qui plus est, d’autres avocats habitant dans divers endroits du pays ont étroitement collaboré.
Ces avocats ne pouvaient assister à toutes les audiences, car l’activité de prédication des Témoins de Jéhovah faisait l’objet de milliers de procès, mais ils pouvaient donner de précieux conseils. À cette fin, on a veillé à ce que tous les Témoins de Jéhovah reçoivent une formation juridique élémentaire. C’est ce qui a été fait lors d’assemblées spéciales tenues aux États-Unis en 1932 et, plus tard, dans les réunions de service des congrégations. Le “Déroulement d’un procès” a été expliqué en détail dans l’Annuaire 1933 des Témoins de Jéhovah (et publié, plus tard, séparément). On adaptait ces instructions au gré des circonstances. Dans le numéro de Consolation du 3 novembre 1937, d’autres conseils d’ordre juridique ont été donnés touchant des situations précises qui se présentaient.
Au lieu de recourir aux services d’un avocat, les Témoins, utilisant ces renseignements, se défendaient généralement eux-mêmes devant les juridictions inférieures. Souvent, c’était pour eux le moyen de donner un témoignage au tribunal et de présenter leur cause sans détours en évitant que les débats ne se cantonnent à des questions de procédure. D’ordinaire, lorsqu’ils perdaient leur procès, les Témoins interjetaient appel, quoique certains aient préféré purger une peine de prison plutôt que de prendre un avocat, ce qui était nécessaire en appel.
Étant donné que de nouvelles situations se présentaient et que certaines décisions commençaient à faire jurisprudence, on a publié d’autres renseignements pour actualiser la connaissance des Témoins. C’est ainsi qu’en 1939 la brochure Advice for Kingdom Publishers (Conseils aux prédicateurs du Royaume) a été imprimée pour aider les frères à se défendre devant les tribunaux. Deux ans après, un examen plus étendu de la question a été fait dans la brochure Jehovah’s Servants Defended (Défense des serviteurs de Jéhovah). Elle citait ou examinait 50 jugements rendus par des tribunaux américains dans des affaires concernant les Témoins de Jéhovah; elle traitait également de nombreuses autres affaires et expliquait comment on pouvait se servir utilement de ces précédents. Puis, en 1943, un exemplaire de Freedom of Worship (Liberté de culte) a été mis à la disposition de chaque Témoin et étudié avec soin lors des réunions de service des congrégations. Non seulement cette brochure faisait un précieux compte rendu de certains procès, mais encore elle exposait en détail les raisons bibliques pour lesquelles on devait procéder de telle et telle manière. Elle a été suivie, en 1950, de la brochure mise à jour Defending and Legally Establishing the Good News (Défense et affermissement légal de la bonne nouvelle).
Toutes ces dispositions ont donné progressivement une formation juridique aux Témoins. Le but, cependant, n’était pas d’en faire des juristes, mais de permettre que la bonne nouvelle du Royaume de Dieu soit prêchée en public et de maison en maison.
Comme une nuée de sauterelles
Lorsque les autorités pensaient être au-dessus des lois, il leur arrivait de traiter les Témoins avec rudesse. Toutefois, quelles que soient les méthodes employées par leurs adversaires, les Témoins de Jéhovah connaissaient ce conseil que l’on trouve dans la Parole de Dieu: “Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais donnez du champ au courroux; car il est écrit: ‘La vengeance est à moi; c’est moi qui paierai de retour, dit Jéhovah.’” (Rom. 12:19). Toutefois, ces chrétiens en étaient conscients: il était de leur devoir de donner le témoignage. Comment le faisaient-ils face à l’opposition des autorités?
Dans les années 30, les congrégations des Témoins de Jéhovah étaient généralement assez petites, mais très unies entre elles. Quand, dans une région, des Témoins avaient des ennuis, leurs compagnons habitant les environs n’hésitaient pas à leur porter secours. C’est ainsi qu’en 1933, aux États-Unis, 12 600 Témoins ont été organisés en 78 divisions. Lorsque, dans un endroit, les arrestations persistaient ou que les adversaires réussissaient à faire pression sur les stations de radio pour qu’elles annulent les contrats qui les liaient aux Témoins de Jéhovah (afin de diffuser les émissions préparées par ces derniers), le bureau de la Société à Brooklyn en était informé. En l’espace d’une semaine, des renforts étaient envoyés dans la région pour que soit donné un témoignage plus intense.
Selon les besoins, de 50 à 1 000 Témoins se donnaient rendez-vous, habituellement en campagne, près de l’endroit où la prédication devait avoir lieu. Ils étaient tous bénévoles; quelques-uns venaient de régions distantes de plus de 300 kilomètres. On confiait à de petits groupes des territoires qui pouvaient être parcourus, certains en 30 minutes, d’autres en plus de temps, jusqu’à peut-être deux heures. Alors que les occupants de chaque voiture commençaient à prêcher dans le secteur qui leur avait été assigné, un comité de frères allait en informer la police avec une liste de tous les Témoins qui prêchaient dans la région ce matin-là. Se voyant en situation d’infériorité numérique, dans la plupart des endroits les autorités permettaient que l’œuvre s’accomplisse sans encombre. Dans certaines villes, tout ce qu’elles pouvaient faire, c’était de remplir leurs prisons. À chaque fois qu’un Témoin était arrêté, un avocat se présentait pour payer la caution. On aurait dit la nuée symbolique de sauterelles dont parlent les Écritures en Joël 2:7-11 et en Révélation 9:1-11. Ainsi, il était possible de continuer à prêcher la bonne nouvelle malgré une intense opposition.
Les agissements de personnalités de haut rang dévoilés au public
Dans certains cas, on a estimé utile d’informer les gens sur les agissements des autorités de leur région. Au Québec, lorsque les tribunaux soumettaient les Témoins à des procédures qui rappelaient l’Inquisition, on envoyait à tous les membres de l’assemblée législative du Québec une lettre leur exposant les faits. Si rien ne se passait, la Société envoyait un exemplaire de cette lettre à 14 000 hommes d’affaires de toute la province. Puis la nouvelle était envoyée aux rédacteurs en chef des journaux pour publication.
Dans l’est des États-Unis, le public était informé grâce à des émissions de radio. Au Béthel de Brooklyn, on forma un certain nombre d’acteurs qui étaient de bons imitateurs: ils constituaient ce que l’on appelait le Théâtre du Roi. Quand des personnalités de haut rang traînaient les Témoins de Jéhovah devant les tribunaux, les débats étaient intégralement sténographiés. Les acteurs, présents dans la salle, se familiarisaient avec le ton de la voix et la façon de parler des policiers, du procureur et du juge. Après avoir fait une large publicité, pour que beaucoup de gens soient à l’écoute, le Théâtre du Roi jouait ces scènes de tribunal avec un réalisme remarquable, afin que les gens connaissent exactement les agissements de ceux qui étaient à leur tête. Par la suite, certaines de ces personnalités, se sentant sous le feu des projecteurs, se sont montrées plus prudentes dans leur façon de traiter les affaires qui concernaient les Témoins.
Unité d’action face à l’oppression nazie
Le gouvernement de l’Allemagne nazie ayant lancé une campagne visant à faire cesser l’activité des Témoins de Jéhovah du pays, la Société a essayé à maintes reprises d’être entendue par les autorités. Mais aucune amélioration ne s’est fait jour. Au cours de l’été 1933, l’œuvre des Témoins de Jéhovah avait été interdite dans la plupart des États allemands. C’est alors que le 25 juin 1933, les Témoins de Jéhovah réunis en assemblée à Berlin ont adopté une déclaration relative à leur ministère et à ses objectifs. Des exemplaires en ont été envoyés à tous les hauts fonctionnaires, et des millions d’autres diffusés auprès du public. Toutefois, en juillet 1933, les tribunaux ont refusé d’écouter les Témoins. Au début de l’année suivante, Joseph Rutherford a écrit à Adolf Hitler une lettre personnelle concernant cette situation, lettre qu’il lui a fait parvenir par un messager spécial. Ensuite, les frères du monde entier sont entrés en action.
Le dimanche matin 7 octobre 1934, à 9 heures, tous les groupes de Témoins allemands se sont rassemblés. Dans la prière, ils ont demandé à Jéhovah sa direction et sa bénédiction. Puis chaque groupe a envoyé une lettre aux autorités allemandes pour faire connaître sa ferme détermination de continuer à servir Jéhovah. Avant de se séparer, ces chrétiens ont examiné ensemble les paroles de leur Seigneur, Jésus Christ, contenues en Matthieu 10:16-24. Ils sont alors sortis pour donner un témoignage à leurs voisins sur Jéhovah et son Royaume dont Christ est le Roi.
Ce jour-là, sur la terre entière les Témoins de Jéhovah se sont rassemblés et, après s’être unis dans une prière adressée à Jéhovah, ont envoyé un télégramme d’avertissement au gouvernement d’Hitler: “Les mauvais traitements que vous infligez aux Témoins de Jéhovah révoltent tous les honnêtes gens et déshonorent le nom de Jéhovah. Cessez les persécutions contre les Témoins de Jéhovah, sans quoi Dieu vous détruira vous et votre parti.” Mais les choses n’en sont pas restées là.
La Gestapo a intensifié ses efforts en vue de mettre fin à l’activité des Témoins de Jéhovah. En 1936, après avoir procédé à des arrestations en masse, elle a pensé qu’elle y était peut-être parvenue. Toutefois, le 12 décembre 1936, environ 3 450 Témoins allemands qui étaient encore en liberté ont parcouru le pays en diffusant une résolution imprimée qui énonçait clairement le dessein de Jéhovah et proclamait que les Témoins de Jéhovah étaient déterminés à obéir à Dieu comme chef plutôt qu’aux hommes. Leurs adversaires n’ont pas compris comment pareille chose avait pu se produire. Quelques mois après, comme la Gestapo cherchait à minimiser les accusations contenues dans la résolution, les Témoins de Jéhovah ont rédigé une lettre ouverte dans laquelle ils citaient nommément les officiers nazis qui avaient cruellement maltraité des Témoins de Jéhovah. En 1937, cette lettre a, elle aussi, fait l’objet d’une large diffusion dans le pays. Ainsi, les actions de ces hommes mauvais ont été dévoilées aux yeux de tous. Cela a également donné aux Allemands la possibilité de décider de la conduite qu’ils adopteraient personnellement vis-à-vis de ces serviteurs du Très-Haut. — Voir Matthieu 25:31-46.
Le monde alerté: les choses s’arrangent quelque peu
D’autres gouvernements ont agi durement envers les Témoins de Jéhovah, interdisant leurs réunions et leur ministère public. Dans certains cas, du fait de l’action des pouvoirs publics, des Témoins ont été renvoyés par leur employeur, et leurs enfants n’ont pas été acceptés dans les écoles. En outre, un certain nombre de représentants gouvernementaux ont eu recours à la brutalité. Pourtant, ces pays ont généralement une constitution qui garantit la liberté religieuse. Dans le but d’atténuer la persécution dont les frères sont l’objet, il n’est pas rare que la Société Watch Tower révèle au monde la façon dont ils sont traités. Elle le fait par le moyen de La Tour de Garde et de Réveillez-vous! et ces informations sont parfois reprises dans la presse. Du monde entier, des milliers et des milliers de lettres favorables aux Témoins affluent alors dans les bureaux des responsables gouvernementaux concernés.
En 1937, à la suite d’une de ces campagnes, le gouverneur de la Géorgie, aux États-Unis, a reçu environ 7 000 lettres en provenance de quatre pays, et cela en l’espace de deux jours; le maire de La Grange, toujours en Géorgie, a lui aussi reçu une avalanche de milliers de lettres. Des campagnes de ce genre ont été organisées en faveur des Témoins de Jéhovah d’Argentine (1978 et 1979), du Bénin (1976), du Burundi (1989), du Cameroun (1970), de la République dominicaine (1950 et 1957), d’Espagne (1961 et 1962), d’Éthiopie (1957), du Gabon (1971), de Grèce (1963 et 1966), de Jordanie (1959), de Malaisie (1952), du Malawi (1968, 1972, 1975 et 1976), du Mozambique (1976), du Portugal (1964 et 1966), de Singapour (1972) et du Swaziland (1983).
Pour prendre un exemple récent de l’aide que les Témoins de Jéhovah du monde entier apportent à leurs frères opprimés, voyons ce qui s’est passé en Grèce. En 1986, La Tour de Garde et Réveillez-vous! (dont le tirage total, dans le monde, s’élève à plus de 22 000 000 d’exemplaires) ont relaté en détail l’intense persécution infligée aux Témoins de Jéhovah à l’instigation du clergé orthodoxe grec. On a appelé les Témoins d’autres pays à écrire en faveur de leurs frères aux responsables du gouvernement grec. C’est ce qu’ils ont fait; et, comme on pouvait le lire dans le quotidien athénien Vradyni, le ministre de la Justice a reçu une avalanche de plus de 200 000 lettres en provenance de plus de 200 pays et écrites en 106 langues.
L’année suivante, une affaire concernant les Témoins de Jéhovah a été entendue par la cour d’appel de La Canée, en Crète; étaient présents comme parties prenantes et comme défenseurs de leurs frères chrétiens des représentants des Témoins de Jéhovah venus de sept autres pays (Allemagne, Angleterre, Espagne, États-Unis, France, Italie et Japon). Puis, à la suite d’un arrêt défavorable rendu, en 1988, par la Cour suprême de Grèce dans une autre affaire qui les concernait, les Témoins ont porté le litige devant la Commission européenne des droits de l’homme. C’est ainsi que le 7 décembre 1990 on a présenté à 16 juristes venus de presque toute l’Europe un dossier relatif à 2 000 arrestations et à des centaines de procès à l’issue desquels les Témoins de Jéhovah de Grèce avaient été condamnés parce qu’ils parlaient de la Bible. (Exactement, entre 1938 et 1992, il y a eu 19 147 arrestations de ce genre en Grèce.) La Commission, à l’unanimité, a décidé que l’affaire devait être finalement jugée par la Cour européenne des droits de l’homme.
Dans certains cas, la publicité qui est faite autour de la violation des droits de l’homme permet d’améliorer les choses. Toutefois, quelles que soient les mesures prises par les juges ou les gouvernements, les Témoins de Jéhovah continuent d’obéir à Dieu comme leur Chef suprême.
Des efforts pour être reconnus officiellement
Il est évident qu’il n’appartient à aucun homme ni à aucun gouvernement humain d’autoriser la pratique du culte pur. Seul Jéhovah Dieu en a le droit. Toutefois, dans beaucoup de pays, il s’est révélé utile pour les Témoins de Jéhovah d’être enregistrés officiellement comme association religieuse, cela afin de s’assurer la protection qu’accorde la loi des hommes. Lorsqu’on projette d’acheter un terrain pour y installer les bureaux d’une filiale ou pour imprimer des publications bibliques en grande quantité, il est préférable de former une association reconnue officiellement. En harmonie avec le précédent établi par l’apôtre Paul dans la Philippes antique, les Témoins de Jéhovah entreprennent les démarches nécessaires pour ‘affermir légalement la bonne nouvelle’. — Phil. 1:7.
Il arrive que cela soit très difficile. Ainsi, en Autriche, où un concordat avec le Vatican assure à l’Église catholique le soutien financier du gouvernement, les démarches des Témoins de Jéhovah ont, au début, échoué, les autorités leur ayant dit: ‘Votre intention est de former une organisation religieuse; or la constitution d’une organisation de ce type n’est pas envisageable sous la loi autrichienne.’ Cependant, en 1930, les Témoins ont pu être enregistrés comme association en vue de la diffusion de Bibles et de publications bibliques.
En Espagne, l’activité des Témoins de Jéhovah du XXe siècle remonte à l’époque de la Première Guerre mondiale. Toutefois, depuis les débuts de l’Inquisition (XVe siècle) et sauf pendant de courtes périodes, l’Église catholique et l’État espagnol travaillaient la main dans la main. À la suite de changements survenus dans le climat politique et religieux, on a fait preuve de tolérance envers les personnes qui voulaient pratiquer une autre religion, mais sans aller jusqu’à leur permettre d’exprimer leur foi en public. Malgré tout, en 1956 puis en 1965, les Témoins de Jéhovah ont cherché à être reconnus officiellement en Espagne. Cependant, il a fallu attendre que le Parlement espagnol vote la loi sur la liberté religieuse de 1967 pour qu’un progrès réel soit possible. Finalement, le 10 juillet 1970, alors qu’ils étaient déjà plus de 11 000 en Espagne, l’activité des Témoins a été reconnue officiellement.
En 1948, les Témoins ont sollicité du gouverneur du Dahomey (aujourd’hui le Bénin), alors colonie française, que soient adoptés les statuts de la Société Watch Tower. Mais la reconnaissance officielle n’a été obtenue qu’en 1966, six ans après que ce pays fut devenu une république indépendante. Toutefois, en raison de changements survenus dans le climat politique et de l’attitude des autorités vis-à-vis de la liberté religieuse, cette reconnaissance a été annulée en 1976, puis rétablie en 1990.
Alors que les Témoins de Jéhovah étaient reconnus au Canada depuis des années, la Seconde Guerre mondiale a servi de prétexte à leurs adversaires pour persuader le nouveau gouverneur général de les déclarer hors la loi. Ce qui a été fait le 4 juillet 1940. Deux ans après, les Témoins ont eu la possibilité de défendre leur cause devant un comité spécial de la Chambre des communes, et ce comité a fortement recommandé la levée de l’interdiction qui pesait sur les Témoins de Jéhovah et sur leurs associations déclarées. Toutefois, ce n’est qu’après de longs et nombreux débats à la Chambre des communes, et au prix d’efforts acharnés de la part des Témoins pour rassembler des signatures dans le cadre de deux pétitions nationales, que le ministre de la Justice, qui était catholique, s’est senti obligé de lever complètement l’interdiction.
Il a fallu de profonds changements de régimes pour que les Témoins de Jéhovah puissent être reconnus officiellement en Europe de l’Est. Après avoir réclamé la liberté religieuse pendant des dizaines d’années, les Témoins ont finalement été reconnus officiellement en Pologne et en Hongrie en 1989, en Roumanie et en Allemagne de l’Est (avant son rattachement à la République fédérale d’Allemagne) en 1990, en Bulgarie et dans l’ex-Union soviétique en 1991, et en Albanie en 1992.
Les Témoins de Jéhovah s’efforcent d’agir en accord avec les lois de chaque pays. S’appuyant sur la Bible, ils encouragent vivement le respect envers les autorités gouvernementales. Cependant, lorsque les lois des hommes entrent en conflit avec les commandements que Dieu a clairement énoncés, ils répondent: “On doit obéir à Dieu, comme à un chef, plutôt qu’aux hommes.” — Actes 5:29.
Lorsque la peur fait oublier les libertés fondamentales
En raison de l’accroissement de la toxicomanie et de la montée de l’inflation — qui, chez nombre de couples, oblige mari et femme à travailler — les Témoins de Jéhovah des États-Unis doivent accomplir leur ministère dans des situations nouvelles. Beaucoup de quartiers sont presque déserts pendant la journée, et les cambriolages sont nombreux. Les gens ont peur. À la fin des années 70 et au début des années 80, un nombre important d’arrêtés ont été pris obligeant les démarcheurs à se faire enregistrer, cela afin de connaître l’identité des personnes étrangères circulant dans un quartier. Certaines municipalités ont menacé les Témoins de Jéhovah d’arrestation s’ils ne se procuraient pas d’autorisations. Mais, étant donné qu’un solide fondement juridique avait déjà été posé en la matière, les Témoins se sont efforcés de régler ces conflits sans que la justice y soit mêlée.
Lorsque des difficultés surviennent quelque part, il arrive que les anciens de la congrégation rencontrent les autorités municipales pour essayer de trouver une solution. Les Témoins de Jéhovah refusent catégoriquement de demander une autorisation pour accomplir l’œuvre que Dieu a commandée, et la Constitution des États-Unis, appuyée par les décisions de la Cour suprême, garantit la liberté de culte et la liberté de presse, et ne soumet pas ces libertés au paiement préalable d’un droit. Toutefois, les Témoins de Jéhovah comprennent que les gens aient peur, et ils consentent, avant de commencer à donner le témoignage dans un quartier, à en informer la police, si cela est nécessaire. Cependant, si aucun compromis acceptable ne peut être trouvé, un avocat représentant le siège de la Société correspond avec les autorités locales pour les renseigner sur l’œuvre des Témoins de Jéhovah, sur les articles de la Constitution qui garantissent leur droit de prêcher, et sur la possibilité qu’a la Société de faire prévaloir ce droit en engageant une procédure en dommages-intérêts contre les municipalités et les fonctionnaires en causef.
Dans certains pays, il est même nécessaire d’aller en justice pour défendre des libertés fondamentales qui sont considérées depuis longtemps comme acquises. C’est ce qui s’est passé en Finlande en 1976, puis en 1983. Une série d’arrêtés interdisant l’activité religieuse de maison en maison avaient été pris pour préserver, censément, la paix des habitants. Toutefois, lors de procès qui ont eu lieu à Loviisa et à Rauma, les Témoins de Jéhovah ont fait valoir que la prédication de maison en maison est partie intégrante de leur culte, et que le gouvernement avait approuvé cette méthode d’évangélisation lorsqu’il avait reconnu officiellement leur association religieuse. Ils ont également montré que beaucoup de gens apprécient leurs visites, et que ce serait une atteinte à la liberté que d’interdire cette activité pour la seule raison qu’elle n’est pas du goût de tous. Des décisions favorables ayant été rendues dans ces procès, nombre de municipalités ont abrogé leur arrêté.
Leur influence sur le droit constitutionnel
L’activité des Témoins de Jéhovah a, dans certains pays, exercé une grande influence sur le droit applicable. Tout étudiant en droit américain connaît bien le rôle que les Témoins de Jéhovah ont joué dans la défense des droits civils aux États-Unis. On en trouve un écho dans des articles tels que “La dette du droit constitutionnel à l’égard des Témoins de Jéhovah”, paru dans la Minnesota Law Review de mars 1944, et “Catalyseur dans l’évolution du droit constitutionnel: les Témoins de Jéhovah devant la Cour suprême”, publié dans University of Cincinnati Law Review en 1987.
Les procès les concernant constituent une part importante du droit américain relatif à la liberté de religion, à la liberté d’expression et à la liberté de presse. Ces procès ont largement contribué à la préservation des libertés, non seulement des Témoins de Jéhovah, mais de tous. Dans un discours prononcé à l’Université Drake, Irving Dilliard, auteur et journaliste bien connu, a dit: “Qu’on le veuille ou non, les Témoins de Jéhovah ont fait plus pour la préservation de nos libertés que n’importe quel autre groupement religieux.”
Sur la situation au Canada, voici ce qu’on peut lire dans la préface du livre State and Salvation — The Jehovah’s Witnesses and Their Fight for Civil Rights (État et salut: les Témoins de Jéhovah et leur combat pour les droits civils): “Les Témoins de Jéhovah ont enseigné à l’État et au peuple canadien ce que devrait être le contenu pratique de la protection juridique des groupes minoritaires. En outre, la (...) persécution [des Témoins au Québec] a donné lieu à une série de procès qui, dans les années 40 et 50, ont été portés devant la Cour suprême du Canada. Ces procès ont, eux aussi, modifié le comportement des Canadiens au regard de l’exercice des droits civils, et aujourd’hui ils constituent le fondement de la jurisprudence en matière de libertés civiles au Canada.” “L’un des résultats” des batailles judiciaires menées par les Témoins pour la liberté de culte, explique cet ouvrage, “a été ce long cheminement de procédures d’instruction et de débats qui a conduit à la Charte des droits”, laquelle appartient maintenant au droit fondamental du Canada.
Suprématie de la loi divine
Toutefois, le passé juridique des Témoins de Jéhovah atteste principalement leur conviction que la loi divine est suprême. Ce qui a motivé leur prise de position, c’est en premier lieu l’importance qu’ils accordent à la question de la souveraineté universelle. Ils reconnaissent en Jéhovah le seul vrai Dieu et le Souverain légitime de l’univers. Ils affirment donc que toute loi ou toute décision judiciaire qui interdirait de faire ce que Jéhovah commande est sans effet, et que l’instance humaine qui imposerait de telles restrictions outrepasserait ses pouvoirs. Leur position est semblable à celle des apôtres de Jésus Christ, qui ont déclaré: “On doit obéir à Dieu, comme à un chef, plutôt qu’aux hommes.” — Actes 5:29.
Avec l’aide de Dieu, les Témoins de Jéhovah sont déterminés à prêcher cette bonne nouvelle du Royaume de Dieu par toute la terre habitée en témoignage pour toutes les nations avant que ne vienne la fin. — Mat. 24:14.
[Notes]
a Le premier numéro était daté du 1er octobre 1919. La diffusion de ce périodique et de ses successeurs (Consolation et Réveillez-vous!) a été extraordinaire. En 1992, Réveillez-vous! a eu un tirage moyen de 13 110 000 exemplaires en 67 langues.
b En règle générale, lorsqu’ils étaient traduits devant les tribunaux pour avoir participé à l’œuvre de témoignage, les Témoins de Jéhovah faisaient appel plutôt que de payer des amendes. S’ils étaient déboutés de leur appel, au lieu de payer l’amende, ils allaient en prison — si la loi le permettait. Ce refus persistant de payer les amendes a fait que certains fonctionnaires ont cessé de s’opposer à la prédication des Témoins. Bien que cette ligne de conduite puisse encore être suivie dans certaines circonstances, La Tour de Garde du 15 juillet 1975 a montré que, dans beaucoup de cas, une amende pouvait très bien être considérée comme une peine, et donc que la payer ne signifiait pas reconnaître que l’on était coupable, pas plus que le fait d’aller en prison n’était, à leurs yeux, une preuve de culpabilité.
c Lovell contre ville de Griffin, 303 U.S. 444 (1938).
d Schneider contre État du New Jersey (ville d’Irvington), 308 U.S. 147 (1939).
e 310 U.S. 296 (1940).
f 297 Mass. 65 (1935). Il s’agissait d’un enfant de huit ans, dont le nom doit être orthographié Carleton Nichols.
g 302 U.S. 656 (1937) (Géorgie).
h 303 U.S. 624 (1938) (New Jersey).
i 306 U.S. 621 (1939) (Californie).
j 306 U.S. 621 (1939) (Massachusetts).
k 310 U.S. 586 (1940). Walter Gobitas (c’est ainsi que son nom doit être orthographié), le père, ainsi que ses enfants William et Lillian, avaient introduit une action en justice contre l’école de Minersville; celle-ci fermait ses portes aux deux enfants parce qu’ils refusaient de saluer le drapeau national. Les Témoins de Jéhovah avaient gagné leur procès, tant en première instance qu’en appel. C’est alors que l’école en question a saisi d’un pourvoi la Cour suprême des États-Unis.
l 316 U.S. 584 (1942).
a 319 U.S. 105 (1943).
b Au cours de l’année civile 1943, des pourvois ont été introduits devant la Cour suprême des États-Unis à l’occasion de 24 affaires concernant les Témoins de Jéhovah.
c 319 U.S. 624 (1943).
d 319 U.S. 583 (1943).
e De 1919 à 1988, des pourvois ont été introduits auprès de la Cour suprême des États-Unis dans 138 affaires concernant des Témoins de Jéhovah. Cent trente de ces pourvois ont été déposés par les Témoins de Jéhovah; huit, par les parties adverses. Dans 67 affaires, la Cour suprême a rejeté le pourvoi parce que, selon son point de vue au moment des faits, aucune question fédérale importante touchant à la loi ou à la constitution n’était soulevée. Dans 47 des affaires qu’elle a examinées, la Cour suprême a rendu un arrêt favorable aux Témoins de Jéhovah.
f Jane Monell contre Service des affaires sociales de la ville de New York, 436 U.S. 658 (1978).
[Entrefilet,page 680]
Les Témoins de Jéhovah se voyaient interdire dans un pays après l’autre.
[Entrefilet,page 682]
L’affaire a été classée sans suite, et le prêtre, furieux, a quitté la salle.
[Entrefilet,page 693]
Certaines personnalités se sont montrées plus prudentes dans leur façon de traiter les affaires qui concernaient les Témoins.
[Encadré, page 684]
Un témoignage donné à la Cour suprême des États-Unis
Lorsqu’il s’est présenté devant la Cour suprême des États-Unis en tant que conseil dans l’affaire “Gobitis”, Joseph Rutherford, membre du barreau de New York et président de la Société Watch Tower, a clairement montré l’importance d’être soumis à la souveraineté de Jéhovah Dieu. Il a dit:
“Les Témoins de Jéhovah sont ceux qui rendent témoignage au nom du Dieu Tout-Puissant, le seul dont le nom est JÉHOVAH. (...)
“Je tiens à porter à votre connaissance qu’il y a plus de six mille ans Jéhovah Dieu a promis d’établir, par l’entremise du Messie, un gouvernement de justice. Il tiendra sa promesse en temps opportun. L’actualité vue à la lumière des prophéties indique que ce moment est proche. (...)
“Dieu, Jéhovah, est la seule source de la vie. Personne d’autre ne peut donner la vie. L’État de Pennsylvanie ne le peut pas. Le gouvernement américain non plus. Comme Paul l’a écrit, Dieu a fait cette loi [interdisant le culte des images] pour préserver Son peuple de l’idolâtrie. Ce n’est pas grand-chose, direz-vous. Il en était de même dans l’acte d’Adam, qui mangea du fruit défendu. Ce n’est pas la pomme mangée par Adam qui compte, mais son acte de désobéissance à Dieu. La question est donc de savoir si l’homme veut obéir à Dieu ou à une institution humaine. (...)
“Je rappelle à la Cour (si tant est que cela soit nécessaire) que, dans l’affaire ‘Église contre États-Unis’, elle a déclaré que l’Amérique est un pays chrétien; cela signifie que l’Amérique doit obéir à la loi divine. Cela signifie également que la Cour reconnaît que, d’un point de vue juridique, la loi de Dieu est suprême. Et si un homme croit, en conscience, que la loi de Dieu est suprême et s’il se conforme, en conscience, à sa croyance, nulle autorité humaine ne peut exercer de pressions ou une influence sur sa conscience. (...)
“Je me permets de signaler ceci: au début de chaque session de la Cour, l’huissier prononce ces paroles: ‘Dieu sauve les États-Unis et cette honorable Cour!’ Et maintenant je dis: ‘Dieu sauve cette honorable Cour en lui évitant de commettre une erreur qui ferait du peuple des États-Unis une classe totalitaire et réduirait à néant toutes les libertés garanties par la Constitution. Cette question est sacrée pour tout Américain qui aime Dieu et Sa Parole.’”
[Encadré, page 687]
Les coulisses d’un procès en révision
Lorsqu’en 1940 la Cour suprême américaine a statué, dans l’affaire “Secteur scolaire de Minersville contre Gobitis”, que l’on pouvait exiger des écoliers qu’ils saluent le drapeau, huit des neuf juges étaient de cet avis. Seul le juge Stone était d’un avis contraire. Toutefois, deux ans après, quand ils ont notifié leur désaccord dans l’affaire “Jones contre Opelika”, trois autres juges (MM. Black, Douglas et Murphy) en ont profité pour déclarer que, selon eux, le jugement rendu dans l’affaire “Gobitis” n’était pas bon parce que la liberté religieuse avait été reléguée à l’arrière-plan. En conséquence, quatre des neuf juges étaient d’accord pour une révision de l’affaire “Gobitis”. Deux des cinq autres juges qui avaient fait peu de cas de la liberté religieuse avaient pris leur retraite. Deux nouveaux juges (MM. Rutledge et Jackson) étaient donc en fonction lorsque la question du salut au drapeau a été portée une nouvelle fois devant la Cour suprême. En 1943, dans l’affaire “Académie de Virginie occidentale contre Barnette”, ces deux juges ont voté en faveur de la liberté religieuse contre le salut obligatoire au drapeau. Ainsi, par six voix contre trois, la cour a révisé le jugement qu’elle avait rendu dans cinq affaires précédentes (“Gobitis”, “Leoles”, “Hering”, “Gabrielli” et “Johnson”).
Exprimant son désaccord dans l’affaire “Barnette”, le juge Frankfurter a déclaré: “Comme cela s’est vérifié dans le passé, la Cour révise de temps en temps ses arrêts. Mais je crois qu’avant ces affaires concernant les Témoins de Jéhovah (à de légères exceptions près dont on a trouvé trace par la suite) la Cour n’a jamais annulé de décisions de manière à restreindre les pouvoirs d’un gouvernement démocratique.”
[Encadré, page 688]
“Une forme très ancienne d’évangélisation missionnaire”
En 1943, lors du procès “Murdock contre Pennsylvanie”, la Cour suprême des États-Unis a déclaré, entre autres choses:
“La diffusion de traités religieux est une forme très ancienne d’évangélisation missionnaire, aussi ancienne que l’imprimerie. Au fil des années, elle a été le point fort de nombreux mouvements religieux. Cette forme d’évangélisation est abondamment pratiquée aujourd’hui par diverses organisations religieuses dont les colporteurs font pénétrer l’Évangile dans des milliers et des milliers de foyers et cherchent, en rendant visite aux gens, à les rallier à leur foi. C’est plus que de la prédication; c’est plus que de la diffusion de publications religieuses. C’est les deux à la fois. Le but en est aussi évangélique qu’une réunion pour le renouveau de la foi. Au regard du Premier amendement, cette forme d’activité religieuse s’élève au même rang que le culte pratiqué dans les églises et que la prédication en chaire. Elle mérite la même protection que les exercices plus orthodoxes et plus conventionnels de la religion. En outre, elle mérite autant que les autres le droit à la liberté d’expression et à la liberté de presse.”
[Encadré, page 690]
“Égalité des droits”
C’est sous ce titre qu’en 1953 une journaliste canadienne, bien connue à l’époque, a écrit: “Un grand feu de joie sur la Colline du Parlement devrait marquer la décision de la Cour suprême dans l’affaire Saumur [présentée à la Cour par les Témoins de Jéhovah], un feu de joie digne de cette occasion mémorable. Dans toute l’histoire de la jurisprudence canadienne, peu de décisions ont été plus importantes. Peu de tribunaux ont rendu un meilleur service au Canada. Aucun n’a autant de droit à la reconnaissance des Canadiens qui tiennent à leur liberté (...). Il est impossible de célébrer cet événement avec toute l’ampleur qu’il mérite.”
[Encadré, page 694]
Une ferme déclaration adressée à l’État nazi
Le 7 octobre 1934, toutes les congrégations de Témoins de Jéhovah d’Allemagne ont envoyé la lettre suivante au gouvernement:
“AUX FONCTIONNAIRES DU GOUVERNEMENT:
“La Parole de Jéhovah Dieu, consignée dans la sainte Bible, est la loi suprême et constitue notre guide unique, car nous nous sommes voués à Dieu et désirons être de véritables disciples sincères de Jésus-Christ.
“Au cours de l’année écoulée, en contradiction avec la loi de Dieu et en violant nos droits, vous avez interdit aux témoins de Jéhovah de se réunir pour adorer Dieu, étudier sa Parole et le servir. Or, sa Parole nous ordonne de ne pas abandonner notre assemblée (Hébreux 10:25). C’est à nous que Jéhovah prescrit: ‘Vous êtes mes témoins que je suis Dieu. Allez, et dites mon message à ce peuple.’ (Ésaïe 43:10, 12; Ésaïe 6:9; Matthieu 24:14). Il existe un conflit direct entre votre loi et celle de Dieu. À l’exemple des fidèles apôtres, ‘nous devons obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes’, et c’est ce que nous ferons (Actes 5:29). Par la présente, nous vous avisons donc que nous observerons, à tout prix, les commandements de Dieu, que nous nous réunirons pour étudier sa Parole, et que nous l’adorerons et le servirons comme il l’a prescrit. Si votre gouvernement ou les agents de votre gouvernement nous infligent de mauvais traitements, parce que nous obéissons à Dieu, notre sang reposera sur vos têtes, et vous devrez rendre des comptes à Dieu, le Tout-Puissant.
“Nous ne nous intéressons pas aux affaires politiques, mais nous vouons un attachement sans partage au Royaume de Dieu et de Christ le Roi. Nous ne ferons du mal à personne. Nous serions heureux d’habiter en paix et de faire du bien à tous les hommes en toute occasion, mais puisque votre gouvernement et ses représentants continuent d’essayer de nous contraindre à désobéir à la loi suprême de l’univers, nous sommes dans l’obligation de vous informer que, par la grâce de Jéhovah Dieu, nous lui obéirons, pleinement confiants qu’il nous délivrera de toute oppression et de tous les oppresseurs.”
[Encadré, page 697]
Sous l’interdiction, les Témoins font clairement connaître leur position
En 1940, l’organisation des Témoins de Jéhovah a été interdite par le gouvernement canadien. Il en est résulté plus de 500 procès. Quelle défense les Témoins poursuivis pouvaient-ils présenter? Respectueusement, mais fermement, ils ont, dans les grandes lignes, développé cette argumentation:
‘Ces livres ne contiennent rien de mal. Ils enseignent le chemin de la vie éternelle. Je crois sincèrement qu’ils expliquent le dessein du Dieu Tout-Puissant, lequel est d’établir sur la terre un Royaume de justice. Ils ont été la plus grande bénédiction de ma vie. Selon moi, ce serait pécher contre le Tout-Puissant que de détruire ces livres et le message de Dieu qu’ils contiennent, comme ce serait un péché de brûler la Bible. C’est à chacun de voir s’il veut risquer la désapprobation des hommes ou celle du Dieu Tout-Puissant. Pour moi, j’ai pris position aux côtés du Seigneur et de Son Royaume, et je désire honorer le nom du Très-Haut, qui est Jéhovah; et si je dois pour cela subir une peine, ceux qui m’imposeront une telle peine en porteront la responsabilité devant Dieu.’
[Encadré, page 698]
Ce qu’en ont pensé des membres du gouvernement canadien
Voici quelques déclarations faites par des membres de la Chambre des communes du Canada, lorsqu’en 1943 ils ont expressément invité le ministre de la Justice à lever l’interdiction pesant sur les Témoins de Jéhovah et sur leurs associations déclarées:
“Le ministère de la Justice n’a donné aucune preuve au comité indiquant qu’à un moment ou à un autre l’organisation des Témoins de Jéhovah aurait dû être déclarée illégale (...). Il est déshonorant pour le Dominion du Canada que quelqu’un soit poursuivi pour ses convictions religieuses comme l’ont été ces malheureux.” “À mon avis, il est clair et net que ce sont des préjugés religieux qui font obstacle à la levée de l’interdiction.” — M. Angus MacInnis.
“La plupart d’entre nous en ont fait l’expérience: ces gens sont inoffensifs et dénués de toute mauvaise intention à l’égard de l’État. (...) Pourquoi l’interdiction n’a-t-elle pas été levée? On ne saurait craindre que cette organisation nuise au bien de l’État, ou que ses actions soient contraires à l’effort de guerre. Il n’y a jamais eu la moindre preuve dans ce sens.” — M. John Diefenbaker.
“On se demande vraiment si les mesures prises à l’encontre des Témoins de Jéhovah ne sont pas dues, en grande partie, à leur attitude vis-à-vis des catholiques, plutôt qu’à une conduite subversive.” — M. Victor Quelch.
[Encadré, page 699]
“Services rendus à la cause de la liberté religieuse”
“Il ne conviendrait pas de conclure ce bref aperçu des ennuis des Témoins de Jéhovah avec l’État sans parler des services que, grâce à leur persévérance, ils ont rendus à la cause de la liberté religieuse sous notre Constitution. Ces dernières années, ils ont occupé les tribunaux plus que tout autre groupement religieux et le public a vu en eux des individus à l’esprit étroit; mais ils sont restés fidèles aux convictions dictées par leur conscience et, en conséquence, les tribunaux fédéraux ont rendu une série de décisions qui ont assuré et élargi les garanties du citoyen américain dans le domaine de la liberté religieuse, et qui, en outre, ont protégé et étendu leurs libertés civiles. En cinq ans, de 1938 à 1943, quelque trente et une affaires les concernant ont été portées devant la Cour suprême; et les décisions qui ont été rendues lors de ces procès, et plus tard dans d’autres procès, ont fait avancer la cause des libertés consignées dans la Déclaration des droits en général, et la protection de la liberté religieuse en particulier.” — “Church and State in the United States” (Église et État aux États-Unis), Anson Stokes, volume III, 1950, page 546.
[Encadré/Illustrations, pages 700, 701]
Ils se réjouissent de leur liberté de culte
Dans nombre de pays où ils ne jouissaient pas autrefois d’une entière liberté de culte, les Témoins de Jéhovah ont aujourd’hui le droit de se réunir pour pratiquer leur culte et de communiquer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu.
Québec (Canada)
Pendant les années 40, les quelques Témoins qui se trouvaient à Châteauguay ont été attaqués par la foule. Au Québec, en 1992, plus de 21 000 Témoins se sont réunis librement dans leurs Salles du Royaume.
Saint-Pétersbourg (Russie)
En 1992, 3 256 personnes se sont fait baptiser lors de la première assemblée internationale tenue par les Témoins de Jéhovah en Russie.
Palma (Espagne)
Après la reconnaissance officielle des Témoins de Jéhovah en Espagne (1970), de grandes enseignes sur leurs lieux de réunion attestaient leur joie de pouvoir se rassembler librement.
Tartu (Estonie)
Les Témoins d’Estonie sont heureux, depuis 1990, de recevoir sans encombre des publications bibliques.
Maputo (Mozambique)
Les Témoins de Jéhovah ont été reconnus officiellement en 1991. Moins d’un an après, plus de 50 congrégations de Témoins enthousiastes accomplissaient leur ministère dans la capitale et ses environs.
Cotonou (Bénin)
En arrivant à une réunion, en 1990, beaucoup ont eu la surprise de voir une banderole accueillant publiquement les Témoins de Jéhovah. C’est là qu’ils ont appris la levée de l’interdiction qui pesait sur leur culte.
Prague (Tchécoslovaquie)
Ci-dessous, quelques-uns des croyants qui ont servi Jéhovah sous l’interdiction pendant 40 ans. En 1991, ils se sont retrouvés avec joie lors d’une assemblée internationale des Témoins de Jéhovah à Prague.
Luanda (Angola)
Quand, en 1992, l’interdiction a été levée, plus de 50 000 personnes et familles ont accepté que les Témoins étudient la Bible avec eux.
Kiev (Ukraine)
Dans ce pays, beaucoup de gens assistent aux réunions (qui se tiennent souvent dans des salles louées), surtout depuis 1991, date à laquelle les Témoins de Jéhovah ont été reconnus officiellement.
[Illustrations, page 679]
Dans 138 affaires concernant les Témoins de Jéhovah, des pourvois ont été introduits auprès de la Cour suprême des États-Unis. De 1939 à 1963, Hayden Covington (sur la photo) a plaidé dans 111 d’entre elles.
[Illustration, page 681]
Vers la fin des années 30, Maurice Duplessis, premier ministre du Québec, agenouillé en public devant le cardinal Villeneuve et passant un anneau à son doigt comme signe des liens étroits unissant l’Église et l’État. Au Québec, la persécution contre les Témoins de Jéhovah a été particulièrement intense.
[Illustration, page 683]
William Jackson, qui a appartenu au service juridique du siège de la Société, a été membre du Collège central des Témoins de Jéhovah pendant dix ans.
[Illustration, page 685]
Rosco Jones, dont l’affaire relative au ministère des Témoins de Jéhovah a été portée deux fois devant la Cour suprême des États-Unis.
[Illustrations, page 686]
Juges de la Cour suprême des États-Unis qui, par six voix contre trois dans l’affaire “Barnette”, ont rejeté le principe du salut obligatoire au drapeau en faveur de la liberté de culte. Cet arrêt réformait la décision que la Cour avait elle-même rendue dans l’affaire “Gobitis”.
Enfants impliqués dans ces affaires.
Lillian et William Gobitas
Marie et Gathie Barnette
[Illustration, page 689]
Aimé Boucher, acquitté par la Cour suprême du Canada; les accusations de sédition portées contre les Témoins de Jéhovah ont été rejetées.
[Illustrations, page 691]
Ce tract, rédigé en trois langues, a informé tout le Canada des atrocités commises à l’encontre des Témoins de Jéhovah du Québec.
[Illustrations, page 692]
Il a été nécessaire de donner aux Témoins de Jéhovah une formation relative aux procédures judiciaires afin qu’ils puissent affronter l’opposition qu’ils rencontraient dans leur ministère; ce sont là quelques-unes des publications juridiques qu’ils ont utilisées.
-
-
Comment Dieu les choisit et les guideLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 31
Comment Dieu les choisit et les guide
“LOGIQUEMENT, il ne devrait y avoir qu’une seule vraie religion. Cela est conforme au fait que le vrai Dieu est un Dieu, ‘non pas de désordre, mais de paix’. (1 Corinthiens 14:33.) D’ailleurs, il n’y a qu’‘une seule foi’, selon la Bible (Éphésiens 4:5). Qui donc, de nos jours, sont les vrais adorateurs de Dieu? Nous répondons sans hésiter: les Témoins de Jéhovah”, dit le livre Vous pouvez vivre éternellement sur une terre qui deviendra un paradisa.
Certains demanderont peut-être: ‘Comment pouvez-vous être si sûrs de détenir la vraie religion? Vous ne disposez pas de preuves surnaturelles — comme les dons miraculeux. De plus, au fil des années, n’avez-vous pas dû souvent rectifier vos points de vue et vos enseignements? Comment pouvez-vous donc avoir la conviction d’être guidés par Dieu?’
Pour répondre à ces questions, il est utile d’examiner d’abord comment Jéhovah a choisi et guidé son peuple dans l’Antiquité.
Le choix de Dieu aux temps bibliques
Au XVIe siècle avant notre ère, Jéhovah a rassemblé les Israélites au mont Sinaï et les a invités à devenir son peuple élu. En premier lieu, Jéhovah les a informés des exigences précises auxquelles ils auraient à satisfaire. Il leur a dit: “Et maintenant, si vous obéissez strictement à ma voix (...), alors vous deviendrez assurément ma propriété spéciale.” (Ex. 19:5). Par l’intermédiaire de Moïse, Jéhovah a exposé clairement ses exigences, après quoi le peuple a répondu: “Toutes les paroles qu’a prononcées Jéhovah, nous voulons bien les exécuter.” Jéhovah a ensuite conclu une alliance avec Israël et lui a donné sa Loi. — Ex. 24:3-8, 12.
Être choisis par Dieu, quel privilège inestimable! Mais ce privilège imposait aux Israélites la responsabilité d’obéir strictement à la Loi de Dieu. S’ils manquaient de le faire, ils seraient rejetés en tant que nation. Afin de leur inspirer une crainte salutaire qui les inciterait à lui obéir, Jéhovah a donné des signes surnaturels spectaculaires: “des tonnerres et des éclairs commencèrent à se produire”, et “toute la montagne tremblait violemment”. (Ex. 19:9, 16-18; 20:18, 20.) Pendant les 1 500 années qui ont suivi, les Israélites ont occupé une position unique: ils étaient le peuple élu de Dieu.
Toutefois, au Ier siècle de notre ère, la situation a changé radicalement. Israël a perdu le statut privilégié qui était le sien, car Jéhovah a abandonné le peuple qui avait rejeté son Fils (Mat. 21:43; 23:37, 38; Actes 4:24-28). Jéhovah a donc formé la congrégation chrétienne, fondée sur Christ. À la Pentecôte de l’an 33, Dieu a répandu son esprit saint sur les disciples de Jésus, à Jérusalem, faisant d’eux “une race choisie, (...) une nation sainte, un peuple destiné à être une possession spéciale”. (1 Pierre 2:9; Actes 2:1-4; Éph. 2:19, 20.) Ils sont devenus les “élus de Dieu”. — Col. 3:12.
L’appartenance à cette nation élue dépendait de certaines conditions. Jéhovah avait fixé des exigences morales et spirituelles auxquelles il fallait satisfaire (Gal. 5:19-24). Ceux qui se conformaient à ces exigences étaient susceptibles d’être choisis par Dieu. Cependant, une fois choisis par lui, il était capital qu’ils continuent d’obéir à ses lois. Seuls ‘ceux qui lui obéiraient comme à un chef’ continueraient de recevoir son esprit (Actes 5:32). Ceux qui ne lui obéissaient pas risquaient d’être exclus de la congrégation et de perdre leur héritage dans le Royaume de Dieu. — 1 Cor. 5:11-13; 6:9, 10.
Mais comment les non-chrétiens sauraient-ils avec certitude que Dieu avait choisi la congrégation chrétienne primitive pour être la “congrégation de Dieu” à la place d’Israël (Actes 20:28)? Il n’y avait pas de doute sur le choix divin. Après la mort de Jésus, Dieu a accordé des dons miraculeux aux membres de la congrégation chrétienne primitive pour montrer qu’ils étaient désormais ses élus. — Héb. 2:3, 4.
Les signes surnaturels, ou les miracles, seraient-ils toujours nécessaires pour reconnaître ceux que Dieu avait choisis et guidés aux temps bibliques? Certainement pas! Les miracles ne se sont pas produits tout au long de l’histoire biblique. La plupart des gens vivant aux temps bibliques n’en ont jamais été témoins. La majorité des prodiges relatés dans la Bible sont survenus aux jours de Moïse et de Josué (XVIe et XVe siècles avant notre ère), d’Élie et d’Élisée (Xe et IXe siècles avant notre ère), ainsi que de Jésus et de ses apôtres (Ier siècle de notre ère). D’autres hommes fidèles choisis par Dieu dans un dessein précis, tels Abraham et David, ont observé des démonstrations de la puissance de Dieu, ou en ont ressenti les effets, mais rien ne montre qu’ils aient eux-mêmes opéré des miracles (Gen. 18:14; 19:27-29; 21:1-3; voir aussi 2 Samuel 6:21; Néhémie 9:7). Quant aux dons miraculeux du Ier siècle, la Bible a annoncé qu’ils allaient ‘être abolis’. (1 Cor. 13:8.) C’est ce qui s’est passé après la mort des 12 apôtres et des chrétiens qui avaient reçu des dons miraculeux par leur intermédiaire. — Voir Actes 8:14-20.
Le choix de Dieu aujourd’hui
Après le Ier siècle, l’apostasie prédite s’est développée sans la moindre retenue (Actes 20:29, 30; 2 Thess. 2:7-12). Pendant des siècles, la lampe qu’est le véritable christianisme a brûlé faiblement (voir Matthieu 5:14-16). Cependant, dans une illustration, Jésus a expliqué qu’à ‘la conclusion du système de choses’, on ferait une claire distinction entre “le blé” (les vrais chrétiens) et “la mauvaise herbe” (les faux chrétiens). Tout comme au Ier siècle, le blé, ou les “élus”, serait rassemblé au sein de la seule véritable congrégation chrétienne (Mat. 13:24-30, 36-43). Jésus a également parlé des membres oints de cette congrégation comme de “l’esclave fidèle et avisé” et il a expliqué qu’au temps de la fin ils distribueraient la nourriture spirituelle (Mat. 24:3, 45-47). “Une grande foule” de vrais adorateurs de Dieu, issus de toutes nations, se joindrait à cet esclave fidèle. — Rév. 7:9, 10; voir aussi Michée 4:1-4.
Comment reconnaîtrait-on ces vrais adorateurs, au temps de la fin? Auraient-ils toujours raison, et leur jugement serait-il infaillible? Le point de vue des apôtres de Jésus avait dû être corrigé (Luc 22:24-27; Gal. 2:11-14). À leur exemple, les véritables disciples du Christ, aujourd’hui, doivent être humbles, disposés à accepter la discipline et à opérer des changements quand il le faut afin que leurs pensées soient toujours plus conformes à celles de Dieu. — 1 Pierre 5:5, 6.
Quand le monde est entré dans les derniers jours, en 1914, quel groupe religieux s’est révélé être la véritable organisation chrétienne? Dans la chrétienté, il y a de nombreuses Églises qui prétendent représenter le Christ. Mais une question subsiste: Laquelle de ces Églises remplit les conditions requises par la Bible?
La véritable congrégation chrétienne devrait adhérer à la Bible et la considérer comme l’autorité suprême, et non citer certains versets isolés, tout en rejetant le reste parce qu’il ne correspond pas à sa théologie du moment (Jean 17:17; 2 Tim. 3:16, 17). Ce devrait être une organisation dont les membres — pas seulement quelques-uns, mais tous — ne font vraiment pas partie du monde, à l’exemple du Christ. Comment pourraient-ils donc se mêler de politique comme l’ont fait les Églises de la chrétienté à plusieurs reprises (Jean 15:19; 17:16)? La véritable organisation chrétienne devrait rendre témoignage au nom divin, Jéhovah, et accomplir l’œuvre confiée par Jésus: la prédication de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. À l’instar de la congrégation du Ier siècle, tous ses membres, et pas seulement quelques-uns, seraient des évangélisateurs dévoués (És. 43:10-12; Mat. 24:14; 28:19, 20; Col. 3:23). Les vrais adorateurs seraient également bien connus en raison de leur amour désintéressé l’un envers l’autre, un amour qui dépasserait les barrières raciales et nationales et les unirait en une fraternité mondiale. Cet amour devrait être manifeste pas seulement dans certains cas isolés, mais d’une manière qui les distinguerait vraiment en tant qu’organisation. — Jean 13:34, 35.
Manifestement, quand le temps de la fin a commencé, en 1914, aucune Église de la chrétienté ne répondait à ces critères bibliques permettant de reconnaître la seule véritable organisation chrétienne. Qu’en était-il des Étudiants de la Bible, comme on appelait alors les Témoins de Jéhovah?
La recherche fructueuse de la vérité
Jeune homme, Charles Russell est arrivé à la conclusion que la chrétienté avait donné une très mauvaise image de la Bible. Il croyait aussi que le temps était venu pour que la Parole de Dieu soit comprise, et qu’elle le serait par ceux qui l’étudieraient sincèrement et l’appliqueraient dans leur vie.
Une biographie de Charles Russell, publiée peu après sa mort, a expliqué: “Il n’était pas le fondateur d’une religion nouvelle, et n’a jamais prétendu l’être. Il a ravivé les vérités importantes enseignées par Jésus et les apôtres, et les a éclairées de la lumière du XXe siècle. Il ne prétendait pas avoir reçu une révélation particulière de la part de Dieu, mais il soutenait que le temps fixé par Dieu pour que la Bible soit comprise était venu; et que, s’étant entièrement voué au Seigneur et à son service, il lui était permis de la comprendre; comme il s’était consacré au développement des fruits et des dons de l’esprit saint, en lui s’accomplissait la promesse suivante du Seigneur: ‘Car si ces choses sont en vous, et qu’elles y abondent, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ.’ — 2 Pierre 1:5-8.” — La Tour de Garde du 1er décembre 1916, p. 356 (en anglais).
La recherche de l’intelligence des Écritures entreprise par Charles Russell et ses compagnons a été fructueuse. Comme ils aimaient la vérité, ils étaient convaincus que la Bible est la Parole inspirée de Dieu (2 Tim. 3:16, 17). Ils rejetaient les théories évolutionnistes de Darwin et les opinions destructrices pour la foi émises par les détracteurs de la Bible. Considérant les Écritures comme l’autorité suprême, ils ont aussi rejeté les enseignements non bibliques de la Trinité, de l’immortalité de l’âme et des tourments éternels — doctrines qui tirent leur origine des religions païennes. Parmi les “vérités importantes” qu’ils ont acceptées figurait l’idée selon laquelle Jéhovah est le Créateur de toutes choses, et Jésus Christ, le Fils de Dieu qui a donné sa vie en rançon pour autrui, et qui, à son retour, sera invisiblement présent en qualité de créature spirituelle (Mat. 20:28; Jean 3:16; 14:19; Rév. 4:11). Ils ont aussi compris que l’âme humaine est mortelle. — Gen. 2:7; Ézéch. 18:20.
Ce ne sont pas les Étudiants de la Bible associés à Charles Russell qui ont découvert ces vérités; beaucoup avaient été comprises plus tôt par des gens sincères qui se réclamaient du christianisme, certains ayant même défendu leurs convictions alors que ces croyances n’étaient pas très populaires. Mais ces hommes se conformaient-ils à tout ce qu’exige le vrai culte? Par exemple, ne faisaient-ils vraiment pas partie du monde, comme Jésus l’avait dit de ses disciples?
Outre leur point de vue sur la Bible, qu’est-ce qui différenciait les premiers Étudiants de la Bible qui s’étaient joints à Charles Russell? Certainement le zèle avec lequel ils faisaient part à autrui de leurs croyances, en mettant l’accent sur la proclamation du nom et du Royaume de Dieu. Bien que relativement peu nombreux, ils ont rapidement répandu la bonne nouvelle dans de nombreux pays. Étaient-ils vraiment des disciples du Christ, séparés du monde? À certains égards, oui! Cependant, depuis la Première Guerre mondiale, ils ont pris de plus en plus conscience de leur responsabilité dans ce domaine, jusqu’à ce que cela devienne une caractéristique remarquable des Témoins de Jéhovah. Il ne faudrait pas négliger le fait que, tandis que d’autres groupes religieux acclamaient la Société des Nations, et plus tard les Nations unies, les Étudiants de la Bible ont continué à prêcher le Royaume de Dieu — et non une quelconque organisation humaine — comme l’unique espoir de l’humanité.
Mais certaines croyances des Témoins de Jéhovah n’ont-elles pas changé au fil des années? Si ces premiers Étudiants de la Bible étaient vraiment choisis et guidés par Dieu et surtout, si leurs enseignements étaient fondés sur les Écritures, pourquoi des changements ont-ils été nécessaires?
Comment Jéhovah guide son peuple
Ceux qui forment la vraie congrégation chrétienne aujourd’hui ne reçoivent pas de révélations de la part des anges ni ne sont inspirés par Dieu. Cependant, ils disposent des Saintes Écritures inspirées, qui contiennent des révélations sur la pensée et la volonté de Dieu. En tant qu’organisation, aussi bien qu’individuellement, ils doivent accepter la Bible comme la vérité divine, l’étudier assidûment et la laisser agir sur eux (1 Thess. 2:13). Mais comment parviennent-ils à une intelligence exacte de la Parole de Dieu?
La Bible elle-même déclare: “Les interprétations n’appartiennent-elles pas à Dieu?” (Gen. 40:8). Si dans leur étude des Écritures ils rencontrent un passage difficile à comprendre, les chrétiens doivent rechercher d’autres passages inspirés qui éclaireront le sujet. Ainsi, ils laissent la Bible s’interpréter par elle-même et, de cette façon, ils s’efforcent de comprendre “le modèle” des vérités exposées dans la Parole de Dieu (2 Tim. 1:13). Par son esprit, Jéhovah les dirige ou les guide pour qu’ils acquièrent cette compréhension. Seulement, pour bénéficier de la direction de cet esprit, il leur faut cultiver son fruit, ne pas le peiner ou agir contre lui, et demeurer réceptifs à sa force d’impulsion (Gal. 5:22, 23, 25; Éph. 4:30). En outre, en appliquant avec zèle ce qu’ils apprennent, ils fortifient sans cesse leur foi. Grâce à elle, ils comprennent de mieux en mieux comment ils doivent faire la volonté de Dieu dans un monde dont ils ne font pas partie. — Luc 17:5; Phil. 1:9, 10.
Jéhovah a toujours guidé son peuple vers une plus grande intelligence de sa volonté (Ps. 43:3). La manière dont il s’y est pris pourrait s’illustrer comme suit: si une personne est restée dans une pièce sombre pendant longtemps, n’est-il pas préférable de l’exposer à la lumière petit à petit? C’est ainsi que Jéhovah a exposé son peuple à la lumière de la vérité; il l’a éclairé progressivement (voir Jean 16:12, 13). Cela s’est passé comme le dit le proverbe: “Le sentier des justes est comme la lumière brillante qui devient de plus en plus claire jusqu’à ce que le jour soit solidement établi.” — Prov. 4:18.
La façon dont Jéhovah s’y est pris avec ses serviteurs élus des temps bibliques confirme que la claire intelligence de sa volonté et de ses desseins vient souvent petit à petit. Ainsi, Abraham n’a pas pleinement compris comment le projet de Jéhovah relatif à la “postérité” allait s’accomplir (Gen. 12:1-3, 7; 15:2-4; voir aussi Hébreux 11:8). Daniel n’a pas saisi l’issue finale des prophéties qu’il a consignées (Dan. 12:8, 9). Lorsqu’il était sur terre, Jésus a reconnu qu’il ne connaissait ni le jour ni l’heure de la fin de l’actuel système de choses (Mat. 24:36). Au début, les apôtres n’ont pas compris que le Royaume de Jésus serait céleste, qu’il ne serait pas établi au Ier siècle et que même des Gentils pourraient en hériter. — Luc 19:11; Actes 1:6, 7; 10:9-16, 34, 35; 2 Tim. 4:18; Rév. 5:9, 10.
Le fait qu’à notre époque moderne aussi Jéhovah ait souvent guidé ses serviteurs à la manière d’une organisation en marche, en leur faisant comprendre les vérités bibliques petit à petit, ne devrait donc pas nous surprendre. Ce ne sont pas les vérités elles-mêmes qui changent. La vérité reste la vérité. La volonté et le dessein de Jéhovah, tels qu’ils sont exposés dans la Bible, demeurent inchangés (És. 46:10). Cependant, l’intelligence de ces vérités devient progressivement de plus en plus claire “en temps voulu”, au temps fixé par Jéhovah (Mat. 24:45; voir Daniel 12:4, 9). Parfois, à cause d’erreurs humaines ou d’un zèle excessif, ses serviteurs ont dû rectifier leur point de vue.
Par exemple, à différentes époques de l’histoire moderne des Témoins de Jéhovah, leur zèle et leur enthousiasme à défendre la souveraineté de Jéhovah les ont amenés à anticiper la date de la fin du système de choses satanique (Ézéch. 38:21-23). Toutefois, Jéhovah n’en a pas révélé à l’avance le moment exact (Actes 1:7). De ce fait, son peuple a dû rectifier son point de vue sur cette question.
Ces rectifications ne signifient pas que le dessein de Dieu a changé. Cela ne laisse pas non plus entendre que la fin du système de choses est nécessairement pour un avenir très lointain. Au contraire, l’accomplissement des prophéties bibliques relatives à “la conclusion du système de choses” confirme que la fin est proche (Mat. 24:3). Le fait que les Témoins de Jéhovah aient parfois anticipé veut-il dire qu’ils ne sont pas guidés par Dieu? Pas plus que la question des disciples à propos de l’imminence de la venue du Royaume à leur époque ne signifiait qu’ils n’étaient pas choisis et guidés par Dieu! — Actes 1:6; voir aussi Actes 2:47; 6:7.
Pourquoi les Témoins de Jéhovah sont-ils si sûrs de détenir la vraie religion? Parce qu’ils croient et acceptent ce que dit la Bible à propos de la marque distinctive des vrais adorateurs. Comme le montrent les précédents chapitres, leur histoire moderne révèle que, non seulement à titre individuel, mais en tant qu’organisation, ils font ce qui est requis: ils défendent fidèlement la Bible qu’ils reconnaissent comme la Parole sacrée de Dieu qui est vérité (Jean 17:17); ils se tiennent complètement séparés des affaires du monde (Jacq. 1:27; 4:4); ils rendent témoignage au nom divin, Jéhovah, et proclament le Royaume de Dieu comme le seul espoir de l’humanité (Mat. 6:9; 24:14; Jean 17:26); et ils ont un amour sincère les uns pour les autres. — Jean 13:34, 35.
Pourquoi l’amour est-il donc une marque distinctive remarquable des adorateurs du vrai Dieu? À quel genre d’amour reconnaît-on les vrais chrétiens?
[Note]
a Publié par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.
[Entrefilet, page 705]
Une fois choisis par Dieu, il était capital qu’ils continuent d’obéir à ses lois.
[Entrefilet, page 706]
Comment reconnaîtrait-on les vrais adorateurs au temps de la fin?
[Entrefilet, page 707]
“Il ne prétendait pas avoir reçu une révélation particulière de la part de Dieu.”
[Entrefilet, page 708]
Ils laissent la Bible s’interpréter par elle-même.
[Entrefilet, page 709]
Jéhovah guide ses serviteurs à la manière d’une organisation en marche, en leur faisant comprendre les vérités bibliques petit à petit.
-
-
“À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples”Les Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 32
“À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples”
C’ÉTAIT le 14 Nisan de l’an 33, la dernière nuit que Jésus passait sur la terre. Il savait que sa mort était proche, mais ce n’est pas à lui qu’il pensait. Il profitait plutôt de ses dernières heures pour encourager ses disciples.
Jésus le savait, ils auraient bien des difficultés après son départ. Ils seraient “les objets de la haine de toutes les nations” à cause de son nom (Mat. 24:9). Satan essaierait de les diviser et de les corrompre (Luc 22:31). L’apostasie entraînerait l’apparition de faux chrétiens (Mat. 13:24-30, 36-43). Et, ‘parce que le mépris de la loi irait en augmentant, l’amour du grand nombre se refroidirait’. (Mat. 24:12.) Avec tant d’adversités, qu’est-ce qui maintiendrait la cohésion de ses véritables disciples? C’est par-dessus tout leur amour pour Jéhovah qui serait pour eux un lien d’union (Mat. 22:37, 38). Mais ils devraient aussi s’aimer les uns les autres, et ce dans une mesure qui les distinguerait du reste du monde (Col. 3:14; 1 Jean 4:20). D’après les paroles de Jésus, quelle sorte d’amour permettrait d’identifier sans équivoque ses véritables disciples?
Au cours de cette dernière soirée, Jésus a dit: “Je vous donne un commandement nouveau: que vous vous aimiez les uns les autres, et que, comme je vous ai aimés, vous aussi vous vous aimiez les uns les autres. À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour entre vous.” (Jean 13:34, 35). Jésus a parlé de l’amour plus d’une vingtaine de fois cette nuit-là. Et, par trois fois, il a réitéré le commandement enjoignant à ses disciples de ‘s’aimer les uns les autres’. (Jean 15:12, 17.) Manifestement, Jésus ne pensait pas seulement à ses 11 apôtres fidèles qui étaient avec lui ce soir-là, mais à tous ceux qui allaient embrasser le vrai christianisme (voir Jean 17:20, 21). Le commandement de s’aimer les uns les autres s’imposerait aux chrétiens authentiques “tous les jours jusqu’à la conclusion du système de choses”. — Mat. 28:20.
Mais Jésus voulait-il dire que partout dans le monde quiconque ferait preuve de bonté et d’amour envers son prochain serait par voie de conséquence assimilé à l’un de ses véritables disciples?
‘Ayez de l’amour entre vous’
Durant la même soirée, Jésus avait aussi beaucoup à dire sur l’unité. “Demeurez en union avec moi”, a-t-il déclaré à ses disciples (Jean 15:4). Il a prié pour que ses disciples “soient un, comme toi, Père, a-t-il ajouté, tu es en union avec moi et moi je suis en union avec toi, pour qu’eux aussi soient en union avec nous”. (Jean 17:21.) C’est dans ce contexte qu’il leur a ordonné: ‘Ayez de l’amour entre vous.’ (Jean 13:35). Ainsi, leur amour ne s’exprimerait pas simplement envers quelques amis intimes ou au sein d’une seule congrégation. Faisant écho au commandement de Jésus, l’apôtre Pierre a écrit par la suite: “Aimez toute la famille des frères [ou ‘la fraternité’].” (1 Pierre 2:17, Kingdom Interlinear; voir aussi 1 Pierre 5:9). Ils formeraient donc une famille mondiale de frères étroitement unie. Tous les membres de la famille mondiale des croyants devraient se manifester les uns aux autres un amour tout particulier, car ils se considéreraient comme frères et sœurs.
Comment cet amour se manifesterait-il? Qu’aurait-il de si particulier, de si différent, pour que les autres voient en lui la marque du vrai christianisme?
“Comme je vous ai aimés”
“Tu devras aimer ton prochain comme toi-même”, déclarait la Loi de Dieu donnée à Israël plus de 1 500 ans avant que Jésus ne vive sur la terre (Lév. 19:18). Toutefois, ce n’était pas ce genre d’amour, l’amour du prochain, qui distinguerait les disciples de Jésus. Celui-ci pensait à un sentiment qui impliquerait beaucoup plus que d’aimer les autres comme soi-même.
Comme Jésus l’a dit, l’ordre de s’aimer les uns les autres constituait “un commandement nouveau”. S’il était nouveau, ce n’est pas parce qu’il était plus récent que la Loi mosaïque, mais en raison de la profondeur que cet amour devait avoir. Aimez-vous les uns les autres “comme je vous ai aimés”, a précisé Jésus (Jean 13:34). Son amour pour ses disciples était fort, indéfectible. Il s’agissait d’un amour empreint d’abnégation. Il ne l’a pas manifesté simplement en faisant quelques bonnes actions en leur faveur. Non, mais il les a nourris spirituellement et, au besoin, leur a fourni ce qui leur était nécessaire sur le plan physique (Mat. 15:32-38; Marc 6:30-34). Et, preuve suprême de son amour, il a donné sa vie pour eux. — Jean 15:13.
Voilà le genre d’amour remarquable que le “commandement nouveau” ordonne de manifester, l’amour que les vrais disciples de Jésus auraient les uns pour les autres (1 Jean 3:16). Qui, de nos jours, montrent clairement qu’ils obéissent au “commandement nouveau”? Les faits exposés plus haut dans le présent ouvrage désignent sans équivoque une seule famille mondiale de chrétiens.
Ils sont connus, non pas parce qu’ils auraient une tenue particulière ou des coutumes étranges, mais en raison de l’attachement puissant et chaleureux qu’ils ont les uns pour les autres. Ils ont la réputation de manifester un amour qui transcende les différences raciales et les frontières. Ils sont connus pour leur refus de se combattre l’un l’autre, même quand leurs pays respectifs sont en guerre. D’autres sont touchés de voir qu’ils s’enquièrent les uns des autres en période d’adversité, par exemple lorsque surviennent des catastrophes naturelles ou que des membres de leur famille de frères sont persécutés pour leur fidélité à Dieu. Ils sont prêts à endurer des difficultés ou à prendre des risques afin d’aider leurs frères et sœurs pour qui le Christ a donné sa vie. Oui, ils sont disposés à mourir les uns pour les autres. L’amour qu’ils manifestent est unique dans un monde de plus en plus égoïste. De qui s’agit-il? Des Témoins de Jéhovaha.
Cet amour, on a pu le voir à l’œuvre après le passage d’Andrew, l’ouragan qui a dévasté la côte de la Floride (États-Unis) aux premières heures du lundi 24 août 1992. Il a laissé dans son sillage environ 250 000 sans-abri. Parmi les victimes, on comptait des milliers de Témoins de Jéhovah. Le Collège central des Témoins de Jéhovah a réagi presque immédiatement en nommant un comité de secours et en débloquant des fonds. Les surveillants chrétiens de la région sinistrée ont rapidement pris contact avec tous les Témoins pour s’enquérir de leurs besoins et leur apporter de l’aide. Dès le lundi matin, le jour même de l’ouragan, des Témoins habitant à des centaines de kilomètres, en Caroline du Sud, ont envoyé vers la zone sinistrée un camion chargé de groupes électrogènes, de tronçonneuses et d’eau potable. Le mardi, en même temps qu’arrivaient d’autres produits qui avaient été offerts, des centaines de bénévoles sont venus d’autres régions pour aider les Témoins à réparer les Salles du Royaume et les maisons. À propos de ces secours, une femme non Témoin qui habitait près d’une Salle du Royaume a fait cette observation: “Aucun doute, voilà l’amour chrétien dont parle la Bible.”
Est-ce là un amour qui s’évanouit après un ou deux actes de bonté? qui ne se manifeste qu’entre personnes de même race ou de même nationalité? Absolument pas! Au Zaïre, en raison de l’instabilité politique et économique, plus de 1 200 Témoins ont perdu leur maison et tous leurs biens en 1992. D’autres Témoins du Zaïre leur sont rapidement venus en aide. Bien qu’eux-mêmes démunis, ils ont aussi partagé le peu qu’ils avaient avec des réfugiés venus du Soudan. Des secours n’ont pas tardé à arriver d’Afrique du Sud et de France: farine de maïs, poisson salé et médicaments (autant de produits qui leur seraient réellement utiles). Des secours supplémentaires ont été envoyés à plusieurs reprises, en fonction des besoins. Et, dans le même temps, une aide semblable était apportée dans de nombreux autres pays.
Toutefois, cet amour que les Témoins de Jéhovah manifestent ne les rend pas suffisants. Ils comprennent qu’étant disciples de Jésus Christ ils doivent rester sans cesse aux aguets.
[Note]
a Voir chapitre 19, “Ils grandissent ensemble dans l’amour”.
[Entrefilet, page 710]
D’après les paroles de Jésus, quelle sorte d’amour permettrait d’identifier ses véritables disciples?
[Entrefilet, page 711]
Ils formeraient une famille mondiale de frères étroitement unie.
[Encadré, page 712]
“Les Témoins s’occupent des leurs... et des autres”
C’est sous ce titre que le “Miami Herald” a fait mention des secours organisés par les Témoins de Jéhovah dans le sud de la Floride (États-Unis) après la destruction causée par l’ouragan Andrew en août 1992. Voici ce qu’il déclarait: “Cette semaine, personne à Homestead ne leur claque la porte au nez, si tant est qu’il reste une porte à claquer. Quelque 3 000 Témoins volontaires venus de tout le pays ont convergé vers la région sinistrée pour secourir les leurs et aider ensuite les autres. (...) Environ 150 tonnes de nourriture et d’articles divers ont été acheminées du quartier général, la Salle d’assemblées située dans l’ouest du Comté de Broward, jusqu’à deux Salles du Royaume de la région de Homestead. De ces salles, chaque matin des équipes partent dans toutes les directions pour réparer les maisons endommagées de leurs frères Témoins. (...) Une cuisine improvisée produit rapidement jusqu’à 1 500 repas, trois fois par jour. Et pas seulement des hot-dogs et des beignets. On sert aux volontaires pain maison, lasagnes fraîches, macédoine de légumes, ragoût, galettes et pain perdu, tout cela étant préparé avec des produits généreusement offerts.” — 31 août 1992, page 15A.
-
-
Restons sans cesse aux aguetsLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Chapitre 33
Restons sans cesse aux aguets
“JÉSUS ayant dit très nettement que nul ne pouvait connaître le ‘jour’ et l’‘heure’ où son Père lui ordonnerait de ‘venir’ pour anéantir le système de choses méchant soumis à la domination du Diable, certains se demanderont peut-être: ‘Est-il vraiment si important de rester dans l’attente de la fin?’ Nous pouvons répondre par l’affirmative, car presque aussitôt après le Christ a ajouté: ‘Continuez à guetter, tenez-vous éveillés, (...) restez donc aux aguets.’ (Marc 13:32-35).” — La Tour de Garde, 1er avril 1985.
Les Témoins de Jéhovah sont aux aguets depuis des décennies maintenant. Que guettent-ils? Le moment où Jésus, investi du pouvoir royal, viendra pour exécuter le jugement prononcé contre le système de choses méchant dominé par Satan et pour faire bénéficier toute la terre des bienfaits de son Royaume (Mat. 6:9, 10; 24:30; Luc 21:28; 2 Thess. 1:7-10). Ces chrétiens vigilants savent que le “signe” de la présence de Jésus est visible depuis 1914, et que cette année-là le système de choses actuel est entré dans ses derniers jours. — Mat. 24:3 à 25:46.
Mais, pour l’instant, Jésus n’est pas encore venu en Libérateur et Exécuteur des jugements divins. Comment les Témoins de Jéhovah voient-ils donc leur situation présente?
‘Pleinement certains’ de leur intelligence des Écritures
En tant que congrégation mondiale, ils ont “la pleine certitude de leur intelligence” des Écritures (Col. 2:2). Non pas qu’ils pensent comprendre les desseins de Jéhovah dans leurs moindres détails. Ils continuent de scruter les Écritures sans préjugés, et ils ne cessent d’apprendre. Mais ce qu’ils apprennent ne modifie pas leur compréhension des vérités fondamentales de la Parole de Dieu. Ils sont ‘pleinement certains’ de ces vérités premières; ils les ont discernées et acceptées il y a de nombreuses décennies maintenant. Toutefois, ce qu’ils apprennent leur permet de toujours mieux comprendre le rapport entre certains versets des Écritures et le modèle de vérité biblique dans son ensemble, ainsi que la façon dont ils peuvent appliquer plus pleinement le conseil de la Parole de Dieu dans leur vie.
Les Témoins de Jéhovah ont aussi “la pleine certitude” des promesses de Dieu. Ils sont absolument certains qu’aucune de ses promesses ne manquera de se réaliser, jusque dans les moindres détails, que toutes s’accompliront au moment qu’il a fixé. Ayant vu et vécu la réalisation de bon nombre de prophéties bibliques, ils sont pleinement certains que le monde actuel est dans son “temps de la fin” et que la promesse divine d’un monde nouveau et juste va se réaliser sous peu. — Dan. 12:4, 9; Rév. 21:1-5.
Que doivent-ils donc faire? “Continuez à guetter, tenez-vous éveillés, a ordonné Jésus, car vous ne savez pas quand ce sera le temps fixé. Restez donc aux aguets (...) pour que, quand [le Maître] arrivera soudain, il ne vous trouve pas endormis. Mais ce que je vous dis, à vous, je le dis à tous: Restez aux aguets.” (Marc 13:33, 35-37). Les Témoins de Jéhovah savent bien qu’il faut rester aux aguets.
Certes, ils ont parfois montré un empressement excessif en rapport avec la réalisation de certaines prophéties; mais il n’en demeure pas moins que, depuis la Première Guerre mondiale, les événements qui se succèdent montrent que nous vivons la conclusion du système de choses. Sans conteste, il est de loin préférable d’être empressé, peut-être même impatient, de voir la volonté de Dieu se réaliser, plutôt que de s’assoupir, spirituellement parlant, quant à l’accomplissement des desseins divins. — Voir Luc 19:11; Actes 1:6; 1 Thessaloniciens 5:1, 2, 6.
Que signifie rester aux aguets?
Rester aux aguets: comment?
Les chrétiens vigilants ne se contentent pas de se croiser les bras et d’attendre. Loin de là! Ils doivent rester en bonne condition spirituelle; ainsi, lorsque Jésus viendra comme Exécuteur du jugement, il se révélera également leur Libérateur (Luc 21:28). “Prenez garde à vous-mêmes, a dit Jésus, de peur que vos cœurs ne s’alourdissent dans les excès de table, les excès de boisson et les inquiétudes de la vie, et que soudain ce jour-là ne soit tout de suite sur vous, comme un piège. (...) Tenez-vous donc éveillés.” (Luc 21:34-36). Ainsi, les chrétiens vigilants doivent tout d’abord ‘prendre garde à eux-mêmes’, veiller à vivre chaque jour comme il sied à un chrétien. Il leur faut rester bien conscients de leurs responsabilités chrétiennes et rejeter la conduite contraire au christianisme propre à un monde qui “gît au pouvoir du méchant”. (1 Jean 5:19; Rom. 13:11-14.) Ils doivent être prêts pour le moment où le Christ viendra.
Quels chrétiens restent réellement bien éveillés, en excellente condition spirituelle? Les faits historiques exposés dans les chapitres précédents désignent les Témoins de Jéhovah. À l’évidence, ils assument avec sérieux les responsabilités qui incombent aux chrétiens. En temps de guerre, par exemple, ils sont prêts à risquer la prison et la mort parce qu’ils sont bien conscients de leur obligation de ne pas faire partie du monde et de manifester un amour empreint d’abnégation les uns envers les autres (Jean 13:34, 35; 17:14, 16). Les personnes qui les observent dans leurs Salles du Royaume, dans leurs grandes assemblées ou même à leur travail sont impressionnées par leur “belle conduite”. (1 Pierre 2:12.) Dans un monde qui a “perdu tout sens moral”, ils ont la réputation de mener une vie honnête et moralement pure. — Éph. 4:19-24; 5:3-5.
Toutefois, rester éveillé implique davantage que de ‘prendre garde à soi-même’. Un veilleur doit annoncer aux autres ce qu’il voit. De nos jours, au temps de la fin, les chrétiens vigilants qui discernent clairement le signe de la présence du Christ doivent proclamer à leurs semblables la “bonne nouvelle du royaume” et les avertir que Christ va bientôt venir exécuter le jugement prononcé contre l’actuel système de choses méchant (Mat. 24:14, 30, 44). Ils les aident ainsi à se montrer dignes d’obtenir la “délivrance”. — Luc 21:28.
Quels chrétiens montrent qu’ils sont aux aguets en faisant retentir l’avertissement? Les Témoins de Jéhovah sont connus dans le monde entier pour le zèle avec lequel ils proclament le nom et le Royaume de Dieu. Chez eux, la prédication n’est pas réservée à un clergé distinct des laïcs. Ils comprennent que tous les croyants ont la responsabilité d’y prendre part. Ils la considèrent comme une part importante de leur culte (Rom. 10:9, 10; 1 Cor. 9:16). Qu’en résulte-t-il?
Ils forment maintenant une congrégation en pleine expansion qui compte des millions de membres actifs dans plus de 220 pays sur toute la terre (És. 60:22; voir aussi Actes 2:47; 6:7; 16:5). Certains des gouvernements les plus puissants de l’Histoire ont interdit leur œuvre et les ont même arrêtés et incarcérés. Ils n’en ont pas moins continué à prêcher le Royaume de Dieu. Leur détermination rappelle celle des apôtres qui, lorsqu’on leur a ordonné de ne plus prêcher, ont déclaré: “Quant à nous, nous ne pouvons cesser de parler des choses que nous avons vues et entendues.” “On doit obéir à Dieu, comme à un chef, plutôt qu’aux hommes.” — Actes 4:18-20; 5:27-29.
“Continue de l’attendre”
De nos jours, les Témoins de Jéhovah se trouvent dans une situation comparable à celle des chrétiens de Judée au Ier siècle. Jésus leur avait donné un signe qui leur permettrait de savoir quand fuir de Jérusalem pour échapper à sa destruction. ‘Quand vous verrez Jérusalem entourée par des armées qu’on a fait camper, mettez-vous à fuir’, avait-il dit (Luc 21:20-23). Un peu plus de 30 ans après, en 66, les armées romaines ont entouré Jérusalem. Lorsqu’elles se sont soudainement retirées sans raison apparente, les chrétiens de Judée ont suivi les instructions de Jésus: ils ont fui, non seulement de Jérusalem, mais de la Judée, et se sont rendus à Pella, en Pérée.
Là, ils ont attendu en toute sécurité. Les années 67 et 68 passèrent, puis vint 69. Jérusalem n’était toujours pas assiégée. Devaient-ils y retourner? Après tout, Jésus n’avait pas dit combien de temps attendre. Mais si certains y sont retournés, ils ont dû le regretter amèrement, car en 70 des troupes romaines sont revenues en si grand nombre qu’elles ont déferlé comme un irrésistible raz-de-marée, et cette fois elles ne se sont pas retirées. Bien au contraire, elles ont détruit la ville et fait périr plus d’un million de personnes. Comme les chrétiens de Judée réfugiés à Pella ont dû être heureux d’avoir continué d’attendre le moment que Jéhovah avait fixé pour exécuter le jugement!
Il en est de même pour ceux qui restent aux aguets à notre époque. Ils savent bien que plus nous avançons dans le temps de la fin, plus il est difficile de rester dans l’attente de la venue de Jésus. Mais ils n’ont pas perdu foi en cette autre déclaration de Jésus: “En vérité je vous le dis: Non, cette génération ne passera pas que toutes ces choses n’arrivent.” (Mat. 24:34). L’expression “ces choses” désigne les divers éléments du “signe” composé. Ce signe est visible depuis 1914 et atteindra son paroxysme lors de la “grande tribulation”. (Mat. 24:21.) La fin ne peut être pour un avenir lointain.
En attendant, les Témoins de Jéhovah sont fermement résolus à rester aux aguets, pleinement confiants que Dieu tiendra toutes ses promesses au moment qu’il a fixé. Ils prennent à cœur ce que Jéhovah a déclaré au prophète Habacuc. Faisant allusion à Son apparente tolérance vis-à-vis de la méchanceté qui se pratiquait dans le royaume de Juda vers la fin du VIIe siècle avant notre ère, il lui a dit: “Écris la vision [concernant la fin des conditions accablantes], et fixe-la clairement sur des tablettes, afin que celui qui y lit à haute voix puisse la lire couramment. Car la vision est encore pour le temps fixé, et elle demeure haletante jusqu’à la fin, et elle ne mentira pas. Même si [apparemment] elle tarde, continue de l’attendre; car elle se réalisera sans faute. Elle ne sera pas en retard.” (Hab. 1:2, 3; 2:2, 3). Pareillement, les Témoins de Jéhovah ont confiance dans la justice et dans l’équité de Jéhovah, et cette confiance les aide à garder leur équilibre et à attendre le “temps fixé” par Jéhovah.
Frederick Franz, qui s’est fait baptiser en 1913, a bien exprimé les sentiments des Témoins de Jéhovah. En 1991, alors qu’il était président de la Société Watch Tower, il a déclaré:
“Notre espérance est sûre; elle se réalisera intégralement, et au delà de ce que nous pouvons imaginer, sur chacun des 144 000 membres du petit troupeau. Ceux d’entre nous qui étaient là en 1914, alors que nous pensions tous aller au ciel, n’ont pas perdu de vue la valeur de cette espérance. Au contraire, nous la chérissons autant qu’auparavant et, plus il nous faudra l’attendre, plus elle aura de prix à nos yeux. C’est une chose qui vaut la peine que l’on patiente, même si cela demandait un million d’années. Je considère cette espérance comme plus élevée que jamais, et je ne veux sous aucun prétexte perdre mon attachement pour elle. L’espérance du petit troupeau donne également l’assurance que celle de la grande foule appartenant aux autres brebis se réalisera immanquablement au delà de ce que nous pouvons imaginer. C’est pourquoi nous sommes demeurés fermes jusqu’à aujourd’hui, et nous demeurerons fermes jusqu’à ce que Dieu prouve qu’il tient ses ‘précieuses et très grandes promesses’.” — 2 Pierre 1:4; Nomb. 23:19; Rom. 5:5.
Le moment où la présence du Christ investi du pouvoir royal sera rendue manifeste à tous les humains approche à grands pas. Alors, les chrétiens vigilants ‘recevront l’accomplissement de la promesse’. (Héb. 10:36.) Oui, leur espérance ‘se réalisera au delà de ce qu’ils peuvent imaginer’. Comme ils seront heureux d’être restés sans cesse aux aguets et d’avoir prêché avec zèle le Royaume de Dieu durant les derniers jours du système de choses méchant!
[Entrefilet, page 713]
Pleinement certains que le monde actuel est dans son “temps de la fin”.
[Entrefilet, page 714]
Veiller à vivre chaque jour comme il sied à un chrétien.
[Entrefilet, page 715]
Quels chrétiens montrent qu’ils sont aux aguets en faisant retentir l’avertissement?
[Entrefilet, page 716]
“Je considère cette espérance comme plus élevée que jamais, et je ne veux sous aucun prétexte perdre mon attachement pour elle.” — Frederick Franz.
[Encadré/Illustration, page 717]
Rapports de la prédication dans le monde
Année Pays
1920 ........ 46
1925 ........ 83
1930 ........ 87
1935 ....... 115
1940 ....... 112
1945 ....... 107
1950 ....... 147
1955 ....... 164
1960 ....... 187
1965 ....... 201
1970 ....... 208
1975 ....... 212
1980 ....... 217
1985 ....... 222
1992 ....... 229
Pays
Le nombre de pays est calculé sur la base du découpage du globe au début des années 90, et non des divisions politiques qui étaient en vigueur lorsque d’anciens grands empires possédaient un territoire aujourd’hui morcelé en plusieurs nations indépendantes.
Année Cong.
1940 ....... 5 130
1945 ....... 7 218
1950 ....... 13 238
1955 ....... 16 044
1960 ....... 21 008
1965 ....... 24 158
1970 ....... 26 524
1975 ....... 38 256
1980 ....... 43 181
1985 ....... 49 716
1992 ....... 69 558
Congrégations
Avant 1938, on ne tenait pas un décompte systématique des congrégations dans le monde.
Année Procl.
1935 ....... 56 153
1940 ....... 96 418
1945 ...... 156 299
1950 ...... 373 430
1955 ...... 642 929
1960 .......916 332
1965 .... 1 109 806
1970 .... 1 483 430
1975 .... 2 179 256
1980 .... 2 272 278
1985 .... 3 024 131
1992 .... 4 472 787
Proclamateurs du Royaume
La méthode de comptage des proclamateurs a changé plusieurs fois au cours des années 20 et au début des années 30. Les congrégations envoyaient à la Société un rapport hebdomadaire, et non mensuel. (Ce dernier n’est entré en usage qu’en octobre 1932.) Pour être compté comme “ouvrier d’ecclésia” (proclamateur), il fallait, selon le “Bulletin” du 1er janvier 1929, consacrer au moins 3 heures par semaine (ou 12 par mois) à la prédication. Les proclamateurs isolés devaient y consacrer au moins deux heures par semaine.
Année Pionniers
1920 .......... 480
1925 ......... 1 435
1930 ......... 2 897
1935 ......... 4 655
1940 ......... 5 251
1945 ......... 6 721
1950 ........ 14 093
1955 ........ 17 011
1960 ........ 30 584
1965 ........ 47 853
1970 ........ 88 871
1975 ....... 130 225
1980 ....... 137 861
1985 ....... 322 821
1992 ....... 605 610
Pionniers
Les chiffres ci-contre incluent les pionniers permanents, les pionniers auxiliaires, les pionniers spéciaux, les missionnaires, les surveillants de circonscription et les surveillants de district. Autrefois, les pionniers étaient appelés colporteurs, et les pionniers auxiliaires, colporteurs auxiliaires. Pour la plupart des années, les chiffres représentent des moyennes mensuelles.
Année Ét. bibl.
1945 ........ 104 814
1950 ........ 234 952
1955 ........ 337 456
1960 ........ 646 108
1965 ........ 770 595
1970 ...... 1 146 378
1975 ...... 1 411 256
1980 ...... 1 371 584
1985 ...... 2 379 146
1992 ...... 4 278 127
Études bibliques à domicile
Pendant les années 30, on dirigeait des études avec des personnes individuellement, mais surtout, on apprenait aux gens à étudier par eux-mêmes, et on organisait des études accueillant toute personne bien disposée du voisinage. Plus tard, quand des gens manifestaient un intérêt sincère, on étudiait avec eux jusqu’à ce qu’ils se fassent baptiser. Plus tard encore, il a été demandé de poursuivre l’étude avec tout étudiant jusqu’à ce qu’il ait reçu une aide suffisante pour devenir un chrétien mûr.
Années Heures
1930-35 .... 42 205 307
1936-40 .... 63 026 188
1941-45 .... 149 043 097
1946-50 .... 240 385 017
1951-55 .... 370 550 156
1956-60 .... 555 859 540
1961-65 .... 760 049 417
1966-70 .. 1 070 677 035
1971-75 .. 1 637 744 774
1976-80 .. 1 646 356 541
1981-85 .. 2 276 287 442
1986-92 .. 5 912 814 412
Heures
On n’a commencé à compter le temps d’activité chrétienne qu’à la fin des années 20. La méthode de décompte des heures a changé plusieurs fois. Au début des années 30, on ne comptait que le temps passé à donner le témoignage de maison en maison, mais pas celui des nouvelles visites. Le rapport ci-contre est certes impressionnant, mais il ne donne qu’une idée approximative de la grande quantité de temps que les Témoins de Jéhovah accordent à la prédication du Royaume.
Années Publ. distr.
1920-25 ..... 38 757 639
1926-30 ..... 64 878 399
1931-35 ..... 144 073 004
1936-40 ..... 164 788 909
1941-45 ..... 178 265 670
1946-50 ..... 160 027 404
1951-55 ..... 237 151 701
1956-60 ..... 493 202 895
1961-65 ..... 681 903 850
1966-70 ..... 935 106 627
1971-75 ... 1 407 578 681
1976-80 ... 1 380 850 717
1981-85 ... 1 504 980 839
1986-92 ... 2 715 998 934
Publications distribuées
Sauf quelques exceptions, les chiffres des années avant 1940 n’incluent pas les périodiques, bien qu’ils aient été diffusés par millions. Depuis 1940, les chiffres concernent les livres, les brochures (grandes et petites) et les périodiques, mais pas les centaines de millions de tracts qui ont servi eux aussi à éveiller l’intérêt pour le message du Royaume. La somme de 10 107 565 269 publications distribuées entre 1920 et 1992 en plus de 290 langues montre qu’un témoignage extraordinaire a été donné sur tout le globe.
Année Ass. Partic.
1935 .... 63 146 ...... 52 465
1940 .... 96 989 ...... 27 711
1945 .... 186 247 ...... 22 328
1950 .... 511 203 ...... 22 723
1955 .... 878 303 ...... 16 815
1960 .. 1 519 821 ...... 13 911
1965 .. 1 933 089 ...... 11 550
1970 .. 3 226 168 ...... 10 526
1975 .. 4 925 643 ...... 10 550
1980 .. 5 726 656 ...... 9 564
1985 .. 7 792 109 ...... 9 051
1992 ..11 431 171 ...... 8 683
Assistants et participants au Mémorial
Avant 1932, on n’a souvent eu que des chiffres incomplets de l’assistance au Mémorial. Parfois, seuls des groupes de 15, 20, 30 ou plus constituaient les totaux publiés. Il est à noter que, selon les chiffres disponibles, la plupart des années un certain nombre d’assistants n’ont pas participé aux emblèmes. En 1933, la différence était de presque 3 000.
-
-
Ils acquièrent la connaissance exacte de la Parole de Dieu et l’appliquentLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Section 2
Ils acquièrent la connaissance exacte de la Parole de Dieu et l’appliquent
Comment les croyances des Témoins de Jéhovah se sont-elles développées? D’où vient leur nom? Qu’est-ce qui les différencie des autres groupements religieux? Les chapitres 10 à 14 répondent à ces questions.
[Illustrations pleine page, page 118]
-
-
Une communauté de frèresLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Section 3
Une communauté de frères
Est-il possible à des millions de personnes de toutes nations et langues d’œuvrer ensemble en formant une véritable communauté de frères?
L’histoire moderne des Témoins de Jéhovah permet de répondre sans hésitation par l’affirmative. La section qui suit (chapitres 15 à 21) explique comment fonctionne leur organisation. Elle fait ressortir le zèle avec lequel ils prêchent le Royaume de Dieu, et l’amour qu’ils se manifestent en œuvrant ensemble et en prenant soin les uns des autres dans les moments difficiles.
[Illustrations pleine page, page 202]
-
-
Ils prêchent la bonne nouvelle par la terre habitée tout entièreLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Section 4
Ils prêchent la bonne nouvelle par la terre habitée tout entière
Comment la prédication du Royaume de Dieu, le seul espoir de l’humanité, a-t-elle pu s’étendre à toutes les régions du monde? Lisez dans les chapitres 22 à 24 un récit passionnant émaillé de faits vécus par ceux qui ont pris part à cette prédication.
[Illustrations pleine page, page 402]
-
-
La prédication du Royaume s’étend grâce à l’impression de publications bibliquesLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Section 5
La prédication du Royaume s’étend grâce à l’impression de publications bibliques
Comment allait-on effectuer la prédication par la terre habitée tout entière? La section qui suit (chapitres 25 à 27) montre comment, dans le monde entier, on s’est servi de l’imprimerie pour éditer des Bibles et des publications bibliques destinées à toucher des gens de toutes nations.
[Illustrations pleine page, page 554]
-
-
Exposés à l’opprobre et aux tribulationsLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Section 6
Exposés à l’opprobre et aux tribulations
Jésus Christ a averti ses disciples qu’ils rencontreraient des épreuves, certaines imputables à l’imperfection humaine, d’autres à cause de faux frères, et davantage encore en raison de la persécution infligée par leurs adversaires. Les chapitres 28 à 30 contiennent le récit frappant des épreuves que les Témoins de Jéhovah ont traversées à notre époque, et montrent comment leur foi leur a permis d’en sortir victorieux.
[Illustrations pleine page, page 616]
-
-
Un peuple qui est le sien propre, zélé pour les belles œuvresLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Section 7
Un peuple qui est le sien propre, zélé pour les belles œuvres
Pourquoi les Témoins de Jéhovah ont-ils la conviction d’être dirigés par Dieu? Qu’est-ce qui permet de dire qu’ils sont les véritables disciples de Jésus Christ? Étant donné qu’ils proclament que le Royaume de Dieu domine déjà depuis les cieux, dans l’attente de quel autre grand événement se tiennent-ils aux aguets? La dernière section (chapitres 31 à 33) répond à ces questions.
[Illustrations pleine page, page 702]
-
-
Événements marquants de l’histoire moderne des Témoins de JéhovahLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Événements marquants de l’histoire moderne des Témoins de Jéhovah
1870 Charles Russell et des amis de Pittsburgh et d’Allegheny (Pennsylvanie, États-Unis) entreprennent une étude systématique de la Bible.
1870-1875 Charles Russell et ses compagnons d’étude comprennent que, lorsque le Christ reviendra, il sera invisible à l’œil humain, et que son retour aura notamment pour but la bénédiction de toutes les familles de la terre.
1872 Charles Russell, avec ce groupe d’étude, commence à saisir la valeur de la rançon, du prix de rachat, que le Christ a fournie pour l’humanité.
1876 Janvier: Charles Russell reçoit un exemplaire du Herald of the Morning (Messager du matin); dès l’été, il rencontre à Philadelphie (Pennsylvanie) Nelson Barbour, le rédacteur en chef de ce journal.
Un article de Charles Russell, publié dans le Bible Examiner (Le scrutateur de la Bible) d’octobre, à Brooklyn (New York), désigne 1914 comme la date de la fin des temps des Gentils.
1877 Parution du livre Three Worlds (Les trois mondes), produit de la collaboration de Nelson Barbour et de Charles Russell.
Charles Russell publie la brochure The Object and Manner of Our Lord’s Return (Le but et la manière du retour de notre Seigneur), au bureau du Herald of the Morning, à Rochester (État de New York).
1879 Mai: en raison de la position adoptée par Nelson Barbour sur la rançon, Charles Russell retire tout soutien au Herald of the Morning.
Parution du premier numéro du Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ, daté de juillet 1879 (en anglais).
1881 Les Étudiants de la Bible font paraître leurs premiers tracts; avant 1914, la diffusion annuelle des tracts s’élèvera à des dizaines de millions d’exemplaires en 30 langues.
Formation de la Zion’s Watch Tower Tract Society; l’appel “Recherchons 1 000 prédicateurs” est lancé: c’est une invitation soit à devenir colporteur permanent, soit à consacrer le maximum de temps à la diffusion de la vérité biblique.
Dans les principales villes de Grande-Bretagne, diffusion de 300 000 exemplaires de Food for Thinking Christians (Nourriture pour les chrétiens réfléchis) aux gens qui assistent aux offices.
1883 La Tour de Garde pénètre en Chine; une femme, auparavant missionnaire de l’Église presbytérienne, ne tarde pas à donner le témoignage autour d’elle dans ce pays.
1884 Entrée de Food for Thinking Christians au Liberia (Afrique); un lecteur reconnaissant écrit pour demander des exemplaires supplémentaires afin de les diffuser.
En Pennsylvanie, la Zion’s Watch Tower Tract Society reçoit des statuts officiels; date de l’enregistrement: 15 décembre.
1885 Les publications de la Watch Tower satisfont déjà des lecteurs affamés de vérité en Amérique du Nord et du Sud, en Europe, en Afrique et en Asie.
1886 Parution du Divin Plan des Âges, premier tome d’une série de livres appelée L’Aurore du Millénium (et plus tard Études des Écritures).
1889 Construction de la Maison de la Bible, Arch Street à Allegheny (Pennsylvanie), pour servir de siège à la Société.
1891 Du 19 au 25 avril, Allegheny (Pennsylvanie): premier rassemblement des Étudiants de la Bible, qu’ils appellent assemblée.
1894 Envoi par la Société de surveillants itinérants, appelés plus tard pèlerins (aujourd’hui surveillants de circonscription et surveillants de district), pour rendre visite aux congrégations.
1900 Ouverture de la première filiale de la Société Watch Tower, en Angleterre, à Londres.
Les Étudiants de la Bible prêchent dans 28 pays, et leur message en a gagné 13 autres.
1903 Diffusion intensive de tracts gratuits de maison en maison le dimanche; jusque-là, la plus grande partie de la diffusion des tracts se faisait dans les rues, à proximité des églises.
1904 Charles Russell commence à faire paraître régulièrement des sermons dans les journaux; en dix ans, ils paraîtront dans environ 2 000 journaux.
1909 Avril: transfert du siège de la Société à Brooklyn.
1914 Janvier: première projection du “Photo-Drame de la Création” à New York; avant la fin de l’année, plus de 9 000 000 de personnes l’auront vu en Amérique du Nord, en Europe et en Australie.
2 octobre, Brooklyn: dans la salle à manger, Charles Russell affirme: “Les temps des Gentils ont pris fin!”
Les Étudiants de la Bible prêchent activement dans 43 pays; au total, 5 155 donnent le témoignage à autrui; rapport de l’assistance au Mémorial: 18 243 personnes.
1916 31 octobre: mort de Charles Russell, à l’âge de 64 ans, dans un train qui traverse le Texas.
1917 6 janvier: Joseph Rutherford devient président de la Société après qu’un Comité directeur de trois membres a administré les affaires de la Société pendant environ deux mois.
17 juillet, Brooklyn: la parution du livre Le mystère accompli est annoncée à la famille du Béthel; quatre ex-membres du conseil d’administration de la Société contestent avec véhémence; l’incident provoque la division dans beaucoup de congrégations.
1918 24 février, Los Angeles (Californie): première du discours “Le monde a pris fin! Des millions de personnes actuellement vivantes peuvent ne jamais mourir!” Le 31 mars, à Boston (Massachusetts), ce même discours porte le titre “Le monde a pris fin! Des millions de personnes actuellement vivantes ne mourront jamais”.
7 mai: les autorités fédérales émettent des mandats d’arrêt contre Joseph Rutherford et plusieurs de ses proches collaborateurs; le procès commence le 5 juin; le 21 juin (sauf, pour un, le 10 juillet), ils sont condamnés à de longues peines dans une prison fédérale.
Août: fermeture du siège de Brooklyn; nouveau transfert de ses activités à Pittsburgh pour plus d’un an.
1919 26 mars: les membres du bureau exécutif de la Société et leurs collaborateurs sont libérés sous caution; le 14 mai, la cour d’appel casse la décision rendue par la juridiction inférieure, un nouveau procès est engagé; l’année suivante, le 5 mai, le gouvernement retire sa plainte et cesse les poursuites.
Joseph Rutherford se livre à un test pour ranimer l’œuvre des Étudiants de la Bible; il annonce qu’il prononcera le discours public intitulé “Un espoir pour l’humanité affligée” à la salle Clune de Los Angeles (Californie) le 4 mai. Ce jour-là, il fait salle comble et doit prononcer le discours une seconde fois pour tous ceux qui n’ont pu entrer.
Du 1er au 8 septembre: les Étudiants de la Bible tiennent une assemblée à Cedar Point (Ohio); annonce de la parution prochaine du périodique L’Âge d’Or (aujourd’hui Réveillez-vous!).
Parution du Bulletin (aujourd’hui Le ministère du Royaume), dont le rôle sera de donner de l’élan à la prédication.
Le rapport de l’année fait état de 5 793 Étudiants de la Bible prêchant dans 43 pays; l’assistance au Mémorial s’élève à 21 411 personnes.
1920 La Société Watch Tower entreprend d’imprimer elle-même ses publications, à Brooklyn.
1922 26 février, Californie: premier discours de Joseph Rutherford radiodiffusé.
Du 5 au 13 septembre: assemblée des Étudiants de la Bible à Cedar Point (Ohio); une invitation pressante est lancée: “Proclamez, proclamez, proclamez le Roi et son Royaume!”
En Allemagne, le clergé provoque des troubles pour que la police arrête les Étudiants de la Bible quand ils diffusent leurs écrits bibliques dans le public.
1924 24 février: la WBBR (première station de radio appartenant à la Société Watch Tower) commence à émettre.
1925 La Tour de Garde de juin (1er mars en anglais), qui traite de la naissance du Royaume de Dieu en 1914, montre qu’il y a deux organisations distinctes et adverses: celle de Jéhovah et celle de Satan.
1926 La prédication de maison en maison avec les livres est encouragée le dimanche.
1928 Des Étudiants de la Bible sont arrêtés dans le New Jersey (États-Unis) parce qu’ils distribuent des publications dans le cadre de leur prédication de maison en maison; pendant dix ans, on comptera plus de 500 arrestations par an aux États-Unis.
1931 26 juillet: adoption du nom “Témoins de Jéhovah” par une résolution à l’assemblée de Columbus (Ohio) et, peu après, lors de rassemblements dans le monde entier.
1932 Le deuxième tome de Justification explique pourquoi les prophéties bibliques de restauration ne s’appliquent pas aux Juifs selon la chair, mais à l’Israël spirituel.
À la suite des explications données dans La Tour de Garde de novembre et de décembre (15 août et 1er septembre en anglais), le système des “anciens électifs” prend fin.
1933 Les Témoins de Jéhovah sont frappés d’interdiction en Allemagne. Pendant l’intense persécution qui durera jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, 6 262 Témoins seront arrêtés, et le cumul des peines qu’ils purgeront se montera à 14 332 années de prison; 2 074 seront envoyés dans des camps de concentration, où ils passeront à eux tous 8 332 ans.
Les Témoins commencent à utiliser les phonographes (dont certains montés sur des automobiles) pour faire retentir des discours bibliques dans des lieux publics.
1934 Les Témoins utilisent des phonographes portatifs pour faire écouter de courts sermons bibliques aux amis de la vérité.
1935 31 mai: dans un discours à l’assemblée de Washington, la “grande multitude” est présentée comme étant une classe terrestre; 840 personnes se font baptiser lors de cette assemblée; progressivement, on donne davantage d’importance à l’espérance, qui s’offre aux serviteurs fidèles de Dieu actuellement en vie, de continuer à vivre éternellement sur une terre paradisiaque.
À Honolulu (Hawaii), un lieu de réunion est pour la première fois appelé Salle du Royaume.
1936 Des proclamateurs du Royaume utilisent pour la première fois des pancartes invitant le public à écouter des discours.
On encourage à commencer des études avec les personnes intéressées par la vérité, en se servant de la Bible et du livre de la Société intitulé Richesses; ces études se font souvent en groupes.
1937 Les Témoins utilisent les phonographes portatifs pour faire écouter aux gens des exposés bibliques sur le pas de leur porte.
1938 En accord avec La Tour de Garde du 1er et du 15 août (1er et 15 juin en anglais), le choix des anciens ne se fait plus de façon démocratique, mais théocratique.
Des assemblées de zone (aujourd’hui appelées assemblées de circonscription) réunissent plusieurs congrégations à la fois.
1939-1945 Vingt-trois pays de l’Empire britannique et du Commonwealth britannique interdisent les Témoins de Jéhovah et frappent de censure leurs publications bibliques.
1940 La diffusion de La Tour de Garde et de Consolation dans les rues fait désormais partie de l’activité des Témoins de Jéhovah.
3 juin: la Cour suprême des États-Unis rend son verdict, confirmant l’obligation du salut au drapeau quelles que soient les croyances religieuses: ce verdict déclenche dans le pays entier une vague de violence contre les Témoins de Jéhovah.
1941 Le nombre de Témoins actifs passe la barre des 100 000, avec un maximum de 109 371 pour 107 pays, et ce bien que la Seconde Guerre mondiale ravage l’Europe et gagne l’Afrique et l’Asie.
1942 8 janvier: Joseph Rutherford meurt à San Diego (Californie).
13 janvier: Nathan Knorr devient le troisième président de la Société.
Tirage total de La Tour de Garde pour l’année, toutes langues confondues:11 325 143 exemplaires.
16 février: inauguration du “cours supérieur de ministère théocratique” à l’intention des volontaires travaillant au siège mondial de la Société.
La Société Watch Tower imprime la Bible complète, la King James Version (Bible du roi Jacques), sur sa propre presse (une rotative à bobines).
1943 1er février: début des cours pour la première classe de Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower.
Aux assemblées qui ont lieu en avril, présentation du “cours de ministère théocratique” (aujourd’hui appelé École du ministère théocratique) à l’intention des congrégations des Témoins de Jéhovah.
La Cour suprême des États-Unis rend un verdict favorable aux Témoins de Jéhovah dans 20 procès sur 24; le 14 juin, la Haute Cour d’Australie lève l’interdiction qui pesait sur les Témoins australiens.
1945 À partir du 1er octobre, ce ne sont plus des électeurs habilités à voter en raison de leur contribution financière qui désignent le conseil d’administration de la Société.
Le nombre mensuel moyen des études bibliques à domicile dirigées gratuitement par les Témoins est maintenant de 104 814.
1946 Au cours des sept années précédentes, plus de 4 000 Témoins de Jéhovah aux États-Unis et 1 593 en Grande-Bretagne ont été arrêtés et condamnés à des peines d’un mois à cinq ans de prison en raison de leur neutralité chrétienne.
En cette première année d’après-guerre, 6 504 Témoins prêchent à plein temps comme pionniers.
Parution du périodique Réveillez-vous! (successeur de L’Âge d’Or après Consolation); tirage total pour l’année: 13 934 429 exemplaires.
En Grèce, environ 470 Témoins sont traînés devant les tribunaux parce qu’ils enseignent à d’autres les vérités bibliques.
1947 Au Québec (Canada), 1 700 procès impliquant l’œuvre d’évangélisation des Témoins de Jéhovah sont en instance de jugement.
On compte maintenant plus de 10 000 congrégations, plus précisément 10 782 pour le monde entier.
1950 2 août: parution en anglais des Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau, à l’assemblée de New York.
1953 1er septembre: mise en œuvre d’un vaste programme de formation des Témoins de Jéhovah dans la prédication de maison en maison.
1957 Dans 169 pays, les Témoins de Jéhovah ont consacré 100 135 016 heures à prêcher le Royaume de Dieu et à diriger des études bibliques avec des personnes qui s’intéressent à la vérité depuis peu.
1958 L’assemblée internationale “La volonté divine”, à New York, réunit 253 922 personnes de 123 pays; 7 136 se font baptiser.
1959 9 mars: première classe de l’École du ministère du Royaume, à South Lansing (État de New York). Il s’agit d’un cours conçu pour les surveillants des congrégations et les surveillants itinérants.
1961 Un premier groupe de surveillants de filiales de la Société commence une formation spéciale de dix mois à Brooklyn, en vue d’unifier plus encore l’œuvre des Témoins de Jéhovah dans le monde.
Parution en anglais des Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau, la Bible complète en un volume.
1963 Parution des Écritures grecques chrétiennes — Traduction du monde nouveau en six langues (allemand, espagnol, français, italien, néerlandais et portugais); à paraître ultérieurement dans d’autres langues encore.
À présent, on compte plus d’un million de Témoins de Jéhovah actifs dans 198 pays; le nombre maximum de proclamateurs pour l’année a été de 1 040 836, et on a enregistré 62 798 baptêmes.
1965 Les Témoins de Jéhovah ouvrent à New York leur première Salle d’assemblées, un théâtre rénové.
1967 Le Malawi est balayé par des vagues de persécutions prolongées et sauvages; cela durera des années.
1969 Le chiffre d’un million d’études bibliques à domicile est dépassé; selon le rapport, il y en a eu en moyenne 1 097 237.
1971 Augmentation du nombre des membres du Collège central; à partir du 1er octobre, tous ses membres en seront à tour de rôle présidents pendant un an.
1972 Au 1er octobre, chaque congrégation de Témoins de Jéhovah passe sous la surveillance, non plus d’une seule personne, mais d’un collège d’anciens.
1974 Le nombre maximum des proclamateurs dans le monde est de 2 021 432; de 94 604 qu’ils étaient en 1973, les pionniers sont maintenant 127 135.
1975 Réorganisation du Collège central; le 4 décembre, il confie la responsabilité de la majeure partie de l’œuvre à six comités, qui entrent en fonction le 1er janvier 1976.
1976 À partir du 1er février, chaque filiale de la Société Watch Tower passe sous la direction, non plus d’un seul surveillant, mais d’un comité formé d’au moins trois hommes spirituellement mûrs.
1977 L’École pour les pionniers commence à dispenser une formation spécialisée à des dizaines de milliers de pionniers dans le monde entier.
1984 Le nombre des études bibliques à domicile dirigées par les Témoins de Jéhovah est maintenant en moyenne de 2 047 113.
1985 Mise en place du service des volontaires internationaux, qui, depuis le siège à Brooklyn, coordonne le travail de construction de la Société à l’échelle mondiale.
Le rapport fait état de 3 024 131 prédicateurs du Royaume dans 222 pays; les pionniers sont en moyenne 322 821; 189 800 personnes se sont fait baptiser pendant l’année.
1986 Les comités de construction régionaux sont établis pour aider à coordonner la construction de Salles du Royaume.
1987 L’œuvre consistant à faire des disciples s’intensifie toujours, car les Témoins dirigent maintenant 3 005 048 études avec des personnes seules ou des familles, généralement chaque semaine; il y a cette année-là 230 843 baptêmes.
1er octobre: l’École de formation ministérielle commence à fonctionner, avec une première classe se tenant à Coraopolis (Pennsylvanie).
1989 À la suite de changements survenus en Europe de l’Est, il est devenu possible d’organiser trois grandes assemblées internationales en Pologne, et dans d’autres pays les années suivantes.
1990 La levée des restrictions sur les Témoins de Jéhovah dans certains pays d’Afrique et d’Europe de l’Est facilite l’œuvre d’évangélisation auprès de 100 millions de personnes.
Le chiffre des proclamateurs du Royaume atteint un nouveau maximum: 4 017 213; les pionniers sont 536 508; un total de 895 229 424 heures sont consacrées à l’œuvre urgente de prédication du Royaume.
1991 De nouvelles levées d’interdiction en Europe de l’Est et en Afrique permettent de faire connaître plus facilement la bonne nouvelle du Royaume de Dieu à 390 millions de personnes.
1992 Tirage moyen de La Tour de Garde: 15 570 000 exemplaires en 111 langues; Réveillez-vous! existe en 67 langues, avec un tirage moyen de 13 110 000 exemplaires.
Un témoignage plus retentissant que jamais est donné par 4 472 787 prédicateurs dans 229 pays; moyenne mensuelle de 605 610 pionniers; 1 024 910 434 heures consacrées à prêcher en public; 4 278 127 études bibliques; 301 002 nouveaux disciples sont baptisés.
-
-
La publication de La Tour de GardeLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
La publication de La Tour de Garde
À sa parution en juillet 1879, ce périodique s’appelait Le Phare de la Tour de Sion et Messager de la Présence de Christ. Défenseur du sacrifice rédempteur de Jésus Christ, il était écrit pour distribuer la nourriture spirituelle à la famille de la foi. Le 1er janvier 1909, son titre a été changé en La Tour de Garde et Messager de la Présence de Christ, afin de concentrer l’attention sur l’objectif qu’il visait. Le 1er janvier 1939, pour insister davantage sur le fait que le Christ était déjà Roi en fonction depuis le ciel, ce titre est devenu La Tour de Garde et Messager du Royaume de Christ. Puis, le 1er mars 1939, avec le nouveau titre La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah, on a mis au premier plan Jéhovah, le Souverain de l’univers, Celui qui a conféré l’autorité à son Fils.
Au début, La Tour de Garde était un périodique mensuel de huit pages. Elle est passée à 16 pages en 1891, et elle est devenue un bimensuel en 1892. En de nombreuses langues, elle compte 32 pages depuis 1950.
La Tour de Garde n’a été traduite en d’autres langues que peu à peu. Un numéro a été publié en suédois en 1883 pour être utilisé comme tract. De 1886 à 1889, une édition de petit format a été imprimée en allemand. Elle n’a reparu qu’en 1897 dans cette langue; depuis, elle n’a cessé de paraître régulièrement. En 1916, elle était imprimée en sept langues: allemand, anglais, dano-norvégien, finnois, français, polonais et suédois. Quand la prédication de la bonne nouvelle a pris de l’ampleur en 1922, c’est en 16 langues que ce périodique paraissait. À la date de 1993, il est imprimé régulièrement en 112 langues, ce qui représente une grande proportion de la population du globe. Il s’agit non seulement de langues comme l’anglais, l’espagnol ou le japonais, dans lesquelles chaque numéro est tiré à des millions d’exemplaires, mais aussi de langues comme le palau, le tuvalu et d’autres dans lesquelles le tirage du périodique n’est que de quelques centaines.
Pendant de nombreuses années, La Tour de Garde a été considérée comme un périodique principalement destiné au “petit troupeau” des chrétiens consacrés. Sa circulation était plutôt limitée; en 1916, elle n’était tirée qu’à 45 000 exemplaires. Mais, à partir de 1935, avec insistance et à maintes reprises, on a encouragé “les Jonadabs” ou la “grande foule” à se procurer et à lire La Tour de Garde régulièrement. En 1939, quand la couverture du périodique a commencé à mettre en avant le Royaume, l’abonnement à La Tour de Garde a été proposé au public par une campagne internationale de quatre mois. En conséquence, la liste des abonnés s’est allongée pour atteindre le chiffre de 120 000. L’année suivante, La Tour de Garde était proposée régulièrement aux gens dans les rues. Sa diffusion a augmenté rapidement. Au début de 1993, chaque édition, toutes langues confondues, était tirée à 16 400 000 exemplaires.
-
-
Réveillez-vous!: un périodique pour un large publicLes Témoins de Jéhovah, prédicateurs du Royaume de Dieu
-
-
Réveillez-vous!: un périodique pour un large public
Au début, il avait pour titre L’Âge d’Or. Son premier numéro était daté du 1er octobre 1919. Ce périodique rendait compte des activités humaines dans de nombreux domaines. Il sensibilisait ses lecteurs aux événements mondiaux et leur montrait que la véritable solution aux problèmes de l’humanité réside dans le Règne millénaire du Christ, le seul à pouvoir vraiment instaurer un “âge d’or” pour le genre humain. Si la présentation de la couverture a changé au cours du temps, le message, lui, est resté le même. L’Âge d’Or était conçu pour une large diffusion; pendant de nombreuses années, son tirage a largement dépassé celui de La Tour de Garde.
Avec le numéro du 6 octobre 1937, son titre a été changé en Consolation. Il était très approprié dans le contexte de l’époque, où tant d’humains subissaient la tyrannie et où le monde courait à la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, la consolation offerte par ce périodique ne pouvait plaire qu’à ceux qui aimaient sincèrement la vérité.
À partir du numéro du 22 août 1946, le périodique a reçu un nouveau titre: Réveillez-vous! Il mettait l’accent sur la nécessité de réveiller les gens quant à la signification des événements du monde. Tout en utilisant des sources de nouvelles conventionnelles, il avait aussi ses correspondants dans le monde entier. Les articles de Réveillez-vous!, équilibrés, pratiques, approfondis, très variés, encouragent le lecteur à prêter attention à ce qui constitue le message le plus important du périodique: les événements du monde accomplissent les prophéties de la Bible annonçant que nous vivons les derniers jours, et bientôt le Royaume de Dieu apportera des bienfaits éternels aux humains qui apprennent quelle est la volonté de Dieu et la font. Réveillez-vous! est depuis lors un instrument efficace pour prêcher la bonne nouvelle du Royaume de Dieu dans le monde entier, et une introduction à l’examen de sujets d’étude plus profonds que proposent La Tour de Garde et divers livres.
Au début de 1993, Réveillez-vous! était imprimé en 67 langues, avec un tirage bimensuel de 13 240 000 exemplaires.
-